17h00 • Auditorium du Conservatoire

DIMANCHE 3 MARS 2019

conservatoire.brest.fr

BARTÓK IN NEW-YORK TAÏRA • BARTÓK • ADAMS • BERNSTEIN

Ensemble Entre Sable et Ciel

D I M A N C H E 3 M A R S 2019 À 17 H 00

BÉLA BARTÓK (1881-1945)

CONCERT – AUDITORIUM RUE ÉMILE ZOLA – BREST

Le XXe siècle musical a vu bien des expériences pour donner une suite au romantisme européen. Comment traiter la tonalité ?

Les compositeurs de ce concert illustrent, chacun à leur manière, une proposition pour continuer à composer au XXe siècle, avec le jazz, la musique populaire et les musiques du monde.

Taïra apporte la nouveauté du timbre et du temps asiatique ; du Japon, il s’installe en France. Bartók part à la recherche du passé est-européen pour composer une musique moderne, puis fuit l’Allemagne nazie pour New-York. Avec Adams, c’est le souffle de l’Amérique sans racine mais avide de tout présent. Enfin Bernstein fait le pont des deux continents et des époques par ses talents tous azimuts.

S O N AT E P O U R 2 P I A N O S E T P E R C U S S I O N (1937)

« La musique populaire est exclusivement tonale ; une musique populaire atonale est inconcevable. » (Bartók)C’est en partant à la collecte des chants de paysans que Bartók trouve sa voie de compositeur, loin de la musique savante urbaine, émanation de la culture d'Europe occidentale :« Du point de vue artistique, la musique populaire est plus importante pour nous que pour les peuples qui ont formé, il y a déjà des siècles, un style musical indépendant. Dans ces pays-là, la musique populaire a été absorbée par la musique savante et le musicien allemand trouvera dans Bach et dans Beethoven ce que nous ne pouvons chercher que dans nos campagnes, à savoir, la vie organique d’une tradition nationale. » (Kodály cité par Bartók in Ecrits - Influence de la musique paysanne sur la musique savante contemporaine, 1931).

Bartók découvre que sous un vernis esthétique propre à chaque culture, toutes les musiques du monde sont fondées sur des éléments similaires. Il croit profondément en la fraternité entre les peuples.

Il harmonise tant les mélodies collectées, avec une analyse profonde des modes, des rythmes, des expressions, qu’à partir de 1905, il crée un langage musical neuf :« Cette musique paysanne offre les formes les plus parfaites et les plus variées. Elle dispose d’une puissance d’expression admirable ; elle est exempte de toute sentimentalité, de toute fioriture inutile ; simple et parfois primitive, elle n’est jamais

simpliste. On ne peut imaginer meilleur point de départ pour une renaissance musicale ; cette sorte de musique paysanne est le modèle rêvé du compositeur » (Bartók op. cit.).

La Sonate pour 2 pianos et percussion illustre parfaitement ce renouveau et cette intégration des éléments musicaux découverts par Bartók.

Une « renaissance musicale » qui ne nie pas la tonalité, mais l’étend : les 12 sons chromatiques sont exprimés suivant la série de Fibonacci*, autour de pôles (Do, Fa). Les métriques sont puissantes et reprennent les rythmes bulgares, le swing du Jazz, l’utilisation de l’ostinato* notamment.

Le nombre d’or, proportion si souvent utilisée par Bartók dans ses œuvres, est l’architecte de cette sonate : il détermine les tournants les plus importants de la forme, tant à l’intérieur du 1er mouvement, qu’entre les trois mouvements mêmes de la sonate. Il détermine aussi la construction des intervalles mélodiques et harmoniques.

Le 1er mouvement est le plus développé (forme sonate*), avec des sections très longues et une atmosphère lourde, exception faite peut-être de la fugue, dans laquelle la vitalité du jazz n’est pas loin. Le 2e mouvement (forme lied*, aba) est une musique nocturne, qui permet une belle respiration modale avant l’élan final du 3e mouvement (rondo* sonate).

D I M O R P H I E

Une partition qui suggère… Taïra invite les interprètes à être les créateurs du son et les maîtres du temps. Il s’inspire de la nature, de ses bruissements, de son souffle et de son énergie, en laissant les percussionnistes

organiser les sons de façon aléatoire, créant une poésie sonore magique et libre. Dimorphie met en jeu, en deux espaces temps (libre et imposé), un set de percussion riche et coloré qui oppose ou allie les peaux, les métaux et les bois.

YOSHIHISA TAÏRA (1937-2005)

H A L L E L U J A H J U N C T I O N (1996) DA N S ES SY M P H O N I Q U ES D E « W EST S I D E STO RY » (1957)

Hallelujah Junction est un relais routier en Californie, posé au croisement de deux longues routes. John Adams qui habite non loin de là, intitule ce duo de pianos en référence à cet endroit au milieu du désert.

Dans l’effervescence moderne américaine, John Adams définie lui-même sa musique de « grande poubelle », comme une « bouillabaisse » qui représente la multitude des musiques qu’il écoute. Issu d’un milieu de musicien.ne.s amateur.trice.s, John Adams écoutait, enfant, aussi bien le jazz de Duke Ellington que Mozart ; et aussi des musiques de cirques dirigées par Bozo le Clown, Elvis Presley, les concerts pour enfants de Leonard Bernstein…

Il considère ainsi sa musique comme métissée, riche de tout ce que le monde moderne permet de découvrir.

Dans la lignée des compositeurs américains qui sortent du mouvement atonal et sériel par la voie de la musique répétitive et minimaliste, il expérimente ici la matière sonore.

Les deux pianos ont le même matériel musical et leur décalage crée une unité rythmique plus que tonale. Il faut d’ailleurs bien aspirer le « h » et pondérer les syllabes pour réussir à prononcer ce titre, qui donne le rythme initial de l’œuvre (-lle-lu-jah qui devient « Ha-lle-lu-jah » à la fin). Pas de mélodie mais une force rythmique certaine. L’œuvre bien que sans tonalité, commence par des accords tonals et s’achève dans un vacarme d’accords atonals.

Le jeu pianistique se rapproche plus d’un jeu de percussion. Des références au jeu du piano jazz contemporain sont aussi présentes. Il se dégage de cette pièce une force de vie, une joie toute « premier degré », qui respire.

ARRANGEMENT DE JOHN MUSTO (PIANOS) & DE LAURENT LACOULT (PERCUSSION)

« Je crois profondément à la musique tonale ». Bernstein, qui a composé à ses débuts, des œuvres dodécaphoniques*, en revient et explique que, pour lui, « la souffrance exprimée par la musique dodécaphonique devait faire place à la tonalité et au diatonisme*, de telle sorte que le triomphe final - l’affirmation de la foi - est tonale.» Il répond ainsi au jeune John Adams en 1966 : « Cher Monsieur Adams, Votre lettre si intelligente me touche, mais il est difficile d’y répondre. Quand vous dites que je « tourne le dos » aux « nouvelles » tendances musicales vous me rendez un mauvais service, et surtout vous commettez une erreur. On écrit ce qu’on entend de l’intérieur pas ce qu’on rejette. Dieu sait que je suis suffisamment exposé aux « influences »

des musiques atonales ; mais à l’évidence je n’ai pas été conditionné par elles. Hors Mahler, je ne peux pas concevoir la musique (ma musique) divorcée de la tonalité. Que ce soit bien ou mal n’a aucun sens. La seule chose sensée est la vérité de l’acte créateur. Tout le reste tombera dans l’oubli. Bonne chance à vous. » (in Diapason n°670 page 28).

Ces danses symphoniques extraites de West side story, la comédie musicale de 1957, ne sont pas prêtes de tomber dans l'oubli ; l’histoire universelle de Roméo et Juliette est transposée au XXe siècle dans un New-York bigarré d’influences rythmiques sud-américaines, de jazz, de musique classique et de vie urbaine contemporaine…

Arrangées ici pour la formation du quatuor, elles offrent l’espace orchestral déjà créé avec la sonate de Bartók.

JOHN ADAMS (1935) LEONARD BERNSTEIN (1918-1990)

Le quatuor composé pour ce concert est l’association de deux duos : le duo de percussionnistes Bénédicte Albanhac et Laurent Lacoult et le duo « Piano Phase » de Claire Prévôt et Marine Lombard. Ces deux duos ont une expérience de plus de 10 ans chacun, dans des répertoires classique et contemporain. L’année consacrée au « Duo » au conservatoire en 2018-2019 leur a permis cette collaboration fructueuse.

Remerciements à Noémie Sprenger et à ses élèves pour les compositions électroniques.

Remerciements à Steven Marhadour et à Alexandre Beyou pour les compositions lumières.

L E S M U S I C I E N . N E . S

Références disponibles à la médiathèque du conservatoire (ouverte du mardi au vendredi de 9h15 à 12h15 et de 14h à 17h30)

Ecrits (1931), de Béla Bartók, édition Contrechamps

West side story, DVD, réalisé par Robert Wise et Jerome Robbins

West side story : disque vinyle, chorégraphie de Jerome Robbins, avec Natalie Wood et Richard Beymer

Sonate pour deux pianos et percussion, de Bartók, disque vinyle, avec l’orchestre radio-symphonique de Berlin, et E. Picht-Axenfeld et C. Seemann, pianos

Partitions

West side story, de L. Bernstein, conducteur, édition Boosey

West side story, arrangé pour 2 pianos par John Musto, édition Boosey

Sonate pour 2 pianos et percussion, de Bartók, édition Boosey

Dimorphie de Taïra, pour 2 percussionnistes, édition Transatlantiques

Pour les enfants

Comédies musicales pour petites oreilles, CD, Naïve

American dream, livre-CD : une histoire de la musique populaire des U.S.A.

Nola, voyage musical à la Nouvelle-Orléans, livre-CD, arr. Zaf Zapha

L E SAV I E Z-VO U S ?P O U R A L L E R P L U S L O I N

* S É R I E D E F I B O N A C C I

Suite d’entiers dans laquelle chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent. Elle doit son nom à Leonardo Fibonacci, qui dans un ouvrage publié en 1202, décrit la croissance d’une population de lapins. Elle est fortement liée au nombre d’or.

* O S T I N ATO

Figure répétée pendant une partie ou tout un morceau. Il est utilisé dans de nombreuses formes musicales. Il peut être harmonique ou rythmique, peut se trouver et passer à différentes parties (basse, partie aigüe…), et peut être répété exactement ou légèrement varié. Plusieurs ostinatos peuvent aussi se superposer.

* F O R M E S O N AT E

Le mot sonate désigne une œuvre instrumentale destinée à un petit nombre d’exécutants, souvent

un ou plusieurs solistes accompagnés, tandis que la forme sonate est un principe de construction classique très utilisé par Mozart, Haydn, Beethoven… La forme sonate comprend une exposition d’un ou plusieurs thèmes, un développement où le compositeur exploite, enrichit, varie ces thèmes et utilise des modulations, et enfin une réexposition du ou des thèmes, une éventuelle coda servant de conclusion.

* F O R M E L I E D

Le lied est un chant mettant un poème en musique dans la musique vocale allemande, souvent accompagné au piano ou à l’orchestre. La forme lied s’applique à une forme en 3 parties : ABA, dans laquelle la partie centrale est de type contrastant. C’est une des formes les plus fréquentes à partir de l’époque classique, pour un mouvement lent de sonate, quatuor, symphonie etc…

* F O R M E R O N D O

Forme strophique qui fait alterner un refrain et des couplets variant

dans le texte et/ou la musique. La forme rondo - sonate est un hybride entre le rondo et la forme sonate, souvent utilisée dans un mouvement final à l’époque classique.

* D O D É C A P H O N I Q U E

qui comporte 12 sons. La série dodécaphonique est une série de hauteurs dans laquelle se succèdent sans répétition les 12 sons de la gamme chromatique, dans un ordre fixé à l’avance par le compositeur. Elle est utilisée à l’époque moderne, notamment par les 3 compositeurs viennois Arnold Schönberg (1874-1951), Anton Webern (1883-1945) et Alban Berg (1885-1935).

* D I ATO N I S M E

Système musical basé sur la gamme diatonique qui contient sept degrés, comportant 5 tons et 2 demi-tons.

L E FA B U L E U X D E S T I N D U S A XO P H O N E

• S A M E D I 16 M A R S , 11 H 00, A U D I TO R I U M D E L A M É D I AT H È Q U E F R A N Ç O I S M I T T E R R A N D D E S C A P U C I N S , B R E S T

Conférence par Nicolas Prost

E L E C T R () C U T I O N #6,

E N S E M B L E S I L L AG ES

• D U M E R C R E D I 20 A U S A M E D I 23 M A R S

Les rencontres des instruments acoustiques et de l’électronique

V OYA G E À T R AV E R S L’ U N I V E R S M U S I C A L D E J E A N - F R A N Ç O I S B A S T E A U

• S A M E D I 23 M A R S , 17 H 00, A U D I TO R I U M D U C O N S E R VATO I R E , B R E S T

Par Jean-François Basteau et les élèves ayant suivi sa master class

C O N S E R VATO I R E . B R E S T. F R

À V E N I R . . .

S N A P, S K E T C H , S P L A S H A N D R I S E

• V E N D R E D I 5 AV R I L , 20 H 30, L’A L I Z É , G U I PAVA S

Par la compagnie PGK. Danse jazz

E N S E M B L E E N T R E S A B L E & C I E L

D E L’O M B R E À L A LU M I È R E

• D I M A N C H E 28 AV R I L , 17 H 00, A U D I TO R I U M D U C O N S E R VATO I R E , B R E S T

Liszt • Schumann • Rimski-KorsakovDirection : Joël Doussard

C O N C E R T E T F E S T N O Z

« D U O R A L I T É »

• V E N D R E D I 24 M A I , 20 H 30, L’A L I Z É , G U I PAVA S

Jean-Michel Veillon, flûte traversière en bois et Jacky Molard, violon, alto, guitare / Mathieu Messager, bombarde et Jil Lehart, biniou / les élèves du conservatoire

S A I S O N 2018-2019S A I S O N 2018-2019