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Port-Folio Stéfan Tulépo

Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

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Port-FolioStéfan Tulépo

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FORMATIONS

2013. DNSEP/MASTER 2, (félicitations), École supérieuredes beaux-arts Tours Angers Le Mans, site d’Angers2011. DNAP, (félicitations), ESBA TALM, Angers2011. Semestre d’échange ERASMUS, Duncan of Jordanstone College of Art, Dundee (SCO)

RÉSIDENCES ET WORKSHOPS

07/2017. Résidence, Villa Rohanec’h, St-Brieuc (FR)11/2017. Résidence, Common Ground, Breamar (SCO))12/2016. Réalisation d’une serie de workshops Photosynthesise, Center Comtempory Art, Glasgow11/2016. Collaboration à l’organisation de la résidence Beta beta, Breamar (SCO)07/2016. Intervention au symposium Ecology of Production, Trade test site. Ahruus (DAN)10/2015. Résidence, Common Ground, Breamar (SCO)09/2015. Résidence de production, Scottish Sculpture Workshop, Lumsden (SCO)07/2015. Symposium Camp breakdown break down, Scottish Sculpture Workshop, Lumsden (SCO)11/2014. Résidence en milieu scolaire dans un Collège, Pleyben (FR)03/2014. Résidence de production, Les chantiers, Documents d’Artistes Bretagne et Passerelle Centre d’art contemporain, Brest (FR) 03/2012. Aide à la réalisation de sculptures en argile avec les artistes Daniel Dewar et Grégory Gicquel (FR)

EXPOSITIONS PERSONNELLES

10/2018. Le sable du châteaux, Villa Rohannec’h, Saint-brieuc11/2015. Gratin, The Project Café, Glasgow06/2014. Dans mon Jumpy 1.9 L TD, Passerelle CAC, Brest

EXPOSITIONS COLLECTIVES

03/2019. Exposition, La Vallée, Bruxelle (BL)

01/2019. Ramoneur Dentiste Visionnaire avec Francesco Finizio, Galerie RDV, Nantes 10/2019. The Lion’s Face, Pipe Factory08/2018. Nice to meet you, Arcade, Cardiff (GB)01/2018. Bring back to the montain, South Block, Glasgow11/2017. Let the dust settle, Celine Gallery, Glasgow04/2017. Three bricks shy of laod, Carnival center, Glasgow10/2016. Embarquer sans biscuit, Passerelle CAC, Brest03/2016. Common Ground, Glasgow02/2016. Tomber sous le vent, CAN, Neuchatel (CH)12/2014. Il n’y a pas de sans-abris ici, Maison PaïPaï, Angers09/2014. La machine à couder des bananes, PAD, Angers05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR)12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers05/2012. Antichambre, L’Hotel Huger centre d’art, La Flèche (FR)01/2012. Undiscovered Landscape, curateurs Ewan MacArthur et Arthur Watson, Matthew Gallery, Dundee12/2011. The green man, Rose-angle Gallery, Dundee

PUBLICATION

2016. Suplément de la revue 02, n°79,2015. Numéro 1 La Montagne, Revue Faros

COLLECTIONS

04/2017. Acquisitions par une collection privée08/2014. Acquisitions par l’Artothèque de Brest07/2014. Acquisitions par une collection privée

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

2014/2017. Codirecteur dans un lieu multi-culturel et communautaire, The Project Café, Glasgow Possession du permis B, véhiculé

Stéfan TulépoNé à Vannes, vit et travaille entre Paris et Muzillac (56)[email protected]

www.stefantulepo.comN° de SIRET: 790 627 855 000 14

N° MDA T507733

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Tailleur-graveur-cueilleur, comme il se définit lui-même, infatigable arpenteur, glaneur, collectionneur. Stéfan Tulépo trace patiemment sa route au fil d’une poétique constructive, quasi archéologique, du matériau et de la forme jalonnée de petites attentions, d’heureuses trouvailles et de touches d’humour (re)créatif. L’artiste s’emploie aussi consciencieusement qu’intuitivement à élaborer une pratique élargie de la sculpture, à mi-chemin entre figuration et abstraction, qui procède à la fois de techniques d’extraction de la matière et d’une écriture fragmentaire sur le mode de l’assemblage.Gratter la poussière pour faire apparaître des figures, tailler des blocs de pierre dont émergent des formes d’objets identifiables, graver des objets de motifs divers, sillonner le paysage en quête de trésors ordinaires… Qu’ils consistent à intervenir de manière plus ou moins perceptible et expérimentale sur une variété de surfaces et matières préexistantes ou à exposer un objet ready made, les gestes de Stéfan Tulépo produisent et révèlent des combinaisons et des correspondances — entre images, objets, formes, matériaux, êtres, lieux, territoires, temps, etc. — qui apparaissent comme autant de mises en relation pouvant intégrer des considérations tant esthétiques et culturelles que sociales et politiques. Inventeur du quotidien, flâneur, joueur, (r)assembleur et doux rêveur, il (re)compose à partir de l’existant et crée, par des moyens simples, de nouvelles manières de voir et d’être au monde, autrement, en lien avec ce(ux) qui nous entoure(nt).

Anne-Lou Vicenté 2018

Extrait du texte «Ethos de l’utilitaire» de Paul Bernard commissaire d’exposition au MAMCO consacré à l’exposition Dans mon Jumpy 1.9 L TD à Brest en Juin 2014

Dans le rapport qu’ils entretiennent à leur environnement, on pourrait grossièrement distinguer deux catégories chez les artistes de ces quarante dernières années. Il y a d’un côté les routiers du désert, les bruleurs d’asphalte. On en trouve une belle illustration dans un calendrier réalisé en 1969 par l’artiste californien Joe Goode et intitulé « L.A artists in their cars » : Ed Ruscha, Larry Bell, John McCracken et autres y posent au volant de grosses cylindrées. Le monde se cadre par le pare-brise et les rétroviseurs ; l’habitacle de l’automobile se fait prolongement de l’atelier. D’un autre coté, il y a les « herboriseurs de bitume », les marcheurs invétérés des grandes mégalopoles : Francis Alys, Gabriel Orozco, Stanley Brouwn ou On Kawara. De flâneries en dérives situationnistes, la marche se conçoit comme épreuve de la ville par le temps. L’attention de ces artistes est entière pour les détails, traces, écarts. Ce qui se passe sous nos pieds prime sur ce qui a lieu devant nous. En titrant son exposition Dans mon Jumpy 1.9, Stéfan Tulépo semble tenter une

chimère de ces deux approches. En effet le Citroën Jumpy est un utilitaire, un véhicule entre l’automobile et la camionnette qui se destine généralement au voyage de proximité. Une voiture de facteur, de plombier ou d’électricien que l’on croise davantage au feu rouge que sur une aire d’autoroute. Derrière le volant de son Jumpy, l’artiste tient autant du chauffeur que du marcheur, comme une espèce de centaure, à la fois sur ses deux pieds et sur quatre roues. Un mode d’appréhension privilégié pour une archéologie poétique du terrain offert par la résidence : Brest et ses alentours, un bout du monde hybride qui compose avec l’urbain et le rural, entre « modernité et régionalisme » pour reprendre le titre d’un livre d’architecture fameux sur la Bretagne. Autre intérêt évident de l’utilitaire, il permet d’avoir là, sous la main, tout de suite, les outils nécessaires à une intervention sur place, ou, dans le sens contraire, de saisir et ramener dans l’atelier. Le temps de sa résidence, l’artiste a photographié puis indexé ses photographies ; prélevé puis intervenu sur ce qu’il prélève ; intervenu sur place et photographié son intervention. C’est toute une logique du déplacement qui anime l’œuvre dans un va-et-vient permanent entre dehors et dedans, terrain et atelier. Un irrespect tranquille des frontières qui caractérise également une manière de faire de la photographie comme un sculpteur, de la sculpture comme un dessinateur, du dessin comme un performeur et finalement de la performance comme un photographe. On trouve ainsi dans son exposition à Passerelle la photographie d’un mur recouvert de papier peint jaune. La présence d’un vieux radiateur suffit à indiquer un intérieur domestique défraîchi. Quelques gestes au cutter auront permis au mur de « s’ouvrir » en une farandole de bananes. Ce qui prime d’abord dans la perception de cette image, c’est la spontanéité joyeuse de l’intervention : quelque chose d’un expressionisme doux, la recherche d’une intervention minimale qui permet une rapide transfiguration du banal. Cette économie de l’intervention se retrouve dans la présentation, sur le sol, d’isolateurs électriques amassés pendant les pérégrinations de l’artiste. Ces formes arrondies, vertes et translucides qui peuplent l’arrière-plan de la ville autant que de la campagne, sont agencées ici pour former un petit bassin et advenir finalement à notre regard comme autant de nymphéas. Il va sculpter des morceaux d’une vieille cheminée domestique pour y faire surgir les formes de l’espace public pavillonnaire (lampadaire, câblages, transformateurs) avant de les envisager ensuite comme un petit champ de ruines. Deux « pièces » caractérisées par un inachèvement, qui semblent suspendre un instant la disparition programmée de ces formes du commun. Une transformation que l’on retrouve dans une autre photographie documentant une intervention en plein air. Un tracteur a été en partie recouvert par les pierres de la carrière où il se trouve de telle sorte qu’il semble se fondre dans le paysage. Le véhicule semble tout autant s’extirper de la masse que disparaître en elle. Porosité des espaces et des pratiques, transfert de qualité entre image, geste et volume, latence d’un devenir, et finalement métamorphose : il y a dans tout cela quelque chose de baroque. Mais d’un baroque de délaissés, invisible et que l’artiste s’emploie à révéler. C’est peut-être la leçon du Jumpy-centaure : déterritorialisés et à peine trafiqués, les formes les plus banales, les matériaux les plus quelconques, les zones urbaines les plus insignifiantes excèdent ce qu’elles sont pour acquérir, ne serait-ce que provisoirement, une puissance esthétique insoupçonnée.

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Murisserie nationale2014, photographie, dimension variable, découpe de papier peint.

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LE SABLE DU CHÂTEAUXVue globale de l’exposition en Octobre 2018 à la villa Rohannec’h suite à une résidence de trois mois.

Vivement l’été prochainInstallation, serviette éponge 3x6m, pierres, photographie numérique. Installation détournée d’un film tourné en caméra cachée, où une personne vient poser une serviette démesurément grande afin de taquiner l’espace privé des autres plaisantiers. Le film est en cours de réalisa-tion en attendant l’été prochain.

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Corpus Jardin Pierre, ballet, plastique, verre, cuivre, formica, céramique...

Karaoké BriochiochinFilm 10 minutes, chant Au volant de son véhicule sur les route de de Saint-Brieuc. Stéfan tulépo vient chanter les panneaux routiers et signes en tout genres sur les morceaux du groupe Yell, musiciens identifié au téritoire Briochin.

Série Croquis : Villa n°1, Villa n°2, Villa n°3, Villa n°4Photographies numériques, couvercle en plastique.

Néo-Baggloméré stratifié.

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Joyaux du ValaisInstallation lumineuse, miroir, retroprojecteur, verres.

ButPhotographie numérique, intervention sur algue verte.

TriplettesGalets, miroir.

JokariRaquette bois.

CalvaireTransat en plastique.

Série Fossiles Briochins : Pchit, Marteau, À la source, MoulesPierre, tirage numérique.

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Le Sable du château

Constructions de terrain(s)par Anne-Lou Vicente 2018

Tailleur-graveur-cueilleur, comme il se définit lui-même, infatigable arpenteur, sculpteur, glaneur, collectionneur — j’en passe et des meilleurs —, Stéfan Tulépo trace patiemment sa route au fil d’une poétique constructive du matériau et de la forme, pleine de petites attentions et empreinte d’un humour (re)créatif. Naviguer entre la Villa Rohannec’h, ancienne maison d’armateur construite au début du XXe siècle progressivement trans-formée en lieu de création et de rencontres artistiques et culturelles, et les cabanons du Valais, modestes maisons de vacances surplombant l’unique plage de Saint-Brieuc bâties à partir des années 1950 (1) : voici ce qui a essentiellement composé l’emploi du temps et de l’espace de Stéfan Tulépo qui eut de cette manière tout le loisir de travailler — avec les moyens du bord —, embarqué dans un va-et-vient permanent entre intérieur et extérieur, architecture et paysage, culture et nature.

Aussi court soit-il, le titre de l’exposition que Stéfan Tulépo a conçue dans les murs de la Villa Rohannec’h en dit long sur sa manière de (conce)voir les choses : l’expression « le sable du château » nous renvoie d’office à l’architecture de sable qui constitue l’une des occupations incontournables des enfants (et de leurs parents) en bord de mer, en même temps qu’elle fait, par un simple jeu de passe-passe sémantique (2), précéder sinon prévaloir le matériau (sable) en regard de la forme (château) — laquelle pourrait ici renvoyer à l’architecture cossue de la Villa si l’on en croit l’image qui la représente en sable sur la plage du Valais, exposée dans le hall d’entrée du bâtiment à l’instar d’autres images immortalisant des situations ready made ou des interventions in situ opérées par l’artiste au cours de sa résidence (3). Si la forme de la bâtisse, omniprésente, a par ailleurs été reproduite à échelle réduite à partir de briques de Saint-Brieuc simplement empilées sur une palette en bois dans le parc situé devant, le lieu, en grande partie gardé dans son jus et pensé comme un espace d’expérimentation (4), a également été investi de l’intérieur. La silhouette de la Villa se dessine en creux sur un parquet recouvert de poussière (5), tandis que les revête-ments des cloisons ont été soigneusement modifiés : les papiers peints, déchirés de sorte à créer des motifs à consonance organique ou végétale ; le tissu épais, découpé pour former des rideaux rejouant modestement certains codes décoratifs et picturaux, et rappelant les origines bourgeoises du lieu éprouvé par le temps. Au sol, deux panneaux d’aggloméré sont gravés de motifs hérités du mouvement d’art celto-breton des Seiz Breur (1923-1947), évoquant ainsi l’empreinte d’un modernisme régionaliste, profondément ancré dans la mémoire stratifiée des matériaux et des supports, fussent-ils les moins nobles.

Dans l’axe de l’entrée, à l’intérieur de la majestueuse salle principale, un curieux objet suspendu à la verticale au-dessus d’une cheminée attire notre attention. À y regarder de plus près, on croirait voir la réplique en pierre d’un transat en plastique. L’illusion est parfaite. La nature fait si bien les choses que l’objet manufacturé, récupéré par l’artiste dans le jardin de ses parents où il fut longuement exposé aux intempéries, a revêtu cet habit minéral, fruit de l’œuvre du temps. Moisissures et autres lichens se sont patiemment déposés sur la surface synthétique initialement blanche, devenue grisâtre. Symbole populaire d’une détente estivale bien méritée, l’objet ainsi métamorphosé, prêt à se fondre dans le paysage tel un insecte adepte du camouflage, tourne le dos à la mer située derrière le miroir dans lequel il se reflète, manifestement passé de l’autre côté — celui de la sculpture. De manière fortuite, les traditionnelles percées longitudinales qu’il arbore font écho aux entailles et ciselures que Stéfan Tulépo administre à un ensemble de galets et d’assiettes, comme autant de lignes, motifs, trames et chemins réels ou imaginaires. Dans une mise en scène inspirée de la muséographie britannique reposant sur un principe d’analogies, la plupart de ces objets, qu’ils soient disposés sur des panneaux de bois et de miroir surélevés du sol ou bien posés directement sur le dessus d’éléments intégrés à l’architecture (range-ments, cheminées, etc.), sont associés et assemblés à d’autres (images, rouleau de scotch, cible de fléchettes, ampoule, corbeille en plastique, etc.), occasionnant ainsi des « conversations visuelles » et pouvant évoquer, de manière plus ou moins explicite, jeu de pétanque, cactus, coquillages, masques, etc. Ces compositions côtoient une série de « Fossiles briochins », blocs de pierre noire taillés desquels émergent des bribes d’objets « locaux » : la faucille (tant comme outil de jardin que symbole du communisme), le vaporisateur de la gamme de produits d’entretien à base de savon noir de la marque Briochin, ou encore un mystérieux entonnoir aux vertus nourricières.

Dans cette même logique consistant à retirer de la matière pour faire apparaître formes et/ou figures, l’artiste a partiellement déblayé une plage de Saint-Brieuc recouverte d’algues vertes et installé des cages de but, transformant le parterre toxique en surface de réparation ludique (non praticable). L’image, saisissante, nous entraîne vers une autre : on y voit une femme de dos, assise sur une serviette de couleur verte déme-surée disposée sur la plage et lestée au moyen de galets, éléments que l’on retrouve présentés à ses côtés, tel un fond vert d’incrustation d’image. Réalisée pendant l’été, la performance a bel et bien eu lieu, manière amusée de tester l’étendue et les limites de la propriété privée sur une zone a priori peuplée, tout en faisant bien entendu allusion aux phénomènes locaux que constituent l’algue verte et la loi Littoral. Le caractère burlesque de la situation entre en résonance avec celui d’une vidéo montrée à proximité, où l’on peut voir et entendre l’artiste déambuler dans son véhicule en périphérie de Saint-Brieuc tout en se livrant à un exer-cice de karaoké aléatoire consistant à lire, ou plutôt à chanter, les inscriptions visibles sur son passage, de l’enseigne commerciale au panneau de signalisation. Ou comment se réapproprier et réinventer, pour ne pas dire réenchanter le paysage urbain de manière poétique et comique par l’usage de pratiques quotidiennes et populaires à la portée de tous.

Cette intrication entre privé et public, intime et universel, se retrouve dans une pièce au statut très par-ticulier étant donné qu’il s’agit d’un objet emprunté à la propriétaire d’un des cabanons du Valais. Sur une table haute gît un sujet en terre cuite peinte : sa tête est intacte mais le reste du corps est morcelé. Sur l’un des fragments, on peut lire « Joyeux », du nom de ce personnage qui n’est autre que l’un des sept nains de Blanche-Neige, protagoniste du conte des frères Grimm notamment adapté en dessin animé par Walt Disney et connu à l’échelle planétaire. Évoquant un gisant par sa position couchée et un ossuaire par son aspect fragmenté, Joyeux gisant condense — gentiment — cultures et croyances populaires, rituels sacrés et traditions vernaculaires traversant les territoires et les époques en même temps qu’il nous renvoie au site du Valais, et en particulier au jardin du cabanon en question où vivent heureux Blanche-Neige et ses petits compagnons.

Tel un éclatant bouquet final en l’honneur du Valais, l’installation Joyaux du Valais, préalablement projetée sur deux des cabanons du site, se compose de bouts de verre coloré disposés sur la vitre éclairée d’un rétro-projecteur rappelant les plaques lumineuses où sont observés et exposés des objets précieux. Au centre de l’agrandissement projeté sur le mur, un petit miroir renvoie sur le mur opposé une seconde image inversée en plan rapproché qui apparaît comme un tableau-vitrail aux accents abstraits et modernistes accroché dans l’encadrement d’un probable miroir fantôme posté au-dessus de la cheminée.

Qu’ils consistent à exposer un objet ready made ou à intervenir de manière plus ou moins perceptible et expérimentale sur une variété de surfaces et matières préexistantes, les gestes de Stéfan Tulépo produisent et révèlent des combinaisons et des correspondances — entre images, objets, formes, matériaux, êtres, lieux, territoires, temps, etc. — qui apparaissent comme autant de mises en relation pouvant intégrer des consi-dérations tant esthétiques et culturelles que sociales et politiques. Inventeur du quotidien, flâneur, joueur, (r)assembleur et doux rêveur, il (re)compose à partir de l’existant et crée, par des moyens simples, de nouvelles manières de voir et d’être au monde, autrement, en lien avec ce(ux) qui nous entoure(nt).

Notes :(1) Le travail de Stéfan Tulépo trouve un écho avec l’architecture composite et inventive des cabanons faite à partir de matériaux pauvres et le plus souvent récupérés (anciennes traverses de chemin de fer et wagons de train inutilisables, poutres en bois, parpaings, papier mâché, tôle ondulée, etc.).(2) Tour que je m’amuse en quelque sorte à réemployer à travers le titre de ce texte qui pointe notamment l’épineuse question du terrain (non) constructible que soulève la loi Littoral, laquelle menace de disparition les caba-nons du Valais.3) Toutes les interventions in situ de Stéfan Tulépo ne sont jamais visibles de manière directe et font systéma-tiquement l’objet d’images qui en constituent la trace.(4) Seul le rez-de-chaussée, rénové et dédié aux expositions, est ponctuellement ouvert au public. Les étages sont utilisés comme ateliers pour les résidents et comme espaces de travail et de restitution pour les étudiants lors de workshops. La réhabilitation du lieu se veut progressive de sorte à en faire moins un simple contenant d’art qu’un matériau artistique à part entière.(5) On la retrouve également sur un couvercle de poubelle, dans la lignée des « Grattages », série de dessins gravés sur divers matériaux représentant le lieu où ils ont été trouvés. https://www.stefantulepo.com/grattages

Page 9: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Moulures n°1,n°2, n°32018, série d’assiettes en faïence gravées, 25x25x3cm.

Page 10: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Jardin2018, extrait de la série de photographies, taille variable, assemblages de sculp-tures sur pierre sculptées et objets.

Page 11: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Tracto-cairn2014, photographie, dimension variable, empilement d’ardoises de Sizun.

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Série Pelures: Chataigne, Rideaux, Palmes, Ecailles2018, photographies numériques sur aluminium, 80x60cm, intervention sur papier peint et plâtre.

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Glaswegian fossils2015 à aujourdh’hui, série de plusieurs sculptures sur pierre.

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Chics planètes2013 à 2017, série de gravures sur poêles en téflons, installation variable, vue de l’exposition «S’embarquer sans bisquits» au CAC Passerelle, Brest.

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Georges Brassens2010 à aujourd’hui, série évolutive de photographies, taille et disposition variables.Extrait de prises de vue d’une vingtaine de rues Georges Brassens dans différentes villes. L’urbanisme, la végétation, les maisons dans chacune de ces rues portant le même nom sont souvent très similaires.

Page 16: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Penny2014, photographie, dimension variable, dessin réalisé en nétoyant partiellemnt d’une cuve rouillée.

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The vise

Étau sculpté dans un bloc de pierre et miroir graté, permétant de se reflaiter des deux côtés.Grave

Bougie, marbre sculpté et photographie.

2017, sélection de sculptures et photographies lors de l’exposition avec Sophie Sefraoui, Let the dust settle, Céline Gallery, Glasgow, Écosse.

Parure

Rétro-projecteur et verre cassé

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Bolée201I, gravure de motifs de faïencerie de Quimper sur isolateur électrique, 45 x 25 x 25 cm.

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Victorienne Élément de la série Glaswegian Antiques2016, gravure de motifs sur truelle cimentée en métal et bois, 35 x 15 x 15 cm.

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Claustras201I, assemblages de chutes de briques alvéolaires redécoupées.15 x 120 x 70 cm, 15 x 90 x 60 cm.

Page 21: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Ahura mazda2012 à 2016 assemblage de 4 lampadaires à ampoules au sodium, instal-lation évolutive, 160 x 160 x 120 cm. Vue d’exposition Accurated, à l’école des Beaux Arts d’Angers et S’embarquer sans bisquits au CAC Passerelle, Brest.

Page 22: Port-Folio...05/2013. L’origine d’un Monde, curateur Christian Alendete, Château d’Azay le Rideau (FR) 12/2012. Expositon collective, Galerie Enface, Angers 05/2012. Antichambre,

Super U2013, photographie, dimension variable.

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Copy right2010, série de découpes de tagues sur mor-ceaux de murs en plâtre et porte en métal. 48 x 37 x 10 cm, 83 x 64 x 10 cm, 30 x 21 x 10 cm

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Grattage 1, Grattage 2…2010 à aujourd’hui, morceaux de mur, brique, plaque de métal peinte, freezbe, porte, radiographie, miroir…Série de dessins gravés sur matériaux glanés. L’espace gravé représente l’endroit où l’objet a été récupéré (lieux en latence).

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Flik-flak2014, horloge numérique, programme de 24 heures de défilement de photographies de numéros de rue correspondant à heure, minute, seconde. Vue de l’exposition dans mon JUMPY 1.9L TD au centre d’art Passerelle, Brest.

Jésus christ et danse2011, vidéo d’une suite d’images de statues mortuaires au cimetière de Tréboul (29). Boucle de 1,30 minute, projection variable.

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Three bricks shy of a load2017, corpus de sculptures et photo-graphies lors de l’exposition collective Three bricks shy of a laod Carnival Gallery, Glasgow, (SCO)

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Sans-titre2014, ensemble de sculptures et découpes de poteaux électriques sur des pièces d’âtre de cheminée en pierre calcaire. Vues de l’exposition Dans mon JUMPY 1.9L TD au centre d’art Passerelle, Brest.

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Poule 1, poule 2, poule 3…2010 à aujourd’hui, série de photographies d’oiseaux dessinés dans la poussière, dimension variable.

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Car-Glass2012, fenêtres récupérées dans les caves du lieu d’exposition collective Antichambre à l’hôtel Huger, centre d’art de la Flèche (hôtel particulier du XVIIe siècle)Elles sont partiellement grattées et suspendues avec des fils de nylon.

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Pampa2015, photographie, découpe de papier peint, dimension variable.

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Zébrures2012, vue d’installation in-situ, dessin en grattage d’oxydation sur terrasse en tuffeau lors de l’exposition collective Antichambre, la Flèche (72)

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Ravalement2014, photographie, dimension variable.

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Mnémophile:2016, sélection du corpus de sculptures et photographies lors de l’exposition collec-tive Tombé sous le vent au CAN, Neuchatel, Suisse

Trace de frein2016, pierre et métal,55x43x25cm

Corpulent2016, pierre et rétroprojecteur,60x45x45cm

Caterpillar 2016, pierre, 65x35x48cm

Cinquième position2016, pierre,62x49x25cm

Bons baisés 2016, tirage jet d’encre encadré,50x70cm

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Du monde au balcon2014, Gravure et découpe sur persienne en bois et laiton. Vues de l’exposition dans mon JUMPY 1.9L TD au centre d’art Passerelle, Brest.

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Flash-code 1 & 22013, 2014, installations et vidéos de briques traditionnelles des Rairies (49), certaines sont brunies au chalumeau. Ce dispositif permet au spectateur avec un smart-phone de scanner le flash-code se trouvant au centre de l’installation. Cela renvoie à un site internet accueillant une vidéo d’une suite d’images de 20 secondes environ (voir extraits dans deux exposi-tions différentes, avec deux flash-codes dans le même espace).

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Harteloire2014, gravure d’une rue sur les quatre façes d’un aquarium

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©Stéfan-Tulépo, Octobre 2018 à Paris

Les photographies présentes dans ce document sont la propriété intellectuelle de l’auteur, elles ne peuvent être utilisées sans son autorisation. Trame

2014, photographie d’intervention in-situ, dimension variable