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Report No: AUS7544 République de Djibouti Pauvreté et impact social: Renforcement des filets de protection sociale à Djibouti Février 2015 Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

République de Djibouti Pauvreté et impact social ...documents.worldbank.org/curated/en/423881468026443978/pdf/AU… · (Représentante Résidente, Banque mondiale) et Yasser El-Gammal

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Report No: AUS7544

République de Djibouti Pauvreté et impact social: Renforcement des filets de protection sociale à Djibouti

Février 2015

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Remerciements

L’équipe du PSIA au niveau de la Banque mondiale est composée de Mme Stefanie Brodmann, (Economiste senior et chef d’équipe), M. Harold Coulombe (Consultant), M. Robert Bacon (Consultant), Mlle Ines Rodriguez Caillava (Consultant) et Mme Angela Elzir (Jeune Professionnelle Associée). M. Paolo Verme (Economiste senior), M. Abdoulay Sy (Economiste de pays) et Mme Ilhelm Salamon (Economiste senior) font également partie de l’équipe. Le Fond Monétaire International (FMI) est représenté par M. Abdourahman Aden.

Du coté Djiboutien, le comité technique national était composé de Mesdames Amina Warsama, Mouna Ahmed Ragueh, et Zeinab Ahmed Houssein (Secrétariat d’Etat charge de la Solidarité Nationale) et Messieurs Almis Mohamed Abdillahi (Ministère du Budget), Idriss Abdillahi Orah (Ministère de l’Economie et des Finances, chargé de l’Industrie), Houmed-Gaba Omar (Ministère de l’Energie), Omar Wahib Aref (Ministère du Transport) et Yacin Abdi Farid (Direction de la Statistique et des Études Démographiques, DISED).

L’équipe du PSIA remercie S.E. Mme Zahra Youssouf Kayad (Secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité Nationale), M. Simon Mibrathu (Secrétaire Général, Ministère du Budget), Idriss Ali Soultan (Directeur, DISED), Konaté Sekou Tidiani (Statisticien, DISED), Homa Fotouhi (Représentante Résidente, Banque mondiale) et Yasser El-Gammal (Manager Protection Sociale, Banque mondiale) pour leur appui lors de la préparation de cette étude.

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Avertissement standard :

Ce document a été rédigé par le personnel de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement/La Banque mondiale. Les observations, interprétations et conclusions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans ce rapport. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières.

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Contenu

RÉSUMÉ ANALYTIQUE ..................................................................................................................... 1

Quelles sont les caractéristiques actuelles des exonérations fiscales à Djibouti ? .................................. 2

Quel impact ont les exonérations fiscales actuelles sur le bien-être des ménages ? ............................... 3

Répartition des subventions octroyées sur les produits énergétiques ..................................................... 3

Répartition des subventions sur les produits alimentaires .................................................................. 4

Quel est le contexte de ces réformes : gagnants et perdants ? ................................................................ 4

Impact de l’introduction d’une taxe sur les produits alimentaires de base ......................................... 5

Quel est le rôle actuel des filets de protection sociale à Djibouti ? ......................................................... 6

Impact de la réforme fiscale sur le bien-être des ménages et les recettes publiques ........................... 7

Impact probable des politiques de compensation par le biais de programmes de filets de protection sociale ................................................................................................................................................. 8

SITUATION DU PAYS ET CONTEXTE DE LA RÉFORME ........................................................... 10

SOURCES DES DONNÉES ET CIBLAGE ........................................................................................ 11

QUELLE EST L’EFFICACITÉ DES FILETS DE PROTECTION SOCIALE EXISTANTS?........... 13

Qui sont les plus pauvres? ................................................................................................................. 13

Ménages dirigés par des femmes chefs de famille ............................................................................ 15

Capital humain et pauvreté ............................................................................................................... 16

Capacité à réagir aux chocs, y compris faire des économies et des stratégies pour faire face aux chocs ................................................................................................................................................. 17

Efficacité des filets de protection sociale .......................................................................................... 19

QUELLE EST L’ÉFFICACITE DES EXONÉRATIONS FISCALES COMME FILETS DE PROTECTION SOCIALE NON CIBLÉS? .......................................................................................... 25

L'importation et la consommation de produits pétroliers à Djibouti................................................. 25

Produits pétroliers: prix, coûts et taxes ............................................................................................. 25

Qui consomme les produits pétroliers? ............................................................................................. 31

Qui bénéficie des exonérations fiscales? .......................................................................................... 32

SIMULATION DES OPTIONS DE RÉFORME ................................................................................. 38

Références ............................................................................................................................................. 44

Annexe 1 : Membres de l’équipe technique PSIA et participants aux réunions ............................... 45

Annexe 2. L'approche PMT et son efficacité .................................................................................... 48

Annexe 3. Démographie ................................................................................................................... 55

Annexe 4 : Enquête sur les coûts variables du transport routier de passagers .................................. 56

Annexe 5. Projet d'assistance sociale: Bourse Familiale pour les ménages pauvres et vulnérables des régions de l'intérieur ................................................................................................................... 58

Annexe 6. Capacité à réagir aux chocs ............................................................................................. 59

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RÉSUMÉ ANALYTIQUE

1. Cette Analyse de la pauvreté et de l’impact social (en anglais, PSIA : Poverty ans Social Impact Analysis) s’inscrit dans un dialogue plus large sur la réforme de la taxation des produits énergétiques et le renforcement des filets de protection sociale à Djibouti. Dans le cadre d’une possible réforme des taxes sur l’énergie à Djibouti, le Gouvernement de Djibouti a sollicité l’appui de la Banque mondiale afin de mieux comprendre comment une telle réforme de politique peut être favorable aux pauvres. Dans le cadre de cette assistance technique, une équipe intersectorielle de la Banque, en étroite collaboration avec le FMI, a appuyé le Gouvernement de Djibouti pour l’aider à comprendre : • Quelle sont les caractéristiques actuelles des exonérations fiscales à Djibouti ? • Quel impact ont les exonérations fiscales actuelles sur le bien-être des ménages ? • Quel est le contexte d’une telle réforme : qui sont les gagnants et les perdants ? • Quel est le rôle actuel des Filets de protection sociale à Djibouti ? • Quel est l'impact de la Réforme des exonérations fiscales et des Filets sociaux sur la pauvreté ?

2. L’étude a été conçue et mise en œuvre par un comité multisectoriel composé de diverses parties prenantes institutionnelles, y compris de représentants des ministères de l'Economie et des Finances, du Budget, du Secrétaire d'État chargé de la solidarité nationale (SESN), la Direction de la Statistique et des Études Démographiques (DISED) et les ministères de l'énergie et des transports, avec lesquels les équipes de la Banque et du FMI ont collaboré tout au long du processus de préparation de l'étude. Des réunions techniques ont eu lieu le 30 Janvier, le 2 Février, le 25 mai et le 28 mai 2014 à Djibouti pour discuter des différents scénarios de réforme, obtenir des renseignements supplémentaires, et présenter des résultats quantitatifs préliminaires. Des réunions de consultation ont eu lieu le 9 juillet et 15 novembre 2014 pour présenter les résultats et discuter des options possibles de réforme. 3. Le présent résumé analytique résume les principales conclusions de l’étude. Celle-ci est consultable ci-dessous et contient de nombreuses analyses et éléments de contexte. L’étude se fonde sur des données issues d’une enquête de ménages comprenant des informations détaillées sur les dépenses des ménages ainsi que sur la perception de certaines prestations en espèces et en nature (EDAM3-2012). Les tableaux contenus dans ce résumé analytique présentent les prix de 2014, avec des taux d’inflation de 2,5 et 2,9 pour, respectivement, 2013 et 2014. 4. La troisième Enquête Djiboutienne Auprès des Ménages (EDAM 3) a été réalisée en 2012 et dispose d'un échantillon représentatif de la population sédentaire au niveau national composé de 5880 ménages et 31 686 personnes. Le questionnaire de l'EDAM 3 couvre de nombreux aspects: la démographie, l'éducation, l'emploi, la mortalité, la gouvernance, le logement, l'accès aux services sociaux de base, les biens durables, propriété, et enfin, les dépenses et les recettes. L'information sur les dépenses des ménages en produits alimentaires exonérés d'impôt (farine, riz, huile, sucre, lait), sur certains éléments pétroliers (kérosène, butane et dépenses de carburant pour le transport), sur l'électricité, ainsi que des informations sur les bénéfices en espèces et en nature sont d'une importance particulière pour cette étude. L’ensemble des données de l’EDAM 3 a été utilisé pour calculer le total des agrégats de dépenses des ménages sur base de laquelle la DISED a récemment créé son étude sur la pauvreté, résultant en 40.8 pourcent de pauvreté globale et 23 pourcent d'extrême pauvreté.1

1 L’enquête EDAM-3 sous-estime légèrement la taille des ménages de son échantillon. Ainsi, le niveau de dépenses per capita des ménages de l’EDAM-3 est légèrement surévalué. Étant donné que dans cette étude PSIA nous travaillons principalement par quintile, l’effet de cette surévaluation générale sera marginal. De plus, à la différence du Profil national, récemment mis à jour, combinant les données de EDAM-3 et de l’Enquête sur le budget et la consommation (EBC)), cette étude utilise uniquement les données d’EDAM-3et les agrégats se basent donc uniquement sur ces données. Notons que l’agrégat utilisé, basé uniquement sur l’EDAM-3, est fortement corrélé avec celui utilisé pour le profil de pauvreté produit par la DISED et il donc n’y a pas de conflit entre les agrégats utilisés dans l’étude PSIA et ce qui a été récemment validé par le gouvernement.

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5. Comme il est habituel dans les enquêtes sur les ménages, les données de l’EDAM 3 représentent seulement la population sédentaire. L'échantillon de l’EDAM 3 couvre la population sédentaire, laissant de côté les nomades et les sans-abri (population flottante) ainsi que les personnes vivants dans des ménages collectifs (hôtels, prison, camps militaires, orphelinat, etc.). Selon le plus récent recensement effectué en 2009, la population totale de Djibouti était 818 159 personnes, dont 161 132 étaient des nomades et 149 022 vivaient dans des ménages collectifs ou étaient sans-abri. Il est de pratique courante que les enquêtes auprès des ménages couvrent uniquement la population sédentaire parce qu’enquêter sur les populations nomades et les sans-abri créerait des problèmes conceptuels et logistiques importants. 6. Cinq quintiles basés sur le classement des dépenses par habitant ont été créés. Le premier quintile comprend les 20 pourcent les plus pauvres de la population djiboutienne sédentaire; le second quintile comprend les 20 pourcents suivants et ainsi de suite jusqu'au quintile supérieur qui comprendra les 20 pourcents les plus riches de la population. Aux fins de la présente étude, le seuil d’indigence2 est défini comme la limite supérieure du premier quintile. Ainsi, l’indice numérique d’indigence est fixé de facto à 20 % de la population.

Quelles sont les caractéristiques actuelles des exonérations fiscales à Djibouti ?

7. Djibouti demeure exposé à des risques majeurs pour sa croissance et sa stabilité macroéconomique. Il s’agit notamment des chocs des prix du carburant et des denrées alimentaires et des catastrophes naturelles, telles que les sécheresses et les inondations. La pauvreté a été exacerbée par les conditions de sécheresse depuis 2007 — les pires depuis 60 ans. On estime que la sécheresse a affecté au moins la moitié de la population rurale, représentant des pertes économiques annuelles de 3,9 % du PIB sur la période 2008-2011 et entraînant un afflux important de réfugiés venus de pays voisins, souffrant eux aussi de la sécheresse. 8. Des exonérations fiscales universelles ont été introduites en réponse à la crise alimentaire et pour protéger la population des chocs de la hausse des prix des denrées alimentaires de base. Djibouti dépend largement des importations pour satisfaire ses besoins alimentaires et une large part de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire. La quasi-totalité des produits alimentaires sont importés et les augmentations des prix alimentaires internationaux affectent directement les Djiboutiens pauvres, qui dépensent jusqu’aux trois quarts de leur revenu en nourriture. À cause des sécheresses sévères et prolongées, au moins 20 % de la population de la capitale et trois quart des ménages ruraux se trouvent exposés à une insécurité alimentaire sévère ou modérée, selon l’Évaluation d’urgence de la sécurité alimentaire, conduite par le Programme alimentaire mondial en 2013. En réponse à la très forte augmentation des prix alimentaires, le gouvernement a exempté cinq produits alimentaires de base de taxe intérieure de consommation, depuis 2008. 9. De même, des ajustements discrétionnaires sur le prix de certains carburants (super, kérosène et diesel) ont été mis en place depuis 2009. Le Département gouvernemental des Douanes procède, après consultation avec les compagnies pétrolières, à un ajustement mensuel des prix à la pompe afin de minimiser l’impact négatif de la fluctuation des prix internationaux du super, du kérosène et du diesel. Selon les estimations du FMI, Djibouti concède 2 % de son PIB (en 2011) pour subventionner certains produits énergétiques.3 10. Le gouvernement envisage actuellement d’abandonner l’utilisation de l’élément de taxe discrétionnaire sur certains carburants (super et diesel) pour les particuliers ; les privilèges d’autres groupes exemptés, tels que les militaires ou les ambassades, seraient maintenus. Au moment où l’analyse a été menée (basée sur les prix de décembre 2013), une telle réforme aurait entraîné une 2 Dans ce rapport, nous essayons d'éviter les termes «seuil de pauvreté» et «taux de pauvreté» afin de différencier notre analyse du profil de la pauvreté produite par la DISED. 3 De Broek, M., A Kangur, and R. Kpodar. Djibouti: Fuel Price Subsidy Reform. FMI, Mai 2012.

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légère baisse des prix du super et une augmentation d’environ 13 % pour le diesel. Les prix du pétrole brut ont récemment connu une chute considérable ce qui affecte les calculs présentés. En décembre 2013, le baril de Brent s’échangeait autour de 110 dollars et il est resté à ce niveau jusqu’à juillet 2014. Depuis, son prix a constamment diminué, jusqu’à atteindre 50 dollars en janvier 2015. L’évolution des cours demeure fortement incertaine pour 2015. 11. Avant la chute des prix du pétrole, le gouvernement n’avait pris aucune décision ferme, en partie par peur d’augmenter l’inflation par l’augmentation des prix du carburant (en fonction des prix plus élevés du pétrole à l’époque). En outre, des inquiétudes existent en ce qui concerne l’impact sur les pauvres, sur la classe moyenne ainsi que sur certains secteurs (les transports, les pêcheries et la boulangerie) en particulier. L’impact des réformes des subventions aux carburants sur le secteur des transports préoccupe particulièrement le gouvernement. Les tarifs des transports publics sont fixés par l’État et sont restés pratiquement stables depuis 2006. Le parc de bus et de taxis est dépassé et les discussions actuelles portent sur la baisse des coûts de transport par la modernisation de ce parc. Le gouvernement envisage de préfinancer les nouveaux véhicules, que les opérateurs de bus et de taxi rembourseraient sur la durée, réduisant ainsi la consommation de carburant. 12. Si le gouvernement envisageait d’abandonner la taxe discrétionnaire, il serait judicieux d’agir maintenant. Avec la chute des prix du pétrole, l’élimination des éléments de taxe discrétionnaire n’entraînerait pas nécessairement d’augmentation des prix pour les consommateurs. En fait, étant donnés les bas prix observés début 2015, l’abandon de la taxe discrétionnaire pour le diesel serait faible par rapport à la baisse des coûts sous-jacents – si bien que l’effet lié à son abandon serait négligeable et l’effet sur les prix des bus facilement absorbé. Si les opérateurs de bus ne baissent pas leurs prix, alors leurs marges auront augmenté. 13. Cependant, en éliminant la taxe discrétionnaire sur les carburants, le gouvernement se priverait d’un outil d’ajustement des prix du carburant en période d’augmentation et de baisse des prix. Avec la baisse des prix du pétrole, les recettes fiscales du gouvernement diminueront en proportion. En ce moment, l’abandon de la taxe discrétionnaire diminuerait encore les recettes fiscales. Il est probable que le gouvernement ait ajusté l’ampleur de la taxe discrétionnaire depuis janvier 2014, ce qui nécessiterait un complément d’analyse. Par ailleurs, à l’avenir, il serait nécessaire de conduire une analyse de la structure fiscale optimale. 14. Dans l’ensemble, l’analyse suivante, basée sur les prix de décembre 2013, confirme qu’une taxe négative sur les carburants favorise dans les faits les plus aisés. Toute réforme du système de taxation de l’énergie devrait favoriser les pauvres et les filets de protection sociale constitueraient les circuits dans lesquels réinvestir les économies réalisées, afin de développer des politiques en faveur des pauvres.

Quel impact ont les exonérations fiscales actuelles sur le bien-être des ménages ? Répartition des subventions octroyées sur les produits énergétiques 1. L’analyse qui suit inclut tous les produits pétroliers exonérés présents dans l’enquête de ménage. L’enquête ne distingue pas entre diesel et super (regroupés en tant que carburant dans le questionnaire EDAM 3), mais les données de l’Enquête de Budget et Consommation (EBC) – une enquête limitée à la zone urbaine, réalisée en 2013 – montre que le diesel représente environ deux tiers des dépenses des ménages en carburant. En outre, l’enquête montre que presque toutes les dépenses directes en carburant sont le fait du quintile le plus riche. Les simulations supposent que le prix des achats de carburant augmentera de DJF 215 à DJF 242 par litre. 2. Le fait de posséder une voiture ou d’utiliser des transports publics est un indicateur très net de bien-être. Les voitures particulières ne sont pas très répandues à Djibouti où seulement 6 % des foyers possèdent une voiture et 1 % possède une moto. Un quart du quintile le plus riche possède une voiture

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tandis que le nombre de propriétaires de voitures est pratiquement négligeable dans les autres quintiles. La plupart des voitures appartiennent à des citadins. Sans surprise, on observe que le carburant est essentiellement consommé par les ménages urbains et le quintile le plus riche. L’utilisation des transports publics (bus, taxis, et bus scolaires) est également plus répandue parmi les quintiles les plus riches. Seuls 12 % des pauvres (premier quintile) utilisent les transports publics, tandis qu’ils sont 60 % parmi les deux quintiles les plus riches. Plus de la moitié de la population urbaine emprunte les transports publics mais ils sont moins de 10 % à le faire en milieu rural. L’utilisation des transports scolaires est aussi largement réservée aux ménages les plus riches et urbains. 3. Les ménages djiboutiens dépensent environ DJF 7,96 millions en produits pétroliers subventionnés (i.e. carburant à la pompe, transports publics et scolaires), soit 6,75 % de leurs dépenses annuelles totales. En moyenne, les ménages dépensent DJF 25 400 en transports publics, et DJF 30 600 en transports scolaires. Les exonérations fiscales sur les produits pétroliers ne bénéficient pas aux plus pauvres car il ne consomme que peu de carburant et n’usent pratiquement pas les transports publics. Le fait de posséder une voiture ou une moto est essentiellement limité au cinquième quintile, qui consomme DJF 96 847 par ménage en carburant à la pompe, soit environ 4 % des dépenses annuelles totales du ménage. Les dépenses en transports publics et scolaires sont aussi considérablement plus basses dans le quintile le plus pauvre (respectivement DJF 2 142 et DJF 2 381 par ménage) que dans le quintile le plus riche (DJF 49 837). Le second quintile dépense déjà beaucoup plus dans les transports publics que le quintile le plus pauvre. Pour les pauvres, les dépenses en carburant, transports publics et scolaires représentent moins de 2 % chacun dans l’ensemble des dépenses du ménage (DJF 4 522), alors que pour le quintile le plus riche ces carburants représentent environ 8 % des dépenses totales du ménage (DJF 197 643). Répartition des subventions sur les produits alimentaires 4. Les ménages pauvres dépensent relativement plus en produits alimentaires exonérés de taxes que les ménages plus riches. Les dépenses des ménages sur les produits alimentaires exonérés de taxes représentent en moyenne DJF 153 629 par ménage, soit 12,4 % des dépenses totales des ménages. Pour ces denrées alimentaires de base, le sucre fait partie des aliments les plus consommés en matière de dépenses (DJF 37 622). Bien que la consommation de riz soit élevée, seule une toute petite proportion du riz est exonérée de taxe dans les faits et il a donc été exclu de notre analyse. Les produits exonérés de taxes sont relativement plus importants pour les pauvres, dans la mesure où la part des dépenses pour ces produits est bien plus élevée pour les plus pauvres que pour les très riches. Dans les ménages les plus pauvres, les dépenses en produits alimentaires exonérés de taxes représentent19 % des dépenses totales, alors que ces produits ne représentent que 7 % des dépenses totales des ménages les plus riches.

Quel est le contexte de ces réformes : gagnants et perdants ? Impact de l’abandon de l’ajustement fiscal sur le prix de vente des carburants

5. Impact de l'abandon de l’ajustement fiscal sur le prix de vente des carburants. La proposition actuellement à l'étude par le gouvernement est l’abandon de l’utilisation de l’ajustement fiscal sur certains carburants. D’autres taux d'imposition pourraient être modifiés par la loi, comme c’est le cas actuellement, mais ces taux devraient normalement rester stables pendant de longues périodes. Les coûts admissibles dans la chaîne d'approvisionnement pourraient également être modifiés si les circonstances pour les entités concernées le justifient. Afin de simuler l'impact de la suppression de l'ajustement fiscal, il est entendu que les autres tarifs et coûts fiscaux associés, restent aux niveaux de décembre 2013. L’abandon de l’utilisation de l’ajustement fiscal aurait entraîné une légère baisse des prix pour l’essence et le kérosène mais une augmentation d’environ 13 % pour le diesel. La comparaison des prix avant et après en décembre 2013 est possible car l’action du gouvernement en matière de fixation des prix de vente (et l’ajustement fiscal associé) est un fait établi. Il est possible de simuler l’abandon de l’ajustement fiscal dans différentes circonstances, mais il est impossible de donner un calcul « avant » dans la mesure où on ne peut pas savoir ce que le gouvernement aurait

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décidé de faire concernant les prix de vente, s’il avait conservé l’ajustement fiscal.

Impact de la réforme des subventions sur le bien-être des ménages, le budget de l’État, la pauvreté et les inégalités

5. L’abandon de l’ajustement fiscal sur le prix de vente du super et du diesel se traduirait par une perte de DJF 510,8 millions (soit 0,2 % du PIB4) pour la population. 6. Pour le carburant acheté directement à la pompe l’impact de la réforme sur les ménages pauvres est négligeable, mais il augmente avec le bien-être et représente la plus forte perte parmi les ménages riches (DJF 2 734 per capita), soit 0,5 % des dépenses du ménage. Les deux quintiles les plus pauvres dépenses considérablement moins dans les transports publics que les quintiles plus riches ; ceci est partiellement dû au fait que les pauvres vivent dans des zones ne disposant pas de transports publics, telles que les zones rurales. Cependant, les mêmes conclusions s’observent lorsqu’on restreint l’analyse aux seules zones urbaines. L’impact de la réforme sur les 40 % les plus pauvres est de moins de DJF 80 per capita pour les transports publics, alors qu’il représente plus de DJF 400 parmi les 20 % les plus riches. En matière de dépenses des ménages, cela représenterait une perte de 0,03 % de bien-être pour les 20 % les plus pauvres et 0,08 % pour le quintile le plus riche. La classe moyenne connaîtrait la plus importante réduction de bien-être – environ 0,12 %. 7. L’impact de la réforme sur le budget de l’État se traduirait par un gain, le plus important provenant du carburant acheté directement à la pompe. L’impact de la réforme sur le budget de l’État entraînerait un gain total de DJF 408,6 millions (soit 0,16 % du PIB). 60 % de ce gain proviendrait du carburant vendu à la pompe (96 % des gains liés au carburant proviendront des ménages les plus riches) et les 40 % restants des transports publics. Il convient de remarquer qu’une élasticité des prix de 0,2 étant supposée, le montant du gain pour l’État est moindre que les pertes subies par les différents ménages. 8. Étant donné que les pauvres dépensent la plupart de leurs revenus dans les produits alimentaires, l’abandon de l’exonération fiscale sur les carburants réduirait les inégalités mais n’aurait pas d’impact apparent sur la pauvreté. L’abandon de l’exonération fiscale sur les carburants n’affecterait pas les plus pauvres car la consommation de ces produits est négligeable parmi les pauvres. En revanche, les produits pétroliers comptent parmi les produits subventionnés les plus consommés par les ménages riches. L’élimination de l’exonération fiscale entraînerait ainsi une réduction des inégalités de 0,12 point de pourcentage. 9. Nos résultats indiquent que l’abandon de l’exonération fiscale pour le carburant à la pompe permet une potentielle hausse des revenus de l’État, sans impact sur la pauvreté. Une augmentation des prix des transports publics augmenterait la pauvreté, mais à un taux moins important qu’une augmentation des transports scolaires. Impact de l’introduction d’une taxe sur les produits alimentaires de base

10. Le gouvernement n’envisage pas le prélèvement d’une taxe sur les produits alimentaires de base et les simulations présentées sont proposées à titre d’illustration. Comme mentionné plus haut, parmi les produits alimentaires de base exonérés, seuls un(e) certain(e) type/qualité est exonéré (par ex. les brisures de riz). Pour le riz, seuls 6 % des importations totales sont exonérés de taxe, alors que 88 % de la farine, environ 60 % du sucre et de l’huile de cuisson, et environ 50 % des produits à base de lait en poudre sont exonérés. La subvention implicite représente 7 % du prix sans subvention. 11. L’introduction d’une taxe à la consommation impliquerait une perte de DJF 558,7 millions (soit 0,22 % du PIB) pour la population. Les valeurs per capita indiquent que les pertes seraient considérablement plus élevées pour les plus riches, en termes absolus. Dans l’ensemble, l’impact

4 Le PIB pour 2013 est estimé à USD 1 456 milliards.

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d’une telle réforme sur les 20 % les plus pauvres entraînerait une baisse de leur bien-être de DJF 500, soit 1,06 % des dépenses du ménage. Pour le quintile le plus riche, la perte serait équivalente à DJF 1 836, soit 0,33 % des dépenses du ménage. Cette comparaison montre que les pauvres dépensent davantage en termes relatifs en produits exonérés de taxes. Ainsi, l’introduction de taxes à la consommation affecterait le niveau de pauvreté. Quel est le rôle actuel des filets de protection sociale à Djibouti ?

12. Les filets de protection sociale publique se composent généralement de programmes financés par l'État, qui fournissent des revenus ou des bénéfices en nature et donnent accès à des services sociaux de base aux membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. En outre, il existe d'autres types de transferts, tels que l'assurance sociale contributive comme les retraites, les programmes en faveur du marché du travail, les subventions sur les produits alimentaires et pétroliers, ainsi que les transferts privés entre les ménages (envois de fonds). Pour évaluer l'efficacité de ces transferts dans la protection des plus pauvres et des plus vulnérables contre les chocs, un certain nombre d'indicateurs sont présentés, comme la couverture, la précision du ciblage et la générosité. 13. Les exonérations fiscales non ciblées (subventions implicites) atteignent une plus grande partie de la population que les programmes ciblés. Les exonérations fiscales sur les produits alimentaires de base atteignent la majorité des pauvres (77,3 % dans le premier quintile) et la quasi-totalité des individus des autres quintiles. Les exonérations fiscales sur certains produits pétroliers, en revanche, ne bénéficient qu’à 17 % du quintile le plus pauvre, mais à plus de 82 % du quintile le plus riche. Environ un quart de la population dans le quintile le plus pauvre bénéficie de rations alimentaires, ce qui en fait un programme ayant un ciblage relativement efficace. Les compensations pour les dépenses de santé bénéficient de façon disproportionnée aux quintiles les plus riches. Très peu de ménages (moins de 10 %) bénéficient de régimes de retraites. Enfin, 21 % des ménages Djiboutiens reçoivent des transferts privés (internationaux ou nationaux) et ces transferts bénéficient principalement aux ménages les plus pauvres. 14. Les bénéficiaires visés par les programmes de filets de protection sociale devraient être les pauvres, de sorte que la performance de ces programmes peut être évaluée en estimant les fuites du programme. Une façon de mesurer ces fuites consiste à déterminer la part totale des transferts reçus par des bénéficiaires non-pauvres. Dans le cadre d’un programme progressif et correctement ciblé, les pauvres (quintile inférieur) reçoivent la plus grande part des transferts, et cette part diminue à mesure que le niveau de bien-être augmente. À Djibouti, les rations alimentaires et les transferts monétaires correspondent généralement à cette description étant donné que les pauvres reçoivent la plupart des transferts. Plus de la moitié des transferts des rations alimentaires sont reçus par les pauvres (quintile inférieur). A contrario, les bénéfices des exonérations fiscales sur les produits alimentaires et pétroliers favorisent principalement la population urbaine et les non-pauvres, rendant ces programmes régressifs. En effet, la majorité des ressources des subventions alimentaires et pétrolières (respectivement 85 % et 97 % de ces subventions) sont perçues par la population vivant dans les zones urbaines et les deux quintiles les plus riches (respectivement 57 % et 89 %). Cependant, seulement 15 % des ressources provenant des subventions alimentaires et moins de 3 % de celles provenant des subventions des produits pétroliers vont aux bénéficiaires vivant dans les zones rurales et seulement 10 % et moins de 1 % respectivement, sont perçus par ceux du quintile le plus pauvre. Les retraites et indemnités pour les dépenses de santé sont perçues principalement par les populations vivant dans les zones urbaines et les bénéficiaires non-pauvres. 15. La générosité des programmes de filets de protection sociale à Djibouti est généralement très faible. Plus la générosité est faible, moins la valeur du transfert sur le bien-être des bénéficiaires est importante. En revanche, plus la générosité est élevée, plus son importance en tant que source de bien-être pour les bénéficiaires est importante. La générosité et la taille des transferts sont donc d’importantes caractéristiques de conception des programmes de filets de protection sociale, étant donné qu’elles auront un impact sur la pauvreté et les autres objectifs visés par les programmes. En effet, une faible générosité limiterait l'impact du programme sur la pauvreté. Seuls deux programmes (retraites et transferts privés de la famille et des amis – qui ne constituent pas à proprement parler des

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programmes d’assistance sociale), sur les sept types de programmes disponibles, semblent avoir un impact sur le niveau de consommation de la population en générale. Par contre, en se concentrant sur le quintile le plus pauvre, l’aide alimentaire a un effet significatif, même si les transferts privés restent de loin le programme le plus efficace. En effet, l'impact sur le bien-être du quintile le plus pauvre des transferts monétaires du gouvernement ou des ONG et des exonérations sur les aliments est très modeste, et l’impact des exonérations fiscales sur les produits pétroliers est négligeable. 16. Conformément à la faible précision de ciblage et à la faible générosité, les programmes de filets de protection sociale à Djibouti sont généralement de petites tailles et insuffisants pour réduire l'écart d’indigence. Le ratio est supérieur à 1 pour le programme de retraite, ce qui signifie que les transferts moyens sont plus élevés que l'écart d’indigence et ce qui est également une forte indication que les bénéficiaires dépendent de ce transfert comme une source de revenus, ce qui est habituellement prévu par les programmes d'assurance sociale. En revanche, la générosité des subventions (à la fois pour les produits pétroliers et alimentaires) est négligeable pour combler le fossé de la pauvreté, d'où un ratio inférieur à 0,1. Quel est l'impact de la réforme des exonérations fiscales et des filets sociaux sur la pauvreté ? 17. Les ajustements fiscaux discrétionnaires ont bénéficié aux plus aisés en période de prix du carburant élevé (dans la présente étude, l’analyse se base sur les prix de décembre 2013). L’abandon des exonérations fiscales sur les produits pétroliers réduirait les inégalités mais n’aurait aucun impact visible sur la pauvreté. Pour réduire la pauvreté, les économies réalisées grâce à une possible réforme fiscale ainsi que par d’autres sources de financement pourraient être réorientées à l’intention des pauvres et des vulnérables. Cependant, pour réduire la pauvreté, un ciblage efficace des pauvres est essentiel. Le gouvernement développe actuellement, avec l’appui de la Banque mondiale, un registre social qui vise à accroître l'équité dans la répartition des ressources, et de promouvoir une plus grande inclusion sociale des plus vulnérables Au cours de cette assistance technique apportée au Gouvernement de Djibouti, une série de recommandations ont été formulées et certaines ont déjà été prises en compte dans la conception d’un système de protection sociale plus fort. Ces recommandations sont issues des sections suivantes et comprennent :

• Les économies sur les réformes des taxes sur l’énergie ainsi que d’autres sources de financement, y compris celles réparties entre une variété de très petits programmes de filets sociaux, devraient servir à approvisionner un programme de transferts monétaires ciblant les plus pauvres ;

• Un Test Proxy Means (TPM) devrait être utilisé pour déterminer le niveau d’indigence « score de pauvreté » et tous les programmes de filets sociaux devraient cibler les plus pauvres (tels que définis par le TPM) plutôt que de cibler les ménages ruraux en fonction de leur situation géographique5 ;

• De même, les programmes de filets sociaux existants et à venir devraient d’abord cibler les ménages pauvres en fonction du niveau/score de pauvreté relative, et, seulement après, utiliser d’autres facteurs (catégoriques) pour déterminer l’éligibilité au programme.

Impact de la réforme fiscale sur le bien-être des ménages et les recettes publiques

18. Etant donné que les pauvres dépensent la plupart de leurs revenus en alimentation, l'élimination des exonérations fiscales sur ces produits aurait le plus d'impact sur la pauvreté et les inégalités, alors que la suppression des exonérations fiscales sur les produits pétroliers pourrait réduire les inégalités, mais serait sans effet apparent sur la pauvreté. Néanmoins tous ces effets seraient minimes, voir négligeables. La réforme n'aurait pas un impact très significatif sur l’indigence et nul

5 Cette fonctionnalité fera partie du registre social à venir.

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sur les inégalités. En particulier, le taux d’indigence augmenterait de 0,17 points de pourcentage de 20,00 à 20,17 %. La suppression des exonérations fiscales sur la farine augmenterait l’indigence de 0,05 points de pourcentage – de 20 à 20,05 %, et l'inégalité de 0,05 points de pourcentage - de 45,13 à 45,18 %. L'effet de la suppression de l’utilisation de la taxe d’ajustement en faveur de l’Etat sur le carburant n'aurait pas d'incidence pour les plus pauvres et pourrait en fait se traduire par une réduction des inégalités de 0,12 points de pourcentage. Ceci s'explique par le fait que la consommation de ce produit est négligeable parmi les pauvres, alors qu'il est l'un des produits subventionnés les plus consommés pour les ménages riches. 19. Parmi les quintiles les plus pauvres, la perte de bien-être résultant de la réforme serait la plus élevée sur les produits liés à l'alimentation ; alors que la perte serait la plus élevée sur les produits pétroliers pour les quintiles les plus riches. La figure 1 montre l'impact de la réforme sur le bien-être de la population, en proportion des dépenses totales par quintile et pour chaque groupe de produits subventionnés. En matière de produits liés à l'alimentation, la réforme se traduirait par une perte significative de bien-être pour le quintile le plus pauvre (1,12 % des dépenses totales), mais cette perte diminue à mesure que le bien-être augmente. D'autre part, la réforme se traduirait par une perte minime pour le quintile supérieur concernant les produits pétroliers, et cette perte diminue à mesure que le bien-être diminue et devient négligeable pour le premier quintile. 20. L’impact de la réforme sur le budget de l’État se traduirait par un gain, dont le plus élevé proviendrait du carburant. L'impact de la réforme sur le budget de l’État se traduirait par un gain total de DJF 856 millions (soit 0,33 % du PIB), 28 % de ce gain proviendrait du carburant (96 % des gains liés au carburant proviendront des ménages les plus riches), 18 % proviendraient de la farine et 15 % du sucre. Le gain le plus élevé dans le budget de l’État viendrait des ménages les plus riches (54 %). Cette proportion diminue à mesure que le bien-être diminue pour atteindre la plus faible part parmi les ménages pauvres (5 %). Ceci est en ligne avec la conclusion précédente que la plus grande perte dans le niveau de bien-être de la population proviendrait du carburant, particulièrement parmi les riches. Les gains en revenus les plus importants pour le gouvernement proviendraient de l'augmentation du prix du carburant, tandis que les gains les moins importants proviendraient de l'augmentation du prix de l’huile de cuisson.

Impact probable des politiques de compensation par le biais de programmes de filets de protection sociale

21. Toute réforme exige un système efficace de ciblage des populations pauvres et vulnérables. Le gouvernement, avec l’appui de partenaires du développement, conduit actuellement une réforme du système de protection sociale. La création d’un registre social des ménages pauvres et vulnérables constitue un élément clé du renforcement des filets de protection sociale à Djibouti. Ce registre sera utilisé pour cibler les pauvres et servira de plate-forme unique partagée par tous les programmes d’assistance sociale, permettant une réduction importante des coûts et une amélioration substantielle du ciblage des ménages les plus pauvres. 22. L’analyse qui précède a montré que l’exonération de taxes sur les produits alimentaires et pétroliers est régressive, et que les pauvres en bénéficient le moins. Le gouvernement envisage de renforcer le système de protection sociale par le biais d’un système de transferts monétaires ciblés. Suite aux discussions menées avec le Secrétariat d’État à la Solidarité Nationale (SESN), les options de réforme axées sur une série de dispositifs/schémas de transferts et d’enveloppes budgétaires sont présentées. En effet, l'étude présente les résultats de 54 simulations différentes examinant les effets sur la pauvreté d’une série de programmes de transferts monétaires. Les options de réforme consistent en des schémas de transfert mis en œuvre en fonction de la localisation et/ou du quintile ciblé ; et également si ces régimes sont effectués au niveau de l'individu ou des ménages ; et enfin selon le budget total à transférer - soit 1, 2 ou 3 milliards de francs djiboutiens. Notons que chaque tranche de 1 milliard de francs djiboutiens représente environ 0,38% du PIB.

• Taux d’indigence. La plus forte baisse de l’incidence de l’indigence est atteinte en ciblant le premier quintile. La plupart des schémas qui ciblent le premier quintile parviennent à une réduction significative du taux d’indigence, surtout avec un budget de 2 ou 3 milliards de

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francs djiboutiens. En fait, avec un budget de 3 milliards, il serait possible de diminuer de plus de la moitié l’incidence d’indigence en utilisant n'importe lequel des schémas ciblant le premier quintile. Un programme ciblant le milieu rural uniquement serait moins efficient.

• L’écart d’indigence. Le schéma optimal en termes de réduction de l’écart d’indigence serait le «premier quintile avec un transfert en 4 étapes», dans lequel le montant transféré dépendrait du niveau de vie des ménages du premier quintile. Ainsi les cinq pourcent des plus pauvres recevant le plus, puis les cinq pourcent suivants recevraient un peu moins, etc. Un simple transfert unique ciblant le premier quintile serait peut-être plus simple à implanter tout en donnant des résultats très satisfaisant.

• Couverture. Dans un schéma focalisé uniquement sur la population vivant en zones rurales, seulement 62,4 pourcent des individus du premier quintile tandis qu’un certain nombre de ménages non pauvres recevraient un transfert (11,8 pourcent des individus du Q2 ; 4,3 pourcent du Q3, etc.). Toute fuite de ce genre rend nécessairement les critères fondés le fait de vivre en zones rurales moins efficaces à réduire la pauvreté que ceux axés uniquement sur le premier quintile. Pour réduire l'écart de pauvreté, le ciblage du premier quintile est plus efficace que n'importe lequel des schémas axés sur les ménages ruraux. Un système de transfert axé sur le premier quintile devrait être privilégié

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SITUATION DU PAYS ET CONTEXTE DE LA RÉFORME

6. Djibouti fait face à de multiples défis du développement et la croissance économique récente ne s’est pas traduite par l’amélioration du bien-être de la population. La poussée de croissance observée pendant la dernière décennie s'est appuyée en partie sur des événements ponctuels tels que la reprise économique après la crise politique des années 1990, la création de bases militaires étrangères et d'importants flux d'investissements étrangers qui ont financé la construction du nouveau port et d’un nouvel hôtel de luxe. Pourtant, ce modèle de croissance n'a pas atténué les niveaux élevés de pauvreté et de chômage. Bien que les chiffres sur la pauvreté soient difficiles à cerner en raison des données limitées, les informations disponibles indiquent que la pauvreté est répandue et s’aggrave en raison de la sécheresse – la pire connue en 60 ans. En termes de développement humain, Djibouti est classé 170ème sur 187 pays (Programme des Nations Unies 2014). Il est peu probable que Djibouti atteigne la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en 2015. 7. Djibouti dépend largement des importations pour satisfaire ses besoins alimentaires et une grande partie de la population est confrontée à l'insécurité alimentaire. La plupart des produits alimentaires sont importés et la hausse des prix internationaux sur les denrées alimentaires affecte directement les populations pauvres de Djibouti, qui dépensent jusqu'aux trois quarts de leur revenu dans la nourriture. En raison de sécheresses graves et prolongées, au moins 20 pourcent de la population de la capitale et trois quarts des ménages ruraux sont vulnérables à une insécurité alimentaire sévère ou modérée (PAM 2013). En moyenne, 17,8 pourcent des djiboutiens sont touchés par la malnutrition aiguë, chiffre qui varie entre 14 et 26 pourcent selon les régions, et environ 5,7 pourcent souffrent de malnutrition aiguë sévère. En moyenne, 29,7 pourcent sont affectés de malnutrition chronique, chiffre qui dépasse les 40 pourcent dans certaines régions. Environ un enfant sur quatre souffre d'insuffisance pondérale (SMART 2013).

8. Dans ce contexte, les filets de protection sociale revêtent une importance cruciale pour atténuer les effets dévastateurs de la pauvreté, et le Gouvernement de Djibouti a accompli des progrès considérable dans l’établissement de ces filets. Les filets de protection sociale (programmes de transfert non contributifs ciblant les pauvres ou vulnérables) ont un impact immédiat sur l'extrême pauvreté et les inégalités. Ils permettent aux ménages de gérer les risques et de mieux investir dans leur avenir, en aidant souvent à prévenir la malnutrition et à pallier au sous-investissement dans l'éducation. Djibouti est dans la phase initiale d'institutionnalisation de filets de protection sociale efficaces. À ce jour, l'étendue et le financement des programmes existants de filets de protection sociale restent insuffisants pour protéger la plupart des pauvres et des groupes vulnérables. Les dépenses sont limitées, les programmes sont fragmentés, manquent de coordination et il n'existe pas de vastes programmes de filets de protection sociale (non urgents) au niveau national. L’expansion de la couverture des programmes de filet de protection sociale est donc primordiale, afin que le pays puisse au bout du compte bénéficier de la réforme des politiques visant à réduire les dépenses importantes qui, à l'heure actuelle, vont pour des subventions non ciblées. 9. En réponse à la crise alimentaire et afin de protéger la population contre les chocs des prix des aliments de base et de certains produits pétroliers, des exonérations fiscales universelles ont été introduites; mais étant donné qu’elles sont non ciblées, ces exonérations profitent essentiellement aux classes aux revenus moyens et supérieurs. Selon les estimations du FMI, Djibouti renonce à 0,5 pourcent du PIB (2009) sur certains produits alimentaires (riz, huile comestible, le sucre, la farine et le lait en poudre) et à environ 2 pourcent du PIB (2011) sur certains produits énergétiques (FMI, 2012). Ces allégements fiscaux non ciblés sur le carburant profitent principalement aux plus aisés; selon les estimations du FMI, les réductions importantes sur le prix du diesel et de l’essence occasionnent d’importantes fuites étant donné qu’elles favorisent le quintile de ménages aux revenus les plus élevés, qui reçoivent 12 fois plus de bénéfices que les deux quintiles les plus pauvres réunis. L’essence, le diesel et le kérosène sont soumis à une combinaison de droits ad valorem (TVA) et des taxes spécifiques (redevances, droits d'accise). Une composante discrétionnaire a été ajoutée, permettant au gouvernement d’ajuster les prix chaque mois. Entre 2010 et 2013, ces produits étaient tous taxés, mais les taxes nettes ont baissé.

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SOURCES DES DONNÉES ET CIBLAGE

10. L'étude est basée sur les données d'une enquête représentative des ménages (2012), comprenant des informations détaillées sur les dépenses des ménages ainsi que sur la l’obtention de bénéfices en espèces et en nature. La troisième Enquête Djiboutienne Auprès des Ménages (EDAM 3) a été réalisée en 2012 par la DISED, l'organisme statistique national. L’EDAM 3 dispose d'un échantillon représentatif de la population sédentaire au niveau national composé de 5880 ménages et 31 686 personnes. Le questionnaire de l'EDAM 3 couvre de nombreux aspects: la démographie, l'éducation, l'emploi, la mortalité, la gouvernance, le logement, l'accès aux services sociaux de base, les biens durables, propriété, et enfin, les dépenses et les recettes. L'information sur les dépenses des ménages en produits alimentaires exonérés d'impôt (farine, riz, huile, sucre, lait), sur certains éléments pétroliers (kérosène, butane et dépenses de carburant pour le transport), sur l'électricité, ainsi que des informations sur les bénéfices en espèces et en nature sont d'une importance particulière pour cette étude. L’ensemble des données de l’EDAM 3 a été utilisé pour calculer le total des agrégats de dépenses des ménages sur base de laquelle la DISED a récemment créé son étude sur la pauvreté, résultant en 40 pourcent de pauvreté et 23 pourcent d'extrême pauvreté. 11. Comme il est habituel dans les enquêtes sur les ménages, les données de l’EDAM 3 représentent seulement la population sédentaire. L'échantillon de l’EDAM 3 couvre la population sédentaire, laissant de côté les nomades et les sans-abri (population flottante) ainsi que les personnes vivants dans des ménages collectifs (hôtels, prison, camps militaires, orphelinat, etc.). Selon le plus récent recensement effectué en 2009, la population totale de Djibouti était 818 159 personnes, dont 161 132 étaient des nomades et 149 022 vivaient dans des ménages collectifs ou étaient sans-abri. Il est de pratique courante que les enquêtes auprès des ménages couvrent uniquement la population sédentaire parce qu’enquêter sur les populations nomades et les sans-abri créerait des problèmes conceptuels et logistiques importants. 12. L’accès à un échantillon représentatif de la population nomade extraite du recensement de 2009 a permis de compléter certaines analyses. L'échantillon de la population nomade provenant du recensement a été utilisé pour la création d’un indice « proxy means test » (l’indice PMT). Cependant, comme l'ensemble de données de recensement ne dispose pas d'information concernant les dépenses spécifiques sur les articles exonérés d'impôt ou sur l'accès aux bénéfices, la plupart des analyses s’appuient uniquement sur la population sédentaire. Enfin, pour la population des sans-abri, la seule information qui a pu être fournie par la DISED a été un simple comptage, en fonction du genre et de l'âge.

13. Une série de facteurs correctifs a été appliquée aux deux ensembles de données afin d'effectuer des analyses sur la population réelle en 2014. Tout d'abord, la portée de l'échantillon de l’EDAM 3 a été ajustée afin de corriger un léger manque de couverture. Deuxièmement, le taux de croissance de la population (2,8% par an) a été appliqué à la fois au recensement de 2009 et à l’EDAM 3 de 2012/13 jusqu'en 2014. Par conséquent, l'analyse est basée sur la taille de population suivante (hormis les ménages collectifs):

• Sédentaire 536 851 • Nomades: 184 990 • Sans-abris: 139 514

14. Afin d'évaluer l'efficacité des filets de protection sociale existants (section IV) et l'efficacité des exonérations fiscales (section V), cinq quintiles basés sur les dépenses par habitant ont été élaborés.6 Les sections IV et V sont basées sur les données de l’EDAM 3 puisqu'il

6 L’enquête EDAM-3 sous-estime légèrement la taille des ménages de son échantillon. Ainsi, le niveau de dépenses per capita des ménages de l’EDAM-3 est légèrement surévalué. Étant donné que dans cette étude PSIA nous travaillons principalement par quintile, l’effet de cette surévaluation générale sera marginal. De plus, à la différence du Profil national, récemment mis à jour, combinant les données de EDAM-3 et de l’Enquête sur le budget et la consommation (EBC)), cette étude utilise uniquement les données d’EDAM-3et les agrégats se basent donc uniquement sur ces données. Notons que

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s'agit de la seule base de données avec des informations sur les filets de protection sociale existants et sur les dépenses en nourritures et produits pétroliers exonérés d'impôt. Basé sur l'indice des dépenses par habitant pour le bien-être déjà calculé par la DISED et la Banque mondiale, cinq quintiles basés sur le classement des dépenses par habitant ont été créés. Le premier quintile comprend les 20 pourcent les plus pauvres de la population djiboutienne sédentaire; le second quintile comprend les 20 pourcents suivants et ainsi de suite jusqu'au quintile supérieur qui comprendra les 20 pourcents les plus riches de la population. Traduit en Francs djiboutiens, les intervalles des dépenses par habitant pour chaque quintile sont les suivants (prix de 2012):

• Quintile 1 : <77 962 DJF • Quintile 2: [78 145 DJF; 126 405 DJF] • Quintile 3: [126 431 DJF; 180 970 DJF] • Quintile 4: [180 971 DJF; 276 678 DJF] • Quintile 5: >277 231 DJF

15. Les simulations statistiques utilisées afin de déterminer les impacts des diverses options de reformes sur le bien-être de la population (section VI) utilisent les données ajustées de l’EDAM 3 ainsi que les données du recensement de 2009. Pour ces simulations, les quintiles sont basés sur la formule de l’indice PMT créé pour le registre social, et qui sera mis en œuvre par la SESN. 16. Aux fins de la présente étude, le seuil d’indigence7 est défini comme la limite supérieure du premier quintile. Ainsi, l’indice numérique d’indigence est fixé de facto à 20 % de la population. 17. Différentes approches de ciblage sont possibles (auto-ciblage, ciblage géographique, etc.), mais après discussion avec les autorités djiboutiennes et sur base de l'expérience dans la région, il a été convenu que l'approche PMT serait utilisée afin de cibler les ménages les plus pauvres. L'approche PMT prévoit l’élaboration d'une mesure synthétique pour définir le niveau de bien-être des ménages, et est basée sur une série d'indicateurs facilement observables (du moins plus facile à observer que les dépenses ou les revenus) mais fortement liée avec les dépenses ou les revenus. Ces indicateurs facilement observables pourraient être les caractéristiques des logements (source d'eau, l'accès à l'électricité, mur, toit et le plancher matériau, type d'assainissement, etc.), la composition démographique du ménage, les caractéristiques socio-économiques (emploi, éducation, âge et genre) du chef de famille, ainsi que la propriété des biens durable ou d’animaux. La relation entre les dépenses réelles par habitant (en log) et ces facteurs corrélés est supposée être linéaire et est estimée par la technique des moindres carrés ordinaires (MCO – Ordinary Least Square or « OLS »). A partir des coefficients estimés, il est facile de calculer les prévisions de dépenses par habitant sur lesquelles notre analyse pourrait s’effectuer. Techniquement, nous devrions estimer l'équation (1) sur les 5880 ménages de l'EDAM 3. représente les dépenses réelles par habitant pour le ménage i (en « log » ou échelle logarithmique), représentent les variables indépendantes j pour le ménage i, sont les coefficients à estimer pour les variables j, est la constante et est le terme d'erreur.

(1)

Estimée par la technique MCO, l'équation (1) générerait la constante et les coefficients et par conséquent , la mesure PMT estimée de bien-être. Cela pourrait être résumé par l'équation suivante:

(2)

Dans l'analyse, un ménage donné serait considéré comme pauvre si son niveau de bien-être est inférieur au seuil d’indigence prédéterminé, et mais serait considéré non-pauvre dans le cas contraire. Dans cette étude, nous considérons la limite supérieure de la première quintile comme seuil d’indigence (77 962 FDJ par habitant, prix de 2012). De plus amples détails sur l'approche PMT ainsi qu'une série de résultats sur son efficacité se retrouvent à l'annexe 2.

l’agrégat utilisé, basé uniquement sur l’EDAM-3, est fortement corrélé avec celui utilisé pour le profil de pauvreté produit par la DISED et il donc n’y a pas de conflit entre les agrégats utilisés dans l’étude PSIA et ce qui a été récemment validé par le gouvernement. 7 Dans ce rapport, nous essayons d'éviter les termes «seuil de pauvreté» et «taux de pauvreté» afin de différencier notre analyse du profil de la pauvreté produite par la DISED.

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QUELLE EST L’EFFICACITÉ DES FILETS DE PROTECTION SOCIALE EXISTANTS?

Qui sont les plus pauvres? 18. Cette section présente les caractéristiques de la population sédentaire par quintile afin de bien comprendre si les programmes ciblent efficacement les pauvres et ainsi informer les options possibles de réforme. Le tableau 1 montre que les données ont été divisées en cinq quintiles de dépenses, et que le premier quintile est défini comme «pauvre» dans l'analyse. La population rurale domine le quintile le plus pauvre (67,9 pourcent de la population rurale est classée comme «pauvres» selon cette définition) alors que seulement 2,2 pourcent des ménages ruraux se retrouvent dans le quintile le plus riche. Plus de la moitié des dépenses totales de l’ensemble ménages (50,4%) revient au quintile le plus riche. En comparaison, le quintile le plus pauvre consomme moins d'un vingtième (4,3%) du total même si il constitue 20 pourcent de la population. De même, les zones rurales représentent 16,1% de la population sédentaire, mais seulement 5,6% des dépenses totales et 54,8% des personnes les plus pauvres. Table 1: Démographie

Quintile de dépenses par habitant

Total Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Part de la population totale 100,0 20,0 20,0 20,0 20,0 20,0

Part de la population pauvre 100,0 100.0 0,0 0,0 0,0 0,0

Part de la population urbaine 100,0 10,8 20,2 22,4 23,2 23,4

Part de la population rurale 100,0 67,9 18,7 7,7 3,6 2,2

Part des dépenses totales 100,0 4,3 9,8 14,4 21,2 50,4

Lieu de résidence Région

Urbain Rural Djibouti Ali Sabieh Dikhil Tadjourah Obock Arta Part de la population totale

83,9 16,1

73,1 5,6 7,1 7,4 2,8 4,1

Part de la population pauvre

45,2 54,8

31,8 13,7 19,4 18,7 8,2 8,2

Part de la population urbaine

100,0 0,0

87,2 4,4 3,0 2,7 1,1 1,6

Part de la population rurale

0,0 100,0

0,0 11,9 28,3 31,7 11,2 16,9

Part de la consommation totale

94,4 5,6

86,5 2,9 3,2 3,9 1,2 2,3

19. Le niveau de bien-être n'est pas réparti uniformément entre les groupes: certaines couches de la population djiboutienne sont plus susceptibles d'être dans le quintile le plus pauvre que les autres (voir le tableau 1 de l'annexe 3). Les facteurs corrélés au niveau du bien-être sont:

• La localisation est un des facteurs les plus importants liés à la pauvreté. Il existe une tendance régionale assez claire: les populations les plus riches sont plus susceptibles de vivre dans les zones urbaines et les plus pauvres dans les zones rurales (voir la figure 1). Environ 90 pourcent des individus des trois quintiles les plus riches vivent dans les zones urbaines, par rapport à 40 pourcent dans le quintile le plus pauvre. Environ 73 pourcent de la population vit dans la partie urbaine de Djibouti ville, le reste étant réparti entre les cinq régions Ali Sabieh, Dikhil, Tadjourah, Obock et Arta (voir le tableau 1). Parmi les pauvres (premier quintile), seulement 32 pourcent vivent dans la partie urbaine de Djibouti ville.

• Dans l’ensemble, la pauvreté est associée à de faibles niveaux d’alphabétisation des chefs de ménage (12,7 pourcent dans le quintile le plus pauvre par rapport à 67,8 pourcent dans le

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quintile le plus riche) et aussi à des niveaux inférieurs d'éducation (dans le quintile le plus pauvre, 89,0 pourcent n'ont pas d'éducation du tout; 7,4 pourcent ont une éducation primaire et moins d'un pourcent ont une éducation de niveau lycée ou supérieure, voir la figure 2).

• Dans le cas des chefs de ménage, ne pas travailler ou travailler dans des emplois

subalternes est associé à un niveau de pauvreté plus important. Le niveau de participation dans le marché du travail des quintiles les plus pauvres est bas (32,9 pourcent occupent un emploi dans le quintile le plus pauvre comparé à 71,1 pourcent dans le quintile le plus riche), et occupent les emplois subalternes/peu attrayant (seulement 7,5 pourcent travaillent dans le secteur public dans le quintile le plus pauvre contre presque 40 pourcent dans le quintile le plus riche, voir la figure 3). Pour l’ensemble de la population âgée entre 15 et 65 ans, les taux d’emploi sont encore plus faible (15,9 dans le premier quintile contre 41,8 pour le quintile le plus riche). Les taux d’emploi sont particulièrement faibles en milieu rural (17,6 pourcent contre 30,0 en milieu urbain). A l'inverse, la proportion de personnes à la recherche d'un emploi (du moins ceux qui sont prêts à en prendre un si disponible) est négativement associée aux taux d’emploi

• Les ménages les plus pauvres ont tendance à être de taille plus grande, avec un plus grand nombre de membres jeunes. La taille moyenne du ménage parmi les trois quintiles les plus pauvres est de 6,1 personnes; il est de 5,6 dans le quatrième quintile et 4,5 dans le quintile le plus riche. L'âge moyen dans le quintile le plus pauvre est de 22,1 contre 27,5 dans le plus riche.

• Les populations vulnérables, tels que les ménages comprenant des handicapés, des personnes âgées et des orphelins, ou les ménages dirigés par des femmes ne sont pas associés à des risques plus élevés de vivre dans des ménages pauvres. Le tableau 2 montre la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, 70 ans et plus, les handicapés et les orphelins et les ménages dirigés par des femmes selon les différents quintiles. Il n'existe pas de lien apparent entre la vulnérabilité et la pauvreté.

Tableau 2: Pourcentage des populations vulnérables par quintile

Age 60+ Age 70+ Handicapé Orphelin Femme chef de famille

Quintile

Plus pauvre 4,6 1,8 0,0 0,5 24,9

Deuxième 3,7 1,4 0,1 0,9 20,1

Troisième 3,8 1,4 0,1 0,9 20,0

Quatrième 4,2 1,4 0,1 1,0 23,2

Plus riche 4,6 1,4 0,1 0,9 21,8 Notes: Tableau complet et sources disponibles dans l’annexe 5.

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15

Figure 1: Pourcentage de la population urbaine par quintile (en pourcentage)

39.7

78.189.8

95.1 97.4

0

20

40

60

80

100

120

Poorest Second Third Fourth Richest

Figure 2: Niveau d’éducation des chefs de ménage, par quintile (en pourcentage)

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

70.0

Plus pauvre Deuxieme Troisieme Quatrieme Plus riche

Post bac

Lycee

College

Primaire

Figure 3: Type d’emploi des chefs de ménage, par quintile (en pourcentage)

0.0

20.0

40.0

60.0

80.0

Plus pauvre Deuxieme Troisieme Quatrieme Plus riche

Tacheron

Indépendant

Salarié privé

Salarié public

Ménages dirigés par des femmes chefs de famille 20. Les ménages dirigés par des femmes ne sont pas susceptible à un risque de pauvreté plus élevé malgré des caractéristiques socio-économiques défavorables. La répartition des ménages dirigés par des femmes est plutôt uniforme à travers les différents niveaux de bien-être. Néanmoins, les ménages dirigés par des femmes sont désavantagés en termes de caractéristiques socio-économiques. La figure 4 montre que près de 90 pourcent des femmes chefs de ménages n'ont aucun niveau d’éducation, contrairement à 55 pourcent de leurs homologues masculins. Environ 30 pourcent des femmes chefs de famille travaillent, principalement en tant que journalières ou en tant que travailleuses indépendantes (Figure 5). Dans l'ensemble, cela démontre l’existence d’un vaste système de soutien pour ces ménages dirigés par des femmes. Fait inquiétant, il se trouve que dans le quintile le plus pauvre, environ 40 pourcent des ménages dirigés par des femmes ou des hommes sont à la recherche de travail.

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Figure 4: Niveau d’éducation par genre (en pourcentage)

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

Homme Femme

Post bac

Lycee

College

Primaire

Figure 5: Type d’emploi par genre du chef de famille (en pourcentage)

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

70.0

80.0

Homme Femme

Tacheron

Indépendant

Salarié privé

Salarié public

Figure 6: Proportion de chef de famille travaillant ou cherchant de l’emploi, ménages dirigés par une femme chef de famille (gauche) ou par un homme chef de famille (droite) (en pourcentage)

7.211.2 12.9 16.0

26.0

34.534.3

36.234.7

29.2

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

Cherche du travail Travaille

25.035.6 40.3 44.8

58.5

37.728.5

28.8 21.3

15.2

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

70.0

80.0

Cherche du travail Travaille Capital humain et pauvreté

21. L’éducation contribue à la résilience de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, mais les enfants les plus pauvres sont moins susceptibles d'être inscrits à l'école. La fréquentation scolaire pour tous les groupes d'âge (6 à 13, 14 à 18, et 19 à 25) augmente selon quintile du niveau de bien-être (Figure 7). Parmi les quintiles les plus riches, environ 80 pourcent des 6 à 18 ans sont scolarisés, contre moins de 60 pourcent parmi les plus pauvres de 6 à 13 ans et environ 45

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pourcent chez les plus pauvres âgées de 14 à 18 ans. La fréquentation scolaire est également associée à la localisation: plus de 75 pourcent des 14 à 18 ans sont inscrits dans les zones urbaines, comparativement à seulement 28 pourcent dans les zones rurales (tableau 1 de l'annexe 3). L'écart entre les genres en matière de scolarisation augmente avec l'âge (figure 8). Il existe un écart très faible pour le groupe d'âge 6-13, mais qui augmente pour les enfants plus âgés. Cependant, l'écart entre les genres est beaucoup plus faible que dans de nombreux pays africains, en particulier dans les pays musulmans. L'analphabétisme est très répandu - environ la moitié de la population est analphabète - mais il est aussi à étroitement lié à l’assistance sociale: seulement une personne sur trois dans le quintile le plus pauvre sait lire et écrire, contre 70 pourcent dans le quintile le plus riche (voir tableau 1 de l’annexe 3).

Figure 7: Fréquentation scolaire par groupe d’âge et par quintile

56.0

74.381.6 83.1 85.2

0.0

20.0

40.0

60.0

80.0

100.0

Plus pauvre Deuxieme Troisieme Quatrieme Plus riche

6-13 ans

14-18 ans

19-25 ans

Figure 8: Fréquentation scolaire par groupe d’âge et par genre

76.5 74.8

33.9

72.665.3

24.5

0.0

20.0

40.0

60.0

80.0

100.0

6-13 ans 14-18 ans 19-25 ans

Capacité à réagir aux chocs, y compris faire des économies et des stratégies pour faire face aux chocs 22. Les ménages pauvres et ruraux sont particulièrement vulnérables aux chocs, en particulier à la hausse des prix des produits alimentaires. Au cours des 12 derniers mois, les ménages du quintile inférieur ont été touchés par une moyenne de 1,55 choc et les ménages dans le quintile le plus élevé ont été touchés par une moyenne de 0,67 chocs (voir le tableau 3). Les ménages ruraux sont confrontés à deux fois plus de chocs que les ménages urbains (1,79 contre 0,70), les ménages à Obock ont déclaré plus de trois chocs en moyenne. Parmi les ménages qui ont fait face à un choc, 40 pourcent ont été affectés par des prix élevés des produits alimentaires, tandis que 8 pourcent ont cité la perte de bétail liées à la sécheresse et 7 pourcent ont mentionné le prix de carburant et les prix de transport (voir l'annexe 6). Encore une fois, ces chiffres diffèrent à travers les quintiles de niveau de bien-être. Par exemple, pour 56 pourcent des ménages du premier quintile le choc auquel ils doivent faire face est le prix élevé des denrées alimentaires, compare aux 31 pourcent dans le quintile le plus riche. La perte de bétail affecte principalement les ménages pauvres dans les zones rurales, avec 29 pourcent citant la perte de bétail due à la sécheresse et 14 pourcent citant la

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perte de bétail non liée à la sécheresse, par rapport à moins de 2 pourcent dans le quintile le plus riche. Le coût élevé du carburant / transport est cité par huit pourcent de la population dans tous les quintiles. Tableau 3: Chocs auxquels ont été confrontés les ménages et leur capacité à y faire face (pourcentage des ménages) Nombre moyen

de chocs Chocs entrainant

la baisse de revenus/perte de

biens

Chocs diminuant la capacité à avoir suffisamment de

nourriture

Ne peut rien faire pour compenser

l’impact des chocs

Capacité de récupérer des chocs

Plus pauvre 1,55 80,8 83,6 59,1 26,5 Deuxième 0,88 81,2 84,4 52,3 27,8 Troisième 0,71 71,1 80,1 43,5 34,2 Quatrième 0,71 70,6 77,6 39,1 38,1 Plus riche 0,67 63,7 64,9 36,6 51,6 Djibouti 0,66 73,8 80,0 39,2 36,3 Ali Sabieh 0,65 86,4 85,8 66,3 57,9 Dikhil 1,60 54,9 59,7 57,5 25,3 Tadjourah 1,73 85,8 86,1 68,6 29,4 Obock 3,30 77,3 80,3 40,3 21,9 Arta 0,70 77,2 79,3 54,7 34,9 Urbain 0,70 73,1 78,3 42,2 38,1 Rural 1,79 77,5 80,5 60,3 25,5 Homme 0,88 72,9 77,8 48,5 35,0 Femme 0,98 79,4 82,6 44,0 32,6 Ensemble 0,91 74,4 78,9 47,5 34,4 Note: à l’exception de la colonne 1, les moyennes proviennent de tous les ménages qui ont eu à faire face à au moins un choc au cours des 12 derniers mois. 23. Les chocs affectent la capacité des ménages, pauvres et non pauvres, à avoir accès à suffisamment de nourriture. Après un choc, environ 81 pourcent des ménages dans le quintile le plus pauvre et 64 pourcent des ménages dans le quintile le plus riche connaissent une baisse de revenus ou une perte de marchandises, y compris de bétails (tableau 3). Parmi les ménages touchés par des chocs, 83 pourcent des ménages les plus pauvres et 65 pourcent des ménages les plus riches déclarent ne pas avoir assez de nourriture. Il n'y a pas de différence majeure entre les ménages ruraux et urbains (80 et 78 pourcent respectivement), tandis que le pourcentage de ménages dirigés par des femmes (83 pourcent), sans suffisante de nourriture suite à un choc est légèrement plus élevé que chez les ménages dirigés par des hommes (78 pour cent). 24. La faiblesse de résistance est associée à la pauvreté et aux zones rurales. Les ménages dans les quintiles inférieurs et les zones rurales ont moins de capacité à se remettre des chocs. Parmi les ménages les plus pauvres, 59 pourcent ne parviennent pas à atténuer l'effet du choc, alors que seulement 36 pourcent des ménages plus riches se sont trouvés dans cette situation. De même, la vulnérabilité est plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain (60 et 42 pourcent respectivement). A l'inverse, les ménages les plus résistants ont tendance à être ceux plus riches et urbains. Plus de la moitié des ménages du cinquième quintile pourrait récupérer les pertes causées par un choc, alors que seulement 26 pourcent des ménages les plus pauvres ont été capables de récupérer. De même, les ménages urbains (38 pourcent) déclarent être plus résistants que les zones rurales (25 pour cent). 25. Il ne semble pas y avoir de tendance claire sur la résilience des ménages qu’ils soient dirigés par des femmes ou des hommes. En moyenne, les ménages dirigés par des femmes sont un peu plus vulnérables aux chocs (0,98 chocs en moyenne) que les ménages dirigés par des hommes (0.88 chocs en moyenne), notamment lors du décès d'un membre de la famille ou de la perte de bétail.

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19

L’une des conséquences des chocs est qu’une plus grande proportion de ménages dirigés par des femmes (83 pourcent) par rapport aux ménages dirigés par des hommes (78 pour cent) déclare ne pas avoir assez de nourriture. Les ménages dirigés par les hommes sont moins en mesure de compenser pour les chocs que les ménages dirigés par des femmes: 48 pourcent des ménages dirigés par des hommes comparé à 44 pourcent des ménages dirigés par des femmes indiquent ne pouvoir rien entreprendre pour compenser l'effet d'un choc. Par exemple, les ménages dirigés par des femmes déclarent être plus susceptibles de compenser pour la perte d'un membre de la famille que les ménages dirigés par des hommes (différence de treize points de pourcentage). Inversement, les ménages dirigés par des hommes semblent un peu mieux en mesure de récupérer d'un choc que les ménages dirigés par des femmes, en particulier après la perte d'un membre de la famille. Encore une fois, cela montre l'existence d'un «filet de protection sociale basée sur la famille" pour les ménages dirigés par des femmes. Efficacité des filets de protection sociale

26. Les filets de protection sociale publique se composent généralement de programmes financés par l'État, qui fournissent des revenus ou des bénéfices en nature et donnent accès aux services sociaux de base aux membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. En outre, il existe d'autres types de transferts, tels que l'assurance sociale contributive comme les pensions, les programmes du marché du travail, les subventions sur les produits alimentaires et pétroliers, ainsi que les transferts privés entre les ménages (envois de fonds). Pour évaluer l'efficacité de ces transferts dans la protection des plus pauvres et des plus vulnérables contre les chocs, un certain nombre d'indicateurs sont présentés, comme la couverture, la précision du ciblage et la générosité. 27. Exonérations fiscales non ciblés (subventions implicites) atteignent une plus grande partie de la population que les programmes ciblés. Le tableau 4 montre le pourcentage de la population (par milieu, région et quintile de dépenses) recevant sept types de transferts: Pensions (privée ou publique), compensations pour les dépenses sur la santé, les rations alimentaires, les transferts de fonds du gouvernement ou des ONG, les subventions publiques de produits alimentaires et pétroliers et les transferts privés reçus de la famille et des amis. Les exonérations fiscales sur les produits alimentaires de base atteignent la majorité des pauvres (77,3 pourcent au premier quintile) mais la quasi-totalité des individus des autres quintiles. Les exonérations fiscales sur certains produits pétroliers, d'autre part, bénéficient qu’à 17 pourcent du quintile le plus pauvre, mais à plus de 82 pourcent des plus riches. Environ un quart de la population dans le quintile le plus pauvre bénéficient de rations alimentaires, ce qui en fait un programme ayant un ciblage relativement efficace, en partie parce que ce programme cible principalement les zones rurales. Les compensations pour les dépenses de santé bénéficient de façon disproportionnée aux quintiles les plus riches. Très peu de ménages, moins de 10 pourcent, bénéficient de régimes de pension. Et finalement, 21 pourcent des ménages Djiboutiens reçoivent des transferts privés (internationaux ou nationaux) et ces transferts bénéficient principalement aux ménages les plus pauvres.

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Table 4: Couverture des programmes de transferts

PensionPrise en charge -

santé

Aide alimentaire

Aide gouv.et ONG

Exonération - aliment

Exonération - carburant

Transfert privé

Ensemble des

transferts

Total 8,5 4,3 8,1 2,1 94,7 58,2 21,0 97,4

Milieu de résidence

Urbain 8,9 4,8 1,7 1,0 97,6 67,3 18,9 98,4

Rural 6,4 1,6 41,2 7,5 79,8 10,9 32,5 92,5

Région

Djibouti 7,9 4,8 1,2 0,9 97,4 74,1 18,5 98,3

Ali Sabieh 22,4 3,7 22,5 3,8 96,1 7,0 31,8 98,5

Dikhil 5,1 1,9 28,3 4,3 93,9 8,9 25,1 97,1

Tadjourah 11,8 2,0 24,5 5,6 75,6 11,7 37,6 91,7

Obock 6,1 3,3 36,1 12,3 89,2 3,6 24,4 98,4

Arta 1,3 3,8 28,7 3,1 83,9 50,4 13,5 90,9

Quintile de

dépenses par

habitant

Q1 5,3 1,3 27,0 5,8 77,3 17,1 29,7 94,2

Q2 8,6 3,5 8,6 1,3 98,1 48,2 23,6 96,9

Q3 10,5 4,2 2,5 1,5 99,7 66,9 20,2 98,1

Q4 8,5 5,5 1,3 0,9 99,3 76,2 18,3 98,8

Q5 9,6 6,9 1,1 0,8 99,2 82,5 13,5 99,1

28. L’analyse de l’efficacité des programmes en termes d’incidence des bénéfices (benefit

incidence) montre que les exonérations fiscales non ciblées ont des fuites élevées de prestations et sont régressives par rapport à certains transferts ciblés qui apparaissent généralement plus progressifs. Le tableau 5 montres la répartition des bénéfices par milieu de résidence et par quintile de dépenses pour les mêmes sept types de transferts mentionnés précédemment. Les bénéficiaires des programmes de filets de protection sociale devraient être les pauvres, de sorte que la performance de ces programmes peut être évaluée en estimant les fuites du programme. Une façon de mesurer ces fuites est de déterminer la part totale des transferts reçus par les bénéficiaires non-pauvres. Dans le cadre d’un programme progressif et correctement ciblé, les pauvres (quintile inférieur) reçoivent la plus grande part des transferts, et cette part diminue à mesure que le niveau de bien-être augmente8. À Djibouti, les rations alimentaires et les transferts monétaires correspondent généralement à cette description étant donné que la population rurale et les pauvres reçoivent la plupart des transferts. Plus de la moitié des transferts des rations alimentaires sont reçus par les pauvres (quintile inférieur), près de 80 pourcent sont dans les deux quintiles inférieurs et vivent dans les zones rurales (84,2 pourcent des bénéfices reçus), ce qui est consistant avec le fait que ce genre de transferts sont ciblés aux populations vivant dans les zones rurales. A contrario, les bénéfices des exonérations fiscales sur les produits alimentaires et pétroliers/carburant favorisent principalement la population urbaine et les non-pauvres, rendant ces programmes régressifs. En effet, la majorité des ressources des subventions alimentaires et pétroliers/carburant sont perçues par la population vivant dans les zones urbaines, 85 pourcent et 97 pourcent respectivement, et proviennent des deux quintiles les plus riches, 57 pourcent et 89 pourcent respectivement. Cependant, seulement 15 pourcent et moins de 3 pourcent des ressources des subventions alimentaires et pétroliers/carburant vont aux bénéficiaires vivant dans les zones rurales et seulement 10 pourcent et moins d’un pourcent respectivement, sont perçus par ceux du quintile le plus pauvre. Les pensions et les indemnités pour les transferts de dépenses sur la santé sont perçues principalement par la population vivant dans les zones urbaines et les bénéficiaires non-pauvres.

8 Banque mondiale (2012). Inclusion et Résilience: Perspectives pour l’assistance sociale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La Banque mondiale: Washington DC

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21

Table 5: Distribution des Bénéfices (Précision de ciblage)

Milieu de résidence Quintile de dépenses par habitant

Total Urbain Rural Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Pension 100,0 85,6 14,4 4,5 10,9 17,5 19,3 47,9

Prise en charge - santé 100,0 88,0 12,0 3,5 11,1 17,2 23,4 44,9

Aide alimentaire 100,0 15,8 84,2 56,2 21,2 10,7 4,3 7,5

Aide gouv. et ONG 100,0 44,7 55,3 45,1 16,9 13,6 11,7 12,7

Exonération - alimentaire 100,0 84,9 15,1 9,5 15,4 17,8 22,0 35,3

Exonération - carburant 100,0 97,2 2,8 0,6 3,4 7,5 13,5 75,0

Transfert privé 100,0 75,6 24,4 20,8 15,4 20,7 15,0 28,1

Notes: L'incidence des bénéfices est le montant du transfert reçu par le groupe comme un pourcentage du total des transferts reçus par la population Plus précisément, l'incidence des bénéfices est: (Somme de tous les transferts reçus par toutes les personnes dans le groupe) / (somme de tous les transferts reçus par tous les individus de la population). Les montants des transferts agrégés sont estimés en utilisant les facteurs d’expansion calibrés pour les ménages. 29. La majorité des pauvres ne sont pas couverts par les programmes de filets de protection sociale à Djibouti, conduisant à une vaste exclusion (manque de couverture ou une partie des pauvres ne bénéficiant pas des programmes) ainsi que des erreurs d'inclusion (fuite ou une partie des bénéficiaires ne sont pas-pauvres) et une faible précision de ciblage (tableau 6). "Le différentiel de ciblage" (dernière colonne du tableau 6) mesure la différence entre le taux de couverture des pauvres et les fuites de bénéficiaires (taux de participation des non-pauvres), par conséquent un nombre négatif signifierait qu'il y a plus de non-pauvres que de pauvres bénéficiaires ciblés par le programme. La couverture des pauvres concernant la pension (5,3 pourcent), la compensation pour les dépenses sur la santé (1,3 pourcent), les transferts de fonds du gouvernement ou des ONG (5,8 pourcent) et les subventions aux produits pétroliers/carburants (17,1 pourcent) sont très faibles, et donc manque de couverture, et les fuites (à la fois en termes de bénéficiaires et des niveaux de bénéfices) et les différentiels de ciblage sont très élevés. D'autre part, la couverture des pauvres pour les transferts liés à la nourriture (rations alimentaires et subventions aux produits alimentaires) sont relativement plus élevés. Tableau 6 : Manque de couverture et fuites

Total des pauvres

Couverture des pauvres

(1)

Sous-couverture

(2)

Fuites (% des bénéficiaires)

(3)

Fuites (bénéfices)

(4)

Différentiel de ciblage (5)

= (1) - (3)

Bénéficiaires directs et indirects

Pension 5,3 94,7 87,5 95,5 -82,1

Prise en charge - santé 1,3 98,7 93,8 96,5 -92,4

Aide alimentaire 27.0 73,1 33,4 43,8 -6,5

Aide gouv. et ONG 5,8 94,2 44,0 54,9 -38,3

Exonération - aliment 77,3 22,6 83,7 90,4 -6,3

Exonération - carburant 17,1 82,8 94,1 99,4 -76,9

Transfert privé 29,7 70,2 71,7 79,2 -42,0

Notes: Le manque de couverture est le pourcentage de pauvres qui ne reçoivent pas de transferts. Les fuites sont le pourcentage d’individus que reçoivent des transferts mais qui ne sont pas pauvres. Echantillon de ménages. Le manque de couverture et les fuites sont calculés à travers cet exemple, prenant comme facteur d’expansion le facteur d’expansion du ménage multiplié par la taille du ménage. Le différentiel de ciblage est la différence entre le taux de couverture et le taux de participation des non-pauvres.

30. La générosité des programmes de filets de protection sociale à Djibouti est généralement très faible. Les tableaux 7 et 8 illustrent la générosité des transferts (taille ou la valeur des transferts) reçus par un groupe donné par rapport au bien-être de tous les ménages de ce groupe

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(incidence relative) ou par rapport au bien-être total des bénéficiaires de ce groupe (générosité). Plus bas est la générosité, moins est l’importante de la valeur du transfert sur le bien-être des bénéficiaires, d'autre part, plus grande est la générosité, plus grande est l’importance qu'il représente comme une source de bien-être pour les bénéficiaires. La générosité et la taille des transferts sont donc d’importantes caractéristiques de conception des programmes de filets de protection sociale, étant donné qu’elles auront un impact sur la pauvreté et les autres objectifs visés par les programmes. En effet, une faible générosité limiterait l'impact du programme sur la pauvreté. Seuls deux programmes (pension et les transferts privés de la famille et amis), sur les sept types de programmes disponibles dans les données, semblent avoir un impact (tout de même mineur) sur le niveau de consommation de la population en générale. Par contre, en se concentrant sur le quintile le plus pauvre, l’aide alimentaire a aussi un effet significatif même si les transferts privés est de loin le programme de le plus efficace. En effet, l'impact des transferts de fonds du gouvernement ou des ONG et des exonérations alimentaires sur le bien-être du quintile le plus pauvre est très modeste, et l’impact des exonérations fiscales sur les pétroliers/carburant est négligeable.

Tableau 7 : Incidence relative Tous les ménages

Milieu de résidence Quintile de dépenses par habitant

Total Urbain Rural Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Pension 2,4 2,1 5,8 3,4 3,6 3,9 2,9 3,1

Prise en charge - santé 0,1 0,1 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2

Aide alimentaire 0,2 0,0 3,5 4,4 0,7 0,3 0,1 0,1

Aide gouv. et ONG 0,1 0,0 0,6 1,0 0,2 0,1 0,1 0,0

Exonération - aliment 0,4 0,3 0,9 1,1 0,8 0,6 0,5 0,3

Exonération - carburant 0,3 0,3 0,2 0,1 0,2 0,2 0,3 0,6 Transfert privé 2,7 2,2 11,3 18,1 5,9 5,3 2,6 2,1

Notes: L’incidence relative désigne le montant du transfert reçu par un groupe comme un pourcentage du bien-être total du groupe. L’incidence relative est calculée prenant comme facteur d’expansion le facteur d’expansion du ménage multiplié par la taille du ménage. L’incidence est exprimée en monnaie locale. Tableau 8 : Générosité

Bénéficiaires Directs et indirects

Milieu de résidence Quintile de dépenses par habitant

Total Urbain Rural Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Pension 26,5 23,9 78,2 53,7 40,5 37,6 35,0 31,9

Prise en charge - santé 2,7 2,5 9,3 12,4 5,9 5,5 3,8 2,9

Aide alimentaire 8,7 4,3 10,7 20,0 8,6 10,1 5,5 5,7 Aide gouv. et ONG 6,4 4,7 8,8 19,7 12,5 5,7 5,6 3,6

Exonération - aliment 0,4 0,3 1,0 1,2 0,8 0,6 0,5 0,3

Exonération - carburant 0,4 0,4 0,8 0,3 0,3 0,3 0,4 0,8

Transfert privé 17,1 14,7 33,9 61,6 25,3 26,5 14,2 19,2 Notes: La générosité est la valeur moyenne du montant du transfert de la part reçue par les bénéficiaires d’un groupe comme part du total cumulé de bien-être des bénéficiaires de ce groupe. La générosité est calculée en prenant comme facteur d’expansion le facteur d’expansion du ménage multiplié par la taille du ménage. La générosité est exprimée en monnaie locale.

31. Les filets de protection sociale à Djibouti semblent avoir un impact limité sur la pauvreté et les inégalités, ce qui pourrait s'expliquer par la combinaison de la faible précision de ciblage et de la générosité. Le tableau 9 montre l'impact des différents transferts sur la pauvreté en utilisant les taux d’indigence (Headcount index, FGT0) et les mesures de l'indice d'écart d’indigence (poverty gap index, FGT1), ainsi que sur les inégalités en utilisant le coefficient de Gini. Le taux d’indigence est la part de la population qui est considérée comme étant pauvre, l'indice d'écart d’indigence (exprimé en pourcentage du seuil d’indigence) explique par combien, en moyenne, les

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personnes tombent en-dessous du seuil d’indigence, et le coefficient Gini mesure la répartition des revenus et varie de 0 (égalité parfaite) à 1 (inégalité parfaite). Par exemple, sans le programme de ration alimentaire, le taux d’indigence augmenterait de 0,4 points de pourcentage, l'écart d’indigence augmenterait de 0,58 point de pourcentage et le coefficient de Gini passerait de 46,5 à 46,7. Les deux programmes ayant le plus d'impact sur la pauvreté sont les pensions et les transferts privés, étant donné que le taux d’indigence augmenterait de 1,5 et 2,1 point de pourcentage, respectivement, en l'absence de ce programme.

Tableau 9: Impacts des programmes sur les mesures d’atténuation de la pauvreté – simulation de l’absence de programme

FGT0 (%)

Différence FGT1 (%)

Différence Gini

Différence

Points de

pourcentage

Points de

pourcentage Changement

Indicateur 20,00 7,48 46,5

Indicateur sans transferts listés

Pension 21,50% 1,50 9,71% 1,13 47,2 0,7

Prise en charge - santé 20,08% 0,08 8,61% 0,02 46,5 0,0

Aide alimentaire 20,44% 0,44 9,16% 0,58 46,7 0,3

Aide gouv. et ONG 20,09% 0,09 8,71% 0,13 46,6 0,1

Exonération - aliment 20,14% 0,14 8,71% 0,13 46,6 0,1

Exonération - carburant 20,00% 0,00 8,59% 0,01 46,4 -0,1

Transfert privé 22,10% 2,10 10,41% 1,83 47,5 1,0

32. À Djibouti, le programme ayant le rapport coût-bénéfice le plus élevé est celui des rations alimentaires, suivi par les transferts de fonds du gouvernement ou des ONG (transferts ciblés) ; en revanche, celui qui a le plus faible rapport coût-bénéfice est le programme d’exonérations fiscales sur les produits pétroliers suivi de près par la compensation des dépenses sur la santé (transferts non ciblés). En utilisant le seuil d’indigence défini par la limite supérieur du premier quintile, le tableau 10 et la figure 9 illustrent le rapport coût-bénéfice des sept types de transferts à Djibouti. Ce ratio mesure la réduction de l’écart d’indigence en monnaie locale (Franc de Djibouti - DJF) pour chaque unité dépensée dans le programme donné. Par exemple, pour les transferts de rations alimentaires, le programme ayant le ratio le plus élevé, chaque 1 DJF dépensé dans le programme conduirait à une réduction de 0,64 DJF dans l'écart de pauvreté. Toutefois, pour l'exonération de la taxe sur les produits pétroliers, le transfert ayant le ratio le plus faible, chaque 1 DJF dépensé dans le programme mènerait à seulement 0,01 DJF de réduction dans l'écart de pauvreté. Tableau 10: Rapports coûts-bénéfices

Seuil d’indigence supérieur

Écart d’indigence simulé sans

transfert

Écart réel d’indigence

Différence (dPG)

Montant total dépensé dans le programme (X)

coûts-bénéfice (dPG0/X)

Pension 4 067 3 593 474 3 605 0,13

Prise en charge - santé 3 604 3 593 10 213 0,05

Aide alimentaire 3 835 3 593 241 377 0,64

Aide gouv. et ONG 3 648 3 593 54 104 0,52

Exonération - aliment 3 646 3 593 53 544 0,10

Exonération - carburant 3 596 3 593 3 484 0,01

Transfert privé 4 359 3 593 765 4 162 0,18

Notes: Le coûts-bénéfice est la réduction de l’écart d’indigence en FDJ pour chaque unité (1 FDJ) dépensé dans le programme social Montants en million de FDJ.

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Figure 9: Rapports coûts-bénéfices

Exonération - Carburant

Prise en charge - Santé

Exonération - aliment

Pension

Transfert privé

Aide Gouv et ONG

Aide Alimentaire

Pauvres

33. Conformément à la faible précision de ciblage et à la faible générosité, les programmes de filets de protection sociale à Djibouti sont généralement de petites tailles et insuffisantes pour réduire l'écart d’indigence. Le tableau 11 ci-dessous montre le rapport de générosité, le rapport entre les transferts moyens et l'écart d’indigence, et la taille du programme pour chacun des sept programmes de transfert à Djibouti. Le ratio est supérieur à un pour le programme de pension, ce qui signifie que les transferts moyens sont plus élevés que l’écart d’indigence et est également une forte indication que les bénéficiaires dépendent de ce transfert comme une source de revenus, ce qui est habituellement prévu par les programmes d'assurance sociale. D'autre part, la générosité des subventions (à la fois pétroliers et alimentaires) est très faible pour combler le fossé de la pauvreté, d'où un ratio inférieur à 0,1.

Tableau 11 : Décomposition de l'impact des différents programmes Générosité

Ciblage Moyenne de

transferts Écart de Pauvreté

Ratios

Pension 0,60 78 988 35 239 2,2

Prise en charge - santé 0,06 9 294 33 425 0,3

Aide alimentaire 0,76 8 685 34 943 0,2

Aide gouv. et ONG 0,63 9 342 33 815 0,3

Exonération - aliment 0,10 1 069 33 717 0,0

Exonération - carburant 0,01 1 551 33 490 0,0

Transfert privé 0,68 36 839 36 734 1,0

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QUELLE EST L’ÉFFICACITE DES EXONÉRATIONS FISCALES COMME FILETS DE PROTECTION SOCIALE NON CIBLÉS?

L'importation et la consommation de produits pétroliers à Djibouti

34. Djibouti dépend entièrement des importations pour son approvisionnement en produits pétroliers, qui transitent tous par le port de Djibouti. Une grande partie de ces importations est réexportée, et d’importants volumes sont en transit en Ethiopie. En outre, une grande partie des importations nettes sont destinées aux armées étrangères ayant des bases à Djibouti, aux compagnies aériennes internationales, et au transport maritime. Bien qu'il n'y ait pas de chiffre officiel pour les importations et la consommation de produits pétroliers, une étude récente du gouvernement de Djibouti a enquêté auprès des parties impliquées dans l'importation et la vente de produits pétroliers et a produit une réconciliation pour 2012. Les données obtenues sont présentées dans le tableau 12 et démontrent que la consommation domestique est dominée par le diesel. Tableau 12 : Importations et Consommation de produits pétroliers par Djibouti en 2012 (en millions de litres)

Importation Totale 530 Ré-exportation 283 Consommation par les armées étrangères, les compagnies aériennes, et le transport maritime

163

Consommation domestique: 84 Gasoil (diesel) 61 Essence (super) 6 Kérosène (pétrole lampant) 11 Fuel oil 6

Source : Cap Gemini Consulting; Janvier 2014. 35. La même étude a également fait une prévision de la consommation intérieure jusqu'en 2017 dans laquelle il était projeté que la consommation de gasoil/diesel allait atteindre 91 millions de litres, celle de kérosène/pétrole lampant, 17 millions de litres, celle d’essence/super, 9 millions de litres, et celle de mazout, 8 millions de litres. Ces chiffres indiquent qu’un changement dans la taxation sur le diesel aurait des retombées particulièrement importantes en termes de recettes publiques. La consommation intérieure de produits pétroliers est divisée entre les ménages et les entreprises qui paient tous des impôts et des taxes, à part un certain nombre qui bénéficie l’exonération fiscale. Il s'agit notamment de certaines entreprises, des ambassades et de la Garde républicaine.

Produits pétroliers: prix, coûts et taxes

Contexte

36. En 2012, les prix des carburants de transport à Djibouti peuvent être comparés à ceux d'autres pays non producteurs de pétrole dans la région. A l'exception de l'Érythrée, les prix à Djibouti, en particulier ceux d’essence/super, étaient plus élevés que dans les pays voisins (tableau 13). Ceci est largement dû à la très petite taille du marché intérieur, ce qui entraîne une perte des économies d'échelle. Les prix du diesel sont plus proches de ceux des pays voisins, ce qui est en partie tax offset discrétionnaires qui ont été utilisés pour le diesel.

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Tableau 13 : Les prix des carburants de transport en 2012 ($ / litre)

Super Gasoil Djibouti 1,8 1,2 Ethiopie 1,1 0,9 Kenya 1,4 1,3 Érythrée 2,5 1,7 Liban 1,1 0,9 Tanzanie 1,3 1,3 Source: GTZ: https://www.energypedia.info/index.php/International_Fuel_Prices 37. Les prix de vente au détail des produits pétroliers à Djibouti sont réglementés par le Ministère l’Economie et des Finances, selon une formule qui comprend des éléments prédéterminés et des éléments discrétionnaires (frais et taxes). La structure complète du prix et du coût est examinée tous les mois. Les coûts comprennent d’une part, la composante d'importation, et d’autre part, plusieurs autres facteurs domestiques. Les montants admissibles pour les coûts domestiques sont modifiés de temps en temps, tandis que les taux d'imposition sont fixes sauf pour la partie discrétionnaire (Ajustement en Faveur de l'Etat), qui est utilisée pour harmoniser les fluctuations des prix du détail qui, autrement, allaient être induites par les fluctuations des coûts de l’importation. Cette composante peut être soit positive (taxes supplémentaires) ou négative (taxe offset). 38. La détermination exacte du prix de vente au détail harmonisé n'est pas faite selon une formule mais dépend des jugements du gouvernement. En principe, une telle approche d’harmonisation des fluctuations des coûts d'importation pourrait générer dans des délais pas très longs, soit un bénéfice net supplémentaire ou occasionner des coûts au gouvernement, mais il y a eu de longues périodes au cours desquelles la composante discrétionnaire a été négative (en raison du faible prix de vente final fixé par le gouvernement), résultant en des recettes fiscales constamment en dessous de ce qu’elles auraient produites si la structure d'impôt non-discrétionnaire avait été appliquée. Le gouvernement envisage désormais d’abandonner l’élément discrétionnaire dans la fiscalité, de façon à ce que les prix de revente puissent, de manière prévisible, être liés aux coûts admissibles et au coût d'importation des produits. Ce qui signifie que la totalité des recettes fiscales selon la formule, proviendrait de ces ventes au détail. 39. À l'heure actuelle le kérosène est acheminé par deux voies. De même que pour la commercialisation de kérosène, le gouvernement a récemment conclu un accord avec la SDVK pour la distribution du kérosène à l'échelle nationale (même si à l'heure actuelle, il ne dessert que Djibouti-ville et sa banlieue). Le gouvernement permet à la SDVK d'inclure une taxe dans le prix, afin de construire son réseau, et l’exonère du prix de la taxe intérieure de consommation (TIC) et également de la TVA. Le prix comprend un élément fiscal discrétionnaire établi de sorte que le prix de vente de cette offre de kérosène est le même que le prix général de la vente au détail du kérosène.

La détermination du prix au détail

40. Les différents éléments qui entrent dans la formulation des prix sont déterminés par le gouvernement en accord avec les compagnies pétrolières 9:

• Le prix de livraison au port de Djibouti. Les prix FOB (free on board/au port d’embarquement) sur les marchés internationaux sont perçus mensuellement, comme les moyennes quotidiennes des prix FOB pour le mois précédent, tels que cité dans Rapport Platt Oilgram sur les prix. La marge de l'exportateur, le coût du transport et de l'assurance, et les frais de port sont ajoutés. La marge commerciale est mise à jour tous les six mois sur base de données de facturation sur les prix FOB réels payés par les compagnies pétrolières dans les six mois précédents.

9 Voir: Djibouti : Réforme des subventions du prix du pétrole. M. De Broek, A Kangur, et Kpodar. FMI mai 2012.

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• Les droits et taxes incluent la taxe intérieure sur la consommation (TIC) et la TVA à des taux fixés par des textes de lois - actuellement de 26 et 7 pourcent respectivement. Les surtaxes sont fixées par la loi, et les redevances sont déterminées chaque année dans le budget.

• Le transport, l'exploitation, les coûts de stockage, et les marges commerciales des distributeurs et des exploitants de stations-service sont fixés par le gouvernement. Ceux-ci peuvent être modifiés après discussion avec les parties concernées.

• Il y a aussi la composante d’ajustement fiscal en faveur de l’Etat qui est utilisée pour harmoniser les prix de revente face aux coûts FOB volatiles, et aussi pour réduire la pression inflationniste sur les ménages à faible revenu au moment des hausses des prix internationaux. Cette composante varie de mois en mois et est calculée de manière à produire un prix de revente désiré qui intègre les autres coûts grâce à la formule.

41. La composition du prix de revente de l'essence est illustrée par le cas de l’essence (super) pour décembre 2013 (11 décembre 2013 au 10 janvier 2014) en francs djiboutiens (FD) par litre. PF (FOB de référence) = 137,57

MF (Fret maritime) = 3,24

EM (Marge commercial de l’exportateur) = 4,36

PC (Prix CIF Djibouti) = PF+MF+EM = 145,18

SE (Surcoût de stockage) = 2,6

FP (Redevances portuaires) = 0,68

PP (Prix quai Djibouti) = PC+SE+FP = 148,46

TC (Taxe intérieur à la consommation) = 0.26 * PP = 38,6

TE (droits d'accise) = 49,5

TR (redevance) = 32,13

TD (Ajustement en faveur de l’Etat) = 5,839

DD (Passage en dépôt et distribution) = 11,65

PV (Prix de vente hors TVA aux stations) = PP+TC+TE+TR+TD+DD = 286,18

TV (VAT) = 0.07* PV [TVA facturée (collectée)] = 20,033

CT (Coût Transport terminal) = 1,76

PS (price received at service station) = PV+TV+CT [Vente TTC aux stations services] = 307,98

RM (retail margin) [Revente (stations-services)] = 7,02

PR (Prix au détail) = PS+RM = 315,00

42. Les tarifs réglementés pour les produits pétroliers vendus à des groupes spéciaux permettent également diverses exonérations sur les taxes, et il est prévu que ces exemptions continuent, de sorte que les recettes fiscales provenant de ces groupes sont inférieures aux recettes provenant du seul marché du détail. Dans ces groupes se trouve les militaires français (50% d'exonération de taxe sur la consommation intérieure et 50% d’exonération de droits d'accises) ; les entreprises exonérées (pas de taxe sur la consommation intérieure, et pas de taxe d'accise) ; les ambassades et les forces de sécurité intérieure (pas de taxe intérieure sur la consommation, pas de TVA, pas de taxe d'accise et pas de redevances). L’impact de ces exemptions est la perte de recettes fiscales qui, autrement, auraient augmenté le budget si les produits avaient été vendus au même prix que pour le grand public. 43. Le Gouvernement a récemment conclu un accord avec la SDVK pour distribuer le kérosène de façon à le rendre plus largement disponible à la population. Des frais de services ont été inclus dans le prix, s’ajoutant à d’autres fais de port et de distribution. Afin d’encourager la compagnie pour établir le réseau nécessaire à l’expansion du marché du kérosène, le gouvernement a exonéré ce kérosène de la taxe intérieure de consommation (TIC), du droit d’accise et également de la TVA. Cependant le taux de redevance a été inclus, et la taxe discrétionnaire a été fixée de manière à rendre le prix de vente au détail égal à cette charge imposée si le kérosène était vendu de manière traditionnelle.

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44. Les prix de détail et les ajustements en faveur de l’Etat pour 2013 sont présentés dans le tableau 14. Les données sur les prix du gasoil illustrent la façon dont le prix de détail a été harmonisé en ajustant la taxe discrétionnaire tout au long de l'année. En Janvier 2013, l’ajustement était négatif, indiquant que le gouvernement maintenait une baisse des prix de détail en renonçant à un certain montant des recettes fiscales. À la fin de l'année, le prix de détail avait légèrement augmenté, mais l'impôt discrétionnaire était devenu positif, indiquant que le gouvernement percevait certaines recettes fiscales supplémentaires. Concernant le diesel, le gouvernement a renoncé à un certain montant de recettes fiscales tout au long de l'année afin de maintenir les prix de détail à la baisse. Il est important de noter que le gouvernement, pendant cette période, continuait de percevoir le bénéfice net des recettes fiscales du diesel. En ce qui concerne le kérosène, le gouvernement a recueilli une partie des recettes de l’impôt par le biais de la redevance, ainsi qu’un petit montant de la taxe (positive) discrétionnaire. L’effet net de cet accord pour le kérosène était que les recettes fiscales totales par litre étaient bien inférieures aux recettes fiscales totales par litre pour l’essence et le diesel. Tableau 14 : Les prix de détail et les taxes discrétionnaires des produits pétroliers en 2013(FD/litre) Mois Essence Kerosene (SDVK) Diesel

Pri

x FO

B

Pri

x de

rev

ente

Aju

stem

ent e

n fa

veur

de

l’E

tat

Aut

res

impô

ts

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x FO

B

Pri

x de

rev

ente

Aju

stem

ent e

n fa

veur

de

l’E

tat

Aut

res

impô

ts

Janvier 139,27 310,00 -11,47 141,70 137,66 195,00 8,68 7,00 135,08 210,00 -28,47 75,40

Février 139,27 310,00 -11,47 141,70 142,02 195,00 4,29 7,00 139,79 210,00 -34,44 76,65

Mars 139,27 310,00 -11,47 141,70 148,65 200,00 2,61 7,00 146,46 215,00 -38,23 78,69

Avril 142,58 310,00 -5,90 140,59 136,31 190,00 5,04 7,00 135,44 210,00 -28,92 75,51

Mai 142,58 310,00 -5,31 141,26 128,29 190,00 13,12 7,00 127,98 210,00 -19,46 73,57

Juin 137,57 310,00 1,17 139,94 127,88 190,00 13,53 7,00 128,47 210,00 -20,08 73,70

Juillet 137,57 310,00 1,17 139,94 129,52 190,00 11,88 7,00 131,44 212,00 -21,98 74,60

Aout 137,57 315,00 5,85 140,26 134,89 195,00 11,47 7,00 136,16 215,00 -25,16 76,02

Septembre 137,57 315,00 5,84 140,26 138,39 195,00 7,95 7,00 136,73 215,00 -25,88 76,16

Octobre

Novembre 137,57 315,00 5,84 140,26 136,50 195,00 9,85 7,00 136,42 215,00 -25,49 76,08

Décembre 137,57 315,00 5,84 140,26 136,25 195,00 10,01 7,00 136,09 215,00 -25,07 76,00

Source : Ministère de l’Economie et des Finances

45. Le calcul de l'ajustement en faveur de l’Etat est similaire pour les organismes exonérés mais doit être interprété différemment. Le calcul du prix de la Garde républicaine est donné à titre d'illustration. En décembre 2013, le prix quai (PP) pour le gasoil était 148.46 ; la taxe intérieure, droits d'accises, redevances et TVA étaient tous annulés, les coûts de passage en dépôt et distribution (DD) étaient 11.65, le coût du transport terminal était de 1.76 et le prix de la revente était 7.02. Le total de ces coûts était 168.89 et c’est le prix qui a été facturé à la Garde républicaine. Par rapport au prix de détail de 315, cela représente une exemption de taxe de 146.10, qui peut être considéré comme un transfert d’une facette du gouvernement à une autre.

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L'impact de la suppression de la taxe discrétionnaire sur les prix de revente

46. La proposition actuellement à l'étude par le gouvernement est la suppression de l'utilisation de la taxe d’ajustement en faveur de l’Etat. D’autres taux d'imposition pourraient être modifiés par la loi, comme c’est le cas actuellement, mais ces taux devraient normalement rester stables pendant de longues périodes. Les coûts admissibles dans la chaîne d'approvisionnement pourraient également être modifiés si les entités concernées le justifient. Afin de simuler l'impact de la suppression de l'ajustement fiscal en faveur de l’Etat sur les prix, il est entendu que les autres tarifs et coûts fiscaux associés, restent aux niveaux de décembre 2013. Le calcul démontre l'impact sur le prix du kérosène fourni par la SDVK. 47. Pour l’essence et le diesel, la suppression de la composante fiscale d’ajustement en faveur de l’Etat a deux effets sur le prix de revente qui devrait être facturé. Tout d'abord, lorsque la taxe d’ajustement en faveur de l’Etat est positive, sa suppression contribuerait à la réduction du prix de revente de ce montant. Deuxièmement, parce que la TVA à 7%, est prélevée sur la taxe d'ajustement en faveur de l’Etat, cela devrait occasionner une nouvelle réduction des prix de revente. De même, lorsque la taxe discrétionnaire est négative, sa suppression devrait augmenter les prix de revente de 1,07 fois le montant de la taxe discrétionnaire. Pour le kérosène vendu par la SDVK, étant donné qu’il n’y a pas de TVA, le prix changera par un montant égal à la taxe discrétionnaire. Le tableau 15 illustre les impacts sur les prix de revente si la taxe avait été supprimée en décembre 2013.

Tableau 15 : Prix des produits pétroliers au détail avec et sans l'élément fiscal discrétionnaire (décembre 2013) Francs djiboutiens/litre

Essence Kérosène (SDVK) Gasoil Avant Après %

changement Avant Après %

changement Avant Après %

changement 315,00 308,73 -2,0 195,00 184,9 -5,2 215,00 241,82 +12,5 Source: Banque mondiale

48. La suppression de l'élément fiscal discrétionnaire aurait entraîné une légère baisse des prix de l’essence et du kérosène, mais une augmentation de l'ordre de 13% pour le diesel. La comparaison entre avant et après des prix en décembre 2013 est possible car nous savons ce que le gouvernement a décidé en matière de détermination du prix de revente (et la taxe discrétionnaire associée). Faire une simulation de l’impact produit par la suppression de la taxe discrétionnaire dans des circonstances différentes est possible, mais il n'est pas possible de faire un calcul "d’avant" la suppression car on ignore ce que le gouvernement aurait décidé concernant les prix de revente si elle avait maintenu l'impôt discrétionnaire. 49. A titre d'illustration de l'éventail des prix de revente qui pourraient être appliqué si la taxe discrétionnaire était supprimée, des simulations des impacts d'une augmentation de 20% et d’une baisse de 20% du prix FOB (par rapport aux niveaux de décembre 2013) ont été réalisées et les résultats sont présentés dans le tableau 16. Il est supposé que tous les autres coûts, impôts et taxes resteront inchangés, et dans tous les cas il n'y a pas d’élément de taxe discrétionnaire. Les résultats des calculs démontrent que les prix du gasoil varient entre de ± 12%, les prix du kérosène de ± 15% et les prix du diesel de ± 15%. Les éléments les plus importants du prix du gasoil sont fixés (la surtaxe et la redevance) ce qui signifient que la variation de pourcentage dans le prix FOB (qui est similaire pour les trois produits) est amortie à un taux plus bas que celui appliqué pour le diesel et le kérosène. 50. Les prix du pétrole brut ont récemment connu une chute substantielle, ce qui influe sur les calculs présentés. En décembre 2013, le baril de Brent s’échangeait autour de 110$ et son tarif s’est maintenu autour de ce niveau jusqu’en juillet 2014. Depuis, son prix a constamment baissé jusqu’à atteindre 70$ le baril en décembre 2014 (soit une chute de 36%). Une forte incertitude entoure l’évolution des prix pour l’année 2015, certains analystes s’attendant à une légère reprise, autour de 80$ le baril.

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51. Les simulations de l’effet causé par l’abandon de la taxe discrétionnaire se sont basées sur les prix franco à bord (en anglais FOB) effectifs en décembre 2013, et incluaient une analyse de sensibilité pour une chute de 20% de ces prix (tableau 17). Cette chute aurait correspondu à un prix du baril de Brent autour de 90$. La chute observée a été presque deux fois plus importante que celle envisagée dans l’analyse de sensibilité. Une simple extrapolation indique qu’en l’absence de taxe discrétionnaire, une chute de 40% des prix franco à bord entraînerait les prix de l’essence à 235DJF/litre, les prix du kérosène à 130DJF/litre, et les prix du diesel à 169DJF/litre.

Tableau 16: Simulation des effets sur les prix de détail d'une augmentation de 20% et une baisse de 20% dans les coûts FOB des produits pétroliers par rapport à décembre 2013, aucun élément fiscal discrétionnaire (francs djiboutiens / litre)

Essence Kerosene (SDVK) Gasoil Décembre 2013 FOB 308,7 184,9 241,8 Décembre 2013 FOB plus 20% 345,8 212,2 278,5 Décembre 2013 FOB moins 20% 271,6 157,7 205,1 Source : Banque mondiale

Prix de gasoil et coûts de transport

52. L'analyse de l'impact de la suppression de l'élément fiscal discrétionnaire sur les ménages s’effectue grâce à l'utilisation d'une enquête sur les dépenses, combinée avec les changements calculés dans le prix des produits pétroliers. Les parts des dépenses totales des ménages allouées à chacun des 3 produits pétroliers sont directement disponibles dans l'enquête sur les dépenses des ménages, et peuvent être combinées avec les variations de prix prévues afin d’estimer la variation des dépenses nécessaires à l’achat de même quantité de chaque produit. 53. En plus des effets directs sur le budget des ménages, il y a également des effets indirects causés par l'impact de la hausse des prix des produits pétroliers sur d'autres produits et donc sur le budget des ménages. Sans un tableau des entrées-sorties détaillé, il n'est pas possible de quantifier tous ces liens, mais le lien le plus important concernant les produits pétroliers à Djibouti est relatif aux coûts de transport. En particulier les coûts de voyage en bus ou en taxi peuvent être une composante importante des dépenses des ménages, de sorte qu'il est important de considérer le lien entre les prix des produits et les coûts de transport. 54. Le gasoil (diesel) est utilisé comme carburant pour les véhicules de transport commercial de sorte que la question clé est la nature du lien entre le prix du gasoil et le prix des services de transport. Les prix du billet de bus sont réglementés et ont très peu changé au cours de la dernière décennie. Cependant, il est probable qu'une hausse des coûts du carburant provoquée par la suppression de la taxe discrétionnaire, qui maintenait les coûts plus bas de l’ordre de 12% en décembre 2013, pourrait être l'occasion pour les prestataires des services de bus, de demander des prix plus élevés pour les billets pour couvrir l'augmentation de leurs coûts. Plusieurs facteurs pourraient entrer dans de telles négociations, y compris la perte précédente de rentabilité causée par le maintien de la stabilité des prix pratiquée par le gouvernement pendant une longue période. Pour une justification complète de l’augmentation du tarif admissible, il faudrait une analyse détaillée de l'économie des secteurs des services de bus et de taxis. En l'absence d'une telle étude détaillée, une première estimation peut être obtenue en combinant la part du carburant dans les coûts totaux avec le pourcentage d'augmentation du coût du carburant. 55. Il existe des preuves de la part des coûts du carburant dans les coûts totaux d'exploitation d'une flotte de bus dans d'autres pays, qui peuvent servir de marqueur pour toute hypothèse faite pour le cas de Djibouti. L’ESMAP (2011) se réfère à une étude en Inde, où la part des coûts de carburant dans l'Andra Pradesh s'élevait à 37% du coût total. Une étude de la Banque mondiale a analysé les facteurs qui affectent la performance du bus dans les pays à moyens et faibles revenus et a fourni des

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valeurs indicatives de la gamme de répartition des coûts, comme indiqué dans le tableau 17. L'étude fait les observations suivantes qui sont pertinentes, à savoir : « Dans le cas d'une opération informelle à petite échelle en utilisant les bus réhabilités ou fabriqués localement, et financés par les envois de fonds provenant de l'étranger, l'amortissement et les frais d'intérêt sont beaucoup plus bas (environ 10% du coût total), tandis que les coûts du chauffeur et autres membres du personnel peuvent être relativement plus élevés (20 -30%), en raison de l'augmentation du nombre de personnes employées par unité de capacité (souvent y compris le propriétaire) ». Tableau 17: Parts des coûts d'exploitation d'une flotte d'autobus dans les pays en développement

Prix Proportion des coûts d’exploitation (%) Coûts Variables

Carburant 20 – 30 Lubrifiants 1 - 5 Pneus 5 - 10 Pneus de rechange 5 - 10

Coûts Fixes Chauffeur et autres personnels 10 - 15 Autre main-d’œuvre environ 5 Dévaluation et intérêt 20 - 30 Frais généraux et autres coûts 5 - 15

Source : www.worldbank.org/transport/roads/rdt_docsannex1.pdf 56. Le tableau 17 indique que les coûts de carburant peuvent varier entre environ 50 et 75% des coûts variables en fonction des circonstances. Une enquête réalisée par la DISED et le SESN dans la ville de Djibouti en 2014 a indiqué qu’en moyenne sur toutes formes de transport routier de passagers, le carburant représentaient 80% des coûts variables (voir l'annexe 4 pour plus de détails), et qu'il y avait peu de variation de ce ratio entre les différentes formes de transport. Le rapprochement de ces chiffres suggère qu'il est raisonnable de supposer que les coûts de carburant à Djibouti représentent environ 30% des coûts totaux d'exploitation (à l'extrémité supérieure de la fourchette indiquée dans le tableau 17 correspondant à la part de 75% des coûts variables). 57. La combinaison de l'information sur l'augmentation possible des prix du diesel (12,5%) par rapport à leur niveau en décembre 2013 avec une part de coût du carburant de 30 pourcent suggère qu’une augmentation du coût des tarifs des passagers de 4 percent serait justifiée afin de permettre aux entreprises de bus d’amortir les prix élevés du carburant. Si le gouvernement décidait de permettre une plus grande hausse des prix, peut-être afin de permettre de "combler les retards" par rapport aux augmentations de coûts précédentes, il a de fortes chances que le public s’oppose à un tel changement. Qui consomme les produits pétroliers?

58. Le taux de motorisation et d'utilisation des transports publics est une forte indication du bien-être. Le taux de motorisation n'est pas répandu à Djibouti: seulement 6 pourcent des ménages possèdent une voiture et 1 pourcent est propriétaire d'une moto. Un quart du quintile le plus riche est propriétaire d'une voiture tandis que le taux de motorisation est essentiellement négligeable dans les autres quintiles (voir le tableau 18). La plupart des propriétaires de voitures sont dans les zones urbaines. Sans surprise, le carburant n'est consommé que par les ménages urbains (voir figure 10) se trouvant dans le quintile le plus riche (voir figure 11). L'utilisation des transports en commun (bus, taxis et les autobus scolaires) est également plus élevée parmi les quintiles les plus riches. Seulement 10 pourcent des pauvres utilisent des transports publics, comparé à près de 60 pourcent dans les deux quintiles les plus riches. Environ la moitié de la population dans les zones urbaines utilise les transports publics, mais moins de 10 pourcent dans les zones rurales. Parmi les enfants en âge de

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scolarité, seulement 5 pourcent des enfants dans le quintile le plus pauvre prenne le bus scolaire, comparé à 30 pourcent des 3 quintiles les plus riches. Tableau 18: Pourcentage des ménages possédant une automobile ou une moto, (en %)

Quintile Milieu Ensemble

Plus pauvre Deuxième Troisième Quatrième Plus riche Urbain Rural Auto 0,0 0,4 1,7 3,0 25,3 7,1 0,7 6,1

Moto 0,1 0,5 0,6 1,3 3,3 1,3 0,2 1,2

Figure 10: Utilisation des différentes sources d’énergie, par milieu (en %)

51

37

7

80

7

59

50

10

1 1

13

1 2

14

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Figure 11: Utilisation des différentes sources d’énergie, par quintile (en %)

127

0

21

3 6

25

58

42

23

88

10

89

45

0

20

40

60

80

100

Bus/taxi Bus

scolaire

Carburant Kerosene Gaz Electricite Charbon

Plus pauvre

Deuxieme

Troisieme

Quatrieme

Plus riche

Qui bénéficie des exonérations fiscales?

59. En réponse à la crise alimentaire et afin de protéger la population contre les chocs sur les prix sur les produits alimentaires de base et de certains produits pétroliers, les exonérations fiscales universelles ont été introduites. Djibouti dépend largement des importations pour satisfaire ses besoins alimentaires et une grande partie de la population est confrontée à l'insécurité alimentaire. La plupart des produits alimentaires sont importés et la hausse des prix internationaux sur les produits alimentaires affecte directement les populations pauvres à Djibouti, qui dépensent jusqu'aux trois quarts de leurs revenus dans la nourriture. En raison de sécheresses graves et prolongées, au moins 20 pourcent de la population de la capitale et les trois quarts des ménages ruraux sont vulnérables à une insécurité alimentaire sévère et modérée (PAM 2013). Selon les estimations du FMI, Djibouti renonce à 0,5 pourcent du PIB (2009) sur certains produits alimentaires (riz, huile comestible, le sucre, la farine et le lait en poudre) et d'environ 2 pourcent du PIB (2011) et sur certains produits pétroliers (FMI, 2012).

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60. L'analyse qui suit comprend tous les produits pétroliers et alimentaires exonérés d'impôt disponibles dans l'enquête sur les ménages. Parmi les produits alimentaires de base qui sont exonérés d'impôt, seulement une certaine qualité / type est exonérée (par exemple, les brisures de riz). Concernant le riz, seulement 6 pourcent du riz importé est exonéré, mais environ 88 pourcent de la farine, environ 60 pourcent du sucre et de l’huile comestible et environ 50 pourcent des produits dérivés du lait en poudre. Pour la farine, la subvention implicite représente 7 pourcent du prix non subventionné. L'enquête ne permet pas de distinguer entre le diesel et super (regroupés comme carburant), mais les chiffres de l'Enquête de budget et Consommation (EBC) (une enquête uniquement urbaine effectuée en 2013) montre que près de deux tiers des dépenses des ménages en carburant concernent le diesel. L’enquête montre également que la quasi-totalité des dépenses directes de carburant sont effectuées par le quintile le plus riche. Pour l’essence (carburant), la subvention implicite représente 11 pourcent du prix non subventionné. Pour les transports publics, l'analyse va compter une part de coût de carburant de l’ordre de 30 pourcent, qui corresponde à une transmission de l’ordre de 4 pourcent aux passagers.

61. Les ménages pauvres dépensent relativement plus sur les produits exonérés d'impôt, à l'exception des carburants et des transports publics. Les dépenses des ménages sur les produits exonérés d'impôt s'élèvent en moyenne à 267 531 FDJ par ménage, ce qui équivaut à 22,8 pourcent des dépenses totales des ménages. Le tableau 20 présente les dépenses des ménages sur les produits exonérés d'impôt et le tableau 21 montre que la proportion des dépenses des ménages vers les produits exonérés d'impôt. Le kérosène est le produit le plus consommé en termes de dépenses (42 777 DJF), suivi par le riz (36 671 DJF) et le sucre (35 670 DFJ). Les produits exonérés d'impôt sont relativement plus importants pour les pauvres, étant donné que la part des dépenses de ces produits est beaucoup plus élevée pour les plus pauvres que pour les plus riches. Parmi les ménages les plus pauvres, 30,7 pourcent des dépenses totales correspondent aux produits exonérés d’impôts, alors que ces produits exonérés d'impôt représentent 19,6 pourcent des dépenses totales parmi les ménages les plus riches. 62. Les exonérations fiscales sur les produits pétroliers ne bénéficient pas les pauvres car ces derniers consomment peu de carburant et utilisent à peine les transports en commun. Comme indiqué plus haut, la possession de voitures et de motos est essentiellement limitée au cinquième quintile, qui consomme 91 847 FDJ par ménage dans le carburant, alors que les plus pauvres ne consomment rien de carburant. Les dépenses en transport public sont également beaucoup plus faibles dans le quintile le plus pauvre (2 030 DJF par ménage) que dans le quintile le plus riche (plus de 47 000 FDJ par ménage). Déjà le second quintile dépense beaucoup plus dans les transports publics que les très pauvres (voir le tableau 20). Pour les pauvres, le montant des dépenses pour les transports publics représentent moins de 1 pourcent des dépenses totales des ménages. Les trois quintiles du milieu dépensent environ 2 pourcent de leurs dépenses globales sur bus/taxis et environ 3 pourcent sur le transport scolaire (voir le tableau 21). Tableau 20: Dépenses par ménage (en FDJ) Riz Lait en poudre Farine Huile Sucre Plus pauvre 19 689 4 030 16 549 7 833 21 042Deuxième 32 621 16 297 25 599 16 662 34 812Troisième 36 437 25 200 24 216 19 423 38 164Quatrième 40 280 33 436 26 877 22 548 39 594Plus riche 49 971 52 382 30 164 31 489 42 743

Total 36 671 27 997 24 983 20 337 35 670

Carburant Kérosène Transport en

commun Transport

scolaire Total

Plus pauvre 0 5 146 2 030 2 258 78 577Deuxième 473 31 646 12 511 12 508 183 130Troisième 585 48 175 24 037 30 108 246 344Quatrième 3 881 58 708 36 031 44 456 305 811Plus riche 91 847 63 248 47 251 48 289 457 385

Total 24 103 42 777 25 961 29 033 267 531

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Tableau 21: Dépense sur les produits subventionnés par rapport aux dépenses totales (en %)

Riz Lait en poudre

Farine Huile Sucre Carburant Kérosène Transport

en commun

Transport scolaire

Total

Plus pauvre 7,7 1,6 6,5 3,1 8,2 0,0 2,0 0,8 0,9 30,7 Deuxième 4,9 2,5 3,9 2,5 5,3 0,1 4,8 1,9 1,9 27,7 Troisième 3,9 2,7 2,6 2,1 4,1 0,1 5,2 2,6 3,2 26,3 Quatrième 3,2 2,7 2,1 1,8 3,2 0,3 4,7 2,9 3,5 24,4 Plus riche 2,1 2,2 1,3 1,4 1,8 3,9 2,7 2,0 2,1 19,6 Total 3,1 2,4 2,1 1,7 3,0 2,1 3,7 2,2 2,5 22,8

Impact de la réforme des subventions

63. Cette section présente une simulation qui élimine les éléments de taxes discrétionnaires sur chacun des produits subventionnés discutés dans la section précédente, puis montre l'impact potentiel de cette élimination sur le bien-être des ménages, le budget du gouvernement, la pauvreté et les inégalités.

Le bien-être des ménages

64. La réforme impliquerait une perte de 1 014 millions FDJ (soit 0,66 pourcent du PIB) pour la population; toutefois, les valeurs par habitant indiquent que la perte serait plus élevée pour les plus riches. Ceci s'explique par le fait que les plus riches ont un niveau de consommation plus élevé que les pauvres comme mentionné dans la section précédente. Le tableau 22 montre l'impact de la réforme sur le bien-être de la population pour chaque quintile, illustré également dans la figure 12, et le tableau 23 montre l'impact de la réforme sur le bien-être par habitant de chaque quintile. En termes de carburant, l'impact de la réforme sur les ménages pauvres est négligeable, mais augmente avec le niveau de bien-être, et représente la plus grande perte parmi les ménages riches. En effet, parmi les ménages les plus pauvres, la réforme impliquerait une perte importante sur le bien-être provenant des produits liés à l'alimentation - la farine, suivis par le sucre - tandis que pour les plus riches la perte sera la plus élevée pour le carburant, suivie, de loin, par de la farine (également en tant que perte par habitant, tableau 23). Ce qui est consistant avec le constat dans les sections précédentes que les ménages les plus aisés dépensent une partie importante de leur revenu sur le carburant.

Table 22: Impact de la réforme sur le bien-être des populations (en millions de FDJ) Riz Lait en poudre Farine Huile Sucre Plus pauvre 0,0 -3,0 -23,5 -6,9 -17,5 Deuxième 0,0 -10,7 -32,2 -13,1 -25,6 Troisième 0,0 -17,1 -31,7 -15,8 -29,2 Quatrième 0,0 -25,0 -38,6 -20,2 -33,3 Plus riche 0,0 -49,7 -55,1 -35,8 -45,7 Total 0,0 -105 -181,1 -91,8 -151,3

Carburant Kérosène Transport en

commun Transport

scolaire Total

Plus pauvre 0 0 -1,4 -1,6 -53,8 Deuxième -1,0 0 -7,7 -7,7 -97,9 Troisième -1,3 0 -15,4 -19,3 -129,9 Quatrième -9,2 0 -25,4 -31,3 -183,0 Plus riche -277,5 0 -42,3 -43,2 -549,3 Total -288,9 0 -92,2 -103,1 -1 014,0

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Figure 12: L’impact total sur le bien-être de la population (en millions de DJF)

-1000.0

-800.0

-600.0

-400.0

-200.0

0.0

200.0

Plus pauvre Deuxième Troisième Quatrième Plus riche Total

Tableau 23: L'impact sur le bien-être per capita (en DJF)

Riz Lait en poudre

Farine Huile Sucre Carburant Kérosène Transport

en commun

Transport scolaire

Total

Plus pauvre

0,00 -28 -219 -64 -163 0 0 -13 -15 -501

Deuxième 0,00 -99 -299 -121 -238 -9 0 -72 -72 -911 Troisième 0,00 -160 -296 -148 -273 -12 0 -144 -180 -1,211 Quatrième 0,00 -232 -359 -188 -309 -86 0 -236 -291 -1,700 Plus riche 0,00 -464 -515 -335 -427 -2,592 0 -395 -404 -5,131 Total 0,00 -196 -337 -171 -282 -538 0 -172 -192 -1,889

65. Parmi les quintiles les plus pauvres, la perte de bien-être résultant de la réforme serait la plus élevée sur les produits liés à l'alimentation; alors que la perte serait la plus élevé sur les produits pétroliers pour les quintiles les plus riches. Le tableau 24 et la figure 13 montrent l'impact de la réforme sur le bien-être de la population en proportion aux dépenses totales par quintile et pour chaque produit subventionné. En termes de produits liés à l'alimentation, la réforme se traduirait par une perte significative de bien-être parmi le quintile le plus pauvre (1.12 pourcent des dépenses totales) (figure 13), mais cette perte diminue à mesure que le bien-être augmente. D'autre part, les réformes se traduiraient par une perte minime pour le quintile supérieur concernant les produits pétroliers, et cette perte diminue à mesure que le bien-être diminue et devient négligeable pour le premier quintile.

Tableau 24: L'impact sur le bien-être (en %)

Riz Lait en poudre

Farine Huile Sucre Carburant Kérosène Transport

en commun

Transport scolaire

Total

Plus pauvre

0,00 -0,06 -0,49 -0,14 -0,37 0,00 0,00 -0,03 -0,03 -1,12

Deuxième 0,00 -0,10 -0,29 -0,12 -0,23 -0,01 0,00 -0,07 -0,07 -0,90 Troisième 0,00 -0,11 -0,20 -0,10 -0,18 -0,01 0,00 -0,10 -0,12 -0,81 Quatrième 0,00 -0,11 -0,16 -0,08 -0,14 -0,04 0,00 -0,11 -0,13 -0,77 Plus riche 0,00 -0,09 -0,10 -0,06 -0,08 -0,49 0,00 -0,08 -0,08 -0,98 Total 0,00 -0,09 -0,16 -0,08 -0,14 -0,26 0,00 -0,08 -0,09 -0,91

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Figure 13 : L'impact sur le bien-être (en %)

-1.00

-0.80

-0.60

-0.40

-0.20

0.00

Plus pauvre Deuxième Troisième Quatrième Plus riche Total

Budget du Gouvernement

66. L’impact de la réforme sur le budget du gouvernement se traduirait par un gain, dont le plus élevé proviendrait du carburant. Le tableau 25 montre l'impact de la réforme sur le budget de l'État provenant des différents produits subventionnés. L'impact de la réforme sur le budget du gouvernement se traduirait par un gain total de 811 millions FDJ (soit 0,53 pourcent du PIB), 28 pourcent de ce gain proviendrait du carburant (96 pourcent du gain du carburant viendront des ménages les plus riches), 18 pourcent proviendraient de la farine et 15 pourcent du sucre. Le gain le plus élevé dans le budget du gouvernement viendra de ménages les plus riches (54 pourcent) et diminue à mesure que le bien-être diminue pour atteindre la proportion la plus faible parmi les ménages pauvres (5 pourcent). Ceci est consistant avec la conclusion précédente que la plus grande perte dans le niveau de bien-être de la population proviendrait du carburant, particulièrement parmi les riches. La figure 14 ci-dessous montre l'impact de l’augmentation du prix des produits subventionnés sur les recettes de l'État. Les gains en revenus les plus importants pour le gouvernement proviendraient de l'augmentation du prix du carburant, tandis que les gains les moins importants proviendraient de l'augmentation du prix de l'huile. Il convient de noter que, puisque nous supposons une élasticité des prix de 0,2, le montant du gain pour le gouvernement est plus bas que la perte occasionnée par les différents ménages.

Tableau 25: L'impact de la réforme sur les recettes de l'état (en millions de FDJ)

Riz Lait en poudre Farine Huile Sucre Plus pauvre 0,0 2,4 18,8 5,5 14,0 Deuxième 0,0 8,5 25,8 10,4 20,5 Troisième 0,0 13,7 25,4 12,7 23,4 Quatrième 0,0 20,0 30,9 16,2 26,7 Plus riche 0,0 39,8 44,1 28,7 36,6 Total 0,0 84,4 144,9 73,5 121,1

Carburant Kérosène Transport en

commun Transport

scolaire Total

Plus pauvre 0,0 0,0 1,1 1,3 43,0 Deuxième 0,8 0,0 6,2 6,2 78,4 Troisième 1,0 0,0 12,3 15,5 103,9 Quatrième 7,4 0,0 20,3 25,1 146,4 Plus riche 222,0 0,0 33,8 34,6 439,5 Total 231,2 0,0 73,8 82,5 811,2

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Figure 14 : L'impact de la réforme sur les recettes de l'état (en millions de FDJ)

0

84145

73121

231

074 82

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

Riz Lait en Farine Huile Sucre Carburant Kérosène Transport Transport

Pauvreté et inégalités

67. Etant donné que les pauvres dépensent la plupart de leurs revenus en alimentation, l'élimination des exonérations fiscales sur ces produits aurait le plus d'impact sur l’indigence et les inégalités, alors que la suppression des exonérations fiscales sur les produits pétroliers pourrait réduire les inégalités, mais serait sans effet apparent sur la pauvreté. Néanmoins tous ces effets seraient minimes, voir négligeables. Le tableau 26 montre l'impact de la réforme sur l’indigence et les inégalités. La réforme n'aurait pas un impact très significatif sur l’indigence et nul sur les inégalités. En particulier, le taux d’indigence augmenterait de 0,17 points de pourcentage de 20,00 à 20,17 pourcent. De même, l'indice Gini diminuerait d’un pourcentage de 0,02 de 45,13 à 45,11 pourcent. La suppression des exonérations fiscales sur la farine augmenterait l’indigence de 0,05 points de pourcentage - de 20 à 20,05 pour cent, et l'inégalité de 0,05 points de pourcentage - de 45,13 à 45,18 pourcent. L'effet de la suppression de l’utilisation de la taxe d’ajustement en faveur de l’Etat sur le carburant n'aurait pas d'incidence pour les plus pauvres et pourrait en fait se traduire par une réduction des inégalités de 0,12 points de pourcentage. Ceci s'explique par le fait que la consommation de ce produit est négligeable parmi les pauvres, alors qu'il est l'un des produits subventionnés les plus consommés pour les ménages riches.

Tableau 26: Reformes et taux de pauvreté

Niveau

d’indigence Le changement dans l’indigence

Indice de Gini Variation en

Gini Pré réforme 20,00 - 45,13 - Riz 20,00 0,00 45,13 0,00 Lait en poudre 20,00 0,00 45,13 0,00 Farine 20,05 0,05 45,18 0,05 Huile 20,01 0,01 45,15 0,01 Sucre 20,01 0,01 45,17 0,04 Carburant 20,00 0,00 45,01 -0,12 Kérosène 20,00 0,00 45,13 0,00 Transport en commun 20,00 0,00 45,13 0,00 Transport scolaire 20,00 0,00 45,14 0,00 Post réforme 20,17 0,17 45,11 -0,02

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SIMULATION DES OPTIONS DE RÉFORME

Budget et simulations

69. L’estimation approximative du budget disponible pour simuler les options de réforme repose sur des estimations budgétaires actuelles et la moitié des économies découlant de l'élimination des exonérations fiscales. Le tableau 27 montre une estimation d’un budget qui pourrait être transféré par le SESN. À ce stade, connaître le montant exact à transférer n’est pas très important et ainsi, les simulations sont plutôt à titre illustratifs. 70. Basé sur des discussions avec la SESN, 6 types de schémas de transfert effectués soit au niveau individuel, soit à l’équivalent adulte ou au niveau du ménage, donnent un total de 18 schémas. Pour chaque schéma, nous supposons que le budget total à transférer est de 1, 2 ou 3 milliards de francs djiboutiens pour un grand total de 54 simulations différentes. Tableau 27: Sources Budgétaires (Proposition préliminaire) Sources Montants

(en millions de FDJ) FNS (50% of total) 1 000 WFP 300 Subventions (50% of total) 400 ONG locales 400 SESN 120 Total 2 220

71. Tableau 28: défini six types de schémas de transfert:

• Rural + urbain en dehors de Djibouti-ville: tous les individus en dehors de Djibouti-ville sont ciblés indépendamment du fait qu'ils soient urbains ou ruraux

• Uniquement rural

• Rural + urbain dans le premier quintile: toutes les ruraux + les individus qui sont dans le premier quintile (défini au niveau national)

• Premier quintile avec transferts uniques: tout ménage (urbain ou rural) qui se trouve dans le premier quintile est ciblé. Tous les ménages ciblés reçoivent le même transfert, qu'ils soient pauvres ou les plus "riches" du premier quintile

• Premier quintile avec 2 étapes: identique à celui mentionné ci-dessus, mais le montant transféré dépend du fait d’être dans le premier ou le deuxième décile

• Premier quintile avec 4 étapes: identiques que le précédent mais avec 4 montants différents, un pour les 5% les plus pauvres, un autre pour les prochains 5-10% les plus pauvre, un autre montant pour les prochains 10-15% et un dernier montant pour les 15-20% les plus pauvres. Ce système est le plus proche d’un schéma optimal dans lequel le montant transféré serait différent pour chaque ménage, en fonction de leur niveau de PMT, les plus pauvres recevant une plus grande part, ensuite les deuxièmes plus pauvres reçoivent un peu moins etc. Néanmoins, un tel schéma serait assez difficile à mettre en œuvre.

• Le budget total allant aux différents groupes a été basé sur la taille relative de leur écart d’indigence, à savoir:

o 0-5%: 41,0% du budget total o 5-10%: 33,9% o 10-15%: 19,0% o 15-20%: 6,2%

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72. Ces six schémas pourraient être mis en œuvre au niveau individuel ou du ménage. Dans ce dernier cas, le montant transféré est identique pour tout ménage répondant aux critères de sélection, quelle que soit la taille du ménage. D'autre part, les "schémas individuels" dépendent de la taille des ménages. Par exemple, un ménage de neuf membres recevrait trois fois le montant reçu par un ménage de trois membres. Une mesure intermédiaire est basée sur l’équivalent d’adultes. Chaque membre est ainsi pondéré selon son besoin en calories tels que définis par la charte du tableau 29.

Tableau 28: Définition des différents schémas de transferts No. de transferts

Critères de Sélection Bénéficiaires Montant transféré par unité

1 Rural + urbain en dehors de Djibouti-ville

Individuel 6 935

2 Individuel (en Adultes Equivalents.)

9 268

3 Ménage 35 826

4 Uniquement rural Individuel 11 560

5 Individuel (en Adultes Equivalents.)

15 717

6 Ménage 54 940

7 Rural + urbain dans le premier Quintile

Individuel 7 675

8 Individuel (en Adultes Equivanlents.)

10 259

9 Ménage 42 550

10 Premier quintile avec transfert unique

Individuel 9 306

11 Individu (en Adultes Equivalents.) 12 418

12 Ménage 58 748

13 Premier quintile avec deux étapes Individuel percentile 10: 13 960 percentile 20: 4 673

14 Individuel (en Adultes Equivalents)

percentile 10: 18 811 percentile 20: 6 176

15 Ménage percentile 10: 90 133 percentile 20: 28 863

16 Premier quintile avec 4 étapes Individuel percentile 5 : 15 245 percentile 10 : 12 670 percentile 15 : 7 066 percentile 20 : 2 288

17 Individuel (en Adultes Equivalents.)

percentile 5 : 20 629 percentile 10 : 17 001 percentile 15 : 9 313 percentile 20 : 3 031

18 Ménage percentile 5 : 110 709 percentile 10 : 73 607 percentile 15 : 42 777 percentile 20 : 14 417

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Table 29: Apport calorique recommandé

Catégorie Age (en années) Moyenne énergétique par jour (Kg)

Échelle d'équivalence

Nourrissons 0 - 0.5 650 0,22

0.5 - 1.0 850 0,29

Enfants 1 – 3 1300 0,45 4 – 6 1800 0,62

7 – 10 2000 0,69

Hommes 11 – 14 2500 0,86 15 – 18 3000 1,03 19 – 25 2900 1,00 25 - 50 2900 1,00

51+ 2300 0,79

Femmes 11 - 14 2200 0,76 15 - 18 2200 0,76 19 - 25 2200 0,76 25 - 50 2200 0,76 51+ 1900 0,66

Source: Apports Nutritionnels Conseillés, 10ème édition, (Washington D.C.: National Academy Press, 1989). Taux d’indigence

73. La plus forte baisse du taux d’indigence est atteinte lors du ciblage du premier quintile. Le tableau 30 montres le taux d’indigence (P0) – l’indigence étant définie comme le premier quintile - après le transfert de trois montants budgétaires différents (1, 2 et 3 milliards de FDJ) selon les 18 schémas définis ci-dessus. Dans l'ensemble, avec un budget total de 1 milliard de FDJ, l'impact sur le taux d’indigence est limité, si nous nous concentrons principalement sur les ménages ruraux sans tenir compte des ménages urbains du premier quintile. La plus forte baisse du taux d’indigence avec un budget d’1 milliard est le schéma 10-12, qui vise le premier quintile et transfère un montant uniforme. 74. Avec un budget plus important de 3 milliards, il serait possible de réduire le taux d’indigence de moitié en utilisant n'importe quels schémas ciblant le premier quintile. Tout schéma qui vise le premier quintile (schémas numéro 7 à 18) permet une réduction significative du taux d’indigence avec un budget de 3 milliards de dollars. L’utilisation d’un tel taux d’indigence comme mesure d'efficacité, ne définit pas clairement si un schéma basé sur l’individu ou sur les ménages est plus efficace pour réduire la pauvreté. Le principal problème de l’utilisation du taux d’indigence pour évaluer les différents schémas est qu'aucun poids n’est donné lorsque les ménages extrêmement pauvres reçoivent un important transfert, tout en restant en dessous du seuil d’indigence. En fait, nous pouvons imaginer un cas extrême où tous les ménages les plus pauvres seraient beaucoup mieux nantis mais tout en restant pauvres, si aucun des montants transférés ne leur permettaient de surmonter le seuil de pauvreté. Pour cette raison, nous devrions nous concentrer sur l’écart d’indigence comme mesure de pauvreté. L’écart d’indigence

75. Pour réduire l'écart de pauvreté, le ciblage du premier quintile est plus efficace que n'importe quels schémas axés sur les ménages ruraux. L'indice d'écart d’indigence (P01) estime la profondeur de la pauvreté en tenant compte de la distance, en moyenne, des pauvres par rapport au seuil d’indigence. Ceci est défini comme l'écart moyen de pauvreté dans la population en proportion au seuil d’indigence. Dans un graphe présentant la fonction cumulative du bien-être, c'est la zone en dessous du seuil de pauvreté et sur la gauche de la fonction. Avant tout transfert, l'indice d'écart d’indigence (PGI ou P1) associé aux usages de la ligne d’indigence dans le tableau 31 est mesuré à 6.9 pourcent (dernière ligne du tableau). Donc, en moyenne, l’individu pauvre a des dépenses (tel que mesuré par le PMT) de 6.9 pourcent en-dessous du seuil d’indigence (77 926FDJ par habitant). Le

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tableau 31 démontre clairement qu'un schéma de transfert axé sur le premier quintile devrait être privilégié. Surtout, un tel transfert serait beaucoup plus efficace pour réduire la pauvreté que tout schéma mettant l'accent sur les ménages ruraux (schémas 1-9). 76. Le schéma privilégié pour réduire l’écart d’indigence serait le ciblage du premier quintile avec un transfert du montant en 4 étapes en fonction de la pauvreté. De loin les meilleurs schémas seraient les schémas numéro 16 ou 17. C’est-à-dire mettre l'accent sur le premier quintile, mais avec un montant de transfert qui dépend de la pauvreté (telle que définie par le PMT). Dans ce cas, les 5 pourcent les plus pauvres recevraient plus que les 10 pourcent les plus pauvres, etc. (voir tableau 28). Dans un schéma mettant l'accent «uniquement sur le rural», le tableau 32 démontre que seulement 62,4 pourcent des individus du premier quintile recevraient un transfert, alors que quelques ménages non pauvres en recevraient également (11,8 pourcent des personnes du Q2; 4,3 pourcent du Q3 etc.). Toute fuite de ce genre (ménages recevant des transferts alors qu’ils n’étaient pas ciblés) rende les critères basés sur le rural moins efficaces à réduire la pauvreté que ceux basés uniquement sur le Q1. Alternativement, le "rural + urbain dans le premier quintile" aurait l'avantage de couvrir tout ceux dans Q1, mais la fuite serait identique (i.e. les non pauvres du milieu rural), faisant d’un tel schéma une version légèrement meilleure (pas d’erreur d’exclusion, mais la même erreur d’inclusion) que celle basée uniquement sur le rural (voir le tableau 32). En résumé, les meilleurs schémas seraient de loin les numéros 16 ou 17.

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Table 30: Impact du Taux d’Indigence sur les Différents Schémas de Transferts

No. de transferts

Critères de Sélection Bénéficiaires 1 billion FDJ 2 billion FDJ 3 billion FDJ

1 Rural + urbain en-dehors de Djibouti-ville

Individuel 18,4 17,0 15,2

2 Individuel (en Adultes Equivalents)

18,4 17,0 15,2

3 Ménages 18,5 16,9 15,4

4 Uniquement rural Individuel 18,7 16,9 13,8

5 Individuel (en Adultes Equivalents)

18,7 16,7 14,0

6 Ménages 18,3 16,6 14,5

7 Rural + urbain dans le premier Quintile

Individuel 16,5 13,3 10,8

8 Individuel (en Adultes Equivalents)

16,3 13,3 10,6

9 Ménage 16,6 13,7 11,1

10 Premier quintile avec transfert unique

Individuel 15,8 12,0 8,5

11 Individuel (en Adultes Equivalents)

16,0 12,0 8,9

12 Ménages 15,5 11,8 8,4

13 Premier quintile avec 2 étapes Individuel 17,8 14,3 7,7

14 Individuel (en Eq.Adultes.) 17,7 14,6 8,3

15 Ménages 17,8 12,9 8,1

16 Premier quintile avec 4 étapes Individuel 18,9 16,2 5,8

17 Individuel (en Eq.Adultes.) 18,9 16,0 7,2

18 Ménage 18,7 14,0 7,8

Sans transfert 20,0 20,0 20,0

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Table 31: Effet de l’Ecart de Pauvreté sur les Différents Schémas de Transferts No. de Transferts

Critères de Sélection Bénéficiaires 1 billion DJF 2 billion DJF 3 billion DJF

1 Rural + urbain en-dehors de Djibouti-ville

Individuel 5,5 4,3 3,3

2 Individuel (en Adultes Equivalents)

5,6 4,4 3,4

3 Ménage 5,7 4,6 3,8

4 Uniquement rural Individuel 5,0 3,4 2,2

5 Individuel (en Adultes Equivalents)

5,0 3,5 2,3

6 Ménage 5,3 4,0 3,1

7 Rural + urbain dans le premier Quintile

Individuel 5,0 3,4 2,2

8 Individuel (en Adultes Equivalents)

5,0 3,5 2,3

9 Ménage 5,1 3,8 2,7

10 Premier quintile avec transfert unique

Individuel 4,6 2,9 1,6

11 Individuel (en Adultes Equivalents)

4,7 3,0 1,7

12 Ménage 4,6 2,9 1,8

13 Premier quintile avec 2 étapes Individuel 4,4 2,1 0,6

14 Individuel (en Adultes Equivalents)

4,5 2,2 0,8

15 Ménage 4,3 2,3 1,1

16 Premier quintiles avec 4 étapes Individuel 4,4 1,9 0,3

17 Individuel (en Adultes Equivalents)

4,4 2,0 0,4

18 Ménage 4,2 2,0 0,8

Sans Transfert 6,9 6,9 6,9

Tableau 32: Taux de Couverture Rural + urbain en-

dehors de Djibouti-ville

Uniquement rural Rural + urbain dans le premier Quintile

Premier quintile

Milieu Urbain 12,8 0,0 9,0 9,0 Rural 100,0 100,0 100,0 77,5 Région Djibouti 0,0 0,0 6,8 6,8 Ali Sabieh 100,0 34,3 53,4 41,1 Dikhil 100,0 64,3 72,2 56,7 Tadjourah 100,0 69,4 75,2 64,6 Obock 100,0 65,5 73,1 70,0 Arta 100,0 66,9 75,0 50,8 Quintile Le plus pauvre 75,3 62,4 100,0 100,0 Deuxième 27,8 11,8 11,8 0,0 Troisième 17,6 4,3 4,3 0,0 Quatrième 9,9 1,6 1,6 0,0 Le plus riche 3,6 0,4 0,4 0,0 Total 26,9 16,1 23,7 20,0

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Références

• Banque mondiale (2011). ESMAP (Programme d’Assistance à la Gestion du Secteur de l’Energie) 2011. “Best Operational and Maintenance Practices for City Bus Fleets to Maximize Fuel Economy.” Briefing Note 010/11. http://www.esmap.org/sites/esmap.org/files/FINAL_EECI-BusGuideNote_BN010-11.pdf

• Banque mondiale (2012). Inclusion et Résilience: Perspectives pour l’assistance sociale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La Banque mondiale: Washington DC

• Cap Gemini Consulting; Janvier 2014.

• FMI (2012). Djibouti : Réforme des subventions du prix du pétrole. M. De Broek, A Kangur, et Kpodar. FMI: Washington DC.

• GIZ, International Fuel Price Database, https://www.energypedia.info/index.php/International_Fuel_Prices

• Subcommittee on the Tenth Edition of the Recommended Dietary Allowances, Food and Nutrition Board, Commission on Life Sciences, National Research Council, Apports Nutritionnels Conseillés, 10ème édition, (Washington D.C.: National Academy Press, 1989).

• www.worldbank.org/transport/roads/rdt_docsannex1.pdf

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Annexe 1 : Membres de l’équipe technique PSIA et participants aux réunions

Réunion 1 : le 30 janvier 2014

Equipe technique :

- Idriss Abdillahi Orah (Ministère des Finances) - Almis Mohamed Abdillahi (Ministère du Budget) - Zeinab Ahmed Houssein (SESN) - Iltreh Osman Iltreh (SESN) - Idriss Ali Soultan (DISED) – en substitution pour Yacin Abdi Farid (DISED) - Mohamed Seif (FMI) – en substitution pour Abdourahman Aden (IMF) - Stefanie Brodmann (BM) - Harold Coulombe (BM)

Observateur:

- Amina Warsama (SESN) - Membres de l’équipe registre sociale du SESN

Réunion 2 : le 2 février 2014

Equipe technique :

- Idriss Abdillahi Orah (Ministère des Finances) - Mohamed Djibril Mahamoud (Ministère du Budget) – en substitution pour Almis Mohamed

Abdillahi - Mouna Ahmed (SESN) – en substitution pour Zeinab Ahmed Houssein et Iltreh Osman Iltreh - Yacin Abdi Farid (DISED) - Abdourahman Aden (FMI) - Stefanie Brodmann (BM) - Harold Coulombe (BM)

Réunion 3 : le 25 mai 2014

Equipe technique :

- Idriss Abdillahi Orah (Ministère des Finances) - Almis Mohamed Abdillahi (Ministère du Budget) - Houmed-Gaba Omar (Ministère de l’Energie) - Mouna Ahmed (SESN) – en substitution pour Zeinab Ahmed Houssein et Iltreh Osman Iltreh - Yacin Abdi Farid (DISED) - Stefanie Brodmann (BM) - Harold Coulombe (BM)

Observateur:

- Amina Warsama (SESN) - Membres de l’équipe registre sociale du SESN - Ines Rodriguez Caillava (BM)

Réunion 4 : le 28 mai 2014

Equipe technique :

- Yacin Abdi Farid (DISED) - Harold Coulombe (BM)

Observateur:

- Amina Warsama (SESN) - Statisticiens SESN - Ines Rodriguez Caillava (BM)

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Réunion 5 : le 29 mai 2014

- Mohamed Said Seif (FMI) - Omar Wahib Aref (Ministère des Transports) - Marta Dormal (Ministère des Finances) - Houmed-Gaba Omar (Ministère de l’Energie) - Simon Mibrat (Ministère du Budget) - Idriss Abdillahi Orah (Ministère des Finances) - Yacin Abdi Farid (DISED) - Fatouma Awaleh Osman (Ministère des Transports) - Stefanie Brodmann (BM) - Harold Coulombe (BM)

Observation : - Amina Warsama (SESN) - Ines Rodriguez Caillava (BM)

SIXIEME REUNION DU COMITE TECHNIQUE DU PSIA

La sixième réunion du comité technique du PSIA a eu lieu mercredi le 2 juillet par vidéoconférence. L´objectif de cette réunion était de présenter et discuter les résultats principaux de la version préliminaire de l´étude.

Tout d´abord, Mme. Brodmann a donné un message de bienvenue, et les participants se sont présentés.

Ensuite, M. Harold Coulombe a synthétisé les messages principaux de l´étude, en incluant:

• l´impact des exonérations fiscales,

• l´efficacité des filets de protection sociale existants,

• les effets de l´élimination des exonérations fiscales sur le bien-être des ménages, le budget de l´état, et la pauvreté et l´inégalité

• les différents schémas de transfert possibles

Pendant la session de discussion, les principaux points de débat ont inclut:

• Les montants du transfert dans les différents scénarios

• Les différents modèles de réforme (progressive et extrême) et l´expérience d´autres pays de la région (le Maroc et la Tunisie, qui ont suivi un modèle progressive; l´Iran et la Jordanie, qui ont suivi un modèle extrême; et l´Egypte, qui est un cas intermédiaire).

• Le budget pour un programme des transferts monétaires potentiel

• Les effets de l´élimination des exonérations fiscales sur les produits pétroliers, en particulier l´effet sur le prix du transport public

En ce qui concerne les prochaines étapes, il a été accordée que les membres de l´équipe technique devront envoyer des commentaires par écrit d´ici le 9 juillet.

Liste des participants:

A Djibouti: - Simon Mibrathu (SG Budget) - Idriss Abdillahi Orah (Finance) - Yacin Abdi Farid (DISED) - Amina Warsama, Mouna Ahmed Ragueh, Zeinab Ahmed Houssein (SESN) - Abdourahman Aden (FMI)

A Washington:

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- Stefanie Brodmann - Harold Coulombe - Paolo Verme - Robert Bacon - Ines Rodriguez Caillava

Réunion 7 : le 15 novembre 2014

- M. Almis Mohamed Abdillahi (Ministère du Budget) - M. Houmed-Gaba Omar (Ministère de l’Energie) - M. Omar Wahib Aref (Ministère du Transport) - Mme Amina Warsama (SESN) - Mme Mouna Ahmed (SESN) - M. Zeinab Ahmed Houssein (SESN) - Mme Stefanie Koettl-Brodmann (BM)

L’équipe du Secrétariat d’État chargé de la Solidarité Nationale a fait une présentation sur les résultats modifiés de l’étude PSIA et les expériences et procédures nationales en matière de réformes des systèmes des subventions du carburant et de la protection sociale (en se basant sur le voyage d’étude en Jordanie). Suite à une récente révision des agrégats de dépenses, utilisés pour la construction des quintiles, l’équipe de la Banque mondiale a mis à jour tous les tableaux et graphiques de l’étude.

Le Ministère du Budget a confirmé le besoin de réforme mais s’est également interrogé sur l’évolution des prix du pétrole et son impact sur le budget. L’impact des réformes des subventions du carburant sur le secteur des transports est particulièrement important pour le gouvernement. Les tarifs des transports en commun sont fixés par l’État et sont restés pratiquement stables depuis 2006. Le parc de bus et de taxis est dépassé et les discussions actuelles portent sur la baisse des coûts de transport par la modernisation de ce parc. Le gouvernement envisage de préfinancer les nouveaux véhicules, que les opérateurs de bus et de taxi rembourseraient sur la durée, réduisant ainsi la consommation de carburant. L’équipe a réfléchi aux options possibles de réforme et souligné le besoin d’une communication adéquate de l’étude afin d’obtenir le soutien de la population.

La mission a également rencontré le Directeur de la Statistique (DISED) et M. Abdourahman Aden du Fonds Monétaire International pour discuter de l’étude et recueillir leurs commentaires.

Il a été convenu que l’équipe de la Banque mondiale procéderait à la revue interne de l’étude afin de la soumettre officiellement au gouvernement.

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Annexe 2. L'approche PMT et son efficacité

Proxy Means Test10 - Djibouti Introduction

Le Gouvernement de la République de Djibouti, ainsi que plusieurs organismes non-gouvernementaux, cherchent les meilleures politiques afin d’améliorer le bien-être de la population Djiboutienne en général, et des individus les plus pauvres et vulnérables en particulier. Les différents programmes actuellement en place utilisent différents critères de ciblages ce qui entraîne des coûts administratifs trop élevés et parfois des incohérences quant aux différentes populations ciblées. Une approche plus cohérente entre les différents programmes devrait permettre d’obtenir des programmes de lutte contre la pauvreté plus efficace et à un meilleur rapport coût-efficacité.

Différentes approches de ciblage sont possible (auto-ciblage, ciblage géographique, ciblage catégorielle etc.) mais après concertation entre le gouvernement et ses différents partenaires il a été arrêté que l’approche dite « Proxy Means Test » (PMT) serait celle utilisée à Djibouti.

L’approche PMT consiste à construire une mesure de bien-être des ménages à partir de la collecte d’indicateurs multiples qui sont plus faciles à observer que le revenu (consommation), mais qui sont fortement corrélés avec le revenu (consommation). Ces indicateurs multiples servent à établir une note (score) qui détermine si la famille devrait recevoir une aide ou pas. La formule PMT inclura en général des caractéristiques des ménages comme sa taille et sa composition, la qualité de son logement, la propriété des biens de consommation durables ou bien le niveau d’instruction des membres du ménage.

La présente note technique fait suite à une mission de la Banque mondiale qui a eu lieu à Djibouti-ville du 10 au 19 avril 2013 et mise à jour lors d’une dernière mission en mai 2014. La mission a reçu la collaboration étroite de la Direction de la statistique et des études démographiques (DISED) et du Secrétariat d’état à la solidarité nationale (SESN). L’objectif principal consistait à estimer cette fonction PMT qui devrait être utilisée dans le cadre du projet de Registre unifié des pauvres.

Données

La troisième Enquête Djiboutienne auprès des ménages (EDAM 3) a été conduite en 2012 par la DISED. Cette enquête est à la base du dernier profil de pauvreté qui est en cours de finalisation par la DISED. L’EDAM 3 a un échantillon représentatif de la population nationale sédentaire de 31 686 individus répartis au sein de 5 880 ménages. Le questionnaire de l’EDAM 3 couvre une multitude de facettes socio-économiques des ménages : démographe, éducation, emploi, mortalité, gouvernance, logement, accès aux services sociaux de base, possessions du ménage, dépenses et revenus.

Par contre, l’EDAM3 ne couvre ni la population nomade ou la population dite « flottante », i.e. les sans-abri. Selon le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2009, sur une population totale de 818 159 personnes, la population nomade est de 161 132 et la population flottante est de 149 022. Afin de prendre en compte ces populations non-sédentaires dans notre analyse, nous avons complété l’EDAM3 par des données du dernier RGPH. Pour la population nomade, nous avons accès à un échantillon des données désagrégées du RGPH tandis que dans le cas de la population flottante (parfois appelée « particulière » ou « sans-abri ») nous avons uniquement un décompte de cette population.

A partir de ces différentes sources de données nous avons construit un système de pondération qui tient en compte le poids relatif de ces trois différentes populations et de la croissance de la population depuis les collectes de données. Ainsi nos analyses se baseront sur une population totale de 827 857 selon la répartition suivante :

• Sédentaire : 523 359 • Nomade : 173 585

10 L’expression Proxy Means Test est quelques fois traduite par contrôles indirects du niveau des ressources ou bien par test de revenu par approximation. Par contre, nous continuerons à utiliser Proxy Means Test (PMT) étant donné que les gens sont plus familiers avec ce vocable.

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• Sans-abri : 130 913

Méthodologie

La méthodologie dite PMT consiste simplement à trouver une série de caractéristiques des ménages facilement observables et qui sont corrélées avec le niveau de dépenses des ménages. Cette relation est supposée linéaire et estimée par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). A partir des coefficients obtenus, il est possible de calculer la valeur espérée des dépenses de ces mêmes ménages. En termes plus techniques, nous estimons l’équation (1) à partir des données sur les 5880 ménages de l’EDAM 311. représente la valeur réelle des dépenses des ménages i per capita (en log), représente les j variables indépendantes pour les ménages i, sont les coefficients à estimer pour les j variables , est la constante et est le terme d’erreur de l’équation à estimer.

(1)

L’estimation de l’équation (1) par la méthode des MCO génèrera la constante et les coefficients . À partir de ceux-ci, le PMT score est simplement calculé comme la valeur espérée selon l’équation suivante :

(2)

Notons que les coefficients estimés sont les poids qui seront utilisée lors du calcul des scores PMT et ainsi détermineront si un ménage sera bénéficiaire ou non. Un ménage sera considéré comme pauvre si est inférieure au seuil de pauvreté et non-pauvre dans le cas contraire. Similairement, un ménage sera considéré comme bénéficiaire si est inférieure au même seuil; et non-bénéficiaire si cette valeur est égale ou supérieure au seuil. Le seuil de pauvreté utilisé pourrait être un des deux seuils se retrouvant dans le dernier profil de pauvreté, mais pourrait aussi être un niveau arbitraire décidé par l’organisme de mise en place du programme de transfert ciblé. Dans la présente note, nous utiliserons une série de seuils définie par les différents déciles.

Même si la valeur de se veut la meilleure estimation des dépenses il est indéniable que ces valeurs seront différentes. Ce type d’estimation n’ai jamais parfait. Le tableau 1 présente les différents cas possibles. Certains ménages seront considérés comme pauvres (non-pauvres) et bénéficiaires (non-bénéficiaires) et seront ainsi des exemples de ciblage réussi (S1 et S2 dans le tableau 1). Par contre, il y aura assurément des cas où des ménages pauvres seront considérés comme non-bénéficiaires et inversement, des ménages non-pauvres qui recevront des transferts. Dans le premier cas, nous parlerons d’erreur d’exclusion (erreur de type II) tandis que le deuxième cas sera considéré comme des erreurs d’inclusion (erreur de type I). A partir de cet ensemble de possibilités, nous définirons les concepts suivants :

• Taux de couverture (coverage) : M1/N

• Taux de fuite (leakage) : E2/M1*100

• Taux de sous-couverture (undercoverage) : E1/N1*100 Ainsi, dans notre recherche de la meilleure fonction PMT, nous chercherons à minimiser à la fois le taux de fuite et le taux de sous-couverture. Autrement dit, nous chercherons à maximiser les cas de ciblage réussi.

Tableau 1 : Erreurs de Type I et II Pauvre Non pauvre Total Bénéficiaire Ciblage réussi (S1) Erreur d’inclusion (E2) M1 Non Bénéficiaire Erreur d’exclusion (E1) Ciblage réussi (S2) M2 Total N1 N2 N

11 Étant donné que la relation (1) est estimée sur une mesure de dépenses des ménages, cette le calcul de l’équation PMT sera basé uniquement les données de l’EDAM3. Par contre, les coefficients servant au calcul de l’équation (2) seront appliqués sur toutes les données, autant de l’EDAM3 que du RGPH 2009.

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Résultats

A partir du questionnaire de l’EDAM-3, nous avons défini une série de caractéristiques des ménages et estimé différents modèles PMT. Les variables utilisées sont définies au tableau A2 en annexe. A partir de ces variables, nous avons estimé une fonction PMT pour l’ensemble du pays12. Les résultats de cette régression se trouvent au tableau A1 de l’annexe. Avec un R2 de 0,67, nous sommes heureux de constater que le pouvoir explicatif de ce modèle est très élevé et devrait ainsi permettre un meilleur ciblage. A partir de ce modèle estimé au niveau national, nous avons calculé les taux de couverture, de sous-couverture et de fuite pour une série de seuils de pauvreté définis comme les bornes supérieures des différents décile de la distribution de dépenses. Le Tableau 2 montre que si les autorités décident que les bénéficiaires seront la population sous la médiane des revenus selon la mesure de bien-être , la formule PMT couvrira 51,7% de la population avec une sous-couverture de 15,4% et une fuite de 18,1%. Cela permettra un ciblage réussi de 66,4%. Ces taux de réussite se comparent très avantageusement avec les différentes expériences de PMT ailleurs dans les autres pays en développement. Il est à noter que lorsque le seuil de pauvreté (i.e. le décile) utilisé augmente, plus faibles seront les erreurs de ciblage.

Tableau 2 : Taux de couverture, fuite et sous-couverture, modèle national unique

Décile Couverture Sous-

couverture Fuite Efficacité du

ciblage

1 9,1 42,6 36,3 21,1

2 22,5 28,8 36,7 34,4

3 33,0 24,7 31,5 43,8

4 43,7 18,1 25,0 56,9

5 51,7 15,4 18,1 66,4

6 62,8 12,4 16,3 71,3

7 71,5 9,7 11,6 78,7

8 81,3 6,0 7,4 86,6

9 91,4 3,1 4,5 92,4

La ventilation de nos résultats selon le milieu et la région de résidence (Tableau 3) montre que la couverture d’un programme ciblé sera beaucoup plus grande en milieu rural qu’en milieu urbain. Si on suppose que 20 ou 40 pourcent (i.e. le premier ou le deuxième quintile) de la population nationale serait ciblé, la couverture serait presque complète (respectivement 80 et 94 pourcent) en milieu rural tandis qu’elle serait de 11 et 34 pourcent en milieu urbain. En particulier les cas de fuite (i.e. les ménages bénéficiaires qui n’auraient pas dû l’être) seraient minimisés.

12 Au lieu d’utiliser un modèle de régression unique pour l’ensemble du pays, nous avons aussi estimé trois modèles distincts selon le milieu de résidence : Djibouti-ville, autres zones urbaines et zones rurales. Il est possible de montrer que les résultats sont très semblables. Étant donné que l’utilisation de trois systèmes de pondérations différents rendrait la logistique beaucoup plus lourde sans une amélioration significative du ciblage, nous suggérons fortement l’utilisation d’un modèle unique.

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Tableau 3 : Taux de couverture, fuite et sous-couverture, selon le milieu et la région de résidence

Note : les trois colonnes sous le vocable « Quintile 1 » suppose que la limite supérieure du quintile le plus pauvre est le seuil d’indigence. Similairement les autres groupes de colonne supposent que les limites supérieures respectives des différents quintiles sont les seuils d’indigence. Questionnaire du recensement à venir Étant donné que cette fonction PMT a été construite à partir des données de l’enquête EDAM3, il est nécessaire que la formulation des questions dans le recensement nécessaire à la construction du Registre unifié des pauvres soit la même que dans l’enquête EDAM3. Les questions nécessaires sont les suivantes :

• Région de résidence (question IM01 dans le questionnaire EDAM3) • Age et sexe des membres du ménage (I02 & I04) • Éducation du chef de ménage (E05) • Éducation de la conjointe du chef (E05) • État matrimonial du chef (E07) • Matériaux des murs (CL02) • Matériaux du toit (CL03) • Matériaux du plancher (CL04) • Source d’énergie pour l’éclairage (CL07) • Principale source d’eau (CL09) • Type de toilettes (CL14) • Possession d’un téléphone portable (P03) • Possession d’un poste radio (P05) • Possession d’un téléviseur (P06) • Possession d’un réfrigérateur (P09) • Possession de camelins (P31A) • Possession de bovins (P31B)

Conclusion L’efficacité du ciblage dépend beaucoup du pouvoir explicatif de la fonction PMT. Avec le R2 très élevé obtenu pour la régression multivariée à la base de la fonction PMT (Annexe A1), il est attendu que nous avons un haut taux de précision qui nous donne espoir qu’un ciblage basé sur cette spécification sera efficace.

Quintile 1 Quintile 2 Quintile 3 Quintile 4

Couv. Sous Fuite Couv. Sous Fuite Couv. Sous Fuite Couv. Sous Fuite

Milieu

Urbain 11,4 56,5 58,9 34,1 27,0 33,4 56,1 16,3 20,3 77,8 7,4 8,8

Rural 80,3 5,9 20,4 94,0 1,4 9,2 97,9 1,0 4,7 99,5 0,2 1,8

Région

Djibouti 8,9 67,0 67,8 30,4 30,3 35,0 52,5 18,3 20,7 75,3 8,4 9,0

Ali Sabieh 46,4 22,1 17,8 72,6 8,6 10,2 86,0 5,6 6,9 95,7 2,0 3,2

Dikhil 60,1 10,7 18,5 81,9 5,4 10,2 92,6 3,0 7,0 98,4 0,4 2,2

Tadjourah 66,6 6,6 28,7 82,8 2,3 19,5 92,5 0,5 12,4 97,8 0,4 5,3

Obock 71,2 5,7 21,1 80,9 4,0 8,7 91,9 2,7 5,6 98,0 0,9 3,2

Arta 55,6 8,5 34,1 81,8 4,0 23,0 92,1 2,5 14,7 98,5 0,8 7,2

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Linear regression Number of obs = 5880

F( 34, 275) = 139.28

Prob > F = 0.0000

R-squared = 0.6747

| Robust

lnw | Coef. Std. Err. t

-------------+----------------------------------

r_dji | .248529 .0354774 7.01

toil_trou | .3888291 .0485081 8.02

toil_latsim | .4532654 .0463145 9.79

toil_latame | .4584193 .0524071 8.75

toil_wc | .620787 .0532736 11.65

taille | -.2774993 .0138618 -20.02

taille2 | .0088266 .0008325 10.60

radio | .1185628 .0191032 6.21

garcon610 | .0304748 .0133286 2.29

frigo | .187904 .0227822 8.25

garcon1117 | .0366247 .0136504 2.68

fille1117 | .0408917 .0132266 3.09

homme1860 | .0354592 .0104893 3.38

femme1860 | .0448654 .0120357 3.73

electricite | .1355706 .0322414 4.20

portable | .2716365 .0274699 9.89

chef_prima~e | .1295366 .0245002 5.29

chef_college | .1424231 .0267136 5.33

chef_lycee | .191069 .0305344 6.26

chef_postbac | .3037089 .0402782 7.54

chef_veuf_~v | -.1126706 .0231306 -4.87

chef_age3549 | .0642248 .026373 2.44

chef_age5099 | .0877339 .0298676 2.94

conjointe_~e | .0524683 .0210194 2.50

eau_courint | .3611416 .04666 7.74

mur_adobe | .0655207 .0213075 3.08

eau_courext | .1991182 .0419228 4.75

eau_fontaine | .1639344 .0487089 3.37

tv | .0744375 .0299037 2.49

toit_tole | .2301234 .0502317 4.58

toit_bois | .2167163 .0458935 4.72

toit_beton | .3165959 .0568208 5.57

sol_ciment | .1528517 .0268133 5.70

sol_carrel | .3999771 .0355944 11.24

_cons | 11.40121 .0529656 215.26

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Variables utilisées durant la formulation de la fonction PMT, avec moyenne par ménage, par type de population

Description des variables Nom des variables Codification

Sédentaire Nomade Sans-abris

Ménage réside à Djibouti-ville r_dji 0/1 0,708 0,000 1

Ménage réside dans la région d’Ali Sabieh r_ali 0/1 0,059 0,219 0

Ménage réside dans la région de Dikhil r_dik 0/1 0,074 0,107 0

Ménage réside dans la région de Tadjourah r_tad 0/1 0,084 0,420 0

Ménage réside dans la région d’Obock r_obo 0/1 0,034 0,196 0

Ménage réside dans la région d’Arta r_art 0/1 0,042 0,058 0

Taille du ménage taille en nombre 5,624 5,566 1

Taille au carré taille2 en nombre 38,950 38,240 1

Nombre d’enfants âgés entre 0 et 5 enfant05 en nombre 0,905 0,747 0

Nombre de garçons âgés entre 6 et 10 garcon610 en nombre 0,429 0,389 0

Nombre de filles âgées entre 6 et 10 fille610 en nombre 0,369 0,357 0

Nombre de garçons âgés entre 11 et 17 garcon1117 en nombre 0,407 0,405 0

Nombre de filles âgées entre 11 et 17 fille1117 en nombre 0,395 0,348 0

Nombre d'hommes âgés entre 18 et 60 homme1860 en nombre 1,391 1,499 0

Nombre de femmes âgées entre 18 et 60 femme1860 en nombre 1,492 1,553 0

Nombre d'hommes âgés de 61 ou plus homme61plus en nombre 0,107 0,155 0

Nombre de femmes âgées 61 ou plus femme61plus en nombre 0,130 0,113 0

Chef du ménage est une femme chef_femme 0/1 0,220 0,168 0

Chef du ménage n'est pas allé à l'école chef_noneduc 0/1 0,618 0,922 1

Chef du ménage est allé école primaire chef_primaire 0/1 0,123 0,004 0

Chef du ménage est allé au collège chef_college 0/1 0,111 0,055 0

Chef du ménage est allé au Lycée chef_lycee 0/1 0,082 0,020 0

Chef du ménage est allé à l’université (BAC+3/4)

chef_postbac 0/1 0,066 0,000 0

Chef du ménage est veuf ou divorcé chef_veuf_div 0/1 0,169 0,137 0

Chef du ménage est âgé entre 15 et 34 chef_age1534 0/1 0,187 0,193 0

Chef du ménage est âgé entre 35 et 49 chef_age3549 0/1 0,438 0,337 1

Chef du ménage est âgé de 50 ou plus chef_age5099 0/1 0,375 0,470 0

Conjointe du chef est allée à l’école conjointe_scolarisee

0/1 0,197 0,035 0

Pas de conjointe conjointe_non 0/1 0,242 0,208 0

Type de matériaux des murs: adobe mur_adobe 0/1 0,237 0,000 0

Type de matériaux des murs: brique mur_brique 0/1 0,165 0,000 0

Type de matériaux des murs: tôle mur_tole 0/1 0,346 0,000 0

Type de matériaux des murs: pierre mur_pierre 0/1 0,051 0,000 0

Type de matériaux des murs: autres mur_autre 0/1 0,201 1,000 1

Type de matériaux de la toiture: tôle toit_tole 0/1 0,612 0,000 0

Type de matériaux de la toiture: bois toit_bois 0/1 0,168 0,000 0

Type de matériaux de la toiture: béton toit_beton 0/1 0,096 0,000 0

Type de matériaux de la toiture: paille toit_paille 0/1 0,124 1,000 1

Type de matériaux du sol: ciment sol_ciment 0/1 0,425 0,000 0

Type de matériaux du sol: carrelage sol_carrel 0/1 0,140 0,000 0

Type de matériaux du sol: terre sol_terre 0/1 0,435 1,000 1

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Ménage utilise l’électricité electricite 0/1 0,529 0,000 0

Source d’eau potable: courante, intérieur eau_courint 0/1 0,263 0,000 0

Source d’eau potable: courante, extérieur eau_courext 0/1 0,409 0,000 0

Source d’eau potable: fontaine publique eau_fontaine 0/1 0,136 0,000 0

Source d’eau potable: forage eau_forage 0/1 0,037 0,000 0

Source d’eau potable: autres eau_autre 0/1 0,155 1,000 1

Type de toilette: WC avec chasse d’eau toil_wc 0/1 0,107 0,000 0

Type de toilette: latrine améliorée toil_latame 0/1 0,113 0,000 0

Type de toilette: latrine simple toil_latsim 0/1 0,380 0,000 0

Type de toilette: trou avec clôture toil_trou 0/1 0,247 0,000 0

Type de toilette: nature toil_nature 0/1 0,153 1,000 1

Ménage possède un portable portable 0/1 0,599 0,070 0

Ménage possède un radio radio 0/1 0,351 0,677 0

Ménage possède un téléviseur tv 0/1 0,422 0,009 0

Ménage possède un réfrigérateur frigo 0/1 0,329 0,000 0

Ménage possède un réchaud rechaud 0/1 0,293 0,000 0

Ménage possède des camelins camelin 0/1 0,046 0,000 0

Ménage possède des bovins bovin 0/1 0,034 0,000 0

Ménage possède des ovins ovin 0/1 0,147 0,000 0

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Annexe 3. Démographie

Tableau 1: Caractéristiques socioéconomiques de la population sédentaire (en %)

Han

dica

Eco

le 6

-13

Eco

le 1

4-18

Eco

le 1

9-25

Alp

habé

tisa

tion

Scol

aris

é

Tra

vail

Che

rche

Sala

rié

Indé

pend

ant

Tâc

hero

n

Quintile

Plus pauvre 1,9 56,0 42,7 13,9 23,2 23,1 15,9 36,0 33,9 29,7 36,5

Deuxième 1,4 74,3 66,9 25,2 43,6 44,4 23,2 31,4 47,9 23,6 28,5

Troisième 1,3 81,6 71,4 29,3 50,3 51,7 26,2 32,6 57,1 22,4 20,5

Quatrième 1,4 83,1 82,8 34,5 61,1 62,0 29,7 28,3 70,0 19,3 10,7

Plus riche 1,1 85,2 84,4 38,5 71,3 71,6 41,8 22,4 81,1 13,5 5,3

Région

Djibouti 1,4 78,6 75,1 31,9 57,4 58,5 30,9 28,3 67,1 17,9 15,0

Ali Sabieh 1,3 73,9 65,2 24,0 41,3 40,2 23,9 29,3 47,8 32,2 19,9

Dikhil 0,9 63,7 62,8 25,0 35,2 33,1 16,9 29,4 54,9 30,2 14,9

Tadjourah 2,4 62,5 42,1 11,4 29,8 29,9 17,3 39,0 58,0 17,8 24,2

Obock 1,1 66,0 54,4 11,6 21,1 22,9 22,7 37,2 49,8 31,6 18,5

Arta 1,3 58,6 49,2 16,4 35,1 34,4 23,9 37,6 52,3 26,4 21,2

Milieu

Urbain 1,4 78,4 75,7 32,0 57,1 57,8 30,0 28,5 66,0 18,8 15,2

Rural 1,5 56,2 28,2 5,9 17,8 18,1 17,6 37,1 50,0 27,0 22,9 Sexe du chef de ménage

Homme 1,3 75,3 72,5 30,6 52,8 53,3 29,4 27,5 66,5 17,0 16,5

Femme 1,7 70,8 59,4 23,6 46,9 48,2 23,6 38,1 55,4 31,8 12,8

Ensemble 1,4 74,7 70,1 29,0 51,6 52,2 28,2 29,7 64,6 19,5 15,8 Note : Le pourcentage d’handicapé est basé sur la population totale. Les trois variables de fréquentation scolaire sont basés sur les groupes d’âge spécifiés. Toutes les autres variables sont définies pour le groupe d’âge 15-64 ans.

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Annexe 4 : Enquête sur les coûts variables du transport routier de passagers

Une enquête sur les véhicules de transport routier de passagers a été effectuée à Djibouti-ville au mois d’avril 2014, avec l'objectif de fournir une ventilation des coûts variables de fonctionnement de ces véhicules. La part des coûts de carburant dans les coûts variables a été nécessaire afin d'estimer la répercussion de la hausse des prix du diesel qui serait provoquée par la suppression de l'élément fiscal discrétionnaire dans ces prix. Le sondage a été conçu et administré par DISED (Direction de la Statistique et des Etudes Démographiques).

Cinquante véhicules ont fait partie de l’enquête, parmi lesquels 26 des participants étaient des propriétaires et 24 étaient des employés. Les véhicules étaient de quatre types : 18 bus, 12 mini-bus, 10 taxis (berline) et 10 Land Cruiser (véhicules tout terrain). L'âge moyen de ces véhicules était de 5.3 ans. Les routes urbaines ont été desservies par 58% de ces véhicules, et diverses routes inter-urbaines par les autres véhicules. Un seul véhicule utilisait de l’essence (super) comme carburant, tandis que tout le reste utilisé du diesel (gazole). La consommation moyenne de carburant par jour était de 54 litres.

Un certain nombre de questions dans l'enquête, liées aux coûts variables, était basé sur des périodes de temps différentes. Les coûts de carburant journaliers, les frais d'entretien (nettoyage, changement d'huile, réparation de pneus, lampes, batterie, et petites réparations) sur une période de 3 mois, et les réparations et remplacements majeurs (achat de pneus, batteries, etc.) ont été transmis sur une base annuelle. Autres coûts, tels que les frais de permis (vignette), de l'assurance, et d'autres taxes, ont été transmis sur base annuelle. Tous ces facteurs ont été convertis en équivalents quotidiens et figurent dans le tableau 1. Les coûts de carburant sont la principale composante des coûts variables et représentent 80 pourcent de tous les coûts quotidiens.

Tableau 1 : Le coût journalier des véhicules de transport de passagers (DF)

Élément de coût FD par jour

Carburant 11582

Entretien et petites réparation 1378

Pièces de rechange et réparation majeure 776

Prix du permis 87

Assurance 430

Taxes et autres coûts 127

Total 14380

Part du carburant dans le total des coûts variables 80%

Les parts de coût de carburant par type de transport sont présentés dans le tableau 2, et indique que les coûts de carburant sont les plus importants pour véhicules tout-terrain, et moins important pour les taxis. Cependant, l'enquête sur les dépenses des ménages n'indique pas quelle part des dépenses va à différents types de transport de passagers, de sorte que les proportions sont semblables pour toutes les classes de véhicules, ce qui indique que l'utilisation de la part globale de carburant de 80% serait une estimation raisonnable pour toutes catégories de véhicules.

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Tableau 2 : Part du carburant dans les coûts variables par type de véhicule

Type de Véhicule Part du cout du carburant (%)

Bus 78

Mini-bus 81

Land cruiser 85

Taxi 73

Enfin, l'enquête comprend des informations sur les recettes quotidiennes moyennes, avec une distinction entre les périodes où les écoles étaient ouvertes et celles où elles étaient fermées. Le tableau 3 indique qu'il existe une différence substantielle dans les recettes moyennes quotidiennes entre les jours où les écoles sont ouvertes et les jours lorsque les écoles sont fermées. Les recettes moyennes quotidiennes de 18 254 FD peuvent être comparées au coût variable de moyenne quotidienne de 14 380 FD. L'écart entre les deux doit couvrir les coûts de main-d'œuvre, d'amortissement et les frais d'intérêt sur les véhicules, ainsi que la marge de l'entrepreneur.

Tableau 3 : Moyenne de recette journalière des véhicules de transport de passagers

FD/Jour

Tous les jours 18 524

Jours où les écoles sont ouvertes 21 044

Jours où les écoles sont fermées 16 904

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Annexe 5. Projet d'assistance sociale: Bourse Familiale pour les ménages pauvres et vulnérables des régions de l'intérieur

Vieux60 Vieux70 Handicap Orphelin

Quintile

Plus pauvre 4,6 1,8 0,0 0,5

Deuxième 3,7 1,4 0,1 0,9

Troisième 3,8 1,4 0,1 1,0

Quatrième 4,2 1,4 0,1 0,9

Plus riche 4,6 1,4 0,1 0,8

Région

Djibouti 3,6 1,2 0,1 0,8

Ali Sabieh 5,6 2,4 0,1 1,3

Dikhil 4,7 1,5 0,0 0,5

Tadjourah 6,6 2,4 0,1 0,8

Obock 5,5 1,9 0,1 0,9

Arta 5,4 2,4 0,2 0,7

Milieu

Urbain 3,8 1,3 0,1 0,9

Rural 5,8 2,2 0,1 0,5

Sexe du chef de ménage

Homme 3,7 1,3 0,1 0,6

Femme 6,6 2,6 0,1 2,2

Total 4,2 1,5 0,1 0,8

Nombre des cas 6791 2418 133 521 Notes: toutes les variables sont en % sont définies à la base du recensement de 2009 vieux60: proportion de la population âgée 60+ vieux70: proportion de la population âgée 70+ handicap: proportion de la population qui déclare un "handicap majeur" orphelin: proportion des enfants âgés 17 et moins dont les deux parents sont morts

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Annexe 6. Capacité à réagir aux chocs Tableau 1 Pourcentage des ménages ayant connu un choc durant les derniers 12 mois (en %)

Nom

bre

moy

en d

e ch

ocs

Pert

e d'

empl

oi/r

éduc

tion

de

sala

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Mal

adie

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colt

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la

séch

eres

se

Ince

ndie

Aut

re c

hoc

Pas

de c

hoc

Quintile

Plus pauvre 1,55 5,3 4,4 5,2 56,6 8,1 1,4 6,3 8,3 1,8 1,9 14,3 29,7 5,9 4,5 1,1 2,1 0,5

Deuxième 0,88 4,8 4,8 5,2 44,3 6,4 0,9 3,4 4,1 1,9 1,3 3,1 7,3 1,0 0,6 0,0 0,5 0,5

Troisième 0,71 4,3 3,8 4,7 36,4 6,3 1,5 3,7 3,0 2,7 0,4 1,2 3,7 0,4 0,6 0,3 0,6 0,3

Quatrième 0,71 3,6 3,3 4,6 37,5 6,9 1,9 3,6 2,3 2,6 0,7 1,3 1,7 0,3 0,3 0,2 0,1 0,0

Plus riche 0,67 2,3 5,2 4,8 31,0 8,2 2,7 3,4 1,8 2,9 0,9 1,9 0,9 0,6 0,7 0,2 0,0 0,1

Région

Djibouti 0,66 3,9 4,1 4,6 33,1 6,3 1,7 3,6 2,7 2,5 0,8 0,8 0,3 0,4 0,3 0,2 0,2 0,2

Ali Sabieh 0,65 1,0 2,8 3,3 39,7 1,2 0,3 3,2 1,9 2,2 0,5 1,2 7,1 0,5 0,1 0,0 0,0 0,0

Dikhil 1,6 8,6 3,1 4,1 63,4 21,9 3,3 3,6 8,0 2,4 0,8 10,2 20,1 5,2 3,7 0,3 1,1 0,0

Tadjourah 1,73 1,2 3,3 9,3 67,4 5,2 0,6 2,9 8,9 1,5 1,7 13,4 45,8 4,6 4,7 1,2 1,2 1,4

Obock 3,3 10,6 19,1 7,9 87,7 15,8 5,5 21,0 13,5 3,7 7,9 48,4 53,2 14,1 12,3 1,8 8,0 0,4

Arta 0,7 1,2 2,7 1,8 37,0 3,6 1,4 3,3 0,4 1,7 0,4 2,4 13,3 1,0 0,2 0,0 0,0 0,0

Milieu

Urbain 0,7 3,9 4,6 4,8 35,0 6,5 2,0 3,9 2,6 2,7 0,9 0,9 0,6 0,4 0,4 0,2 0,3 0,2

Rural 1,79 3,9 3,3 5,2 64,5 10,4 0,6 4,6 8,9 1,1 1,8 18,5 41,1 6,8 5,4 0,9 1,8 0,6

Sexe du chef de ménage

Homme 0,88 4,0 4,2 4,0 40,4 7,7 1,7 4,1 3,7 2,4 1,0 4,1 7,7 1,4 1,2 0,2 0,5 0,1

Femme 0,98 3,8 5,0 8,3 41,4 5,7 1,8 4,0 4,2 2,3 1,4 4,7 10,3 2,3 1,8 0,7 0,9 0,8

Ensemble 0,91 3,9 4,3 4,9 40,6 7,3 1,8 4,1 3,8 2,4 1,0 4,3 8,3 1,6 1,3 0,4 0,6 0,3

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Tableau 2: Pourcentage des ménages ayant connu une perte suite à un choc durant les derniers 12 mois (en %)

Ens

embl

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des

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Ens

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colt

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séch

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Aut

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Pas

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Quintile

Plus pauvre 7,49 81,08 3,8 3,5 3,7 46,7 5,3 1,2 5,5 6,6 1,6 1,6 12,5 25,6 4,6 3,5 1,0 1,4 0,8

Deuxième 4,65 81,62 4,2 4,1 3,7 37,0 4,1 0,8 2,4 3,1 1,5 0,9 2,6 6,1 0,9 0,5 0,0 0,4 0,2

Troisième 3,17 73,7 3,4 3,3 3,7 26,3 4,1 1,0 3,4 2,3 1,5 0,1 0,9 2,7 0,2 0,4 0,3 0,5 0,0

Quatrième 2,99 70,6 2,8 2,3 2,5 27,0 4,1 1,7 2,8 1,9 1,6 0,6 0,8 1,4 0,1 0,2 0,0 0,1 0,0

Plus riche 2,59 64,11 1,6 3,4 3,2 21,2 4,5 2,1 2,9 1,3 1,7 0,6 1,1 0,5 0,3 0,3 0,2 0,0 0,1

Région

Djibouti 2,94 73,77 3,3 3,3 3,3 24,9 4,3 1,4 3,1 2,2 1,9 0,5 0,5 0,2 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2

Ali Sabieh 3,16 86,38 0,9 1,1 1,4 38,3 0,4 0,3 2,9 0,1 0,3 0,2 1,0 6,2 0,5 0,1 0,0 0,0 0,0

Dikhil 5,35 54,94 4,6 2,3 2,1 36,1 9,0 2,2 2,2 4,9 1,2 0,6 7,7 12,8 2,8 1,4 0,0 0,9 0,0

Tadjourah 9,08 85,79 0,7 2,2 6,3 58,6 2,9 0,2 2,3 8,7 0,9 1,7 12,7 44,7 4,2 4,6 1,2 1,2 1,2

Obock 14,91 77,29 7,5 15,1 5,9 68,5 10,9 4,7 17,0 8,6 1,8 4,9 39,3 42,4 11,6 10,0 1,3 3,6 0,4

Arta 3,09 77,17 1,0 1,9 0,8 29,4 3,1 0,4 2,4 0,3 0,7 0,4 2,2 9,0 0,7 0,2 0,0 0,0 0,0

Milieu

Urbain 3,07 73,15 3,3 3,5 3,3 26,3 4,3 1,6 3,4 2,1 1,8 0,6 0,6 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1

Rural 8,18 77,54 2,0 2,4 3,7 50,7 4,9 0,4 3,6 6,5 0,8 1,4 15,7 35,1 5,2 4,2 0,7 1,3 0,6

Sexe du chef de ménage

Homme 3,85 72,9 3,1 3,2 2,4 30,2 4,6 1,3 3,3 2,8 1,5 0,7 3,4 6,4 1,0 0,9 0,2 0,4 0,1

Femme 4,75 79,41 2,9 3,8 6,5 33,6 4,0 1,8 3,7 3,5 1,8 1,1 3,7 9,2 1,8 1,3 0,7 0,7 0,6

Ensemble 4,05 74,43 3,1 3,3 3,3 31,0 4,4 1,4 3,4 2,9 1,6 0,8 3,5 7,0 1,2 1,0 0,3 0,4 0,2

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Tableau 3: Pourcentage des ménages n’ayant pas eu assez de nourriture suite à un choc durant les derniers 12 mois (en %)

Ens

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colt

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la

séch

eres

se

Ince

ndie

Aut

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Pas

de c

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Quintile

Plus pauvre 7,64 83,43 4,0 3,4 3,7 50,5 6,4 1,3 5,9 6,2 1,5 1,6 12,1 25,0 4,1 3,2 1,0 1,5 1,0

Deuxième 4,81 85,61 4,4 3,9 3,6 39,4 4,2 0,8 2,7 3,1 1,4 0,8 2,3 5,5 0,9 0,6 0,0 0,4 0,2

Troisième 3,58 83,82 3,7 2,9 3,6 32,1 4,6 1,1 3,3 2,0 1,5 0,3 0,7 2,7 0,2 0,4 0,3 0,6 0,0

Quatrième 3,03 73,92 3,1 1,9 2,3 31,4 5,4 1,8 3,1 1,5 1,4 0,3 0,5 1,3 0,3 0,2 0,0 0,0 0,0

Plus riche 2,67 68,26 1,5 3,1 2,6 23,2 4,4 1,7 2,4 0,7 1,7 0,4 1,3 0,4 0,3 0,3 0,2 0,0 0,1

Région

Djibouti 3,12 80 3,3 2,9 3,1 28,5 4,9 1,4 3,0 1,9 1,8 0,4 0,6 0,2 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2

Ali Sabieh 3,13 85,85 0,8 0,8 1,4 37,8 0,3 0,2 3,2 0,6 0,0 0,2 1,0 6,2 0,5 0,1 0,0 0,0 0,0

Dikhil 5,39 59,66 5,6 2,0 2,1 46,1 8,5 2,0 2,6 3,8 0,8 0,4 5,0 8,8 2,0 1,2 0,0 0,7 0,0

Tadjourah 9,2 86,13 1,1 1,9 5,9 58,6 4,3 0,5 2,3 8,5 0,9 1,7 13,1 44,9 4,4 4,6 1,2 1,2 1,2

Obock 15,41 80,26 7,4 15,5 4,8 77,0 12,6 5,1 18,8 7,4 1,6 5,2 39,3 41,7 10,2 8,7 1,2 5,0 0,4

Arta 3,13 79,35 1,0 2,3 0,6 31,5 2,2 0,6 2,5 0,1 0,8 0,2 2,1 8,5 0,7 0,2 0,0 0,0 0,0

Milieu

Urbain 3,23 78,3 3,3 3,1 3,0 29,7 4,7 1,6 3,3 1,8 1,7 0,5 0,6 0,3 0,3 0,2 0,2 0,3 0,2

Rural 8,38 80,45 2,6 2,4 3,5 55,5 6,1 0,4 4,0 6,2 0,6 1,4 14,8 33,6 4,8 3,8 0,7 1,4 0,6

Sexe du chef de ménage

Homme 4,02 77,8 3,3 2,8 2,3 34,2 5,0 1,3 3,4 2,4 1,4 0,6 3,2 6,0 0,9 0,8 0,2 0,4 0,1

Femme 4,89 82,61 2,8 3,7 6,0 36,2 4,8 1,5 3,5 3,5 1,7 1,1 3,9 9,2 1,8 1,3 0,6 0,7 0,8

Ensemble 4,21 78,93 3,2 3,0 3,1 34,6 5,0 1,4 3,4 2,6 1,5 0,7 3,3 6,7 1,1 0,9 0,3 0,5 0,3

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Tableau 4: Pourcentage des ménages n’ayant rien pu faire pour compenser l’effet du choc durant les derniers 12 mois (en %)

Pour

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de m

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Quintile

Plus pauvre 59,32 52,5 46,8 56,9 41,6 49,3 46,6 31,8 88,7 53,2 46,2 64,3 70,6 57,7 57,5 46,6 61,5 45,5

Deuxième 51 45,0 32,6 46,6 49,0 42,1 56,9 29,3 79,9 58,5 67,1 87,5 79,3 49,2 34,0 0,0 39,7 100,0

Troisième 49,46 37,9 40,3 39,8 43,9 62,1 61,0 31,6 68,1 59,9 38,5 76,5 69,5 65,6 59,8 76,4 41,1

Quatrième 38,62 44,6 47,3 45,4 37,1 48,2 33,4 21,1 52,1 66,8 60,0 76,1 86,6 12,3 63,5 0,0 40,3 0,0

Plus riche 36,34 58,2 46,3 37,1 33,7 36,3 40,1 25,6 46,5 68,0 51,9 42,0 40,3 57,5 26,1 0,0 0,0 0,0

Région

Djibouti 39,2 41,8 38,5 36,9 40,1 33,5 33,4 21,0 57,1 57,9 37,7 39,4 27,6 27,8 10,9 0,0 0,0 0,0

Ali Sabieh 66,33 73,5 65,5 75,7 61,7 63,1 47,8 69,8 100,0 97,8 66,5 43,2 68,5 100,0 100,0

Dikhil 57,48 58,0 55,7 63,6 48,0 74,8 79,6 25,8 91,8 70,9 49,9 48,8 56,8 45,7 32,5 64,4 21,6

Tadjourah 68,65 76,7 66,6 68,9 44,2 77,2 100,0 60,6 96,8 67,4 68,8 89,4 88,0 87,1 94,3 100,0 81,7 100,0

Obock 40,32 54,9 39,4 30,0 12,5 37,3 45,5 22,7 81,3 80,4 72,6 68,5 50,5 46,5 47,1 50,6 85,1 100,0

Arta 54,68 85,4 63,3 46,9 44,4 54,0 63,1 77,2 100,0 57,7 100,0 65,6 86,7 100,0 0,0

Milieu

Urbain 42,15 45,2 41,8 40,9 42,0 37,8 43,2 27,0 60,1 62,2 47,5 44,8 42,9 30,5 18,4 0,0 31,0 3,9

Rural 60,32 57,2 50,4 61,1 38,8 68,9 61,0 32,7 92,5 66,8 64,8 70,4 73,4 61,3 61,4 81,6 71,7 100,0

Sexe du chef de ménage

Homme 48,54 46,1 46,4 49,7 42,8 47,7 46,8 28,2 79,3 64,9 61,5 68,1 71,0 56,0 53,7 51,0 62,8 63,7

Femme 44,01 52,8 32,9 37,0 34,7 39,6 35,6 28,3 59,8 54,0 32,7 59,5 73,3 53,4 48,3 28,0 35,2 35,6

Ensemble 47,47 47,5 43,0 45,0 41,0 46,3 44,3 28,2 74,5 62,6 53,2 66,0 71,6 55,2 52,1 40,4 54,0 46,2

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Tableau 5: Pourcentage des ménages ayant récupéré des pertes induites par ce choc (en %)

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Quintile

Plus pauvre 26,78 17,3 32,9 30,0 33,1 19,8 33,2 26,3 18,8 43,0 29,7 14,2 14,9 15,9 18,5 52,2 21,9 45,4

Deuxième 28,31 13,9 27,0 38,2 25,7 32,9 34,9 13,7 25,5 11,9 15,2 2,4 18,4 31,8 42,0 0,0 41,2 22,1

Troisième 31,27 35,4 36,0 38,6 31,8 37,2 61,4 49,3 16,6 17,7 61,1 17,7 17,8 23,0 27,2 70,1 41,0

Quatrième 36,89 36,4 38,0 43,2 33,9 34,8 58,9 53,5 19,5 33,7 3,4 34,7 23,8 17,7 36,5 100,0 40,3 0,0

Plus riche 49,48 47,0 47,5 60,3 49,6 32,8 55,8 48,9 52,5 46,2 57,0 24,5 47,3 46,8 40,4 100,0 100,0 100,0

Région

Djibouti 36,27 30,3 40,1 49,4 33,5 37,4 63,4 46,0 36,6 35,4 46,6 30,7 72,7 62,1 64,7 91,8 80,2 72,3

Ali Sabieh 57,89 46,3 49,9 38,4 65,0 36,1 100,0 29,3 5,4 2,2 74,8 40,3 42,5 46,8 0,0

Dikhil 25,29 14,4 23,4 29,5 24,7 16,8 20,6 14,5 14,1 17,8 18,3 14,1 10,3 3,3 4,0 0,0 0,0

Tadjourah 29,37 32,0 38,2 31,1 35,7 28,4 39,8 50,0 6,6 58,3 0,0 15,3 16,6 12,7 12,4 44,7 29,5 19,2

Obock 21,94 30,2 25,6 16,5 31,8 18,0 22,7 19,4 16,0 19,3 17,7 7,9 12,1 17,3 27,1 38,1 7,3 0,0

Arta 34,92 30,5 45,5 44,3 41,8 47,0 36,9 19,4 31,8 31,0 0,0 33,4 10,5 0,0 100,0

Milieu

Urbain 38,15 31,0 40,8 49,5 36,1 37,6 53,8 43,9 34,8 33,7 42,5 34,8 49,0 60,4 62,4 92,0 56,5 69,5

Rural 25,5 15,1 17,5 17,2 31,9 13,5 23,9 15,9 10,3 20,4 8,6 11,1 15,0 11,1 14,2 36,1 7,8 18,0

Sexe du chef de ménage

Homme 35,01 29,0 37,1 45,7 34,7 30,1 52,8 38,0 24,4 33,4 27,2 13,5 17,9 14,9 20,9 61,6 18,9 49,1

Femme 32,6 24,4 38,6 38,4 35,2 35,4 49,2 37,3 22,2 29,0 41,7 20,7 14,6 34,3 33,3 67,5 50,3 45,5

Ensemble 34,44 28,0 37,5 43,0 34,8 31,0 52,0 37,9 23,9 32,5 31,4 15,3 17,0 20,9 24,6 64,4 28,9 46,8

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