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Performance énergétique des bâtiments Un document édité par le Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement / Juin 2017 / Texte : Christel Leca - Création graphique : www.cultiverlinattendu.com Des cas concrets performance énergétique des bâtiments Depuis les années 1970, la France a mis en place des réglementations thermiques (RT) qui ont permis de diviser les consommations de chauffage et d’eau chaude sanitaire par six à sept. La RT 2012 généralise depuis 2013 les bâtiments neufs à basse consommation, c’est-à-dire visant une consommation de 50 kWhep/m 2 /an. La Loi de transition énergétique de 2015 ambitionne la généralisation, à l’horizon 2020, des bâtiments à énergie positive et le déploiement de bâtiments à faible empreinte carbone tout au long de leur cycle de vie, afin de lutter contre le changement climatique. Parallèlement, des labels aux exigences énergétiques supérieures à la RT 2012 ont vu le jour : le bâtiment passif, producteur d’énergie, à énergie positive, autonome, neutre en carbone, intelligent, frugal, etc. La réflexion sur la performance énergétique des bâtiments porte à la fois sur l’architecture bioclimatique, la réduction des besoins énergétiques ou sobriété, l’efficacité des équipements, l’adaptation aux usages et le recours aux énergies renouvelables ou de récupération. Elle s’ouvre aux impacts environnementaux (économies de ressources, eau et matériaux, émissions de gaz à effet de serre, utilisation de ressources locales, réduction des émissions polluantes et des déchets, recyclage, etc.) et sociaux, avec la lutte contre la précarité énergétique. Elle s’intègre dans une dimension urbaine, à l’échelle de l’îlot ou du quartier, ce qui implique de nouveaux modes de management pour des projets multi-partenariaux nécessitant des nouveaux outils de gestion et de suivi. Le bâtiment est le secteur économique le plus énergivore en Europe comme en France, avec 45 % des consommations d’énergie. Il produit chaque année près d’un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. Des bâtiments économes et solidaires Pays Haut Val d’Alzette 8 communes, 27 000 habitants, 72 km 2 Frontalier du Luxembourg et fortement marqué par des activités minières et sidérurgiques passées, le site de Micheville (50 hectares, 1 800 logements) vise un aménagement de haute qualité environnementale et énergétique. À l’échelle d’un ensemble d’îlots, le projet, porté par l’établissement public d’aménagement Alzette-Belval, en concertation avec la communauté de communes, limite volontairement ses besoins énergétiques et produit de l’énergie à partir de sources renouvelables. Un réseau de chaleur, en lien avec la commune voisine, permettra à terme de créer des îlots à énergie positive. Grâce à des trames vertes multifonctionnelles, l’aménagement contribuera également à l’adaptation aux changements climatiques, en luttant notamment contre l’effet ICU. Par ailleurs, un îlot à haute performance énergétique, expérimental et démonstrateur, bénéficie d’un mode constructif innovant (Panablocs de Technowood) valorisant la filière bois locale. Enfin, les conclusions des études d’ingénierie ont servi à concevoir la réhabilitation d’un ancien bâtiment sidérurgique qui accueillera à terme l’établissement public, la communauté de communes, plusieurs services et associations. Bordeaux Plaine de Garonne 28 communes, 737 492 habitants, 579 km 2 Inscrit dans la stratégie territoriale de redéploiement d’un cœur d’agglomération multipolaire, le projet d’aménagement des Bassins à Flot de Bordeaux Métropole se fixe des objectifs énergétiques ambitieux avec près de 70 % d’énergies renouvelables locales et des consommations de moins de 45kWh/m 2 /an. Ces performances, associées à une tarification énergétique attractive, sont définies dans un cahier des charges négocié avec les promoteurs dans le cadre d’ateliers qui ont donné lieu à un plan guide qui n’a cependant pas de caractère réglementaire. Le financement EcoCités s’attache à porter les équipements structurants du projet, à réaliser des études financières et juridiques pour valider des choix énergétiques reproductibles dans un plan d’aménagement global, mais également à mettre en place des outils de sensibilisation des usagers à la maîtrise de l’énergie. > Les clés du succès > Les clés du succès Cerema Territoires et ville 2 rue Antoine Charial - CS 33927 69426 Lyon Cedex 03 Tél : 04 72 74 58 00 [email protected] [email protected] www.cerema.fr L’essentiel des ÉcoCités La démarche Le ministère de la Transition écologique et solidaire et le ministère de la Cohésion des Territoires accompagne la transition écolo- gique des grandes villes françaises. A travers la démarche ÉcoCité, la DGALN accompagne depuis 2008 la mise en oeuvre de stratégies territoriales d’aménagement exemplaires portées par des métropoles et grandes agglomérations qui intègrent l’ensemble des politiques du développement durable. Les projets ÉcoCité les plus ambitieux sont soutenus, depuis 2010, par l’action Ville de demain des programmes d’investissements d’avenir. Le Cerema – Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - est chargé de la capitalisation de ces expérimentations en vue d’une diffusion à l’échelle nationale. Au sein de la collection ÉcoCité, «L’essentiel des ÉcoCités» propose une synthèse des «Notes de capitalisation» qui sont complétées par des «Fiches de cas» > En savoir plus sur ÉcoCité www.ecocites.logement.gouv.fr > En savoir plus sur la démarche [email protected] Les partenaires de la démarche + +

Performance énergétique des bâtiments · Performance énergétique des bâtiments Un document édité par le Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement,

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Des cas concrets

performance énergétique des bâtiments

Depuis les années 1970, la France a mis en place des réglementations thermiques (RT) qui ont permis de diviser les consommations de chauffage et d’eau chaude sanitaire par six à sept. La RT 2012 généralise depuis 2013 les bâtiments neufs à basse consommation, c’est-à-dire visant une consommation de 50 kWhep/m2/an.

La Loi de transition énergétique de 2015 ambitionne la généralisation, à l’horizon 2020, des bâtiments à énergie positive et le déploiement de bâtiments à faible empreinte carbone tout au long de leur cycle de vie, afin de lutter contre le changement climatique. Parallèlement, des labels aux exigences énergétiques supérieures à la RT 2012 ont vu le jour : le bâtiment passif, producteur d’énergie, à énergie positive, autonome, neutre en carbone, intelligent, frugal, etc.

La réflexion sur la performance énergétique des bâtiments porte à la fois sur l’architecture bioclimatique, la réduction des besoins énergétiques ou sobriété, l’efficacité des équipements, l’adaptation aux usages et le recours aux énergies renouvelables ou de récupération. Elle s’ouvre aux impacts environnementaux (économies de ressources, eau et matériaux, émissions de gaz à effet de serre, utilisation de ressources locales, réduction des émissions polluantes et des déchets, recyclage, etc.) et sociaux, avec la lutte contre la précarité énergétique.

Elle s’intègre dans une dimension urbaine, à l’échelle de l’îlot ou du quartier, ce qui implique de nouveaux modes de management pour des projets multi-partenariaux nécessitant des nouveaux outils de gestion et de suivi.

Le bâtiment est le secteur économique le plus énergivore en Europe comme en France, avec 45 % des consommations d’énergie. Il produit chaque année près d’un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre.

Des bâtiments économes et solidaires

Pays Haut Val d’Alzette8 communes, 27 000 habitants, 72 km2

Frontalier du Luxembourg et fortement marqué par des activités minières et sidérurgiques passées, le site de Micheville (50 hectares, 1 800 logements) vise un aménagement de haute qualité environnementale et énergétique.

À l’échelle d’un ensemble d’îlots, le projet, porté par l’établissement public d’aménagement Alzette-Belval, en concertation avec la communauté de communes, limite volontairement ses besoins énergétiques et produit de l’énergie à partir de sources renouvelables. Un réseau de chaleur, en lien avec la commune voisine, permettra à terme de créer des îlots à énergie positive. Grâce à des trames vertes multifonctionnelles, l’aménagement contribuera également à l’adaptation aux changements climatiques, en luttant notamment contre l’effet ICU. Par ailleurs, un îlot à haute performance énergétique, expérimental et démonstrateur, bénéficie d’un mode constructif innovant (Panablocs de Technowood) valorisant la filière bois locale. Enfin, les conclusions des études d’ingénierie ont servi à concevoir la réhabilitation d’un ancien bâtiment sidérurgique qui accueillera à terme l’établissement public, la communauté de communes, plusieurs services et associations.

Bordeaux Plaine de Garonne28 communes, 737 492 habitants, 579 km2

Inscrit dans la stratégie territoriale de redéploiement d’un cœur d’agglomération multipolaire, le projet d’aménagement des Bassins à Flot de Bordeaux Métropole se fixe des objectifs énergétiques ambitieux avec près de 70 % d’énergies renouvelables locales et des consommations de moins de 45kWh/m2/an.

Ces performances, associées à une tarification énergétique attractive, sont définies dans un cahier des charges négocié avec les promoteurs dans le cadre d’ateliers qui ont donné lieu à un plan guide qui n’a cependant pas de caractère réglementaire. Le financement EcoCités s’attache à porter les équipements structurants du projet, à réaliser des études financières et juridiques pour valider des choix énergétiques reproductibles dans un plan d’aménagement global, mais également à mettre en place des outils de sensibilisation des usagers à la maîtrise de l’énergie.

> Les clés du succès

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Cerema Territoires et ville2 rue Antoine Charial - CS 3392769426 Lyon Cedex 03

Tél : 04 72 74 58 [email protected]@cerema.fr

www.cerema.fr

L’essentiel des ÉcoCités

La démarche

Le ministère de la Transition écologique et solidaire et le ministère de la Cohésion des Territoires accompagne la transition écolo-gique des grandes villes françaises. A travers la démarche ÉcoCité, la DGALN accompagne depuis 2008 la mise en oeuvre de stratégies territoriales d’aménagement exemplaires portées par des métropoles et grandes agglomérations qui intègrent l’ensemble des politiques du développement durable. Les projets ÉcoCité les plus ambitieux sont soutenus, depuis 2010, par l’action Ville de demain des programmes d’investissements d’avenir. Le Cerema – Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - est chargé de la capitalisation de ces expérimentations en vue d’une diffusion à l’échelle nationale. Au sein de la collection ÉcoCité, «L’essentiel des ÉcoCités» propose une synthèse des «Notes de capitalisation» qui sont complétées par des «Fiches de cas»

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Les partenaires de la démarche

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Élargir la démarcheComme les labels constructifs, la recherche de performance énergétique s’enrichit d’une démarche environnementale globale, qui prend en compte les énergies grises et l’analyse de cycle de vie du bâtiment. Elle s’attache aux économies de ressources (eau, matériaux), à la valorisation de filières locales (bois, innovations constructives), à la réduction des impacts (matériaux biosourcés, déchets, réemploi, recyclage), mais aussi à la conception bioclimatique (orientation, compacité, apports naturels). Elle permet également de se poser, dès la conception architecturale, la question de la production locale d’énergies renouvelables (bâtiment bas carbone, énergie positive).

Manager la performanceUn système de management intégré garantit bien souvent la réalisation des performances visées, qu’il soit porté par un poste ou par une équipe dédiés. Sa vision transversale et systémique favorise l’élargissement de l’échelle du projet et coordonne les acteurs, parfois nombreux, de la conception à la livraison. Il assure une formation des entreprises, intervenant notamment sur les chantiers, aux objectifs et exigences de mise en œuvre (architecture bioclimatique, recyclage des déchets, chantiers propres, etc.). Il permet enfin d’évaluer les résultats du projet, proposant les indicateurs ad-hoc et l’instrumentation qui va de pair.

Réfléchir à la bonne échelleUn bâtiment se construit dans un contexte territorial. L’approche doit être globale et systémique, la stratégie urbaine intégrée. L’échelle de l’îlot ou du quartier devient pertinente, créant des synergies et des mutualisations, dans la production d’énergie, par exemple, mais aussi grâce aux interactions entre bâtiments : morphologie du tissu urbain, épannelages, ombres portées, etc. On passe alors idéalement du bâtiment au territoire à énergie positive.

Définir ses objectifs de performanceDes cahiers des charges définissent les performances énergétiques et environne-mentales visées, qu’elles soient obligatoires ou volontaires. Ces objectifs sont souvent arrêtés en fonction des retours d’expériences d’opérations innovantes sur le même territoire. À leur tour, ils serviront à évaluer les résultats et feront office d’exemples pour des projets similaires futurs. Cela nécessite d’adopter une logique de simulation et de modélisation en amont du projet.

Sensibiliser et accompagner les usagersElément moteur pour le bon fonctionnement d’un système de performance énergétique, l’usager doit être au centre de la conception d’un projet. De son confort dépendra le bon fonctionnement du système. L’impliquer dans la gestion nécessite des interfaces éducatives permettant de suivre et adapter sa consommation, voire des outils techniques, tels que des primes d’intéressement (bonus pour les comportements vertueux). Pour que l’usager devienne acteur, il convient de lui expliquer les enjeux et le poids de ses actes dans la transition énergétique en cours, par des échanges entre usagers, via des rencontres ou des forums de discussion, mais aussi via des défis (« Familles à énergie positive »). Cette sensibilisation repose souvent sur des contacts directs nécessitant des moyens humains importants, mais qui ont fait la preuve de leur efficacité, notamment parce qu’ils créent ou recréent du lien social.

Les clés du succès

Des cas concretsPerformance énergétique des bâtiments

Performance énergétique des bâtiments

Grenoble-Alpes Métropole49 communes, 439 974 habitants, 541 km2

Sur la ZAC de la Presqu’île, le projet d’aménagement global de Grenoble-Alpes Métropole est axé sur l’amélioration des performances énergétiques, sociales, environnementales et d’accessibilité.

Des objectifs inférieurs de 30 % à la RT 2012, une énergie grise de construction limitée à 1 400 kWhep/m2, une production géothermique issue de la nappe phréatique à partir de pompes à chaleur installées dans chaque bâtiment : le secteur Cambridge de la ZAC bénéficie d’innovations issues du retour d’expériences antérieures de la collectivité. Des subventions permettent de construire des bâtiments témoins autonomes (eau, énergie et gestion des déchets), pour des logements en accession sociale notamment, d’aider les promoteurs et maîtres d’ouvrage à supporter les surcoûts des exigences énergétiques et de mettre en œuvre une évaluation riche d’enseignements pour des opérations futures.

Quatre EcoCités ont intégré à leur projet une réflexion sur la performance énergétique des bâtiments : Grenoble-Alpes Métropole, Strasbourg Métropole des Deux-Rives, Pays Haut Val d’Alzette et Bordeaux Plaine de Garonne.

Strasbourg Métropole des Deux-Rives28 communes, 483 194 habitants, 316 km2

Axe majeur de reconquête des friches portuaires, le secteur Etoile / Deux-Rives accueille quatre actions inscrites dans la stratégie territoriale de l’EcoCité, devenue en 2015 Eurométropole de Strasbourg.

Ces quatre actions sont inscrites dans la stratégie territoriale de la métropole, “territoire à énergie positive“ et “ville respirable en cinq ans“ qui vise en outre l’innovation en termes de mobilité et le renforcement de l’offre de logements. Parmi les quatre projets, tous de niveau bâtiment à énergie positive (Bepos) à l’échelle de l’îlot, la construction d’une tour de logements est portée par le groupe Elithis. Cette dernière, de conception bioclimatique (compacité, orientation, optimisation des surfaces vitrées), inclut la mise en place de panneaux photovoltaïques et la récupération des calories des eaux grises. Le projet se distingue également par deux innovations : des modules thermiques dans chaque appartement et des planchers techniques, utilisés traditionnellement dans les bureaux. Les occupants de cette tour, productrice d’énergie, bénéficieront de charges réduites, du fait de la revente de l’énergie par le syndic. Enfin, ce projet repose sur deux systèmes managériaux innovants : la formation des entreprises aux exigences de mise en œuvre et un poste de manager de la performance énergétique intervenant à toutes les étapes du projet.

> Les clés du succès

> Les clés du succès

Un portage politique nécessaireLa performance énergétique des bâtiments, parce qu’elle touche à l’aménagement urbain et à des échelles plus larges que la construction en elle-même, nécessite un portage politique capable de mobiliser des acteurs du territoire parfois réticents, qu’ils soient privés ou publics. Cette réticence est souvent liée aux surcoûts de l’innovation qui nécessitent des financements plus aisément mobilisables par un porteur de projet au poids politique reconnu. Celui-ci est également mieux placé pour tenter de lever des freins réglementaires qui gênent parfois le développement de l’innovation (réseaux publics, notamment).

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