View
4
Download
0
Category
Preview:
Citation preview
1
Master Retic
Médias
B. Lafon, 2015-2016
plan :
Introduction : problématiser les médias
(médias, culture et société)
Partie 1. Les médias et le temps
Partie 2. La communication médiatique :
exemples de typologies
Partie 3. La communication médiatique comme
lieu d’expérience
Partie 1. Les médias et le
temps
2
A. Contextualiser les médias : les
problèmes de la temporalité
B. Les médias dans le temps
A. Contextualiser les médias : les problèmes
de la temporalité
3 points :
� La construction de l’objet et le temps
� Double échec : contemporanéité et
temporalités vagues
� Penser à historiciser les médias (=
méthodes historiques à convoquer)
3
La construction de l’objet et le temps
Opération nécessaire de « découpage »
de l’objet d’étude : espace et temps.
Pourquoi ? Base du travail scientifique =
COMPARAISON
(qui n’est pas raison : pas suffisante)
Bornes à poser :
- bornes spatiales
- bornes temporelles
Ces deux bornes sont à définir, à
justifier.
-> Quelles bornes temporelles ?
Choix des bornes temporelles dépend :
� de l’échelle du média
� du phénomène médiatique analysé.
Possibilité d’adopter plusieurs bornes :
� bornes élargies pour contextualiser
� bornes plus étroites pour l’analyse
proprement dite
4
Un intérêt comparatif = évolutions (2 ex.)
Double échec : contemporanéité et temporalités vagues
Certaines recherches sont en butte avec
le temps : trop larges / trop immédiates
Des recherches « immédiates » :
� sociologie des pratiques
� études médiatiques contemporaines
Le cas des « médiacultures » (travaux
de E. Macé et E. Maigret) :
� politique de publication active,
rebranding de publications antérieures,
mêlés avec
� analyses centrées sur la modernité et
la post-modernité
-> effets de légitimation
5
Les risques des « médiacultures » :
� penser en termes discontinuistes
l'histoire culturelle (médias marqueraient
une rupture),
� s'interdire d'aller au-delà des médias et
produire une approche médiacentrée,
� opposer culture et cultures médiatiques.
⇒ Nécessité de penser les médias dans
la société, et comme partie prenante de
son évolution :
� Pourquoi les médias ?
� Quel rôle dans la culture ?
� Quelles implications ?
6
Horace Newcomb (sociologue des médias, Grady
college, université de Georgie) pose une question
centrale : pourquoi la télévision ?
“My concern is always with "why TV?" which is sometimes lost in the
swamp of description, analysis, method, and theory, obscured by what
we, as individuals, find fascinating. As I have frequently noted, I wrote,
and occasionally write, about television because it changed my life. It
opened visions otherwise unavailable in the 1940s and 1950s in the
closed society of the American Deep South. (…) I am concerned that
we ask questions that help explain to others why television continues
to be so important. That is what I look for when I read new work. That
is just about all I care about, and if I do not find those critical
questions, I stop reading” (Newcomb, 2005, 110-111).
Les échecs des temporalités vagues :
Tentations de relire l’histoire humaine à
l’aune des médias, avec une politique
de publication active.
� Dès les années 1960 au Canada :
M. Mac Luhan
� Dans les années 1990 en France :
R. Debray
Marshall Mc Luhan, Pour comprendre les médias (1964), un ouvrage non
scientifique, mais :
effet d’amorçage en termes d’études
médiatiques considérable.
Ex. : Neil Postman, Se distraire à en mourir, 1985
7
En France, Régis Debray et sa
« médiologie », années 1990 :
� Dans la lignée de Mc Luhan
� Une tentative disciplinaire avortée
� Un essayisme savant, remplacé par un
autre (cf. Ars industrialis)
Des intuitions stimulantes (cf. Leroy-
Gourhan), mais une non-scientificité
manifeste (méthodes ? Cumulativité ?).
Régis Debray critique
le monde de l’image,
la « vidéosphère »
(« graphosphère »
encensée).
Régis Debray, Cours de Médiologie générale,
Bibliothèque des Idées, Gallimard, 1991.
Penser à historiciser les médias (= méthodes
historiques à convoquer)
Penser à l’histoire des médias : nécessité d’une
contextualisation
� recherches bibliographiques factuelles
Penser l’histoire des médias : nécessité d’une
réflexion sur la méthode historique
� recherches bibliographiques avec recul
critique + accès aux sources (écrites et orales)
8
Où en est l’histoire des médias ?
Champ de recherche éclaté, à l’image
des études sur les médias :
� Sociologie
� Histoire
� SIC
� Science politique
� …
Approche historique des médias et Tics
présente dans de nombreux ouvrages, avec
des auteurs spécialisés :
Ex. :
J. Bourdon (TV),
C. Méadel (Radio),
P. Albert, T. Ferenczi,
M. Palmer (Presse),
P. Flichy (Tics)…
Mais encore de nombreux points
aveugles dans les éclairages historiques :
Ex. :
TVR (-> 2012),
radios,
programmes,
régulation (colloque
IDETCOM, oct. 2013)…
9
Depuis 2000, création d’une association
pluridisciplinaire de chercheurs :
http://www.histoiredesmedias.com/-
Presentation-de-la-SPHM-.htm
Edition d’une revue depuis 2003 :
Le Temps des Médias
La revue Le Temps des Médias : quelles
approches historiques sur la TV ?
10
Contextualiser = problèmes posés par
l’historiographie
Historiographie : écriture et mise en
récit de l’Histoire.
Enjeu fondamental : « pluralité des
écritures de l’Histoire » (cf. Delacroix et
al., 2010 : 19).
L’historiographie s’est développée
fortement après le paradigme
structuraliste. 3 livres majeurs :
-1971 : P. Veyne, Comment on écrit l’histoire- 1975 : M. de Certeau, L’écriture de l’Histoire- 1997 : R. Koselleck, L’expérience de l’histoire
11
P. Veyne : intrigue et champ événementiel
« La notion d'intrigue. Les faits n'existent pas isolément, en ce sens que
le tissu de l'histoire est ce que nous appellerons une intrigue, un
mélange très humain et très peu « scientifique» de causes matérielles,
de fins et de hasards; une tranche de vie, en un mot, que l’historien
découpe à son gré et où les faits ont leurs liaisons objectives et leur
importance relative: la genèse de la société féodale, la politique
méditerranéenne de Philippe II ou un épisode seulement de cette
politique, la révolution galiléenne. Le mot d'intrigue a l'avantage de
rappeler que ce qu'étudie l'historien est aussi humain qu'un drame ou
un roman, Guerre et Paix ou Antoine et Cléopâtre.
(…)
Structure du champ événementiel. Les historiens racontent des
intrigues, qui sont comme autant d’itinéraires qu'ils tracent à leur guise
à travers le très objectif champ événementiel (lequel est divisible à
l'infini et n'est pas composé d'atomes événementiels)… »
http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/veyne_paul/comment_ecrit_h
istoire/comment_ecrit_histoire_texte.html
Implication pour les SIC :
� Les faits médiatiques participent du
champ événementiel;
� On peut saisir des intrigues dans le
champ événementiel par l’analyse
des médias
B. Les médias dans le temps
12
Médias dans le temps :
- Médias participent de l’évolution
historique (pas « neutres »)
- Médias participent dans le même
temps des dynamiques humaines
(pratiques individuelles et
dynamiques collectives)
Les médias participent de l’évolution
historique
Question peu traitée en tant que telle,
puisqu’elle nécessite de croiser
plusieurs approches :
- Historique
- Sociologique et politique
- Anthropologique
- SIC (études sur les médias)
Questions abordées par les auteurs
critiques des cultural studies, par exemple
R. Williams.
Ou, en France, Y. de la Haye, Roger
Bautier ou A. Mattelart.
Bautier, Roger. 1994. De la rhétorique à la communication. Grenoble:
Presses universitaires de Grenoble.
Bautier, Roger et Elisabeth Cazenave. 1999. « Les conceptions de la
médiatisation au début du XIXe siècle. » Études de communication 22. URL :
http://edc.revues.org/2352, mis en ligne le 27 novembre 2011.
La Haye, Yves de. 1984. Dissonances. Critique de la communication.
Collection Media discours. Grenoble: la Pensée sauvage.
Mattelart, Armand. 1997. L’invention de la communication. Paris: La
Découverte.
13
Facteurs directs et
modes de
constitution des
moyens de
communication
(Yves de la Haye,
1984, 57)
Comment construire une approche
diachronique sur les médias ?
⇒ Nécessité de penser les échelles temporelles et
les focales géographiques et sociales (modèles
espace-temps)
⇒ Penser aux 2 types d’analyses concernant les
médias : internes sur l’objet « média », ou
externes sur tout autre objet social extérieur aux
médias, compréhensible par une entrée
médiatique.
Diapos à venir :
Exemple de réflexion sur la manière
dont on peut intégrer la dimension
temporelle dans des études
médiatiques.
14
Les temps médiatiques
Croiser focales et échelles, quels objets ?
Echelle de durée longue Echelle de durée courte
Focale
macro
Temps médiatiques sociaux
diachroniques.
Structuration d’un média, d’une offre, d’un genre…
Temps médiatiques
sociaux synchroniques.
nouvel équipement technique dans un média, monographie sur
une émission…
Focale
micro
Temps vécus médiatisés
diachroniques.
Evolutions de pratiques, en réception ou en production
Temps médiatique vécus
synchroniques.
Microsociologie de pratiques sans mise en perspective
historique
Les médias participent des dynamiques
humaines
- en diffusant/organisant les récits
quotidiens
- en rendant collectives des
expériences culturelles individuelles
15
Diffusion des récits quotidiens par les
médias :
Peut être rapprochée de l’approche
herméneutique de Paul Ricœur.
Ricœur, Paul. 1991a. Temps et récit T. 1, L’intrigue et le récit historique. Paris: Ed. du Seuil.
———. 1991b. Temps et récit T. 2, La configuration dans le récit de fiction. Paris: Ed. du Seuil.
———. 1991c. Temps et récit T. 3, Le temps raconté. Paris:
Ed. du Seuil.
———. 2000. La mémoire, l’histoire, l’oubli. Paris: Seuil.
Paul Ricoeur s’intéresse aux récits
historiques et littéraires, mais rien
n’interdit d’extrapoler aux récits
médiatiques (cf. M. Lits).
Point clé de l’œuvre de Ricoeur :
comprendre les rapports du récit à
l’expérience (cf. triple Mimesis).
Selon Paul Ricœur, les récits organisent
le présent :
« le présent en tant qu'initiative doit
alors être compris comme l'échangeur
entre horizon d'attente et espace
d'expérience » (Ricœur, 2000, 292).
=> Les médias sont au cœur de ces
échanges
16
Ce faisant, les médias rendent
collectives des expériences culturelles
individuelles.
Fonction de
systématisation/standardisation des
systèmes de représentations.
Travaux de l’historien R. Koselleck
permettent de comprendre ce
phénomène.
Reinhart Koselleck : l’Histoire des
concepts, avec 2 notions centrales :
- « champ d'expérience » : « passé actuel
dont les événements ont été intégrés et
peuvent être remémorés »,
- « horizon d'attente » : se réfère pour sa
part « à ce-qui-n’est-pas-encore, à ce-qui-
n’est-pas-du-champ-de-l’expérience, à ce-
qui-n’est-encore-qu’aménageable »
(Koselleck, 1990, 311)
Recommended