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Vision du

C M M j t -

SOMMAIRE

Les plans des Etablissements Pénitentiaires de la Guyane, Saint-Laurent du Maroni, Cayenne 2 à 5 (Plan des îles du Salut, voir page 133)

Vestiges du « Grand Collège » 6 à 12 Historique des pénitenciers de Guyane 13 à 17 La mise en place 18 à 19 LA DEPORTATION. L'Affaire Dreyfus 20 à 24 LA TRANSPORTATION 25 à 32 Concentration et internement 33 à 46 Vers la colonie pénitentiaire 47 à 49 La vie au bagne 50 à 60 La relègue 61 à 65 La « débrouille » 66 à 69 La médecine au bagne, la lèpre 70 à 77 La « belle » 78 à 84 Justice pour bagnards 85 à 87 L'internement aux îles 88 à 93 Les « Premiers Paris » 94 à 99 Les révoltes au bagne 100 à 101 L e s l i b é r é s (« 4 e - l r e » e t « 4e -2e ») 1 0 2 à 1 0 4

C a y e n n e « T a f i a v i l l e » 1 0 5 à 1 2 0

F a u t - i l s u p p r i m e r l e « G r a n d C o l l è g e » 1 2 1 à 1 2 3

U n i n n o c e n t a u b a g n e . L ' A f f a i r e S e z n e c . . . . . . . . . . . . . 1 2 4 à 1 2 8

B i b l i o g r a p h i e 1 2 9

G l o s s a i r e 1 3 0 à 1 3 1

L E B A G N E « T O U R I S T I Q U E »

P l a n d e s î l e s d u S a l u t 1 3 3

L e s î l e s d u S a l u t a u j o u r d ' h u i 1 3 4 à 1 3 7

L ' î l e R o y a l e � 1 3 8 à 1 4 9

L ' î l e S a i n t - J o s e p h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5 0 à 1 5 3

L ' î l e d u D i a b l e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5 4 à 1 5 6

Le bruit des brûleurs lui vrillait encore les tympans, lorsque Jacek Baron entendit prononcer son nom.

- On répond : présent chef ! lui cria un garde au visage grené de vésicules. Dans le ciel des urubus dessinaient de grands orbes.

Quelles furent ses premières impressions en échouant dans la colo- nie pénitentiaire ? A 84 ans il en a perdu le souvenir et puis qu'importe, son passé lui appartient et il a bu l'eau du léthé.

Aujourd'hui il vit à Saint-Laurent, dans un hôpital qui ressemble à un château de cartes. Au temps de la splendeur pénitentiaire cet éta- blissement employait une foule de surnuméraires, forçats « embus- qués » qui s'y activaient comme infirmiers, vidangeurs et autres ; la place à l'hôpital raconte Jacek, était la « placarde » la plus recherchée. Notez, s'empresse-t-il de dire :

- Je n'ai jamais eu à me plaindre j'exerçais la profession de bou- langer puis celle de coiffeur... Cela me procurait quelques gratifications.

A l'heure où sont écrites ces lignes Jacek Baron, le visage machouillé par le temps, veille sur la bibliothèque de l'hôpital. Sur un rayonnage de fortune se presse, gauchie par l'humidité, une collection d'anciens « polars » « Masques Noirs » que notre « chartiste » lit et relit comme on se mire dans un miroir.

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Mana -'■■m

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1 Aujourd'hui les îles du Salut fes- tonnées d'écume sont le lieu pri- vilégié des touristes, les requins ayant déserté les eaux vertes de l'archipel faute de nourriture humaine... (voir page 75)

La route du bagne : un trait d'union de quinze jours entre le dépôt des forçats et la colonie pénitentiaire. Un voyage pour la plupart sans retour sur le « La

Martinière ». 19r

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ST-LAURENT DU MARONI

4 La Sous-Préfecture de Saint- Laurent ne ressemble-t-elle pas à un décor d'« Autant en emporte le vent ».

La marée verte ronge peu à peu les bâtiments austères de la Tentière.

Le coquet pavillon du comman- > dant du camp autonome de Cayenne. Persiennes, claustres et tôles ondulées sont les caractéris- tiques de l'architecture guyanaise.

Ancienne caserne des surveil- lants mariés. -

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GAYENNE

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VESTIGES DU GRAND COLLEGE

"in mémoriam" Bornée par le fleuve Maroni et palissadée par

l'immense forêt, la ville de St-Laurent repose, silencieuse sous un ciel blanc de perle.

Un appontement rongé et effondré, des ave- nues droites et plantées, un haut porche bri- queté, de grands bâtiments à demi-vides, de coquets pavillons aux toits recuits de soleil

imprègnent le visiteur d'une douloureuse nostalgie.

Peu à peu, cette bourgade de style ouest américain se laisse envahir par la flore conges- tive. Témoin d'un passé accablant, la nature se charge de recouvrir de sa brouillonne archi- tecture végétale les traces de la civilisation pénitentiaire.

Avant, bien avant, ici fut le bagne. Regardez

autour de vous ces édifices s'aboutant dans une ordonnance militaire, c'était autrefois le quartier officiel aux rues décrottées, râtissées, peignées. Soit, la somptueuse demeure du directeur de l'A.P. où croissaient faux aloès, bougainvillées et hibiscus, est devenue le siège de la sous-préfecture, le sinistre tribunal mari- time spécial l'élégante mairie, les bungalows ceints de clostres roses habités par des ména-

Ce qu'il méritait G R A C I E !... Ce qu'il espère

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ges de fonctionnaires. Non ! il ne suffit pas de restaurer en changeant d'affectation pour effa- cer la mémoire collective.

Capitale du bagne, chef-lieu de l'administra- tion pénitentiaire, St-Laurent attend tous les ans que le navire gris aborde ses rives maudites.

Tenez ! ils arrivent. On les voit descendre l'échelle de coupée. Ils sont fatigués certains

se déconfortent en pensant au pays qu'ils vien- nent de quitter.

On les parque dans des cases. Il fait nuit, la lune baigne le paysage d'une lumière d'eau- forte. L'alternat des airs créoles et de Paris fait toupiller les robes d'organdi. Dans St-Laurent c'est la fête, deux fois par an l'on danse à l'arri- vée des forçats.

La cage flottante n'accoste plus et les souve-

nirs se délitent dans ce pays où « le soleil de l'Equateur et les eaux rouges des fleuves y remplissent les hommes de fièvre et de violence ».

Le bagne me dites-vous ! l'on en parlait quand j'étais jeune l'on ne savait pas très bien le situer et non plus ce qu'il s'y passait vrai- ment. Je me souviens en avoir eu l'intuition mais pas les détails.

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Au Maroni que reste-t-il ? des berges qui sen- tent la vase et le musc, des chicots de waca- pou, des décors miéralisés ? Non ! regardez il reste les souvenirs d'un autre temps.

Après un mauvais café, les têtes moutonniè- res promises à l'abattoir passaient sous l'arche fière pour se rendre aux divers camps fores- tiers du maroni. Résignés, les hommes dans

De curieuses têtes de mort « ornementales » veillent sur une tombe du cimetière de Cayenne.

L'aspect actuel de l'entrée du camp de la Transportation. ▼

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une ordonnance militaire quittent le « grand collège » pour une dure journée de travail dans les bois humides.

Cette cour du pénitentier ne ressemble-t-elle pas à la cour d'un collège où les élèves se pres- sent pour se récréer ? La comparaison s'arrête là car il s'agit bien de forçats dans leur livrée encrassée. Ceux-ci attendent peut-être l'appel ou la répartition des corvées.

Les anciens locaux du pénitencier sont aujourd'hui occupés par des familles indigen- tes de Saint-Laurent-du-Maroni. Photographes, attention à la suceptibilité de cette population...

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Saint-Laurent ressemble à un paysage à la Faulkner. Couleur immaculée, colonnades, vérandas, végétation exubérante, chaleur humide ; tous les ingrédients employés par le grand romancier du sud des Etats-Unis se trou- vent réunis dans cette petite ville. Le bagne

aurait pu inspirer l'auteur de Lumière d'août, comme il a inspiré Somerset Maugham qui en tira deux nouvelles : A man with a Cons- cience ; An Officiai Position.

Saint-Laurent n'est plus un gril où l'on fai- sait rissoler les hommes punis, mais une sous-

préfecture lointaine.. au charme désuet et envoûtant avec ses pavillons coiffés de tôle rouillée et ceints de claustres brun rosâtre.

A ce propos savez-vous que les briques de ces murets sont toutes timbrées du sceau de l'administration pénitentiaire. Ce poinçon dif-

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La Mairie de St-Laurent.

féra à diverses époques, mais il marqua de façon indélébile le matériau, comme étaient marqués les forçats qui le pétrissaient. Avis aux collectionneurs.

Dans l'église d'Iracoubo, les peintures de Huguet.^ i

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, 6 2 — S t - J E A N - d u - M A R O N / ¥ ^ j l ' t e C a m p d e s R e l é g u é s a p r è s l ' a p p e l I

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HISTORIQUE DES PENITENCIERS DE GUYANE

d'après Emile Abonnenc Les îles d u Sa lu t

Les îles du Salut, situées à 15 km au large de Kourou, forment un groupe de trois flots : l'île Royale, Saint-Joseph et le Diable, séparés par

! deux bras de mer de 250 m de large. Dès l'arri- vée des premiers convois, on plaça les forçats

i en cours de peine à l'île Royale, les libérés et < les repris de justice à Saint-Joseph, les déportés ■ politiques à l'île du Diable.

L'île Royale servit de modèle aux autres éta- '• blissements. Les premiers bâtiments de bois,

furent remplacés progressivement par des cons- tructions de pierre. L'établissement était divisé en deux parties correspondant à deux replats

J naturels : à l'ouest se trouvaient le sémaphore, ̂ la caserne de la troupe, les prisons, les loge-

ments du personnel, des ateliers, la bouverie et, plus tard, une école pour les enfants ; à l'est, les logements des cadres, le quartier cellulaire, les magasins, le corps de garde du quai, le han- gar aux constructions navales et la boulangerie. En 1855 fut inaugurée une vaste église. Cette

■ même année, une cale de halage fut ouverte pour le radoub des navires ; il existait un ate- lier pour réparer les machines des bateaux à vapeur.

Un détachement militaire de 50 hommes sta- tionnait à Royale. Les locaux disciplinaires de l'fle comprenaient 8 cachots, 58 cellules et 2 pri- sons. Il n'y avait pas de cimetière à Royale, à part quelques tombes d'enfan ts ; les dépouilles des condamnés étaient immergées et celles des personnes libres enterrées à Saint-Joseph.

Saint-Joseph recevait, au début, les libérés transportés volontaires et les repris de justice ; plus tard les réclusionnaires (1904). Les locaux comprenaient 52 cellules, 2 cachots et une infir- merie de 20 places. Une tannerie, montée en

| 1855, produisait du cuir pour la confection sur place des chaussures des forçats.

L'arrivée d'un forçat sur la « guillotine sèche », les îles du Salut, gravée par Tofani en 1895.

L'île du Diable servait, avant 1895, de lépro- serie pour bagnards. Déclarée « lieu de dépor- tation » (loi du 9 septembre 1895), le capitaine Dreyfus y séjourna d'avril 1895 à juin 1899.

Kourou e t s e s a n n e x e s

Ce pénitencier, ouvert en 1856, n'était au début qu'un chantier dont le personnel logeait à bord du « Castor », Bâtiment de la marine hors service, mouillé en face du bourg. En 1860, l'emplacement des Roches fut choisi. On créa, à Guatemala et à Passoura, des hattes pour l'élevage du bétail qui furent prospères jusqu'en 1863. Puis avec l'arrêt momentané de la trans- portation en Guyane, en 1867, le pénitencier allait péricliter pendant 20 ans.

En 1895, le domaine de Kourou s'étendait sur 1 323 ha. Il disposait aussi des savanes de la Passoura (40 000 ha) et de grands bois. Les annexes du pénitencier de Kourou comprenaient :

— le domaine de Guatemala, à 800 m du pénitencier, celui-ci produisait de l'herbe de

Para sur la rive droite de la rivière Kourou ; 11 concessionnaires y étaient établis ;

— les* Trois carbets » ou Gourdonville, chan- tier forestier à 35 km des Roches, approvision- nait en bois de sciage, et en charbon de bois les ateliers de Kourou et des fles du Salut ;

— Léandre, à 13 km des Roches, où se trou- vait une étable destinée à l'élevage des génisses ;

— Passoura, centre d'élevage et point de ravitaillement ;

— Pariacabo, domaine de 200 ha en cultures ; — enfm, Carouabo et La Roche Elizabeth,

zone d'élevage peu importante. L'effectif des condamnés de Kourou varia de

500 à 600jusqu'en 1871, puis tomba à 468 en 1883. En 1885, les travaux reprirent et l'effec- tif remonta à 900 en 1908 pour se stabiliser ensuite.

LTIet la M è r e

Situé à 11 km de Cayenne au large de l'anse de Rémire, il fut affecté à la Pénitentiaire en 1852 ; on y plaça d'abord des déportés politi-

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L' ILE DU DIABLE

L'îlet du Diable servit un temps de léprose- rie. C'est un rocher noir et chauve, difficile d'accès tant la mer le protège par ses inquié- tants ressacs. De ce tertre il n'y a rien à dire si ce n'est que le proscrit Delescluze (futur délégué à la Guerre de la Commune) y séjourne en 1858. Or, en avril 1895 un dénommé Alfred Dreyfus, « traitre à sa patrie », y débarquait. Dès lors, cette chiure de mouche perdue dans l'océan allait devenir aussi célèbre que les sept merveilles du monde. 14 hectares pour un détenu, une sur- veillance accrue, inhumaine et une affaire qui

Vision actuelle de l'ile du Diable depuis le côté nord de l'île Royale.

L'ancienne maison de Dreyfus avec les rui- nes de son mur d'enceinte qui lui cachaient la vue de l'océan. 'IV

allait diviser la France ; l'île du Diable entrait dans la légende.

Au Diable, il reste les ruines de la maison de Dreyfus et son banc situé sur un encorbel- lement de l'île. A la différence de Saint-Joseph, les chèvres qui vivent en liberté sur l'îlet le Diable, dévastent la végétation profuse. L'on pourra remarquer l'analogie de paysage avec les dernières images du film « Papillon » à cela près que les îles du Salut n'ont pas de falaises, les reliefs sont en déclives. Toutefois Dustin Hoffman y a oublié ses cochons.

Il est curieux, si l'on pénètre dans l'ancienne maison des surveillants, tout près de la tour briquetée, d'y voir reproduites des fresques « pompéiennes ». Des guirlandes de fruits s'offrent au regard du curieux, doit-on y voir la nostalgie d'un surveillant qui en peignant ces motifs s'est peut être souvenu de son pays natal ?

Vue panoramique de l'île du Diable depuis le chemin de ronde de l'île Saint-Joseph. De gau- che à droite nous distinguons : l'embase du treuil d'arrivée du câble transbordeur qui per- mettait par téléphérage d'envoyer le ravitaille- ment et la paye des surveillants militaires. Sur l'éminence, on aperçoit distinctement la tour du « fortin » érigée pour surveiller les abords de l'île et dissuader toute tentative de débar- quement qui aurait pour dessein d'enlever Dreyfus : un délire obsessionnel qui hanta l'esprit du gouvernement pendant toute la durée de l'affaire. Sous le fortin, la case du « traitre ». A l'extrême droite de cette vue, sous les cocotiers, le Il banc » de rêverie du détenu solitaire.

Vers la fin de son calvaire il lui fut permis de p circuler sur cet îlot au nord duquel il appareilla un banc de pierres sèches, toujours debout aujourd'hui, sur lequel il médita sur l'incroya- ble injustice dont il fut la victime. A deux pas de là, des murets effondrés rappellent l'empla- cement de l'ancienne porcherie. Quelques cochons roses grognons hantent tou- jours ces lieux de pénitence.