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JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv AUTOUR DU TONNEAU JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011 DUbO... DUbON... GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR EN-LIGNE AU WWW.DISTILLERIE.TV LA mAIN DU cONDAmNÉ LE bEc vERSEUR PAR ALEXANDRE LEFEBVRE NO mE mOLESTE mOSqUITO PAR ALEXANDRE LEFEBVRE J’ai la conviction qu’il bluffe. C’est du moins ce que je prétends, camouflant les doutes qui m’assaillent dans la fumée de mon cigare. À côté de lui, comme si elle faisait tout pour me déconcentrer, pour m’ache- ver, pour me faire perdre patience, elle dénature un air désagréable qu’elle croit de circonstance – une chanson que je ne nommerai pas, de peur de me la, de vous la remettre dans la tête – et j’ai vraiment en- vie de… – lui faire des choses qu’il serait déplacer de décrire ici. Disons donc qu’elle joue merveilleuse- ment bien avec mes nerfs et que ça me donne beau- coup d’idées, mais pas celle de l’embrasser. Non. Lui, lui il trouve ça drôle. Lui, ça lui plaît d’avoir Zaza de son bord. Zaza un peu ronde après son ixième Dubonnet Cocktail. Zaza qui est à deux doigts de nous offrir un numéro de French Cancan, comme ça, gratis, pour le simple plaisir de la chose. Miss Zaza qui, à en croire les gloussements ivres qui sortent de sa bouche chaque fois qu’il fait semblant de dire quelque chose de drôle, ne se fera pas prier pour fai- re une partie supplémentaire, une fois la partie finie. Les mauvaises langues diront que je suis jaloux. Et les mauvaises langues auront bien raison. Je suis jaloux, parce qu’un amateur qui n’a jamais joué au poker de sa vie est en train de surfer sur la vague de la chance du débutant comme ça ne s’est, mais alors là, jamais vu. Parce qu’un amateur, et en disant «amateur» je suis très généreux, est en train de me laver, et ça, d’une façon tellement agressive, qu’après la douche, non seulement je n’aurai plus un sou en poche, mais plus beaucoup d’orgueil non plus. J’aime pas qu’on s’en prenne à mon pauvre or- gueil sans dé- fense. Surtout quand la seu- le et unique rai- son expliquant la réussite de ce profane est la gro- tesque ignorance du jeu et de ses rè- gles dont il fait mon- tre depuis le début de la soirée. Il joue com- me le dernier des cré- tins, prend des décisions complètement insensées, irréfléchies… imprévisi- bles. Fanfaron, fantaisiste, demi-sel : il joue encore plus mal que mal et quand je lui en fais la remarque, au lieu de me prendre au sérieux, il me répond en comptant combien il m’a pris et com- bien il lui en reste, à me prendre. Ce bel exercice de calcul men- tal est suivi d’un cla- quet de la louve Zaza. Dans ses yeux, à elle, il est le bon, et du coup, je me retrouve dans la peau et de la brute, et du truand. Sale coyote, comme dirait Joe. Je le hais, je le hais, je le hais ! Faut bien me ren- dre à l’évidence que je me fais plu- mer. Et les mauvai- ses langues diront que je suis mauvais perdant. Et, encore une fois, les mauvai- ses langues auront vu juste. La médisance, ce soir, ce n’est pas elles qui la font ; c’est moi. Et tout ça pour une poignée de dollars… Je prends une lente gorgée de bon whiskey et sa- voure. Si j’en crois mes cartes, son assurance et ce qui me reste en poche pour passer la semaine, le bon whiskey se fera rare et je n’aurai pas d’autres choix que de me consoler à coup de lampées de tord-boyau. Surtout que Zaza est bien partie pour fi- nir la bouteille de Dubonnet… J’ai pourtant pas une si mauvaise main, mais on l’a affublée d’un surnom, ma main, et c’est pas un so- briquet qui inspire. «Dead man’s hand.» À lui voir le sourire, il sait déjà ce que j’ai. Il a deviné ma paire de 8 et ma paire d’As. Il a deviné, mais ne semble pas le moins du monde intimidé. La main du condamné. J’imagine que ça signifie que c’est le temps d’en finir. Elle s’est remise à fausser cette chanson insupporta- ble même lorsque bien chantée, mais je ne l’entends plus. Moi, j’ai les oreilles remplies de Morricone. Il était une fois dans l’Ouest de Montréal un pauvre con qui se faisait trahir par son meilleur chum, un pauvre con à qui on faisait mordre la poussière. All in, qu’on en finisse. Siroter un Dubonnet sur glace n’a rien d’un voyage dans le temps, ses notes d’épices et son profil vineux des plus agréables en font une expérience tout à fait actuelle. Ce grand apéritif de France, créé par Joseph Dubonnet en 1846, semble être devenu intemporel. Dubonnet ne définit pas une époque, mais danse avec l’histoire et semble se réinventer au goût du jour. Ce tour de force tient sans doute au savant mélange d’aro- mates, de vins de choix, de quinine et de grains de café verts. Chaque fois que Dubonnet touche la langue, il sem- ble offrir un nouveau bouquet de saveurs. Rares sont les produits qui savent si bien se réinventer et transformer un verre entre amis en une expérience sensorielle intime et chaque fois unique. D’abord créé pour assurer une ration de quinine aux res- sortissants français exposés aux ravages du paludisme, le Dubonnet se taille une place dans les mœurs. Tant mieux s’il tonifie le corps, mais la raison pour laquelle il est consommé n’a bientôt plus rien de médicinal. Le Dubonnet a bon gout, se prête à de nombreux mariages en cocktails et s’avère un breuvage fin, sophistiqué et convivial. Composé de mistelles, un mélange de moût de raisin qui n’a que peu, ou pas, fermenté et ajouté d’alcool, le Dubon- net garde les sucres du noble fruit de la vigne intacts et en agrémente les accents avec des notes d’agrumes et d’épi- ces savamment choisies. Un long murissement en fût de chêne confère au produit une profondeur supplémentaire. Dubonnet est distingué et s’adresse aux palais pointilleux. C’est un gentilhomme qui excelle dans l’art de la conversa- tion et qui sait allier le bon goût à quelques légers accès de folie. Dubonnet c’est une femme tout en charmes et en vo- lupté; féline et mystérieuse, elle enchante et hypnotise tout en mettant de l’avant ses cent-cinquante ans bien sonnés. On raconte que ce serait la femme de Joseph Dubonnet, une avide amoureuse de chats, qui aurait fait en sorte qu’un félin trône sur l’étiquette de la bouteille. Ce qu’elle ignorait peut-être, c’est que les chats étaient perçus comme un symbole de prospérité dans plu- sieurs des régions où Dubonnet allait être distribué. Le succès du breuvage a bien plus à voir avec sa recette ex- quise, mais cette petite coïncidence n’a sans doute rien fait pour nuire au produit. Un autre aspect ayant gardé la marque vivante a été la publicité. En 1932, Du- bonnet engage un artiste visuel du nom de Cassandre en vue d’obtenir une campagne publicitaire. Cassandre met sur pied la première campagne visant à être lue sur des ob- jets en mouvements. Le célèbre slogan « Dubo… Dubon… Dubonnet » était inscrit sur les voitures du métro de Paris, on y a aussi associé un homme assis à une table de bistro se versant un verre de Dubonnet. Cette campagne emblé- matique porte toujours ses fruits plus de soixante-quinze ans après sa mise en œuvre. Ni trop sec, ni trop sucré, ni trop fort ou trop léger, Dubon- net rouge est un bijou de savoir-faire et une merveille des plus désaltérantes. Goûtez-y dès maintenant et faites-en un ingrédient de choix dans vos cocktails! Pourquoi elle a une boule de sorbet dans son pot? Parce qu’elle l’a pris au bar à Mojito! Cocktails du jour, créations inédites, offrez-vous une expérience de taille au petit bar du fond! On vous accueille du jeudi au samedi à La Distillerie #2 au Bar à Mojito : Le petit bar où il se passe de grandes choses! Nous sommes au milieu du dix-neu- vième siècle, en France, et Napo- léon III entame le Second Empire. À l’orée de l’émanci- pation des escla- ves, les colonies françaises d’Afri- que luttent contre un ennemi qui n’a rien de politique : le paludisme. Le paludisme, mieux connu sous le nom de malaria, est une maladie infectieuse qui, encore à ce jour, est endémique à plusieurs régions de l’Afrique subsaha- rienne. «Paludis,» veut dire «marais» en latin. Le terme « Malaria,» quant à lui, signifie « mauvais air » en italien. Ces deux expressions démontrent bien com- ment on avait associé le paludisme aux régions marécageuses et à l’air que l’on y jugeait de mauvaise qualité. Cependant, l’agent infectieux n’était par l’air en tant que tel, mais bien un moustique qui y voyageait. La malaria est transmi- se par la piqûre d’un moustique, transportant un agent parasitaire d’un corps à un autre. Cette maladie tue encore des millions de personnes chaque année. De l’autre côté de l’océan, aux confins de la cordillère des Andes, au centre du pays inca, aux détours des chemins menant aux mystérieuses cités d’or, on dé- couvre un arbre dont l’écorce allait permettre de traiter la redoutable malaria. Il s’agit du Quinquina, un arbuste dont on extrait la quinine. La quinine est un al- caloïde dont on exploite toujours les vertus médicinales et toniques à ce jour; elle enraye la fièvre, aide à la digestion, tonifie le corps selon certains, et constitue un antipaludique de choix. Un seul pro- blème : ça goute le « yabe »! La Quinine est amère, aigre et astrin- gente; elle assèche la bouche en agissant sur les muqueuses et n’est pas immédiatement agréable en bouche. Qu’à cela ne tienne, la malaria est mortelle, on devra donc faire avec le goût de la quinine. Les Anglais sont aux prises avec les mêmes problèmes de palu- disme que les Français, et ont recours au même re- mède. La méthode anglaise d’administration de la quinine passe par une eau, dite « tonic water,» à laquelle on ajoutera bientôt de copieuses quanti- té de gin pour la rendre plus agréable au palais. Le descendant direct de cette mixture est le gin-tonic, toujours populaire aujourd’hui. Le gin étant aux Anglais ce que le vin est à nos cousins de France, c’est par l’élaboration de « vins de quinquina » que sera administrée la quinine aux adep- tes de la langue de Molière. Un décret royal lance un concours et nombreux sont ceux qui présentent des recettes. Chacun sélectionne des cépages no- bles, des aromates, épices et herbes exotiques provenant des quatre coins de l’empire, y ajoute la quinine ainsi qu’une dose d’alcool, pour éviter que le vin ne se gâche avant d’arriver à bon port. L’empire colonial français n’est plus; n’en reste que des départements et territoires outre-mer, mais les vins de quinquina, eux, se sont taillés une place de choix dans un rituel social typique des français : l’apéro. Le vin de quinquina est encore po- pulai- re aujourd’hui et s’est taillé une belle place dans l’uni- vers des cocktails. Ce mois- ci, découvrez les saveurs uniques d’un apéritif cher à notre cœur; le Dubonnet. Les mauvaises langues diront que je suis jaloux. Et les mauvaises langues auront bien raison. La malaria est transmise par la piqûre d’un moustique, transportant un agent parasitaire d’un corps à un autre. Cette maladie tue encore des millions de personnes chaque année. Dubonnet ne définit pas une époque, mais danse avec l’histoire et semble se réinventer au goût du jour.

LE bEc vERSEUR NO mE mOLESTE mOSqUITO LEFEBVRE · plus. Moi, j’ai les oreilles remplies de Morricone. Il était une fois dans l’Ouest de Montréal un pauvre con qui se faisait

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JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

AUTOUR DU TONNEAU

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011

DUbO... DUbON...

GUEULE DE bOIS ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR

EN-LIGNE AU

WWW.DISTILLERIE.TV

LA mAIN DU cONDAmNÉ

LE bEc vERSEUR PAR ALEXANDRELEFEBVRENO mE mOLESTE mOSqUITO

PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

J’ai la conviction qu’il bluffe. C’est du moins ce que je prétends, camouflant les doutes qui m’assaillent dans la fumée de mon cigare. À côté de lui, comme si elle faisait tout pour me déconcentrer, pour m’ache-ver, pour me faire perdre patience, elle dénature un air désagréable qu’elle croit de circonstance – une chanson que je ne nommerai pas, de peur de me la, de vous la remettre dans la tête – et j’ai vraiment en-vie de… – lui faire des choses qu’il serait déplacer de décrire ici. Disons donc qu’elle joue merveilleuse-ment bien avec mes nerfs et que ça me donne beau-coup d’idées, mais pas celle de l’embrasser. Non.Lui, lui il trouve ça drôle. Lui, ça lui plaît d’avoir Zaza de son bord. Zaza un peu ronde après son ixième Dubonnet Cocktail. Zaza qui est à deux doigts de nous offrir un numéro de French Cancan, comme ça, gratis, pour le simple plaisir de la chose. Miss Zaza qui, à en croire les gloussements ivres qui sortent de sa bouche chaque fois qu’il fait semblant de dire quelque chose de drôle, ne se fera pas prier pour fai-re une partie supplémentaire, une fois la partie finie.Les mauvaises langues diront que je suis jaloux. Et les mauvaises langues auront bien raison.Je suis jaloux, parce qu’un amateur qui n’a jamais joué au poker de sa vie est en train de surfer sur la vague de la chance du débutant comme ça ne s’est, mais alors là, jamais vu. Parce qu’un amateur, et en

disant «amateur» je suis très généreux, est en train de me laver, et ça, d’une façon tellement agressive, qu’après la douche, non seulement je n’aurai plus un sou en poche, mais plus beaucoup d’orgueil non plus. J’aime pas qu’on s’en prenne à mon pauvre or-gueil sans dé-fense. Surtout quand la seu-le et unique rai-son expliquant la réussite de ce profane est la gro-tesque ignorance du jeu et de ses rè-gles dont il fait mon-tre depuis le début de la soirée. Il joue com-me le dernier des cré-tins, prend des décisions complètement insensées, irréfléchies… imprévisi-bles. Fanfaron, fantaisiste, demi-sel : il joue encore plus mal que mal et quand je lui en

fais la remarque, au lieu de me prendre au sérieux, il me répond en comptant combien il m’a pris et com-

bien il lui en reste, à me prendre. Ce bel exercice de calcul men-

tal est suivi d’un cla-quet de la louve

Zaza. Dans ses yeux, à elle, il est le bon, et du coup, je me retrouve dans la peau et de

la brute, et du truand.

Sale coyote, comme dirait Joe.

Je le hais, je le hais, je le hais !Faut bien me ren-dre à l’évidence que je me fais plu-mer. Et les mauvai-ses langues diront que je suis mauvais

perdant. Et, encore une fois, les mauvai-

ses langues auront vu

juste. La médisance, ce soir, ce n’est pas elles qui la font ; c’est moi. Et tout ça pour une poignée de dollars…Je prends une lente gorgée de bon whiskey et sa-voure. Si j’en crois mes cartes, son assurance et ce qui me reste en poche pour passer la semaine, le bon whiskey se fera rare et je n’aurai pas d’autres choix que de me consoler à coup de lampées de tord-boyau. Surtout que Zaza est bien partie pour fi-nir la bouteille de Dubonnet…J’ai pourtant pas une si mauvaise main, mais on l’a affublée d’un surnom, ma main, et c’est pas un so-briquet qui inspire. «Dead man’s hand.» À lui voir le sourire, il sait déjà ce que j’ai. Il a deviné ma paire de 8 et ma paire d’As. Il a deviné, mais ne semble pas le moins du monde intimidé. La main du condamné. J’imagine que ça signifie que c’est le temps d’en finir.Elle s’est remise à fausser cette chanson insupporta-ble même lorsque bien chantée, mais je ne l’entends plus. Moi, j’ai les oreilles remplies de Morricone. Il était une fois dans l’Ouest de Montréal un pauvre con qui se faisait trahir par son meilleur chum, un pauvre con à qui on faisait mordre la poussière.All in, qu’on en finisse.

Siroter un Dubonnet sur glace n’a rien d’un voyage dans le temps, ses notes d’épices et son profil vineux des plus agréables en font une expérience tout à fait actuelle. Ce grand apéritif de France, créé par Joseph Dubonnet en 1846, semble être devenu intemporel. Dubonnet ne définit pas une époque, mais danse avec l’histoire et semble se réinventer au goût du jour.Ce tour de force tient sans doute au savant mélange d’aro-mates, de vins de choix, de quinine et de grains de café verts. Chaque fois que Dubonnet touche la langue, il sem-ble offrir un nouveau bouquet de saveurs. Rares sont les produits qui savent si bien se réinventer et transformer un verre entre amis en une expérience sensorielle intime et chaque fois unique.D’abord créé pour assurer une ration de quinine aux res-sortissants français exposés aux ravages du paludisme, le Dubonnet se taille une place dans les mœurs. Tant mieux s’il tonifie le corps, mais la raison pour laquelle il est consommé n’a bientôt plus rien de médicinal. Le Dubonnet a bon gout, se prête à de nombreux mariages en cocktails et s’avère un breuvage fin, sophistiqué et convivial.Composé de mistelles, un mélange de moût de raisin qui n’a que peu, ou pas, fermenté et ajouté d’alcool, le Dubon-net garde les sucres du noble fruit de la vigne intacts et en agrémente les accents avec des notes d’agrumes et d’épi-ces savamment choisies. Un long murissement en fût de chêne confère au produit une profondeur supplémentaire.

Dubonnet est distingué et s’adresse aux palais pointilleux. C’est un gentilhomme qui excelle dans l’art de la conversa-tion et qui sait allier le bon goût à quelques légers accès de folie. Dubonnet c’est une femme tout en charmes et en vo-lupté; féline et mystérieuse, elle enchante et hypnotise tout en mettant de l’avant ses cent-cinquante ans bien sonnés.On raconte que ce serait la femme de Joseph Dubonnet, une avide amoureuse de chats, qui aurait fait en sorte qu’un félin trône sur l’étiquette de la bouteille. Ce qu’elle ignorait peut-être, c’est que les chats étaient perçus comme un symbole de prospérité dans plu-sieurs des régions où Dubonnet allait être distribué. Le succès du breuvage a bien plus à voir avec sa recette ex-quise, mais cette petite coïncidence n’a sans doute rien fait pour nuire au produit.Un autre aspect ayant gardé la marque vivante a été la publicité. En 1932, Du-

bonnet engage un artiste visuel du nom de Cassandre en vue d’obtenir une campagne publicitaire. Cassandre met sur pied la première campagne visant à être lue sur des ob-jets en mouvements. Le célèbre slogan « Dubo… Dubon… Dubonnet » était inscrit sur les voitures du métro de Paris, on y a aussi associé un homme assis à une table de bistro se versant un verre de Dubonnet. Cette campagne emblé-matique porte toujours ses fruits plus de soixante-quinze ans après sa mise en œuvre.Ni trop sec, ni trop sucré, ni trop fort ou trop léger, Dubon-net rouge est un bijou de savoir-faire et une merveille des plus désaltérantes. Goûtez-y dès maintenant et faites-en un ingrédient de choix dans vos cocktails!

Pourquoi elle a une boule de sorbet dans son pot?

Parce qu’elle l’a pris au bar à Mojito!

Cocktails du jour, créations inédites, offrez-vous une

expérience de taille au petit bar du fond!

On vous accueille du jeudi au samedi à La Distillerie #2 au Bar

à Mojito : Le petit bar où il se passe de grandes choses!

Nous sommes au milieu du dix-neu-vième siècle, en France, et Napo-léon III entame le Second Empire. À l’orée de l’émanci-pation des escla-ves, les colonies françaises d’Afri-

que luttent contre un ennemi qui n’a rien de politique : le paludisme.Le paludisme, mieux connu sous le nom de malaria, est une maladie infectieuse qui, encore à ce jour, est endémique à plusieurs régions de l’Afrique subsaha-rienne. «Paludis,» veut dire «marais» en latin. Le terme « Malaria,» quant à lui, signifie « mauvais air » en italien. Ces deux expressions démontrent bien com-ment on avait associé le paludisme aux régions marécageuses et à l’air que l’on y jugeait de mauvaise qualité. Cependant, l’agent infectieux n’était par l’air en tant que tel, mais bien un moustique qui y voyageait. La malaria est transmi-se par la piqûre d’un moustique, transportant un agent parasitaire d’un corps à

un autre. Cette maladie tue encore des millions de personnes chaque année.De l’autre côté de l’océan, aux confins de la cordillère des Andes, au centre du pays inca, aux détours des chemins menant aux mystérieuses cités d’or, on dé-couvre un arbre dont l’écorce allait permettre de traiter la redoutable malaria. Il s’agit du Quinquina, un arbuste dont on extrait la quinine. La quinine est un al-caloïde dont on exploite toujours les vertus médicinales et toniques à ce jour; elle enraye la fièvre, aide à la digestion, tonifie le corps selon certains, et constitue un antipaludique de choix. Un seul pro-blème : ça goute le « yabe »! La Quinine est amère, aigre et astrin-gente; elle assèche la bouche en agissant sur les muqueuses et n’est pas immédiatement agréable en bouche. Qu’à cela ne tienne, la malaria est mortelle, on devra donc faire avec le goût de la quinine.Les Anglais sont aux prises avec les mêmes problèmes de palu-disme que les Français, et ont recours au même re-mède. La méthode anglaise d’administration de la quinine passe par une eau, dite « tonic water,» à laquelle on ajoutera bientôt de copieuses quanti-té de gin pour la rendre plus agréable au palais. Le descendant direct de cette mixture est le gin-tonic, toujours populaire aujourd’hui.

Le gin étant aux Anglais ce que le vin est à nos cousins de France, c’est par l’élaboration de « vins de quinquina » que sera administrée la quinine aux adep-tes de la langue de Molière. Un décret royal lance un concours et nombreux sont ceux qui présentent des recettes. Chacun sélectionne des cépages no-bles, des aromates, épices et herbes exotiques provenant des quatre coins de l’empire, y ajoute la quinine ainsi qu’une dose d’alcool, pour éviter que le vin ne

s e gâche avant d’arriver à bon port.L’empire colonial français n’est plus; n’en reste que

des départements et territoires outre-mer, mais les vins de quinquina, eux, se sont taillés une place de choix dans un rituel social typique des français : l’apéro. Le vin de quinquina est encore po-p u l a i - re aujourd’hui et s’est taillé

une belle place dans l’uni-vers des cocktails. Ce mois-

ci, découvrez les saveurs uniques d’un apéritif cher à

notre cœur; le Dubonnet.

Les mauvaises langues diront que je suis jaloux. Et les mauvaises langues auront bien raison.

La malaria est transmise par la piqûre d’un moustique, transportant un agent

parasitaire d’un corps à un autre. Cette maladie tue encore des millions

de personnes chaque année.

Dubonnet ne définit pas une époque, mais danse avec l’histoire

et semble se réinventer au goût du jour.

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

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Bordée sur bordée, je ne me soucie plus De savoir quand l’été va me tomber dessus Cet hiver magnanime ne m’est pas trop cruel Et ce même si, comme vous tous, je me les gèle

Un moment donné, faut se faire une raison On serait pas ce qu’on est sans la danse des saisons Ça forge le caractère et ça garde la peau lisse On en appréciera que plus le prochain solstice

L’hiver connait aussi son lot de joies Il est des plaisirs qui n’existent que dans le froid Dans mon palais de glace, chaque feu trouve un antre Tout bois m’est précieux même s’il me faut le fendre

Et si dehors est gris, les couleurs sont ailleurs Dans les yeux des amis qui sont à l’intérieur Assis à ma table, partageant ma soirée Ce qu’ils me versent de joie, je le boirai

Le printemps m’attendra; j’ai d’autres plans Je vais rire du froid à en avoir mal aux flancs Votre chaude compagnie est tout ce qu’il me faut Pour survivre à la morte-saison bien au chaud

J’irai me faire gâter dans mon bar préféré Pour faire pousser du plaisir, j’arroserai mes soirées Car un des nombreux avantages d’un bon service Est de nous faire oublier l’hiver et ses sévices

Enrobant de neige

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE

“ La fortune cogne à la porte de tous les hommes, au moins une fois, mais la plupart du temps, l’homme est dans le saloon du quartier et ne l’entend pas.”

- Mark Twain -

LAST cALL/DERNIER SERvIcEPAR ALEXANDRE LEFEBVRE

Le détroit du feelingLa famille s’agrandit! La Distillerie Alambic numéro 3 ouvre ses portes sur la rue Masson! Venez redécou-vrir vos cocktails préférés dans une ambiance de saloon d’antan. Sise sur la rue Masson, cette nouvelle incarnation promet de remplir la même mission que ses consoeurs; offrir des breuvages de la plus haute qualité à une clientèle avide et curieuse grâce à un service hors pair, dans une ambiance convi-viale.

Un peu plus de cinq ans après l’inauguration de La Distillerie #1, au cœur du Quartier Latin, et plus de deux ans après l’ouverture de La Distillerie #2, sur l’avenue du Mont-Royal; La Distillerie #3 ouvre ses portes, et ses bouteilles, au plus grand plaisir des habitants du Vieux-Ro-semont et de la grande région métropolitaine.

C’est le 16 décembre dernier que nous avons pu ouvrir les portes du plus récent joyau de notre couronne. Dans une ambiance du tonnerre, nous avons enfin pu donner à ce lieu unique ce qui lui manquait : VOUS!

Une nouvelle Distille-rie, c’est l’occasion de vivre une expérience unique soit celle d’en-trer dans un nouveau lieu et de se sentir immédiatement à sa place. Offrez-vous ce plaisir ex-quis et retrouvez tout ce que vous aimez de La Distille-rie avec de nombreuses innovations! Par exemple, un système de filtration de pointe purifie toute l’eau en-trant dans la confection de vos cocktails; aucune im-pureté ne viendra altérer le goût de vos boissons.

Quant au décor, nous donnons une place de choix au beau bois travaillé, tout en agrémentant les

murs de motifs de vitraux. Nos ban-quettes circulaires et capitonnées

se feront l’antre confortable de vos soirées en bonne compa-

gnie et notre vaste mur de bouteilles vous titillera l’œil et vous amènera à faire de belles découvertes.

Le même personnel atta-chant sera sur les lieux afin de vous guider dans notre vaste sélection de

cocktails, et oeuvrera à mettre leurs connaissances à

votre disposition afin de répon-dre à toutes vos questions.

Venez donc découvrir le dernier opus d’une trilogie qui ne laisse personne indif-

férent; La Distillerie #3: 2656 Rue Masson, ouverte tous les jours de 16 heures à3 heures du matin. Au plaisir de vous y servir!

Marie-Ève Bourassa

Alexandre LefebvreOffrez-vous ce plaisir exquis

et retrouvez tout ce que vous

aimez de La Distillerie avec

de nombreuses innovations!

JOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.22, JANv. 2011 www.DISTILLERIE.Tv

UN vERS DANS LE NEzÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE LE cLASSE...HIc! PAR MARIE-EVE BOURASSA

DESI

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LE DUbONNET «zAzA» cOckTAIL

HISTOIRES DE pUbPAR MARIE-ÈVE BOURASSA

À LA cONqUêTE DE L’OUEST

EN GARNITURE...On n’appelle pas toujours un chat un chat et les saloons aussi ont eux droit à certains sobriquets, tels que «watering trough», «bu-ghouse», «shebang», «cantina», «gin mill» et «grogshop».

Pour effrayer et impressionner les Indiens, certains tenanciers de bar avaient l’habitude de ré-pandre du whiskey sur le bar et de l’enflammer. Les Amérindiens donnèrent le surnom de «waterfire» - eau de feu - au spiritueux.

Plusieurs saloons étaient non seulement un endroit où l’on pouvait boire, mais aussi un lieu de divertissement. Dés, poker, faro, brag… Billards, dards, bowling… Il n’était pas rare que la maison offre des spectacles de danse et ces mêmes danseuses offraient elles aussi, souvent, certaines distractions. On appelait ces dames généreuses «Miss».

C’est le 2 août 1876 que fut assassiné Wild Bill Hickok. Un certain «Broken Nose Jack» McCall lui tira dessus au Saloon no 10, Deadwood, Dakota du Sud, pendant qu’il jouait aux cartes. Sa main, une paire d’as noirs et une de huit, également noirs, est depuis connue comme «the dead man’s hand». La première mention détaillée de la main de Wild Bill est pourtant différente. Datant de 1886, celle-ci

fait mention d’un «full house» constitué de trois valets et d’une paire de dix.

Le célèbre Saloon no 10 est toujours ouvert aujourd’hui, à Dead-wood, Dakota. On y of-fre spectacles, boissons et nourriture, comme à la «belle» époque. On

peut toujours y admirer la chaise sur laquelle Wild Bill Hickok était installé lorsque Jack McCall le fusilla.

La rue Bowery, à New York, comptait à l’époque un sixième des saloons de la ville. Loin d’être tous respectables, c’est tout de même sur cette artère que Harry Johnson brillait, derrière le bar de son établissement, le «Little Jumbo».

À l’époque de la conquête de l’Ouest, au XIXe siècle, la Californie était surnommée «El Dorado». Dans ses mémoi-res «Roughing It : 1860 to 1864», Mark Twain raconte que le tenancier de saloon fait partie de l’élite, au même titre que l’avocat et le banquier. Son opinion a un poids et il n’est de parti politique qui arrive à gagner l’opinion populaire sans avoir d’abord gagné celle du barman.

En 1903, la rue Masson fut nommée en l’honneur de Joseph Masson. Négociant et politicien, il fut le premier mil-lionnaire cana-dien-français. Le quartier Rose-mont a été fondé en 1905, et déjà, la rue Masson est considérée com-me sa principale artère commer-ciale.

Au début du 20e siècle, la

rue M a s s o n avait elle aussi son cinéma : l’Opérascope, situé au 3022 Masson. Fermé en 1928, les ci-néphiles du quartier se rabat-tirent, dans les années 1950-1960, sur le Théâtre Rosemont, à l’angle des rues Masson et Saint-Michel.

PAR ALEXANDRE LEFEBVRE& MARIE-ÈVE BOURASSA

On croit souvent à tort que le Dubonnet

Cocktail aurait été créé spécifiquement

dans des buts com-merciaux. En effet, le

cocktail rubis a été, un peu comme le Moscow

Mule pour Smirnoff ou le Cuba Libre pour Bacar-di, l’image de la marque

dans une campagne pu-blicitaire des années 1960.

Il n’en est cependant rien : les origines du cocktail épo-

nymes sont un peu plus près de celles du célèbre vin apéritif français qui lui a légué son nom.Souvent perçu comme un cocktail de l’ère de la prohibition, celui qu’on appelle parfois le «Zaza Cocktail» fait néanmoins sa première apparition «papier» dès 1914, sur les pages d’un recueil de recettes intitulé «Drinks» de Jacques Straub.Le Dubonnet Cocktail est d’une simplicité car-

rément désarmante, mais une simplicité pas moins riche en goût : les aromates du gin s’unis-sent à merveille avec ceux du vin de quinqui-na. Parce qu’au final, ce n’est rien d’autre que ça, un Dubonnet cocktail : une part et demie de gin pour une part et demie de Dubonnet… la plu-part du temps. Certai-nes recettes demandent à ce qu’on lève le coude un peu plus haut avec le gin ; d’autres, avec le vin aromatisé. Qu’à ce-la ne tienne : nous avons tous compris, depuis le temps et les verres qui ont passé avec lui, qu’il existe toujours plusieurs recettes pour un seul

et même cocktail et qu’au fond, l’important, c’est de trouver la nô-tre. Une concoction qui se veut aussi humble en terme d’ingrédients que celle qui nous in-téresse ce mois-ci se prête à merveille au jeu de l’expérimentation. Mais si vous ne voulez pas vous casser la tê-te, sachez que le ratio 1 :1 charme le fin ama-teur de douce amertu-me et de petits fruits.Souvent servi nu, sans falbala, dans un ver-re à cocktail, il est de-puis quelques années coutume de le couvrir d’un zeste de citron et, bien qu’habituellement présenté sans glace,

certains amateurs le préfèreront «on the rocks», dans un verre old fashionned. C’était d’ailleurs le cas de feu la Reine Mère, qui, selon assez de témoignages pour que les allégations ne portent plus le vulgai-re titre de «ragots», dégustait son Zaza Cocktail comme s’il n’y avait pas la moindre trace d’alco-ol à l’intérieur. À un barman qui venait de lui en servir un triple, elle aurait répondu : «Ce cocktail est presque parfait ; le hic, c’est qu’il n’y en a pas assez dans le verre.»Le Dubonnet Cocktail en est un alliant à mer-veille douceur et puissance. Il saura plaire aux amateurs de vodka et est une excellente por-te d’entrée vers ce que nous appellerons, sans porter de jugement, les «cocktails sérieux». Et, après tout, le Dubonnet Cocktail est peut être une des raisons pourquoi la Reine Mère était si sympathique!

Avec la ruée vers l’or et les promesses de vie meilleure, l’Ouest américain du XIXe siècle se voit rapidement co-lonisé. De partout au pays, de partout dans le monde, on s’élance, on accourt, on espère arriver à temps pour at-traper le train et profiter de ce tronçon de terre si riche, de ce filon d’or intarissable. La région à l’ouest du Mis-sissippi jusqu’au Pacifique prend des allures d’Eldorado trompeuses. Qu’à cela ne tienne ; les villes naissent et croissent à une vitesse affolante et, avec elles, ces éta-blissements nécessaires à la survie humaine : les ban-ques, les prisons, les gares et, évidemment, les saloons.

Qui dit «saloon» entend un café, ou un hôtel, où l’on sert de l’alcool. Les clients de ces établissements sont non seulement nombreux, mais variés, passant du trap-peur au cowboy, du soldat au chercheur d’or, du mineur au joueur. Le premier de ces «bars» rustiques aurait d’ailleurs ouvert ses portes à rabats à Brown’s Hole, Wyoming, en 1822, en se donnant pour mission d’abreu-ver les trappeurs de fourrure de la région. Ce n’était que le début : déjà en 1883, une ville typique de 3000 habi-tants comme Livingston, Montana, abritait pas loin de 33 saloons.

Souvent ouverts 24 heures par jour et 7 jours sur 7, l’ap-parence de ces salons variait grandement d’un à l’autre et on est en mesure d’affirmer qu’ils suivaient souvent la démographie de ville. Plus une ville était prospère, plus elle grandissait ; plus le nombre de clients poten-tiels était grand, plus les saloons l’étaient. Qui dit gens en moyen dit bar en moyen, et, naturellement, vice versa. Les premiers saloons arboraient donc souvent des dé-cors assez désuets : quelques animaux empaillés et un petit poêle à bois pour chauffer les mois d’hiver. On y ser-vait des «whiskeys maison» faits d’alcool neutre, de su-

cre brulé et de tabac à chiquer que l’on appelait «Tangle-foot», «Forty-Rod», «Tarantula Juice», «Taos Lightning» ou «Red Eye». Le tord-boyau de base était habituelle-ment à 50° d’alcool, mais il n’était pas rare que le patron le coupe avec des ingrédients de choix, comme de la té-rébenthine, de l’ammoniac, de la poudre à canon de la Cayenne. Les bartenders offraient aussi à leurs clients le «Cactus Wine», composé de tequila et d’une infusion de peyotl, ou le «Mule Skinner», mélange de whiskey et liqueur de mure.

De quoi rendre n’importe qui nostalgique de la belle épo-que des saloons !

Comme nous le mentionnions plus haut, à mesure qu’une ville et ses habitants s’enrichissaient, les saloons le fai-saient aussi. Des tapisseries et draperies orientales ain-si que des tableaux recouvraient les décors pauvres des débuts, les whiskeys qu’on y servait étaient la plupart du temps des produits d’importations. Dès 1842 on com-mence aussi à y servir de la bière et plusieurs cocktails y

ont été inventés et très, très, très largement bus.

C’est que les pionniers du «bartending» ont fait leurs classes derrière les autels de pareils établissements. Jerry Tho-mas (voir notre article disponible en ligne) aurait fait une des ses fortunes en épatant les foules du El Dorado de San Francisco et on raconte que dès l’âge de 13 ans, Harry Johnson, auteur du «Bartenders’ Manuel», servait les clients du The Eagle sur Pacifique Avenue. C’est le «Gilded Age», l’âge doré dont nous parlions le mois der-nier, l’âge qui a vu naître des classiques comme le Cham-pagne Cocktail et le Martinez.

Entre 1860 et 1900, alors qu’une vague d’immigration al-lemande déferle sur les États-Unis, le nombre de barten-ders et de propriétaires de saloons à l’ouest du Missis-sippi passe de 4000 à… 50 000 ! 40 % de ces nouveaux propriétaires arrivent tout juste au pays et 25% d’entre eux sont de descendance germanique. Au Colorado, on recense que 30% des tenanciers de bars sont Alle-mands.

Plus de saloons = plus de buveurs. Dans une Amérique déjà déchirée entre vice et vertu, plus de buveurs = plus de moralisateurs. C’est donc l’éclosion de ces milliers de saloons qui fit naître ces fameuses ligues de tempé-rance qui, quelques années plus tard, enfantèrent à leur tour un enfant terrible : le Volstead Act.

Wild Bill

«Ce cocktail est presque parfait ; le hic, c’est qu’il n’y en a pas assez dans le verre.»

On y servait des «whiskeys maison» faits d’alcool neutre, de sucre brulé et de tabac à chiquer que l’on appelait «Tanglefoot», «Forty-Rod», «Tarantula Juice», «Taos Lightning» ou «Red Eye».

Marie-Ève Bourassa

www.DISTILLERIE.TvJOURNAL DE LA DISTILLERIE ÉDITION NO.21, DÉc. 2010

BITTERSWEET SYMPHONY 10,50 Bombay Sapphire, Campari, Dubonnet, Cordial d’hibiscus

EDEN 9,50 Bombay Sapphire, Calvados, jus de pomme, jus de citron, sirop d’orgeat, trait de cannelle

FRAGGLE ROCK 9,50 Cazadores, Chartreuse, nectar d’agave, jus de lime, concombre

H&H 11,50 Hendrick’s, cordial d’hibiscus, concombre

POIRE ASIATIQUE 8,50 Skyy, Soho, Midori, purée de poire, jus de citron, sirop simple

STRAWBERRY FIELDS 8,50Jim Beam, purée de fraise, cordial de sureau, extrait de café

WHITE LADY #2 8,50 Bombay Sapphire, Lillet, Cointreau, jus de citron, sirop simple, blanc d’œuf, verre rincé à l’Absinthe Hill’s

WORD UP! 8,50 Bombay Sapphire, Noilly Prat, Chartreuse, purée de framboise, cordial de sureau, poivre

ANGRY PIRATE 9,50Captain Morgan Spiced, Sortilège, cubes orange pilés, angostura, servi sur glace concassée

CASTRO FLAMBÉ 10,50 Bacardi 8 ans, sirop simple, cubes de lime pilés, angostura flambé

CHASSE & PÊCHE 8,50 Canadian Club, Triple Sec, basilic, purée de pêche, sirop simple, jus de citron

CUCUMBER RICKEY 9,50 Bombay Sapphire, jus de lime, sirop simple, amers Reagan’s concombre

HERBES D’ARANDAS 9,50 Cazadores, Apfelkorn, jus de lime, sirop d’orgeat, amers Reagan’s

MAI TAI 9,50 Bacardi 8 ans, Bacardi Gold, Triple Sec, sirop d’orgeat, jus de lime, servi sur glace concassée

OMFG 9 Jim Beam, Cynar, cubes de pamplemousse pilés, sirop simple

XEPEC KAIPIROSKA 8,50 Skyy, Xérès Fino, jus d’aloès, cubes de lime pilés, sirop simple

BACARDI MOJITO 8,50/17 Bacardi Superior, menthe, lime, sirop simple, soda

BASILIC ROMANTIQUE 9,50/19 Lillet, Bombay Sapphire, basilic, lime, purée de fraise, sirop simple, Martini Asti

BLUE HAWAII 8,50/17 Bacardi Coco, Bacardi Limon, Blue Curaçao, jus de citron, sirop simple, crème, jus ananas

COOLER LIME-GINGEMBRE 8,50/17 City Dry Gin, Triple Sec, jus de lime, sirop de gingembre, amers Regan’s, Ginger Ale

HURRICANE 8,50/17 Bacardi Superior, Bacardi Black, purée de fruit de la passion, jus de lime, grenadine, jus d’orange

M’PEACHED 8,50/17 Canadian Club, pamplemousse, purée de pêche, jus de citron, sirop simple, 7up

MISSIONARY’S DOWNFALL 9/18 Bacardi Superior, Schnapp’s au pêche, cubes ananas, menthe, 7up

ROCK’A’RULA 8,50/17 Amarula, angostura, blanc d’œuf, Root Beer

YARIBA YARIBA! 9,50/19 Cazadores, Triple Sec, jus de lime, jus de citron, sirop simple, grenadine maison, 7up

cARTE DE LA DISTILLERIELES cOckTAILS (TypE mARTINI)

LES ALLONGÉS (cHOIx DE fORmAT : 14Oz OU NOTRE fAmEUx pOT mASON)

NOUS SOMMES OUVERTS7 JOURS

À PARTIR DE 16H!

LES SHORT DRINkS (GÉNÉRALEmENT + cONcENTRÉS EN ALcOOL)

Photos par Danny Rock - photographienomade.com

DESI

GN G

RAPH

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TOPL

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E.CO

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SEXY SANGRIA 8.50

2 oz Dubonnet 0.5 oz Maraschino 0.5 oz jus d’orange 0.5 oz jus de citron

Préparation : Incorporer tous les ingrédients dans un verre Old Fashioned et remuer. Garnir d’une pelure d’orange.

CANDY CAT ROCK 8.50/17

2 oz Dubonnet 1 oz Liqueur de melon 0.5 oz Grenadine maison 0.75 oz Jus de citron

Préparation : Agiter tous les ingrédients dans un verre Collins. Allonger de soda citron-lime et garnir d’un quartier de citron.

BRANDY

Boulard (calvados) 8/11,50Cognac VS Global 7/9,50Gaston de LaGrange VS 8/12,50Gaston de LaGrange VSOP 11/19,50Grappa De Negri 7/9,50Pisco Soldeica 7/9,50Raynal VSOP Brandy 6/8,50Rémy Martin Grand Cru VS 9/13,50Rémy Martin VSOP 12/20,00

GIN

Beefeater 24 8/11,50Broker’s 7/9,50Bombay Sapphire 7/9,50Citadelle 7/9,50CITY Dry Gin 6/8,50

Hendrick’s 8/11,50Tanqueray 7/9,50Tanqueray 10 8/11,50

RHUM/SPIRITUEUX DE CANNE À SUCRE

Appleton Reserve 8/11,50Appleton V/X 7/9,50Bacardi 8 ans 8/11,50Bacardi Big Apple 7/9,50Bacardi Blanc 6/8,50Bacardi Coco 7/9,50Bacardi Gold 7/9,50Bacardi Limón 7/9,50Bacardi Razz 7/9,50Cachaça Leblon 7/9,50Cachaça Pitù 7/9,50Captain Morgan Brun 7/9,50Captain Morgan Spiced 7/9,50

Cockspur 12 9/13,50Havanah 7 ans 8/11,50Havanah Anejo 7/9,50Sailor Jerry Spiced Rhum** 8/11,50St-James agricole Ambré 8/11,50

WHISKEY ÉCOSSE

Balvenie Double Wood 11/18,50Bowmore 12 11/18,50Chivas 12 9/14,50Dewar’s 6/8,50Glenfiddich 12 8/11,50Glenfiddich 18 13/22,00Glenlivet 12 9/13,50Glenmorangie 10 12/20,00Grant’s 7/9,50Jonnie Walker RED LABEL 7/9,50Lagavulin 16 15/25,00

Macallan 12 12/20,00

TEQUILA

Cazadores Z Reposado** 7/9,50Don Julio Anejo** 15/25,00Don Julio Blanco** 11/16,50Don Julio Reposado** 13/21,00Hornitos Plata** 11/16,50Hornitos Reposado** 13/21,00Jose Cuervo Tradicional ** 8/11,50Tres Generaciones Anejo** 14/23,00Tres Generaciones Plata** 12/20,00Tres Generaciones Reposado** 13/21,00

VODKA

42 Below** 7/9,50Grey Goose 9/12,50

Grey Goose Citron 9/12,50Grey Goose Orange 9/12,50Grey Goose Poire** 9/12,50Ketel One 7/9,50Moskovskaya 7/9,50Skyy 6/8,50Zubrowka 7/9,50

WHISK(E)Y DU MONDE

Basil Hayden’s 9/13,50Blanton’s 9/13,50Booker’s 13/21,00Bulleit Bourbon** 8/11,50Bushmills 8/11,50Canadian Club Premium 6/8,50Canadian Club 12 ans 7/9,50Canadian Club 20 ans 12/20,00Canadian Club 30 ans 28/45,00

Canadian Club Sherry cask 11/16,50Crown Royal 7/9,50Evan William’s 10/14,50Gentleman Jack 8/11,50Jack Daniel’s 7/9,50Jack Single Barrel 9/13,50Jameson 7/9,50Jim Beam 6/8,50Jim Beam Black Label 8/11,50Knob Creek 9 ans 9/13,50Maker’s Mark** 8/11,50Wild Turkey 7/9,50Wiser’s 6/8,50Woodford Reserve 9/13,50

L’ARmOIRE À bOISSON ** IMPORTATION PRIVÉENOTEZ, LES DISPOS PEUVENT VARIER SELON LA SAQ

COCKTAILS DU MOIS. L’hiver chauffe les sangs de nos barmens; ce mois-ci ils vous livrent trois créations à fleur de peau. Jonathan Haman ouvre la bal avec sa Sexy Sangria. Danny Rock vous flatte dans le sens du poil avec son “Candy Cat Rock” et Alexandre Genest vous invite, vous et un(e) ami(e), à son “Trip à Trois”. Santé!

TRIP À TROIS 8.50

1.5 oz Dubonnet 0.75 oz Maker’s Mark 0.25 oz Prunelle de Bourgogne Trait Angostura Cuillère de jus de lime

Préparation : Assembler tous les ingrédients dans un verre Boston et remuer. Verser dans un verre Martini et garnir d’une pelure de citron.