[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
1
ACADEMIE DE PARIS
Année 2017
MEMOIRE
pour l’obtention du DES
d’Anesthésie-Réanimation
Coordonnateur : Monsieur le Professeur Benoit PLAUD
par
Hélène DARMON
Présenté et soutenu le 13 septembre 2017
Impact de l’aromathérapie sur l’anxiété avant un geste invasif: revue systématique de la
littérature
Travail effectué sous la direction du Docteur Gilles GUERRIER
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
2
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
3
TabledesmatièresListe des abréviations ...................................................................................... 4
Résumé............................................................................................................ 5
Introduction ...................................................................................................... 6
L'anxiété : ..................................................................................................... 6
Définition : ................................................................................................. 6
L’anxiété au bloc opératoire : ................................................................... 6
Manifestations et conséquences .............................................................. 7
Evaluation de l’anxiété pré-opératoire ...................................................... 8
Prévention ................................................................................................ 9
Moyens pharmacologiques ................................................................... 9
Moyens psychologiques ........................................................................ 9
L’aromathérapie ......................................................................................... 10
Méthode ......................................................................................................... 11
Source de données .................................................................................... 11
Sélection des études .................................................................................. 11
Extraction des données .............................................................................. 11
Résultats ........................................................................................................ 12
Discussion ...................................................................................................... 17
Conclusion ..................................................................................................... 19
Bibliographie .................................................................................................. 20
Annexe ........................................................................................................... 23
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
4
ListedesabréviationsAPAIS : Amsterdam Preoperative Anxiety and Information Scale
EVA : Échelle Visuelle Analogique
ICC : Induction Compliance Checklist
mYPAS : modified Yale Preoperative Anxiety Scale
SSPI : salle de soin post interventionnelle
STAI : State Trait Anxiety Invatory
STAIC : State Trait Anxiety Invatory for Children
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
5
RésuméINTRODUCTION : Réduire l'anxiété qui précède une intervention chirurgicale
ou un geste invasif est un objectif important de la prise en charge du patient.
L'anxiété est à l’origine de complications, notamment des périodes de
récupération plus longues et est responsable d’un abaissement du seuil de
tolérance à la douleur. L’objectif de cette étude était d’établir un état de la
littérature scientifique sur l’aromathérapie visant à réduire l'anxiété précédant
un geste invasif.
METHODES: Nous avons procédé à une revue systématique de la littérature
en utilisant la base de données PubMed. Ont été incluses les études
décrivant des résultats mesurables en réponse à des interventions visant
spécifiquement à diminuer l’anxiété chez les patients avant un geste invasif,
chirurgical, dentaire, endoscopique ou de radiographie interventionnelle. Le
critère de jugement principal était l'anxiété mesurée par le questionnaire
« State Trait Anxiety Invatory » (STAI).
RÉSULTATS: Nous avons identifié 194 études. Neufs de ces études
répondaient aux critères d'inclusion et ont été incluses dans notre revue.
Parmi elles, six études ont montré une diminution significative de l’anxiété
mesurée par le questionnaire STAI avant et après intervention. Une étude a
montré une différence significative du niveau d’anxiété mesuré par STAI en
faveur du groupe aromathérapie. Une étude n’a pas retrouvé de différence
significative et une étude a retrouvé une différence significative chez les
enfants et adolescents en faveur du groupe contrôle.
CONCLUSIONS: L’aromathérapie semble être un moyen efficace pour
diminuer l'anxiété chez les patients en attente de gestes interventionnels.
Cependant les études limitées et l'hétérogénéité des interventions et des
méthodes dans ce domaine suggèrent la nécessité de réaliser des essais
randomisés bien conduits avec larges effectifs pour confirmer ces données.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
6
Introduction
L'anxiété:
Définition:Spielberger défini l’état anxieux en 1966 comme « un état comportant des
sensations déplaisantes de tension et d’appréhension, perçues
consciemment, accompagnées de l’activation ou de l’éveil du système
autonome »1. « Le stress et l’anxiété préopératoires peuvent être considérés
comme un déséquilibre entre la demande émotionnelle engendrée par la
situation et les capacités du patient à y faire face. » 2 Il ne s’agit pas
nécessairement de peurs précises ou spécifiques mais plutôt d’une sensation
de malaise, une réaction de stress, qui peut rester confuse ou porter sur
différents aspects de l’hospitalisation. « Lorsqu’elle est d’intensité faible à
modérée, c’est une réponse adaptée à une situation potentiellement
anxiogène. Lorsqu’elle est intense, elle peut remplir les critères d’un trouble
psychopathologique (trouble anxieux). L’anxiété s’articule autour de 3
composantes : cognitive, comportementale et physiologique »3.
L’anxiétéaublocopératoire:Le bloc opératoire est généralement un lieu inconnu du patient, où toute
stimulation peut générer un stress, source d’anxiété : stimulations visuelles
(lumière ambiante, scialytique, décor), auditives (langage, conversations du
personnel parfois mal adaptées, bruit des instruments, alarmes diverses,
bips), kinesthésiques (température, inconfort d’installation, manipulation).
Le jour d’une intervention est particulièrement anxiogène : une fois transféré
au bloc, nu sous sa blouse anonyme, le patient attend, allongé et en totale
dépendance, d’être placé en salle d’opération. Dans le meilleur des cas il y
est directement installé et relié à divers appareils de monitorage qui clignotent
ou émettent des sons insolites, pris en main dans un univers peu humanisé
par des inconnus évoluant visage masqué et en uniforme, mais généralement
il doit en plus attendre son tour et a le temps d’analyser de manière pas
toujours rationnelle cet environnement hostile.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
7
Les facteurs d’anxiété au bloc opératoire sont nombreux : l’acte chirurgical en
lui-même, l’atteinte de l’intégrité physique, le risque de l’anesthésie,
l’appréhension liée à l’endroit, la peur de l’inconnu, de la douleur, l’échec
possible de l’intervention, les séquelles incertaines de l’intervention mais
aussi des facteurs propres au vécu du patient4.
La prévalence de l’anxiété péri-opératoire a été estimé entre 60% et 80%5,6.
Elle est, dans ce contexte particulier, ressentie par les patients de manière
très variée et doit être prise en charge en préopératoire car elle est source de
complications per et postopératoires et a été associée à des durées
prolongées de récupération postopératoire7,8.
Chez l’adulte, le cancer, le tabagisme, les troubles psychiques, le pronostic
réservé, le terrain anxieux, la douleur, la chirurgie moyenne à lourde, le sexe
féminin ont été identifiés comme facteurs de risque d’anxiété. En revanche,
les expériences chirurgicales préalables la diminuent9.
ManifestationsetconséquencesL’anxiété est une sensation subjective pouvant induire des symptômes variés,
notamment par le biais d’une activation du système nerveux sympathique10:
cardiovasculaires (tachycardie, hypertension artérielle), ventilatoires
(dyspnée, sensation de gêne), neurovégétatifs (bouche sèche et dysurie) et
neuropsychiques (sensation d’asthénie, troubles du sommeil, du
comportement ou état d’agitation)11.
L'anxiété péri-opératoire est associée à une consommation plus importante
de médicament, des taux accrus de réadmission12, mais aussi une
augmentation de la morbidité13 et de la mortalité14.
L’angoisse, la crainte, le stress peuvent influer négativement sur le
déroulement de l’opération et la phase postopératoire et peuvent entrainer la
consommation plus importante de médicament dans la période périopératoire.
Différentes études menées chez l’adulte suggèrent que les patients qui ont
des niveaux importants d’anxiété préopératoire ont un réveil postopératoire
plus lent, plus compliqué et plus douloureux15, et qu’il existe un lien entre
anxiété et douleur postopératoire.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
8
L’anxiété et la détresse préopératoire sont en outre des facteurs favorisant
l’absence de compliance au traitement3 et qui conditionnent l’expérience
peropératoire.
En 2000, Ogawa et al. retrouvait que l'hypersécrétion des catécholamines, du
cortisol et d'autres corticostéroïdes surrénales étaient impliqués dans la
suppression de l'immunité cellulaire après une chirurgie16.
Evaluationdel’anxiétépré-opératoireIl n’existe pas de test psychologique permettant d’évaluer spécifiquement
l’anxiété préopératoire.
De nombreuses études utilisent un test « généraliste » de l’anxiété : le State
and Trait Anxiety Index (STAI) chez l’adulte, ou le State and Trait Anxiety
Index for Children (STAIC) chez l’enfant17.(Annexe 1)
Ce test est considéré dans les pays anglo-saxons comme le gold-standard
pour l’évaluation de l’anxiété.
On dispose de plusieurs autres échelles d’hétéro-évaluation de l’anxiété
préopératoire, utilisables en fonctions des différentes populations et des
situations.
La plus connue et la plus utilisée chez l’enfant est la « modified Yale
Preoperative Anxiety Scale » (mYPAS), qui est une version révisée et
étendue de la « Yale Preoperative Anxiety Scale » (YPAS)11.
L’Induction Compliance Checklist (ICC)10 porte plus spécifiquement sur la
compliance de l’enfant lors de l’anesthésie. On dispose aussi d’échelles
d’autoévaluation de l’anxiété préopératoire.
L’Amsterdam Preoperative Anxiety and Information Scale (APAIS)18 est un
outil réservé à l’adulte, qui combine l’évaluation de l’anxiété à l’évaluation des
attentes concernant l’information sur l’intervention. Enfin, une échelle
d’évaluation de la douleur, l’Echelle Visuelle Analogique (EVA), peut parfois
être utilisée chez l’enfant et chez l’adulte pour évaluer l’anxiété préopératoire.
On a montré que le score EVA de l’anxiété était corrélé avec le STAI19.
Quelle que soit la stratégie dont on s’inspire pour évaluer l’anxiété, il faut
obtenir une quantification objective car l’hétéro-évaluation est peu fiable :
chirurgiens et anesthésistes surestiment de manière importante l’anxiété du
patient20.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
9
PréventionAfin de prévenir ou au moins de diminuer cette anxiété préopératoire,
diverses mesures peuvent être mises en place :
L’accueil du patient de manière adaptée par l’ensemble du personnel du bloc
opératoire semble être une mesure évidente et simple à mettre en œuvre.
En plus de l’approche pharmacologique (anxiolytiques et autres
prémédications), il existe une multitude d’approches psychologiques
(programme de préparation psychologique, hypnose, musicothérapie, «
clown-thérapie »). La présence des parents lors de l’induction anesthésique
d’un enfant est une approche innovante à l’origine de controverses entre les
professionnels.
MoyenspharmacologiquesBien que les prémédications se soient révélées utiles pour soulager l'anxiété
avant une procédure, les médicaments utilisés présentent des effets
secondaires et indésirables 21.
MoyenspsychologiquesLes programmes de préparation permettent de diminuer l’anxiété
préopératoire tant chez l’adulte22 que chez l’enfant10. Ces programmes
s’appuient généralement sur le modèle des thérapies comportementales et
cognitives. Selon les cas, il peut s’agir de techniques de psychoéducation, de
restructuration cognitive, ou d’apprentissage de la relaxation et/ou de
l’hypnose. Ces moyens psychologiques sont de réels atouts, tant pour les
patients que pour les équipes, mais ils nécessitent un personnel disponible et
formé.
La musicothérapie permettrait elle aussi de diminuer l’anxiété préopératoire,
et a fait l’objet de nombreuses études23,24.
Chez l’enfant, deux intéressantes études randomisées et contrôlées ont
évalué la « clown-thérapie »25,26.
Parmi les autres techniques, la stimulation auditive binaurale, l’acupuncture,
la prise de boissons sucrées et le réchauffement sont utilisées en
préopératoire.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
10
L’aromathérapieL’aromathérapie est une médecine naturelle qui emploie des substances
fortement concentrées extraites de végétal, les huiles essentielles.
Utilisée depuis la préhistoire, et dans toutes les cultures, les premières écrits
scientifiques la concernant apparaissent au XIX siècle, en 1918, lorsque
René-Maurice Gattefossé, chimiste et parfumeur se brûle la main dans son
laboratoire et la plonge dans un récipient rempli d’huile essentielle de
lavande. Il crée en 1928 le mot « aromathérapie » : art de soigner par les
huiles essentielles.
Par la suite, des études se sont intéressées à cette thérapeutique aromatique.
En 1975 Pierre Franchomme, aromatologue, met en évidence l’importance du
chémotype : profil biochimique propre à chaque huile essentielle qui permet
de comprendre les propriétés thérapeutiques, les effets secondaires et la
toxicité.
On prête aux huiles essentielles de nombreuses propriétés thérapeutiques :
certaines sont antibactériennes, d’autres analgésiques, antivirales,
antispasmodiques, antifongiques. D’autres encore sont anti-inflammatoires,
cicatrisantes, stimulantes, sédatives, anticoagulantes ou anxiolytiques.
Il existe deux grands modes d’administrations: par voie externe (action locale)
et par voie interne (action générale).
Elles ont de nombreuses applications, en particulier en anesthésie et de plus
en plus d’études évaluent leurs propriétés anxiolytiques en préopératoire, et
les résultats sont assez discordants. Certaines montrent une réduction de
l’anxiété27,28 alors que d’autres ne retrouvent pas de différence
statistiquement significative29,30.
Dans cette application l’aromathérapie est généralement utilisée par diffusion
atmosphérique ou par massage.
Aucune revue de la littérature évaluant l’aromathérapie sur l’anxiété
préopératoire n'a été identifiée. Nous avons réalisé une revue systématique
étudiant l'efficacité de l’aromathérapie sur la prévention ou le traitement de
l’anxiété chez les patients soumis à des procédures endoscopiques,
chirurgicales, dentaire ou percutanées.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
11
Méthode
SourcededonnéesNous avons cherché dans la base de données PUBMED les termes
suivants « aromatherapy », « anxiety », « surgery », « intervention »,
« procedure ».
SélectiondesétudesNous avons inclus les études qui décrivaient des résultats mesurables
(réduction de l’anxiété) en réponse à une intervention (aromathérapie) dans la
période particulière qui précède un acte invasif (chirurgical, dentaire,
endoscopique, percutané).
Les études portant sur l’anxiété dans les salles d’attentes des urgences ou les
soins continus en post-intervention ont été exclues, ainsi que celles qui
n’étaient pas contrôlées versus placebo.
L'évaluation de l'éligibilité a été réalisée de manière indépendante par 2
examinateurs. Les désaccords ont été discutés entre les examinateurs et le
consensus atteint.
ExtractiondesdonnéesChaque article a été examiné par 2 examinateurs (MAG, HD).
Les données extraites de chaque étude étaient les suivantes:
(1) conception et objectifs de l'étude
(2) nombre et caractéristiques des participants à l'étude
(3) méthodes d'évaluation utilisées
(4) étude des résultats et des conclusions.
Le critère principal de jugement était l'anxiété avant une procédure,
chirurgicale, dentaire endoscopique ou de radiologie interventionnelle,
mesurée par STAI.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
12
RésultatsLa figure 1 représente le processus de sélection des articles. La recherche a
fourni 194 citations. Après ajustement pour les doublons, et les articles ne
répondant pas aux critères d’inclusion, 165 ont été rejetées. Au total, 29
études ont été incluses d’après leur titre. Après lecture des articles, deux
essais non contrôlés, deux études en soins intensifs, cinq études post-
procédures, une étude en salle d’attente des urgences, une étude en service
de réanimation brulés et quatre études dont les résultats chiffrés n’étaient pas
disponibles ont été exclus. Finalement 9 études qui utilisaient le STAI comme
outil de mesure de l’anxiété avant une procédure ont été retenues.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
13
Figure1:diagrammedefluxreprésentantleprocessusdesélection
RecherchedansPubMed
194articles
Titresidentifiésetincluables
Exclus- doublons- essaisnoncontrôlés- étudesensoinsintensifs- étudespost-procédures- étudesensalled’attentedesurgences
Inclussurletitren=29
Exclus- essaisnoncontrôlésn=2- étudesensoinsintensifsn=2- étudespost-procéduresn=5- étudeensalled’attentedesurgencesn=1- étudeenservicedebrulén=1- résultatschiffrésnondisponiblesn=4
Lecturedesarticles
Inclusaprèslecturen=14
InclusOutildemesuredel’anxiété:STAI
n=9
ExclusOutildemesuredel’anxiétéEVAn=5
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
14
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
15
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
16
Finalement, 9 études qui étudiaient l’aromathérapie visant à diminuer l'anxiété
avant une intervention chirurgicale, une endoscopie ou une coronarographie
ont été incluses. Nous avions retenu dans nos critères d’inclusion l’échelle
STAI, qui est une mesure d'auto-évaluation utilisée dans la pratique clinique
et la recherche pour mesurer l'appréhension, la tension, la nervosité et
l'inquiétude (annexe 1).
Ce score varie de 20 à 80, des scores élevés indiquant une grande anxiété.
Les parfums les plus couramment étudiés étaient la lavande et les agrumes.
Six des neufs études ont noté une réduction significative de l'anxiété en
réponse à l'aromathérapie. Les tableaux 1 et 2 détaillent les informations
recueillies.
Trambert et al.31 ont montré chez 87 patients une réduction significative de
l’anxiété avant biopsie mammaire chez les patientes des groupes
aromathérapies. Hosseini et al.32 ont quant à eux montré une diminution du
STAI chez les patients de chirurgie cardiaque dans le groupe aromathérapie
versus ceux du groupe contrôle. Ni et al.33 ont étudié l’aromathérapie dans
une étude rassemblant 109 patients de chirurgie ambulatoire. Ils ont stratifié
les patients en fonction d’une expérience antérieure de chirurgie ou non, ce
qui n’influait pas sur les résultats qui retrouvaient une différence
statistiquement significative dans les deux groupes de patients en faveur de
l’aromathérapie. Dans une étude impliquant 72 participants, Fayazi et al.27 ont
noté une diminution cliniquement et statistiquement significative de l'anxiété
dans le groupe d'aromathérapie par rapport à un placebo.
Dans une étude menée auprès de 219 participants, Toet et al.35, à l'inverse,
n'ont pas observé de différence significative entre l'aromathérapie et les
groupes témoins.
Dans une étude menée chez 34 enfants et adolescents avant une greffe de
cellule souche, Ndao et al.30 ont retrouvé un STAI médian après intervention
statistiquement plus élevé dans le groupe aromathérapie. Les auteurs
expliquent ces résultats en partie par une odeur potentiellement désagréable
pour cette population de jeunes patients.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
17
DiscussionL'aromathérapie et le massage sont des traitements complémentaires
couramment utilisés et sont appliqués dans les soins médicaux, tels que le
cancer et les soins palliatifs38,39, les soins péri-opératoires, la procédure
invasive et le contrôle de la douleur40,41.
Cette revue systématique de 9 études portant sur l’aromathérapie utilisée
pour réduire l'anxiété d'attente avant une procédure, qu’elle soit chirurgicale,
dentaire, endoscopique ou interventionnelle (coronarographie) montre une
diminution des scores d’anxiété dans ces différents contextes.
Correctement utilisées, les huiles essentielles pourraient représenter une
alternative intéressante dans la prise en charge de l’anxiété qui influe sur
l’induction anesthésique et sur le périopératoire, ainsi que sur les suites
interventionnelles, la morbi-mortalité et les durées d’hospitalisation8,12–14,19.
L’aromathérapie est en général bien acceptée par les patients et le personnel
soignant, ce qui en fait une méthode facilement utilisable en pratique29,42,43.
La plupart des interventions de cette revue ont étudié l’utilisation passive de
l’aromathérapie : le patient était exposé aux parfums sans qu’il puisse
contrôler l'environnement.
Divers études relient l'anxiété à la perte de contrôle44,45. On pourrait émettre
l'hypothèse que permettre au patient de gérer lui même l’aromathérapie
pourrait également entraîner une réduction de l'anxiété.
La plupart des études sur l’aromathérapie ont été menées dans des centres
isolés et des études multicentriques doivent être menées pour permettre la
généralisation de ces résultats.
Cette revue de la littérature fournit un résumé des preuves scientifiques en ce
qui concerne l’aromathérapie en tant que moyen de prévention et de prise en
charge de l’anxiété qui précède un geste invasif thérapeutique ou
diagnostique. Nous n’avons pas étudié les effets de l’aromathérapie sur
d’autres paramètres telles que les taux sanguins de cortisol, reflet biologique
de l’anxiété, les paramètres vitaux ou encore la douleur et les troubles du
sommeil mais de nombreux auteurs se sont déjà intéressés à ces questions,
avec des résultats qui diffèrent32,46–48.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
18
Des études supplémentaires, avec un plus grand nombre de patient et des
méthodologies plus rigoureuses qui examineraient les effets de
l’aromathérapie sur les complications post interventionnelles, les coûts, les
indicateurs de qualité tels que la consommation de produits analgésiques ou
sédatifs, la satisfaction du patient, de son entourage éventuellement, et des
soignants ainsi que les temps de passage en salle de soin post
interventionnelle (SSPI) et d’hospitalisation.
Ces études devraient s’intéresser aux populations gériatriques, aux nouveau-
nés, aux enfants, ou encore aux femmes enceintes.
A l’heure ou la communauté scientifique se tourne de plus en plus vers les
techniques non invasives, non pharmacologiques, pour leurs divers intérêts :
faisabilité, moindres effets indésirables et faible coût économique, il est
impératif de prouver la sécurité et l'efficacité de ces thérapies, leur pertinence
pour les symptômes spécifiques, la fréquence d'utilisation et les populations
cibles de patients qui pourront en bénéficier le plus.
Ainsi, les soignants pourraient intégrer l’aromathérapie dans leurs soins de
routine et leurs protocoles. Les patients et leurs familles devraient être
impliqués dans cette discussion.
Cette revue présente plusieurs limites. Premièrement seules les études
publiées en langue anglaise ont été incluses. Ensuite, dans un souci de
facilité de comparaison entre les études, nous avons exclus les protocoles
utilisant d’autres outils de mesure que le STAI ce qui a beaucoup réduit le
nombre d’études incluses. Il serait pertinent de poursuivre ce travail en
élargissant les champs de recherche, en particulier en matière d’innovation
diagnostique pour identifier de façon objective l’anxiété préopératoire (par
exemple par analyse qualitative de la voix ou analyse protéomique de la
sueur ou des larmes).
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
19
ConclusionCette revue de la littérature montre que l’aromathérapie pourrait être une
alternative non médicamenteuse simple permettant de diminuer l’anxiété pré-
opératoire et d’améliorer le bien-être et la satisfaction des patients,
notamment en chirurgie ambulatoire.
Cette technique peu coûteuse, qui ne mobilise pas de personnel dédié et
relativement sûre, nécessite des études complémentaires pour confirmer son
efficacité dans le contexte préopératoire et plus généralement dans la période
périopératoire.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
20
Bibliographie1. SpielbergerCD.AnxietyandBehavior.1966.2. ChabayE,ChinouilhM,PignouxC,FontaineB.Accueilaublocopératoire :
priseenchargedel’anxiété.2009.3. AmourouxR,Rousseau-SalvadorC,AnnequinD.L’anxiétépréopératoire:
manifestationscliniques,évaluationetprévention.AnnMedPsychol(Paris).2010.
4. MitchellM.Generalanaesthesiaandday-casepatientanxiety.JAdvNurs.2010;66(5):1059-1071.
5. KilHK,KimWO,ChungWY,KimGH,SeoH,HongJ.Preoperativeanxietyandpainsensitivityareindependentpredictorsofpropofolandsevofluranerequirementsingeneralanaesthesia.BrJAnaesth.2012;108(1):119-125.
6. ShoarS,NaderanM,AghajaniM,Sahimi-izadianE,Hosseini-araghiN,KhorgamiZ.PrevalenceandDeterminantsofDepressionandAnxietySymptomsinSurgicalPatients.OmanMedJ.2016;31(3):176-181.
7. UnderwoodMJ,FirminRK,JehuD.Aspectsofpsychologicalandsocialmorbidityinpatientsawaitingcoronaryarterybypassgrafting.BrHeartJ.1993;4:382-384.
8. KainZN,SevarinoF,PincusS,etal.EffectsonPostoperativeOutcomes.Anesthesiology.2000;93(1):141-147.
9. CaumoW,SchmidtAP,SchneiedrCN,BergmannJ.Riskfactorsforpreoperativeanxietyinadults.ActaAnaesthesiolScand.2001;45(12):298-307.
10. KainZN,MayesLC,WangSM,CaramicoLA,KrivutzaDM,HofstadterMB.ParentalPresenceandaSedativePremedicantforChildrenUndergoingSurgery.Anesthesiology.2000;92(4):939-946.
11. KainZN,GreeleyWJ,MayesLC,etal.TheYalePreoperativeAnxietyScale:HowDoesItComparewitha“GoldStandard”?PediatrAnesth.1997;85:783-788.
12. DarathaKB,Barbosa-leikerC,BurleyMH,etal.Co-occurringmooddisordersamonghospitalizedpatientsandriskforsubsequentmedicalhospitalization.GenHospPsychiatry.2012;34(5):500-505.
13. GasseC,LaursenTM,BauneBT.Majordepressionandfirst-timehospitalizationwithischemicheartdisease,cardiacproceduresandmortalityinthegeneralpopulation :AretrospectiveDanishpopulation-basedcohortstudy.EurJPrevCardiol.2014;21(5):532-540.
14. FanVS,RamseySD,GiardinoND,MakeBJ.Sex,Depression,andRiskofHospitalizationandMortalityinChronicObstructivePulmonaryDisease.ArchInternMed.2007;167(21):2345-2353.
15. JohnstonM,CarpenterL.Relationshipbetweenpre-operativeanxietyandpost-operativestate.PsycholMed.1980;10:361-367.
16. OgawaK,HiraiM,KatsubeT,etal.Suppressionofcellularimmunitybysurgicalstress.Surgery.2000;127(3):329-336.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
21
17. GaudryE,VaggP,SpielbergerCD.MultivariateBehavioralValidationoftheState-TraitDistinctioninAnxietyResearch.MultivariateBehavRes.2010;10(3):331-341.
18. MillerKM,WysockiT,CassadyJF,CancelD,IzenbergN.ValidationofMeasuresofParents’PreoperativeAnxietyandAnesthesiaKnowledge.AnesthAnalg.1999;88:251-257.
19. KindlerCH,HarmsC,AmslerF,Ihde-schollT,ScheideggerD.TheVisualAnalogScaleAllowsEffectiveMeasurementofPreoperativeAnxietyandDetectionofPatients’AnestheticConcerns.AnesthAnalg.2000;90:706-712.
20. FekratF,SahinA,YaziciKM,AyparU.Anaesthetists’andsurgeons’estimationofpreoperativeanxietybypatientssubmittedforelectivesurgeryinauniversityhospital.EurJAnaesthesiol.2006;23:227-233.
21. PittmanS,KridliS.Musicinterventionandpreoperativeanxiety :anintegrativereview.IntNursRev.2011:157-163.
22. HorneDJL,VatmanidisP,CareriA.PreparingPatientsforInvasiveMedicalandSurgicalProcedures1 :AddingBehavioralandCognitiveInterventions.BehavMed.1994;20(1):5-13.
23. NilssonU.TheAnxiety-andPain-ReducingEffectsofMusicInterventions:ASystematicReview.AORNJ.2008;87(4):780-807.
24. BiddissE,McphersonA.TheEffectivenessofInterventionsAimedatReducingAnxietyinHealthCareWaitingSpaces:ASystematicReviewofRandomizedandNonrandomizedTrials.AnesthAnalg.2014;119(2):433-448.
25. VagnoliL,CaprilliS,RobiglioA,MesseriA.ClownDoctorsasaTreatmentforPreoperativeAnxietyinChildren :ARandomized,ProspectiveStudy.Pediatrics.2005;116(4):563-567.
26. GolanG,TigheP,NobijaN,PerelA,KeidanI.Clownsforthepreventionofpreoperativeanxietyinchildren :arandomizedcontrolledtrial.PediatrAnesth.2009;19:262-266.
27. FayaziS,BabashahiM,RezaeiM.Theeffectofinhalationaromatherapyonanxietylevelofthepatientsinpreoperativeperiod.IranJNursMidwiferyRes.2011;16(4):278-283.
28. BradenR,ReichowS,HalmMA.TheUseoftheEssentialOilLavandintoReducePreoperativeAnxietyinSurgicalPatients.JPeriAnesthesiaNurs.2009;24(6):348-355.
29. MuzzarelliL,ForceM,SeboldM.Aromatherapyandreducingpreproceduralanxiety:acontrolledprospectivestudy.GastroenterolNurs.2006;29(6):466-471.
30. NdaoDH,LadasEJ,ChengB,etal.Inhalationaromatherapyinchildrenandadolescentsundergoingstemcellinfusion:Resultsofaplacebo-controlleddouble-blindtrial.Psychooncology.2012;21(3):247-254.
31. TrambertR,KowalskiMO,WuB,MehtaN,FriedmanP.ARandomizedControlledTrialProvidesEvidencetoSupportAromatherapytoMinimizeAnxietyinWomenUndergoingBreastBiopsy.WorldviewsEvidence-BasedNurs.2017;0(0):1-9.
32. HosseiniS,HeydariA,VakiliM,MoghadamS,TazykyS.Effectoflavenderessenceinhalationonthelevelofanxietyandbloodcortisolincandidatesforopen-heartsurgery.IranJNursMidwiferyRes.2016;21(4):397.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
22
33. NiCH,HouWH,KaoCC,etal.Theanxiolyticeffectofaromatherapyonpatientsawaitingambulatorysurgery:arandomizedcontrolledtrial.EvidBasedComplementAlternatMed.2013;2013:927419.
34. ChoM-Y,MinES,HurM-H,LeeMS.EffectsofAromatherapyontheAnxiety,VitalSigns,andSleepQualityofPercutaneousCoronaryInterventionPatientsinIntensiveCareUnits.Evidence-BasedComplementAlternMed.2013;2013:1-6.
35. ToetA,SmeetsMAM,VanDijkE,DijkstraD,VanDenReijenL.Effectsofpleasantambientfragrancesondentalfear:Comparingapplesandoranges.ChemosensPercept.2010;3(3-4):182-189.
36. HuPH,PengYC,LinYT,ChangCS,OuMC.Aromatherapyforreducingcolonoscopyrelatedproceduralanxietyandphysiologicalparameters:Arandomizedcontrolledstudy.Hepatogastroenterology.2010;57(102-103):1082-1086.
37. KritsidimaM,NewtonT,AsimakopoulouK.Theeffectsoflavenderscentondentalpatientanxietylevels:Aclusterrandomised-controlledtrial.CommunityDentOralEpidemiol.2010;38(1):83-87.
38. FellowesD,BarnesK,WilkinsonS.Aromatherapyandmassageforsymptomreliefinpatientswithcancer.CochranedatabaseSystRev.2004;(3).
39. KiteSM,MaherEJ,AndersonK,etal.DevelopmentofanaromatherapyserviceataCancerCentre.PalliatMed.1998;12(3):171-180.
40. StirlingL,RaabG,AlderEM,RobertsonF.Randomizedtrialofessentialoilstoreduceperioperativepatientanxiety:feasibilitystudy.JAdvNurs.2007;60(5):494-501.
41. KimJT,WajdaM,CuffG,etal.EvaluationofAromatherapyinTreatingPostoperativePain :PilotStudy.PainPract.2006;6(4):273-277.
42. Seyyed-RasooliA,SalehiF,MohammadpooraslA,GoljaryanS,SeyyediZ,ThomsonB.Comparingtheeffectsofaromatherapymassageandinhalationaromatherapyonanxietyandpaininburnpatients:Asingle-blindrandomizedclinicaltrial.Burns.2016;42(8):1774-1780.
43. JohnsonJR,RivardRL,GriffinKH,etal.Theeffectivenessofnurse-deliveredaromatherapyinanacutecaresetting.ComplementTherMed.2016;25:164-169.
44. RayWJ,KatahnM.RelationofAnxietytoLocusofControl.PsycholRep.1968;23:1196.
45. FeldnerMT,HekmatH.Perceivedcontroloveranxiety-relatedeventsasapredictorofpainbehaviorsinacoldpressortask.JBehavTherExpPsychiatry.2002;32(4):191-202.
46. SearsSR,BoltonS,BellKL.Evaluationof“StepstoSurgicalSuccess”(STEPS)PainandAnxietyRelatedtoSurgery.HolistNursPract.2013:349-357.
47. KaramanT,KaramanS,DogruS,etal.Evaluatingtheefficacyoflavenderaromatherapyonperipheralvenouscannulationpainandanxiety :Aprospective,randomizedstudy.ComplementTherClinPract.2016;23:64-68.
48. KaradagE,SamanciogluS,OzdenD,BakirE.Effectsofaromatherapyonsleepqualityandanxietyofpatients.NursCritCare.2017;22(2):105-112.
[desarmir.fr].Do
cumen
tsou
sLicen
seCrea5
veCom
mon
s(by-nc-sa).
23
Annexe
Annexe 1 : STAI : State Trait Anxiety Invatory for Adults