146
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MEDIEVALES

Revue semestrielle

ubliée

avec le concours

du Centre

de

Recherche

e

l'Université

e Paris

VIII.

COMITE

DE REDACTION

M

wjl

|jļļ

Orlando

eRUDDER

HK9jn||

DIRECTEUR

DE PUBLICATION

'

Orlando

de RUDDER

UhUHmSuwË

L-m

ä

Le uméro

particuliers

0,00

Biblio.,

nstituts

40.00

.

Abonnements2

numéros

particuliers

50,00,

ibl.nstituts

70.00

Les

èglements

ibellés

ordree

'agent

omptable

e

'Université

e

ParisIH

Publication

ed..

CP 13745

Parisontadresser

MEDIEVALES

Centree

echercheniversité

arism

2, ueea iberté93526aint-Denisedex2.

Les manuscrits

dactylographiés

ux normes

abituelles,

oivent

tre

envoyés

ndouble

xemplaires

:

Orlando

eRUDDER

F.-J.

EAUSSART

13.

assage

atbois

ou

:

¡7.

rue es

Remparts

75012

ARIS

02220

RAINE

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 *

SOMMAIRE

N°2 / MAI 1982

~

Page

EDITORIAL

. ¿3

GAUTIER DE COINCI

DANS

SON

EPOQUE

:

QUELQUES

REPERES

CHRONOLOGIQUES

7

TRANSFORMATION DU SAVOIR

ET AMBIVALENCES

FONCTIONNELLES

:

Aspects

de la fascination

hagiographique

hez Gautier

de Coinci.

Peter-Michael

pangenberg

> U

«D'UN

CLERC GRIEF

MALADE

QUJE

NOSTRE

DAME

SANA»

Réflexionsurun miracle.

François-Jérôme

eaussart

.34

IMAGES

ET APPARITIONS

:

Illustrations

es «Miracles

e

Nostre

ame»

Christine

apostoile

i

47

LES «ENONCIATEURS GAUTIER»

Bernard erquiglini 68

LA

RUBRIQUE

:

UNE UNITE LITTERAIRE

SharahChennaf

76

EN

ODEUR DE SAINTETE

Brigitte

azelles

86

GAUTIER

DE COINCI

ET LA PEDAGOGIE

MUSICALE

Pierre-Henry

oubert

.100

GAUTIER DE COINCI OU L'ECRITURE SUBREPTICE

Orlandode

Rodder

104

EDITION DE

TEXTE

:

«D'un

clerc

ue

Nostre

ame

gari

de

grant

maladie»

Orlando

de

Rudder

112

NOTES

DE

LECTURE

120

ORDINATEUR

ET

MANUSCRITS

:

Propositions

our

une

généalogie

es

textes

GuyJacquesson 127

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EDITORIAL

L accueil

avorable

eçu

par

le

premier

uméro

e Médiévalesmontre

bien

qu

il existait ne

place

pour

une revuede

ce

genre.

Notre

projet

était

de rendre

ompatibles

es

exigences

e la

recherche t celles d une certaine

volonté

de

vulgarisation.

C était

un

grand

risque.

Les

spécialistes

pouvaient

en

effet,

nous accuser

de

<r

implisme

,

les autres

«d hermétisme».

l n en est rien.

Les

universitaires

nt

compris

notre

propos leursréactions ienveillantesntémoignentpar ailleurs, euxqui

ne

font pas

du

Moyen

Age

leur

spécialité

ont

apprécié

notrevolontéde

rendre ccessibles es

sujets

raités.

Nos

lecteurs

nt

senti

que

MEDIEVALES

n

était

pas

un

recueilde

plus

une

compilation upplémentaire

mais

une volonté

e

comprendre.

Non

pas

un

regard

n

arrière

ni

le

prétendu

dévoilement

un

iimpensé

pas

une nouvelle entative exhumer

u d exhiber mais

simplement

a

volonté e prendre n compte es obscurités ans la connaissance t la

diversité

ans la

compréhension.

e

Moyen

Age

est encore

depuis

la

Renaissance un

âge

obscur

sourd

ingrat.

l est

toujours

ruel

lointain

caché.

Il

est

sauvage.

Des

romanciers

succès

brodent

encore

sur

ces

thèmes. ces

différents

itres ces titres

u on

lui donne

il

est

e lieti

le

temps

l on a

projeté

tous

les

fantasmes.

Le

moine

méchant

t la

Vierge

aïve

la

dame

hautaine

t e

manant

rop

niais tous ces

types

ont

à la

fois historiques

t

faux,

à

la

fois

véritable

t alibi. Le

Moyen

Age

reste

le médiateurde notre nquiétude,de notre nsécurité, e nos hontes. l

reste

médian

en ce sens

qu il

est

en

même

temps objet

d une

histoire

t

3

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d une

curiosité

un ieu

et

un détour.

Un

texte

t un

prétexte

Ces

quelques

réflexions ejoignent

t,

dans

une

certaine

mesure

justifient

a

première artie

de ce nouveau numéro

de

MEDIEVALES

consacrée

un auteur

du

début du XlIIème

siècle Gautier

de

Coinci

et

à

ses

Miraclesde

Nostre ame. En

effet

V

riginalité

ue

Gautier

onne ux

miracles

u

il

conteVa

fait rejeter

ans le

clan

des

f

imeurs ou dans celui

des

gens

pieux.

l

est

ainsi devenu

exemple

d une i

pensée

naïve

que

les

premiers

médiévistesntvoulu

ymbolique

e cette

nfance

otteetsaine

que

la Renaissance

devait mûrir

t

notre

époque

affirmer.

œuvre de

Gautier

de Coinci réduite

un modèle

poétique

dont

l influence

tait

perceptible

chez les

igrands qui

lui succédèrent

-

Rutebœuf

notamment

n avait

d intérêt

que

par

sa

forme.

Pourtant

les deux

perspectives

l édifiante

t la

littéraire

n en

font qu une

chez lui La

comparaison

des

sources montre

ue

l audace

de ses

descriptions

e la

Vierge

ce

que

nous

ppellerions

ujourd hui

da

composante

ro

ique*,

joué unrôlemajeurdans l extension u cultemariai C estpeut-être ette

raison

ui

fait qu

on

a

dissimulé

on texte u

profit

e ses rimes

ou

qu

on

l a,

comme

on

premier

diteur l abbé

Poquet,

censuré. n

fait

il

semble

bien

que

l originalité

e sa

versification,

exubérance

e ses

eux

de mots

donnent son

texte ne

épaisseur

ui

est

e corollaire u

tissunouveau

se

développe

son t

ropos idéologique

.

Il

convientdonc

de rendre

à

Gautier

a

place,

d abord

en le

lisant,

nsuite

n saisissant

u il

développe

un

personnage

majeur

de

l imaginaire

venir

tNotre

Dame *

où se

transfigureemonde ourtois toù se mire aristocratiela ibonne ée où

les

superstitions

es

plus

anciennes

retrouventeur vitalité

enfin

ette

alliance

du

pieux

et du noble où

s

aménage

un modèle moral

propre

à

l

éducation

es

eunesfilles.

La diversité

es

quelques

articles

ue

nous

présentons

ci n a d autre

ambition

ue

d aider à

mieux connaître

et

écrivain

majeur

du

Moyen

Age

et a

complexité

e son

propos.

La

REDACTION

4

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Gautier

e

Coitici ictant

B.N.

(N.A.)

Fr.

24541

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GAUTIER

DE

COINCI

:

LE TEXTE

DU MIRACLE.

Mes

efforts

e

furent

as

tout à

fait

vains et

j ai

contribué,

our

ma mo-

deste

part,

cette

renaissancees tra-

vauxhistoriquesui resterahonneur

de

ce

siècle

inquiet

Je

serai

compté

certes

armi

es

dix ou

douze érudits

qui

révélèrent la

France es

antiqui-

tés

littéraires

Ma

publication

des

œuvres

poétiques

de

Gauthier

de

Coincy

inaugura

une

méthode

udi-

cieuse t

fit

date.

Anatole

rance

Le crime e

Sylvestre

onnard

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GAUTIER

DE

COINCI DANS

SON

EPOQUE

:

QUELQUES

REPERES

CHRONOLOGIQUES

L époque

de

Gautier de

Coinci

est

marquée par

un

certain

nombre

d événements

ordre

eligieux

u

politiques

ont on

œuvre

porte

a

trace.

Les croisadesd outre-mer,insique celle sontre es albigeoismarquèrent

ce

temps,

omme

es

personnalités

un

Philippe

Auguste,

une

Blanche

de

Castille

u d un

Louis IX.

Qu on

nous

pardonne

ci

de

fairede

l histoire

«événementielle»

ces

repères

n apprendront

sans

doute

rien aux

médiévistes

mais

ils

pourront

outefois

ider nos

lecteursmoins

avertis

mieux

ituerun

«écrivain»

ussi

complexe

ue

Gautier,

plongé

au

milieu

d une

époque

riche n

bouleversement

olitiques

t

déologiques.

L école de Saint-

ictor,

école de

Chartres,

e

mouvement

istercien

et un

certain

renouvellement

es

méthodes

théologiques

furent

es

principales

aractéristiques

e la

pensée

du

Xllème

siècle. Gautier

vécut

entreces

courants t

les

orientations

ouvellesdu XIII

ème

siècle,

au

momentdu conflit

ntre a

tradition

monastique

et

l émergence

de la

pensée

des

écoles.

Le

XHIème

siècle fut celui

de la

fondation

des

universités,

e la

création

es ordres

mendiants,

e la

découverte

Aristote t

des

penseurs

arabes commeAverroes1116-1198).Abélard,mort n 1142,Bernardde

Claivaux,

mort n

1153

continueront

exercer

eurs

nfluences

pposées.

7

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Parmi es

penseurs ui marquèrent rofondémentépoque

de

Gautier,

l

faut iterRogerBacon (1210/1214-1292),aint Bonaventure1221-1274),

Saint

Albert e Grand

1206?- 1280),

Saint Thomas

d Aquin

1224-1274),

Raymond

ulle

1235-1316),

iger

de Brabant

1235-1281/1284).

Nos

sources

pour

tablir

es

éléments e ces

chronologies

ontdiverses

et

trop

nombreuses

our

que

nous

es citions ci les dates

proviennent

oit

de manuels d histoire

ourants,

oit

d ouvrages

pécifiques

raitant e la

littérature édiévale ommeLes chroniqueurs rançais du MoyenAge.

de R. Bossuat

Classiques

Larousse),

des introductions éditionde

texte,

soit

d encyclopédies.

es

repères emporels

e sont à

que pour

aider nos

lecteurs situer e

personnage

e Gautier nous avons

pris

es dates les

plus

communément

dmises,

sans entrer ans les

querelles qui peuvent

exister u

sujet

de telle u

telle

datation.

Ce n estdonc

point

une

recherche

ritique

u il

fautvoirdans ce bref

parcours,

mais une

simplecompilation,

n

petit

guide

que

nous

espérons

commode,

pour rappeler

quelques

événements,

quelques

courants

contemporains

e Gautier. Ces

renseignements

e trouvent acilement

ailleurs nous n avonsfait

ue

les

rassembler.

L EPOQUE

DE

GAUTIER DE

COINCI

(

1177/78

1236)

1175 Chrétien eTroyes Le Chevalieru Lion ; Perceval.

1177 Trêve

de Venise.

1177/78

Naissancede

Gantier

1

180 Avènement e

PhilippeAuguste.

1182

Expulsion

des

Juifs

ar PhilippeAuguste.

1187

Troisième roisade.

Saladin

prend

Jérusalem.

8

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1193

Gautier

de

Coinci

devient

moine.

1194 Chansons

de

captivité

e

RichardCœurde

Lion.

1

198

Pontificat

Innocent

II.

1201 Chansons de

Croisade

Hugues

de

Berzé,

Guiot de

Dijon

;

Chansonsde

Gontier

e

Soignies,

Gautierde

Dargies,Guyot

e Provins.

1204

Quatrième

roisade.

1206 Traduction u

pseudo-Turpin.

1207-1213

G. de Villehardouin

Histoire

de

la

conquête

de

Constantinople

R. de Clari :

Histoire

de

ceux

qui conquirent

ons-

tantinople

1208

Croisadecontre es

Albigeois.

1212

Victoire

ontre es

arabos

à

Las

Navas

de

Tolosa.

1214

Bataille de Bouvines.

Gautierde Coinci

devient

rieur

e

Vie-sur- isne.

1216 Henri II estsacréroid Angleterre.

1217

Cinquième

Croisade.

1218

?)

Gautier

entreprend

a

.rédaction

des

Miracles

de

Nostre

Dame.

1220

Chansonsde

Gautier

de.Coinci.

1224 Vie de

Guillaume

e

Maréchal

9

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1226

Régence

de Blanchede

Castille.

1225-1240

Chansons

de Thibaut

de

Champagne.

1229 SixièmeCroisade.

Livrede la Terre

ainte.

1233 Gautierde Coinci

devient

rieur

de Saint-Médard

Soissons.

1236 Mortdé Gautierde

Coinci.

1240

Les

faits

des Romains.

1242

Bataille

de

Taillebourg.

Ì0

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Peter-Michael

SPANGENBERG

TRANSFORMATIONS

DU

SAVOIR

ET

AMBIVALENCES FONCTIONNELLES

Aspects

de la

fascination

hagiographique

chez Gautier de

Coincy

Compte

enu de

l'importance

ttribuée

ar

la

critique

ux textes

agio-

graphiques

n Ancien

Français,

es

miracles

e

Gautier e

Coincy

nt

nspiré

relativement

eu

de recherches.

'est le

sort

partagé ar

a

plupart

es récite

de miracles

ont on

peut

exclure

peut-être

e

Miraclede

Théophile

ui

a

attiré 'attention ar l'intérêt u publicmédiéval our e sujetdu pactede

l'homme

vec

le

diable. D'autresont attiré es

historiens

omme es

diverses

versions u

miracle

pérépar

la

Sainte-Vierge

ors du

siège

de

Chartres

ar

les normands.

es

deux miracles

e

peuvent

as

compter

armi

es miracles

«typiques»

ar

malgré

es

difficultés

ue

poserait

ne

telle

définition

our

le

miracle omme

manifestationextuelle

1)

il

n'est

pas

difficile 'en

donner

ime

pour

la

pratique

vécue dans la

religion

hrétienneu

Moyen

Age.

Le

miracle normal»

n tant

que

réalité

ociale était a

guérison

'un

malade

par a reliqued'unsaint t dans a plupart es cas auprèsdesontombeau2).

Les

reliques

faisaienta fortune

es

monastères,

es

églises

t des

lieux de

pélérinage

omme

Rocamadour

ui, pendant

a Guerrede

Cent

Ans,

fut

attaqué

et

pillé

plusieurs

ois

pour

ses

richesses.

es

miracles

e

guérison

dont

a

réalité

ut

un

élément

ncontestable

u

savoir

ollectif

médiéval,

e

(1)

Pour

es difficultés

'attribueru

miracle

ne

place

dans

e

«système»

es

genres

médiévaux

f.

U.

Ebel,

Das

altromanische

irakel.

eidelberg

965,

.

74-77

t

H.

J.

Jauss,

lteritätnd

Modernitäter

mittelalterlichen

iteratur.

ünchen

977,

.

34-47.

(2)Le pouvoireguériresmaladiesstpour insi ire afacultée basedes aintst

des

martyrs.

f.

Soldan

Heppe,

eschichteer

Hexemprozesse.

Nouvelle

dition e

M.

Bauer)

ol.

,

Hanau

911,

.

93-97.

11

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représentent

ourtant

u'une

partie

modestede ces

textes destinés

être

récités

u

public endant

u

après

es offices

eligieux.

1.

Irritation

t altérité

Il

reste ncore

expliquer

e

peu

de

popularité

es miracles ans

a

cri-

tique

moderne.

a

principale

aison

en

est

probablement

e caractère eli-

gieux

des textes

qui

n'est

plus

conciliable vec

l'attitude

dans

laquelle

es

sciences

humaines

nt

défini es

possibilités

u

discours

eligieux

endant

les deux derniers iècles.Pour expliquer a gêne que peuventnspirer es

textes omme

eux

de Gautier l est

possible

de

se borner

quelques spects

dominants

e

la

critique

onctionnelle

e

la

religion.

ans une tradition

ue

s'étendde Marx à

Durkheim,

Weber

t

Freud,

a

fonction

e la

religion

st

prédominante

ans a

discussion.

es recherches

nt

entre utre ttiré 'atten-

tion

sur

e

pouvoir

ntégratif

e

la

religion our

une

société t

sur

'origine

et

le rôle de la

religiosité

ans 'économie

sychique

e l'individu. es

expé-

riences

des

phénomènes

ranscendantauxux

facultés

de

l'homme,

pour

reprendrene définition es religieux3), peuvent arier ans les formes

et les contenus c'est

l'aspect

des relations ntre

a

religion,

'individu

t

la

société

ui

importentour

me

nalyse

es

équivalents

onctionnelses

phéno-

mènes

eligieux

'autres

ultures

u

époques

4).

Dans

ime sociétémodernea définition

énérale

e la

religion

e

fait

par

un

discours

nterdisciplinaire

es

sicences

humaines.

es normes u

discours

dans une

telle

discussion

ntre

théologie, hilosophie

t

autres

disciplines

sont bien sûr

celles

de la

rationalité

cientifique5). Aujourd'hui

n texte

religieux

ui

veut

tre

pris

ux sérieux oit

s'exprimercientifiquement,

'est-

à-dire

héologiquementour

garder

a

dignité

u

discours.Même n

forme

e

(3)

Cf.Th.

Luckmann,

Religion

n

der

modernen

esellschaft»,

ans

Id.,

Lebenswelt

und

Gesellschaft.

aderborn

980,

.

173*1

9.

(4)

«Religion

stkeine

onstante,

nhaltlich

estimmbarerösse.

.

.

Und

die

Relation

zwischen

eligion

nd

Gesellschaft

stnicht

ine om

Anbeginnleichbleibende

truktur

der

menschlichenirklichkeit

chlechthin,

ondernin

geschichtlich

andelbares

er-

hältnis.

ch

betone,

as

Verhältnis

elbst

st

geschichtlich

nd

wandelbar,

icht

ur

pezi-

fische

enkinhalte

nd

nstitutionen,

iemit

eligion

erbundenind».

b.

p.

175

q.

(5)Cf.N. Luhmann,DiegesellschaftlicheunktionerReligion»,ans Id.,Funktion

der

eligion.

rankfurt

977,

.

66-71.

12

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«vulgarisation))

déviation olérée la

rigueur

il îui faut

e «souci scienti-

fique»

de

sa

discipline.

ans ces conditions

e

réception

es

miracles

'ont

aucune chance de compter armies textesdisponibles ourune tellediscus-

sion. Leur

tentative e

revalorisationomme articulation

'une

foi naïve

et

populaire

6)

ne futen

somme

u'une

constatation

e ce fait.L'émanci-

pation

des

sciences

qui

passaitpar

la

critique

de la

religion

ut

accomplie

et

personne

e sentait ne nécessité e

reprendre

n

argument

une

position

périmée.

Les

attentes

'un

interprète

oderne

nvers n texte

religieux

ont

plus

ou

moins

marquées

par

la discussion onctionnelle

e

la

religion.

ans une

attitude

cientifique

e

réception

n

peut

lire des textes

héologiques

ans

problème

ar 'altérité e ses contenus st

attendue.

ussi,

n tant

qu'équiva-

lent

fonctionneln tel

texte st

susceptible

'être

ntégré

ansune discussion

actuelle,

bstractionaitedes

parties épassées ar

'évolution u

savoir

héo-

logique.

La

sensation

'altérité

rovoquée

ar

es

miracles

e manifeste

our-

tant

d'une

manière

lus

compliquée,

ar

elle

n'est

pas

facile à relier

vec

notre

erception

u

monde.

D'abord es miracles e s'accordentue difficilementvecuneconception

éthique

de la

religion. 'inégalité ui

existe

à

nos

yeux

entre

péchés»

et

«mérites»

es

protagonistes

e

justifie

as

pour

nous le

miracle

ui

leurest

accordé. C'est

peut-être

n effet

e

la sécularisation

ue

la dévotion ouée

à un saint ou

à

la

Sainte-Vierge

e soit

plus

sentie

ommevaleur

thique

qui

organise

es

interactions

'une société

t

qui

mérite

ette

«récompense»,

mais

comme ne

action

purement égoïste».

On

y

trouve

ne

variété e

sujets

qui comportent

es formes e dévotions

mariales,

e

problème

rès

her

l'hom-

me médiéval u salutde l'âme,mais aus» la questionde la somme 'argent

due

au

créditeur,

es

tirades

nti-juives,

es actions

compliquées

iréesdes

romans

yzantins

7).

Même i

e

concept

e miracle

ait

artie

es

convictions

religieuses

'un

lecteur

moderne l ne

peut plus y

trouver

n

sens

religieux

(6)

Cf. 'introductione 'Abbé

oquet

ans Id.

éd.),

es

miraclese a

Sainte-Vierge.

Paris

867,

.

VII-LXII. a

tentative

e ocaliser

e miracleans

e «folklore

e

a

religion»

est

ustement

estinée

changer

'attitudeu

ecteurfin

e

pouvoirntégrer

e

miracle

dans n

modèle e

cultureéfini

'avance.

(7)Cf.V. F. Kœnig,es miracleseNostreameparGautiereCoincy. ol. WV.Genève966/1970,ui a servi ommeditioneréférence.Dans a suite ité

par

e

sigle

GAUTIER).

13

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voir

édifîcateur

omme e

faisait e

public

médiéval.

'altérité

encontrée

dans

ces textes

st

basée

surdes différences

on

eulement

ouchantes

conte-

nus du savoir ollectif8) duMoyenAgeet de notre poque,maisbeaucoup

plus

les

principes 'organisation

t les structurese ce savoir.

e

lecteur

y

trouvedes éléments e texte

qui

évoquent

des attitudes e

réception

ui

pour

ui

s'excluentmutuellement.

l

y

a

des

passages

e

texte

ui

rappellent

le

roman,

e conte de

fées,

'historiographie,

a

nouvelle,

a

lyrique

ourtoise,

genres

ui

sonten

corrélationvec es attentes iverses

'un

ecteurmoderne

et

qui

ne

correspondentas

aux

schémas

e

structurationes

textes

u

public

médiéval

9).

De

plus,

es attentes

pécifiques

iées

aux

genres

ont

n

contra-

diction vec cellesdesgenres eligieuxomme a prière,a vie de saintqui

sont

également

voquées.

Somme

toute,

a

réception

aisse

comme

mpres-

sion

dominante

e sentiment

'hétérogénéité

extuelle

urtout

i l'on

passe

en

revue

a

grande

uantité

e miracles ollectionnés ans

es différentse-

cueils.

2.

La

rationalisation

héologique

u

miracle

L'expérience

rritante'une

différence

rofonde

e

structuration

u

savoir

collectif 'une autre

poque

peut,par

contre,

ontribuer une

reconstruction

de ses structures.

ette orientation

ous

permet

'analyse

d'une

perception

du

monde

tout autre

que

la

nôtre,

ans vouloir

y

trouver

es

constellations

de

savoir

périmées.

n

mettant

e

côté

l'opiniongénéralisée

ur

e

peu

de

valeur

sthétique

e

ces textes

nos

yeux

-

ce

qui

fait

partie

es résultats

de l'hétérogénéitées élémentsextuels on a la chanced'étudiern savoir

collectif 'une

différence

ualitative

t non

plus

eulement

uantitative.

Pour

commencer,

l faut

essayer

de

comprendre

a

«position

dans

le

vécu»

(10)

du

miracle.

Après

a

différenceaite

ntre

a

réalité

extuelle,

ui

reste ncore

définir,

t

a réalité ociale

du

miracle

omme

ratique eligieuse,

(8)

La

notion

u

savoir

ollectif

st

utilisée

ans

a tradition

e a

sociologie

u

savoir.

Cf.

A.

Schütz/Th.uckmann,

trukturen

er

ebenswelt.armstadt

975,

.

285-326.

(9)

Pour e

problème

e 1

ltente u savoir

medievalf.

H.

U.

Gumbrecht,

egenwart

desMittelaltersEineAufgabeulturellerermittlungnd in roblemissenschaftlicher

Forschung

DansLendemains6

1979)

.

2-10.

(10)

Cf.

H.

R.

Jauss,

oc.

it.,

.

43

sqq.

Sitz

m

eben)

14

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nous

le

retrouvons

aintenant

n

tant

qu'élément

u

savoir

eligieux

11).

Selon a

théologie

médiévale,

odifiée

ar

e concile

e

Trente,

e

miracle 'est

mis en perspectiveue parsa fonction ans e procèsde canonisation 'un

saint.

Le miracle

'y

est

rien

de

plus

qu'une

preuve

divine

our

la

sainteté

et les

vertus

u

«candidat»

our equel

e miracle

été

opéré.

L'argumentation

est centrée

ur

'interaction

ntre

ieu,

e saint t a communauté

es

croyants

commedestinatairee cette

preuve.

e

mobile

e

Dieu

pouropérér

n

miracle

est de

renforcera

foi

chrétienne

t

d'encourager

es

croyants

suivre e

saint

dansune

vie

réglée

'après

es

vertus

hrétiennes

12).

Cette

xplication

reste

fidèle une

conception

thique

de la

religion

t reflètea manière ont

l'église vaittenucomptedescritiques uprotestantisme13) contre es élé-

ments

magiques

dans le culte des saints.Elle

a

été

utilisée

ar

des auteurs

de miracles t

par

des

critiques

ittéraires

our

répondre

la

question

e

la

fonction

14)

des

miracles.Même

un

public

médiéval

eu

conscient e ses

propres

ntérêtsurait

u

allerdans

ce

sens.Cette

lecture»

esmiracles

om-

me

preuve églige

ourtant

omplètement

es

ntérêts

ragmatiques

u

croyant

pour

e miracle.

our

ui la

fonction imitatio

ttribuée

ar

Jolies la

légende

-

dont e miracle ait

artie

omme

tructure

extuelle

n'est

pas

de

première

importance.

ans cette

optique,

a

fonction

rimaire our

un tel

texte

st

de

prouver

es

pouvoirs

miraculeux

u

saintet

d'apprendre

es

rites t

les

occa-

sions où l'on

peut

espérer

e l'aide. Les

Miracles

e

SaintLouis

en

donnent

un

exemple

vident t on connaît a

«spécialisation»

es saints

our

es

mala-

dies

-

comme es médecins

pécialisés

'aujourd'hui

et

pour

les autres

calamités e la

vie

comme

a stérilité

éminine

u

simplement

our

es

objets

perdus

15).

On

peut*

n retenir

ue

la

théologie

nsistait

ur a

fonction ffi-

ciellede l'hagiographie,savoir 'imitation u saint tandis ue les fonctions

réalisées 'un texte

omme e miracle

omprenaient

es attitudes

e

réception

illégitimes

u

point

de vue

dogmatique

mais très

répandues

ans a

pratique

(11)

Cf.

F.

Loofs,

eitfaden

um

Studium er

Dogmengeschichte.

übingen

968,

.

516

q.

(12)

Cf. e

chapitre

ur

a

égende

ans A.

Jolies,

infache

ormen.

übingen

972.

(13)

Cf.

K.

Thomas,

eligion

nd he

ecline

fMagic.

armondsworth/New

ork

973,

p.

58-89.

(14)

Les notions

e

fonction

t

de

sens

e

texte ont tilisés

'après

.

U.

Gumbrecht,

Funktionenarlamentarischerhetorikn der Französischenevolution. ünchen

1978,

.

15-36.

(15)

Cf.

D. H.

Keiler,

atronateer

eiligen.

lm

905.

15

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religieuse.

a fonctionntentionnelle

ui correspond

l'attitude

e

réception

vouluepar 'institutionléricale e semanifesteue rarementans espoten-

cieis

de sens des

textes

16).

Plus le texte

reflètees

pratiques

eligieuses,

la réalité

ociale

du

miracle,

moins l

exprime

es

qualités

u vertus

u'il

faut

imiter.

utrement,

ans

es miracles

ont es textes

ont

éloignés

e la réalité

sociale,

e saint est

souvent

présenté

'une manière

i

parfaite

t hors

du

monde

uotidien

ue

seulement'adoration

t a dévotion emblent

déquates.

Surtout a

Sainte-Vierge

'invite

as

à

l'imitermais

à

l'adorer,

e

qui

peut

apporter

éanmoins

ne aide danstoutes

es

situationst nécessités

ensables.

La dévotionommemériteentral 'uneviechrétienneouvait tre nebonne

devise

pour

e

religieux

t

laïque,

seuelment n avait

aussi besoind'orienta-

tiondans a vie

de tous es

ours

17).

3. Fascination

agiographique

S'il est

assez facile

de démontrer'intérêt

pratique»

des

croyants

our

un

miracle

l n'en est

pas

de

même

pour

es textes

ppelés

miracles.

i le

statut e

preuve

i

l'intérêt

'une démonstration

u

pouvoir

u

saint,

euvent

expliquer

a

popularité uprès

d'un

public

même ansmotifs

ratiques

ppa-

rents.

a réalité es nterventions

es

pouvoirs

ranscendants

ut

ndiscutable,

la

réputation

t aussi la

crainte

de

leurs

manifestations

aisaient

artie

des

attitudes

e la

vie médiévale

18).

Même i l'on

considère

'intérêt

u

public

toujours

enouvelé

our

de nouveaux

ieux de

pèlerinage

l faut

constater

que la réalité extuelle umiracle 'estpas le reflet idèle e sa réalité ociale.

Dans les

textes t

les recueils

e

manifeste

ne

tendance

reformuler et à

réécouter des

actions

t des événementsien onnus. ette ascination

ont

(16)

Les

Mystères

ont n autre

xemple

'ambivalenceonctionnelle

ans a littérature

du

Moyen

ge.

f.

R.

Warning,

unktion

nd truktur.ieAmbivalenzen

es

eistlichen

Spieles

München974.

(17)

Le discours

eligieux

tait

rédominant

u

Moyen

ge our

emplir

ette

onction.

«On

peutpresque

éfinirne mentalité

édiévale

ar

'impossibilité

s'exprimer

n

dehors

e

références

eligieuses

.

.». J.

Le

Goff,

Métier

t

profession'après

esmanuels

deconfesseursuMoyenge», ans d., our n utre oyenge. aris977, .164.

(18)

Le

pouvoir

'un aintemanifestaitussi ans es miracles

égatifs».

f.J.

Huizinga

HerbstesMittelalters.

tuttgart

975,

.

240

q.

16

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les mobiles sont

en

grandepartie

nconscients,

t

que

l'on

retrouve ussi

pour

d'autres

ujets,

été décrite

par

la notion de

«type

de

fascination

.

Proposé

ar

e

germaniste

.

Kuhn

t

puis

repris

t

élargi

ar

H.

U.

Gumbrecht

le

type

de

fascination

e veut

une notion

heuristique

n

opposition

vec la

notion de

genre

19).

ū est utilisé

pour

caractérisern

ensemble

e

textes

dominé

ar

a

fascination

our

des

modes

d'articulations

uasi-mythiques.

lus

généralement

n doit définirci la

fascination

omme

'attrait

xercé

par

un

ensemblede

phénomènes

ui

renvoient des

intérêts

réconscients

'un

groupe

de lecteurs u même d'une

société.Sous la

notion

du

type

de

fasci-

nation

se

résume

n

ensemble

e

formes

e

représentation

des

niveaux

différents'articulationtdes«genres»uisontunispar a fascinationourun

«sujet»

vaste omme

elui

de

'hagiographie

20).

L'avantage

e cette notion st de

pouvoir

urmonteres

problèmes ue

pose

la

notion

de

genre,

oit

comme forme

'articulation

naturelle»,

oit

comme

nstitution,

'est-à-dire

n schéma

de

communicationominé

ar

es

attentesmutuelles es

auteurs/lecteurs.

n

plus,

a

dénomination

es

«genres»

par

es

auteursmédiévaux si'il

y

en

a

-

ne

correspond as

souvent des

donnés

ragmatiques,

mplicites

anscettedernière

éfinition,

t 'attribution

des nomsdesgenres ans a tradition e la critiqueittérairestsouventrbi-

traire. e Miracle e

Théophile

ourrait

ussibien

compter

armi

es

vies de

saint et

les

textes de Gautier

ui

normalement

igurent

ous

ce nom

sont

difficiles

distinguer

es

autres

miracles

21).

La

notion

de

fascinationuvre

aussi

des horizons ur

'expérience

istorique

e

l'époque

et d'autres

léments

du

savoir

qui, plus

ou moins

explicite,

e

groupent

utourd'une

configu-

ration

hématique.

a

prespective

e

polyfonctionalité

es textes

ui

norma-

lement

e se

poseque

dansune

analyse iachronique,

st

mpliquée arcette

notion

galement

ans 'axe

synchronique.

ans

les situations e

communica-

(19)

Cf.

H.

Kuhn,

ersuchber

as fünfzehnte

ahrhundert,

ans

H.

U. Gumbrecht

(éd.),

Literatur

nd

Gesellschaft

es

Spätmittelalters

(Begleitreihe

um

Grundriss

er

romanischen

iteraturen

esMittelalters

Heidelberg

980,

.

19-38

H.

U.

Gumbrecht,

«Faszinationstypagiographie.

in

historisches

xperiment

ur

Gattungstheorie»,

ans

Ch.Cormeau

éd.),

Deutsche

iteratur

mMittelalter.

ontakte

nd

erspektiven.ugo

Kuhn

umGedenken.

tuttgart

979,

.

37-84.

(20)

Cf.

H. U.

Gumbrecht,

Faszinationstyp

agiographie»,

oc.

it.,

.

43-51.

(21)

Dans 'autres anuscrits

ue

celui

ui

a servi e

base

pour

'éditione

V.F.

Kœnig,

Lemiraclee Théofilest ppellé iedeThéofile,f.GAUTIERCommentheophilusvint

penitance

I

Mir.

0)

p.

50.

17

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tante

pour

a continuité

'un

culte

que

la

persistance

es

miracles

23).

Pour

une discussion

pprofondie

es

concepts

de

péché

et de

grâce

l faudra enir

compte

des

particularités

e la dévotion

mariale

e

cette

poque.

Dans

notre

but d'analyser es fonctions

otentielles

es miracles ansune situation e

communication

onnée,

l

nous

serait

nécessaire

'intégrer

ous

ces

aspects

dansune

perspective

lobale.

our

accentuer

a

particularité

e

la situation

e

communicationes

miracles

e

Gautier

n

peut

e

borner

ourtant

en

signa-

ler es

caractéristiques

ominantes.

Comparé

avec

le

recueil

d'Adgar

24)

on

remarque

hez

Gautier

une

tendance

chercher'identification

e

l'auditoire vec e

récitateur.

ans

les

queues et les autres ommentairesautier e réfère des expériencesom-

munes

ui

sont

présentées

ans

une attitude

e

porte-parole

u

public.

Gautier

critique

rès

vigoureusement

ous

es

groupes

e la

société,

ne

critique ui

reste

ouvent i

vague

qu'elle

ne

touche

plus

personne

n

particulier.

our

a

réconstructionu

savoir

ollectif e

communication,

a structure e

société

supposée

par

Gautier

st

peut-être

lus

révélatrice

ue

le contenu

de

ses

re-

marques.

Ü

critique

a haut et le

bas

clergé,

es

médecins,

es

avocats,

es

mar-

chands

et

les

banquiers

e

qui

implique

une

structure e société

qui

doit

sa nouvelle omplexité l'ascension e la villemédiévale.euls esproposde

Gautier

ur a

chevalerie

t

les

paysans

ont encore iés

au

modèlemédiéval

des trois

«états» andis

ue

le reste e ses

critiques

ient

ompte

de

la multi-

plication

des

groupements

ociaux en

ville.

Cette

multiplication

st l'effet

d'une

modification

rofonde

e la vie sociale

25).

La ville

a révolutionné

l'économiemédiévale

ar

l'importance

oujours

roissante e

l'argent

t

par

des

comportements

ouveaux omme elui du

marchand

our

ui

es

activités

à

long

termenécessitait ne

attitude

e

prudence

t de

risque

alculé

26).

(23)

Pour es

diverses

ossibilités

e cette

évotionf.N.

Herrmann-Mascard,

es

reliques

des

aints.ormationoutumière'un roit.

aris

975,

.

191-312.

(24)

C.

Neuhaus

éd.),

Adgar's

arienlegenden

ach

er

ondoner

andschrift

gerton

612.Wiesbaden

968

Réimpression

e

'éd.Heilbronn

886).

(25)

Cf.

J. Le Goff

L'apogée

e la France rbaine

édiévale»,

ans Id.

(éd.),

La

ville

médiévale».Histoire

e a

France

rbaine

vol

I)

Paris

980,

.

324-365.

(26)

La

critique

ociale ans

es

miracles

e

Gautier

voque

hez

e lecteur oderne

l'idéal e

l'objectivité

istorique

ar

lle e

dirige

ontre

ous

es

groupes

e a

société.

En

tant

u'indice

'une

mentalité

ette

ritique

ous

envoie

lutôt

une

ituation

historique

ans

aquelle

'orientationans

a société tait

evenue

lus ompliquée.

f.

H.

U.

Gumbrecht,Literarischeegenwelten,arnevalskulturnd ieEpochenschwellewom pätmittelalterurRenaissance»,ans Id. (éd.),LiteraturndGesellschaftes

Spätmittelalters.

oc.

it.,

.

123-126.

19

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Il

y

avait

outeune

gamme

e

professions

ouvelles

ui,

critiquées

ar

Gautier,

exigeaient

es structures'éducation

ouvelles t en

partie

écularisées.our

les

habitants,

lle

est

une unité ociale

qui

se

manifeste

ansune

administra-

tion et une

défense

ommune

t

par

des

bâtiments omme e beffroi

ui

à

l'aide

d'un

rythme

écularisé

u

temps

ervait

organiser

a vie

quotidienne

(27).

Elle attire t

forme es mouvements

eligieux

ouveaux

ui

ne

s'orga-

nisent

lus

dans es limites es

paroisses

mais

qui prennent

n

charge

oute

une ville. Nous

y

trouvons es

organisations

e

coopérations

ui

à la suite

des structures

ocio-économiques

ans les

quartiers, egroupent

ouvent es

gens

d'un mêmemétier.

'unité

territorialest définie

ar

e

murde la

ville

et même

espectée ar

e diable.

Le

dyable

n

firent

artir

Luez

qu

il

entrerent

n

vile

Peu li valut contre us (sc les saints) a gille (28)

L'importance

e la ville

pour

Gautier st

ignalée

ar

e nombre

es

textes

dans

esquels

elle

est le lieu

d'action.

L'auteur

y

trouve

on

public

qu'il

doit

partager

vec la littératureourtoise

t

d'autres

«genres»

uxquels

Gautier

reproche

eur

caractère

e

fiction

29).

En

quelque

sorteon

peut

dire

que

l'auteur choisi

a

villecomme ituation e

communication

ominante ar

l'expression

e

sa fascination

our 'hagiographie

st recouverte

ar

es

ques-

tionset problèmes u'il rencontreans es conditionsociales.Le choixd'un

texte

pour

'analyse

ui

suivra,

donc été nfluencé

ar

e

besoin

d'interpréter

la réalité

ociale

ontemporaine

ui

se manifeste

ans

ous es

textes,

e même

que

es ambivalencesonctionnelles

our

des

«lecteurs» ifférents.

(27)

Cf.J.

Le

Goff,

u

Moyen

ge

«Temps

e

'Eglise

t

temps

u

marchand»,

ans

Annales

.S.C.

1960,

p.

417-433,

t

Id.

«L'apogée

e la

France

rbaine

édiévale»,

loc. it., .269-272.

(28)

GAUTIER,

'un

chevesqueui

fu

Tholete

I

Mir.

1)

v.

1828-1831.

(29)

Cf.

b.

v.

2265-2335,

20

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temps

l

veut horrifieron auditoire

ar

les

conséquences

u

péché pour

l'âme. Sur

e

plan

de

l'argumentationeligieuse

n

ne trouve iende

nouveau.

A l'époque le cultede la ViergeMarie taitbienétabli t le pouvoir e son

intercession

ncontesté. omme

a

plupart

es

ecclésiastiques

son

époque

Gautier

ui

dans

un

autremiracle

31)

se

plaint

de la mauvaise ormation

des

prêtres,

e

se

rend

pas

compte

des

problèmes héologiques

ue pose

le

cultedes saints

t

de la

Sainte-Vierge.

xcepté

ette olontémanifestee ren-

forcer

a dévotionmariale

l

y

a

un

autre

ujet

u

centre e

l'argumentation

la relation

ntre

ondition ociale

et

vie chrétienne.

e

sujet

st très

discuté

au

Xnie siècle et la

demande

'un

retour des formes e

vie

«simple»

t

«pure» ouaitun rôle mportantans es mouvementshérétiques»u Midi.

La

critique

de la

luxure

et

de

la simonie ntrées

ans

'église

st devenue

presque

un lieu

commun

l'époque

32).

Le

mouvement

es

Frèresmineurs

qui

sont en train

de

s'organiser

ans

es

villes,

ropageait

vec

grand

uccès

une

éthique

de

simplicité

t de

pauvreté.

Nous

retrouvonsussi les

traces

de

ces discussions

ans

es textes

e

Gautier t

-

à

première

ue

-

le

miracle

reprend

es

arguments

raditionnels

n faveur

e

a

pauvreté.

Par ce

myracle

uez

savoir

Que

mainte me trébuché

t

mainne

Ou

fons

d'enfer

ichece umainne

Et

povretez

auvemainte

me.

(1,

19,

v.

502-505)

Gautier

ous

donne

ci

le

sensvoulu

pour

un

groupe

e

récepteurspéci-

fique.

Comme

fonction

u

texte l

recommande

ux

<r

ovres

om

t

tu,

povre

fame»,de s'abstenir u péché.Cettenégation eYimitatioe réfère videm-

ment

u

péché

du

riche.

es

pauvres

ont

nvités ne

pas

convoiter

es mauvais

biens

emporels,

savoir

'argent.

Probablement

e

cynisme

e

l'argumentation

'est

apparent

u'au

ecteur

moderne. ans les

passages

ui

suivent

irectement

la

fin

de

'action,

Gautier

a

changé

de

rôle.

Le

narrateur

terminé

on

histoire

t

le

prêtre

ontinue

sur

un

ton de

sermon.H donne

une

interprétation

u

texte

qu'il

vientde

(31)L'évolutionu systèmee l'éducationstperçu arGautieromme écadence.Cf. IMir. 1)v.1069-1147.

(32)

Cf.

M.

Mollat,

es

pauvres

u

Moyen

ge.

aris

978,

.

147-164.

22

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raconter t

passe

à

un

autre niveau

sémantique.

e

récit du miracle

tait

centré

ur

les bénéfices

pportés

l'homme

par

la

Sainte-Vierge

ui

dans

la «queue» disparaît omplètement un élément ui n'estpas typique our

les

«queues»

-

et Dieu a

remplace

omme

ersonnage

ranscendant.

e même

Gautier ite

explicitement

a

Bible,

ncore

ne

chose ssez

rare,

t

nous

vertit

des rusesdes

pécheurs

encontrésans

es villes. 'usurier n

fait

partie

mais

comme

ui,

ls ne

seront

pargnés

i de a

«maie

mort»

ni

de a damnation

33).

Le

changement

e

place

entreNotre-Damet Dieu

pourrait

rriter

n

lecteur

avec

une

formation

héologique,

ais

pour

e

public

médiéval

e

ne fut

u'un

signe

armi

'autres

our

ui

ndiquer

e

passage

un

autre

genre».

6.

Perspectives

e lecture

On

veutbien

croire

ue

l'intention

e Gautier e imite vouloir

révenir

son

public

contre

es

dangers

e

la

cupidité pourtant

es

vers ont es seuls

dans

e

miracle

ù

il

y

a

une corrélation

ntre a

pauvrété

omme

ualité

n

soi

et

le salutde l'âme. Avant 'entrer ans

e

débat,

l

faut

ouligneru'une

lecturedans e

sens

ndiqué

par

'auteur este

oujours ossible

t

même

pro-

bable

pour

un

public

médiéval u courant e

l'éthique

de la

pauvreté

e

son

temps.

Aussi l n'est

pas

dansnotre ntérêt 'insister

ur

a

question

e savoir

si les éléments

rouvés

ans e texte

ont

e résultat

'une

position

héologique

fort

éfléchie

u

d'une

attitudenconsciente.e

qui

nous

préoccupe,

e

sont

les

fonctions

ossibles,

ndicateurs

es

ntérêts

estés

iffus

our

e

«lecteur»

lui-même.

L'ambivalence e la pauvreté ans e texte e manifeste ans a position

tenue

par

a

pauvre

emme.

ien

que personnage

ositif,

on

rôledans

'action

est

peu

élévé. Elle

appelle

e

prêtre,

ouffre t meurt.Au

débutnous

appre-

nons

quelques

détails

ur

sa

situation

ociale

:

une maison

misérable

rès

du

mur

de

la

ville,

e lit

de mort

dur

avec

des

couvertures

imples.

a

seule

particularité

e

cette

vie

digne

d'être

racontée,

oucheà

la dévotion

u'elle

avait

our

Notre-Dame

dès

qu'elle

avait

mendié ssez

d'argent,

lle ui

achetait

des

cierges.

es

véritables érités

ésidentndéniablementans ettedévotion.

(33)

Cf.

GAUTIER

I

Mir.

9)

v.

560-572.

23

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Elle

honore

Notre-Dame,

lle

réclame

e

prêtre

our

es derniersacrements

et

quand,

un instant lle

croit

ue

celui ne viendra

as,

elle recommande

on

âme à la

Sainte-Vierge.

La

mere

ieu

piteusement

Vers a viellete 'est

tornee

<rO,

u,

me

boneeuree,

Fait a

pacele

glorieuse

Ne

soiezmiez

peureuse,

Mais vien 'en ors eürement.

Je

t'enmenrai

oieusement

Devant

mon

il,

e roide

gloire

Eue

m

1

s

en

grant

memoire:

Se

ťiert

meri anznule

in (1,

19,

v.

348-357)

Si

ce mérite streconnu

ar

Notre-Dame,

l est

aissé

u lecteur

'y

ajouter

la

pauvreté

e la

femme. l

peut

le faire

ans

en être

ontraint

ar

e texte.

Dans le manuscritui a servi l'édition, oustrouvonspposédans e titre

le

riche t la

veve

fame

Cette

qualité

de veuve st

aussi

mportante

ue

sa

pauvreté our

définir

a

personnalité.

n

pourrait

n

voir

un autre ndice

indiquant ue

cette

pauvreté

'est

qu'une

qualité

neutre,

ui

seulement n

correlationvec d'autres

ualités,

ermet

ne

valorisationéfinitive

u

person-

nage.

Dans

la situation onnée

es connotationse

«pauvreté»

t de «solitude»

sont

pour

e moins

mbivalentesar

elles

renvoient

ussi bien à des valeurs

monastiques,

a

pauvreté

postolique

t

la fuite

du

monde

34),

qu'à

une

condition ociale

qui

contient es

angoisses

ousjacentes.

oursurvivreans

le milieu

urbain es habitants

herchaient

appartenir

des

formes

'organi-

sation

qui

leur

garantissaient

n

minimum e

sécurité

35).

Une vie

pauvre

et solitaire

n

ville

pouvait

voir

es mérites

ux

yeux

d'un

auditoire

médiéval,

elle

ne

e

poussait

ertainement

as

à l'imitation.

Le

jeune

prêtre

st

pour

ainsi dire e

véritable

rotagoniste

ositif.

on

entréefait

disparaître

a

vieille

femme

omme

cteur.

i le

public

pendant

(34)Cf.M.Mollat,espauvres. ., oc. it., .97-10.

(35)

Cf.

.

Genicot,

e

XHIe iècle

uropéen

Paris

968,

.

280-283.

241

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quelque

vers

eut

s'interroger

e

caractère e

celle-là,

l

est

du

côté

des «bons»

dès la premièreignede son introduction.arsa jeunesse, a simplicitée

ses mœurs t

sa

place peu

élevée

dans

a

hiérarchie

e

l'Eglise,

ui

aussi

peut

évoquer

a

connotation

e

pauvreté.

eulement a

position

e localise

par

d'autresactivités

ui

font

de sa

pauvreté

ne

qualité

négligeable.

ans le

concept

de

religiosité

ropagé

ar

Gautier l tient e rôledu

prêtre

ui

remplit

ses

devoirs nvers a

communauté

es

croyants.

a

cura animarum

st sa

principale

ccupation

t en tant

qu'administrateur

es

sacrements

l

repré-

sente

'autorité,

a fonction t le

pouvoir

e

l'Eglise.

Elle

est reconnue

t

con-

firmée ussi bienparNotre-Dameue par es anges ui s'agenouillentevant

le

corps

du

Christ

pporté

ar

le

prêtre.

l

est

e seul à

connaîtrees diables

assemblés utour

du lit du

riche.

Tandis

ue

le

«mauvais»

rêtre

ertde

bouc

émissaire

our

toutes

es

agressions

t

critiques

u

public

contredes

abus

dans

'Eglise,

e

jeune

prêtre

st

honoré

la fin

par

une

nouvelle

pparition

de

Notre-Dame

ui

reconnaît a sainteté

t,

dans

un

sens

plus arge,

elled'une

Eglise

oncentrée

ur on

«véritable» evoir ans a

société

36).

Du côté des protagonisteségatifsl y a des ambivalencesextuelles

d'une

autre

manière.

i

pour

a vieille emmel

était

question

e savoir i

sa

pauvreté

joutait

sa

position

ositive,

l

faut

e

demander

i

le

personnage

de

l'usurier

orce

un

public

composé

de

non-pauvres

à

une dentification

avec ce

pécheur.

dentificationécessaire i l'auteur

veut modifier

ar

ce

texte es

attitudes t les

façons

d'agir

de

son auditoire. omme a

pauvre

femme,

e

riche est

un

personnage

ypique.

A

partir

e son

entrée l

tient

le rôle

du

pécheur

t rien

ue

du

pécheur.

anséléments

ositif

omme

eu

de

personnagesachésdupéchédans esmiracles,l n'invite uère une dentifi-

cation.

Le

lecteur ura

peine

à

se retrouver

ans

es

qualitésnégatives

e

ce

protagoniste.

est

décrit omme

'homme e

plus

riche

ue

l'on

connaisse

et

cette

ichesse

st

basée

sur

une recette ussi

méprisée

ue géniale

t

simple

Li

usuriers

iches

stoit

Car

deus

por

trois oz

ors

prestoit

(1,

19,

v.

41

sq.)

(36)

Cf.

GAUTIER

I

Mir.

9)

v.

474488.

25

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Cette définition ourte et précisenous apprend u'il est «banquier»,

un

métier e

peu

d'estime

u

Moyen

Age,

ouvent

xercé

par

des

Juifs

t des

Lombards,

eux

groupes

ejetés

ar

a société t victimes la

fois

du

fanatisme

religieux

t d'un

racisme ombiné

'envie

37).

Sa

cupidité

e

connaît

as

de

bornes

ar ce

péché

est

sans

remède.

Celui

qui

en est

atteint

n

sera

perdu.

Il

est

possédé

ar

ce

péché,

omme

mordu

ar

un

chien

nragé

38).

La

damna-

tion de

son

âme

est

sûre

d'avance

on

l'apprend

u vers

0

-

et ni

toutes

ses

richesses,

i ses

amis

ni son

prêtre

n

peuvent hanger

e sort.

Même

e

«bon»

prêtre

rend

peur par

la multitude e diables

que

se

présente our

emmener'âme

du

riche.

Les

personnages

ssemblés

son

lit de mort

ont

épris

de

convoitise

t menés

ar

des

ntérêts

ersonnels.

ls

'aiment

urement

commedit e mauvais

rêtre

39).

En

somme e

riche st

plus

solitaire

ue

ne

l'est

la

pauvre

vieille

t

même

'âme du

richedoit

reconnaître

près

a

mort

du

corps

u'elle

a mérité

juste

titrea damnation.

On

peut

constater

ue

le

miracle

ose

plutôt

a

question

de savoir i

le

lecteurpeut se retrouverans l'attitude écheresse u protagoniste,abab

et

convoiteux

i

«parfait» u'il

est

à

peine

possible

de

l'égaler.

a

richesse

est

pourtant

eulement ne

conséquence

u

péché,

'inversione

'argument

la

richesse

ésulte

névitablement

e

péchés

-

ne fait

ustement

as

partie

du

texte,

mais

du

savoir

ollectif

'une

bonne

partie

de la

société

médiévale.

Un lecteur

ui

se

sentait

oncerné

u

troublé

ar

ce

reproche

atent

ouvait

être

renforcé

ans

ses

scrupules.

eulemente

texteest aussi

très

disposé

provoquer

u

soulagement

n refoulanta

connotation

ien

nstitutionalisée

«richesse»gale «péché».Tout ecteur euts'estimermeilleurue leprotago-

nisteriche

du

texteet

pour

es remords

ui

restent

l

peut

suivre

e

conseil

donné

au «bon»

prêtre

ar

Notre-Dame,

savoir

aire

u

bien avant

a

mort

pour

e

gagner

e

paradis.

(37)

Cf.

J.

Le

Goff,

L'apogée

e a France

rbaine

édiévale»,

oc.

it.,

.

353-356.

(38)Cf.GAUTIERIMir. 9)v.52-60).

(39)

Cf.

b.,

v.

152-154.

Preudom

stoit,

ertes ar

u.

/

Tant urement'aime e mon

euer

Que

aissierel

uis

nul

uer.)

26

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7.

Complexité

ociale t

perception

u

monde

Avec comme

ntérêt

majeur

de

critiquer

u de

«démarquer»

'idéologie

soujacente

ce

miracle

n

pourrait

n

rester ce

point

de

l'interprétation.

Dans

le

texte se

manifeste ne tendance

nier a valeur

thique

de la

pau-

vreté.

Si elle

n'est

qu'occasionnellement

ttachée

ux

protagonistesositifs,

elle est

d'une

importance

égligeable our

différencier

e

«bon» et

le

«mau-

vais»

chrétien.

ette

bservatione

confirme

ar

touteune

polémique

ontre

un

groupe

ue

Gautier

raite e tous es

noms

t

qu'il

accuse

de

se

déguiser

derrière ne faussepauvreté. a simplicité e leur vien'estque hypocrisie

et

uxure.

Preudome e

sont

as

tot il

Qui

baissent

uel et e

sortii

Sachiez

por

voir

ue preudom

us

Ne set

faire

e

quatinus,

Le

begin

e e

pappelart

Car lnesetnoient e Vart

Ne riens en

daigneroit

avoir

Car

riens

e

prise

el avoir.

Preudom e

seit

se

Diex me voie

Fors

que

plainne

evre t

plainne

oie.

Je

voi

se Diex medoinst

oneur,

Que

cil

as,

il

fratre

meneur

Quipar

ces voiesvont

ranblant

Font

belechiere t bel samblant

Et

belements

gens

arolent

Maiscil

begin

'ire

m'afolent.

Cil

pappelart

il

ypocrite

Une hiere

ont

i

afflite

Que

par

samblant

e

font

lus

uste

Ne

fula

none ainte uste

.

.

(40)

(40)

Cf.

GAUTIER

I

Mir.

1)

v.

1417-1436.

27

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On

peut

aussi

remarquer

ans

le

texte

une

fonction

e

soulagement

pour

es remords

es

riches,

t

de

même

a

possibilité

e trouver es boucs

émissairesesponsables our tous les maux du monde, 'avaricedes riches

bourgeois,

ne

église

à

laquelle

appartiennent

es

prêtres

onvoiteux t le

manque

de

support

encontré

ar

le bon chrétien

la vieille emme

failli

mourir eule et sans

confession,

e

jeune prêtre

st boudé

par

son

supérieur.

Dans

es miracles e

Gautier

ucun

groupe

ocial

st

exempt

e

critique.

Le

concept

de

type

de fascination

ous

permet ourtant

ne

nterpréta-

tion

qui dépasse

es

positions déologiques

ousjacentes

ui

se

manifestent

dans

la corrélation es éléments

u

savoir ollectif ans ce texte. Partant

de l'hypothèse 'unegrandenfluence e l'inconscientans a productiont

réception

es miracles n

peut poursuivre

'analyse

u

textedans a direction

donnée

par

une

théorie e l'évolution es

structures

u savoir

ollectif.

ans

pouvoir

ntrerci dans es détails

e

cette héorie

roposée ar

e

sociologue

N.

Luhmann,

n

peut

caractériser

e modèled'évolution

ar

'idée du

change-

ment

du

«style

de la formation

u

sens»

41)

dans

a

culture rbaine

médié-

vale. Le

«style»

médiéval

eut

être décrit omme

binaire,

elui de

l'époque

moderne ommevariable, ar

on

peutattribuer

es valorisations

hangeantes

aux

phénomènes

elon

es donnéesdes situations

andis

ue

dans e

«style»

médiéval

es valeurs

ont attachées ux

phénomènes

t indifférentes

ux

situations. ans

le

bas

Moyen

Âge

nous trouvons on nombre

e

textes

ans

lesquels

e manifeste

a

perception

'une

complexité

u

monde

qui

n'est

plus

à

interpréterar

les structuresraditionnellesu savoirmédiéval. e modèle

des trois «ordres»

doit être

élargi,

a

perception

u

temps

'accorde

des

aspects ragmatiques

t

cettemultitude

'éléments

ouveaux

u savoir

ollec-

tif n'entreque difficilementans une perspectiveénéralisanteu monde

chrétien.

ans cette

perspective

es

hétérogénéités

es

champs

u

savoir t es

ambivalences

u

sens

dans e

miracle Dou

riche t

de la

veve

ame

obtiennent

de l'intérêt

our

'histoire

ociale de

l'époque.

Deux vers

ue,

sous

un

autre

intérêt

d'interprétation

n

aurait

pu négliger

eviennent

insi

significatifs

comme ndices e

complexité

u

savoir

ntrés ans

ce texte le sort es

âmes

de

la

femme t

du

riche

y

est motivé

ar

la

constellation

es

planètes

ous

(41)Cf.N. Luhmann,Uber ieFunktionerNegationnsinnkonstituierendenys-

temen»,

ans H.

Weinrich

éd.),

Positionen

er

Negativitât».

foetik

nd

Hermeneutik,

vol.

VI)

München

975,

.

201-218.

28

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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lesquelles

ls sontnés.

L'apparition

e

'astrologie

ans e texte

st

urprenante

car elle

n'est

pas

motivée t n'a

pas

de

suite

ni

pour

'action

ni

pour

on

nter-

prétation ans a «queue». C'est simplementn élément 'unautre ystème

du

savoir

que

le

religieux,

ui

est manifesté ans e texte ans aucun

essai

d'intégration.

a

position

de

l'astrologie

ans le savoir

ollectif

médiévale

reste

récaire

42).

Dans

la

perspective

e

l

évolution

u

savoir

n

autre

ujet

du

textemérite

encorenotre

ttention la dimension

u

corps

t

des douleurs.

ans

a tradi-

tion chrétienneien établie 'âme

du

riche

va souffrires

peines

orporelles

pour

es

péchés

commis

ar

ui.

Déjà

sa mort st

pleine

des douleurs

ont

a

descriptionaitet doitfairepeurau public.Les peinesde l'âmedans 'enfer

sont

en

grande artie omparables

la

pourriture

u

corps,

e

qui

est très

longuement

xposé

devant

e

public.

Déjà

pendant

a vie e riche

st

possédé

par

le diable

mais

seulemente

bon

prêtre

eut

comprendre

ettevéritable

raison

de son

comportement.

'entourage

e l'usurier n voit

la

responsa-

bilité ans a

maladie.

Plus

tost

u

il

peut

son

seigneur

Est

repaviez, ui

Vatendoit

Chiez

'userier,

ui

s'estendoit

Et

dejetoitambes

t

bras

«Ostez, stez,

ait

l,

ces chas

Ja

m'arontes ex

esragiez

>

Tel

peür

por

peu

ne desve.

Ce dist hascuns tJe uit

u

il

reve.

C'est imalgesui l'argue.» 1,19,v.286-295)

A

part

ces douleurs ien

motivées

u

riche

l

y

a

le deuilde ses

parents.

Comme ls

plainent

lus

son

corps

que

son âme

ce

deuil n'a

aucun résultat

pour

e

riche.

Une

troisièmeorte e

peines, prouvées

ar

a

femme

mourante,

est

expliquée

par

les bonnes

conséquences ui

en

résultent.

otre-Dame

elle-mêmen donne

'explication

u

public.

(42)Commeemiracle,'astrologiest usceptible'unnstrumentalismeétachéu ys-

tème e l'ordre ivin

u'elle

tait

ésignéeprouver.

f.A.

Maury,

a

magie

t 'astro-

logie.

aris

978,p.

51-189.

29

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 32/145

«Encor,

amen istera

mie,

Si

corn

moi

amble,

ou cors

Vame

-

Bele

fille

fait

Nostre

ame

Travittier

aisun

peu

le cors

Ançois ue

Vame n sse

ors

Si

qu espuree

oit

t

nete

N

Ançois

u

en

paradys

a

mete

(1,

19,

v.

270-276)

On

peut

y

voirune tendance

ui

va se concrétiser

t

s'accentuer ans

a

culture rbainemédiévale. a douleur t la mort ont névitablementiées

au sort

humain t seront

perspectivées

e

plus

en

plus

comme

un élément

«égalisateur»,

savoir n

phénomène artagé

ar

tous es hommes ans

que

l'on

puissey

voir

un sens.

Comme

e

sont des

sentiments

ue

l'on

ne

peut

pas

nier

ls

exigent

ne réflexion

ur es causes

des

douleurs.

arces sentiments

désagréables

e

corps

exige

'attention

e l'homme.

Nous

en retrouvons

n

indice

pour

cette contrainte

xercée

par

e

corps.

Les

réponses

onnées ra-

ditionnellement

ar

la

religion

ourexpliquer

es

douleurs

t la

mortne sont

plussatisfaisantesl'époque.Quand a vie surterre rend nevaleur ccrue,

les

douleurs,

es

maladies t

la

mort ontdes

perspectives

roublantes.arcon-

séquent

e

corps

de

l'homme

eprend

ne

importance

ouvelle

ui

se remar-

que

dans

e

texte.

Bien

que

le

sens du miracle

oit

concentré

ur e sort

de

l'âme,

nous

rencontrons

a

Sainte-Viergeour

a

première

ois

dans e rôle

de 'infirmière.

La mère ieu d'unetoaille,

Qui

blance

st

plus

que flors

e lis

La

grant

ueur 'entor

on

vis

A

ses blanches

mainsH

essuie.

1,

19,

v.

228-231)

En

somme,

es douleurs

nt

besoin d'une

explication

ue

l'on cherche

en

corrélation

vec e

comportement

e l'homme. e fait

ue

même es

hom-

mes

qui

vivent

elon

es

«normes» hrétiennes

e

soient

as

sans

douleurs t

que les douleursdes «justes»aient une valeur péciale ommedans e cas

des

martyres,

émontrent

ne

évolution

ans

e savoir ollectif.

our Gautier

30

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les douleurs

onten

somme

motivées

ar

a

peccabilità

e l'homme.

Même a

vieille

femme

leine

de

dévotionmanale

n'en est

pas

exclue.Elle

doit

épurer

son âme.On

peut

en déduire

ue

le

péché

est névitablementié à la viehu-

maine t la

grâce

endue

u

jeune

prêtre ar

une

mort

ssez

prochaine égale

à

une courte

ie

sans

beaucoup

de douleurs n'est

plus

tellementtonnante

pour

un

lecteurmoderne.

i le

péché

est

névitable

a douleur

'est de même.

La

peccabilité,

a

douleur

t la

condition

ociale

sont

ainsi des

indices

our

l'évolution

u

savoir

dans e sens

du

changement

u

«style

de

la

formation

du sens»

8

Une

religiosité

oly

onctionnelle

Depuis

quelque temps

éjà

nous avons

prousuivi

'interprétation

u

mira-

cle

sous

a

perspective

u

manque

d'homogénéité

e la

religiositéartagée

ar

Gautier.

Un des

intérêts

e

base

pour

le

croyant

st

de

pouvoir

'orienter

dans ce

monde

t

organiser

es

actions

d'après

es normes

hrétiennes.ans

le miracle euls les deux protagonistesui honorentNotre-Damen sont

capables.

La femme onnaît es nécessités

t

les

moyens

pour

le

salut

de

l'âme

et

le

jeune prêtre

st le seul à

percevoir

a véritable

ature es choses

autourde lui.

Cette

possibilité

st

exclue

pour

es autres t même 'évocation

de

Dieu

n'y

change

ien

pour

e «mauvais»

rêtre

43).

Pour

e

public

e

pro-

blème

consistedans la nécessité

e

s'identifiervec des

aspects

des deux

groupes

e

protagonistes.

a dévotion évélé a

perspective

véritable»

ur

es

événements,

ais

le

péché

'obscurci.

i

la

peccabilité

st innée

à

l'homme

il

y

a

toujours

nreste e

peur

devivre

veuglement

ans e monde ans on-

naissance

même

de ses

propres échés.

De

plus,

a solution rouvée

our

es

adeptes

de

Notre-Dame

ontient omme

seule

règle

de

comportement

le

remède tous

es maux résulte e a dévotionmariale. ette olution

mplique

un

système

e valeurs

t

de normes

hrétiennes

tablies

qui

sont de

plus

formulées 'une

manière

énérale

t

négligent

a

complexité

roissante

e la

sociétémédiévale.

e conseilde faire

du

bien donné u

jeune

prêtre

t

ainsi

au publicde Notre-Dame, e peut que refoulere problème e distinguer

(43)

Cf.GAUTIER

I

Mir.

9)

v. 399-404.

31

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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entre e bien et le mal. On

pourrait

ajouter

es

dangers our

a

religion

hré-

tienne e personnifier'aspectde la grâcedivine arNotre-Dame44) quinon

seulement ansce

texte

e

manifeste

ar

e

doublement

e Dieu

dans

'aspect

de la

grâce

Notre-Dame)

t celui

de

Dieu

«entier»

ans

e

sermon. eulement

comme

oint

final

nous voulons

lutôt ouligner

n

aspect

de

cette

eligiosité

qui

renvoie

à

l'époque

moderne.

a

dévotionmoríale

st

caractérisée

ar

une

religiosité

e rites

qui

ne

sont

en

relation

ixe

avec

aucun

système

e

valeurs

Ainsicette

forme e dévotion

eut

s'adapter

ux évolutions

u

sys-

tème de

valeurs

hrétiennes

ans

que

le

croyant

'en

aperçoive

ar elle se

référéu(x) système(s)n rigueur. ettereligiositéormelleeut ervir e fac-

teur

ntégrateur

our

tous es

groupes

ociaux.Tout

e

monde

eut

y

chercher

de la

protection,

e

pauvre

peut

y

articuler

es désirs

our

'amélioration

e

sa

situation,

e

marchand

eut

commencer

es ivres

e

comptabilité

vec

une

prière

Notre-Dame

finde faire

prospérer

es

entreprises,

t le moine

peut

en

faire

une manièrede vie sans être contraint

une

position

héologique

bien

définie.

(44)

Cf.

W.

Delius,

etcMchte

er

M

rienverthrung.

ünchen

963,

.

149-245.

321

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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D

'

une

abesse

que

N.D.

deffendi

e

grant

ngoisse

B.N.

(N.

A.)

Fr.

24541

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François-Jérôme

EAUSSART

«

D'UN CLERC

GRIEF MALADE

QUE

NOSTRE

DAME SANA »

Réflexions

sur un

miracle

(

1

Voir

.F.

Koenig,

es

Miraclese

Nostreame

ar

Gautiere

Coinci,

roz,

1970,

ome

,

p.

VII

34

Les Miraclesde Nostre

Dame écrits

ar

Gautierde

Coinci,

prieur

e

la

paroisse

Saint-Médard à

Soissons,

'inscrivent ans

ce

début

du

XHIe

siècle caractérisé

ar

une trèsforte

opularité

u

culte mariai

iée,

entre

autre,

l'apparition

e nouveaux

rdres

monastiques.

armi

ceux-ci,

es

ordresmendiants, ominicains n

particulier,

mais aussi

Franciscain,

ui

se

réclament

précisément

e la

Vierge

Marie.

Dominique

assure

que

celle-ci,

ors

d'une

apparition,

'a

engagé

à

fonder on

ordre.

François

de

son

côté tiendra des

propos

similaires.

L'œuvre de

Gautier,

quantitativement

onsidérable,

rend

donc sa

place

à

l'intérieur

'un

univers

iscursif

ui

tend à valoriser

e

personnage

de

Marie

jusque

considéré omme

un

personnage

e second

plan.

Les

Miracles

obtinrent

n

succès

appréciable

au

Moyen-

ge

-

le

nombremportante manuscritsarvenususqu'à nousen témoigne ils

furent

xtrêmement

opulaires uprès

des

lecteurs/auditeurs

édiévaux t

il

est

toutà fait

probable

qu'ils

exercèrent

ne influence

on

négligeable

sur

un

grand

nombre e textes

ittéraires

ostérieurs

ceux-ci 1

.

Par

delà

le

discours

videmment

difiant t

apologétique

ue

Gautier

e

propose

de

tenir

<

A

la

loenge

t a la

gloire,

En remembrancet enmémoire

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De la roïne

t

de la dame

Cuije

commantmoncors tm' me

A

ointes

mains oir t

matin,

2)»

son

œuvremanifestea volonté e

compenser

a

trop grande

abstraction

d'une

religion

monothéiste,

ntellectuelle

t souventmal

perçue

par

les

fidèles en

privilégiant

n

personnage

sacré

plus proche

de la

piété

populaire.

La traduction u

latin,

angue

des

clercs,

u

français,

angue

des aïcs

est,

cet

égard

out

fait

ignificative

«

Miracles

ue

truis n

atin

Translater

oelen rime t metre

Que

cil

et

celes

qui

la letre

N'entendent

as puissent

ntendre

Qu'à

son service

ait on tendre

(3)»

Marie,

en

effet,

a

bénéficier

ans

la

pensée

médiévale

t dans Les

Miracles de Gautierd'uneposition out faitparticulière, lacée sous le

signe

de l'ambivalence. lle est

bien sûr a mère

du

Christ,

la foisfille t

mère

de

Dieu,

mais elle sera aussi

la

«Dame»,

la

«pucelle»,

avec tout ce

que

ces

expressions

euvent

voir

de connotations

errestres.

'expression

Nostre

Dame,

directementirée

du

vocabulaire

médiéval,

ate d'ailleurs

du Xlle siècle. Elle était

pourtant

fort

peu

usitée

jusqu'à

ce

que

Saint-Bernard

ui donne

'importance ue

l'on

sait.

Les Miracles donnent

à voir a

Vierge

omme

un

être

humain

perçu

dans un

rapport

ermanent

de

proximité

t de

disponibilité,

t

a relation

ui

s'instaure ntre elle-ci

t

la

multitude

omposite

des miraculés

non

seulement

n'exclut

pas

cette

dimension

errestre,

harnelle

même,

mais bien souvent a

privilégie

singulièrement.

es récitsdes miracles

de

Marie

qui

s'inscrivent

resque

continuellement

ans

cette dualité

ambigüe

servent

fréquemment

e

support

à

toute

une

fantasmatique

du

désir

masculin dont les

lecteurs/auditeurs

édiévaux 'étaient

robablement

as

conscientsmais

que

le

lecteur

moderne»,

ans

réduire e

texte ce seul

aspect,

ne

peut

totalement

gnorer.

(2)

Prologue

e

Gautier

e

Coinci

ux

Miracles

op.

it.

ome

p.

1

(3)

ibidem

35

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A

cet

égard,

'histoirentitulée

«

D un

clerc

grief

malade

que

Nostre

Dame

Sana

»

4)

illustre ssez

bien les

quelques

réflexions

ui précèdent.

Soncontenu a placedans la sériedesguérisonsmiraculeuses péréespar

Marie,

ui

constituent

ne

mportante art

des deux recueils e Gautier.

Il

s'agit

d'une

pièce

relativementourte 176 vers

ctosyllabiques

contant 'aventure

d'un

prêtre

tteint,

la

suite de ses

manquements

répétés, ar

une maladie aussi

mystérieuse

u'incurable

t

que

la

Vierge

guérit

dans des circonstances out

à

fait

remarquables.

Le.

déroulement

narratif

e

ce

miracle

eut

tre

décomposé

n

4

séquences

1 -

Un

clerc,

oublieux

de

ses

devoirs,

se

dissipe

et se

donne

entièrement

u

siècle,

devenant,

comme le dit Gautier «seculers a

demesure».

1

o

te

ois,

malgré

a

vie de

débauche,

il

n'oublie

amais

de

prier

Marie e.)

ui

il

a

placé

toute

a dévotion.

2

-

Ce

cli rc

st

frappépar

une maladie nconnue.

l doit

s'aliter.Sa

maladie

empia

rapidement,

i bien

qu'il

devient ne sorte e monstre

ont

tout e monde

e

détourne.

Véritable

harogne

ivante,

l

repose

ur

son it

«com

une soche»

au milieud'une

épouvantable

uanteur.

3 - Un ange apparaîtalors qui, au cours d'une longue supplique,

implore

NotreDame

de ne

pas

laisser

dans un tel

état

un homme

ui

l'a

toujours

imée.

Cettedernière

e décide

à intervenir

t,

se matérialisant

uprès

de la

coucheoù

gît

e

clerc,

dévoile on

sein,

e lui

donne à têter

uis

'arrosede

son ait.

4

-

Le clerc e réveille

uéri, hange

radicalement

e

vie,

e

cloître t

passe

e restant e ses

ours

à

glorifier

elle

qui

l'a

sauvé.

Ce

résumé

ien

évidemment

éducteur

e

permet uère

de se rendre

compte

de la

richesse

u textede Gautier

ant

ur

e

plan sémantique ue

surcelui

de la

métrique

5).

Il fait

néanmoins

pparaître

a

simplicité

hi

(4)

V.F.

Koenig,

p.

it. ome

I,

p.

122

t

uiv.

(5)

Gautier

e

'est

as

contenté

e

traduireesMiracles

u

Latin

u

Français

>

sur a forme

omme

ur

e

fond,

l

s'agit

'un

éritableravail

'écrivain.

on criture

a

été

ort

eu

tudiée

usqu'à

résent.

n

sait

ue

Koenig

'envisageait

ans

e

tome

de

son

dition.

e

travail

oétique

urprenant

uquel

e

livree

prieur

e Saint- édard

exploitationystématique

e

la

polysémie

e

certains

ermes,

eux

de

mots,

rapprochements

honiques

éfientouventatraductionittéraletfontarfoisenser

certains

extes

es

grands

hétoriqueurs

uXVe iècle.

36

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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Miracles ont

bien

des

égards

un véritable

atalogue

de toutes es

fautes

possibles, ertaines tantparticulièrementravespuisqu'il ne s'agit pas

moins

d'adultères,

de

grossesses

illégitimes,

de

déflorations,

de

mutilations,

arfois

même

de

suicides,

d'incestes ou

d'infanticides. t

même

i,

comme e

souligne

ustement

P.

Kunstmann

(7),

l'énormité

n'a

d'importance

ue

dans la

mesure où

elle

sert

à manifester

a

toute

puissance

de la

Vierge,

l n'en reste

pas

moins

que

cette

criture

u

péché

participe

à

encorede

l'ambigüité

ondamentale

ui

fonde es textes.

ar

ailleurs,

'intervention

e

la

Vierge

st dans une

certainemesure

onforme

aux

principes

e la féodalité

ui

voulaient

ue

le

suzerain

défende

oujours

son

vassal,

même

orsque

e dernier vait

tort

8).

Au salut du

pécheur

ne

seule

condition onc

que

ce

dernier

it

conservé u

fond

de

lui-même a

foi

t 'amour n la

mère

du

Christ.

Quoi

qu'il

en

soit,

ce

quasi-automatisme

e

l'intervention

ariale

et

son

caractère

épétitif

ont

e but conscient st

évidemment'édification

du

lecteur u de l'auditeurmédiéval

l'accumulation

es

récits ttestant

la

véracité

u

propos

ne

doit

pas

conduire

négliger

es textes u à les

considérer omme e

simples téréotypes

ce

qui

fut,

t est

parfois

ncore,

trop ouvent e cas.On se souvient e la réflexion e Gaston Paris à

propos

des

Miracles : «C'est

le monument e

plus

curieux

et

souvent

e

plus

singulier

e la

piété

nfantine

u

Moyen-

ge».

Ils sont moinsune

simple

traduction e

texte

l'origine

édigés

n latin

qu'une adaptation

e ceux-ci

à la

mentalitémédiévale t es

personnages ui

s'y

meuvent,

es actes

qu'ils

y

accomplissent

t es

propos

u'ils

y

tiennent

ont,

u delà des contraintes

rhétoriques

nhérentesu

genre

et

à

la

volonté

sthétique

e Gautier

-

même i

ce dernier a

dénie

-

un certain reflet

de la

quotidienneté

e

l'époque. Il y a aussi dans ces textesun «effetde réel» qu'il serait

regrettable

'ignorer.

D'entrée e titre

mêmedu miracle

prévient

e

lecteur n

annonçant

es

divers

onstituants

u

récit

«d'un

clerc

grief

malade

que

NostreDame

sana».

Les

actants

principaux

un

prêtre

et

Notre Dame

;

les actions

(7)

P.

Kunstman,

ierge

t

Merveille

Bibliothèque

édiévale,0/18,

981,

.

25.

(8)

Voir

.P

J.M.Ahsman

Le culte

e

a

Vierge

t

a

ittérature

rançaise

rofane

du

Moyen

ge,

Utrecht,

930.

38

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 41/145

essentielles

une

maladie et une

guérison

miraculeuse

9).

On

peut

y

voir

la mise en place de deux lieuxantithémiques d'un côtéle terrestrele

clerc/le

maladie),

de

l'autre

le céleste

Marie/le

miracle).

La

rubrique

fonctionneien ci comme

ne

sorte

e

programme

e lecture.

Le clercdont

a

culpabilité

st

gnorée

de

tous se trouve

rutalement

atteint ans son

intégrité

hysique.

Maladie du

corps

et

maladie de

Tame.

Le

passage, implicitement,

onjoint

es

deux

termes en

désignant

a

première

omme une

conséquence

de la seconde.

Le mal

terrible

ui

dévore e

corps

du

prêtre

evienta

manifestation

isible

par

tous

cette ois

du mal secretqui rongeait on âme. Rapprochementout à faitnormal

dans

le

cadre

déologique ui

est celui des

Miracles La

pensée

médiévale

perçoit,

n

effet,

e

plus

souvent a maladie

comme

un

châtiment

u,

tout

au

moins

affecte elle-ci

de

connotations

éjoratives

10).

Cette

maladie

difficilement

dentifiable

sorte

de

gangrène

généralisée

emble-t-il

esten tout

as

particulièrementpouvantable

t surtout

rès

pectaculaire.

Gautier,

omme

plaisir,

n

détaille

d'ailleurs

onguement

es

symptômes

«

Les

gens

mordoit on

enragiez

Plusieurs

iist

mout

damagiez

S'on ne 'eüst

prist

t

oié.

Li

grans

maus 'eut

si

fannoié

Et si durement

'enraga

Qu'a

ses

dentz a

langue

esraga.

Ses

levres efors t dedans

(9) Onpeut oter,ans ouloirortern ntérêtxcessifcetteonstatation,ue

dans e

présent

écitouteses

rubriques

es

variantesontiennentes

éléments

ités,

e

qui

n'est

as

toujours

e

cas,

es

rubriques

ariant

onsidérablement

'unmanuscrit

l'autre.

Voir

ce

ujet,

ans

emême

uméro,

'étude eSharah hennafur esvariantes

des

ubriques

e

quelques

iracles.

(10)

La

maladie

eut

éanmoins

evêtirans

ertains

écits

neforme

ositive.

Elle

evientans

e

cas,

aradoxalement,

n

bienfait

ctroyé

ar

Marie son estinataire

pour

ui

permettre

'échapper

un

péril lus rand.

'est e

cas,

par xemple,

ans n

récite Gautieruidépeintneeune illemariée algrélle tfrappéear a Vierge

d'une

pouvantable

aladie

ui

ui

permet

'échapper

insi

ux

ssauts

moureuxe on

époux

tde

rester

idèle

ses

vœux

e

hasteté.

39

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Demaiga

toutes ses denz

Et de ses mains es doiseiist

Toz

demengiez

'il

li

eiist.

Si

li

enfla orment

i

vis

Nel

conneüst orn

ui

fust

is

N'i

paroit

elz ne nez ne

bouche.

Ausi

gisoit

orne ne

soche.

Orribles

rt

desmesure

S'ert i

puant

et

plainz

ďordure

Que nus ne edaignait eoir.

L'évolution

du

mal

qui

saisit

e clerc est

figurée

u

moyen

'une

sériede

métamorphoses

onstrueuses

ui

modifient

eu

à

peu

son

corps

t

dont

e

réalisme ait

penser

au

bestiaire

fantastique

de

l'iconographie

u

de la

statuaire

omane

êtres

zoomorphes

u

diables

grimaçants

e

certains

chapiteaux.

Corps

tourmenté

erdant

rrésistiblementoute

apparence

humaine,

envoyé

'abord du

côté de

l'animalité

par

l'évocation

u chien

enragé ui mord outce qu'il voit tqui bientôt 'autodévore, uisensuite

masse

nforme,

oursouflée,

nerte,

omparéepar

l'auteur

une

souche

enfin

our

finir

chose»

proprement

ndescriptible,

harogne ourrissante

que

nul

n'ose

plus

approcher.

Il

va

de soi

qu'une

dégradation

ussi

effroyable

e

peut

être,

pour

e

lecteur

médiéval,

ue

la

conséquence

d'un

châtiment ivin.

Ce dernier

frappant,

otons-le,

e

prêtre

par

il

a

péché

puisqu'il

a

pour

résultat

pratique

de

l'isoler

otalement

u

monde dans

lequel,

selon

Gautier,

l

se

complaisait

rop.

Pourtant

'intérêt

ssentielde

ce

passage

ne

réside

pasdans l'outrance

xemplaire

u

propos

bien

évidemment

pédagogique».

Le

discours

e Gautier

'articule n fait

ur

une

double

igne

hématique

partir

de

laquelle

vont

pouvoir

s'opposer,

dans la

narration,

e

corps

dégradé,

hideux

à

voir

du

clerc

d'un

côté,

et

de

l'autre,

celui,

resplendissant,

e

Marie

«

si

acesmeeet si

très

belle /

Que

nel saroit

angue

retraire»

ainsi

que,

dans

la

chronologie

u

récit,

un

corps putréfié,

véritable

adavrevivant t un

corpsguéri,

ain,

en

parfaite

anté,

lus

beau

qu'avant

:

«Plus

haliegre

e

trouve

ssez/C'onques

n'avoit devant

sté».

Corpsqui se déplaceravolontairementorsdumondepourse consacrer

celle

qui

l'a

sauvé.

Série

d'oppositions

ondamentales

utour

desquelles

va

40

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s'articuler

'ensemble

u

récit e

Gautier.

Figuration

précise

d'un

corps

humain en

décomposition pposée

à

une autre

figuration

celle

du

corps

de

Marie,

au sens

propre

indescriptible

uisqu'aucun

mot

ne

saurait

e

représenter,

ous

précise

Gautier.

Pourtant,

'il

n'est

pas

décrit,

l

est à

plusieurs eprises voqué.

Tous les

discours

irects

mis

dans le

récit

ont,

n

effet,

entrés

utourde

celui-ci.

l

est

difficile e

ne

pas

relever e

contenu,

urprenant,

es

prières

du clerc. Ces dernièresne glorifient as une entitéabstraitemais un

personnage

ont

'humanité

e

fait ucun doute une femme ont e

corps

est

représentémétonymiquement

travers es attributs

maternels

mais

aussi sexuels le ventre

t es seins

«

Li sains ventres

oit

beneïs

Qui

te

porta,

ois

Jhesu

riz,

Et

benoîtes es mámeles

Qui t'alaitierenti sont les.»

Lieux

au statut

pour

e

moins

mbigü

où se focalise a dévotion

ou le

désir

-

du

prêtre

t

qui

deviennent

es

supports

fantasmatiques

'un

discoursdans

lequel

l'invocation

ermet

'évocation.

Le

corps

de

Marie,

mis n

mots,

candé

à trois

eprises

ommeun

refrain,

eviente thème

des

discours

proférés ar

les

personnages

du

récit.

Anticipation

e l'acte

miraculeux

ui-même

ui apparaît,

n

quelque

sorte omme

a réalisation

dans a réalité

e la

fiction,

a

mise

en scène des désirs

iu clerc.Ses lèvres

et sa

langue,

organes

producteurs

de son

discours,

syntaxiquement

rapprochés

u

corps

de

la

vierge ar

'ange

dans sa

supplique

«

Ses bele evres

u sont les

Et sa

langue,

ui

tes

mámeles,

Tes sainz

costez t tes

sainz

flanz

Beneoissaient

n

toz tans

»

vont nfin ouvoir éellementpprocher'objetde leursprières de leur

41

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désir

: les

seinsde

Marie

11).

«De

son

doz sain

trait

a

mámele,

Qui

tant st

douce,

ade et

bele

;

Si

li

bouta

dedanz

a bouche.

Mout

doucement

artout

i

touche

Et arousede son

doz lait.

Point

ulminant

u

récit,

e

miracle

nnoncé

st

précédé

de

la

longue

supplique

de

l'ange

intercesseur

t surtout 'une

prise

de

parole

de

Marie

elle-même

«

Mon

sainz ventre tanthoneré

Et

beneï

par

tantes ois.

Insistancedans

laquelle

on

est fondé à

voir

autre

chose

qu'une simple

redondance

hétorique.

es

paroles

de

l'ange,

celles de Marie

qui

lui

font

directement

uite,

onctionnentn fait

commeune

légitimation

es

prières

du clerc t tendent annuler es connotations

rotiques

e celles-ci u tout

au moins eurcaractère mbigu.Ces discours ceux de l'ange,ceux de

Marie

-

dont

l'origine

est

évidemment

ivine,

précédant

e

miracle,

consacrent eux du clerc et resituent e

geste

de la

Vierge

dans son

contexte

eligieux,

acré.

L'organisation

de la

scène

miraculeuse

eut

se

lire comme une

approbation

des

prières

du

prêtre.

L'affirmation

spectaculaire

u

spirituel,

a mèrede Dieu occultant a

femme,

rrête a

dérive

ossible

du

signifiant

n

assignant

ce dernier

n sens

univoque

il

s'agit

d'un

miracle. oute autre

nterprétation

st,

par

avance,

déniée.

Cettescène étonnante oit,toutefois trereplacéedans le contexte

plus général

des Miracles et de leurs

fondements

déologiques.

Cette

imbrication u

désir charnel et

du

mysticisme

'est

pas

quelque

chose

d'absolument

original pour

les

contemporains

de Gautier. La

reconnaissance

u

premier

omme

constitutif u

second

appartient

u

mode

de

pensée contemporain

t

non

à

celui du

Moyen

Age.

Le

miracle,

irruption

u

sacré

dans l'univers

rofane,

n'a

rien

d'extraordinaire

our

(11) Sur a réalitéumiracle,uinefait ucun oute u XlIIesiècle, isons

simplement

ue

Gautierui-mêmen vécu

n.

Toutefois,

e n'est

as

Marie,

mais e

diable

ui

ui

pparut

n

1219 f.

Koenig,

p.

it.

ome

,

p.

XXVIIL

42

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l'histoire

'une

«transfiguration»

13),

changement

état

qui prend

son

sensd'unetranspositionymboliqueu plannarratifu mythehrétien e

la

résurrection

es

corps.

Le

passage

du

monde

ocial,

désigné

omme

ieu

de

corruption,

u

figuré

uis

au

propre

le

clerc

pourrit

éellement

à

la

société laustrale ù l'isolement

t le silence

approchent

e

Dieu,

sorte

d'antichambre

e

l'autre

vie

s'inscrit

son

tourdans cette

ymbolique.

t

comment s'en

étonner,

'union

avec Marie

exige

la

parfait intégrité

physique

«Li

clerc

dou

siede

s'estranga

Et son

affaireout hanga.

(...)

Nostre

ame

Sainte

Marie

Aama si

d'amoureux

uer

Que

pour

'amor

eta

tout

puer.

L'amour

évoqué

par

Gautier

en

conclusion

est

une

allusion

au

mariage

pirituel,

otion

ui

se

constitue

peu

près

à

la

même

époque,

sublimation

de

l'idéal

courtois

de

la

poursuite

de la

dame

aimée et

transposition

ecelui-cide l'ordredu terrestre celuidu céleste.

'amour

charnel e voit

dénié dans

ce

récit

de

façon

tout

à fait

spectaculaire

u

profit

e

l'amour

mystique

eprésenté

ar

l'invention

e la

«fine amor»

pour

Marie.

Ce

thème

qui

va

servir

e

fondement

toute

une

littérature

édifiante est

d'ailleurs

longuement

développé

par

Gautier

dans

les

chansons

u'il

a

composées

arallèlement

ux

miracles

«Jene veil

mais

chanter e

de li non

D'autredame ned'autredemoiselle

Ne ferai

mais,

e

Dieu

plaist,

dit

e

non.

Amen.

(...)

Marions

nous a

la

Virge

Marie

Nus

ne

se

puet

n

li

mesmarïer.

Sachiez

de

voir,

li

qui

se

marie

Plus

hautement

e se

puet

marier.

14)

(13)

Voir

M.M.

Davy,

nitiation

la

symbolique

omane

XlIIe

siècle , lammarion,977, .61 t uiv.

(

14)

Koenig,

p.

it.

ome

,

p.

24 t uiv.

44

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A

l'imperfection

ondamentale e l'union

charnelle,

ouillée

par

le

péché,

s'opposenta pureté t 'idéalde chasteté umariagemystique. e dernier

étant

d'ailleurs,

dans la

plupart

des

cas

réservé

ésormais

ux

religieux,

seuls

dignes

de

cet

état

de

grâce

15).

Les

rapports

exuels,

olérés

ans le

cadre du lien

conjugal près

bien

des

hésitations

t seulement ans le

but

de

procréer,

tant

e faitdes

laïcs,

par

définition

ttachés

la

matérialité

des biensterrestres.

16)

Les Miracles

de

NostreDame s'insèrent

onc

à

l'intérieur

e toute

une

série

de

récits difiants

nspirés

par

les efforts

ngagés

par

l'Eglise

catholique

pour

réfréner,

l'intérieur e la classe

dominante,

es «excès»

engendrés ar l'idéologie

ourtoise.

outefois,

e

talentde Gautier

onfère

à ses

récits

es

qualitésesthétiques

ncontestables

ui

en

font

ne

véritable

«œuvre

ittéraire»,

e

qui

n'est

certainement

as

le cas d'autrestextes

du

même

genre.

L'idéologie

courtoise st

ugée pernicieuse

arce que

privilégiant

ne

forme e sexualité

doublement

égative

liée

au

plaisir

des

sens,

d'une

partet, d'autrepartaux relations xtra-conjugales. ossibilitésofferte

d'une

subversion

e l'ordre

sur

lequel s'appuie

la société féodale.

Le

détournement

u désir

ourtois écessite

n

remplacement

e

l'objet

de

ce

désir

par

un

autre

;

opération

rendue

possible par

la substitution

ui

installe,

la

place

des

valeursféminines

raditionnellement

ttachées

ux

héroïnes

errestres.

a

quête

chevaleresque

evient

n

parcours

mystique,

intime

e l'âme

abandonnant

es biens terrestres

our

s'élever,

eu

à

peu,

vers

a seule

dame

qui

vautréellement

a

peine

d'être

onquise

Marie

17).

(15)

Signalons

outefois

ue

si

le

héros e

ce

récit stun

clerc

l

n'en st

pas

toujours

e

même

ans ous es

récits

e

Gautier.

émoin

e

eune

omme

ui,

yant

n

jour

passé

a

bague

u

doigt

une statue

e a

Vierge,

erra elle-ci

ui

apparaître

plusieurs

eprise

our

'empêcher

e

consommeron

mariage

errestre

histoire

endue

célèbre

ar

rosper

ériméeans a

Vénus ile.

(16)

«L'œuvre

'enfantementst

ermise

ans e

mariage,

ais

es

voluptés

à la

manièrees

putains

ont ondamnées.Pierre

ombard,

ité

ar

George uby

ans e

Chevalier,

a

femme

t ePrêtre

Hachette,

981

p.

230.

(17)

Voir .

Duby,

e

temps

es

athédrales

Gallimard,

.

304.

45

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Mais

par

ailleurs,

e didactisme et le

projet «vulgarisateur»

es

Miraclesconstituentnaspectnonnégligeable e ceux-ci. l n'estbiensûr

pas question

ď accorder

ci

une

importance isproportionnée

ux

propos

que

Gautier

ient ans son

prologue

t de se faire

beaucoup

d'illusions ur

la

clientèle

laquelle

l

destine ffectivementes histoires.

upposer

u'un

ecclésiastique

éodal de haut

rang puisse

destiner a

production

ittéraire

au

peuple

serait

faire

preuve

d'une

grande

naïveté ou d'une

méconnaissance

totale de

la

mentalité

de

l'époque.

Toutefois,

l'extraordinaireuccès

des Miracles et leur

large

diffusion utorisent

penser u'ils

ont

pu

êtreutilisés des fins

récupératrices».

l

est certain

que

ces histoiresmerveilleuses evaient treen mesure d'atteindre ne

population usque

là assez

peu

sensible aux

argutiescomplexes

de la

doctrine

t

qui

avait

plutôt

tendance

à

écouter avec

bienveillance es

discours

des

«hérétiques»

'

adressant

directement

eux. Ces

récits rès

simples,

mmédiatement

ccessibles,

ans

esquels

Marie devient ne

sorte

de

fée

bienveillante,

roche

-

comme

on

l'a

souligné plus

haut

-

des

mythes

opulaires,disponible,

récompensant

u

punissant

mmédiate-

ment ont

à

mettre n

parallèle

avec la

*nise en

place

de

célébrations e

plusenplussolennelles es fêtesdeNotreDame mobilisant'ensemble e

la

communauté

t autorisant onc

une très

arge participation opulaire,

De

même,

l'invention

de

nouvelles

légendes

se

rapportant

à la

biographie

e la

Vierge

ellescelles du

«scapulaire»

ou de la

«ceinture»,

plus

directement

ournées

ers a

population

éminine.

Dame

du ciel

pour

la

noblesse,

bonne

fée

pour

les couches

plus populaires

u

modèlede vie

pour

es

eunes

filles,

e

personnage

e la

Vierge

devient

'enjeu

d'une vaste offensive e

persuation

à

laquelle

participe ans e domaine ittéraire'œuvrede Gautierde Coinci. Subtilva

et vient

u

monde

charnel u monde

spirituel.

Marie :

figure

acrée

mais

figure

éminine

travers

aquelle

vont

pouvoir 'exprimer

n se sublimant

les désirs roubles

t contradictoires'une

société ntièrement

ominée

ar

la

puissance

masculine.

46

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Du moine

ue

N.D.

deffendi

u déable

B.N.

Fr

22928

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Conjointement

cette

endance l'extension e

l'image

en

plusieurs

scènes,

pparaît,

certains ndroits es mêmes

manuscrits,

ne

tendance

de l'image à se dégager de la lettre et à figurerdans un espace

rectangulaireui

lui est

propre,

u-dessus

de

celle-ci.Cette

émancipation

devient,

u XlVème

siècle,

un trait

caractéristique

es illustrations es

recueils e

ces

mêmes

miracles. elui

qui

nous

ntéressera

pécialement

ci

ést le manuscrit

du

XlVème

siècle coté Fr. 22928

à la

Bibliothèque

Nationale,

manuscrit

ui

a

par

ailleurs,

ervi

e

base à

V.-F.

Kœnig pour

son

édition

de textede Gautier

de Coinci

(3).

Là, donc,

plus

de lettres

historiées,

e

procédé

du

rectangle

ontenant

'image,

systématiquement

utilisé, ermeta subdivision e l'espace en autantde scèneque jugé bon.

L'image

conserve á

position

n têtede

chaque

miracle

t

'importance

e

la lettre

nitiale,

ituée

maintenant u

pied

de

l'image

se

trouve,

e ce

fait,

considérablementéduite.

Le

développement

e

l'illustration n taille et en

scènes

instaure,

inévitablement,

n

nouveau

rapport

du

lecteur-spectateur

l'image

et

de

l'image

au texte ou

plus

exactement

u

récit

préalable,

prétexte

dont,

comme

'écriture

e

Gautier,

lle se

fait ci

trace.

Cettenouvelle llustration

se

présente,

en

général,

comme

une

superposition

de bandes

qui,

lorsqu'elles

sont

segmentées,

e

partagent

en

deux,

trois

ou

quatre

compartiments,

oit

ept

u maximum

our

'ensemble e

l'image

III.

1

et

2),

l'occurence a

plus fréquente

tant de

quatre compartiments.

Bandes

dessinées»,

u

sens

ittéral,

ù

l'on

perçoit, ar

référence

u

récit,

n ordre

d'enchaînement es scènes

qui

est celui de la lecture 'une

page

écrite.

n

tant

ue

pratiquants

modernes

e

la bande

dessinées,

ous

sommes nclins

ici,

à rechercher

n

code

qui permettrait,

u

fil

des scènes de

lire un

récit

imagé.

Mais

l'on

s'aperçoit

apidement

ue,

si

certaines ois

peuvent

égler

la présence t l'organisation e ces images, l s'y oue quelque chosequi

tend

davantage

montrer es

bouts d'histoire

t,

de ce

fait,

ne

pas

en

montrer

'autres

u'à

y

faire

ransparaître

n

récit

magé

ohérent.

Ainsi,

si

l'on

s'en tient

à

l'organisation

nterned'une

image,

tout

semble

ait

pour

dérouter,

mettre

n

échec

notre

rétention

la lecture

En

voici

uelques

signes

(3)

Pour es autresmanuscrits

es Miracles e Nostre

ame

enluminés,

oirA.P.

Ducrot-Granderye,tude ur esmiracleseNotre-DameeGautiereCoinciHelsinki,

1932.

49

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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-

Bien

souvent,

es

moyens

ont

on

dispose

taille,

oiffure couleur

des

vêtements,

our

différencier

es

personnages,

ar

ailleurs

fortements

stylisés, e sontpas utilisésde façon à les individualiser.l arrive,par

exemple, u'un

même

personnage hange

de

couleurd'une scène à

l'autre

ou se

retrouve,

n

changeant

e

scène,

parmi

d'autres

personnages

ui

lui

sont

dentiques.

-

Le fond

oloré

hangeant

e couleurd'une

scène à

l'autre

ne

peut,

non

plus,

ervir e

repère

u

récit.

-

L'enchaînement

es

scènesest

roué

t souvent es

parties

ntières

du

miracle sont

laissées

de côté : ainsi l'illustration

e

l'histoirede

Théophilese réduit-elle, ans le manuscritFr. 22928, à la scène de

restitution

u

pacte

et à une

scène

de

prière.

L'énonciation

es

critèresuivant

esquels

'effectuee choix

de ce

qui

sera

montré

ous

paraît

fort

omplexe.

Ces

critères

euvent

e

percevoir,

plus

ou

moins

clairement,

travers

'imbrication

de

données très

différentesla

façon

dont

'enlumineur

compris

'histoire

u'il

illustre,

a

tradition

conographique,osqu'elle

existe,

elative

chacun

des

miracles,

ou

encore,

certaines

normes

relevant du

fonctionnement

nterne du

manuscrit. l nous semble,pour le moment, rèsaventureux 'aborder

cette

question

de

façon

globale,

aussi

les

remarques qui

vont

suivre

s'appuient-elles

ur

des

exemples

précis

de

miracles et

prétendent

davantage

oulever es

problèmes

u'y apporter

es

explications.

Avant

d'examiner

ces

exemples,

il

est

tout

de

même

possible

d'avancer,

ur

certains

oints, uelques

affirmations

énérales oncernantlesconventions

elatives

l'image

dans

ce

manuscrit.

Si nous

avons

affaire

un

manuscrit

u

XlVème

siècle,

nous

n'en

sommes

as

moins

dans

une

tradition

e

l'enluminure u

XlIIème

siècle.

Les

traits

aractérisant

'enluminure

rançaise

du

XlVème

(4),

si tant

est

que

ce

découpage

n

siècle

it

un

sens,

ne se

rencontrent

as

encore ci.

Pas

d'utilisation

des

représentations

rchitecturales

comme

prétexte

à

(4)

Voir

ce

ujet

.

Avril,

enluminurela cour

eFranceu

XlVème

iècle, aris,

978.

50

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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recherche ur e

modelé.

Pas

d'addition

de

détails

ou

d'objets

inutiles t

figurant l'imageuniquement ommeeffets e représentation. e côté

gratuit

de

la

représentation,

anifeste

dans l'utilisationdes

couleurs,

n'apparaît

uasiment as

dans le travail

t

le dessin des

figures.

elles-ci

ont,

bien sûr eurs

caractères

ropres

petites,

ssez

fines,

essinées

d'un

trait

éger.

Mais ce

qui

frappe

de

par

leur

stylisation,

st la

facilité

vec

laquelle

il

est

possible

de les classer

en

éléments

ypes,

possibilité

ui

existera ncore

ongtemps

ans a

peinture

mais se noiera

progressivement

dans ce

que

nous avons

ppelé

les

effets

e

représentation

Si les

différents

éléments

objets,

ersonnages... ui

constituentes

scènes

magées

varient

légèrement

e l'une à l'autre dans la

façon

dont il sont

représentés,

ls

conservent n

nombre

de

traitscommunsassez

grands pour

qu'il

soit

.

possible

de

parler

leur

sujet

de

types

Ainsi,

un

personnage

êtu d'une

robe

ample

et noire

capuchondésignera

n

moine,

u'il

soit

personnage

principal

u

secondaire^dans

'importe uel

miracle.

Une arcature

tylisée

en haut

de

la

scène

désignera

elle-ci

comme

se déroulant

l'intérieur

d'une

église

ou d'une

abbaye.

Un

personnage

ssis sur un

socle,

d'assez

grande

taille, nimbé,

portant

un

voile,

éventuellementne couronne t

tenant ans ses bras un enfant énissant onstituea représentation'une

statue de

la

Vierge.

Mais les traits

conographiques

e suffisent

as

à

parler

e

type

t ce

qui,

ici,

nous

y

autorisé,

st

que

ces

traits

e manifestent

à travers ne

grande

unité

tylistique

e

l'ensemble u manuscrit.

Ces

types

sont

aussi

repérables

à

l'échelle

de

l'organisation

d'ensembledes scènes comme

combinaisondes

différentsléments

ue

nous venons

d'évoquer.

La

scène

d'apparition

de

la

Vierge

à un

personnage

ndormi

III.

2,

scène

en

bas,

à

gauche),

relativement

réquente

dans ce recueil, e repère omme ellepar la combinaison, ans un même

compartiment,

e

la

représentation

'un

personnage

dans un

lit,

de la

Vierge

deboutderrière e

lit,

d'un ou deux rideaux droite t

à

gauche

de

la

scène,

d'un

ange.

La

figuration

e la

totalité

e ces éléments

'est

pas

nécessaire

pour

faire

comprendre

a

scène

comme

représentation

'une

apparition. 'important

st

que

figure

ne

quantité

d'entre ux

suffisante

à la

faire

ercevoir

omme

elle.A cet

effet,

ertains

léments,

omme

ci a

Vierge,

sont

plus importants ue

d'autres,

ainsi

le

rideau ou

l'ange

manquent, 'ailleurs,

ans a

scèneà

laquelle

nous

renvoyons.

51

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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On

pourrait,

de la

même

façon,

énumérer

a

liste

des éléments

constituants 'autres scènes récurrentes u recueil : prière,maladie,

discussion.

'effet

rincipal

e

cette

récurrence,

utre

qu'elle

contribue

l'unité

visuelle

du

manuscrit,

st d'éclairer e sens des scènes

prises,

de

façon

globale,

es unes

par

rapport

ux

autres,

par

delà le

rapport

nterne

qu'elles

entretiennent

ans

une

même

mage.

Mais

cette lassification

n

types

ne

nous

ntéresse

ci

qu'en

ce

qu'elle

échoue,

de

quelque

façon

qu'on

s'y

prenne,

réduire

otalement

'image

à

un

système

odé.

Elle sert à

faire

apparaître

d'autant

plus

crûment e

qu'elle

ne réduit

as.

Et

ceci,

sous

n'importe

uel

aspect

de l'illustration.

Le nombredes scènesconstituant ne

image,par exemple,

arie de un à

sept

sans

qu'il

apparaisse

à cela de motifs ationnels.

i

l'on

reprend

es

points

éjà

évoquée,

es

amorces

de code

que

l'on

a voulu

y

voir

pourront

être nuancées

es unes

après

les autres le rideau

qui, par opposition

l'arcature

eut

être

perçu

omme

ituant a

scène

dans un

espace

intérieur

non

religieux, orrespond arfois lapsus

de

l'enlumineur?)

une scène

située

dans une

église.

Les

quelques types

e scènes

que

nous

avonsmis

en

évidence

onctionnent

urtout

our

a

première artie

du recueil.

t,

même

danscettepremière artie, n bon nombrede scènesne s'inscrivent ans

aucun d'eux.

Mais

l'aspect

de

l'illustration

ui

trouble,

bien

sûr,

le

plus

la

représentation

st

la couleur.

Elle sert

parfois

à

individualiserun

personnage

'une scène

à l'autre. L'or

est

celle

que

l'on

utilise

e

plus

souvent

our

représenter

e manteau

de la

Vierge.

Ces

constatations

ont

peu près

es

seules tentatives

ue

l'on

puisse

faire

pour

la

charger

d'une

signification

ais

par

delà

le

plan

de la

signification,

a recherche

'unité

visuelleui semanifeste ans sonutilisation stfrappante.l estclairque

si es

magesqui

font ache de

part

en

part

du texte envoient

es unes aux

autresde

par

la constance

de

leurs

formes,

eurs

tailles,

a récurrence

e

leurs

léments

t de certaines

e leurs

cènes,

'est

par

eur ouleur

u'elles

le

font essentiellement

t

qu'elles

retiennent

'abord

l'oeil.

Couleurs

relativement

aturées,

rincipalement

leu,

rouge,

noir,

osé

et surtout

r,

d'autant

plus perceptibles

comme visant à

produire

sur l'œil

une

impression

'ensemble

que

leurs tons varient rès

peu

d'une

image

à

l'autre. La coloration es fonds renforce ette mpression 'unité.Quoi

qu'il

advienne,

es scènes

qui

composent

es

images

se détachent

ur des

52

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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fonds

unicolores ù

l'or

alterne

avec le

bleu et le rosé

où se dessinent

parfois

des motifs

éométriques

épétitifs.

et effet

'ensemblevisantà

attirer'œil et à le distraire e la lecture u texten'est,sans doute,pas la

moindre e la raison

d'êtrede ces

images.

Ces

remarques

ne doivent

as

faire ublier e

fait

que l'image

est

non

seulement ans un

rapport

matériel vec le textede

Gautier

qu'elle

troue

de

place

en

pkce,

mais aussi dans un

rapport

e

sujet

avec ui

: elle donne

à voirdesscènesdurécit aitparGautier.

Ce

rapport

st,

avant

outun

rapport

ux faits

noncés.Le

goût

de

la

description

irconstanciée,

u

spectaculaire

ui

se

manifeste

arfois

ans

l'écriture

es Miracles

de

Notre

Dame

n'est,

par

exemple,

amais

pris

en

charge

par l'image.

Prenons le

cas des

descriptions

e

maladies

que

Gautier

ffectionne

articulièrement

t dans

lesquelles

l

ne tarit

pas

de

détails vocateurs

troces.

On

s'aperçoit

ue

leur

correspondant

l'image

neutralise otalement et effet

visuel

anecdotique.

On

y

représente

e

maladeparunpersonnage 'apparence ntacte, llongé ur un litet,dans

le

pire

des

cas,

si le texte e

mentionne,

ttaché

par

des cordes.

L'image

écarte

donc

systématiquement

e

caractère visuel

du

texte

qu'elle

accompagnepuisqu'il

n'est

pas

un

fait

du

récit

mais un effet

e l'écriture

de

Gautier

de Coinci.

Ce

principe

e retrouve ans la

mise

en scène de

l'apparition

de

la

Vierge

ui

va nous ntéresser oublement ans sa

représentationmagée

d'une

part

donc,

aussi

généreux

n

métaphores,

n

détails

concernant

a

lumière,

es

couleurs,

a

somptuosité

e

l'apparence

de la

Vierge

ue puisse

êtreGautierdans certaines e ses

descriptions 'apparition, 'image

ne

laisse rien

paraître

e tout e faste.D'autre

part,paťce que l'apparition

n

tant

u'elle

est

elle-même,

ne

mage

nous

ntéresse

ans sa

représentation

imagée.

L'ordre de vision

dans

lequel

se

donne à voir

'illustration

u

texte,

dans

a

terminologie

e Saint-

ugustin

t du

Moyen-

ge 5),

est

celui de

la

(5)Àu ujet es roisegrée a vision,npeut oir eLiber espiritut animatexte

anonyme

e

a

fin u

Xllème

iècle,

.L.,

T

XXXX,

.

797

t

uiv.

5.3

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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visio

orporalis

celui dans

lequel

l'œil

perçoit

es

objets

qui

l'entourent.

Or,

'apparition,

omme es visions

erçues

n

rêve n

état d'ébriété

u

de

folie st de l'ordrede la visio piritualisLa questionqui nous intéressera

sera donc de saisir

par quels

moyens

'illustration onnera

à voir

les

phénomènes

e

l'ordre

de

la

visio

spiritualis

lors

que,

par

définition,

e

seul niveau ù elle

puisse

e

manifesterst celui de la visio

orporalis

A

ce

sujet

e

rapport

e

l'image

et

des

mots

mployés

ar

le texte

pour

désigner

la

façon

dont

e manifestea

Vierge

nous

sembledevoir

etenir

'attention.

La

visio

spiritualis

s'énonce,

selon les

cas,

de

trois

manières

différentes

Io)

Le cas le

plus

fréquent

est

l'apparition

à un

personnage

ndormi

u

en

prière.

Ce

type

d'apparition

st

extrêmement

odifié

t sur

e

plan

de

la

structure

sommeil,

signes

vant-

oureurs

e

l'apparition,

pparition,

message,

réveil,

merveillement,

t

sur

celui

du

vocabulaire

reprise

d'un

miracle

à

l'autre

de

quelques

termes

appartenant

toujours

à

un

même

registre

exical

pour

introduire

e

personnage

e

la

Vierge,

e

décrire,

écrire

'état

et

le réveil

dupersonnageuquel elleapparaît.Les verbes ntroducteurs

de

type

e

demos

rer s

aparaitre

ou,

du côté

du

spectateur

voir

sembler

désignent

a

scène

comme

une

apparition.

L'image

répond

cette

forme

d'apparition

par

l'utilisation,

elle

aussi

très

codifiée

des

signes

que

nous

avons

déjà

mentionnés.

a

scène

constituée

ar

leur

conjonction

'est

jamais représentée

ans

un

autre

contexte

que

celui

de

l'apparition,

e

qui

est

une

façon

de

délimiter,

l'intérieur

e

la visio orporalis la place de la visio piritualis.Notonsque

sont

représentés

ux

côtés

l'un

de

l'autre

le

personnage

voyant

t

e

personnage

u.

2°)

Dans

d'autres

as,

la

Vierge

e

manifeste

ans

le feu

d'une

action,

pour

dénouer

une

situation.

Le vocabulaire

introduisant

ette

scène,

qui

comprend,

par

exemple,

des

mots

comme

venir

ne

comporte

as

l'idée

d'apparition.

La

manifestation

e

la

Vierge

st

alors,

dans

le

déroulement

u

54

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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récit,

ésignée

omme

un fait

itué

ur

le même

plan que

les

autresfaitsqui le constituent. 'image représentea scène

décrite.

La

Vierge

y

figure

u

même titre

que

les

autres

personnages.

Mais,

que

le texte 'ait ou

non

désignée

omme

telleà ce

moment u

récit,

lle est

représentée

imbée,

t

à

cause de ce

nimbe,

la nature

de

sa

présence

à

l'image

apparaît

omme

différente

e

celle

des

autres

personnages.

3°)

La troisième

ossibilité

st

que

la visio

piritualis

e

soit

pas présentée

omme ne

véritable

pparition.

ntroduite

par

des termes

marquant davantage

l'incertitude

avis

li

est..., e li ertv&...elle stdonnéecommeune

«impression

e

voir»

dont a suite

du

récit

permettra

e

comprendre

i

elle

était ondée u

non. C'est à cette

atégorie

e

vision

ue

nous

nous

intéresserons

ans nos

exemples.

L'image

est,

à son

sujet,

ssez hésitante

t

tantôt

a

suggère,

antôt a laisse

de

côté,

antôt 'assimile

une

apparition.

Un

autre

point

ù

se

oue

quelque

chose des

rapports

e

l'image

et du

texte

st celui

de la

particularité

u'a,

dans

notre

manuscrit,

'image

à

se

développernscènes t d'être idèle ans ce développementéjà décrit la

linéarité

u

récit.Si leur

enchaînement 'est

pas

continu

mais

troué,

es

différentes

arties

d'un

miracle

montrées

e

sont,

un

très

petit

nombre

d'exceptions

rès,

oujours

ans

un

même ens

de lecture Ce

qui

conduit

nous

nterroger,

'une

part

ur

e

problème

ui

se

pose

à

l'image

orsque,

dans

certains

miracles,

ne

donnée se

rapportant

une

scène

n'apparaît

pas

dans

le

texte l'endroit

u

récit

cette

cène

prend place

mais est

rapportée

posteriori,

ans

le

discoursd'un

personnage,

ar

exemple

d'autrepart ur esquelquescas qui nerespectentpasu laissentplanerun

doute ur

'ordre

d'enchaînement

es

scènes

ui

constituent

'image.

Le

premier

miracle

ui

nous

retiendra

st

l'histoire u

Juitel

6) (De

l'enfant

un

giu qui

se

chrestiena

.

En

voici

es faits

(6)

,

Mir

2,

n

Ducrot-Grandeyre,

p.

it.

55

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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De l'enfant un

gïu qui

se chrestiäna

Fr.

22928

Fig.

1)

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 59/145

Un

enfant

uif st entraîné

ans une

église

par

des enfants

hrétiens.

Là,

il

est à tel

point

fasciné

par

la bele

ymage

de

la

Vierge il

ne l'identifie

pas) exposée

ur

'autel,

que,

communiantvec ses

camarades,

l

s'imâgine

recevoir

'hostie

non

de la main du

prêtre ui

la distribuemais

de celle dë

la bele

ymage

i

Avis i est

en son

corage

Qu

en

liu

del

prestre

int

'y

mage

De retour

hez son

père,

verrier,

l

lui dit

avoircommunié

t

provoque

chez ce

dernier ne

rage

telle

u'il

précipite

on

enfant

ans e four verre.

Interventione la mère horrifiéeui alerte a population.On retiredu

foyer

'enfant

ndemne

t

on

y ette

e

père.

L'enfantraconte

on aventure

il

a

reçu,

à l'intérieur

u

four,

a

protection

e

la bele

ymage

et

s'y

est

endormi.

hacun

s'émerveille

e ce

qui

est

reconnu

ommeun miracle

de

la

Vierge

t mère

t

fils e convertissent

insi

que

de

nombreux

uifs...

L'image

correspondante

Fig

1),

dans

notre

manuscrit,

st constituée

de

quatre

scènes

-

la

communion e

l'enfant

uif

-

Le

père

etant

son

filsdans le

four

Le

père

eté

lui-même

u four

par

la foule

-

La foule

rassembléeuprèsde la mère t de l'enfant u'ellcdésigne.

La scène

que

la tradition

conographique

sélectionnée

omme

titre

pictural»

e

cette

histoire 'est

pas,

comme 'est souvent

e

cas,

celle

où se

joue

le

miracle,

mais

celle,

pectaculaire,

l

est

vrai,

ù le

père

ette

on

fils

dans e four.

'histoiredu

Juitel

st

donc

montrée

on

commeun

miracle

de a

Vierge,

mais comme

une histoire

e

père

mettant on

fils mort.

On

perçoit

out à

fait

l'importance

t

la force

visuelle

d'une telle

image.

Néanmoins,

l

est étonnant

ue,

non

seulement

ans

les

lettres

istoriées

mais dans aucune des quatrescènesqui, dans le Fr. 22928 illustrent e

miracle,

a

Vierge ui

est

tout

de même

évoquée

à deux moments

u

récit

de Gautier

t est a raison

de

l'intégration

e ce

récit

ans e

recueil,

ne

soit

pas

ou si

peu représentée.

et étonnement

e

justifie

d'autant

plus qu'à

regarder

es

images

de l'ensemble

du

manuscrit,

n

constate

qu'il

y

est

rarement aissé

passer

une occasion de

représenter

a

Vierge.

Ceci

contribue renforcer

otre entiment

ue

si

l'on

montre e meurtre u

fils

par

e

père,

'est

sans doute

parce que

cette

cène

fait choc»

de

plus,

si

ellefait

hoc,

c'est

aussi

parce qu'on

la

représente)

mais aussi

parcequ'on

57

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De

Venfant

un

gïu

qui

se

chestiëna

B.N.

(N.A.)

Fr.

24541

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se

pose

un

problème

e

représentation

e la

Vierge.

Problème

qui

est mis

en évidencepar le faitqu'à une époque où Ton affectionnees «recettes

iconographiques»,

a scène

du

four,

elle

que

nous la

voyons

ans le Fr.

22928,

ne fait

pas

l'unanimité

ans

la

façon

dont

elle

est

représentée.

n

peut

observer

u moinsdeux autrestentatives

e

représentations

e

cette

scène.

Dans deux

cas,

en

effet,

a

présence

de

la

Vierge

dans

la

scène

évoquée, présence

uffisant

montrer

ue

la victime

ne

périra

pas,

va

corriger

a

représentation

abituelle u meurtre.

l

s'agit,

d'une

part

d'une

lettre

historiée

du XHIème siècle

(7)

dont le

parti-pris

onsiste

à

ne

représenter

i

le

père,

ni le

four,

t à montrera têtede l'enfant ans les

flammes urmontée e

la

Vierge

t

d'un

ange

thuriféraire.

arti-pris ui

entredans

ce

que

nous avons

désigné

comme

la

seconde

catégorie

de

représentation

e

l'apparition

et

qui peut

être

adopté

d'autant

plus

aisément

qu'il

échappe,

puisqu'il

n'y

a

représentation ue

d'une seule

scène,

à l'un des

problèmes

que pose

dans

notre manuscrit

e

récit

à

l'image

celui de

la

chronologie. appelons

que

cette

protection

irginale

n'apparaît

qu'à

travers

a narration

inalefaite

par

l'enfant,

lle est donc

décrite ostérieurementux faits noncésparGautier.

Une

autre

solution

conographique

pparaît

dans

un

manuscrit

u

XlVème

siècle

8).

L'illustration

est

divisée

n

plusieurs

ectangles

on

compartimentés

ui

s'introduisent

différents

ndroits

e

l'espace

occupé

par

le

texte.

L'une

des scènes

représentées

st

donc

celle

du

four.On

y

retrouve,

omme

dans

le Fr.

22928

l'intégration

'une

durée

du

récit

par

la

représentation,

ur

ce

même

rectangle,

e

la mère

et

des

personnages

alertés

par

elle

à

la

suite

du

meurtre.

Mais,

ce

qui

s'ajoute

ici,

et

fait

a

singularité e l'image, st a Représentationntre 'enfant t le four,de la

Vierge,

tenant

une

toile

dans

un

geste

de

protection,

oile

d'ailleurs

mentionnée

ar

e

texte.

Le

problème

posé

par

la

représentation

de

cette

seconde

manifestation

e

la

Vierge

n'est

pas

directement

n

problème

visuel

.

La

pluralité

es

solutions

doptées

est

iée

à la

difficulté

e

représenter

e

qui

se

passe

à

l'intérieur

d'un

lieu

insolite

le

four

;

d'autre

part,

et

spécialement

ans

le

manuscrit

ui

nous

intéresse,

l

y

a

comme

nous

(7)B.N.Fr. 16.

(9)Besançon,

BM.

551.

59

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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l'avons

déjà

mentionné,

un

problème

de

rapport

de

l'image

à la

temporalité u récit. l sembleque ce soit e troubleoccasionnépar ces

données

onjugué

vec une

importance articulière

ttachée

cette

mage

du

père

mettant

mort on fils

qui

va occasionner ans

la

plupart

es cas

l'élimination

e la

Vierge

dans cette

cène.

La scène

de

communion,

remière

manifestatione

la

Vierge

dans ce

même

miracle

a,

elle

aussi,

donné

lieu à

plusieurs

attitudes

iconographiques.

es manuscrits

ui

ne

l'ont

pas

éludée,

se

regroupent

suivant

rois

parti-pris

ifférentsace

à

cette

orme n

peu particulière

e

visio

piritualis

ontnous

rappelons

es termes t le contexte. 'enfantvoit

sur 'autel une statue

Uneymage

ut

desor

V

utel

Deseur son

chief

ne toaille

Un

enfançon

int

ar

devant

..

Notons

'énumération

ci des

traits

aractéristiques

e

la

représentation

e

la statuede la Viergedans la miniature tqui nouspermet e la percevoir

comme

elle

dans un

texte

ui

ne la

nomme

pas.

L'enfant

st

frappé

par

la

beauté

de cette tatue

Ses

cuers

bien

i

dist t revele

Qu

aine ne vit

hose tant

bele.

et

cettebeauté

déclenche

n

lui

un

processus

visuel

de l'ordrede ce

que

nous avons appelé la troisièmecatégorie de descriptionde la visio

spiritualis

l'impression

e

voir.Ce

qui

contribue

singulariser

ncore

a

scène,

st

que

la

Vierge

n'apparaît

pas,

comme

dans la

plupart

des

cas,

ex

nihilo

mais

qu'ici

c'est son

image

matérielle,

a

statue,

qui

s'anime. Le

«donné

à voir» st en

quelque

sorte,

réalable

à la

vision.D'un autre

côté,

le

caratère

pas

tout à fait ffirmatifu avi li

est est

contrebalancé

ar

la

secondemanifestatione

la

Vierge, arante

de la

véracité e

première

si

e miracle eu

lieu,

c'est

parce que

l'enfant

communié

t

que

la

Vierge

s'est

alors

manifestée

lui.

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Une

lettre

historiée

9)

représente

ette

scène

à côté

la scène

habituelle u four.Elle fait 'économiede la figure u prêtre, t c'est la

statuede

la

Vierge ui

y

distribue a communion

quatre

enfants

lignés

devant lle. On

fait

donc

abstraction

ci du

caractère

non

affirmatif

u

texte

t

l'on

traite

a

vision

comme une

apparition

assez

grossièrement

même,

puisqu'elle

intègre

es enfants

chrétiens

ui,

dans le

récit,

ne

semblent

ourtant

as partager

a vision u

giutel.

La

scène

figure

ussi dans

e

manuscrit e

Besançon

déjà

cité.

Elle

s'y

fait

plus proche

du

récit

t

plus

nuancée

que

dans le

cas

précédent

à

gauche,

e

prêtre

istribue 'hostie ux

enfants

hrétiens

lors

qu'à

droite

l'enfant ommunie es mainsde la statuede la

Vierge.

Notre

manuscrit,

t c'est à l'attitude a

plus fréquente,

e fait

pas

cas

de la

participation

e

l'image

de la

Vierge

la

scène le

prêtre,

evant

ne

statuede la

Vierge,

y

distribue

a

communion

tous es enfants

compris

l'enfant

uif.

Du fait

que,

malgré

out,

cette

cène

n'a

pas

été

éludée,

on

peut

penser que

la

non

représentation

e la

Vierge

en action est

un

parti-pris

l'impression

ompte

tenu aussi des facteurs

évoqués qui

rendent

lus

difficilea

représentation,

'a

pas

ici,

droit

'accès

à

l'image.

La diversité es solutions doptées pour représenterette cènetémoigne

de

l'hésitation

evant e

qui

doit

être

eprésenté

e

réimpression

e voir».

Plus encore

ue

le Giutel

e second

miracle ont

nous allons

raiter,

e

Sacristain

isité

10)

Du

soucretain

ue

Notre-Dame

isita),

st une

affaire

de

regard.

Fig.

II)

Le sacristain 'un abbaye,fortdévouéà la Vierge, l'habitudede

prier

a

nuit devant

son

image, l'implorant

e lui faire

a

grâce

de

se

montrer

lui. Ce

qu'elle

finit

ar

faire

pendant

on sommeil.

lle

lui offre

à

cette

ccasion

un livre

magnifique

ont a lecture

u'en

fait e

sacristain

estdistraite

ar

un

désir

de baiser es

pieds

de

la

Vierge,

lle

'autorise

lui

baiser

non

ses

pieds,

mais sa

face

colorée.

l

s'exécute

avec

oie.

Mais le

réveil st

rude

t,

'il remercie

a

Vierge

de cette

ainte vision le

sacristain

(9)B.N. r. 613.

(10)

Mir.

1,

n

Ducrot-Granderye,

p.

it.

61

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Dou secretairi

ue

Nostre

ame

visita

Fr. 22928

Fig.

II)

* ta; detente®* cwifa**«» 4

-T

e tiene®«»*

«

Ä

,liuc

tant»

amuem»

tac

r

<3

onrotoMřtiomíWE

r

ß'

uns

tKj*»eri¡»«iwer¿Ntfoucecmiti

Mulniqunltt

anfenr

qucnolhtbtnu'

$

«s

tefottfin#

iw CeftBnfinttViftnt Ca

f eUn omw8twtfi«»<BaaW8ptttail-ivu

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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en est

encore

ellementroublé

u'il

ne

parvient as

à

participer

la

prière

commune t

croit

ncore

percevoir

a

présence

e

la

Vierge

ses côtés.Son

inattention

ersistante

la

prière

ui vaut d'être

disciplinez,moyennant

quoi,

l

retrouvees

esprits

t continue

prier

ieusementusqu'à

sa mort.

L'image

du manuscrit

orrespondant

ce

miracle e divise n

quatre

scènes

prière

deux moments e

l'apparitionparmi esquels

le don du

livre

fustigation.

es

trois

premières

e ces

scènes

appartiennent

ces

catégories

écurrentes

u manuscrit. ette

«normalité»

e

l'image

est un

bon

exemple

du

décalage

déjà

évoqué

entre

les

développements

évoquateurs

e

Gautier^

t

la

représentationmagée

qui

leur

correspond.

On a, eneffet,ci,une des descriptionses plusriches n images, ouleurs,

lumière

u

recueil.

Cette

mphase

du texte este

bsolument ans effet ur

la

version

magée

de la scène.

Dans

l'iconographie

u

Sacristain

comme

on

peut

s'y

attendre,

'est

cette

cène

d'apparition,

oujours

éduite

sa

plus simple xpression, ui

a

connu a

plus grande

faveur. a

Vierge

y

figure

antôt vec le livre la

main

le

livrede la

prophecie

dou

prophete

aint

Ysaye qui

commence

précisément ar

un

récit

e

vision ),

antôt

ecevant

e

baiser

du sacristain.

Ce dernier st, le plus souventreprésenté ans un lit, mais il arrive,

notamment

orsque 'apparition

e

développe

sur

plusieurs

cènes,

qu'il

soit,

conformément

u

texte,

représenté

ebout ou

agenouillé

face à la

Vierge.

l arrive ussi

que

la

représentation

u

sacrist?

prière

oit

l'unique

llustration

u miracle

u

que

cette cène

se

combine vec celle de

l'apparition

e

la

Vierge.

A

ces scènes

s'ajoutent,

uivant es

recueils,

es

représentations

e

prière

ommune,

de conversations

e moineset

de la

fustigation

u sacristain.

En inventoriantes

iamges

associées

à ce

miracle,

on

constate

l'absence

de

représentation

e la seconde vision

du

sacristain,

de son

«impression

e voir».

Ceci,

à

priori,

'est

pas

étonnant

uisqu'il

ne

s'agit

là,

la

fin

du texte n

témoigne, ue

d'une

mpression rompeuse

t

nuisible.

D'un

autre

ôté,

n

peutremarquer ue

cette

impression»

'énonce

en des

termes ssez voisins

e ceux

qui désignaient

ne visionde cet ordre

dans le

miracle

récédent.

ci

:

Adez

veoit,

e li ert

vis

La mereDieu emmi e vis

63

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On

constate ussi

que

cette cène

pourrait lus

aisément

ue

cela n'était

possibledans la communion u Giutel,s'informer partird'une scène

type

réexistante,

elle

de

l'apparition endant

a

prière

t

s'intégrer

insi

à

l'imagecorrespondant

e

«

1er

ype

d'apparition.

Or,

précisément,

'utilisationde cette

scène-type

été

faite dans

l'illustration

ui occupe

le second

compartiment

e

l'image

de notre

manuscrit.

priori,

ette llustrationenvoie la

première

pparition

e

la

Vierge.

Le

caractère

général

de

son

iconographie

etient

ourtant

notre

attention.

D'autant

plus,

d'ailleurs,

que

dans

aucun autre manuscrit

enluminé

de Gautier

de

Coinci,

on

ne retrouve

'image

du sacristain

agenouillé

ux

pieds

de la

Vierge

ans

qu'il

y

ait,

entre ux le

prétexte

u

livre

u

du baiser.

Selon

toute

ogique,

ette cène

devrait

envoyer

un

moment u

récit

postérieur

celui

où,

au

début

de

l'apparition,

e sacristain st

encoredans

un

it

qu'il

quitte

la vue du livre enu

par

a

Vierge

De son

lit

aut sus

ce

li

samble

ses deux mains

ointes

ensamble

s estdevant iagenoilliez...

Or,

si

ces

troisvers

nnoncent a

position

du sacristain

ans la scène

qui

nous

intéresse,

urieusement,

ette

scène

précède

sur

l'image

celle

où le

sacristain st

représenté

ans un lit. Ceci

nous conduit

supposer

u'il

y

a

peut-être

ci une

altération

ans

l'ordretraditionnel

'enchaînement

es

scènes

pourtant

i souvent

especté.

l

conviendrait,

ans

doute,

dans

ce cas

précis,

'intervertires

positions

es

scènes

deux et

trois,

oitde

donner e

pas dans 'enchaînementesscènes, la verticaleur 'horizontale.

Cette

ltération

e

retrouve ans le seul autre manuscrit

omparable

au

Fr.

22928

par l'organisation

e ses

images

n

rectangles

ragmentés

n

scènes

11).

Nous

ne savons rien

des contacts

qu'ont pu

avoir ces deux

manuscrits.

Cependant,

l'illustration du «sacristain

visité»

dans

le

manuscrit e

Leningrad,

st,

elle

aussi,

composée

de

quatre

scènes

et son

iconographie

orrespond,

cène

à

scène,

à

celle de notremanuscrit.

ne

(11)

eningrad,

r.

.v.,

IV

,

XlVè iècle.

64

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exception

ependant,

elle de cette

seconde/troisième

cène

qui

nous a

retenue.

n

y

retrouvees

personnages

ans

une

position dentique

celle

duFr.

22928,

mais

'image

est

singularisée

ar

e détaildu baiser

ce

détail

qui,

si

Ton

respectait

'ordre

des.

scènes,

se

situerait vant

l'épisode

du

livre,

ous

autorise

dire

qu'il

y

a ici

nversion

e

l'ordre es

scènes).

Cette différence ontribue

à

faire ressortir

e

parti-pris

de

non

particularisation

e

la

scène du Fr.

22928.

Une «bévue»

de l'enlumineur

est,

bien

sûr,

à

envisager.

Qu'elle

existe ou

non,

la

façon

dont

cette

«troisième» cène

est

troublée

sa

position,

on caractère

trop vague,

l'ambiguïté

e l'arcature

ui

la surmonte

ui peut

désigner

e

mostier

ont

ilestquestiondans e textemaisévoqueaussi l'église, ntraîne e doutesur

le

passage

du

récit

auquel

elle renvoie. A tel

point

que

l'on

peut

se

demander

i,

comme a

scène

de

prière

de l'illustration e

Théophile

que

l'on

peut

ituer ans e

récit

e

par

sa

position

mais

qui peut

aussi

renvoyer

à

toutes

es

scènes

de

prière articulièrement

ombreuses ans ce miracle

précis,

ette cène

du sacristain e

pourrait

as

renvoyer

imultanément

la

première

t a seconde

orme e visio

piritualis

u sacristain.

L'dmpression

de voir» serait

alors

réintroduite

l'image

sous le

couvert e la forme e visio piritualis ui ya habituellementccès. Image

à double

valeur,

cette scène

tiendrait

métaphoriquement

e

rôle de

trompe-l'œil ui

est celui

de

réimpression

e voir»du sacristain n

tant

qu'elle

se

donne,

de

façon

rompeuse

omme tantde mêmenature

ue

la

première

forme

de visio

spiritualis

qu'il

a connu dans la forme

traditionnellee

l'apparition.

/

Les

remarques

ue

nous avons

pu

faire

ci n'ont

soulevé

qu'un petit

nombre des

problèmes

ayant

trait à

l'illustrationdes

Miracles de

Notre-Dame.

Il

y

apparaît

que

même

lorsqu'elle

se donne

comme

développée

n

scènes,

'illustration

e

constitue

as

un

récit

magé régi,

sous

tous ses

aspects,par

un

système

odé. Elle est

peut-être omparable

dans son

rapport

ux «lois

d'organisation»

u textede

Gautier

de Coinci

dans

son

rapport

u

schémade la

structure u

contede

Propp.

Aussi

utiles

qu'ils

soient,

ni

les unes ni

l'autre ne

rendent

ompte

de

ce

qui

tient n

65

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propre

la

peinture,

aches

de

couleurs,

u

à l'écriture e Gautier

qui

est

aussi celle de ces

longues

séries

de

jeux

de mots

qui

enferment u

terminent

haque

récit

de miracle.L'illustration

donc

pour

fonction e

donner

voir t de

plaire

à

l'œil,

ce

qui

nous renverra u sens

qui

lui est

donné

en

français

du XIII

ème

siècle et

qui

en rend assez bien

compte

celui

d'apparition.

66

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Fr 22928

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Bernard

CERQUIGLINI

LES

ÉNONCIATEURS

GAUTIER

La mere ieu

qui

est

a

lime

Qui

tout

scure

t tout

slime

Escur

rdaint

t estimer

Por

ses

myracles

iau

rimer

La

langue

Gautier e

Coinsi

(Prologue

u

ivre

,

v.

325-329)

Achevant

on

prologue,

autier

e

Coinci

e

place

toutnaturellement

sous

a

protection

e celle

à

qui

est dédié

son

ouvrage,

t

qui

en est

a ma-

tiere

même t le san.

La

protection

emandée e

touche

uère

la

spiritua-

lité

du

narrateur,

t ne concerne

as

la valeurmorale

de ses récits

elle

est

réclamée

our

e

métier

oétique.

Tout

comme

Chrétien

e

Troyes

'adres-

santà mie autreMarie,Gautier evendiquees seules ainne t antancïon.

Au-delade

la

modestie

onvenue

u

propos,

t

malgré

a

réflexion

erson-

nelle de Gautier

ur

a

vanité

nscrite ans e

signifiant

scrivain,

'est

bien

la commune

evendication

'un

métier t d'une écriture.

rotestation

in-

gulière

'un

moine

out dévoué

u culte

mariai,

reffier

odeste

es hauts

faits

de

la

Virginité

ainte,

mais où s'entend 'assurance e

porter

u

plus

haut a fonction

oétique.

68

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Se détachant ur a monotonie érielle u conte

pieux,

e textedu miracle

tel

que

Gautier 'énonce

frappe

ar

son

ampleur.

'ambitionittéraireéclarée

épaissita narrativitéu conte,problématisee genre. 'il est vrai uelegenre

littéraire

édiéval

e

trouve a définition

ue porté

ses

imites,

n

une

explo-

ration éflexive

xtrême,

autier onde e miracle. l'inscrit

ans a tension

des intertextes

'où

l'œuvre

médiévale ire son

sens,

nventante

miracle

commeChrétien

nventee roman. rois

voix,

iées à des traditions

'écriture,

énoncent

e

texte

du miracle.

La

première

st d'autant

plus

perceptible

u'elle

est attendue. e

mi-

racleest un récit ref n

vers,

ui

renvoie omme el à une

tradition.crire u

Moyen

Age

n'est

pas

séparable

e l'ensemble es formes onton esthéritier

d'autresmains nt

précédé

a

sienne,

a voix est un écho. La liberté

assepar

la mise n conflit

es

formes t des structuresraditionnellese l'énonciation

esthétique.

u

plan

le

phis général,

e

miracle

apporte

ne

aventure,

éfinie

selon un

code narratif

imple.

Une

situation

ysphorique

etrouve n

équili-

bre

euphorique

râce

à

l'intervention

djuvante

e Notre-Dame.

n

ce

sens,

par

leur

mise en

série,

es Miracles onstituent

'exploration

élébrée

de la

fonctionnarrative 'adjuvant.Les textes atinsqui ont servide source à

Gautier,

assemblés

ar

Mussafia

1),

laissent oir n

transparence

eur

propre

origine

la

mouvance

es contes

ppartenant

la culture

opulaire

t folklo-

rique,

dont on sait

qu'elle

est une source

plus vigoureuse

ncorede la littéra-

ture

française

t cléricale

u

XlIIe siècle.La belle demoiselle londe

qui,

par

trois

fois,

repoussant

e sa

baguette

n

animal

urieux,

auve e vieuxmoine

éméché

qui

titube

par

le

cloître,

ne

nous

trompe as

:

c'est une fée.

Cepen-

dant,

dès on

que

ces aventuresont

énoncées u

seinde la littératuree an-

gue vulgaire,lles rencontrentn cadre d'énoncéqui préexisteu récitde

Gautier. a

séquence

de structuresarrativeslosesrenvoie la forme

u

«ré-

cit

bref

n

vers»,

et retrouve

ne double

tradition. elle

du

fabliau,

ont e

personnel,

a

thématique

exuée t

la

prétention

oralisantee sont

pas

étran-

gers

u

conte

pieux.

Celle surtout

u

lai,

qui

traduit e contact vec 'autre

monde

que

l'on

songe

Lanval

qui

doit sa fortune t sonhonneur etrouvés

à une créature urnaturelle.hacundes miracles

onstitue,

omme

hezMarie

(1) Mussafia.,Ueber ievonGautiere Coinci enütztenuellen,enkschriftener

EätAHai

derWinetuchaftemu

ien,

LIV

1896),

.

1-37.

69

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de

France,

l'aventure

'un

utre

ai».

Cette

reprise

'un

code énonciatif

'est

pas

masquéepar

Gautier,

ont

e

texte

porte

trèsostensiblementes

marques

d'une

allégeance.

On en a

pour

preuve

es

prologues,

onstruitsvec

plus

de

soin t de

régularité

ue

dans

'or-

dinaire es

contes

pieux.

La

rhétorique

abituelle e

présentation

est em-

ployée

elon

es deux

modes

principaux.

'oralité

l'appel

u silence

tenez

i-

lence

bele

gens )

est

ustifiée

ar

a

qualité sthétique

t

spirituelle

e ce

qui

va

suivre

l'écrit

l'attestation

ar

e

témoignage

t surtout

ar

e livre

Mes

ivres

me dit

et revele

,

référencextraculturelle

u

ongleur

on

sachant,

st

reprise

et fondée ar 'écritureléricale.

On

atteintci une

voix

dominante,

elle

du

clerc

omme

nonciateur.

ue

le

conte

pieux

soit ié

à

une tradition

'hagiographie

t de

catéchèse st évi-

dent

c'est toutefoisa structure êmede

cette

prise

n

charge

ui importe

chez

Gautier.

'aventure

ue

rapporte

e récitbref

st

spirituelle,

e

contact

avec l'autremonde

participe

e

la Révélation.l

importe

onc

de

donner n

sensà

l'aventure

apportée

cette

émantisation

st

opérée

par

Gautier

n

po-

sition e

dominance,

elonun

processus

métadiscursif.

e

miracle 'est

pas

ex-

posé à découvertu seinde l'espacehomogène uRévélé, eulementlosépar

l'énonciation

léricale. elle-ci

st chez Gautier

onstituante

il

n'y

a

de

mira-

cle

que

pour

autant

ue

la voix du

clerc

désigne

ne

aventureomme elle.

Ce

processus

deux

étages,

'altérité

aïque

et

in-signifiante

e

l'aventure

tant

maintenue

fin

de

permettre'épiphanie

ocale

du

sens,

ie a notion e

miracle

à

son

écriture. e miracle

st

un

texte,

t 'humble

agiographie

ariale

st

e

lieu d'une

vancée e 'écriture.

Ce

processus

st llustré

u

plan

exical

par

a distributiones

termesmi-

racle

et

merveille

Le

premier

ppartient

u

prologue

Un

doz

myracle

uel e-

traire),

ù il

remplace aradigmatiquement

es

conte,

venture,

ablel

etc.

du

récit

bref,

e

discours lérical

renant

e

masque

du

ongleur.

Miracle

igne

e

discours

t

le

délimite

l'aventure

pour

signe

nique

a

merveille

2).

L'évé-

nement

trange

qualification

nattendue

'un

disqualifié)

st aissé son

alté-

rité,

dont

témoigne

'étonnement es

spectateurs

Chascuns

e tient

grant

merveille

.

Gestuelle

e

l'incrédulité

on

se

signe

ouche

bée),

défaut

'intelli-

gence on regardeansvoiret sanscomprendre),tupeur énéraleTuits'en

(2)

Poirion Le

MerveiUeuxansa

ittérature

rançaise

u

Moyen

ge

Paris:

UF,

982

70

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merveillent

ol

et

sage).

L'intervention

léricale

établit

e sens.Le narrateur

(ou

par délégation

n

clerc,

'Eglise,

Notre

Dame)

désigne

a nature ivine e

l'aventure

merveilleuse,

établit'unanimité

es

fidèles,

éssillees

yeux

Por

e

myracle

u'apert

virent).

'épiloguepeut

s'engager

ès lors sousle

signe

de

la maîtrise

u

sens

Ces

myracles

os

certefie

.

.)•

La narrativité

inéaire

u

récit st ainsi

prise

u

jeu

du

miracle

t

de

la

merveille

qui

est

sa structure

signifiante

De une noble

ame

de

Rome

I

Mir1

8)

Discours lérical

Un

haut

miracle

mout

piteus

v. 1)

Aventure

«Fines

merveilles

ui

verrez

. .»

(v.

177)

C'est

grans

merveilles

uant

ne font

v.

202)

Adone

n'i

a ne

clerc

ne ai

Ne

se

mervalt

outdurement

v.

582)

Nes 'emperere'enmerveillev. 586)

Cui metez

us

a

grant

merveille

Dont

touz

i

mondes

'esmerveille

v.

594)

Tuit

'esmerveïllent

ar

a sale

v.

610)

«Sainte

Marie ainemais

n'avint,

Fait

'emperere,

ex

merveille

Sovent e

saigne

t

esmerveille(y.

54)

Por e

myracle ui

tuit irent

v. 669)

Cist

myracles

ien

nos

ensaigne

v.

685)

Le miracle

st

un

acte de

langage

t

n'existe

as

hors

de

'énonciation

er-

formative u

clerc.

On voit a force t

l'assurance

e

l'écriture léricale

u

XlIIe

siècle,

maîtresse e la

prose

ailleurs,

omme

lle est maîtresseci

du

récit

agiographique.

C'esttoutefois netroisièmeoixquifaita richesse t a singularitéece

71

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texte.

Les Miracles

de Notre Dame

effectuentne

opération

ittéraire

ils

participent

la

propagation

n

langue

ulgaire

u

culte

mariai ils

mpliquent

doncau seindu discours ieuxunereprésentationouvelle. 'esteneffet ne

dame,

oute

puissante

t

bonne,

ue

chante e

clerc

sa

voix e mêle

d'autres

voix,

liées

à

une tradition

ittéraire la

lyrique

ourtoise.

'hagiographie

devient in'amor. n sait

commente texte e Gautier

éveloppe

ne

érotique

de la

Vierge,

e

culte

mariai

'énonçant

ar

un

débordement

u

désir

masculin.

C'est

toutefoisa

question

u

langage

ui

nous ntéresseci.

Le

lyrisme

nduit

par

la célébration

mariale

déborde

e

narratif,

ettant n cause

la

langue

finalisée

u

récit.Ce n'est

pas

le moindre

aradoxe

de

ce texte

prosélute

ue

s'y

déploie

un

usagegratuit

u

langage,

ne

esthétique

u

signifiant

l'hagio-

graphie our

Gautier

st

fondamentalement

ne

dépense.

Plaisir

musculaire,

en

somme,

ue

ce

plaisir oétique

3),

lié

sans

doute

la

tradition

onastique

de a manducation

u

texte

iblique,

électation

ourmande

u

nom

proféré

La savoreuse

eochade

Qui

me

refait

oute

a bouche

Luez quema angue npeui touche

(IMir

11,

v.

2010-2012)

Et ce n'est

pas

un

hasard

si,

ouvrant a

terre,

n trouve ouvent es roses

dans

a bouche

de ceux

qui

furent évoués Marie

le

miracle onsacre ette

poétique

e

'oralité,

ont

Gautier ait ne

pédagogie

e a

récitation

Gl ne

s'aquite

bel ne

gent

Ne tasaveur esmozn'entrait

Qui

ne

siaumoie n

peu

a

trait.

(I

Mir

9,

v.

156-158)

ainsi

qu'une

théorie e

l'écriture.

ne

réflexion

ur e

langage

st au

centre

du

dispositif

ittéraire e

Gautier.

Travaillere

signifiantroduit

du

sens.

Dans

sa

progression

'écriture etrouvee

geste ui,

depuis

sidore

et

usqu'à

72

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Brisset),

onne ne valeur

ntologique

l'étymologie

Adès

fuisse

es

escrivainz.

Maismout ost

ui,

uant

scri,

ains.

(I

Mir

11,

v.

2301-2302)

putois

vaut

une

erminete

Putois

ut

toz,

rmine stnete.

(Ibid.

v.

1259-1260)

La

rime,

isposition

mémorable e la

chaîne

signifiante,

st

un

travail

ur

a

languedont Gautier érite. n comprend u'ily consacre onénergiet que

l'octosyllabe

omanesque

eçoive

hez

ui une

structure

omophonique

'une

complexité

t d'une

richesse

ui

font date

4).

La rime

quivoque, u'il

a

nommée,

rticule ne suite e

phonèmes

n deux

découpages

morphématiques:

Trop

ont

rélat

ilain t rude

A

celz

qui

viennente

¡'estude.

S

uns e celz vient uiestudient

tNe

te

conois.

Qui

es tu

dient.

(I

Mir

11,

v.

1089-1092)

Ces rimes

quivoques

nt le sérieux u calembour elles

sont

une

réflexion

sur 'arbitraire

u

signe,

t la

perception

'une

syntaxe.

i l'on se souvient

de

la

métaphore ar

aquelle

Gautier

ésigne

'homosexualité

La

grammaire

hic a hic

acopple f

Mais

naturemtûdist

a

coppie),

on est

frappé ar

e souci

grammaticale lliagiographe. e parsa culturemaisaussiparune intuition

presque

akobsonienne,

autier e Coincine

sépare

pas

la science

e a

langue

du métier

oétique.

L'épilogue

du conte

pieux

fait entendre out

particulièrement

ette

énonciation

yrique.

n en

prend

a mesure n

comparant

ur e même hème

un conte

nonyme

t celui de Gautier.

'épilogue ue

ce

dernier eint

'enga-

ger

ous e

signe

e la

maîtrise

léricale ourne

ourt,

t surun mot

générateur

s'achève n une sériede versdont

'homophonie énéralisée

éborde a

struc-

(4)

Lote

G.,

Histoireuven

ronçais.

aris

Boivin,

951. ome

I,

p.

SO

q.

73

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ture es

rimes

quivoques,

éonines t

dérivatives

En

leur

rreur

nt

trop

uré

Si

durement

ont duré

Que

plus

ont

ur

ue

pierre

ure.

Certes

aushom

ui

les

endure

Ne doitmie

onges

urer

.

.

(I

Mir

12,

v. 131

sq.)

Cette

écriture estive

typique

rouble

e scribe

du

manuscrit

qui

ajoute

parfoisn fineun coupletmoralisant,aitsur d'autresrimes.Biffant insi

le

lyrisme

e

Gautier,

l montrea

prégnance

u

modèle

raditionnel.

Les

modes dénonciation

ue

nous

avons

décrits

ne

sont

pas

attachés

à des

zones

textuelles

mais eulement

ominantst

significatifs

ans 'énoncé

du

prologue,

u

récit,

e

l'épilogue.

l

convient

our

finir

'insister

ur

eur

tension. ls ne

constituent

as

la

topologie

u texte

du

miracle,

mais e

dyna-

misme

même

de

son

écriture.

n

ce

sens 'énonciation

oétique

est

à saisir

comme

une

pulsion

raversant

es deux autres.

Ainsi,

e

maître

mot du

pro-

logue, ilence estéquivoqué, aisant pparaîtree mouvementypothétique

et

donc a

gratification

otentielleui

est

en ui

:

Entendez

uit,

aites

illence.

N'i a si

fol que

s'il

en

ce

Que e

dirai

ien e

remire

. .

(I

Mir

2,

v.

1-3)

Sur un autre

plan

:

Gautier

apporte

'histoire e

la

nonne

qui

s'épuisait

à

saluer

a

Vierge

Marie,

abitudemauvaise

ue

NotreDame vient

n

personne

lui

ordonner 'abandonner. a

bénéficiaire

u

miracle un

nom

:

Eiilaile

et ce nom

signifie

e

geste

lémentaire e

l'interdiction

:

lai

le

/),

micro-

cosmenarratif

ue développe

e discours

e

Marie

Cest

malvais

s

as

eü. Lai

le.

Je t'en hasti, ille ülaiUe.

(I

Mir

9,

v.

99-100)

74

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A

l'évidence,

ette

histoire

oit moins

des

sources ointaines

t

confuses,

qu'à une rêverieurunsignifiantatronymique.

Nous avons enté

de définir

e

genre

u

miracle el

que

le

pratique

autier

d'une

façon

nterne,

t

certes

non

exclusive,

ar

la

confrontation

e trois

types

raditionnelsénonciation.

eci a

mis

en lumièrea

vigueur

e

la

prati-

que

poétique

au

sein du

conte

pieux,

et laissé entendre

ne réflexion héo-

rique

qu'il

faudrait

pprofondir.

es

Miracles

élèbrent ans a

dépense

elle

dont 'assomptionst emanque ondateurutexte oétique la Langue.

75

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Shara

CHENNAF

LA

RUBRIQUE

-

UNE UNITÉ LITTERAIRE

La

rubrique

tantune

unité

inguistique

pposée

à un texte

on esttenté

de

l apparenter

un

titre.

Or

l analyse

des

rubriques

es

Miracles e

Notre

Dame

de

G.

de Coinci

1)

remet

n

causecette

dée. En effetes

variantes,

ar

leur

construction,

eur

contenu,

e

révèlent

tre

un

texte,

ne

unité ittéraire

qui

a son

propre

onctionnement.

onctionnement

rammatical,

émantique

et idéologique. e dernier ointmontre u il se créenonseulementnrap-

port

ntre eux textes

maisaussientre e texte

u

manuscrit

t e rubricateur.

Il

ne

s agit

plus

de la

présentation

un

textemais

d une ecture

e

celui-ci,

sous

divers

ngles

t selon es

rubricateurs.

en

résulte

ne

séquence

extuelle

réduite

n

position

métadiscursive

ar rapport

u récit

qu elle

introduit.

Les

données

ue

fournissent

es

rubriques

nt

permis

e

dégager

ne

typo-

logie.

Nous

obtenons

insides

rubriques ui

se classent

omme

équence

mini-

male,

rdinaire

t

maximale.

La

séquence

minimale

st une

rubrique

asée

sur

e

principe

e l écono-

mie

d énonciation.

lle se

compose

e

plus

ouvent un

syntagme

ominal,

u

deux

et se caractérise

ar

absence

de

verbe,

ar conséquent

e

procès.

On

peut

donc

dire

qu elle

n est

pas

une

séquence

vénementielle.

lle

ne

présente

pas

un

fait

mais

un

état.La non-relation

une

ction n cours

u

passée

donne

un

aspect

d inachèvementoire

d amputation.

e

qui produit

n effet

in-

(1)V.F.Koenig,esMiracleseNostreame arGautiereCoinciGenèveDroz 966

76

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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complétude uisqu il

y

a

rupture

vec

un

ordre,

ne

ogique

qui

s oriente

ar

rapport

une

action,

elle-ci

onférant

u

mouvement

un

récit.

Cependant

la

séquence

minimale

roduit lutôt

ne

miseen situation

u une

mise

n

ac-

tion.Et il me semble

que

ce

procédé

accordedans

un

sens,

une

part,

vec

le

récitde

miracle,

uisque

actante

éelle

st

a

Vierge

t,

d autre

art,

ou-

ligne,

met

en évidence ans

a formuler

idée

que

l homme st

agi

et

qu en

fait

c est

l accomplissement

e la

volonté ivine

ui

prévaut,

ui

est à

prendre

n

considération.

L étude a

permis

e

subdiviser

e

type

de

séquence

minimale n

trois

or-

tes

dont

a

plus simple

st

représentéear

a

séquence

ominale.

es

variantes

du

Mir

23.

p

224. nous n fournissent

n

exemple

- B - Des cincroses

-

D

-

Des

cincroses

-

F

-

De

cinc

roses

-

EM

-

De

quinqué

osis

L énoncéest condensé

n

un

syntagme

ominal

eprésentant

a substance

du

miracle.

n

effet e

Mir.23.

elate histoire

un moine

qui

a

composé

n

psaume ommençant

ar

es

cinq

ettres

u nom de la

Vierge

à

sa mort

inq

rosesfurent rouvées ans sa

bouche.Le miracle onsiste onc

en une méta-

phore ui exprimeepassage unexercice ral n uneconcrétisationsublima-

tion)

de celui-ci.

est cette

métaphoreui

a été

privilégiéear

es rubricateurs

ci-dessus.

e

ce

fait e miracle

st

énoncé

ans

tre

xplicitement

ormulé. es-

sence

du

récit

e trouve insi

projetée

par

cette conomie

énonciation

ni

actant,

ni

intercesseur,

i

circonstances

alourdissent

a

projection.

e

qui

à

la fois

ouvre e

texte

puisqu il

st

présenté

ar

son

point

entral,

oint

lé,

et

de

plus

donne sa force

à la

rubrique. épouillement

ui

se cristallise

ans

l imaged unbouquetde roses.L imaginairest ainsi ctivé ar a beautéde a

représentationui

focalise attention

usqu à

en

devenir

resque ypnotique

d autant

lus que

le sens

glisse

ers e merveilleux

t

que

le texte st

placé

ur

le

registre

u

conte.

La

rubrique

u manuscrit axée

surun

personnage

D un

simple

moisne

est

une

séquence

ctantielle

omposée

un

actant,

e bénéficiaireu

miracle,

précédé

un

prédicat.

intérêt

ourne utour

un

sujet

mis

dans

une

certaine

situation

ar

a

scène

qui

le

qualifie.

i

ces deux

composantes

e donnent

as

77

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d indicationsur es

événements,

lles constituent

amorce

d un

récit.

Cepen-

dant

a

séquence

st

plus

faible

ue

la

précédente.

lle a

moins

d impact

ur

l imaginaire.

effet e

choc

visuel)provoqué

ar

es

cinq

roses

st

beaucoup

plusproductif ue ne l est a banalerubrique e B car e sujet,ne ouantpas

sur

e

merveilleux,

veille outau

plus

a

curiositéans

aptiver

attention

ar-

ce

qu il

met

en

place

un

autre

rapport l imaginaire.

a

première

ubrique

joue

sur

e

registre

e

l esthétique,

u

symbolique

t

du

fantasmelors

que

la

seconde e situedans e

quotidien,

e

rationnel,

es

histoires e moines

e

de-

vant

as

faire éfaut.

Mir18

p

130

:

L

-

De une noble

dame

de

Rome

Mir12

p

95 : F

-Dou

fil

un

fuis

Autresvariantes e séquences ctantiellesentréesur un sujetaffecté un

prédicat

ui

se

réfère

une

appartenance,

ociale/locale

18),

religieuse

t

aussi ociale

12).

La

première

ésulte

e

a mise n

rapport

une

ctante

vec

une

classe

ociale,

a secondede

celui

d un

actant

vec

un

autre.

e

cetteder-

nière

e

dégage

n

effet e

dédoublement

ar e

premier

ujet

st

déterminé

ar

le

deuxième,

t la relation

iliale enforceette dée.

D où

une

potentialité

c-

tionnelle t une

ouverture

ers n

récit. a

présence

e deux

ctants

ont

un

est

déterminé

ar

autremet e

premier

n

état

de

faiblesse,

rammaticalement

et effectivement. s ensuit n

rapport

e force

ui

induit ne situationon-

flictuelle.

Les

séquences

minimales

ues

usqu à

présent

e

comportaient

as

de

syn-

tagme

erbal.

a

troisièmeérie

résente

es

rubriquesomposées

vec

un

syn-

tagme

erbal t

parfois

irconstantiel

Mir 12

p

95. A :

Del

juif

qui

gita

son

enfant

n

aforneise

en

faisoit

es voir

Mir12

p

95

B

:

Dou

juif

verrier

ui

mist

on

filz

u

fournaut

Miseen scènede deuxactants n situation e conflit ont e premierxercice

une

agression

ur

e

deuxième.

e

n est

apparemment

lus

une

simple

mise n

situation,

exposition

un

état

commedans

es autres

équences

maisune

ac-

tion

avec

des

antagonistes.

u

lieu d être

uggéré

u

indirectementmorcé

n

récit

igure

ci

(brièvement).

ependant

e

n en

est

pas

moins

enre

e

séquen-

ce

minimale,

lus

complexe

ue

les

deux

premières.

ais

bien

qu elle

mette

en

scène une

action,

a

rubrique arde

ette

caractéristique

inachèvement,

d incomplétude.

une

part

parce

que

l action

énoncée

qui

gita

son

enfant

78

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en

la

forneise...)

st

un

prédicat

ituante

premier

ctant

del

uif),

donc

un

syntagme

ctionnel

ui

s inverset devient

situationnel»utrement

itun

fait

qui

devient

resque

n

état. D autre

partparce

que

l économie

énonciation

joue quand

même

bienque

la

rubrique

e soit

pas courte),

e contenu

e

rap-

portant

un

moment

onctuel

u

récit. e

dernier

eprésente

élément ausal

dans e

déclenchement

u

miracle.Ce

qui

a

permis

e

désigner

ar

séquence

causal

cette troisième

atégorie

e

séquence

minimale. n

peut

même l ex-

trême

onsidérera

rubrique

u

manuscrit

du Mir.18

omme ne

séquence

causale

-

De une

noble

dame de Rome

que

le deable cusa

a

l empereur

omment

le

avoit en un

enfant

e

son

filz

et

commentle

murtri

enfant

u

ele

voit u de

sonfilz

11

n est

pas question

ci d économie ans

énoncémais a

ponctualité-causalité

est

représentée

ar

que

le

deable

cusa

a

l empereur

oute a

suiten est

que

la

causede cette

ausalité.

La

rubrique

i-dessus st

ongue

maisreste

nachevée. autres

par

ontre

présentent

n

aspect

omplet

uquel s applique

éanmoinséconomie

énon-

ciation.Ce ne

sont

pas

à

proprement

arler

es

séquences

minimales,

ais

plu-

tôt un

genre

ui

seclasse ntre a

séquence

minimalet a

rubrique

normale»,

ordinaire.

eux rubricateursn fournissentn

exemple

B

-

Mir

0

p

285

:

Dou

pendu ue

NJD.

éfendi

e

mort

N

-

Mir

0

p

181

:

D une

abbeesse

ue

N.D. visita

Séquences

lliptiques, onctuelles

ellesmettent n scène e seul bénéficiaire

du

miracle,

intercesseur

t le

miracle. est e moment e

ce dernier

ui

est

privilégié,

n

acte

essentielaisi u vif

Tableaudes

séquences

minimales

Nominale

Des

cinc

roses

Actantielle

D un

simple

moisne

Dou

fil

un

fuis

Causale Dou

juifverrierui mist onfilzau foumaut

79

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enclave

hostilité ans a relation ntre

ils t

N.D. De

l elliptiqueusqu à

la

séquence

i-dessuse

dégage

ne dominante ans a construction.

Tableaude la

séquence

rdinaire

Actant

Prédicat Actant

Action

Menace/3e

ct

Elliptique

D une

abbesse

0

que

KD.

visita

0

Ordinaire D un clerc griefmalade queKD, sana 0

DeVabeesse

0

que

KD.

délivra

de

grant

ngoisse

De

un

moigne

0

que

KD.

délivra

du

dyable

Deu

fil

du

uif

que

KD.

warda

du

fu

On

remarque

ue

l action

de l intercesseurst ntroduite

ar

une rela-

tive

n

que

De ce fait

actant

e bénéficiaire

u

miracle,

st

placé

en

posi-

tion

passive

t

devient

objet

d action.D ne

oue

plusqu un

rôlede déclen-

cheur,

u

plutôt

d écran

récepteur.

côté

de cette

construction,

l s en

trouve

autres

ù

la relativest

ntroduite

ar

qui

ou

à

qui.

Dans la

premiére

érie

n

distingue

es

rubriques

ont a

composition

rend e

même

effet

ue

celles ntroduites

arque.

Ainsi B

:

D une

bor-

geoisse

de Rome

qui

fu

enceinte e

son

filz

que

KD.

délivra.

e deuxième

prédicat ui

fu...

en

expose

un

état t situe

e

sujet

dans a

passivité,

action

privilégiée

emeure

onc celle

de

NX).

L effet

e

récepteur

st encore

lus

accentué

uand

actant

staffecté

unerelative

prédicat ommençant

ar

à

qui

:

A

:

D une noble

fame

de Rome a

qui

son

enfantut

charnelementt

fu

jugiee

a

ardoir t

KD. la

desfendi

ar

sa

grace.

De

cette

ttribution

e

dégage

une sorte

d irresponsabilité

e l actante

placée

dans

le

non-agir.

81

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Autrementit a

syntaxe

éculpabilise

a

noble

fame

de

Rome

et

charge

e

filsmis en situation actant.

élément

ausal

de

toutes es

séquences

p-

parait

presque

omme

ndépendant

e la volonté e

l actant

1 du

bénéfi-

ciaire.

Cependant

autres

xemples

mettent n scène

un

actant

1

agissant

N.18

D une dame de

Rome

qui

eut

un

enfant

e

son

fil

que

N.D.

délivra

de

son

mesfait.

A.16

D un

moine

ui

s enivroitu

soir

uant

l s aloit ocher li

deables e

volt

uer

tNJ). le

desfendi

e ce

peril.

Deux,

voiretrois ctions e combinent

où un

mouvement,

n

enchaîne-

ment

ctionnel

ui

ne

sont

plus

réservés

la

Vierge.

Au

contraire

haque

sujetparticipe otentiellementu activementla production événement.

La sorte

de mise n attente

ui

caractérise

es autres

équences

e

se

mani-

feste

pas

ici.

La

circulation e l action ntensifie

énoncé

et aboutit la

création

d un

drame n

miniature.

insi,

de

l économie

d énonciation

n

passant

ar

a

séquence

rdinaire

ous

aboutissons ce

qu on peut

nommer

une

séquence

omplète

u

maximale.

D un

syntagme

ominal

usqu à

l élaboration

un

petit

récit,

a

rubri-

que présente

ivers tades

de

complexification

e

divers léments. e

qui

permet

e

suggérer

nschéma e a

rubrique

déale

qui

serait

-

l actant bénéficiaire

u

miracle.

-

la situation

ù

se

trouve

actant a cause

de

intervention.

-

la

menace,

irconstances

e

celle-ci.

-

l intercesseur.

-

les circonstanceselon

esquelles

e

déroule

e miracle.

-

éventuellement,

a «substance».

Ainsiunecombinatoiree ces diversesonnées ourraientrganiseresru-

briques

ussi

omplètes

ue

possibles.

Présentée e

cettemanièrea

rubrique

ourrait

assimilierun résumé.

Mais

ce

n est

pas

le

cas car elle n est

pas

a

réduction

un

récit.Aussi om-

plète

oit-elle,

ne

séquence

maximale

este

n

texte imité nous

rejoignons

l économie

d énonciation un

autre

niveau.Cet

élément

mis

à

part

nous

avons

vu

que

les

rubriques

arient elon

es données

uisées

dans e

texte

82

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inclus a

faute ans

eurs

noncés,

autres nt

censuré

e fait.

En

ce

qui

concerne

e

premier

iracle

inq

rubricateurs,

.

D. F. E.

M.,

ont

opté

pour

une

séquence

minimale,

resque

oujours

a même D une

noblefamede Rome seule

variation

ame

u

dame).

Pour e second ussi a

majorité,

.

D. F. EM. N.

S.,

a choisi a censure.

a

morale

incontestable-

ment

oué

un rôle

mportant

ans

cette

omposition.

l

s agit

ien

à d une

démarche

ntentionnelle,

e

sujet

raité tant

mmoral,

rovocateur.

n cen-

surant es rubricateurs

nt

sans

doute

montré

u ils

condamnaient

e fait

gardant

insi

eur

distances

ar

rapport

celui-ci.

Mais

ce

qui

est curieux

c est

que

certains

es

rubricateurs

ui

ont

signalé

inceste

our

e Miracle

18,

ont

glissé

ur e

péché

de abbesse

N. S.).

Est-ce

arce

ue

l histoire

e

la romaine e situedansunpassé ointain t qu elle peutêtre hargéeans

risque

lors

que

la conduite

e la

religieuseisque

de scandaliser

Auquel

cas

l vautmieux aire

on

«mesfait»

Censure

oui

non

Mir18 L. D.F.E.M. A.B.N.S.

Mir 0 L.

D.

F.

E. M. N. S.

A.B.

Le caractère

orcément

imité

de cette

étude a rend

rès

ncomplète.

Une

analyse

lus

approfondie

e tous es manuscritses

Miracles e

Notre-

Dame

révélerait

ans

doute d autres

endances,

autres

ratiques.

1 erait

peut-être

nvisageable

e

dégager

ne

«logique»

de

la

rubrique.

es

Mi

racles

de Notre-Dame

résentent

ivers

extes

ossédant

ne

unité héma-

tique

le

miracle,

e

personnage

e Notre-Dame.

l

serait ntéressant

éten-

dre

étudedes

variantes

d autres

enres

e

récits

t d établir

es

comparai-

sons.

85

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Brigitte

CAZELLES

EN ODEUR

DE

SAINTETE

Les Vies de saintsne font

pas partie

un

domaine

gnoré.

n les

édite,

on

es

répertorie,

n en

étudie

authenticité

epuis

es

siècles. aléo-chrétienne

ou

médiévale,

hagiographie

onstitue

n matériau

e

choix

quand

l

s agit

d évaluer

es

rites,

e sonder ne certaine

manifestation

e

pratique

eligieuse.

Et

ce,

tout

particulièrement

our

es

adaptations

n

langue

ulgaire,

émoins

privilégiés

u

processus

e sacralisation

ui

explique

et

favorise

e culte des

saints

1).

Ces

poèmes

hagiographiques

e destinent un

public

dHllitrati

ils

ont

récités

evant ne assemblée e

fidèles

eu

ou

point

rompus l alpha-

bétisation,

t

partant,

enus relativement

l écart de la science

religieuse

et

de

sa formulation

atine.

En ce

sens,

es Vies

françaisesulgarisent

ensei-

gnement

fficiel t

se

font e

reflet e la

mentalité

e leurs uditeurs. sont

proposées

es

paraboles

e

vie

religieuse

odelée ur

Jésus-Christ,

ù

les saints

incarnentes

exemples

articulièrement

emarquables

e vertu hrétienne.

Or ces exemples, hagiographierançaisea quasi systématiquementes

chercher ans es

périodes

e

fondation,

ux

temps

e

l Église

ersécutée

u

primitive.

travers

e

martyr

t

l ermite,

stcommémoréene vie de renonce-

ment u monde une

mort,

n fait iolente u

lente,

t

paradigme

u

compor-

tement

éroïque.

Textes

d édification,

es Vies

construisent

n monument

à

la

mémoire e ces

modèles

premiers

les saints

ont

à les

bâtisseurs

e la

(1)

Cet

rticle

inspire

n

partie

un

uvrage

ur

e

Corps

e

saintetéconsacré

quel-

ques

oèmes

agiographiquesrançais

es 2e t 13e

iècles

sous

resse

Genève,roz).

86

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Chrétienté,

eilleurs

arce que

fondateurs.es Vies sont

ussides textes

e

rétrospection,

la

louange

de modèles

disparus,

t meilleurs

arce

que

dis-

parus

les saints

ont a

mesure

e ce

qui

n est

plus,

d un

comportementui

n a

plus

son

pareil.

Textes n

somme e

conservation,

es Vieshonorentn ses

saintsune

imitation

articulière

e

Jésus-Christ,

ne conduite

alquée

sur

a

Passion.

D

y

a

donc

ressemblance

ntre es

saints

t

leur Modèle

premier

mais

non

entre

es saints t leurs

uditeurs,

omme e

signale

éjà

un

goût

certain

our

e

dépaysement.

est

en effet

mpossible,our

es

auditeurs

es

Vies

françaises,

e

revenir u

temps

des

martyrs

t

des

premiers

rmites,

û

leur est

pareillement

mpossible

imiter es

manifestations

articulières

de vertu.

Martyrs

t ermitesncarnent

ne sainteté

éroïque,

n sacrifice e

soi au superlatif ils sontréciproquementnimitablest exceptionnels. il

était

question

de les

imiter,

e

message

es

Vies

serait e fait

un

message

e

mort mais

comme

dification

etrospective,

hagiographierançaise

llustre

une différenciation

acrée,

ntre e modèleet

le

fidèle,

e mort t le

vivant,

le-

isparu

t e

présent.

On

reconnaît ci certains

léments une

interprétation

acrificielle

e

l ordre

ocial

2).

Dans les textes

fondateurs,

n

effet,

est

sur

un meurtre

initial

ue

va se fonder

a cohésion

de la

communauté. ccusée t

sacrifiée,

la victimemissaire st aussidivinisée,u nom des bienfaitsulturels

u en-

traîne sa mise à

mort.

l

en

résulte ne association

ymptomatique

ntre

violence t

divinité,

ssociation

ui

a

pour

conséquence

innocentera

com-

munauté. ontre ette

acralisatione la

violence,

a

parole vangélique

ient

proposer

n modèle de vie

qui

puisse

précisémentupprimer

e mécanisme

de la

victime

missaire.

es textes

vangéliques

ont,

utrement

it,

des textes

de fondation

ans

sacrifice,

union ans

ntermédiaire,

imitation

ar

réci-

procité.C est surces derniersointsque porterae présent rgument,our

évaluer

a

participation

e

l hagiographie

rançaise

une

lecture

non sacri-

ficiellede

l évangile.

ar

cette ecture

va

déterminera valeur

édagogique

des

Vies de

saints,

e

sensdes

rapports

ntre

éros

t dévots.

(2)

Ce

bref

xposé

ésume

analyse

ue

RenéGirard

ropose

u

«mécanismee

a

vio-

lence ondatrice»

La

Violence

t e sacré

Grasset,972)

t

de a désacralisation

vangé-

lique

de

la violenceDes

choses achées

epuis

e commencementu monde

Livre

I,

Grasset,978).

87

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Héros

sacré

On

peut

certes

parler

de héros

à l endroit es saints

ue

célèbrentes

Vies françaises. ignesprémonitoirese leurnaissance, nfances récoces,

aventures

ou

mésaventures hors

du

commun,

martyres

t morts

ublimes,

tout tend à

distinguer

e

personnage.

t,

par rapport

ces

éléments

excep-

tion,

on

appréhende

e

que

pouvait

être a réalité

uotidienne

u

public

externe,

est-à-dire

es

dévots

qui

s adressaita

récitationes

Vies

de saints.

Cetteréalité

u

public

prend

iteun

aspect

de

matérialité,

n

son sens

e

plus

concret

y

faitcontraste

e

dépouillement

éroïque.

Le héros

ommence n

effet

ar

se défaire

stensiblement

es biens de

ce

monde.

Parmi es

mani-

festationses plusfréquentese cet éloignement,n peutciter le renonce-

ment

l espace

ocial,

eigneurial

u

citadin,

our

une

clôture

un

autre

enre

et

souvent

mplantée

ans la nature

auvage

le faitde ne

pas

manger

e

viande,

ne

boire

que

de

l eau,

ne

pas

dormir

3).

Cette

étape

initiale

e la

sanctification

onne

ieu à

un

comportement

immobilisme

on

la

qualifiera

de

perfection

ar

distance

t

par

omission,

uisqu il

agit

de se détacher e a

vie

commune

t de

a réalité

uotidienne.

La

démesure

éroïque u incarnent

es

saints

èse

du

poids

de

son nso-

lite

;

car l écart

ocial

et

topographique,

e

séjour

dans a

desertine

i

oncier

espinois

etc.)

vont

l encontre

e

la

coutume,

urtout

our

des

personnages

que

les

hagiographes

omans

noblissent

l envie.

A

cet herbier

ouvent

hostile,

ajoute

un

bestiaire

olontiers

nirique.

aune

et

flore ervent

enca-

drer t à

désigner

e sacré la flore

arcequ elle

dramatise,

ar

se densité u

sa

parcimonie,

exceptionnelle

ndurance u héros

et

la

faune,

arce u elle

épargne

t entoure e

saint,

u

degré

premier

u

pastorat.

t

si la

pastorale

caractériseogiquementes récits agiographiquesonsacrésux saints rmites,

elle n en

aisse

pas

moins on

empreinte

ans

des

textes

nspirés

une

autre

typologie,

els des

Passions,

rodant ur

des

étymologies

oologiques,

otani-

ques,

etc.

(Agriès/

gnus,

gneau

MmgaeúteMargarita

perle).

La

pastorale,

c est

ici

un

retour

ux

sources,

ne

remontée ans e

Temps,

u

plutôt,

n

arrêt

u

temps.

(3)

Les

exemples

rémitiques

t

ascétiques

enverront

rincipalement

ux

Vies

de saint

Jehan aulus

éd.

L.

Allen,

niversity

f

llinois, rbana,

935,

.

84-127)

t de saint

Jehanouche Oréd.H.Dirickxander traeten,iège,931).

88

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En

effet,

dans

cette

représentation

rchaïsante

u

séjour érémitique,

la culture itadine u

campagnarde

a

plus

cours. Ne

sont

valorisés i le

déchiffrage

i le

défrichage,

ais insertion

u

hérosdansune

écologie rigi-

nelle,

marquée

par

l inversion

u

cuit

en cru. Grâce à

un

régime

erbivore,

le saint

chappe

la

putréfaction

omme la viebrève

4).

Il n est

pas pour

autant

n

homme

auvage

se laisser

bsorber

ar

a

virginité

e a forêt u du

désert

erait,

n

fait,

e condamner

u

néant.Pour

apprivoiser

a nature au-

vage,

e saint

mpose

a

marque,

fragmente

espace

par

es

cloisons e bran-

chages

de sa

cellule,

l

découpe

e

temps

elon

es

Heuresde

l Office

ivin,

accédant

insi

une «immortalité

elative»,

i

vraiment e ce

monde,

i hors

de ce monde.

A cet nstant u récit,e saint st dansune situation e parfait quilibre,

tant

qu il

maintient

ette

équi-distance

ntre

a culture t la

nature,

ntre a

société t le

désert,

omme ntre e

temps

humain t l arrêt

u

temps.

Mais

la retraite

u

saintdans a

nature

auvage

ne

peut

être

qu une

étape.

Écart

et invisibilité emandent être

respectivement

omblé et

perçu,

faute de

quoi

le

culte

du

saintn aurait

as

lieu.

Dans a

logique

des

Vies,

l est néces-

saire

n

effet

ue

le héros

oit

publiquement

econnu

t

désigné

omme

aint,

et

partant, ue

sa solitude

renne

in.

Avant

épisode

narratif e

la recon-

naissance, ependant,e conteur oitprouver ses propres uditeursu ils

ont

véritablement

ffaire

un

saint.

Tel

est

e but

du

séjour rémitique,

ui

meten

reliefes traits

istinctifs

e

la

perfection.

n a

déjà

noté

e caractère

exceptionnel,

éritablement

ontre

nature,

e

l immobilisme

éroïque

en

choisissant ne

vie d abstinence

t

de

chasteté,

e saint

nterrompt

olontaire-

ment

e

rythme

yclique, ue

ce soit

celui

des

saisonsou des

généalogies.

Il se

situe

par

conséquent

n

dehors u

processus

e

corruptibilité

t

de

mor-

talité,

râce

un

contrôle bsolu

ur

a

matière. es raisons e

cette

maîtrise

proviennent

une

combinaison

ignificative

ntre in-humain

par exemple,

la flore t la

faune

auvages)

t

le

sur-humain

telle

a

perfection

ar

omis-

sion).

En

somme,

e saint

représente

n

élémentmédiateur

ntre a nature

et

la

culture,

médiation

ui

fait

pparaître

n

nouvel

lément,

elui

du

sacré.

A

cet

égard,

a

découpe

des

Heuresn estni

totalementactice

i

totalement

humaine.

lle s inscrit

ans

un

lieu et

temps

utres

ue

le

temps

es

horloges

(4)

Claude

évi-Strauss,

e

Cru

t

e

cuit

Pion, 964),

.

153-202.

89

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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et

des

saisons,

la

ville omme

la

campagne.

ette

urimposition

u

temps

monastique

ur

e

temps osmique

ignale

intronisation

u héros ans

e sacré.

Dans

l atmosphère

hristianisante

u

folklore

hagiographique,

l

n est

pas étonantde voirque les conteurs éveloppentn prioritéa dimension

bénéfique

u

sacré.

D une certaine

manière,

l

s agit

de

textes

e

persécution,

le

héros

est ostensiblement

nnocent,

ar rapport

l imperfection

es

fidèles

qui

son

histoire adresse.

l arrive

outefois

ue

les Vies

françaises

relatent histoire e

pécheurs

epentis,

t

que

les

récits assent tat d une

défaillance

ors

du

parcours

u héros

vers

a

perfection.

el est

e

cas

de Jehan

Paulus

pendant

on

séjour rémitique,

e

héros

ublie es

Heures,

t

redevient

la

proie

du

temps,

u

sens

il en

perd

oute

notion. a nature

auvage

even-

dique alors ses droits, t la cellulede branchagesst bientôt valéeparla

Forêt

5).

En

revanche,

e

sacré

bénéfique

ommence vec cette distinction

d un

héros

apable

de

résister la nature

auvage,

urvie

ue

les Vies romanes

ont tendance décrire n termes e

gestuelle.

n dira

par

exemple

ue

le

héros

«ne

cesse

de

psalmodier»

6),

en

insistant

ur e

caractère dmirable

d une telle

répétition,lus que

sur

on

contenu

on

insistera

ur

attitude e

l orant,

lutôt

ue

sur on

aptitude

l oraison. e sacré extériorise

n

«mar-

ques»

: c est l insomnie

t la récitation

soit un

état

prolongé

e

veille,

ne

manifestation

uperlative

e

prière

qui place

e saint

u-dessus

e la réalité

(5)

Or

epaierons

Jehan

Qui

ait

ar

e forest

ensant,

En

anblanche

ivre

asant

Une ure

mont

t autre

val,

Grantalent defaire al

Voloitmordrir

thome t

fame.

N a

mais

ule

aour

e

ame,

Tout

perdu

our

e

meschine.

Ilnedist espresematine,

Ne

nule

ure

ui

oit u

our.

Jehan

aulusvers

226

q.

Cettedéfaillanceemble

ontrediree

principe

noncé

lus

haut

de saintetéomme

exceptionnelleerfection.

lle

fait

ourtantartie

u

processus

e

sacralisation,

omme

on everra

lus

oin.

(6)

Janefinast

e

verseiller,

Ne

de

uner

e

de

veiller,

A

bien aireert

ous

es

cors

Dame ert

i

ame

t erse cors.

Jehanouche Or49

sq.

90

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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quotidienne.

n veut

un héros ans

commune

mesure vec

l ordinaire,

ais

l imagination

es

hagiographes

e

conçoit

exceptionnel

ue

commeune

exaspération

es

pratiques

humaines.La

perfection ar

ensauvagement

t

immobilismeeprésente,anscetteoptique, neatrophie esusages ormaux,

une

déformation

u

concept

ascèse.

La

première

onséquence

de

ce littéralismees Vies

romanes

onsiste

à

prêter

leurshéros

une

démesure

ertainementdifiante

ais

ux

antipodes

de

l imitation.

n

effet,

a

sanctificationu héros

prend

acine ans

excès,

comme

i

les

murs

u

domaine,

e

a ville u

même

u

couvent

étaient

oint

propices

cette

forme

e

perfection.

semble

égitime,

n

second

ieu,

de

parler

e

sacralisation,

e

préférence

sanctification,

ans

a

mesure ù

les

textes

français

ccentuentes traits

nvraisemblables,

el l insomnie

long

terme.

Autrement

it,

es Vies

privilégient

a

perfection

bsolue

plutôtque

les

manifestations

raisemblablese vertu.

nfin,

ette sacralisation

ravaille

surdes données

oncrètes

exil

naturel,

égime,

mploi

du

temps

au

détri-

mentdes

qualités

morales

ue

ces

données

evraientn

principe

xtérioriser.

Il en résulte n

portrait

téréotypé

e

l ermite,

ersonnage

ncommuniquant,

muet,

trange,

ref,

rêt

devenir ictime.

Cettepremière tapede la sacralisation uhérosdiffèreuelquepeude

l interprétation

ythique roposée

n

introduction.n

effet,

l n est

uestion

ici

ni

de

meurtrenitial

ni

encore d accusations

ortées

ontre a victime.

Et

cependant,

ertainsndicesnous

y

préparent

on

pressent

ne

rencontre

imminente u héros

et de

la

foule,

t

ce

que

cette

rencontre

ourra

voir

de

violent.

e

qui

ressort lairement

e

l épisode

rémitique,

est

que

s y

élabore

un

processus

e

différenciation

ntre e saint

et

le

public

-

que

ce

soit

es

témoins

nterne

u

récitou les

auditeurs es

Vies. Les témoins

isquent

e

reconnaître ans e modèletout ce qu ils devraienttreet tout ce qu ilsne

sont

pas.

Cette

différenciatione relèvedonc

pas

d une

absence

de ressem-

blance,

mais bien

plutôt

d une

ressemblance

uperlative.

analyse

e la

ren-

contre

ntre e héros

t les

témoins

a

permettre

e

circonscrire

e

passage

u

sacré u

sacrifice.

91

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Héros sacrifié

Tous

les

saints

de

l hagiographie

e sont

assurément

pas

des

ermites.

Néanmoins,a majoritédes Vies françaisesontconsacrées ux martyrst

aux

ermites,

rédilection

ui

révèle ne

représentation

acrificielle

e

la dif-

férence

7).

Le cas

des

martyrs

st

évident,

ar

présenté

omme assion

celui

der ermites est

moins,

u

d une

manièremoins

directe t moins

onsciente.

C est

pourquoi

l

importe

e

s y

arrêter

e

d examiner inévitable

ransforma-

tiondu

sacré

n

sacrifice

Inévitable,

uisque

e

personnage

u

saint

uscitedeux réactions

ucces-

sives

et

inverses

on

a

nommé

hostilité

t

la reconnaissance. evenons

notrehérosmaintenantrémitiséhirsute, oirci, maigri ar les privations

et

le

grand

ir

8).

L heurevient e

mettre

in

l exil,

u coursde

péripéties

d une

mportance

ci

secondaire. e fait

st

que

le héros

reprend

ontact

vec

les

hommes,

lors

que

rien

ogiquement

e

l y

oblige.

Pourquoi

e

retour,

pourquoi

cette

nterruption

u

temps

mort,

inon

pour

que

soient

mis

en

œuvre

es effets e

la différence.

es

traits

articuliers

u

héros,

es

marques

de sa

sacralisation,

aintenantournés

n

spectacle,

uscitend

aborddes

interprétations

égatives.

l

devient

ictime,

mais

cettevictime

eut paraître

innocente u

coupable,

selon le

regard

es témoinsnternes. ar

exemple,

le

martyr,

nnocentdans la

perspective

hrétienne,

st

toutefois

oupable

de

dissidence

ociale,

t

mêmede

sorcellerie,

uand

on

considère

on

nsen-

sibilité

magique

tout

au

long

des

séances

de tortures

ui

caractérisentes

(7)

Certains

téréotypes

tares

hysiques,

raits

arginaux,

rimes

onstrueux)

ermet-

tent

identifier

e

processus

e la

sélection

ersécutrice.

a

collectivitée

différencie

ainsi e la

victime,

u elle

eut

lors

ccuser e toutes

es

transgressions.

est

e

qui

ressorte

l ouvrage

e R.

Girard,

e

BoucémissaireL auteur ous généreusementprêtén xemplaireactylographiéqu il n oit ciremercié.

(8)

Li

prodomegarda

ermite,

Qui

a car

tnue

t

despite.

Pales

stoit,

aunes

t

vers,

Maint al voit

ü

i

clers.

Aval

esgarda

t

mont,

Nel

ouneiist

or

out

e mont.

Peius

stoit

t

nhermis.

Jehan

aulus,

357

q.

92

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Passions

9).

Quant

à

l ermite,

n

l accuse

au

besoin

de crimes

ont

l

n est

pas

nécessairement

esponsable.

Mais

qu il

le soit

ou

non,

e

crime

u on

in-

voque

à

son

propos

st

toujours

u

même

ype

monstrueux

inceste, omicide,

lubricité

xcessive,

acte

avec

le diable

10)

.L anormalité

eut

aussi bien

résulter

une

forceexcessive

héros

doté de

pouvoirsmagiques) ue

d une

faiblesse xcessive

héros

marginalisé),

e

l extrême

eauté ou de

l extrême

laideur.Le

résultat

st

identique

la

foule c est-à-dire

es

témoins

nternes

du

récit

faitface

à cet

ndividu

ui

n est

pas

comme

lle,

ou

plutôt, u elle

ne veut

pas

semblable

elle-même.

ermitemendiant

e

voit donc invaria-

blement

ejeté,

moqué,

voire

ccusé,

n

un

mot,

ictimisé

1 1).

D n est

pas

question

de

s interroger

ur

authenticité

une

telle ccusa-

tion,pas plusqu ilne serait pportun e remettren cause a pseudo-histori-

cité

de

saints

pour

a

plupart

pocryphes.

es

Vies

romanes

ous

en disent

moins

ong,

évidemment,

ur e

personnage

u

saint

que

sur

e

public

ainsi

édifié.

Ce

public

pourrait

rouver

âture

moralités ans es

textes

mêmes

de

l Écriture

ainte. Le fait

qu il

lui

préfère enseignement

agiographique

-

préférence

l

est vrai

guidée

par

es

interdits

fficielsontre es traductions

de

la Bible

-

est

symptomatique

une

mentalité acrificielle

lutôt que

réflexive.

e

héros

st vénéré cause de ses

signes

téréotypés

e distinction.

Ces héros e distinguente la masse, ar la masse es distingue elle-même,

mais

ls

ne

se

distinguent

as

entre

ux,

sinon

par

ces

emblèmes

ue

e

moyen

(9)

Voir

ar

xemple

a

Viede sainte

hristine

2029

q.

éd.

A.

Ott,

rlangen,

922)

ou

l unedesversions

u

13e

siècle e la

Viede

sainte

gnès

version

,

541

sq.

éd.

A. J.

Denomy,

ambridge,

assachusetts,938).

(10)Voir,

espectivement,

es Viesde saints

régoire,

ehan

aulus,

arie

Égyptienne,

Théophile.

(11)

Capturé

ommenebête

auvage,

ehan

aulus

st

xposé

evant

a

cour uroi

de

Toulouse

Pares uatre embreseprent,

Toute

i

moustra

droiture

Deseuretdesous

a

nature,

Adont

ot

mout

rant

isee.

Qui

e saintisme

ome

aboient,

Tout nvirone

deboutoient,

Mout

ar

i font

ontetmartire.

Jehan

aulus,

718

q.

et1739

q.

Voir ussia

Vie

e aint

lexis

266

q.

éd.

G.

Paris,

hampion,

974).

93

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âge

tardif

eur attribue

roue,

tour,flèche,

hien

12).

A

regarder

e

près,

on

constate

ue

de

tels

emblèmes

envoient

ous

ndifféremment

un

épi-

sode de

victimisation.

a

première

tape

de

sacralisation «orientation»u

sens

propre ui éloigne

e saintde la

civilisationccidentale est

en

fait

un

processus

e

différenciation

râce

uquel

e

public

xterne

ésigne

es héros.

La seconde

étape

-

qui

n est d ailleurs

ar toujours

econde dans

l ordre

diachronique

u

récit

-

correspond

une

interprétation

ociale des diffé-

rences

passion

du

martyr

orturé

ar

les

païens,

dépréciation

u héros

par

des

témoins

veugles

u

hostiles

13).

La

dimension

xceptionnelle

u

martyr,

manifestée

ar

son

insensibilité

orporelle,

envoie accusation

ur ceux-là

mêmes

qui

accusent. our

ermite,

est

également

on

apparence

hysique

qui suscite hostilité. es accusateursèchent armanquede charité t de

générosité,

la

suggestion

ue

l aumône

st e

premier

evoir

u

chrétien.

Quand

le

hérosest

réellement

oupable

des

crimes ont

on

l accuse,

n note

encore e

caractère xcessif e ses

crimes,

eflet

u

désir es

accusateurs

e se

différencieradicalemente

l accusé

14).

Il

apparaît

onc

que

l accusation st

structurellement

écessaire,

u elle

est

e seul

élément

uthentique,

t

qu elle

s adresse

u héros

pour

faire

de

celui-ci

ne

victime.

ourquoi,

ar

exemple,

vénérera mémoire es

grands

écheurs epentis,

inon

parce

que

la démesure

de leursméfaits nexorcisea communauté Il s ensuit

ue

esnotions inno-

cence et

de

culpabilité

e

jouent

aucun

rôleréel

en ce

sens,

aints

epentis

et saints

héroïques

font

partie

du

même

panthéon,

t c est un

semblable

processus

de sacralisation

ui

les

rend

remarquables.

ces

manifestations

d exception,

ait

pendant

a réalité

ntentionnellementrdinaire

u

public.

Ainsi,

es

fautes

ommises

l égard

du

saintn ont

qu un

pouvoir

éniel,

el

le

péché

social contre aumône.Ces

manquements

l hospitalité

ontdonc

excusés et présentés omme e résultat une méconnaissancen somme

innocente.

e

saint

n étant

as

encore

econnu,

l

est

pour

ainsi

dire

égitime

craindre

n

mendiantous

qui

se

cache

peut-être

n

brigand.

(12)

Catherine

Alexandrie,arbara,

ébastien,

och.VoirL.

Réau,

Iconographie

de

art

hrétien

Paris,958),

ol.

II.

13)

Voir,

armi

es

nnombrables

xemples,

a

Passion e saint

eorges

ar

imund

e

Freine

éd.

J. E.

Matzke,aris,

.A.T.F.,

909),

t

a

Vie

de sainte

arine

555

sq.

éd.

L.

Clugnet,

evue

e

Orienthrétien

8, 1903,

.

288-299).

(14)

Viede

sainte arie

Egyptienne

versionu

13e iècle

24

sq.

éd.P. F.

Dembowski,

Genève,

roz, 977).

94

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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De

fait,

ermite st

souvent

décrit,

est-à-dire

erçu,

comme

un

être

plus prochede l animal ue de l humain.Au terme e son exil érémitique,

une extrême

maigreur

ou

laideur,

dans le cas des

femmes

marque

a

personne.

il est

vêtu,

c est de lambeaux.Une abondante

ilosité ignale

son

séjour

dans

e

désert,

l

parlepeu,

ou

mal.

Bref,

l sent e

bouc

et

l étran-

ger,

l

est

prêt

à

servir

e

bouc émissaire

15).

Et

comment

xpliquer

ette

transformation

hysique

arrapport

u

motif e immortalité

elativessociée

à

l immobilisme

L ermite

imposé

a

marque

ur

a nature

auvage

brancha-

ges

transformés

n

cellule,

temporalité

ransformée

n

permanence.

ais

à

son tour a nature

auvagemarque

ermite, ès l instant ù celui-ci

uitte

son antre

naturel,

emblable

n

cela aux

héros

celtiques

yant

cru

passer

trois

ours

dans

Autre

Monde.

Trois ents ns se sont n fait

coulés,

endant

lesquels

e

paysage

naturel t social a

changé

de

contours

16).

La réaction

étonnée

u

douloureuse

u

hérosn est

donc

pas

étonnante. ar

contre,

ans

le contexte

hagiographique,

areille

réaction

ppartient

u

public

nterne

et non

au

héros.

Et

s il

y

a d abordtendance u

rejet,

est

véritablement

en termes

immunologie

soudé dans

on

hostilité ace

à

l insolite,

e

public

fait masse

contre

intrus.

Ainsi,

a

santé

de la

communauté e

peut

mieux

se vérifier

ue

par

ablation e cette

xcroissance.

Cette

première

éaction ède

rapidement

a

place

à

une

réaction

nverse,

celle de

l admiration,

ar

l intermédiairee

signes

enant

pectaculairement

démontrera dimension

énéfique

u sacré.Ces miracles

ex.

:

résurrectione

celui

ou

celle

qui

a

provoqué

a

persécution

u

saint,

message

ngélique,

oix

divine

par

la

médiation un

nouveau-né)

ont

souvent ordre uditif

17).

Au charivari e l accusation, uccèdemaintenantharmonie e l adoration.

(15)

Vie

e ainte haïs

dans

e

Poèmemoral

1205

q.

éd.

A.

Bayot,

iège,

929).

(16)

Lai

de Graelent

580

sq.

;

éd.

M.

O Hara

obin,

enève, roz, 976).

Voir ussi

Jehan

aulus

vers

229).

(17)

Voir

es Vies

de saint ehan

aulus

1912

sq.),

aint lexis

vers

71

éd.

Paris,

p.

7)

et sainte arie

Égyptienne

125

sq.

;

éd.

Dembowski,

.

162).

J.

Morawski

ite

quelques-uns

es nombreux

xemples

ù

figure

e motif

e

enfançon

iraculeusement

doué

de la

parole,

La

Viede saint

ehan aulus.

rigine

t évolution une

égende

médiévale»,

Lettres

omanes

1

(1947),

.

27-29. es

manifestationsiraculeuses

ren-

nent ussi autres

ormesensorielles

olfactive

Agnès,

ersion

,

263

q.

éd.

Denomy,

p. 199) visuelle,ommear xempleans a Viede sainteoy 529sq. ; éd. A. T.

Baker,

omania

66, 1940-41)

t a Viede saint

rançois

3360

sq.

;

éd. A.

Schmidt,

Leipzig,

905).

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D une même

voix,

es témoins

ntonnent

n

Te

Deum

laudamus

qu accom-

pagnent

es sonneries

e

cloches t

les

chœurs

es

couvents.

hacun,

n

sa

langue,

célèbre

a

reconnaissance,

outes

ces

voix s accordent

l unisson.

Le mutisme u hérosen estd autant lus remarquable.ors de l accusation,

ce

silence

oppose

aux

moqueries

e la

paroleprofane

au

moment

e

ado-

ration,

l se

distingue

u

chant

eligieux.

e silence

st

celui

du

sacré,

est-à-

dire

d un

éloignement

xcessif

u bruit t

de

la

culture,

e la

noise

et de la

bombance

18).

Aussi

e

héros,

maintenant

éintégré

ans e social

on

le

lave,

on

l habille,

n le

nourrit)

t

festivementntroduit

ans a

cité,

este-t-il

epen-

dant

en

marge

des

rapports

umains.

a vénération

e la

foule

e

projette

maintenantu

plus

haut

de

l échelle ociale

comme

vêque

ou

comme

ape),

le réifiedans une fonction e médiateuru extérioriseattitude iératique

du

personnage.

on

désir

de

solitude,

es

aspirations

ersonnelles

ont

une

dernière ois

sacrifiés

19).

On

le

promène

ans

es rues de la

ville,

vêtude

royale

façon,pour qu ait

lieu

l attouchement

ui

va

dispenser

uérisons

t

rédemptions.

e son

vivant,

e

héros

st

déjà

bel

et

bien ransformé

n

relique.

Héros

fondateur

L image

de

la sainteté

ue

présentent

es

Vies

françaises

st

conservatrice

(18 Nausea,

oise il

y

a

isomorphisms

u

gustatif

t

de

l auditif,

omme

analyse

Lévi-Strauss,

e Cru

t

e

cuit

p.

299.

(19)

Apres

voir

endu la vie a

fille

u roi

de

Toulouse,

ehan

aulus,

eut

egagner

sa

retraite.aise

roi

ndécideutrement

Il

dist

u el

os

demouerroit,

Sa

penitanchearferoit.

Lesiecle oute t es esrois.«Nel ites,ire» aiterois.

«Petit

equieut

ui

petit

emme.

Chi

ne auveriésous

une

me,

Maisa forsmil

n auveriés

Quant

e

bel

miracleront

ire,

Que

por

ous

fait

ostre

ire,

Vos

ermonsolentiers

rront

Et

vos

uemandements

eront

Deu»veut

ue

moustrés

o

avoir.»

Jehanaulus,975 q. t1783 q.

96

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au

sens

où,

centrée

ur es

hérosdes

temps assés,

lle

favorise

a distanciation

entremodèles t

fidèles. out fonctionneomme

i a violence

u

renoncement

était

a seulevéritable

esure e a sainteté. autodafé

u

martyr

n

témoigne

dramatiquement,

t

l appel

du

désert

prend,

à

aussi,

des

accents

xcessifs.

Le héros est saint

parce qu il

se sacrifie on

peut

maintenant

jouter u il

est saint

parce

qu il

est

sacrifié.

es

héros ont

certes,

urtout ans

e

cas

des

martyrs,

es

victimes

nnocentes

les

Passions ont

bien,

par

conséquent,

des textesde

persécution.

ais ce

sont

vant out

des textes

acrificiels,

ans

la

mesure ù

le

martyr

meurt

la

place

des

autres

hrétiens. el

qu il

est

incarné ans

es

Vies

françaises

e

martyr

este n effetnsensibleux

tortu-

res.

Rien ne rend donc sa mort

nécessaire,

inon a

logique

du mécanisme

émissaire. es portraits e martyrs,t pluséloquemmentncored ermites,

révêlent,

e la

part

du

public,

ne

nterprétation

ythifiante

u

sacré.Cette

interprétation

e

manifeste abord

par

une inversion e

l espace

fléché. ar

si la Passion

ait

de

l homme n

archer louant

e divin ur a

croix,

es fèches

mythiques

ont

au

contraire

origine

éleste t

dispersent

ur

terre

a

triple

malédiction

e

la

peste,

de la famine t de la

guerre.

ntre a flèche

t

sa cible

humaine,

l

faut

nterposer

n

bouclier

apable d interrompre

e

processus

de

contagion

la

personne

u saint

a ittéralement

emplir

et office.

On voitdoncque la mortdu hérosestnécessaire,mort ue la Passion

du

Crucifié urait

pourtant

û

rendre

nutile,

ans

a

logique

d un

christia-

nisme

démythifiant

a violence.Mais

e

saint st ci révélateur

unementalité

encore

plongée

dans e domaine

acrificiel.

e

que

la

mort

du héros

dévoile,

c est une

capitalisation,

u

projection

ers a

céleste,

ue

les Vies

françaises

illustrent

on

s en doute

-

de

tangible

açon.

En

effet,

i

l étape

de

a

sacra-

lisation mis en relief indifférenceu saint

l égard

du

corps

ntier,

elle

de son sacrifice ccentueplusprécisémente rôlemétonymiquee la tête.

La

décollation

u

martyr

e

prouve

pectaculairementquant

à

l ermite,

a

promotion

n

pape

ou

évêque

e

propulse

u sommet e

la collectivité

chief,

chef)

20).

La médiation

u

saint inscrit

insidans

un

espace

de

verticalité,

(20)

Jehan,

ui

mout t e

euer

in,

Esliirentout estrel

siege,

Et i

proierent

e

clergié

Otroiésu elhaut

apitre,

Tant

u il

rist

e

croche

t e mitre.

Jehan

aulus2050

q.

Voirussi régoireJehanouche Or

97

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rapport

de

cause à effet

ntre

puanteur

t

persécution.

ictime missaire

grâce

uquel

e collectif

affirme,

e saint st sacrifié

u

bénéfice

e

la com-

munauté.

Dans

l hagiographie,

es

bénéfices nt tendance

se

manifester

littéralement.

n met ur e même

pied

a

guérison

t a

rédemption

surtout,

on associe nvocation t

protection

21).

C est

pourquoi

es miracles ont i

souvent

hérapeutiques,

t

c est

pourquoi

ls

s accomplissent

mmédiatement

après

invocation.

rononcer

e nom

du

saint,

elle st a

formule

écessaire

et suffisante

our

qu ait

ieu e

miracle.

l égard

u

cultedes

saints,

n

parle

avec

justesse

de

pratiques,

n raison

de cet

aspect

verbal t

mécanique ui

passe

sous

silence

exercice

plus

lent et

progressif

e

l apprentissage

e

la

vertu.

uand

es

dévots émerveillent

u un

saint oit mort

n odeurde

sain-

teté, l y a là aussi unereprésentationittérale u phénomènee la sainteté.

Et si l on

songe

l indifférencee ermite

uant

ux

soins

d hygiène,

a bonne

odeur

qui,

à

l occasion,

e

dégage

e sa

dépouille

rend

éritablement

n

carac-

tère

miraculeux. e miracle este

toutefois

ogique

dans

le mécanisme e

sacralisation.

ubitement,

a

part

terrifiante

u

sacré devient

ourcede

bien-

faits,

a

pourriturengendre incorruptibilité,râce

laquelle

e mort

peut

transmettrees

germes

e

vitalité.

est

dans cette

perspective

u on peut

parler

e

différenciation

alutaire,

our

irconscrirene sainteté

ncore ondée

sur inimitable.

(21)

Les

miracles

osthumes

n font

à

l interminable

reuve.

oir

es Viesde

saints

Edmond,

douard,

vroul, icolas, eneviève,

odwenna,

tc.,

ù

esdévots

etrouvent

guéris

e

paralysie,

écité,

urdité,

ossessions,

ièvres

iverses,

aux

nternes

t

xternes

plus

u

moins ien

iagnostiqués.

e

qui par

ontre

st

ouligné,

est e caractère

mmé-

diat tdéfinitif

e a

cure.

99

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Claude-Henry

OUBERT

Directeur u Conservatoire'Orléans

GAUTIER

DE COINCI

ET

LA

PEDAGOGIE

MUSICALE

La

littérature

édiévale

t

Gautier

de

Coinci

ont

nspiré

n

musicien

et

un

compositeur.

ous

publions

on

témoignage.

Médiévales

Depuis

quelques

années,

renseignement

e

la

musique

a

pris,

en

France,

une

si

nouvelle

mportance

ue

la

littérature

nstrumentale

l'usage

des

élèves des

conservatoires t

des

amateurs,

connaît

une

extension

ans

précédent.

Les

compositeurs

ne

manquent pas

d'idées

musicales t

pédagogiques, ependant

outes es

nouvelles

œuvresdoivent

être

pourvues

'un

titre,

t cela

pose parfois

problème.

Les uns

utilisent

des

intitulés

ui

ontfait

eurs

preuves

«

1er

concertino,

ème

concertino,

3ème...,

Pièce

pour

flûte,

Prélude

pour

guitare,

1er

solo,

2ème

solo,

3ème... D'autres

s'essaient

ans a

fantaisie

«Claribulle,

Clarinettissimo,

Sans

tambour

pour trompette)».

ertains

font

onnerhaut

les mots du

modernisme t de

l'espace

:

«Airbus75»

ou

«Appolo

17»

pour

clarinette,

«Mystère

pour

flûte

Parfois

l'inspiration

manque

et des

séries de

morceaux

ortent

es noms

de

couleurs u

de

fleurs,

emblables

ux noms

des

ruesdans

quelque

cité

de

banlieue...

Amené publierdesœuvrespédagogiques, 'ai commis, ommemes

collègues,

es

Suites,

des

Thèmes

t

Variations

des

Romances...

Jeme suis

100

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bientôt

ourné

ers a

langue

du

Moyen

Age,

minede vocables avoureux t

expressifs

même

'ils demeurent

incompréhensibles»).

'est

ainsi

que

les

catalogues

e

sont nrichis

?)

de morceaux ntitulés

A la relevée

our

4

flûtes,

Escampative

pour

4

violons,

Estive

pour

cuivres,

Berbican

pour

flûte t

piano,

Define oie

hesbahi

pour

clarinette t

contrebasse.

Ou encore

.

Chanson

de

Guilbert,

hanson de Perceval de

Gautier

deGuigemar, e Milun etc.

Ces

titres

nt

été choisis

pour

eur sonorité

A

a

Relevée

,

ou

parce qu'ils

étaient

porteurs

d'une

image simple

{Escampative

=

escapade,

promenade

Berbican

=

Berger

Estive

=

Trompette).

Ils

ont

été

donnés

après

la

composition

de

l'œuvre,

et

donc sans

influence

urelle.

Il n'en va

pas

de même

pour

une

série

de 12 morceaux

crits

our

es

enfants

es

cours

préparatoires

2ème

ou

3èm année

d'études).

Pour ces

12

pièces

ntitulées

Ballades

en

hommage

Gautier de

Coinci»,

e titre

précédé

'œuvre.

La

«langue

de

Gautier

de Coinci»

est si vive t si

musicale,

lle

couvre

-

n

tel

ambitusde

sensations,

ne telle

variété

'événements

u'elle

est un

réservoir

népuisable

d'images,

où le

concret t

l'abstrait

'interpénétrent

facilement

t où les

contraires

ont sans cesse en communication. ien

qu'au

servicede la suavitéet de la

douceur,

Gautier

parfois

souvent )

vocifère.

u milieu

des

«florettes»,

aigné

du «savoreus ai» de la

«virge

Marie»,

a

oue

près

de sa

«mámele

mmielée», autier,

ui pourtant

bien

suce entre es dents»

e doux

nom

de

la

«pucelle»,

aisse monter n

lui,

avec

l'ivresse e

l'écriture,

ne

sainte fureur

ui

le dresse contre

es

juifs,

es

incroyants,

es

ongleurs,

e diable...

Le

sang gicle,

es

pustules

ouvrent

es

corpspuants

on

brûle,

n

viole,

es

boyaux

ortent es

ventres,

lleluia

Une

telle

richesse

'expressions

xtrêmes onvient u

langage

musical

dans lequel chaque élémentpossède en lui-même son contraire les

intervalles,

a

dynamique,

e mouvement

ont

«renversables»).

'idée

101

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d'utiliser

e talentde

Gautier

était tentante... et

hommage

musical ne

peut

être

considéré

ommeun

regardparticulier

t

intéressant

orté

ur

l'œuvre

du «moinede Saint-Mart».

l

faut

y

voir,

au

contraire,

a force

jeune

et neuve

de

ces vieux

«myracles»

illés

sans

honte)

par

un lecteur

enthousiaste.

Les 12 ballades sont

écrites

pour

12

instruments

ifférentsvec

accompagnement

e

piano

très

acile

Ballade de la

fontaine

e

douceur

pour

violon

Ballade

de

Théophile

our

lto

BalladedeVymagete la samblancede NotreDame pourVioloncelle

Ballade du

grant

broillaz

t de

Vopscurte

our

Contrebasse

Ballade

de

la

roseede Mai

pour

Flûte

Ballade

de la

fleur

novele

pour

Hautbois

Ballade

de

Vesmeraude

our

Clarinette

Ballade

des

cinc rosesnouveles

our

Basson

Ballade de

V

nfantuif

pour

Cor

Ballade de

la

glorieuse

e

gloire

pour

Trompette

Ballade de lapuissantdamecelestre ourTrombone

Ballade

du

moigne ue

Nostre

ame

délivra ou

dyablepour

Tuba.

Ces

12 morceaux rès

ourts

3

minutes)

ont

bâtis

sur6

thèmes

-

douceur

de la

Vierge,

-

Lumière

de la

Vierge,

-

Thème

des

anges

-

Majesté

de la

Vierge,

-

Thème

du

diable,

-

Thème

de

la

prière

u

pêcheur.

La

succession

de ces

thèmes,

eur

variation,

eur

opposition

ont

de

chaque

ballade une «aventure» acilement

ompréhensible.

insi,

dans la

ballade

pour

violon,

a

«douceur

e la

Vierge»

st brutalement

nterrompue

par

e

diable,

mais a

lumière

irginale éapparaît

le

pécheur

e

repent,

la ballade se

termine

ar

révocation

e la

puissancemajestueuse

e Marie.

Le tuba au

son si

grave

et

particulier,

aconte

es

mésaventures

u

moine vrogne,a trompettet le trombone ont es interprètesrivilégiés

des

fanfares

majestueuses

e la

Vierge,

tc.

102

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En

somme,

ne sorte e bande dessinée

musicale

qui

est,

comme

n

Y

vu,

moins nhommage u'un pillage.

Cette

réalisation

simple

et

puérile

mériterait

es

plus

violents

sarcasmes i elle étaitdestinée

u

concert

ou

à la

postérité).

Mais

réservée

au

travail d'enfants

de

7

à

13 ans

environ,

lle est en

premier

ieu

pédagogique

t

apte

à

faire

rogresser

es élèves

du

moins lle

essaie)

dans

l'apprentissage

e la

technique

nstrumentale.

Mis

au service

e r«Embasmeerose de novel

espanie»,

es

exercices,

gammes

t

arpègesparaîtront

«tant

oen,

tant

douz,

tant

debiteuz,

T

ant savoreuz

t

tant slit»

que

les

enfants

uront

grant

élit»

les

réciter,

'autant

plus qu'assurés

des faveurs

de

la

Vierge

souveraine,

l

leur sera facile

d'imaginer

mille

diableries.

103

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mariai.Mais

ils sont ussi

édificateurs

t édifiants

édificateurs

arce que

la moraleet la religion trouvent ne nouvelle ffirmation. autier veut

célébrer

Marie.

Il

compose,

à

et

là,

des

manifestes,

ffirmant

es

vertus,

les

qualités

de

la

Vierge

dont l'un des

exemples

est une

application

rhétorique

u

Credo,

fondement

e la

foi

«

En'iez

tu dame

des

archangeles

Ennez siez tu deseür

es

angeles

Lez le coté

et a la

destre

De

Jhesu

rist e

roi

celestre

»»

(I

mir.

16).

Le

récit

des

miracles,

lui-même

est affirmation es

fonctions

auxiliatrices t

consolatrices

e Marie

: n'accouche-t-elle

as

une

abbesse

avant

terme

pour que

son

évêque

n'ait

point

connaissancede

sa

faute

I

mir.

20),

ne reconduit-elle

as, gentiment,

endrement

même,

un moine

ivre

usqu'à

son

lit

pour

ne

pas

qu'il

trébuche

t

tombe

dans les rêts

du

«dyable»?

D'ailleurs

«

Tuit

i

myracle

ostre

ame

Sont ipiteuz t dozparm'ame

N'es

nus

qui

bien

es

récitast

Cui

toz

i

cuersn'en

apitast»

(I,

mir.

19).

Cette affirmatione l'excellence

de

Marie,

du fait

que

tout

espoir

peut-être

mis

en elle

correspond

u

programme

nitial

de

l'auteur :

promouvoir

e cultemariai.De

surcroît,

autier

plaide pour

a

rhétorique,

pour sa rhétorique encore faut-ilbien dire ces miraclespour qu'ils

émeuvent. 'est

un aveu de l'écrivain.

L'amour de

Marie

peut

prendre, our

nous,

des

aspects

surprenants.

Ainsi,

u

fil

du

récit,

e

construit,

eu

à

peu,

l'érotique

de la

vierge

ui

s'exprime

vec une

force ertaine

«

En

un chainsemout cesmée

Acorut oute

schevelée

Une

toaille n

sa maindestre»

(I,

mir.

16).

105

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Et

que

fait a

Vierge,

insi,

en

chemise,

chevelée,

ommeune

beauté

qu'on

vient e tirer u sommeil

Que

fait-elle e ce

tissu

qu'elle

tient ans

samaindroite?Elle chasse ediable,transforméntaureau, ui effraie n

pauvre

moine L'érotisme

qu'on

peut

déjà

percevoir

dans cette vision

nocturne

e la

Vierge

se

précise,

aissant

sourdre e fantasme

uand

la

Vierge

guérira

n malade

en 'arrosant

e son ait

«

De

son

doz

saim

trait a mámele

Qui

tant st

douce sade et

belle

Se

li

bouta dedanz a

bouche

Mout doucement

arout

l touche

Et arosede son doz lait

(I,

mir.

17).

On

a

affaire, ci,

à

quelques

vers d'une

grande

beauté,

et le désir

apparaît

d'une

façon

classique,

à la fois dans

l'écriture,

lle-même

ésir,

conjuration

de l'absence ou de

la

solitude et dans le discours. Et

là,

l'écriture

'est

plus

seulement

mémoire,

onservation,

ocument. ès

lors,

Gautier

dut

percevoir,

consciemmentou

non

(mais

pourquoi pas

consciemment,

u

encoredans les

brumes

matinales e la

latence?),

qu'il

avait

dépassé

son

programmenitial,qu'un aspect

fort

ntime

de sa

personnalitémergeait

e

ses

poèmes.

Jouer vec les

mots,

c'est se donner

'impression

u'on

les

maîtrise.

C'est aussi vouloir

'en

détacher,

es tenir

n

respect,

distance...

C'est,

peut-être

ffacer a

gravitéqu'ils

peuvent

avoir : les

calembredaines,

fussent-elles

es

plus

lourdes,

raitent

e nos

angoisses,

du sexe

et de la

mort.

Gautier

peut

avoir

voulu

conjurer

es

fantasmes,

n

effacer

'aspect

«osé» en concluant e texte

par

ce

qui peut

apparaître

omme un

simple

amusement,

t ce

eu,

ces

eux

avec les

mots,

ervent,

ux

aussi à affirmer

la

grandeur

e Marie.

Tout se condense

t se

résoud

les

séquences

finales onnent ne sorte

de

résumé

u sens du texte n se

défendant e l'érotisme

ui

y

apparaît par

une sorte

d'humour,

ar l'aspect magique,

propiciatoire

u

calembour,

l'amusement

homophonique

emplaçant

e fantasme.

Cette

conjuration

peut

ller

usqu'à

une

dénégation

e

l'érotisme

ar

une

sur-affirmatione

la pureté,d'autantplus que le récitqui précèdeest une sombrehistoire

d'inceste,

e

meurtre,

vec un

soupçon

de

scatologie

(il

s'agit

de l'histoire

106

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d'une

femme

ui

engendre

n

enfant

e

son

fils

et

ette

e

produit

de

son

inceste ans estoilettes)

«

Ha

mere

Dieu

qui

celz

espure

Qui

ťaimment

e

pensees

pures

De

ton

aint

spurement

Si

nos

espure

purement

Qu'en

enfer

e

soions

pures

Au

ugement

uant

espure

Seront

i

pois

de

la

puree

Qui

liert

u

puis

ďenfer

puree

(I,

mir.

17).

D'une

inquiétude

du

récit,

face

à son

propre

discours,

'écriture

apparaît,

avec

un

nouveau

rôle.

Plusieurs

voix

parlent

en

même

temps,

dans

le

texte,

articulant

des

mots

différents,

mais

aux

mêmes

sons,

s'organisant

n

diverses

trates

iscursives,

lors

que

l'enfer

'est

pas

loin,

nées

de

la rencontre

es

fantasmes

t de

la

fonction

articulière,

t

comme

plaquée,

du

sens

et

du son

dans

une étourdissante

ascade

de

jeux

homophoniques.

e

tout

pose

e

texte

omme

bjet,

ui-même,

e l'écriture

qui devient ctance,prenant artau dramequi se joue, agissantdans le

texte t

sur le

texte,

comme

un

personnage,

n

modifiant

e sens

et la

fonction,

ui découvrant

on

autonomie,

andis

que

la

scripteur

roit,

ans

doute,

maîtriser

on

style,

u

plutôt

a

plume.

Naître

entre

Soissons

et

Château-Thierry,

ivre

partagé

entre

deux

terres,

i différentes

t si

proches

que

peuvent

'être

a

Champagne

et

la

Picardie

nflua

eut-être

'écriture

e Gautier.

l

y

a

ainsi,

des

géographies

poétiques.

Lieux

de

clivages géologiques,

d'argiles

et

de calcaires

s'évaporent l'aube desbrumespropices ux illusions,ieuxoù marchent

les

poètes

t dont

uelques

chemins

ortent

ncore

a

tracedes

semelles

e

vent

d'Arthur

Rimbaud.

Ces

deux

provinces

posent

aussi

leurs

différences.

a

Picardie

n'appartenait

as

à

la

Couronne,

uand

Gautier

écrivait.

a

Champagne

y

futrattachée

uand

Philippe

e Bel

épousa

la

filled'Henri

II

le Gros.

Carrefours

'infliences,

ieux

de

langages

divers,

de

commerce

t

de

culture,

es contrées

nt

pu

ouer

un

rôle

dans l'écriture

de

Gautier,

par

leurs

particularités

éelles

u

supposées

dans

l'imaginaire

«français».

a

naïveté

u'on prête

à Gautier

e retrouvera

eut-être

ans

l'hérésie

icarde,

ui,

quelques

siècles

plus

tard,

voudraretrouvera

pureté

107

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originelle

ans l'abolition de toutes les

lois,

civiles

ou

religieuses

t le

partagedes femmes.Gautiern'abolit-il as, par la magiedu rêve,par les

fantasme

ans

récriture,

ertaines ois du réel

Etre

à,

vivre

à,

écrire

t

prier

à

détermine

ans

l'imaginaire

dans

le

quotidien

mystique

du moine

-

l'habitude de la

frontière,

u

discontinu,

e la diversité

u

regard.

Une

vieille

xpression

itée dans le

GrandLarousse Illustréde 1906 définite strabisme

omme

«regarder

n

Picardie

si

la

Champagne

brûle»...

Ce

strabisme

divergent,

e double

regard

e

Gautier,

ers

'érotique

t vers

'hagiographie

e double

peut-être

de cette

açon

duelled'être

u'on parfois

es

gens qui

sont

de deux

pays.

l

est,

de Corneille à

Maupassant

et à

Maurice

Leblanc,

des écrivains

Normands.

Georges

Sand

se

découvrit

u

se

redécouvrit errichonne. es

brumes

du

Nord

mprégnèrent

'ample

manteau

de Verlaine.

l

y

eut les

félibres et leurs

cigales...

Pourquoi

n'aurions-nous

pas

un

auteur

Picardo-Champenois

ont a

musique

de

l'écriture

orterait uelque

trace

de la

terre ouble

sur

aquelle

l

vécut,

naquit,

crivit t

pria

Le

regard

e

Gautierfût-il

rappé

par

quelque mirage

des

forêts,

ar

quelque

reflet

u

soleil

blique

dentelant es feuilles ur

es flansdes

côteaux Ses

rêves,

es

visionsqu'il rapportene rappellent-elles oint d'autres illuminations

dans

lesquelles

le

trivial,

e

vulgaire

se

transcende

n sublime

par

le

truchement

u

verbe,

ar

la

splendeur

e la vision? Car

c'est décidément

dans la

vision,

e

rêve,

e

mirage ue peuvent

e

conjurer

es

audaces du

désir

il

faut

dormir,

our

voir a

Vierge,

u être

malade,

ou être vre. es

sensdoivent voir

perdu

eur

cuité,

lors,

'installe a vision.

Il

s'agit

bien de vision la

Vierge

est

perçue par

Gautier,

dans une

certaine nudité.

Ce

regard, posé

sur l'invisible

dirige

l'écriture.

Le

fantasme,tel qu'il se révèle chez Gautier, ressemble aux illusions

habituelles t ordinaires

u

méditant,

u

moine,

du

reclus,

de celui

qui

est

seul.

Seul,

même

au

milieu d'autres solitaires.

d'une

pratique

religieuse, picé

des diverses ublimations

'usage,

il

cristallise

outes es

caractéristiques

e

l'imageémergeant

e

l'ascèse.

Le

jeu

de

mots,

ependant,

'il

possède

un caractère

ropiciatoire,

'il

conjure

un érotisme

on

enfant,

n'est

pas

sans racines

. Il nous

fait

penser

l'exercice

monastique

de la

«déclinatio».

C'était,

au

Moyen-Age

uneépreuve u'un maître aisaitpasseraux moines l'élève isaitun texte

et, oudain,

e maître

'interrompait,

emandant e décliner e dernier

mot

108

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qu'il

avait

lu,

d'en

donner,

non

seulement

es

flexions,

mais aussi

les

formes dérivées, bref, ďexplorer tout un champ sémantique et

grammatical.

es

jeux

de

mots

de Gautier

ressemblent

ce

déferlemente

cas,

fort

ropice, ar

ailleurs,

u

développement

e

l'imagination.

C'est dire

que,

en

plus

du

fantasme,

u militantisme

eligieux,

u

désir inhérent

l'écriture,

oute une tradition

ous tend

le texte de

Gautier celle de la

grammaire,

elle des

études

monastiques.

Mais,

ce

n'est

pas

tout

l'expression

u

lyrisme

e

Gautier,

on

érotique

rouvent

aussi leur

efficacité

râce

à

l'apport

du

vocabulairecourtois.

Un autre

Champenois

'est

pas

loin

Chrestien

ont

'influence

ransparait

maintes

foisdans esMiraclesdeNostreDame

,

Chrestien e

Troyes

ontcertaines

tournures,

ertaines

coordination

pparaissent

çà

et

(

queque

par

exemple...).

Ainsi es textes

e Gautier

s'organisent

utour

de la

diversité

des

inspirations,

es

techniques,

des

esthétiques, ui

se

mêlent et

se

fondent,

réant

n

nouvel

space

de la

narration

ui

n'est

plus

seulement

l'addition de

ces divers

éléments,

mais

surtout a

mise en

formed'un

nouvel

spect,

d'un nouvel

rdre

u

désir

l'écriture.

Dès

lors,

'écriture e

découvrant,

'explore

lle-même,

achant

qu'elle

est

encore

parole,

lle s'inscrit la fois

en

homophonie

t en

homographie

dans la

fin

des miracles.Désir

double du

double,

miroir

de sa

propre

altérité,

lle

suit des voies

parallèles

et ne

peut

plus,

désormais,

ne dire

qu'une

seule

chose la fois.

Elle

exprime

e désir

t celui

de la

sainteté.

e

bonheur 'écrire dvient.Cette

oie

de

savourer

es mots e

trouve

près

e

texte même

du miracle

c'est dire le chemin

accompli.

Ce chemin

à

avanceparallèlement celuidu miracle, sa découverte u miracle, ui,

auparavant

n'est

qu'une

merveille rendue miraculeuse

par

son

explicitation.

e

texte du

miracle

écrit,

décrit le miracle dans sa

dynamique,

ans

son devenir

e

miracle,

'est à

dire,

'explication

e la

merveille,

a

révélation

e son sens

religieux.

'autre

miracledévoiléest

l'écriture

our

lle-même.

Le

phénomène

énéral

de

la

prise

de

conscience

de la

puissance

de

l'écriture

u Xlle siècle

par

les clercs

déjà

été décrit. l

s'agit

ci

d'autre

chose

une écriture

articulière

e révèle

elle-même,

lors

que

se déroule

la

prise

de consciencedes

clercs.Gautier

dévoile

la

fois

un asnect de

la

109

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culture e

son

temps

t se dévoile

ui-même,

n tant

qu'écrivain,

u

même

titre u'Hugo ou Zola, dans le sens «moderne» du mot écrivain.Une

personalitě

ous

apparaît,

t ce n'est

plus,

comme cela

arrive ouvent u

Moyen

Age,

un

inconnu

dontnous n'avons

que

le

nom,

ceci

s'ajoutant

u

fait

que

nous

possédons

quelques

repères

biographiques

ur

Gautier,

ce

qui

est

rare

pour

un auteurde

son

temps.

Parler

d'écriture,

orsqu'on

est confronté des

textes

ui soulignent

eux-même eur caractère

ral

peut surprendre.

n

effet,

autierdit bien

(mais

il

l'écrit)

«

Un

haut miraclemout

piteus

Doz à

oïr

et deliteus

Et

qui

moutdoit

pecheurs laire

Ici

après

vosveilrestaire

(I,

mir.

18)

Il

s'agit

donc bien

d'écouter.

Mais la lecture

tait

parole.

On lisait

toujours

n

prononçant.

ien

sûr,

'ouverture 'un codex

pour

ire,

fût-ce

haute

voix,

suppose

'écriture.

Mais l'écriture st autre chose. Elle n'est

point produiteuniquementpar l'appositionde l'encre sur le vélin-

encore

que

ce

soit

déjà

une

chose admirable

-

mais elle

est

aussi une

dimension

particulière

du texte. L'écriture

romanesque

moderne,

au

moins

jusqu'à

Proust,

se souciait de

profondeur,

d'un certain

jeu

sous-jacent

es

référents,

e réseaux

de

correspondances

ans le

récit,

ref

d'une cohérence

nterne rchestrée

e telle

façon

que

les

différentes

trates

du

récit

procèdent

outes

de

façon

à

organiser

ette

profondeur,

ère

du

«plaisir

du texte».

Gautier n'en est pas là. Le discours intérieurne peut encore

d'exprimer

irectement. autier

organise

une sortede

polyphonie

ù

le

sacré

forme ne

voix,

e fantasme

ne

autre,

andis

que

la

musique

de

la

lyrique

ourtoise e

déroule.

lusieursvoix

parlent,

ui,

y

compris

elle des

références,

e l'intertextualité

t ces discoursdivers 'accordent

arfois

n

un

«moment»

harmonique

u

texte,

une

résolution

ui

les

clôt...

Les fins

de miracles eviennent ne sorted'accord

final,

dans

lequel

tout

e résoud

et dont es

éléments

ont a

sensualité,

e

eu

de

mot

plaqué

sur e

sacré,

e

récitui-même,

a

«

morale .

La

«

cohérence nterne durécit e Gautierne

nait

pas

de différentsiveaux du

discours

ntervenantn

«profondeur»

110

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mais de la

juxtaposition

yntagmatique,

e discoursdivers

etdifférents.

Gautierrassemblerépars, e discontinu, e qui n'a pas de raisond'être

ensemble.Le monde n'est

plus

univoque.

Le XHIe

siècle

composa

des

«

Sommes

pour

en rassembler

a diversité.

insifait

Gautier.

Bien

sûr,

'est

aujourd'hui

ue

nous discernons

'écriture

t

sa

magie.

C'estaujourd'huique nouspouvons a décrire ) en termes e cohérence

ou

plutôt

de

volonté,

de

désir

d'une

cohérence,

de

rassemblement e

l'épars,

du

divers,

u discontinu finde le

contempler.

ependant,

Gautier

dut

la

percevoir,

e

serait-ce

ue

confusément,

uisque

le

jeu

de mot

existe.

L'écriture

st

ici

subreptice,

aissantdu texte

n trainde

s'écrire,

présente,

ctante,

uisqu'elle

git

sur e

discours,

uisqu'elle

'influence t

influe ur

ui,

semblant

aître 'une

nquiétude

u texte.

De

ce discours

luriel,

e ces voix

uxtaposées,

de cettediversité ait

une nouvelle onscience, onencore ssuméepar quelqu'un qui

dit

«je»,

sachant

qu'il parle,

en fait

de lui-même.Gautier

se

cherche,

mais nous le

trouvons,

eflété

ar

e

miroir u

parchemin.

ous

ne

pouvons

ireun texte

médiéval

qu'avec

nos

yeux

d'aujourd'hui

:

personne,

à

l'époque

de

Gautier,

ne

pouvait

iscerner

e discours

du

récit,

e fantasme u faitdans

les

Miracles de NostreDame.

Aussi,

c'est

pour

nous

que

naît

l'écriture,

dans ces

textes,

'un

équilibreparticulier

t d'un désir e fondant n une

pluralité ntrinsèque

u discours.

illl

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Orlando

de

RUDDER

EDITION

DE

TEXTE s

«D'un clerc

que

Nostre

Dame

gari

de

grant

maladie»

L'édition

de base des Miracles

de

Nostre

Dame

est

très

ertainement

celle

qu'a

établi

V.-F.

Koenig.

A

partir

du

meilleurmanuscrit

ont

il

pallia lesmanquesà l'aide de ceuxqui sont es plus prochesd'une leçon

optimale,

.-F.

Kœnig,

n

ajoutant

es

notes,

n

comparant

es

leçons,

n

exposant

es variantes

accompli

un

travail

nécessaire,

présentant

u

public

une

édition

ui

constituea base de toute

ecture u de tout ravail

concernant

autier.

Afin

u'on puisse

e rendre

ompte

du travail

u'il

a

fallu

pour

établir

n tel texted'une

part,

et

pour,

d'autre

part présenter

un

poème

de

Gautierde Coinci

à nos

lecteurs,

ous

eur

proposons

ci

la

version ite «F». Ce manuscrit

st l'un des meilleurs t diffèressez

peu

du manuscritde base choisi par V.-F. Kœnig. Notrepropos est de

montrer

ci un

texte,

el

qu'il apparaît

dans un

manuscrit u

XlIIème

siècle,

à

la

fois

pour que

nos lecteurs

e rendent

ompte

de ce

que

pouvaient

voir

ous es

yeux

es

contemporains

e

Gautier,

t

pourqu'on

puisse

comparer

ette

eçon

avec

le

judicieux

travaild'éditeur

de V.-F.

Kœnig.

Nous

avons

implement

onctué

e texte

t

résolu

es

abréviations

pour

en

permettre

ne meilleure

ompréhension.

ous

avons

cru

bon de

donner

ne sorte

e traduction

ittérale

e la

findu

poème

qui,

du fait

des

jeux

de

mots,

st

relativement

bscure.

112

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D'un clerc

grief

malade

que

Nostre ame sana.

B.N.

(N.A.)

Fr.

24541

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D'UN CLERC

QUE

NOSTRE

DAME GARI

DE

GRANT MALADIE

Gautierde COINCI

Kœnig

mir

17

D'un

clerc

rief

malade

que

Nostre ame

sana).

Ducrot

19.

B.N.

Manuscrit

rançais

986 F°38 v°.

Por

pluseurs

uers

plus

enflammés

A Nostre ame mieux

mer

Undoz miracle ueil etraire

D'un clerc

ui

futde

grant

ffaire.

Riche

d'amis et

plains

ď avoir

Qui

se volout olt oz

avoir

Sen fraint el tout bandonna

8:

Et

toz

au

siècle

e donna.

El*

siècle

mist oute a cure *El

:

en

le

Seculers ut demesure

Mout lchaloit*petit e s'ame

*

Chaloir : se soucierde ;

12

Mais tant

ot

que

Nostre ame

Paramoit ant n son

corage*,

*

Corage

«siège

de

la

vie ntérieure»

Queja

ne

trespassast 'Ymage,

Ne

por peresce*,

ne

por

aste**.

*Peresce

paresse.

**

Laste :

lassitude

16 ne

por

essoine*,

ne

por

haste,

*Essoine

empêchement

Devant

qu'il

l'eust

aluée

A

genoillons

este

nclinée.

Quant

ditavoit e

doz

salu,

20

Qui

tantes

enz

a tant

valu,

Mout doucement

es mains

oignoit

Et derechef

a saluoit

Contre

erre evotement

24

Et se disoitmoulthumlement

«Li

saint

ventre oitbeneiz

Qui

te

porta,

oi

Jhesus

hrist,

Et beneoites es mámeles

28 Qui ťalaitierent si sontbeles,

Nos sires es

et nos sauverres

.114

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Et de tos e

monracheterres».

Mout onguementint estusage *Tantque 'jusqu 'à ceque

32 Tant

qu*'il

chei*en

un

malage

**

Cheî

passé

simple

de

cheoir

Qui

l'alita

et

ut*

lonctans

*Jut

passé

simple

de

gésir

Tant

qu'il perdi

memoire

t sens.

Et

puis

cheien

frénésie,

36

D'une

desvée*

maladie.

*

Desvée

:

folle

Les

genz

mordoit,

om

enragiez,

Plusuers ust

mout

damagiez

S'on ne

'eust

prist

t

oié*.

*Loié : lié

attaché

40

Li

granz

maus

Tot

i

faunoié*

*Faunoié

fané

Et si

durement

'enraga

Qu'a

ses denz sa

langue sraga

Ses levres

efors t

dedenz

44

Demanga

toutes

ses denz

Et,

de ses

mains,

es

dois eüst

Toz

démangiez

'il

l'i

leüst*.

*Leust

subj.

mparfait

Loisir

Si

li

enfla

orment*

i

viz**

*

Forment

fortement

48 Nelconeusthomqui fut is*, **Viz

visage

N'i

paroit

eus

ne nez ne bouche.

*Vis

vif

vivant

Ausi

gisoit

om une

souche.

Horribles rt*

desmesure

*Ert

il

était

52

S'esrt i

puant

t

plains

d'ordure

*Nonpooir négation

infinitif

Que

nul ne e

daignoit

eoir,

substantivé

e

pooir

pouvoir

Car,

cil

qui

chiet n

nonpooir*,

Jan'iert i riches

ni

si cointes*

*Cointes cf. nfra.

56 Qu'assez ne truist* emesacointes;.Truisttrouve

Li

clerc

par

futant

gregiez*

*Agregiez

agravé

Conques

ne

pot

estre

legiez

*Mecine

médecine

Ne

par

mirene

par

mecine*

ft

Mais

la Dame

qui

tout

mecine

Moult

doucemente mecina.

Tant

ut

malade

qu'il

avint

64

Ce

li

sambla c'uns

angles*

vint,

*

Angles

ange

Moult

prés

dou

lit

ou

il

gisoit,

Qui

moult

iteusement

isoit

Tout en

plourant

basse voiz

115

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«Dame,

qui

fluns,

ontaines t

doiz*

*Doiz :

conduite

les de toutemisericorde,

Ta

grant

oucors* omment 'acorde

*Doucors

douceur

Que

tantde

mal tes clercs ndure?

72

Dame

onques

mais ne

fus

u

dure,

Cointe,

ne

fiere,

e

desdaigneuse

Ha

douce Dame

glorieuse,

Ce

ne

puet

estre

ue

e

voi

Ha

mere

Dieu,

avoi avoi *

*Avoi

inteqection

Ne sueffreas que cil anguisse,

Ne

si honteusement

erisse

Cil

qui

tant 'a lonctans

mée,

8C

Et

desproiée*

t

reclamée.

*Desproiée

priée

Douce

Dame Sainte

Marie,

Se

ta

doucorsne

i

aïe

Que

li

aras

donques

valu

84

Ce

que

tant

dit

ton

alu?

Ses

beles

evres u sont

les?

Et sa languequi tesmámeles

Tes sainz

costes

t tes sainz flans

88

Beneissoient

n

toz

tans?

Dame en

cui sont

outes ouceurs

Qu'atens

tu

que

nel

seqeurs*?

*Seqeurs

secourre

Se

ne

seqeurs,

Dame,

les tiens

92

Qui

secorra

onques

es siens?

Se

ne

seqeurs

qui

secorra?

Et si tu nepues qui porra?

En ies tu Dame

des

archangles?

96

En ies

tu deseiir es

angles?

Les*

le

coste,

t a la

destre,

*Les :

à

côté

de

De

Jhesus

rist e

roi

celestre? *En

:

particule

nterrogative

En* ies tu

Dame,

la

pucele

le

sens du

vers st «n'est

u

100

Qui

alaita

de ta mámele

pas

la

Vierge»,

tc.

Le

roi

dou ciel come

ton

fil?

Quanques* tuvielz nnevielt l? *Quanques tout eque.

Haï

douce mare

u

Sauveör,

104

Que

feront

onques pecheor

116

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S'en

toi

défaut*

eur

sperance?

*

Défaut

manque

échoue

En iestu toute eurfiance?

Haute

Dame,

haute

roïne,

108

En

ies tu mires t

mecine

Qui

de

toz maus

gari

et

cures?

Comment

ras

des autres

ure

Se

de cestui

n'as

grant

itie?

112

S'enver

estui

n'as

amistie,

Qui

tantes

ois

par

bon

corage

S'agenoilladevant ymage,

Envers

es

autres

u'aras

donques?

116

Ha mere

Dieu

ce

n'avint

nques

Que

la

douceurs

ui

en

toi

sourt* *Sourt verbe ourdre

Vers

pecheor

esist

e

sourt.

N'est

nus

pecherres,

e

bien

t'aime,

120

Ne

sequeures

'il te

reclaime.

Par

ta

douceur

estui

egarde

Je

uis

ses

angles

t

sa

garde

S'il

estre

uet,

e

ne veil

mie

124

Qu'en

tel maniere

int* a vie».

*Fint

du

verbe

iner

achever

Queque*

li

angles

e

disoit,

*Queque

:

pendant

uef

ependant

Sor

e chevés*

u

cil

gisoit

*Cheves

chevet

Est

descendue

ne

pucele

*Acesmée

parée,

ornée

128

Si

acesmee*

et

si tres

ele,

Quel

ne saroit

angue

retraire.

Et si

parut

ant

debonnaire

Qu eledisoit outdoucement

132

«Biaus dos

amis,

bien,

e

t'ament*

*Ament

e

t

apporte

du

verbe

Ce

queje

t'ai

tantdemoré.

amener)

Mon saint

ventre s

tant

honnoré,

Et beneit

par

tantes

oiz

136

Qu'il

est mais

bien

raison t droit

S'il

a

en

moi

point

d'amistié,

Queje

de

toi

aie

pitié.»

A tant 'abaisse sor e lit

140

Moult

adement*

ar

grant

élit.

*Sadement doucement

De

so doz sain trait

a

mámele,

117

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Qui

tant

st

douce,

ade*

et bele

Se liboutadedenz a bouche,

144

Moult

doucement,

artout

i

touche

Et arousede sen doz lait.

A tant 'en va dormant e lait*.

*Lait de

layer

laisser

Tout maintenant

'est

esveilliez.

*Se

merveiller

s

étonner

148

Moultdurement

'estmerveilliez*

*Respassez

revenu

la

santé

Tant voit

ue

toz

est

respassez*.

*Assez

suffisamment

Plus

halaigre

e trueve ssez*

Conques n'avoitdevant sté.

152

Un

or

me convenroit'esté

1)

Se

e

retraire osvoloie

La

grant

eece* et

a

grant

oie,

*Leecé

:

oie

Les

grans

graces

t a

loenge

*Privé

les

familiers

156

Que

privé*

irentt

estrange.

Li

clers

dou siede

s'estranga

Et

son

affaire

out

hanga.

Bien

aperçut

son affaire

160

N'iert

roesce*

ors

e

bien

faire.

*

Proesce

exploit

Moultdemena

puis

saintevie.

Nostre

ame

Sainte

Marie

En

ama si d'amoureus uer

164

Que

por

s'amorjeta

tout

puer.

Bien volt

por

i

bien

acointier,

Ses

acointesdesacointier

2)

(1)vers52/153

assim.

l me audraitn

our

'été i

e

voulaisécrirea

grande

joie,

tc...

(2)

Vers

65

assim

l voulutien

pout

mieux

a

fréquenter/abandonner

es utres

connaissances/Ha

fréquenta

e

façon

i

correcte/Qu

il

cessa

de voir

es

mauvaises

relations/Certes,

elui

ui

une

i

bonne

réquentation/y

st

ttaché/Jamais

l

ne era

éloigné

e

Dieu/celui

ui

réquente

a

douce

mère/Aucune

onnaissance

est ibonne.

Cointe

1

Prudent,

abile,

age

2

Elegant,

racieux,

imable3

Vaillant,

rave.

Acointier

1 :

Faire onnaissance

e,

border,

voir ffaire

;

2

: Faire

onnaître,

apprendre.

Acointe1 Familier,mi 2 Amant

Acointance,

cointement

1

Accueil,

encontre,

réquentation

2:

Familiarité,

mitié,

commercemoureux.

118

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Ses

acointes

desacointier.

Bienvit 'amordesacointoit

168

Qui

teus

cointe cointoit.

Si

s' acointa

cointement

Que

tout

mauvais

cointement

Por Tacointier

esacointa.

172

Certes,

ui

si

cointe cointe

A

cointe cointe

stacointiez

Ja

n'iert e

Dieu

désacointiez

Cil

qui

sa

cointe

mere cointe.

176

Nule

acointance

n'est

i cointe.

119

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NOTES

DE

LECTURE

s

Vierge

t

merveille Les miracles

e

NotreDame

narratifs

u

Moyen

Age,

textes

établis,

traduits

t

présentés ar

Pierre

Kunstmann,

érie

Bibliothèque

Médiévale,

10/18,

1424.

Ce numéro

de

MEDIEVALES,

en

grande partie

consacré

aux

Miracles

de Nostre

Dame de Gautier de

Coinci,

ne

pouvait

ignorer

e

passionnant

ouvrage

de Pierre Kunstmannconsacré à l ensemble des

œuvres

ui,

au

Moyen

Age,

mettent n

scène a

Vierge

Marie.

L auteur a

sélectionné

ans ces dernières n

certainnombre de textestout à fait

significatifs.

n

effet,

miracles

sont

tirés

du

Graciai

ďAdgar,

clerc

anglo-normand

u

Xllème

siècle,

6

autres

sont

de Gautier de

Coinci,

3

proviennent

es

Miracles

de

Nostre

Dame

de

Jean

Mielot,

2 enfin ont

anonymes

dont le

superbe

Jongleur

de

Notre-Dame

traduit

pour

la

première

ois n

français

ar

auteur.

Dans une

longue

introduction,

laire et

complète,

P.

Ķunstmann

présente

es

histoires n

les situantdans

l époque

elles s écrivent

fin

d en bien faire

aisir

enjeu

au

lecteur

moderne.C est

qu en

effet,

e

culte

mariai

n apparaît pas par

hasard. La

«merveille»,

e

«iņiracle»

faisant

intervenira

Vierge

Marie

n occupent

une

place

importante

dans la

littératuremédiévale

qu à partir

du

XHIème siècle. Marie devient

a

figure rivilégiée,a médiatrice ntre a terre t e ciel. Elle estpour Eglise

catholique

un

moyen

de

populariser

n l humanisantune

religion rop

abstraite

laquelle

une

grande

partie

de la

population

este

relativement

120

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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indifférente.

l

s agit

en fait de

donner

cette

dernière

ne

image

plus

maternelle,lusconsolatriceue celle du Dieu vengeur esant es âmesau

jour

du

ugement

el

qu elle peut

e

contempler

ur

es

tympans

es

églises.

Les miracles

mis en

français

vulgaire

uront

pour

fonction

e dire aux

hommes

que

rien n est

désespéré

et

que

les

pécheurs

ne sont

jamais

définitivement

erdus.

D autre

part,

Marie est

aussi,

et

surtout

eut-être,

un

personnage

éminin

elle

est la «Dame du Ciel» vers

aquelle

montent

les

prières

et se

focalisent es

désirs

:

créature

divine

mais

créature

terrestre,

une et

autre e

superposant

ans

l imaginaire

e

la narration

au point ue parfois écriture evient urfantasme.Aucunde cesaspects,

nécessaires

une

approchecontemporaine

es

miracles,

n est

ignorépar

P. Kunstmann.

Ce livre

émoigne

e la

volonté e

son

auteurde faire ortir es textes

médiévaux

du cercle

étroit

des

spécialistes

universitaires.

Vierges

et

Merveille»

st

publié

dans une collection

de

poche

: la

Bibliothèque

Médiévale

10/18,

dirigéepar

Paul

Zumthor

qui compte

déjà

un certain

nombre

d ouvrages remarquables parfaitement

ccessibles au

grand

public par

leur contenu

et

par

leur

prix.

P.

Kunstmann

écarte

délibérément

es

problèmes

habituels

que posent

l édition

des

textes

médiévaux

n

choisissant e

publier

une seule version

de chacun de ses

miracles c est donc un

texte

yant

réellement

xisté

t

circulé u

Moyen

Age

et

non

e

résultat

une

comparaison

de diverses

ariantes

u il

nous

propose.

Les textes

originaux

sont

présentés

dans leur

intégralité

accompagnés

une traduction

xcellente. euls trois

d entre

ux,

rédigés

en

moyen

français,

donc

plus

accessibles,

n ont

pas

été

traduits

par

l auteur.La littérature édiévale stainsi mise à la portéedu lecteurnon

spécialisé

ans

qu il

soit

privé

u

plaisir

t

de l enrichissement

ue procure

l approche

directe un texte

n ancien

français.

F.J.B.

121

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GuyJACQUESSON

ORDINATEUR

ET

MANUSCRITS

Propositions

pour

une

généalogie

des

textes.

1.

-

Pourquoi

'ordinateur.

Il

y

a certesbien des années

déjà

que

l'éditeurde

textes,

ux

prises

avec un

volumineux

orpus,

nseveli

ous

les variantes t

es

sigles,

songé

à utiliser

es ressources

l'ordinateur

pour

la

manipulation

de ses

fichiers,

êve

de

remplacer

es bouts de

papiers

griffonés ar

le clavier t

la

bande

magnétique...

e

remarquable uvrage

de Dom

FROGER

(1)

dont

e

me suis

souvent

nspiré

u coursde

mon

ravail n

témoigne

ssez.

Mais

depuis

1967,

es

progrès

e

l'informatique

ans le domainedes

matériels ntétési considérables ue les conditions 'une telleutilisation

en ont

complètement

ouleversées.

e

qui,

voilà seulement

ne dizaine

d'année n'était

envisageable

que

dans le

cadre d'un «laboratoire

de

recherche»,

u d'un

institut

pécialisé

doté

de

très

gros

moyens

inanciers

est

ujourd'hui

j'espère

en

convaincre

e lecteur

à la

portée,

inon

de

n'importe

qui,

du

moins

de

tout chercheur

apable

d'y

sacrifier

ar

moments

on téléviseur

t

de

dépenser

tout

de

même

quelque

15000 F.

C'est

qu'en

effet avec

l'apparition

des

circuits

intégrés

et

du

microprocesseur,

a

commercialisation

depuis

4

ou

5

ans

de

(1)

DOM

J.

ROGER

ila

critique

es

extest

on

tüimtkmb,

umod

1968.

122

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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«micro-ordinateurs»,

es «GAMMA

55» et autres GE 425»

illustrant

ar

exemple 'ouvragecitéplus haut,fontdésormaisfigurede diplodocus

taille mmense

t cervelle éduite

Le

présent

rticle

voudrait

montrer

ux

médiévistes on-informati-

ciens,

ou même

quelque

peu

suspicieux

l'égard

de ces

machines

ue

l'on

dit

volontiers

menaçantes...

un

aspect

de

ce

qu'il

est

possible

de

faireavec un ordinateur

as plus

encombrant

u'une

bonne machine à

écrire,

t

qui

d'ailleurs

ui

ressemble

eaucoup

extérieurement.

Je

ne

prétends

ullement

'ailleurs,

e

tiens

à

être clair

là-dessus,

apporter

u nouveau n ce

qui

concerne a

théorie e

la

critique

extuelle

(2),

ni

fournir u

chercheur arassé

a

panacée

d'un

programme

tilisable

tel

quel pourn'importe

uelle

édition

ritique

l

s'agit plutôt

e

présenter

un

exemple pouvant

avoir une valeur

«pédagogique»

en

quelque

sorte,

puisqu'aussi

bien e

«corpus»

ur

equel

'ai

mis au

point

e

programme

ci

présenté

st

en

grandepartie

ARTIFICIEL,

et ceci

pour

des raisons

ue je

détaillerai

lus

oin.

Mais

je

voudrais

profiter

de cet

exemple

pour

donner à

des

non-spécialistes

uelque

idée

de ce

qui peut

se

faire

n

ce

domaine le fait

qu'il s'agissede textesmédiévaux tnond'équationsduNièmedegré eur

rendra,

e

l'espère,

lus agréable

ette ncursion

ans

les contrées

auvages

rôde le binaire...

Enfin,

e

voudrais

nsister ur

le

fait

que

le

travail

présenté

'est

qu'une

première

tape

dans un

projet

plus

ambitieux.

J'ai

constamment

û,

en relisant

mon

programme

our

rédiger

es

lignes,

résister la

tentation

e

modifier

eci ou

cela...

Il

y

aurait,

notamment

es

améliorations

apporter

our

obtenir n

traitement

lus

rapide

et sur

une

plus

grosse

uantité

e

données la

fois

'ai

en

chantier

'autres

versions.

2.

-

Corpus

t méthode

Ayant

travaillé

plusieurs

années sur

les

versions

manuscritesdu

(2)

n

rouverahez

OM

FROGER

op.

it.)

p.

10-4dn

bon

xposé

e

l'histoiree

es

méthodes.

123

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 126/145

i Chevalier ela

charrette de

Chrétiende

Troyes

3),

et

ayant

effectué

quelque tempsaprèsma «reconversion» ans l'informatique,n de mes

objectifs

ut aussitôt

de

reprendre

e

manière

plus

exhaustive

t

plus

rigoureuse

eut-être,

râce

a la

machine,

'analyse

des variantes

laquelle

je

m'étais

déjà

livré,

t de vérifier

i

possible

par

ce

moyen

ertaines

e mes

hypothèses,

savoir :

que

le MS

de

l'ESCORIAL,

peu

étudié,

et

indirectement,

oin

d'être

ronqué

u

déformé

omme

on

l'avait

peut-être

un

peu

vite

«catalogué», pourrait

ien,

au

contraire,

onstituer

'unique

représentant

'un

état

de texte

plus

ancien,

et

plus

frustre

ue

celui de

l'admirable versionqu'en donna GUIOT, et que l'on confondtrop

souvent,

mon

avis,

avec

l'œuvrede

Chrétien ui-même...Ce

qui

conduit

d'ailleurs

ssez

vite

d'impertinentes

éflexionsur

'utilisation es termes

d'« amour

ourtois» t de

«roman

de la chevalerie»...

Mais ceci

est

pour

le

moment» ne

autre histoire

4).

Il

était

donc tentant e faire

faireà la

machine,

n

profitant

u maximumde sa

rigueur

t son

obstination,

ne

comparaison

minutieuse

des

divers états

du

texte,

pour

essayer

d'en

dégager

une

généalogie

possible,

et voir si son verdict

onfirmerait es

propres

onclusions.

Autant e dire tout de suite

je

n'en suis

pas

encore à...

Quelques

essais

m'ont

rapidement

onvaincu

u'il

n'était

pas

question

de

s'attaquer

d'emblée

ce vaste

problème

avant de se fier

ux

résultats

ournis

ar

la

machine,

il

fallait

bien évidemment

rouver e

moyen

d'écrire

un

programme

ont

e

pourrais

tre

sûr. Et le

plus simple

pour

cela était

de

renverser

a situation

appliquer

ledit

programme

une

généalogie

connue,

our

en

tester e

fonctionnement.as de

généalogie

lus

sûre

que

(3)

GUY

JACQUESSON

*L

évolution'un

oman édiéval

traverses

copies

le

ynopsé

es

mss u

Chevalier

e a

Charette

,

hèse e3°

cycle,

Paris

III,

979.

(4)

'ai

pu

galement

e onvaincreu

fait

ue

es

datationsemots

es

dictionnaires

pécialisés

efont

rop

ouvent

ue reprendre

es

erreurs

ancienneseur

onférantla

longue

ne aleur e

référenceout-à-fait

contestable...

insi,

orsque

esmanuscrits

résentaient

esmots

ien

différenciés

ex.

:

«chandoiles»/«candelabres»),

es

dictionnairese

renvoyaient

égulièrement

«Chrétien

e

Troyes,

h.de a

Ch.,

160»

assimilantinsi ans

ourcillerneœuvre

une ersion

anuscrite

ce

qui st éjà busif... maisttribuantumêmeoup un uteurt one

époque

n

mot

ui

n'est

eut-êtreue

efait 'un

opiste...

yant

ravaillé

un iècle

lus

ard

<124

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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 127/145

celle

que

Ton

fabrique

oi-même...J'ai

donc,

délibérément,

abriqué

une

pseudo-traduction anuscriteont esvicissitudes etpourcause - me

seraient

parfaitement

onnues et modifiables u

besoin,

tant

dans

leur

nature

que

dant leur enchaînement

hronologique.

Je

me suis ensuite

attelé

à l'élaboration

d'un

programme

permettant

la

machine de

retrouver,

lasser et énoncer

automatiquement

OUTES

les

variantes,

pour

finalement

roposer

es divers temmas

possibles.

De cette

façon,

a

validité

de la démarche

pouvait

être

vérifiée ans aucune

ambigüité,

t

il

serait

possible

de

s'attaquer

ensuite des

problèmes

éels

sur

une base

suffisammentolide.

C'est

de

cette eule

expérimentation

urun

corpus

ARTIFICIEL

qu'il

s'agit

ci. De

l'exposé

d'une

démarche

t

non

des résultats

'une

recherche

menée

ur

des textes

éels.

Mais

je

pense

que

ceci

présente

éjà

quelque

intérêt,

e

par

es

perspectives

ui

s'en trouvent

uvertes.

La

méthode

tilisée

our 'analyse

des

variantes t

'établissement u

stemma

l'algorithme

u

programme

n

quelque

sorte est

celle dite

des«FAUTES COMMUNES »,telleque la présente OM F ROGER dans

l'ouvrage

éjà

cité

et

auquel,

une fois

encore,

e

renvoie e lecteur.Disons

simplement

ci

que

cetteméthode

résente

our

e

traitement

utomatique

l'évident

vantage

de ne mettre n

œuvre

que

des

opérateurs ogiques,

n

se

gardant soigneusement

e

distinguer

ntre «bonne» et «mauvaise»

leçon,

pour

ne

considérer

ue

des «lieux

variants»

terme

référable

celui

de

«faute»),

et

de

permettre

e

reconstituer es enchaînements ur des

bases exclusivement

ormelles.

a

machine,

l'inverse

u

médiéviste,

'est

pas

sensible à

la

poésie,

au

lyrisme...

C'est

dommage pour

elle,

mais

peut-être vantageux

dans la mesure

ustement

ù l'on sait

que

rien ne

pourra

enir

nfluer ur es conclusions

ue

l'on

aura décidé

préalablement

de retenir

omme

ritères.

l

sera

toujours

emps

et

bien sûr

nécessaire)

de

choisir

ar

la suite n

fonction es

paramètres

ivers els

que

ceux fournis

par

la

codicologie,

'histoire

ittéraire u

événementielle,

a

lexicologie

etc... et même 'intuition

Mais du

moins

partir

e bases

rigoureuses,

t

non

en

se fondant eulement ur de

vagues impressions, lus

ou

moins

innocentes

l'égard

de ce

qui

a

pu

êtredit

uparavant

ur a

question.

Jedonne n annexe e texte omplet u«corpus sur equel opèremon

programme.

eferai

out

de

même

remarquer ue

le

point

de

départ

n'est

125

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 128/145

pas

fictif,

t

que

j'ai

poussé

aussi

loin

que possible

le souci de

vraisemblance les 6 versdu «MS D» sonttrès exactement eux de la

laisse

XIII dudit

MS tel

que publiés

dans

L '

Episode

ardennaisde Renaut

de

Montauban»

5).

Les

déformations olontairement

pérées

à

partir

de ce

texte

pour

fournires

différentes

ersions

mputées

de

pseudo-mss

P, A, N, M,

L,

C

et

ont

respecté

es

règles

uivantes,

ans

le but

évident

e

garantir

a

validité des résultats btenus

il

s'agissait

de

simuler une

généalogie

«normale»,

'est-à-dire

ue

1 - chaque descendant eproduitntégralementes fautes ommises

par

son

ancêtre

irect u

déjà

reproduites ar

celui-ci.

2

-

il

ajoute

éventuellement

es siennes.

On voit tout de

suite

qu'il

s'agit

d'un cas

«idéal»,

puisque

sont

écartées es fautes

parallèles

et «en

cascade»

qui

rendent

récisément

i

délicat,

dans les transmissions

éritables,

out

essai de

rétablissement

d'une

généalogiepar

des

moyens urementogiques.

Un

programme lus

évolué

uquel

je

travaille 'ores

et

déjà

pourraopérer

vraisemblablement

la

sélection

es fautesdites indûment

ommunes»,

e

qui

est

un

élément

très

mportant

ans

'analyse

des

généalogies

mbrouillées.

Mais encore

une

fois,

répétons

qu'il

serait vain de croire

que

la

machine

puisse «remplacer»

e

chercheur en dernier

essort,

'est

ui

qui

devra

opérer

es

choix

définitifs.

ais

tel

qu'il

est

déjà,

celui-ci

me

paraît

présenter

éjà

les

avantages

fondamentaux

ue comporte

n la

matière

l'utilisation e l'ordinateur c'est

que

précisément,

a machine xcelle à

où le chercheur umain efatigue t se trompe... a machinene commet

jamais

d'erreur,

dans le cadre du

programme ui

lui est

tracé,

bien

sûr

-

et a

«digestion»

e

quantités

olossalesd'informationsst 'une de

ses activités avorites.

Autrement

it,

même

dans

les cas

plus

complexes

ue

celui-ci,

onc

agrémentés

e

chevauchements,

éfections,

trous» dans la

transmission,

etc...,

s'il est hors de

question' ue

l'ordinateur

uisse

fournir n un

clin

d'œil e stemma

arfait

t

ndiscutable

? ),

il

n'en reste

pas

moinsvrai

que

(5)

Jacques

HOMASiL

épisode

rdennaise

Renaud e

Monteaban

édition

ynoptique

es

ersions

imées

De

Tempel,

nige&^

962,

3

toL)

126,

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-2-mai-1982pdf 129/145

la

méthode

ci

employée

evrait

out

de même

permettre

e

faire

xécuter

par

a machine outes

es «basses

besognes»

de

compilation, omparaison,

classement,

ndexation...

Ce

qui

n'est

pas

rien Au

chercheur

nsuite,

évidemment,

rmé

de ce fichier ussi exhaustif

ue protéiforme,

'exercer

sa

sagacité...

Le lecteur

dmettra,

e

l'espère, que

les

déformations

nfligées ar

mes oins u texte

riginel

'en sont

pas

moins

plausibles

je

connais

ssez

bien

es

copistespour

es avoir

«fréquentés»

urantdes

années,

et

e

puis

dire

que

je

n'ai même

pas

osé semer

dans mon

textecertaines

normités

dont ls

étaient

ependant apables.

Les

déformations

nt

opérées

elon

lestemma ue voici

D

Original

i

C

Mais

pour

se

rapprocher

out

de

même des conditions

réelles,

l'original

st

supposé

nconnu.

l

faut d'ailleurs

préciser

ncore

peut-être

que

la

méthode

es «fautes ommunes»ne

permet as

-

bien entendu

de retrouver

irectement

e

stemma

«véritable»,

mais de reconstituer

L'ENCHAINEMENT

DES MS

ENTRE

EUX,

à

partir

d'un manuscrit

QUELCONQUE

choisi arbitrairement

omme

«référence».

e

graphe

obtenu est ORDONNE

et

non

pas

ORIENTE.

Mais

quel que

soit le

manuscrithoisicommeréférence,'enchaînement emeurebien entendu

le même :

il

suffira onc de

«suspendre»

ce réseau

par

le manuscrit

effectivement

riginal our que

la

généalogie uthentique

pparaisse

du

même

coup...

Le

résultat

e ceci sur

'écran

de l'ordinateur

st

d'ailleurs

assez

spectaculaire

il

suffit

'indiquer

la machine e

sigle

du manuscrit

choisi omme

éférence,

t

après

un

temps qui peut paraître ong,

mais ne

dure

pourtant ue quelques

minutes

,

toutes es variantes ont

compilées,

classées,

nalysées,

t... e stemma e forme ous vos

yeux

mieux ncore

il

suffit

indiquer

un

autre

sigle,

et un autre stemma

apparaît

tout

aussitôt. 'est en

réalité,

emême

nchaînement,

u «sous un autre

ngle»,

bienentendu.

127

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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Mais ce n'est

pas

une

simple

ransposition

la machine ecommence

CHAQUE FOIS la totalité esopérationsqui s'est- peuouprou- livré

à ce

genre

ďexercice

comprendra

e

quoi

e

parle...)

et e nouveau temma

qu'elle propose

st

fondé

ur

a même

analyse.

Ceci

présente

'avantage

de

vérifiera validité es

enchaînement

roposés,

e

que

ne

permettait as

la

simple ransposition

'un

premier

chéma

le

chercheur

eut

ainsi vérifier

s'il

existe u

non

des

ncompatibilités.

Il

pourrait

notamment rouver à un

moyen

de se rendre

compte

d'anomalies

dans des cas

plus complexes

ue

celui

étudié

ci. Voir se

faire

et se refaire ous ses yeux es collations t les enchaînements quelque

chosed'assez fascinant...

t

qui,

en ce

qui

me

concerne,

me

récompense

u

nombre 'heures ssez

impressionnant

ui

aussi,

passé

à

mettre

u

point

e

programme

un

millier

nviron...).

Mais comme e travail xécuté

par

la

machine st des

plus

fastidieux,

t

éminemment

épétitif,

ette

dépense»

est

très

vite

mortie,

n

finde

compte.

3. - Les Manuscrits

Manuscrit

00

or ont l

del chastel

entendu

t

oi

01

qu'au

tref

'empereor

ront ot hati

02 ils se sont

ors

n

armes

preste

t

garni

03

or

ssent el

chastel

n'i ot

noisse

ne

cri

04 au tref'empereoront nsemble orti

05 et

quant

franceis

es virentmult

n

sont

sbahi

Manuscrit

PO

or

ont l

del

chastel ntendu t oi

PI

qu'au

tref

'empereor

'en

ront

hati

P2 ils

se

sont

de

lor

rmes

preste ťgarni

P3

or

ssent el chastel

n'i

ot

noisse

ne

cri

P4

au tref

'empereor

ont

nsemble orti

P5 et

quant

franceis esvirentmult nsont sbahi

128

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Manuscrit

A

AOor ont ldelchastel ntendu stormi

Al

qu'au

tref

'empereor

ront ot hati

A2

ils

se

sont

ors n armes

preste

t

parti

A3

or

ssent

el ostel

n'i ot

noissene

cri

A4 au tref

'empereor

ont hevalier

orti

A5 et

quant

franceises

voient ien en sont sbahi

ManuscritN

NOoront ldel chastel ntendu toi

NI

qu'au

tref

'empereor

'en

iront

hati

N2

ls se

sontde

lor

rmes

preste

t

garni

N3

or

ssent

el chastel ans

noissene

cri

N4

au tref

'empereor

nt

nsemble

orti

N5

et

quant

franceis

e virentmult n

sont sbahi

Manuscrit

M

MO

or ont l

del chastel

ntendu t

oi

Ml

qu'avecques

'empereor

ront

ot

hati

M2 ils s'en

sont

ors n armes

preste

t

parti

M3

or

ssent el

ostel

n'i ot

fracas

ne

cri

M4 au tref e

karlemaigne

ont

nsemble

orti

M5

et

franceis

ui

les voient

mult n sont

sbahi

Manuscrit

DO

or

ont

cil

del

chastel ntendu

t

oi

D1 qu'au tref'empereor'en řoirthati

D2 ils

se

sontde

lor

armes

preste

t

garni

D3

et ssent el

chastel

n'i ot

noissene

cri

D4 au

tref

'empereor

ont

nsemble

cuilli

D5 et

quant

franceises

virent

mult n sont sbahi

Manuscrit

CO

or ont l

del chastel ntendu

t

oi

Cl qu'au tref'empereorront ot hati

C2

ils

se

sont

ors n

armes

preste

t

parti

C3

or

ssent

el ostel

n'i ot

noissene

cri

129

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C4 au tref

'empereor

ont nsemble

orti

C5 etquantfranceises voientmult n sont sbahi

ManuscritV

VOor

sont

l

del ostelrevenu

t

oi

VI

qu'au

tref arlemaine 'en

ront

hati

V2

or

se sont

de

lor

rmes

preste

t

garni

V3

or

ssent el chastel

ans

noissene

cri

V4 au

tref

'empereor

nt

nsemble orti

V5etquantfranceis evirentmult e sont sbahis

Manuscrit

LO

ont l

de

lor

chastel ntendu t

oi

L

1

qu'au

tref

'empereor

ront

ot

hati

L2 ils se sont

ors

n

armes

preste

t

garni

L3

or

sorti el chastel

n'i ot

noissene

cri

L4

du tref

'empereor

ont nsemble orti

L5

et

quant

franceis

es virent

mult

n

sont

sbahi

4.

-

Les résultats

Voici

les

résultats ournis

ar

l'ordinateur

partir

des «manuscrits»

dont

e texte st

donné

par

ailleurs.Ce

qui

est

reproduit

ci

est ce

qui

est

automatiquementécrit par l'imprimante, sans qu'il soit besoin

d'intervenir.

n

lit,

pour

chaque

vers

-

'indication

u

vers,

-

es

sigles

des

manuscrits

ollationnés,

-

e

résultat e

collationnement

en

tête le

sigle

t e

numéro),

-

la

liste des

variantes

dentifiées,

vec le

veťs

d'origine

les

lacunes

sont

ndiquées

ntre

arenthèses),

-

a

récapitulation

es

groupes

ariants,

-

à la fin, a récapitulationénérale, partirde laquelle seratracé e

Stemma.

130

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L'imprimante

ont

e

dispose

actuellement

«OKI

microline

0»)

ne

permetmalheureusementas d'obtenir urpapier e tracédu stemma, ar

elle ne

possède pas

les

foncions

raphiques

nécessaires cela. Ce

tracé

apparaît

donc

seulement

ur

'écran,

et

e

l'ai

ajouté

ici

à la

main. Mais

bien

entendu,

ur

un autre

matériel,

l

serait

aciled'obtenir n

tracé

ur

e

papier.

Collationnementuvers

00

or

ont l

del chastel

ntendu

t

oi

PO

or ont

l

del

chastel

ntendu t

oi

AO

or ont l

del chastel

ntendu

stormi

NO

or ont l

del

chastel ntendu

t

oi

MO

or ont l

del

chastel ntendu

t

oi

DO

or ontcil

del

chastel ntendu

t

oi

CO

or ont l

del

chastel ntendu

t

oi

V0

or

sont

l

del

ostelrevenu t

oi

LO

ont lde lorchastel ntendue toi

Variantes

û vers

(MS

de

référence

O

PO

AO

stormi

NO

MO

DO cil

CO

VO ont

stel

revenu

LO

or)

de

lor

Groupes

variants

u vers : L VDA

Collationnementu vers

01

qu'au

tref

'empereor

ront ot

hati

PI

qu'au

tref

'empereor

'en

iront

hati

131

8/9/2019 Medievales - Num 2 - Mai 1982.pdf

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Al

qu'au

tref

'empereor

ront ot

hati

NI qu'au tref'empereor'eniront hati

Ml

qu'avecques

'empereor

ront

out

hati

D1

qu'au

tref

'empereor

'en

iront

hati

Cl

qu'au

tref

'empereor

ront ot

hati

VI

qu'au

tref

arlemaigne

'en

iront

hati

Ll

qu'au

tref

'empereor

ront

ot

hati

Variantes

u vers

(

MS

de

référence

O

PI s'en tot)

Al

NI

s'en

tot)

Ml

qu'avecques

tref)

Dl

s'en

tot)

Cl

VI

karlemaine

'en

tot)

LI

Groupes

variants u

vers

: M

V

DNP V

Collationnement

u

vers

02 ils

se

sont

ors

n

armes

preste

t

garni

P2

ils

se sont

de lor

armes

preste

t

garni

A2

ils

se

sont

ors

n

armes

preste

t

partiN2

ls

se sont

de

lor

rmes

preste

t

garni

M2

ils

s'en

sont

ors

n

armes

preste

t

parti

D2

ils

se sont

de lor

armes

preste

t

garni

C2

ils

se sont

de

lor

rmes

preste

t

garni

V2

or

se

sont

de lor

rmes

preste

t

garni

L2

ils

se

sont

ors n

armes

prest

t

garni

Variantes u

vers

(MS

de

référence

O

P2 del'or

A2

parti

132

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N2

de

l'or

M2 s'enparti

D2

de

l'or

C2

parti

V2

or

de

lor

L2

Groupes

variants

u

vers

:

V

M DNPV

ACM

Collationnement

u

vers

03

or ssent

el

chastel

n'i

ot

noisse

ne

cri

P3

or ssent

el

chastel

n'i

ot noisse

ne

cri

A3

or

ssent

el

ostel

n'i

ot

noissene

cri

N3

or

ssent el chastel ans noisse

ne criX

M3

or

ssent el ostel

n'i ot

fracasne

cri

03

et ssent el chastel

n'i

ot

noissene

cri

C3

or

ssent el

ostel

n'i ot

noissene

cri

V3

or

ssent el

chastel ans noissene

cri

L3

or

sorti el chastel

n'i ot

noissene

cri

Variantes

u vers

(

MS

de

référence

O

P3

A3 ostel

N3

sans(ot)

M3

ostel

fracas

D3 et

C3

ostel

V3

sans(ot)

L3 sorti

Groupes

variants u vers :

D L ACM

NV

M

Collationnement

u

vers

04 au tref'empereoront nsemble orti

P4

au tref

'empereor

ont nsemble orti

133

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A4

au

tref

'empereor

ont hevalier

orti

N4 au tref'empereornt nsemble orti

D4

au

tref

'empereor

ont

nsemble

cuilli

M4 au

tref

e

karlemaigne

ont

nsemble

orti

C4

au

tref

'empereor

ont

nsemble

orti

V4

au

tref

'empereor

nt

nsemble

orti

L4

du

tref

'empereor

ont

nsemble

orti

Variantes

u

vers

(

MS

de

référence

O)

P4

A4

chevalier

N4

ont

M4

de

karlemaigne

D4

acuilli

C4

V4

ont

L4

du

Groupesvariants u vers : L M NVA D

Collationnement

u

vers

05

et

quant

franceis

es virent

mult

n

sont

esbahi

P5 et

quant

franceis

es virent

mult

n

sont esbahi

A5

et

quant

franceis

es voient

ien

en

sont

sbahi

N5

et

quant

franceis

e virent

mult

n

sont

sbahi

D5 etquantfranceisesvirentmult nsont sbahi

C5 et

quant

franceis

es voient

mult

n

sont

sbahi

V5

et

quant

franceis

e virent

mult

e

sont sbahis

L5

et

quant

franceis

es

virent

mult

n

sont sbahi

Variantes

u

vers

(MS

de

référence

O

P5

A5 voient

ien

N5ce

M5

(

quant

qui

voient

D5

134

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C5

voient

V5 ce se abahis

L5

Groupes

variants u vers

: M NV

ACM

A V

Récapitulation Groupes

de mss variants

Niveau4 mss DNPV

Niveau

3

mss ACM

Niveau

2

mss NV

Niveau

1

mss

A

D L

M V

N.B. : Les cerclesn apparaissent as surV cran. ls ont téajoutés cipour

montrer

quoi

correspondent

es

ensembles

e mss

appelés

i

niveaux».

e

i

niveau

1

>

est

constitué

ar

les

symboles

erminaux

les derniers

mss

dans

chaque

lignée.

Pour

plus

de détail

sur

la méthode

voirDom

Froger

op.

cit.).

S.

-

Les

graphes

Le

tableau

est

celui

qui

est

constitué

ar

le

programme

récisément

135

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pour préparer

a

représentation

irecte

du

stemma.

Il contient

divers

éléments e «repérage»qui vontpermettre la machinede calculer a

position

ur 'écran

de

chacun des

sigles

représentant

es

manuscrits,

n

fonction e leur

présence

ans les

groupes

variants

«INDEX»,

«SIGLE»,

«FREQuence»,

«ANCêtre»

ontient

ien entendu

pour chaque

manuscrit

le

sigle

de son

ancêtre

direct,

btenu

par

une

série

d'opération

de

type

«ensemble»

inclusion,

ppartenance...)

ffectuées

ur es

groupes

de mss

variants.

DESCendants»

présente

l'inverse es

descendants

e

chacun

des

manuscrits,

t

le

«?»

indique

bien entendu

qu'il

n'y

a

pas,

ce

qui

signifie dans cetexempledu moins que le manuscrit n question st

le dernier

en

bas

»

dans a

lignée.

X et

Y sont

es

coordonnées 'écran

calculées

à

partir

des données

précédentes,

t «CORR»

est

un correctif

ppliqué

aux

aljcisses

n

fonction

du

nombrede

manuscrits

résents

ur e

même

niveau,

implement

our

obtenir

ne

représentation

laire t

agréable.

Ms de

référence

D

INDEX

SIGLE

FREQ.

ANC

NDESC

DESC

X

Y

CORR

0

A

4

C

0

? 135

20

.

0

2

A

3

0

2

AM

150

60

60

3

D

0

?

1

P

140

180

0

11

L

3

0

0

?

190

60

0

12 M 4 C 0 ? 165 20 0

13

N

2

P

1

V

110

100

0

14

O

2

P

2

CL

170

100

80

15

1

D

2 NO

140

140

120

21

V

3

N

0

?

110

60

0

136

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On

voit ans

peine que

les deux

graphes

bien

que

différentsans leur

aspect, présentent

xactement e même

type

de relation

ntre es divers

manuscrits

ymbolisés ar

leurs

sigles.

Le

graphe

2)

correspond,

n

le

voit,

la

généalogie

véritable,

elle

que

j'ai

suiviedans l'introduction

es

«fautes»dans

les

manuscrits

c'est la

preuve ue

la

méthode onctionne

bien. Si

l'on

«suspend»

le

graphe

2)

par

le

sigle

«D»,

on

retrouve ien

entendu ne

disposition

xactement

emblable

celle de

1

.

Il en

seraitde

même i

l'on

avait

choisiC ou

M ou

A...

n'importe

equel

des manuscrits

présents.

L'exemple

ici

traité

st en vérité

fort

imité

9

manuscrits st

un

nombre ssez

courant,

mais 6 vers... C'est bien

peu

Certes.Mais

il

est

évident

ue

ce

qui

fonctionne

ur

6

versfonctionneoutautant sur 60 ou

6000... La

machine,

la

différence

u

médiéviste,

e

s'apercevra

e rien

Je

n'ai

guère

bordé

a

question

du

temps

de

traitement,

arce

qu'elle

me

paraît

econdaire. el

qu'il

est,

e

programme araîtrait

ien ent des

professionnelse l'informatique plusieursminutes ontnécessaires our

obtenires résultats

ournis

ci... Mais le

médiéviste 'est

pas

(ou

n'est

que

très

rarement,

e

crois...)

un

PDG obsédé

par

la

nécessité

de

gagner

quelques

minutes... e

gain

de

tempspar rapport

u traitement anuel st

tel

que

ces

quelques

minutesme

paraissent

ien

peu

Une

autre

question,

iée

à la

première

'ailleurs,

mais

plus

cruciale

e

crois,

st celle de la

capacité

de traitement. a

machine

ue

je

possède

et

dont

e

donne es

caractéristiques ar

ailleurs

pourrait

raiter n une

seule

fois nviron 500 vers...Ce qui me paraîtdéjà tout à faitrespectable. u

moins,

e

tiens le

préciser,

ans les

mêmesconditions

e

généalogie

ue

celles

définies

ici

: une

généalogie

plus

complexe

nécessiterait

ne

amélioration

u

programme,

t un

«espace»

réservé

pour

stocker es

«anomalies»,

e

qui

diminuerait 'autant le

nombrede

vers

qu'il

serait

possible

d'avoir

on

ine»,

'est à dire

ccessible tout

moment.

Mais sans vouloir ci

être

trop

technique,

e

puis

dire tout

de même

que

tout n

restant ans

e cadre d'un

«micro-ordinateur»,

l

est

possible

1)

de stocker es

résultats

ur

un

disque,

si

l'on

possède

deux

«unités»,

les

données

t e

programme

tant ur 'autre.

On

peut

insi avoir

lusieurs

138

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disques

de

données

ur

esquels

e

programme

ravaillera

uccessivement,

le traitementinalétantalors extrêmementapide, puisque les résultats

intermédiairesont

préparés».

2)

il

est

possible

mais

pour

un

prix

outde même

levé...)

de

remplacé

les

disques

5

pouces souplespar

un

disque

«dur»,

dont a

capacité

est alors

de

1

à 5

millions

de

caractères...

t

j'aurais pu

y

loger

sans

difficulté

es

35000 vers

ue

comporte

a

synopsé

es

7

manuscrits u <r

hevalier

e la

Charette» tablie

dans e cadre

de

ma

thèse

de

3ème

cycle

On voitque dans ces conditions,es possibilités e traitementsont

pratiquement

llimitées.

Par

ailleurs,

il

ne me

paraît pas

forcément

souhaitable

ni

nécessairede

fairetraiter

ar

la machine a

totalité

d'un

corpus...

l

n'y

a

pas

de recette

magique pour

a

critique

de

textes,

même

avec un

ordinateur,

t

il

faudrait tre bien

naïf

pour

croire

qu'il

puisse

suffiree «rentrer»

ous es

manuscrits,

ppuyer

ur

quelques

boutons

t...

obtenir ne

thèse

oute

prête

Néanmoins,

ans

l'état

actuel des

possibilités

e

la micro-informati-

que, je suis convaincu, t 'espère l'avoirdémontré..., ue le médiéviste

peut

trouver n la machine

un auxiliairedocile et efficace ui

permettant

d'effectuer

vec

rigueur

t

rapidité

es tests

n

telou tel

point

de son

texte,

afin

de vérifier es

propres

hypothèses,

u les

modifier.

a

facilité

vec

laquelle

a machine ecommencera

a même

érie

d'opérations partir

e

bases

différentes

st

peut-être

e

point

e

plus important

le

médiéviste

e

sera

plus

saisi

d'effroi

evant a

perspective

'avoir

à

reprendre

ous les

relevés

éniblement

tablis

pour peu qu'une

observation ouvelle ienne

l'aiguiller

ur

une autre

piste

Sans

parler

des autres

vantages

que

l'ordinateur ndividuel

eut

ui

fournir

et

que

j'examinerai

peut-être

ans un

article

ultérieur

à

savoir la

création

de fichiers extensibles et modifiables

en

cours

d'utilisation

qui

n'a

déploré

de n'avoir

tout

prévu?)

utilisables ussi bien

pour

a

bibliographie ue pour

a documentation

exicaleet

philologique...

La

«dactylographie»utomatique

du texte de ses

articles,

a

réalisation

véritablement

n

un clind'oeilde l'index

d'un texte

uelconque...

139

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