Ménéas Marphil

La Pierre de Ténèbres

La Fabuleuse Histoire des lunes de Pandor

Du même auteur

La FabuLeuse Histoire des Lunes de Pandor, roman :

Abracadagascar, t. I, 2008

Le Sceau de Cyané, t. II, 2009

Les Secrets de Gaïa, t. III, 2009

Petit-Cuivre et Le seCret de L’arCHe d’aLLianCe, roman, 2013

ISBN : 978-2-84626-924-7

© Éditions Au diable vauvert, 2014

Au diable vauvertwww.audiable.comLa Laune 30600 Vauvert

Catalogue sur demandecontact@audiable.com

Loi no 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse

5

7

11

La préhistoire

Tout commença par le sale coup que l’Ordre Noir des Pandaemons porta aux forces blanches via son Seigneur des Ténèbres,

Sarpédon. Seule la magicienne Gaïa aurait pu dire quelle apparence il avait dû prendre pour la séduire, au point de lui faire accepter de porter un enfant qui la déchirerait dès sa naissance. Sur l’île d’Abracadagascar, au Naos* 1 de magie ancestrale d’Élatha auquel appar-tenait Gaïa, on comprit surtout qu’elle n’avait pas eu le choix, qu’une magie supérieure avait été accordée à l’encontre de tous les codes admis depuis la séparation des mondes.

Mais si, au Panthéion, la majorité des dieux et des déesses avaient accepté l’interdiction qui leur était faite d’intervenir dans le plan des humains, la rebelle Hécate faisait exception. Elle n’avait jamais eu que faire des

1. Les mots suivis d’un astérisque (*) renvoient au Petit glossaire à l’usage du voyageur en fin d’ouvrage.

12

règles d’un Panthéion où elle se sentait à l’étroit. Face à l’existence de plans supérieurs, son essence divine ne lui suffisait plus. C’est ainsi que d’une entente secrète avec l’entité Lilith naquit une sorte de prophétie, qui était davantage un funeste plan à partir duquel chacune des deux femmes devait trouver son compte personnel. Hécate ne voyait pas pourquoi Zeus et Athéna règne-raient en maîtres, et Lilith se voyait bien en Reine abso-lue d’une totale nuit. La première étape consista à aider Sarpédon, du moins à faire semblant.

La prophétie disait que lorsque l’enfant mis au monde par la magicienne Gaïa atteindrait ses 15 ans, l’union de Lilith et de Sarpédon lors d’un rituel lunaire particulier transformerait cet enfant en magimutans, un être trini-taire aux pouvoirs démultipliés. Le seul interdit formel était que ni l’un ni l’autre ne devrait approcher l’enfant avant qu’il ait atteint ses 15 ans, et qu’aucune forme de magie ne devait lui être enseignée avant cette même date. Malgré sa réserve toute pandaemoniaque d’un Seigneur des Ténèbres à qui on ne la fait pas, Sarpédon tomba dans le panneau. Il accepta l’aide proposée pour tromper la vigilance de Gaïa et l’obliger à porter l’enfant des plus noirs desseins.

Sitôt que la magicienne comprit qu’elle ne résisterait pas à l’accouchement, elle se mit en devoir d’engendrer simultanément un autre enfant par la seule force de sa volonté, par la seule puissance de l’amour qui était en elle. Sa farouche détermination éveilla la solidarité de cette autre Gaïa qu’était la déesse du même nom et attira par conséquence celle de l’entité Gaïa, l’esprit de

la Terre-Mère. Cette fois, ce fut à la magicienne d’ac-cepter l’aide qui lui permettrait d’enfanter le jumeau de l’enfant ténébreux, mais un enfant qui serait tout de lumière, un élu dont la puissance d’amour réduirait chaque jour un peu plus les émanations maléfiques de son frère. Ainsi ce fut à Élatha que Gaïa, à la surprise de tous, mit au monde deux enfants en tous points identiques.

15

Les deux frères

À la naissance des garçons, cette gémellité parfaite perturba autant le plan des forces blanches que celui des forces noires. Et pour

cause !… Chacun des deux Naos, celui d’Élatha comme celui d’Yggdrasil, n’avait prévu qu’une chose : se débar-rasser de l’enfant indésirable. Mais lequel était-ce, à présent ? Il fallut laisser du temps au temps. On le fit d’autant mieux qu’on disposait de quinze années pour comprendre quel était le plan caché d’Hécate et de Lilith, et comment Sarpédon comptait s’y prendre pour récupérer son fils.

Par devoir et respect pour celle qui avait été une magicienne hors pair, ce fut à Élatha qu’il incomba de veiller sur les jumeaux. Toutefois, l’injonction prophé -tique de ne pas user de la magie en leur présence obligea à les éloigner. On ne pouvait les garder dans un Naos où tout, jusqu’à la moindre pensée, ne relevait que de la magie. On les confia au petit orphelinat de l’îlot Nat où ils allaient grandir sous l’œil bienveillant de sœur

16

Bertille, qui considérait tous les enfants comme s’ils étaient la chair de sa chair. Les jumeaux y reçurent un nom, l’un serait Épiphane et l’autre Kimyan, mais on jugea préférable de taire leur véritable filiation et leur fratrie.

Situé au large et au nord-est de la grand-terre d’Abra-cadagascar, l’îlot Nat faisait partie des îles Protégées, comme sa voisine d’en face, Albaran. Peuplées des seuls et pacifiques vawaks*, ces îles n’étaient pas le plus mauvais endroit pour s’épanouir, et tant s’en fallait. Une barrière corallienne protégeait un paisible lagon aux eaux turquoise, des cocotiers bordaient des plages de sable fin et doré, et une forêt chargée de fruits et de fleurs aux mille saveurs et senteurs parachevait un décor paradisiaque. En appui de Bertille, don Mercurio accepta d’être le parrain officiel d’Épiphane. Par-delà le rôle d’ambassadeur d’Élatha qui était le sien, cela lui permettait surtout de venir s’assurer régulièrement que tout se passait bien.

Au fil du temps, de légères différences physiques per-mirent de distinguer les garçons l’un de l’autre, des détails suffisamment visibles pour pouvoir continuer à leur cacher qu’ils étaient jumeaux, mais pas assez pour se cacher qu’Épiphane était bien l’enfant de lumière. Son aura exceptionnelle ne laissa bientôt plus de place au doute. Et si l’on abandonna l’idée de supprimer l’enfant des ténèbres, ce fut parce qu’on ne décelait toujours pas la moindre émanation maléfique chez Kimyan. À son insu, Épiphane enveloppait son frère dans le flot d’amour

continu qu’il recevait par le triple esprit de sa mère, de la déesse Gaïa et de la Terre-Mère. Il y puisait en abondance ce que le sombre trio formé par Lilith, Hécate et Sarpé-don n’avait pas mesuré à sa juste valeur : la puissance de l’amour. Le temps eut beau passer et les garçons toujours ignorer leur gémellité, ils ne s’aimaient pas moins d’un pur amour fraternel qui les rendait inséparables. Et tout alla pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que le temps imparti fût écoulé.

19

Les deux écoles

Q uelques jours avant l’échéance prophétique, un étrange alignement planétaire se mit en place. Son énergie ruisselante vint d’abord

bousculer l’esprit jusque-là paisible d’Épiphane. Il réa-lisa que si on lui avait toujours expliqué son placement à l’orphelinat par le décès de sa mère, rien ne lui avait jamais été dit au sujet de son père. Comme Bertille ne trouvait pas le courage de lui avouer la terrible vérité, Épiphane décida de fuguer et de se mettre en quête de sa véritable identité.

Cependant, malgré la légitimité de cette quête, le dan-ger qu’elle engendrait était bien trop grand pour un jeune adolescent qui n’avait grandi que dans l’amour. Le vaste monde qui allait s’ouvrir devant lui n’était pas fait de cela, ou si peu. De redoutables seigneurs y guerroyaient de longue date, dont un Sarpédon qui n’attendait que la proche réalisation de ses vœux : la fin de l’Alliance des magiciens blancs et le début de ténèbres nouvelles dont sa semence transformée serait le prince éternel.

20

À vrai dire, Épiphane n’alla pas très loin. Ses premiers pas sur l’île d’en face, Albaran, modifièrent déjà ses ardeurs. Fort heureusement, par l’intermédiaire de don Mercurio et de quelques autres complices, le Naos d’Élatha avait planifié l’essentiel. Puisque l’heure fati-dique était venue, on devait s’attendre au pire de la part de Sarpédon et de ses rebelles associées. Le sombre trio, lui, ne doutait pas une seule seconde qu’il faille se débar-rasser de l’enfant de trop. Kimyan étant l’Élu à leurs yeux, c’était donc l’autre, le bâtard de Gaïa, qui devait disparaître. En clair, Épiphane allait être en danger où qu’il aille, aussi sa protection s’imposa-t-elle dans l’urgence.

Avec des amis rencontrés sur Albaran, il se rendit au Naos d’Élatha et découvrit ainsi l’île fabuleuse d’Abra-cadagascar. Le monde bascula brutalement dans une autre réalité, celle de la magie et de tous les peuples et créatures qui la partagent. Il découvrit les bucentaures* et autres Zindris*, avant de rencontrer celui qui allait être son plus enthousiaste protecteur : l’oiseau sîmorgh* Ænas.

Au demeurant, cette dernière rencontre fut de très courte durée, l’oiseau magique se contentant de dépo-ser une plume à ses pieds. Une plume qui avait certes quelque pouvoir mais qui, surtout, le désignait comme étant l’Élu de Gaïa. Qu’il enflamme cette plume en temps opportun, et son mystérieux protecteur apparaîtrait instantanément. En attendant de savoir pour quelle rai-son il ferait cela, Épiphane devint plutôt Piphan’ pour cette nouvelle bande d’amis à laquelle il était de plus en plus heureux d’appartenir. Elle préfigurait le pronaos

21

des Filus Aquarti* qu’ils s’apprêtaient à former au sein du Naos d’Élatha. C’était là, espérait-il, que toutes ses questions trouveraient réponses, là qu’il saurait enfin comment prendre en main sa propre destinée. Mais un souffle bienheureux le soutenait déjà dans cet affron-tement de l’inconnu. Il savait que c’était à Élatha qu’il pourrait rencontrer l’âme-sœur, cette fille qu’il n’avait entraperçue qu’une poignée de secondes mais qui n’avait pas moins emporté tout son cœur.

Dans les faits, il dut mettre en sourdine les sentiments amoureux qu’il avait prématurément nourris pour elle. De deux ans son aînée, elle appartenait au pronaos de la Golden Dawn et s’appelait Aelys Crowley. Elle était divi-nement belle, radieuse, intelligente et pure, elle aurait pu l’aimer elle aussi du même amour, mais d’incertains liens familiaux posaient une barrière infranchissable. Par le passé, le grand-père d’Aelys avait eu le grand tort de provoquer la colère de Lilith, à tel point qu’une malé-diction pesait sur toute la lignée des Crowley depuis ce temps et pour plusieurs générations à venir encore. Les descendants naissaient avec un métabolisme quasi repti-lien, et Aelys n’y avait pas échappé. Épiphane prit sur lui d’assumer cet impossible amour. Il décida d’aimer quand même Aelys comme une sœur, comme il aimait Kimyan, comme il aimait déjà ces nouveaux maillons de lui-même, la très prévenante Nive et Salomon le phénix, tous deux Filus Aquarti comme lui, mais aussi Cheveux-d’Argent, du pronaos des Draco Dormiens, ou Ashitaka qui appartenait aux Shak-Aïnu, tant d’autres.

Nive de Lancroy descendait d’une longue lignée de la

22

vieille Europe. Une famille noble, généreuse et cultivée, qui n’hésitait pas à vivre parmi les moazis* plus souvent que chez les magiciens.

Cheveux-d’Argent avait eu moins de chance. Lui non plus n’avait pas connu ses parents, et sa famille avait été un cirque ambulant avant qu’il n’arrive à Élatha. Il avait tout à apprendre… sauf ce qu’il savait.

Pour Salomon Flamel c’était un peu différent, voire assez spécial. Il était le fils de l’alchimiste du même nom et de sa dame Perrenelle… ou plutôt leur création. Il était un homonculus*, et ce n’était pas sans lui poser problème. Lui aussi venait d’être mis d’urgence aux abris.

Quant à Ashitaka, qui était en troisième année comme Aelys, un mystère enveloppait ses origines, bien que per-sonne ne cherchât vraiment à savoir, tout en sachant que la déesse Athéna était sa véritable créatrice. Il était le Shak-Aïnu le plus doué de sa génération, son amitié était très appréciée de tous, et ce n’était pas sans raison.

Épiphane avait pourtant l’impression de n’avoir rien choisi de tout cela, que ces amitiés s’imposaient d’elles-mêmes parce qu’elles étaient les maillons d’une longue chaîne qui les réunissait. Il découvrait en effet qu’Élatha n’avait pas son pareil pour dégoter les perles rares, mais il lui restait à comprendre pourquoi lui-même en était une et dans quel but.

Or, dans le même temps que Piphan’ prenait ses marques dans cette école pas comme les autres, son jumeau ne resta pas en reste de propositions. Nicandre, un Dahal* de haut rang à la solde de Sarpédon, était

arrivé sur l’îlot Nat plus tôt que les astromages d’Élatha ne l’avait prévu. Leur mauvaise interprétation de l’ali-gnement planétaire se traduisit par un retard de quelques jours aussi décisif que fatal. Nicandre séduisit Kimyan en un rien de temps et l’emmena au Naos d’Yggdrasil pour qu’il y apprenne la vérité qui était la sienne : il était le fils légitime du Seigneur des Ténèbres, Lilith serait sa marâtre, et il deviendrait leur redoutable successeur.

Et tout comme Épiphane découvrait le cosmogonique Arbre-Mère* qui abritait Élatha, Kimyan arpentait un Yggdrasil de pierre où maints Dahals se courbaient déjà devant lui. Nicandre s’occupa personnellement et acti-vement de sa formation, et la magie qu’il portait dans ses gènes fit le reste. Alors ne tarda pas le temps des révélations.

25

Les deux affrontements

P our le meilleur comme pour le pire, les deux garçons apprirent enfin leur gémellité et leur filiation. Kimyan, lui, ne voulut pas

voir d’autre faute que celle de sales magiciens blancs qui l’avaient maintenu dans l’ignorance pendant quinze ans sur un îlot perdu dans l’océan Infini. Ceux-là ne perdaient rien pour attendre. Quant à ce frère un temps adoré mais qui n’avait pas hésité à l’abandonner, seule la volonté familiale prévalut dès l’instant : le bâtard de Gaïa devait mourir.

Piphan’ ne reçut pas la vérité avec la même sérénité. Il n’apprécia guère mieux que son jumeau le mensonge par omission dans lequel ils avaient grandis, mais, quelles que puissent être les raisons invoquées par les forces noires, son frère demeurait son frère et il n’était pas question de l’abandonner aux mains ennemies.

Malgré des désirs contraires, les retrouvailles des jumeaux devinrent inévitables. Elles eurent lieu dans les dunes d’Itampool, une zone presque déserte dans

26

le profond Sud-Ouest d’Abracadagascar. Pour cette mission spéciale où il était question pour les Élathéens de récupérer quelques artefacts magiques avant que les forces noires ne s’en emparent, Piphan’ s’y rendit pré-cisément avec Nive, Salomon, Ashitaka et Cheveux-d’Argent.

De son côté, Kimyan ne vint qu’avec ses amis Amundf-lenn et Syrénia, mais surtout son genka Drasgull, un grand dragon noir des Karpathes apprivoisé qui rendit à lui seul le combat inégal. Salomon le phénix y laissa quelques plumes, Nive faillit y vivre sa dernière seconde, et les quatre Élathéens eussent été anéantis si Piphan’ n’avait fait appel in extremis au sîmorgh Ænas. La plume jadis offerte trouva enfin une utilité vitale. Kimyan et les siens, dragon compris, durent battre en retraite car aucun dragon ne fait le poids face à un sîmorgh. Mais une bataille n’est pas la guerre.

Si Élatha pouvait se satisfaire de ce que la course aux artefacts ait été fructueuse et que les jeunes Dahals aient déclaré forfait, tel n’était pas le sentiment d’Épiphane. Outre qu’il devinait que Kimyan n’abandonnerait pas, sa fuite ne lui apparaissait pas comme une victoire dont il aurait pu se glorifier. En revanche, que lui, Épiphane, n’ait pu ramener son frère à la raison et à la maison, cela s’appelait un échec. Aussi fugua-t-il une deuxième fois pour aller le ruminer dans l’antre de son protecteur Ænas, au sommet du mont Tsaratanan.

Ce fut le temps de nouvelles révélations, ainsi que celui de la transformation qui allait ancrer l’Élu dans son rôle et sa raison d’être : de grandes ailes blanches

27

poussaient dans son dos. Elles préfiguraient à la fois l’ange de lumière qu’il était par naissance et devait cependant devenir. Apaisé, il reprit le chemin du Naos avec la ferme intention de se former sérieusement auprès des maîtres.

Mais son frère ne lui laissa guère de répit. Par télépa-thie, il lui proposa un tête-à-tête pour régler ce qu’il appelait un différend familial, et Piphan’ suggéra qu’il ait lieu à l’îlot Nat. L’erreur fut tragique car Kimyan, en bon Dahal, n’allait respecter aucune règle. Il en respecta d’autant moins qu’avec l’appui d’Hécate il put rallier à sa cause le redoutable Typhon. Le combat fut des plus inégaux une nouvelle fois. Typhon généra un gigan-tesque cyclone suivi d’un tsunami qui ravagèrent l’îlot et firent beaucoup de morts, dont l’Aîné et sorcier de l’île, et des amis de la première heure tel que Marusse, qui avaient bercé leur enfance sous les rires et la joie de vivre. L’orphelinat de l’îlot Nat fut rayé de la carte. Le frère adoré devenu Kim le Rouge avait tenu à faire table rase de tout leur passé.

Le néo-Dahal n’alla pourtant pas plus loin ce jour-là, regagnant bien vite son Yggdrasil avec des ailes pour lui aussi fraîchement acquises. Il avait simplement voulu que cette rencontre soit un avertissement, un simple avant-goût de la bien plus sérieuse guerre qui allait com-mencer.

Le conflit éclata en effet, bruyant, meurtrier, barbare et planétaire, et il fallut la coalition de tous les Naos de magie blanche pour contenir l’horreur. Le Sanctuaire d’Hyperborée, la Sphère d’Arkhéion, les Amarantins, les

Mûans, de l’Asie Levantine aux Amériques Orientales, tous furent sur le pied de guerre autant que dans l’expec-tative, car la stratégie des forces ennemies ne se laissa pas facilement deviner.