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FRANZ SCHUBERT FANTASIE IN F MINOR AND OTHER PIANO DUETS Andreas Staier | Alexander Melnikov FRANZ SCHUBERT FANTASIE IN F MINOR AND OTHER PIANO DUETS Andreas Staier | Alexander Melnikov

Andreas Staier Alexander Melnikov · progresse implacablement, un Wanderer errant, solitaire, une chanson nostalgique sur le bout des lèvres. De manière très typique dans l’œuvre

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Page 1: Andreas Staier Alexander Melnikov · progresse implacablement, un Wanderer errant, solitaire, une chanson nostalgique sur le bout des lèvres. De manière très typique dans l’œuvre

FRANZ SCHUBERT

F A N T A S I E I N F M I N O R A N D O T H E R P I A N O D U E T S

Andreas Staier | Alexander Melnikov

FRANZ SCHUBERT

F A N T A S I E I N F M I N O R A N D O T H E R P I A N O D U E T S

Andreas Staier | Alexander Melnikov

Page 2: Andreas Staier Alexander Melnikov · progresse implacablement, un Wanderer errant, solitaire, une chanson nostalgique sur le bout des lèvres. De manière très typique dans l’œuvre

FRANZ LISZT

FRANZSCHUBERT(1797-1828)

Piano duets Œuvres pour piano à quatre mains Fantasie op.103, D.940 Fminor/famineur/f-Moll 1 | I.Allegromoltomoderato 4’56 2 | II.Largo 2’22 3 | III.Allegrovivace-Condelicatezza 6’23 4 | IV.Finale.Tempoprimo 5’43 5 | 4 Ländler, D 814 3’16 6 | Marche Caractéristique, D.886 no.1 Cmajor/Utmajeur/C-Dur 6’18 I.AllegroVivace Variations on an original theme op.35, D.813 Aflatmajor/Labémolmajeur/As-Dur 7 | Thema.Allegretto 1’29 8 | VariationI 1’31 9 | VariationII 1’27 10 | VariationIII.Unpocopiùlento 1’59 11 | VariationIV.TempoI 1’31 12 | VariationV 2’03 13 | VariationVI.Maestoso 1’49 14 | VariationVII.Piùlento 3’27 15 | VariationVIII.Finale.Allegromoderato 4’22 16 | Grande Marche op.40 no.3, D.819 Bminor/simineur/h-Moll 7’24 Allegretto 17 | Polonaise op.61 no.1, D.824 Dminor/rémineur/d-Moll 4’22 18 | Rondo op.107, D.951 Amajor/Lamajeur/A-Dur 12’30 Allegrettoquasiandantino

Andreas Staier, Alexander Melnikov fortepiano Graf by Christopher Clarke

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3 français

PourFranzSchubertetsesamis,lepianoàquatremainsfaisaittoutaussinaturellementpartiedessoiréesconvivialesquelesjeuxvidéopourlesjeunesd’aujourd’hui.Interpréterdelamusiqueenduoavecle

compositeur,voilàquiréveillaitalorschezlesjeunesviennoisdesémotionsqueleurquotidienprosaïquemenaçaitdelaissersefiger.Unphénomènequ’AntonvonSpaunévoquedetrèsbellemanière:“Schubertcommenceàjouerdupiano,cequimetroubleencoredavantage.Maisàl’écoutedesesnotes,moncœurs’emplitencoreunpeuplusdenostalgie–ilestprobablequejemesenteiciplusheureuxencorequ’auparavant,alorsquejevoisleshommess’agiterdemanièrevaineetinsenséeetlesmeilleursn’avoirdecessedeseplaindreàl’idéequelessouhaitslesplusardentsdeleurcœurneserontjamaiscomblés,sansqu’iln’yaitmêmelepluspetitespoir.”Pourquelquesheuresaumoins,lamusiquepourpianoàquatremainsdeSchubertpouvaitainsivenircombler“lesvœuxlesplusardents”desesamis.Laferveurdel’expressionenétaitlebutsuprême.Schubertdécrivitcetidéaldansunelettreadresséeàsesparentsle25juillet1825,danslaquelleilévoquejustementsamusiquepourpianoàquatremains:“EnHaute-Autriche,jetrouvepartoutmescompositions,enparticulierdanslesmonastèresdeSaint-FlorianetdeKremsmünster,où,avecl’aided’unbravepianiste,j’aijouénonsanssuccèsmesvariationsetmarchesàquatremains.Cesontsurtoutlesvariationssurmanouvellesonateàdeuxmainsquiontplu,quej’aijouéeseulavecgrandsuccès;plusieurspersonnesm’ontassuréquesousmesdoigts,lestouchessetransformaientenautantdevoixchantantes:sicelaestvrai,j’ensuistrèsheureux,carjedétestecettemauditemanièredejouerquiconsisteàsimplementtapersurlestouches,commelefontpourtantd’excellentspianistes–unteljeuneréjouitnil’oreille,nil’esprit.”

Deux marches Le “brave pianiste” avec lequel Schubert joua ses marches à quatre mains en Haute-Autriche a-t-ilétésensibleàl’ironiequitraversecespièces?Impossibledenepasl’entendredanslatroisièmedes“SixGrandesMarches”paruesen1825souslenumérod’opus40.Au-dessusdel’inébranlableprogressionensimineuràlabasses’élèveunemélodiepresqueinnocenteenRémajeur,régulièrementtraverséed’accentsacérésetd’accordsdecuivresimaginaires.Dans lasecondepartie, lamarchedévoilesanaturedémoniaqueavantdes’acheversurunpompeuxroulementdetimbales,préludeàl’agréabletrioenSimajeur.Les éditeurs ont vite compris quel parti ils pourraient tirer des marches de Schubert restées inédites à sa mort.MaisDiabelliavraisemblablementcommisuneerreur:lesdeux“MarchesCaractéristiques”qu’ilpubliatreizemoisaprèslamortdeSchubertsonttoutsaufdesmarches.Ils’agitdedeuxmouvementsqui,dansunrythmeendiabléà6/8,reprennentlegestehéroïquedesscherzospourorchestreducompositeur.Lapremière“Marche”s’ouvresurd’imaginaires sonneries de cors et déploie une splendeur sonore presque orchestrale qui n’a guère d’égal que leScherzodela“GrandeSymphonie“enUtmajeur.

Des Ländler pour la Comtesse C’estlorsqu’ilétaitaccompagnédesonélèvepréférée–laComtesseCarolineEsterházy– que Schubert appréciait le plus le dialogue intime auquel se livrent deux interprètes qui se partagent le mêmeclavier.Elleétaitdevenuesonélèveàl’âgedetreizeans,en1818,cequiluivalutdepasserl’étédanslarésidenced’étédesonpèreàZselíz(cetteville,actuellementŽeliezovceenSlovaquie,étaitalorshongroise).Ilyretournasixansplus tard.Carolineavaitalorsdix-neufansetSchubertne logeaitplusdans lamaisonréservéeaupersonnel,maisauchâteau.Laproximitéentreeuxfutplusgrandequejamaisetluiinspiraquelques-unesdesesplusbellescompositionspourpianoàquatremains.LesquatreLändlerD814figurentdansunmanuscritautographecomprenantautotalquatorzedanses,ainsidatéesparSchubert:“Zeléz1824July”.Lemanuscrit,plustardlapropriétédeJohannesBrahms,étaitmanifestementdestinéàCaroline.Dès1821,Schubertavaitcomposédeux“Allemandespour laComtesseCaroline”,maisfinalementrayérageusementleurdédicaceplustard.C’estcettefois-cisanshésitationqu’ilputluidédiersesquatreLändler,dontlaferveurestpresqueinégalable.Ilssontagencésparpaire,lasecondedansereprésentantàchaquefoisletriodelapremière.

Polonaise et Rondo pour les éditeurs Enavril1826,Schubertpostulaauprèsdel’EmpereurFrançoisIIauxfonctionsdevice-maîtredechapelle–unpostequ’évidemment,autermed’unlongprocessusdesélection,iln’obtintpas.Maissonactedecandidaturenousrévèleaumoinsl’adresseexactedesondomiciled’alors,“aufderWiedenn°100àcôtédel’égliseSaint-Charles,escalier5,2eétage”.C’estlàquedurantcemêmemoisd’avril,ilcomposadesPolonaisespourpianoàquatremainsquiparurentdèslemoisdejuillet1826entantqu’Opus61.“Autantd’oragesaccompagnésd’arcs-en-cielromantiquesetd’universprisdansunetorpeursolennelle”,voilàenquelstermesSchumann,admiratif,évoquelesPolonaisesàquatremainsdeSchubert–unedescriptionquis’appliqueadmirablementàlaPolonaiseenrémineur.Sanscesse, leséditeursréclamaientàSchubertdesœuvrespourpianoàquatremains,commelefitparexempleDomenicoArtariaenjuin1828.EnpleintravailsursagrandeMesseenMibémolmajeur,SchubertréponditàcettedemandeparlacompositionduRondoenLamajeurpourpianoàquatremains,un“Allegrettoquasiandantino”de310mesuresquiannoncedéjàlesmouvementsfinauxdesesdernièressonatespourpiano.

Variations en provenance de Zselíz LerésultatleplusaccomplidudernierétéslovaquedeSchubert,en1824,furentsesVariationsenLabémolmajeursurunthèmeoriginal.Enjuillet1824,ils’adressadepuisZselízàsonamiMoritzvonSchwind:“J’aicomposéunegrandeSonateetdesVariationsàquatremainsquiplaisentbeaucoupici,maiscommejememéfieunpeudugoûtdesHongrois,jetelaisselesoin,ainsiqu’auxViennois,detrancher.”AuprèsdesViennoisaussi,cestrèsgrandesvariationsconnurentunimmensesuccèsetfurentimpriméesdèsfévrier1825entantqu’Opus35.Pourn’importequelauditeurviennois,laprogressionharmoniqueduthèmeenLabémolmajeurressemblaitsansaucundoutepossibleaucélèbreAllegrettode laSeptièmeSymphoniedeBeethoven.Schuberta fréquemmenteurecoursàcettesuited’accordsdescendante,parexempledansleChantdesespritsau-dessusdeseauxoudanslegrandquatuoràcordesenSolmajeur.Ellesembleavoirreprésentépourluiquelquechosecommeuneidéedel’infini,cedontleniveaudestyledesesmerveilleusesvariationsenLabémolmajeurrendparfaitementcompte.

Fantaisie en fa mineur Le partenaire privilégié de Schubert dans la dernière année de sa vie fut le compositeurmunichoisFranzLachner.Enmai1828,tousdeuxjouèrentpourlapremièrefoislaFantaisieenfamineurenprésencedeleuramicommunEduardvonBauernfeld.L’œuvrenefutpubliéequequatremoisaprèslamortdeSchubert,enmars1829,accompagnéed’unedédicaceà laComtesseCarolineEsterházy.En1828,Bauernfeldavaitconfiéàsonjournal:“SchubertsemblesérieusementamoureuxdelaComtesseE.Voilàquimeplaîtbien.”Àunautreendroitdesessouvenirs, ilnotequelaComtesseaétéenquelquesorte“l’amouridéaldeSchubert”,“exerçantunefonctionconciliatrice,équilibrante,apaisante…ellefutdetouteévidencesamusebienfaisante.”C’estàelle,précisément,quefutdédiéeaprèssamort(àlui)labouleversanteFantaisieenfamineur.Extérieurement,l’œuvrenecomprendqu’unseulmouvement,divisécependantenquatresous-partiesoumouvementsrudimentaires.Commelemontrel’esquisseautographe,Schubertnedécidaquetardivementdeconclurecettepièceparunefugue.C’estdanssaWandererfantasiede1822qu’ilfautenchercherlemodèle,commed’ailleursceluidel’ensemble de la structure de l’œuvre. À l’origine, le trio du scherzo devait être une marche. Le thème principal,qui revient sans cesse, diffuse dès les premières mesures une tristesse infinie. La triple montée d’une quarte surunrythmepointéet ledouloureux intervalledesecondemineureévoquent,au-dessusde l’arrière-plansonorequiprogresseimplacablement,unWanderererrant,solitaire,unechansonnostalgiquesurleboutdeslèvres.Demanièretrèstypiquedans l’œuvredeSchubert,untournantvers latonalitédeFamajeurfaitsurgirdessouvenirsheureuxavantque lepremier fortenesignifie l’inéluctable irruptiondudestintragique. Ilest incarnéparunmotifmarcatodéveloppéicidéjàenimitation.Àlafindelafantaisie,ilsetransformeraenthèmedelafugue.Parunemodulationchromatique,leLargocommenceenfadièsemineursurdesrythmespointéspresquebaroques,quiserontrépétésàlafin.Danslapartiecentraleenfadièsemineur,unedoucemélodiesefaitentendreau-dessusd’unaccompagnementdetrioletsetsetrouvedéveloppéeencanonentrelavoixdudessusetlabasse.Lescherzo,luiaussi,estenfadièse,desortequ’entrelesmouvementsextrêmesenfamineur,c’estununiverstrèsparticulierquiseconstruit–quelquechosecommeuneréminiscencederêvesetdecombatspassés.Letrio“condelicatezza”moduleverslatonalitédeRémajeur,puisUtmajeurpuisenfinSibémolmajeur,lescherzolui-mêmeversLamajeuretFadièsemajeur.Uneenharmoniesurledodièseramèneverslethèmeprincipalenfamineur.Sareprisemarqueledébutdufinalefugué,quis’interromptbrutalementautermed’uneprogressionparoxystique.Aprèsunlongsilence,lethèmeprincipalréapparaît,priscettefois-cidansdesharmoniesempreintesd’uneprofonderésignation.Enl’espacedequelquesmesures,ladouleursefaitsiintensequeSchubertajugéutiledefairesuivreladernièrecitationduthèmed’unépilogue.Unedescentedetrioletsdébouchesurunretarddéchirant,quiserésoutdansunaccordévoquantimmanquablementlamort.Schubertn’auraitpaspumontrerplusexplicitementledésespoirquilemarquait,luiettoutesagénération.

Karl BöhmerTraduction:ElisabethRothmund

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4 english

ForFranz Schubert and his friends, four-hand piano music was as natural a part of convivial evenings ascomputergamesarefortoday’syoungpeople.Playingpianoduetswiththecomposerarousedemotions

intheyoungVienneseofthetimewhichriskedossificationinprosaiceverydaylife.AntonvonSpaunoncedescribedthisverywell:‘Schubertstartsplayingthepiano,whichtroublesmeevenmore.Buthisnotesmakemyheartevenmoreyearning–perhapsIfeelstillmorefortunateherethanbefore,whenIseetherestless,empty,perversestrivingofhumanbeings,withthebestofthemneverceasingtocomplainthatthemostardentwishesoftheirheartsarenotgranted,thatthereisnotevenanyhopeofthathappening.’Schubert’sfour-handpianomusicfulfilled‘themostardentwishes’ofhisfriendsforafewhoursatleast.Heartfeltexpressionwasthehighestgoalofsuchmusic-making.SchubertdescribedthisidealinalettertohisparentsofJuly25,1825,preciselyinconnectionwithhisfour-handpianomusic:

‘In Upper Austria, I find my compositions everywhere, especially in the monasteries of Sankt Florian andKremsmünster,wherewiththehelpofadecentpianistIperformedmyfour-handvariationsandmarcheswithgreatsuccess.Mylistenersespeciallylikedthevariationsfrommynewsonatafortwohands,whichIperformedalone,andnotwithoutapproval;somepeopleassuredmethatthekeysbecamesingingvoicesundermyfingers.Ifthatistrue,I’mverypleased,becauseIcan’tabidetheconfoundedpeckingstyleonefindsevenwithsomeexcellentpianists,whichdelightsneithertheearnorthemind.’

Two marches Didthe‘decentpianist’withwhomSchubertplayedhisfour-handmarchesinUpperAustriarecognisethebitterironyinthesepieces?ItisunmistakableinthethirdoftheSixGrandesMarches,whichappearedin1825asthecomposer’sop.40.AbovetheinexorableBminorlockstepofthebass,analmostartlessmelodyrisesupinDmajor,regularlypunctuatedbysharpaccentsandchordsfromanimaginarybrasssection.Inthesecondsection,themarchrevealsitsdemonicnature,beforeitcomestoanendwithapompousdrumrollandthecharmingBmajorTriobegins.SuchSchubertmarchesaswerenotyet inprintbythetimehediedwereswiftlysnappedupbythepublishersfortheirpurposes.Intheprocess,though,Diabelliclearlymadeamistake:thetwoso-called‘MarchesCaractéristiques’heissuedthirteenmonthsafterthecomposer’sdeathareanythingbutmarches.ThesetwomovementstakeuptheheroicgesturesofSchubert’sorchestralscherzosinfuriouslyurgent6/8time.Thefirst‘march’startswithimaginaryhorncallsandunfoldsaquasi-orchestralsonicsplendourthatcanonlybecomparedwiththeScherzoofthe‘GreatCmajor’Symphony.

Ländler for the Comtesse Schubertmostenjoyedtheintimatedialoguebetweentwoplayersatapianokeyboardwhenhehadhisfavouritepupil,ComtesseCarolinevonEsterházy,sittingnexttohim.In1818,attheageofthirteen,shebecamehispupilinVienna,afterwhichhespentthesummeratherfather’scountryestateatZselíz(theninHungary,andoftenknownasZeléz;nowadaysthesmallSlovakiantownofŽeliezovce).Sixyearslaterhereturnedthere.NowCarolinewasnineteenyearsold,andSchubertnolongerstayedintheservants’quarters,butinthecastle.Thetwocameclosertogetherthaneverbefore,whichinspiredhimtowritesomeofhisfinestworks‘àquatremains’.ThefourLändlerD814arefoundinanautographcontainingfourteendancesinall,whichSchubertdated‘Zeléz1824July’.Themanuscript,whichlaterbelongedtoBrahms,wasobviouslyintendedforCaroline.Asearlyas1821,Schuberthad composed two ‘Deutsche [German dances] für die Comtesse Caroline’, but later crossed out the dedication,apparentlyinarage.ThistimehewasablewithouthesitationtodedicatetoherhisfourLändler,whichcanhardlybesurpassedinintimacy.Theyarearrangedinpairs:theseconddanceformsthetrioofthefirst.

Polonaise and Rondo for the publishers InApril1826,SchubertappliedtotheEmperorFranzIIforthepostofvice-Kapellmeistertothecourt,whichofcourse,afterthelengthyselectionprocess,hedidnotobtain.Atleast,though,weareindebtedtohiswrittenapplicationfortheexactaddressofhisresidenceatthattime,‘aufderWiedenno.100,nexttotheKarlskirche,staircase5,secondfloor’.Inthesamemonth,hecomposedpolonaisesforpianoduet,whichsoonappearedinJuly1826ashisop.61.‘Loudlybreakingthunderstormswithromanticrainbowsandsolemnlyslumberingworlds’,wroteRobertSchumannadmiringlyofSchubert’sfour-handpolonaises–awonderfullyaptdescriptionoftheDminorPolonaise.AgainandagainthepublishersaskedSchubertforpianoduets,amongthemDomenicoArtaria,inJune1828.InthemidstofcomposinghisgreatMassinEflatmajor,hethereuponwrotetheRondoinAmajorforpianofourhands,a310-barAllegrettoquasiAndantinothatalreadyforeshadowsthefinalesofhislatepianosonatas.

Variations from Zselíz The most mature fruit of Schubert’s last Slovakian summer of 1824 was his set ofVariations on an OriginalTheme in A flat major. In July 1824, he wrote from Zselíz to his friend Moritz vonSchwind:‘Ihavecomposedabigsonataandvariationsforfourhands;thelatterareenjoyinggreatapplausehere,butsinceIdon’tquitetrustthetasteoftheHungariansI’llletyouandtheViennesedecideaboutthem.’These truly splendid variations soon proved popular with the Viennese too. They were already in print inFebruary1825asSchubert’sop.35.ItmusthaveimmediatelystruckeveryVienneselistenerthattheharmonicprogressionoftheAflatmajorthemewassimilartothefamousAllegrettoofBeethoven’sSeventhSymphony.Schubertoftenusedthisdescendingchordsequence,forinstanceintheGesangderGeisterüberdenWassernand thegreatStringQuartet inGmajor. It seems tohavedenoted forhimasenseof the infinite,which isperfectlyadumbratedbytheelevatedstyleofthesemarvellousAflatmajorvariations.

Fantasie in F minor Schubert’s favouriteduopartner inhis lastyearwasthecomposerFranzLachner fromMunich. In May 1828 the pair played the F minor Fantasie for the first time to their mutual friend EduardvonBauernfeld.ItwasonlyprintedfourmonthsafterSchubert’sdeath,inMarch1829,withadedicationtoComtesseCarolinevonEsterházy.Bauernfeldhadconfidedtohisdiaryin1828:‘SchubertseemstobeseriouslyinlovewithComtesseE.Ilikehimforthat.’Elsewhere,inhismemoirs,BauernfeldobservedthattheComtessehadbeenSchubert’s‘ideallove’,‘mediating,conciliatory,balancing...hisvisible,benevolentmuse’.Anditwaspreciselytoherthat,afterhisdeath,theharrowingFantasieinFminorwasdedicated.Outwardly, thework is inasinglemovement,but it is in factdivided into fourvestigialmovements.As theautographsketchshows,itwasonlylateinthecompositionalprocessthatSchubertdecidedtoplaceafugueattheend.Themodelforthis,asfortheworkasawhole,washisWandererfantasieof1822.Thescherzowasoriginally tohaveamarchas its trio.Theconstantly recurringmotto themeexudesprofoundsadnessrightfromthefirstbar.Thethreefoldrisingintervalofafourthindottedrhythmandthesorrowfulminorsecond,placedagainstthestridingaccompaniment,suggesttheimageofawanderertrudgingthroughthesolitudewithawistfulsongonhislips.InamannertypicalofSchubert,amodulationtoFmajorconjuresupblissfulreminiscencesbeforethefirstfortemarkstheimplacableirruptionoftragicfate.Thisisembodiedbyamarcatomotif,whichisalreadydevelopedinimitationhere.AttheendoftheFantasieitwillbecomethesubjectofthefugue.TheLargobeginswithachromaticmodulationtoFsharpminorinBaroquedottedrhythms,whicharerepeatedattheend.TheFsharpmajormiddlesectionfeaturesasweetmelodyoveratripletaccompaniment,which is treated in canon between the upper voice and the bass.The scherzo is also in F sharp, so that aseparate sphere is created between the F minor outer movements, like a flashback to earlier dreams andstruggles.Thetriosection,marked‘condelicatezza’,includespassingmodulationsfromDmajorintoCmajorandBflatmajor,thescherzoitselfintoAmajorandFsharpmajor.Fromthelatterkey,anenharmonicchangeonCsharpleadsbacktotheprincipalthemeinFminor.Itsrepriseintroducesthefugalfinale,whichsuddenlybreaksoffattheclimaxafterarelentlessscrewingupoftension.Then,followingatremendousgeneralpause,themottothemebeginsanew,nowclothedinharmoniesofabyssalresignation.Inthecourseofafewbars,thepainbecomessogreatthatSchubertdecidedtofollowthelaststatementofthethemewithanepilogue.Attheend,adescendingtripletfigureleadstoaheartrendingsuspensionwhichresolvesintoachordaschillingasthegrave.Schubertcouldnothaveshownmoreclearlythedesperationthatmarkedbothhimandhisentiregeneration.

Karl BöhmerTranslation:CharlesJohnston

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5 deutsch

VierhändigesKlavierspielgehörtefürFranzSchubertundseineFreundesoselbstverständlichzu geselligen Abenden hinzu wie für heutige junge Leute Computerspiele. Im

DuomitdemKomponistenzumusizieren,weckteindenjungenWienernjenerEpocheEmotionen,dieimprosaischenAlltagzuverknöcherndrohten.SehrschönhatdaseinmalAntonvonSpaunbeschrieben:„SchubertfängtanKlavierzu spielen, was mich noch mehr verwirrt. Aber durch seineTöne wird mein Herz noch sehnsüchtiger – womöglichfühleichmichhiernochglücklicheralsvorher,wennichdasunruhige, leere,verkehrteStrebenderMenschenhiersehe,wodieBestenohneUnterlaßdarüberklagen,daßdenheißestenWünschenihresHerzenskeineGewährung,nichteinmaleineHoffnungdazuwird.“SchubertsvierhändigeKlaviermusikerfüllte„dieheißestenWünsche“seinerFreundezumindestfürwenigeStunden.InnigkeitdesAusdruckswardabeidashöchsteZiel.SchuberthatdiesesIdealineinemBriefanseineElternvom25.Juli1825umschrieben,undzwargeradeimZusammenhangmitseinervierhändigenKlaviermusik:„InOberösterreichfinde ich allenthalben meine Compositionen, besonders in den Klöstern Florian und Kremsmünster, wo ich mitBeihülfeeinesbravenClavierspielersmeinevierhändigenVariationenundMärschemitgünstigemErfolgeproducirte.BesondersgefielendieVariationenausmeinerneuenSonatezu2Händen,dieichalleinundnichtohneGlückvortrug,indemmicheinigeversicherten,dassdieTastenuntermeinenHändenzusingendenStimmenwürden,welches,wenneswahrist,michsehrfreut,weilichdasvermaledeyteHacken,welchesauchausgezeichnetenClavierspielerneigenist,nichtausstehenkann,indemeswederdasOhrnochdasGemüthergötzt.“

Zwei Märsche Obder„braveClavierspieler“,mitdemSchubertinOberösterreichseinevierhändigenMärschespielte,diebittereIronieindiesenStückenerkannte?Unüberhörbaristsieimdrittender„SixGrandesMarches“,die1825alsSchubertsOpus40erschienen.Überdemh-Moll-GleichschrittdesBasseserhebtsicheinefastunschuldigeMelodieinD-Dur,indieimmerwiederscharfeAkzenteundimaginäreBlechbläser-Akkordehineinfahren.ImzweitenTeiloffenbartder Marsch seine dämonische Natur, bevor er mit einem pompösen Paukenwirbel zu Ende geht und das lieblicheH-Dur-Trioeinsetzt.Was von Schuberts Märschen nach seinem Tode noch ungedruckt war, haben die Verleger rasch für ihre Zweckeausgeschlachtet.DabeiistDiabellioffenbareinMissverständnisunterlaufen:Diebeiden„MarchesCaractéristiques“,dieer13MonatenachSchubertsTodveröffentliche,sindallesandere,nurkeineMärsche.EshandeltsichumzweiSätze,dieimwilddrängendenSechsachteltaktdenheroischenGestusvonSchubertsOrchester-Scherziaufgreifen.Dererste„Marsch“hebtmitimaginärenHornklängenanundentfalteteinequasi-orchestraleKlangpracht,diesichnurmitdemScherzoausdergroßenC-Dur-Sinfonievergleichenlässt.

Ländler für die Comtesse DeninnigenDialogderbeidenSpieleraneinerKlaviertastaturgenossSchubertdannammeisten,wennseineLieblingsschülerinnebenihmsaß:ComtesseCarolinevonEsterházy.1818warsieimAltervon13JahreninWienseineSchüleringeworden,worauferdenSommerimLandschlossihresVatersimdamalsungarischenZelézverbrachte(heutedasslowakischeStädtchenŽeliezovce).SechsJahrespäterkehrteernocheinmalwieder.NunwarCaroline19Jahrealt,undSchubertwohntenichtmehrimGesindehaus,sondernimSchloss.Diebeidenkameneinandernäheralsjezuvor,wasihnzueinigenseinerschönstenWerke„àquatremains“inspirierte.

DievierLändlerD814findensichineinemAutographvoninsgesamtvierzehnTänzen,dieSchubertmit„Zeléz1824July“datierte.DieHandschrift,diespäterJohannesBrahmsgehörte,waroffenbarfürCarolinebestimmt.Bereits1821hatteSchubertzwei„DeutschefürdieComtesseCaroline“komponiert,dieWidmungaberoffenbarwütendwiederausgestrichen.NundurfteerihrohneZögernseinevierLändlerwidmen,dieanInnigkeitkaumzuübertreffensind.Siesindpaarweiseangeordnet:DerjeweilszweiteTanzbildetdasTriodesersten.

Polonaise und Rondo für die Verleger ImApril1826bewarbsichSchubertbeiKaiserFranzII.umdieStelledesVize-Hofkapellmeisters,dieernachdemlangwierigenAuswahlverfahrennatürlichnichterhielt.DemBewerbungsschreibenverdanken wir zumindest die genaue Adresse seiner damaligen Wohnung „auf der Wieden No. 100 nächst derKarlskirche5.Stiege2.Stock“.DorthaternochimselbenMonatPolonaisenfürKlavierzuvierHändenkomponiert,dieschonimJuli1826alsOpus61erschienen.„LauteraufbrechendeGewitterstürmemitromantischenRegenbogenundfeierlichschlummerndenWelten.“SonannteRobertSchumannbewunderndSchubertsvierhändigePolonaisen–eineBeschreibung,dieaufdied-Moll-Polonaisewunderbarzutrifft.ImmerwiederbatendieVerlegerSchubertumvierhändigeKlaviermusik,soauchDomenicoArtariaimJuni1828.MitteninderArbeitanseinergroßenEs-Dur-MesseschrieberdaraufhindasA-Dur-RondofürKlavierzuvierHänden,ein310Taktelanges„AllegrettoquasiAndantino“,dasschondieFinalsätzeseinerletztenKlaviersonatenvorwegnimmt.

Variationen aus Zeléz DiereifsteFruchtvonSchubertsletztemslowakischemSommer1824warenseineVariationeninAs-DurübereineigenesThema.ImJuli1824schrieberausZelézanseinenFreundMoritzvonSchwind:„IchhabeeinegroßeSonateu.Variationenzu4Händecomponirt,welcheletzteresicheinesbesonderenBeyfallshiererfreuen,daichaberdemGeschmackderUngarnnichtganztraue,soüberlasseich’sDiru.denWienern,darüberzuentscheiden.“AuchbeidenWienernfandendiesewahrhaftgroßenVariationenraschAnklang.BereitsimFebruar1825wurdensiealsSchubertsOpus35gedruckt.JedemWienerZuhörermusstedabeisofortauffallen,dassdieHarmoniefolgedesAs-Dur-ThemasdemberühmtenAllegrettoausBeethovensSiebterSinfonieähnlichwar.SchuberthatdieseabsteigendeAkkordfolgehäufigverwendet,etwaim„GesangderGeisterüberdenWassern“oderimgroßenG-Dur-Streichquartett.SiescheintfürihneineAhnungdesUnendlichenbezeichnetzuhaben,wasdieStilhöheseinerwundervollenAs-Dur-Variationentreffendumreißt.

Fantasie f-Moll SchubertsbevorzugterDuopartner inseinemletztenLebensjahrwarderausMünchenstammendeKomponist Franz Lachner. Im Mai 1828 spielten die Beiden zum ersten Mal die f-Moll-Fantasie dem gemeinsamenFreundEduardvonBauernfeldvor.GedrucktwurdesieerstvierMonatenachSchubertsTod,imMärz1829,undzwarmiteinerWidmunganComtesseCarolinevonEsterházy.Noch1828hatteBauernfeldseinemTagebuchanvertraut:„Schubert scheint ernsthaft in die Comtesse E. verliebt. Mir gefällt das von ihm.“ An einer anderen Stelle seinerErinnerungenbemerkteBauernfeld,dieComtesseseiSchuberts„ideelleLiebe“gewesen„vermittelnd,versöhnlich,ausgleichend...seinesichtbare,wohltätigeMuse“.AusgerechnetihrwurdenachseinemToddieerschütterndef-Moll-Fantasiegewidmet.Sieistäußerlicheinsätzig,aberinvierrudimentäreSätzeuntergliedert.WiederautographeEntwurfzeigt,entschlosssich Schubert erst nachträglich, eine Fuge ans Ende zu setzen. Vorbild dafür wie für den gesamten Aufbau warseine „Wandererfantasie“ von 1822. Das Scherzo sollte als Trio ursprünglich einen Marsch enthalten. Das immerwiederkehrendeMottothemaverbreitetvomerstenTaktanabgrundtiefeTraurigkeit.DerdreifacheAufschwungzurQuartimpunktiertenRhythmusunddieschmerzlichekleineSekundwirkenüberdemschreitendenKlanggrundwiedasBildeinesWanderers,dermiteinemwehmütigenLiedaufdenLippendurchdieEinsamkeitzieht.IneinerfürSchuberttypischenWeisebeschwörteineWendungnachF-DurseligeErinnerungenherauf,bevormitdemerstenFortedastragischeSchicksalunerbittlichhereinbricht.EswirddurcheinMarcato-Motivverkörpert,dasschonhierimitatorischdurchgeführtwird.AmEndederFantasiewirdeszumThemaderFuge.DasLargobeginntdurchchromatischeRückunginfis-MollmitbarockenpunktiertenRhythmen,dieamEndewiederholtwerden. ImFis-Dur-MittelteilerklingtüberTriolenbegleitung eine süßliche Melodie, die im Kanon zwischen Oberstimme und Bass ausgeführt wird. Auch dasScherzo steht in fis, so dass zwischen den f-Moll-Ecksätzen eine eigene Sphäre entsteht – wie eine Rückblendeauf frühereTräume und Kämpfe. DasTrio „con delicatezza“ weicht über D-Dur bis nach C-Dur und B-Dur aus, dasScherzoselbstnachA-DurundFis-Dur.AusletzteremführteinenharmonischverwechseltesCiszurückzumf-Moll-Hauptthema.SeineRepriseleitetdasfugierteFinaleein,dasnacheinerunerbittlichenSteigerungaufdemHöhepunktplötzlich abbricht. Nach einer riesigen Generalpause setzt von neuem das Mottothema ein, nun in Harmonien vonabgrundtiefer Resignation gehüllt. Im Laufe weniger Takte wird der Schmerz so groß, dass Schubert dem letztenThemenzitateinenEpilogfolgenließ.AmEndemündeteinTriolenabgangineinenherzzerreißendenVorhalt,dersichin einen Grabesakkord auflöst. Deutlicher hätte Schubert nicht zeigen können, welche Hoffnungslosigkeit ihn undseineGenerationprägte.

KARLBÖHMER

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Sélection discographiqueAlsoavailabledigitally/Disponibleségalementenversiondigitale

LUDWIGVANBEETHOVENPiano Trios no.6 & 7 “Archduke”

IsabelleFaust,violinJean-GuihenQueyras,celloAlexanderMelnikov,piano

CDHMC902125

Diabelli VariationsAndreasStaier,fortepiano

CDHMC902091

JOHANNESBRAHMSViolin Sonatas no.2 & 3

(withSCHUMANN : Romances op.94)IsabelleFaust,violin

AlexanderMelnikov,pianoCDHMC902219

Horn Trio. Fantasias op.116Violin Sonata no.1 IsabelleFaust,violin

AlexanderMelnikov,pianoT.vanderZwart,horn

CDHMA1951981

FRANZSCHUBERTDuets for piano & violin

IsabelleFaust,violinAlexanderMelnikov,piano

CDHMC901870

Piano Trios opp.99 & 100. Nocturne op.148DanielSepec,violin.RoelDieltiens,cello

AndreasStaier,fortepiano2CDHMC902233.34

ROBERTSCHUMANNPiano Concerto. Piano Trio no.1

AlexanderMelnikov,pianoIsabelleFaust,violin-JeanGuihenQueyras,cello

FreiburgerBarockorchesterdir.PabloHeras-CasadoCDHMC902198

Staier plays Schumann. Variations & FantasiestückeAndreasStaier,piano

CDHMX2908739.41

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HMM902227

harmonia mundi musique s.a.s.MasdeVert,F-13200Arles

Uneproduction“Lessiècles”P2017Enregistrementmars2015,TeldexStudioBerlinDirectionartistiqueetmontage:MartinSauer

Prisedeson:TobiasLehmann,TeldexStudioBerlin©harmoniamundipourl’ensembledestextesetdestraductions

Couverture:Friedrich,CasparDavid,Deuxhommesauborddelamerauleverduclairdelune,c.1817Berlin,SMB,Nationalgalerie,akg-images

MaquetteAtelierharmoniamundi

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