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1
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2015 Mémoire n°
présenté et soutenu publiquement le ………..……… à Paris
par Mlle Marie GAUTHIER, né(e) le 28/01/1988 à Courcouronnes
Pour l’obtention du
DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.)
Connaissance et intérêt des pédiatres pour l’ostéopathie pédiatrique
Maître de mémoire :Mme Sandra NOACK JACQUOT Co-tuteur : Membres du jury : Président : Assesseurs :
2
Sommaire
Introduction.....................................................................................................…...4
L’ostéopathie pédiatrique……………………………………………..………....8
A : Qu’est-ce que l’ostéopathie ?
……………………………...………....9
B : La naissance d’un point de vue
ostéopathique……………...……...13
Description du fœtus à
terme……………………………….……..14
Le bassin maternel………………………………………...……...16
Le mécanisme de la
naissance…………………………………….18
C : Les différentes anomalies
observées………….…………………….23
Anomalies de formes………………………..……………………23
Dysfonctions appendiculaires…………………………………….26
Anomalies de l’appareil digestif………………………………….28
Anomalies des voies
aériennes………………………………...….31
La maturation du système nerveux…………………….……...….32
Anomalies de comportement……………………...……………...34
Difficultés d’apprentissage et de scolarité………………………..34
D : Les domaines plus spécifiques…………………………………….35
3
La scoliose………………………………………………………..35
Les problèmes
dentaires…………………….………………....….37
Matériel et
méthode……………………………………………………….…….40
A : Problématique d’étude……………………………………….……..41
B : Conception du
questionnaire………………………………………..42
Résultats……………………………………………………………………...….46
Discussion………………………………………………………………………..56
Conclusion…………………………………………………………………….…66
Annexes………………………………………………………………………….71
Bibliographie……………………………………………………………………77
4
Introduction
5
L’ostéopathie connait un essor considérable depuis quelques années, elle se
popularise. Malgré cela, une large part de la population ne connait que très peu
l’étendue de ses champs de compétence. La plupart consulte leur ostéopathe pour
des rachialgies, grand mal du 21ème siècle. Définie comme une pratique
exclusivement manuelle, l’ostéopathie vise à pallier les dysfonctionnements de
mobilités des tissus du corps humains en donnant au corps les moyens de
s’autoréguler.
Mais depuis peu, un nouvel élan au sein de la société se développe, celui de
l’ostéopathie pédiatrique. En effet, beaucoup de futurs parents ou de jeunes
parents entendent parler de l’ostéopathie pédiatrique et se posent la question de
l’intérêt de l’ostéopathie pour leurs enfants car ils ne savent pas dans quel cas elle
peut être nécessaire.
Pendant la naissance, le nouveau-né subi de fortes tensions qui sont susceptibles
d’entrainer des problèmes futurs. Une étude faite par Viola Frymann1 il y a
quelques années aux Etats-Unis sur 1250 enfants a révélé que 10 à 12% des
enfants avaient un mécanisme crânien sans problème – ou presque- alors
qu’environ 10% présentaient de sévères difficultés. Quant au 80% restant, Viola
Frymann et ses collaborateurs décelèrent différents degrés de schémas non
physiologiques, peut être insuffisamment prononcés ou développés pour donner
1 Ostéopathe américaine née en 1921 connue pour sa pratique de l’ostéopathie crânienne pédiatrique
6
des signes cliniques ou des symptômes immédiats, mais menaçant tout de même,
d'une façon ou d'une autre, le futur, proche ou lointain, de ces enfants.2
Les problèmes communs à la période postnatale tels que la difficulté à téter, les
régurgitations, les vomissements, les difficultés à déglutir, la tension nerveuse, la
respiration irrégulière et les problèmes de sommeil sont fréquemment dominés
sitôt ces tensions corrigés.
Afin d’avoir des réponses, ils se tournent vers la première personne de confiance
en charge de la santé de leur enfant : le pédiatre.
Il est vrai que depuis quelques années l’ostéopathie pédiatrique se démocratise en
réponse aux manques de solutions médicales devant les problèmes de reflux,
torticolis, pleurs inexpliqués, déficit d’attention, colique ou troubles du sommeil.
Malgré une réticence encore pugnace, cette pratique pénètre petit à petit les
maternités. Catherine Garrigos-Montaron étudiante en ostéopathie a, dans le cadre
de son mémoire, mené une enquête entre octobre 2009 et janvier 2010 auprès de
526 maternités françaises. Il en ressort que moins de 15% des structures ont un
ostéopathe dans leurs services, bien que le bienfait de celui-ci soit établi3. En
2013, Lou Couturier a réalisé une autre étude faisant état de 22% des maternités
faisant appel à un ostéopathe. L’augmentation de la demande est donc de 7% en 3
ans.4
Heureusement, les ostéopathes peuvent compter sur le soutien des premiers
acteurs de l’univers pédiatriques : les sages-femmes. En effet, avec son mémoire
« Actualité sur le parcours de soin : Les sages-femmes partenaires de l’ostéopathie
pédiatrique ? », Julien Yamin5 montre, avec un taux de participation à 81,75%,
que les sages-femmes portent un intérêt prononcé quant à notre profession. Il en
ressort que 96% de leurs patients les ont déjà questionné à propos de l’ostéopathie
2 Article de Jacques Andréa DUVAL, disponible sur : http://www.ostéopathes66.com/articles/drviolafrymannconfrencesurlenfant.pdt 3 Catherine GARRINGOS-MONTARON « L’ostéopathie à la maternité : vers une meilleur reconnaissance », mémoire pour l’obtention du DO CEESO, 2010, Paris 4 Lou COUTURIER « Etat des lieux de l’ostéopathie dans les maternités », mémoire pour obtention du DO 5 Julien YAMIN « Actualité sur le parcours de soins :les sages-femmes partenaires de l’ostéopathie pédiatrique ? Focus sur les décret 2007-435 », mémoire pour obtention du DO IDO, octobre 2012, Paris
7
pédiatrique et que 100% d’entre elles connaissent bien cette pratique. Elles se font
donc émissaires de notre profession auprès du milieu médical.
Mais, même si ses mérites commencent à être plébiscités, elle reste un sujet
d’incompréhension auprès des professions médicales.
Mais qu’en est-il des pédiatres ? Ces professionnels de santé sont-ils à même de
répondre aux questionnements et angoisse des parents ? Quelle vision porte le
médecin pédiatrique sur l’ostéopathie et ont-ils une connaissance suffisante en la
matière ? Y a-t-il une relation pédiatre-ostéopathe permettant une prise en charge
pluridisciplinaire du patient ?
Ce mémoire a donc pour but de tenter d’apporter des réponses à ces questions.
Pour ce faire nous allons dans un premier temps nous appuyer sur la littérature
ostéopathique et sur les études réalisées afin d’expliquer dans quelles situations
une prise en charge ostéopathique peut être bénéfique pour l’enfant. Puis, grâce à
une enquête adressée aux pédiatres nous essayeront d’analyser leurs
connaissances, leur vision, et l’efficacité qu’ils attribuent à cette thérapie.
8
L’Ostéopathie
pédiatrique
9
A : Qu’est-ce que l’ostéopathie ?
« Certains pensent que l’ostéopathie est un système de massages, d’autres qu’il
s’agit de « guérison par la foi ».Pour ma part, je n’ai aucune « foi », je souhaite
seulement m’appuyer sur la vérité. Andrew Taylor Still, Autobiographie, chap.
XXIII
L’ostéopathie est une médecine manuelle inventée le 22 juin 1874 par le Docteur
Andrew Taylor Still. Elle est fondée sur la capacité du corps à s’autoréguler et sur
une connaissance approfondie de l’anatomie. Cette thérapie prévient, diagnostique
et traite manuellement les dysfonctions de mobilités des tissus du corps humain
afin d’en conserver l’intégrité. Selon Yannis Constantinidès « Le but d’une
thérapeutique intégrale telle que l’ostéopathie est précisément d’améliorer la
qualité de vie du patient en rééquilibrant son corps. »6
La définition qui, à mon sens, reflète le mieux l’ostéopathie a été élaborée en 1987
lors de la Convention Européenne d’Ostéopathie :
« La médecine ostéopathique est une science, un art et une philosophie des soins
de santé, étayée par des connaissances scientifiques en évolution.
Sa philosophie englobe le concept de l’unité de la structure de l’organisme vivant
et de ses fonctions. Sa spécificité consiste à utiliser un mode thérapeutique qui
vise à ré harmoniser les rapports de mobilité et de fluctuation des structures
anatomiques.
Son art consiste en l’application de ses concepts à la pratique médicale dans toutes
ses branches et spécialités.
6 Y.CONSTANTINIDES et F.PARIAUD, Regards croisées sur l’ostéopathie, De boeck, page 4
10
Sa science comprend notamment les connaissances comportementales, chimiques,
physiques et biologiques relatives au rétablissement et à la préservation de la
santé, ainsi qu’à la prévention de la maladie et au soulagement du malade… »7
Cette médecine manuelle pour le maintien de la santé repose sur trois concepts
principaux :
- La globalité : l’ostéopathie est une thérapeutique holistique. L’homme est
un tout indivisible. Le corps constitue une unité fonctionnelle
indissociable. Chaque muscle, os, ligaments, fascias, viscères est en étroite
relation avec le reste du corps humain ainsi qu’avec son psyché, son
identité.
- L’interrelation structure-fonction : chaque structure possède une fonction
qui lui est propre, et inversement. Dès qu’une structure commence à
perdre sa mobilité, la fonction qu’elle remplit est perturbée, entrainant un
trouble fonctionnel.
- L’homéostasie ou autorégulation du corps humain : l’homéostasie se
définie par le maintien de différentes constantes biologiques à leur valeur
normale. La physiologie du corps tend vers l’équilibre et la santé.
L’ostéopathie consiste donc à aider le corps déséquilibré à retrouver ses
capacités d’auto guérison.
Pour l’ostéopathie, tous les maux, physiques aussi bien que psychologiques, ont
des résonnances partout dans le corps. Ainsi, les mauvaises postures, les
accidents, le stress ne perturbent pas un seul système (musculosquelettique,
digestif, neurologique, vasculaire, hormonal, etc.) mais tout l’organisme. Pour
soigner chaque problème il faut donc rétablir l’harmonie dans le système
musculosquelettique et dans chacun des autres systèmes.8
La lésion ostéopathique ou dysfonction somatique est une restriction de mobilité
d’un tissu humain, qu’il soit osseux, articulaire, ligamentaire, musculaire,
membranaire, fascial, viscérale ou vasculaire. Elle apparait suite à un traumatisme
(mineur ou majeur), une situation jugée anxiogène, ou un trouble du métabolisme 7 Pr Pierre CORNILLOT, président de l’université de Paris-nord Bobigny pour la convention européenne d’ostéopathie qui se tenait à Bruxelles en 1987, Extrait du discours, disponible sur : http://www.osteopathie-france.net/comprendrelosteopathie/2125-de-la-definition-de-l-osteopathie 8 Définition de l’ostéopathie disponible sur : http://www.passeportsante.net/fr/therapies/guide/
11
(médicaments, tabac, alcool, alimentation…). Le corps réagit en tant qu’unité aux
traumatismes et donc aux pertes de mobilité et il s’en suit un nombre important de
réaction :
- Une suite mécanique articulaire
- Une suite hydraulique des voies vasculaire
- Une suite segmentaire et locale empruntant les filets nerveux
- Un déséquilibre du système nerveux autonome
- Une activation des systèmes endocriniens
- Un déséquilibre thermique
Ces suites induisent des modifications et des bouleversements
neurophysiologiques qui sont responsables des variations de l’homéostasie :
L’irritation du système capsulo-ligamentaire et musculaire est responsable de la
douleur. Chaque articulation est reliée à un centre médullaire responsable de
l’état vasculaire, de la sensibilité et de l’équilibre neuromusculaire de
l’articulation innervé. Une lésion ostéoarticulaire peut donc engendrer des
troubles cutanés, troubles trophiques neuromusculaire (chaleur, pesanteur,
sensibilité extéroceptive) et aussi troubles moteurs (parésie, contractures reflexes).
La résultante de la lésion est surtout une perte de mobilité articulaire.
Peuvent également être associé une émotion, un phénomène inconscient, une
mémoire corporelle. Cette lésion ostéopathique peut rester muette.
Pour rétablir les déséquilibres corporels, le praticien possède plusieurs outils
thérapeutiques. Les techniques ostéopathiques dépendent du diagnostic, du
thérapeute et du patient. Tout l’art de l’ostéopathe consiste à adapter la technique
à chaque situation.
Il en existe quatre principales :
- Les techniques structurelles sont des techniques articulaires passives
utilisant un appui manuel ou corporel pour normaliser une dysfonction.
Ces techniques vont dans le sens de la barrière, contre la restriction de
mobilité. Grâce à une grande vitesse d’exécution avec peu d’amplitude de
mobilité, les surfaces articulaires sont libérées. La surprise des défenses
12
physiologiques articulaires et la séparation brusque des surfaces
surprennent le système nerveux central. Cette libération respecte les
barrières physiologiques de l’articulation.
- Les techniques fonctionnelles ont pour principes de manipuler dans le sens
de la lésion, dans le sens de la facilité jusqu’au point neutre de mobilité et
de maintenir cette position d’équilibration tridimensionnelle jusqu’à
libération des éléments. Cela induit à un état de relâchement tissulaire
suffisant permettant l’auto guérison d’une lésion.
- Les techniques viscérales permettent de redonner de la motilité aux
viscères et donc globalement à la sphère digestive. Bien que peu connu du
grand public, le viscéral est une manipulation très importante dans la prise
en main globale du patient. En effet, de par les attaches anatomiques de la
sphère viscérale, le lien entre le système nerveux autonome, la colonne
vertébrale et les viscères est très étroit. C’est pour cela qu’une restriction
de mobilité d’un des organes de l’appareil digestif peut perturber la
biomécanique rachidienne.
- Les techniques crâniennes sont centrées sur la sphère cranio-sacré. Le
crâne est relié au sacrum, socle de notre bassin, via la colonne vertébrale.
Ces deux entités sont indissociables. De plus, des ostéopathes américains
ont prouvé l’existence d’un mouvement interne, véritable mécanisme
moteur de la malléabilité crânienne.
13
B : La naissance d’un point de vue ostéopathique :
La naissance est le premier évènement de la vie d’un individu. Même si elle n’est
pas obligatoirement considérée comme difficile, elle reste une étape marquante et
éprouvante, soulignée par l’apparition possible de dysfonctions primaires.
« L’accouchement est le premier vrai traumatisme que subit le nouveau-né »9. Ces
dysfonctions, même si elles ne mettent pas le pronostic vital de l’enfant en jeu,
peuvent venir ternir sa vie quotidienne.
« Pendant la grossesse, le fœtus est soumis à des contraintes physiologiques
auxquelles ce dernier doit s’adapter. Cette adaptation est relativement progressive
dans le temps contrairement à son aboutissement : l’accouchement. La vitesse et
la violence de celui-ci imposent aux structures du fœtus des contraintes telles
qu’elles doivent s’y adapter très rapidement. De la qualité et de la coordination de
la réponse des différents tissus dépendent le bon déroulement de cette épreuve et
la conservation de l’intégrité tissulaire… »10
D’après Raymond Solano, ostéopathe DO, auteurs de plusieurs ouvrages et ex-
président du Registre des ostéopathes de France « L’utilité de la visite
ostéopathique est complémentaire à celle du médecin ou du pédiatre. Il faut bien
comprendre que notre travail ostéopathique sur le bébé et l’enfant est différent de
celui d’une consultation médicale. De plus, il est exclusivement basé sur une
action thérapeutique manuelle sur l’ensemble du corps de l’enfant incluant les
différents rapports structurels, crâniens, viscéraux et énergétiques. »11
9 Raymond SOLANO, Ostéopathie pour les bébés et les enfants, Sully 10 Charlène DUCHANOIS « Ostéopathie et nouveau-né, l’accompagnement en post-partum » mémoire pour obtention du diplôme de sage-femme, promotion 2011, école de sages-femmes Albert Fruhinsholz 11Raymond SOLANO, Ostéopathie pour les bébés et les enfants, Sully, page 9
14
Il me semble important de rappeler succinctement l’anatomie et la physiologie du
fœtus à terme et du bassin maternel ainsi que le déroulement d’un accouchement
afin d’expliquer les dysfonctions somatiques pédiatriques, leurs diagnostics et
leurs traitement.
Description du fœtus à terme :
Dans son article paru dans la revue Energie Santé n°41 été 1998, Pierre Tricot12
décrit qu’à ce stade de développement l’ossification crânienne de l’enfant est
incomplète. Les os du crâne non soudés entre eux sont maintenus par le sac
membraneux méningé, gage de solidité et de protection pour le cerveau. Ceci
confère au crâne une certaine souplesse lui permettant de se déformer et de
s’accommoder au modelage subi lors de la naissance. Les os du crâne sont divisés
en deux parties, les os de la voûte et les os de la base. Ceux de la base crânienne
proviennent embryologiquement d’os cartilagineux, dense et solide. Ils sont
séparés par des synchondroses. Quant aux os de la voûte, ils sont formés à partir
d’os membraneux, plus souples, et sont séparés par des sutures ou des fontanelles,
selon qu’ils séparent deux, trois ou quatre os.
12 Pierre TRICOT, diplômé en kinésithérapie et ostéopathe DO depuis 1984, auteur de plusieurs livres ostéopathiques dont « Approche tissulaire en ostéopathie-livre 2 », co-fondateur de la revue Apostill, revue de l’Académie d’ostéopathie de France.
15
[1] Schéma du crâne de l’enfant à la naissance
Ces sutures et fontanelles vont se fermer petit à petit après la naissance :
- Grande fontanelle ou suture bregmatique entre 6 et 18 mois
- Suture lambdatique aux alentours de 2 mois
- Suture ptérique entre 3 et 6 mois
- Suture astérique à environ 1 an
L’agencement des os du crâne évoluant comme des plaques membraneuses non
soudées entre-elles permet aux plaques de se rapprocher les unes des autres
(parfois même de se chevaucher) pour s’adapter à l’étroitesse du passage lors de la
naissance. Si les contraintes mécaniques dépassent le seuil de solidité du sac
membraneux méningé, des déformations importantes voire irréversibles se
produisent. La voûte crânienne, de part son agencement, confère une réelle
souplesse au crâne du nourrisson ; souplesse primordial pour le bon déroulement
de l’accouchement.
La base du crâne quant à elle est plus synonyme de résistance. Lors de
l’accouchement, elle est retenue par le col de l’utérus de la mère qui se dilate. La
base du crâne, et plus particulièrement les articulations de la première vertèbre
16
cervicale avec l’occiput, reçoit la pression des forces de travail de l’utérus subie
par le corps de l’enfant.
A la naissance, l’os occipital est divisé en quatre parties distinctes : l’apophyse
basilaire, les deux parties condylaire qui portent les condyles occipitaux
s’articulant avec la première vertèbre cervicale et l’écaille. Ces quatre parties
forment le trou occipital, orifice laissant passage à la moelle épinière.
Des structures nerveuses et vasculaires passent à proximité de cette zone et
peuvent donc être comprimées par la déformation de l’os lors de la naissance : Le
nerf glosso-pharyngien (IXème nerf crânien) contrôlant une partie de la phonation
et de la déglutition, le nerf pneumogastrique (Xème nerf crânien) constituant la
majorité du système parasympathique et participant au contrôle du
fonctionnement des systèmes cardiaque, respiratoire et digestif…Quant aux
structures vasculaires, l’essentiel du drainage veineux du crâne passe dans cette
zone. Ce flux est essentiel pour la vie du tissu neural et donc pour le
développement psychomoteur de l’enfant.
[2] Schéma montrant les émergences nerveuses au niveau de la base du crâne
17
Nous pouvons donc déduire que l’intégrité des structures de la base du crâne est
indispensable à la bonne vie et au bon développement du système nerveux central.
Le bassin maternel :
Le bassin maternel est classiquement divisé en 2 catégories, un bassin dur, osseux
et un bassin mou, tissulaire.
La ceinture pelvienne est constituée de quatre pièces osseuses : les deux os
iliaques, le sacrum, pièce centrale du bassin et le coccyx. La stabilité de ce cadre
osseux repose en grande partie sur la puissance des ligaments sacro-iliaques
postérieurs et de la symphyse pubienne. Cet anneau pelvien osseux forme une
cavité osseuse large fermée de toute part. La partie supérieure, ou détroit
supérieur, a une forme ronde, avec des dimensions permettant le passage de la tête
de l’enfant. Le détroit inférieur est losangique, même si sa forme varie en fonction
de la position du coccyx. Il est formé en arrière par le sacrum, la pointe du coccyx,
les tubérosités ischiatiques sur les côtés et en avant par les bords inférieurs de la
symphyse pubienne.
Le bassin mou complète le bassin osseux avec les muscles, fascias et ligaments
formant un véritable plancher pelvien. Le diaphragme pelvipérinéal, ou plus
communément appelé périnée, est constitué d’un plan profond formé par les
muscles élévateurs de l’anus, ischiococcygiens et les ligaments sacrotubéraux ; et
d’un plan superficiel, avec muscles et fascias superficiels du périnée. Ce bassin
mou fonctionne comme un diaphragme et à un rôle de soutien des viscères lorsque
la femme est en position debout.
18
[3] Schéma du bassin montrant la constitution anatomique générale
Le mécanisme de la naissance :
L’accouchement se décompose en 6 phases :
- L’engagement
- La descente
- La rotation
- La déflexion
- L’expulsion
- La délivrance
19
Lors de l’engagement, le crâne du fœtus s’engage dans le détroit supérieur du
bassin de la mère. Pour se faire, il rapproche son menton de son sternum afin de
présenter le diamètre le plus petit possible.
Le crâne de l’enfant, en cherchant le plus grand diamètre pour passer plus
facilement, descend dans les deux détroits :
- Le détroit supérieur, séparant grand et petit bassin - Le détroit inférieur, dans la partie basse du bassin, composé du pubis en
avant et du coccyx en arrière
L’arrivée dans le détroit inférieur signe la fin de la descente.
A ce moment-là déjà, le crâne peut se trouver gêné et modelé par la proéminence
du sacrum ou du pubis de la mère.
Poussée par les contractions utérines, le crâne continu à descendre et tourne pour
présenter sa partie postérieure (son occiput) face à la symphyse pubienne, c’est la
rotation. A la composante de compression s’ajoute donc une composante de
torsion. De par la résistance du col de l’utérus, les forces qui s’exercent à la base
du crâne sont considérables. Celles-ci laisseront une empreinte mécanique
perceptible dans les tissus, ainsi que le mécanisme de rotation de la tête de
l’enfant.
20
[4] Schéma montrant les différentes contraintes s’exerçant sur le crâne de
l’enfant lors de la descente dans la filière de naissance
La symphyse pubienne devient ensuite l’axe de pivot de l’occiput, ce qui
provoque l’extension de la tête du fœtus. Cette phase est appelée déflexion.
Lorsque le col de l’utérus s’ouvre, la tête de l’enfant peut se dégager. Elle effectue
une nouvelle rotation et l’occiput « s’enroule » autour du pubis de la mère au
moment de la sortie. C’est enfin le moment de l’expulsion.
21
[5] Schéma montrant la période de dégagement
Les contraintes mécaniques subies par le crâne ne sont pas forcément
préjudiciables, notamment si l’accouchement n’est pas trop long et si les
contractions et la résistance des tissus de la mère ne sont pas trop fortes. Ce
modelage naturel du crâne de l’enfant permet, d’après des analyses effectuées par
des ostéopathes, la mise en route des mouvements du système crânien. En
revanche, le mouvement du crâne d’un enfant né par césarienne n’est pas
similaire. Il est moins ample, moins marqué, mal défini au niveau des os crânien.
Cela peut provoquer des anomalies fonctionnelles qui ont un retentissement sur la
physiologie de l’organisme de l’enfant.
Dans ces conditions, il est normal de considérer la naissance comme un processus
normal de la vie et non pas comme un processus automatiquement source de
problème. Cependant, des causes multiples peuvent provoquer des naissances
difficiles :
22
- La fragilité du crâne de l’enfant due à sa prématurité
- Le bassin de la mère trop tonique, déformé ou bloqué
- Le stress, qui induit des tensions anormales dans les tissus du corps
- La mauvaise présentation de l’enfant
- La durée de travail
- L’accouchement avec instrumentation (forceps, ventouse…)
Suite à ces difficultés, certaines conséquences peuvent être immédiatement
perçues, soit parce qu’elles sont particulièrement graves et mettent en jeu la vie de
l’enfant, soit parce qu’elles entrainent des manifestations visibles, comme la
déformation du crâne.
La grande majorité des naissances se déroulant sans grosses difficultés, il est
normal de se demander si l’action d’un ostéopathe sur l’enfant après la naissance
est nécessaire. La réponse est oui dans la majorité des cas. En effet, même si
aucun problème majeur n’a été détecté au moment de l’accouchement, certaines
anomalies peuvent rendre compte de l’inconfort de l’enfant.
23
C : Les différentes anomalies observées :
Cette partie n’est qu’un résumé succinct d’une partie des ouvrages phares de cette
thérapeutique, à savoir Ostéopathie pédiatrique de Nicette Sergueef 13 et Une
approche de l’enfant en médecine ostéopathique de Jane E Carreiro14 qui
exposent tous deux en détail les présentations cliniques qui peuvent être traitées
efficacement par les procédures ostéopathiques.
Anomalies de formes :
Il peut s’agir de déformations du crâne de l’enfant (plagiocéphalie, crâne en
parallélogramme, …), d’un enfant qui tourne sa tête toujours du même côté
(torticolis), d’une déformation de la cage thoracique (pectus excavatum et
carinatum), de l’atteinte du plexus brachial,…etc. Ces exemples sont autant de
signes rappelant les contraintes mécaniques subies par l’enfant lors de sa
naissance.
Les asymétries les plus fréquentes sont les torticolis musculaires congénitaux et
les plagiocéphalies.
TORTICOLIS :
Il existe deux grandes sortes de torticolis. Les torticolis congénitaux et les
torticolis musculaires congénitaux. Le premier, observable dès la naissance, est
souvent associé à d’autres pathologies médicales tel que l’impression basilaire, la
malformation d’Arnold-Chiari, ou encore des anomalies occipitoaltoïdiennes.
C’est pourquoi une prise en charge ostéopathique n’est pas envisageable en
première intention.
Le torticolis musculaire congénital (TMC) apparait dans les premières semaines
après la naissance. Il est le résultat d’une contracture du muscle sterno-cléïdo- 13 Nicette SERGUEEF, Ostéopathie pédiatrique, Masson, août 2013 14 Jane E CARREIRO, Une approche de l’enfant en médecine ostéopathique, Sully, septembre 2006
24
occipito-mastoïdien ou SCOM, ce qui provoque un side homolatéral et une
rotation controlatérale de la tête. La primiparité, l’utilisation d’instruments lors de
l’accouchement, la présentation par le siège, la largeur d’épaule importante de
l’enfant sont des possibles facteurs de risques à l’apparition du TMC.
Des théories intra-utérines aux théories associant les TMC aux traumatismes de la
naissance, aucune n’a pu être vérifiées. Cependant, il est probable que le torticolis
musculaire congénital soit le résultat de plusieurs facteurs.
PLAGIOCEPHALIE :
Le terme « plagiocéphalie » trouve son origine dans le terme grec plagios, qui
signifie oblique et kephalê qui signifie tête. C’est « une pathologie transitoire,
périphérique, posturale et acquise. Elle se distingue de la craniosténose par son
innocuité sur le développement de l’encéphale. C’est une asymétrie crânienne,
non synostosée, avec aplatissement crânien postérieur, le plus souvent pariéto-
occipital. »15
Il en existe deux types :
- La plagiocéphalie sur craniosténose : soudure prématurée des sutures
crâniennes pouvant entrainer une augmentation de la pression
intracrânienne
- La plagiocéphalie posturale : déformation bénigne du crâne du bébé
La première malformation n’est pas du ressort de l’ostéopathe, bien qu’une
approche pluridisciplinaire associée à celle d’un pédiatre neurochirurgien soit
nécessaire.
La plagiocéphalie positionnelle touche 9,9% des enfants en dessous de 6 mois.
Elle est soit frontale soit occipitale. On constate une augmentation de
l’emplacement occipitale de la déformation au détriment de la frontale. Ce
changement s’explique par le fait qu’il est conseillé aux parents depuis quelques 15 Evelyne SOYEZ-PAPIERNIK, Neuropédiatrie et ostéopathie du nouveau-né et du jeune enfant, Masson, septembre 2014, chapitre 6, page 41
25
années de coucher leur enfant sur le dos afin de prévenir de la mort subite du
nourrisson.
La cause de cette déformation est multifactorielle. Ces différentes causes peuvent
affecter le bébé avant la naissance tel que des contraintes anormales sur la tête du
fœtus (malformation utérine, oligoamnios, grossesse multiple, pression des
organes abdominaux…) ; pendant la naissance à causes des différentes pressions
subies, d’un travail prolongé, d’un accouchement instrumental…
Dans les plagiocéphalies postérieures ce sont les os occipitaux et temporaux qui
sont les plus touchés. Ce type de malformation, bien que non létale, peut entrainer
de multiples conséquences.
Une compression asymétrique de la tête peut provoquer une atteinte du nerf
hypoglosse (XII), passant entre le basiocciput et l’exocciput et innervant les
muscles de la langue, et donc aboutir à un problème de succion.
Une déformation des foramens, notamment le foramen jugulaire situé au niveau
de la suture pétro-occipitale, laissant passage aux nerfs vague (X),
glossopharyngien (IX) et accessoire (XI) ainsi qu’à la veine jugulaire peut
entrainer dysautonomie (atteinte du système nerveux central autonome), coliques,
régurgitations, etc. par compression du X ; des asymétries musculaires des
groupes musculaires innervés par le XI ou des problèmes de déglutition.
Le crâne comporte deux parties : la base, d’origine cartilagineuse, dense et rigide,
et la voûte, d’origine membraneuse, très fine. Si la déformation est due à la
compression de la voûte, la grande déformabilité de ses os permet de s’adapter
aux différentes contraintes subies. Le plus souvent, ces déformations s’estompent
avec l’arrivée du mécanisme de respiration primaire et les os ont tendances à
reprendre leurs positions.
Si, par contre, la déformation est due à la compression de la base du crâne ; celle-
ci, composée d’os plus dense, a tendance à rester en lésion. L’ostéopathe devra
corriger spécifiquement celle-ci afin de ré harmoniser le crâne du bébé et de
décomprimer les différentes structures atteintes, si besoin est.
26
Dysfonctions appendiculaires :
FRACTURE DE LA CLAVICULE :
La clavicule est le premier os à commencer son ossification aux environs de la
5éme semaine in utéro, mais aussi le dernier à la terminer (entre 25 et 31ans
suivant les ouvrages). C’est aussi l’os le plus fracturé pendant l’accouchement.
Une durée de travail trop long, un bébé diagnostiqué macrosome (dont le poids de
naissance est estimé supérieur à 4kg), l’utilisation d’instruments, ou une dystocie
de l’épaule (difficultés de l’accouchement liées au bassin osseux maternel) sont
autant de facteurs de risques pouvant causer cette atteinte.
Il peut y avoir des fractures symptomatiques, avec œdème, crépitation, renflement
et diminution ou absence du mouvement du bras, diagnostiqué pendant le séjour
hospitalier ; et des fractures asymptomatiques ou incomplètes, plus difficilement
décelable. L’enfant est irritable, pleurs lorsqu’on l’habille ou qu’on le couche sur
le côté atteint.
Celles-ci ne nécessitent pas de traitement orthopédique. Classiquement une simple
immobilisation de la manche du nouveau-né pendant quelques jours est suffisante
pour un rétablissement complet.
Cependant, une approche ostéopathique est vivement recommandée dans
l’accompagnement du processus de guérison. En effet, de nombreux muscles et
fascias s’insèrent sur les multiples faces de la clavicule. Une fracture de la
clavicule peut donc altérer leurs bons fonctionnements et entrainer une asymétrie
des structures, pouvant, a fortiori causée une plagiocéphalie par exemple.
27
ATTEINTES DU PLEXUS BRACHIAL :
[6] Schéma du plexus brachial
Le plexus brachial est un plexus nerveux partant de la base du cou et allant jusque
dans la partie postérieur de l’aisselle. Sa fonction est l’innervation motrice et
sensitive du membre supérieur. Il prend naissance à partir de branches antérieures
des nerfs C5 à D1.
C’est majoritairement au cours d’accouchements difficiles que les nerfs sont
endommagés, l’atteinte allant du simple œdème comprimant une racine, à la
28
rupture d’un ou plusieurs nerfs. La plupart du temps cette atteinte est unilatérale.
Selon le nerf lésé les signes diffèrent :
- La paralysie d’Erb-Duchenne, est une atteinte du plexus supérieur C5C6,
affectant les muscles de l’épaule et du coude.
- La paralysie de Klumpke est une atteinte du plexus inférieur C7C8T1
affectant les muscles de l’avant-bras et de la main.
- Une atteinte complète de C5 à T1 est la cause d’une paralysie complète du
membre supérieur, associé le plus souvent à une perte de sensibilité.
Anomalies de l’appareil digestif :
Des difficultés de succion ou de déglutition trop fréquente, des régurgitations ou
reflux anormaux, des problèmes intestinaux tels que la constipation, les coliques
ou les gaz. Ces différents problèmes sont le reflet d’une gêne pouvant être
fonctionnelle ou atteignant la régulation de tonus nerveux ou parasympathiques
par compression ou irritation d’une paire de nerf crânien, notamment de la Xème,
au niveau de son orifice de sortie à la base du crâne, soit une malposition de la
mandibule ou encore une anomalie de positionnement de la première vertèbre
cervicale d’après Evelyne Soyez-Papiernik.16
Bien entendu ces anomalies digestives peuvent avoir d’autres origines, alimentaire
par exemple.
Retour sur ces troubles digestifs :
Des activités complexes telles que la succion et la déglutition peuvent être
altérées. Ces activités sont dites complexes car mettent en jeu une multitude de
structures.
La succion est gouvernée par les muscles masséters, orbiculaire de la bouche,
buccinateur, ptérygoïdiens latéraux et majoritairement par la langue, composée de
17 muscles intrinsèques et extrinsèques, s’insérant sur la mandibule, les processus 16 Evelyne SOYEZ-PAPIERNIK, Neuropédiatrie et ostéopathie du nouveau-né et du jeune enfant, Elsevier Masson, chapitre 7, page 55
29
styloïde des temporaux et l’os hyoïde. Toute contrainte trop importante d’une de
ces structures peut affecter la musculature et donc la position de la langue. Toutes
atteintes d’un des nerfs innervant ce complexe musculaire pourra aboutir à la
même conséquence.
Associée à la succion, la déglutition est primordiale dans le procédé
d’alimentation des nourrissons. Ce mécanisme est divisé en quatre temps : buccal,
pharyngien, œsophagien et cardial. C’est un phénomène se produisant entre 1500-
2000 fois par jour.
Le reflux gastro-œsophagien est le retour du contenu gastrique dans
l’œsophage et la bouche, émis involontairement et avec force. Il est associé à une
douleur épigastrique, un pyrosis et une toux de décubitus dorsal. Jusqu’au 3 mois
du nourrisson il est considéré comme physiologique car le sphincter œsophagien
inférieur est encore immature à cet âge. Il affecte environ 50% des nourrissons.
C’est le trouble le plus fréquent de l’appareil gastro intestinale chez les enfants.
L’œsophage est un conduit musculo membraneux qui relie le pharynx à l’estomac.
Il s’abouche à l’estomac par le sphincter œsophagien inférieur (SIO) dont le rôle
est d’empêcher le reflux gastrique. Son tonus est contrôlé par le nerf vague (X) ;
Ce qui explique qu’une atteinte/inflammation de ce nerf, surtout à sa sortie au
niveau du foramen jugulaire et de l’orifice œsophagien du diaphragme peut avoir
pour conséquence un trouble du reflux gastro-oesophagien.
Une étude fut réalisée en 2006 dans le projet d’un mémoire de fin d’étude
ostéopathique17, en partenariat avec le Dr Richard LEROUX pédiatre marseillais,
ayant pour sujet le RGO18 du nourrisson. Cette étude, d’une durée de 18 mois, fut
menée sur 168 nourrissons de moins de 6 mois qui régurgitaient.
Les résultats ont été les suivant :
- L’amélioration était de 50% avec un traitement crânien
17 Marion LE ROLLAND « RGO primaire du nourrisson » mémoire pour l’obtention du DO ISO, 2006 18 RGO Reflux Gastro-Oesopahgien
30
- Celle-ci montait à 80% avec un suivi de traitement abdominal en
deuxième séance
Le terme colique est dérivé du grec kblikos et signifie « en rapport avec le
côlon ». C’est la deuxième anomalie de l’appareil digestif la plus fréquente après
les régurgitations gastro-œsophagien. Elles sont souvent multifactorielles, allant
de l’allergie aux protéines de lait de vache, l’intolérance au lactose, d’une
dysfonction du péristaltisme intestinale en passant par l’aspect psychologique
avec une relation parent-nourrisson délicate.
Les coliques débutent dès le premier mois de la vie et peuvent perdurer jusqu’au
troisième voire quatrième mois. Elles sont diagnostiquées grâce à la « règle des
trois » proposé par Wessel et al en 195419 : Les enfants présentant des coliques
sont des enfants qui pleurent plus de 3h par jour, plus de 3jours par semaine
pendant plus de 3 semaines.
Malgré cette règle, il est souvent difficile d’identifier la cause des pleurs de
l’enfant, qui est difficilement consolable.
La constipation, qui est un ralentissement du transit intestinal, provoque
une diminution de la quantité de selles émises, un retard à la défécation, une
consistance anormale et une difficulté à l’expulsion. Médicalement parlant, on
parle de constipation lorsque les selles sont inférieures à trois par semaine. La
cause est fonctionnelle dans la majorité des cas, sans évidence objective de
pathologies fondamentales.
19 Morris Arthur WESSEL, pédiatre à New Haven de 1951à 1993 et Professeur à Yale Medical School
31
Anomalies des voies aériennes :
Rhino-pharyngites, sinusites, otites à répétitions sont autant de complications
s’ajoutant aux rhumes et grippes chez les enfants ayant une fragilité particulière
des voies aériennes. Ces manifestations sont souvent la cause d’une compression
de la base du crâne provoquant un ralentissement du mécanisme respiratoire
primaire et entrainant de ce fait un mauvais drainage des structures faciales,
temporales et facilitant ainsi les infections.
Ces dernières sont rencontrées de plus en plus fréquemment chez les enfants.
Elles ont souvent une origine multifactorielle mais trois facteurs principaux ce
sont dégagés : une immunité déficiente ou un terrain allergique, une nutrition mal
adaptée et l’altération du mécanisme crânien.
Chez les enfants présentant des troubles de la sphère ORL à répétitions on
retrouve quasi systématiquement l’altération du mécanisme crânio-sacré. Cette
altération est le plus souvent la conséquence directe d’une compression de la base
du crâne. Cela entraine une baisse de la mobilité des structures crâniennes, ce qui
induit une insuffisance des flux sanguins et lymphatiques, provoquant un mauvais
drainage des régions de la base du crâne (otites), de l’arbre respiratoire
(bronchites), ou de la face (rhino-pharyngites ou sinusites).
De plus, un mécanisme rigide et peu mobile provoque souvent la baisse du
pouvoir immunitaire et donc une certaine facilité à l’infection. Cette rigidité peut
provenir d’un diaphragme et d’une cage thoracique hypo-mobile.
L’ostéopathe doit donc traiter toutes les restrictions bloquant le mécanisme
crânien afin de libérer la base du crâne.
32
La maturation du système nerveux :
A la naissance, l’enfant possède son capital entier de cellules nerveuses ; capital
qui ne sera pas renouvelé. L’enfant n’est pas mature dès la naissance. Cela
s’explique par le fait que toutes les cellules nerveuses soient présentes mais non
développées.
La mise en activité de certaines parties du système nerveux central (jusque-là
dormantes) permet la mise en place des processus d’acquisition des automatismes
et de prise de contrôle du corps.
Cette activation est possible grâce à la double action de l’environnement : les
stimulations sensorielles d’une part, et les stimulations affectives d’autre part.
- La stimulation sensorielle n’est autre que l’activité des organes des sens.
Plus ils sont sollicités, plus ils envoient d’influx nerveux aux parties du
système nerveux central concerné. Plus la stimulation sensorielle est
importante plus les régions traitant ces influx se développent.
- La stimulation affective correspond à tous les désirs de l’enfant le
poussant à rentrer en communication avec l’environnement. Grâce à ses
envies, l’enfant fait travailler son système nerveux central ce qui stimule et
participe à sa maturation.
L’importance de l’environnement de l’enfant est donc primordiale pour la qualité
et la rapidité de son développement psychomoteur.
« La campagne inaugurée en 1992 par l’American Academy of Pediatrics (APP)
recommande que « les nouveau-nés en bonne santé soient placés sur le côté ou sur
le dos pour dormir », afin d’empêcher le syndrome de mort subite du nourrisson.
Toutefois, lorsqu’un enfant est placé en décubitus dorsal, la partie supérieure du
tronc, les muscles des membres supérieurs et de la ceinture scapulaires sont moins
stimulés. De ce fait, depuis cette campagne, des retards de développement
33
psychomoteur sont observés, en particulier dans l’acquisition du passage de la
position à plat ventre à la position sur le dos,[…] »20
Lorsque le système nerveux central rencontre des difficultés de maturation, cela
est dû soit à un problème fonctionnel, soit à une lésion du système nerveux
central.
Si ce sont des troubles fonctionnels qui retardent la maturation, l’ostéopathe peut
avoir une approche très favorable en traitant la relation structure-fonction.
Lorsque le système nerveux central n’est pas lésé, l’ostéopathie est souvent
efficace parce qu’elle traite les blocages mécaniques crâniens entravant
l’harmonie du développement et du fonctionnement cérébral. L’ostéopathie étant
une des rares professions à considérer les os du crâne mobiles, elle peut donc agir
(dans une moindre mesure) sur les déformations crâniennes provoquant des
troubles fonctionnels. Ces actions permettront de bloquer les systèmes de
compensation mis en place pour pallier aux problèmes de développement ;
systèmes de compensation qui ne permettront pas de pallier correctement aux
difficultés de l’enfant. De plus, une fois activé, ces systèmes deviennent
irréversibles, il est donc conseillé d’agir assez tôt dans la vie de l’enfant.
Si ce sont des troubles organiques, c’est-à-dire une atteinte structurelle du système
nerveux central, par anoxie par exemple, des cellules nerveuses sont détruites et
ce, de façon irréversible. Ces cellules nerveuses ne pourront pas assurer leur
fonction de développement ce qui va obliger le corps à créer des systèmes de
compensations. Il est nécessaire de stimuler de manière excessive ces
compensations pour leurs permettre de se développer.
De nombreuses études ont été menées dans ce domaine en s’inspirant de
l’emblématique phrase d’A.T.Still21 « La structure gouverne la fonction ». Le
principe étant qu’en travaillant sur la structure, et plus particulièrement sur le
Mécanisme Respiratoire Primaire, des effets bénéfiques sur les problèmes
fonctionnels résultant de ces lésions seraient visibles. L’ostéopathie n’est bien
entendu pas une méthode exclusive car elle ne traite pas la source du problème.
20 Nicette SERGUEEF, Ostéopathie pédiatrique, Masson, août 2013, page 56 21 Andrew Taylor STILL, 1828-1917, fondateur du concept thérapeutique de l’ostéopathie.
34
Cependant elle permet de mettre en place les meilleures conditions fonctionnelles
possibles pour aider l’organisme à se développer.
Si les lésions cérébrales sont trop avancées, l’ostéopathe peut améliorer le confort
de vie de l’enfant. Il est plus détendu, moins nerveux, son handicap est alors un
peu plus facile à vivre.
Il est donc primordial que le système nerveux se développe et mature
correctement afin d’éviter, dans la mesure du possible, toutes anomalies de
comportement ou des difficultés d’apprentissage et de scolarité.
Anomalies de comportement :
L’enfant peut sembler nerveux, raide, tendu, hyperactif, ou au contraire apathique,
avec peu ou pas de réactions aux stimuli extérieurs. On peut également retrouver
des troubles du sommeil avec endormissements difficiles, des cauchemars à
répétitions… Ces différents signes peuvent être des manifestations de l’irritation
du système nerveux central, d’un fonctionnement ralenti. Souvent, le système
nerveux éprouve des difficultés à accomplir normalement sa tâche, ce qui est en
relation avec l’altération du mécanisme respiratoire primaire.
Difficultés d’apprentissage et de scolarité :
35
Une attention dispersée ou un apprentissage des automatismes de lecture et/ou
écriture anormalement difficiles ou la dyslexie témoignent d’une difficulté pour le
système nerveux central à assurer sa maturation.
D : Les domaines plus spécifiques :
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, le développement de l’enfant
est un processus complexe. L’ostéopathe peut influer sur ce développement dans
le but de l’optimiser. Il existe des domaines plus spécifiques apparaissant plus
tardivement où la pratique ostéopathique s’est avérée bénéfique comme par
exemple la maturation du système nerveux, la scoliose, les problèmes dentaires ou
encore les problèmes ORL.
La scoliose :
La scoliose est une déviation sinueuse irréductible de la colonne vertébrale dans
les trois plans de l’espace : inclinaison dans le plan frontal, rotation des vertèbres
dans le plan horizontal et inversion des courbures dans le plan sagittal. Les
vertèbres et les disques sont déformés et deviennent cunéiformes.
On distingue la scoliose grave, idiopathique, de l’attitude scoliotique, qui
correspond plutôt à une position compensatrice qui peut être réductible si l’on
traite la cause.
L’attitude scoliotique peut être due à une bascule du bassin entrainé par un
raccourcissement d’un membre inférieur, une attitude antalgique, une asymétrie
de position des muscles du cou, un problème d’équilibre et de déficience visuelle.
Mais le plus souvent, cette attitude résulte d’une altération du système crânio-
sacré entrainant une dissymétrie du bassin.
Cette pathologie est très répandue. Et même si elle n’est ni grave ni inquiétante
dans la plupart des cas, il est nécessaire de la contrôler régulièrement, surtout
36
avant la puberté et la poussée de croissance l’accompagnant, afin de dépister au
plus tôt la dégénérescence de la scoliose.
[7] Photo d’une petite fille atteinte de scoliose
La scoliose grave n’a pas d’origine. On connait cependant les causes provoquant
ces déformations irréversibles. Le plus souvent une naissance difficile ou un
traumatisme important de la petite enfance provoquent de graves altérations du
mécanisme crânio-sacré tel que la compression des os de la base du crâne et de
fortes tensions de la dure-mère. Cela entraine une mauvaise croissance des tissus
vertébraux au moment de la puberté, ce qui oblige la colonne à se courber de
manière non physiologique.
Dans le cas d’une simple attitude scoliotique, la correction ostéopathique des
compensations entrainant la déviation de la colonne ainsi que des séances
d’étirement et de rééducations posturales permettent un résultat optimal. Plus les
soins débutent tôt dans la vie de l’enfant, plus le résultat sera efficace et la
dégénérescence scoliotique écartée.
37
En ce qui concerne la scoliose grave, l’ostéopathe est là pour accompagner le
traitement orthopédique (corset par exemple), indispensable pour éviter
l’aggravation de la scoliose. Il ne peut agir seul car son action ne suffirait pas à
stopper l’avancée de la scoliose, même si elle est véritablement bénéfique.
Les problèmes dentaires :
Il existe un lien étroit entre la posture et la dentition de l’individu. En effet,
l’occlusion détermine la position de la mandibule dans l’espace. Cette position
influence la posture par le biais de chaînes musculaires qui parcourent le corps des
pieds à la tête. Une légère asymétrie de la position de la mâchoire entraîne la
contracture de certains muscles ce qui modifie la posture.
Le but de l’appareil dentaire est d’amener les dents dans une position conforme à
la normale. Pour cela, l’appareil doit imposer des contraintes mécaniques, parfois
puissantes, aux dents et à leurs supports osseux qui sont les maxillaires supérieurs
et inférieurs. Malheureusement les contraintes ainsi imposées le sont sur des
structures déjà souffrantes, au sein d’un mécanisme altéré et donc inapte à
accepter les contraintes supplémentaires imposées par l’appareillage.
[8] Photos d’appareils de contentions dentaires dans le cadre d’un traitement
orthodontique
Ainsi, à la suite d’un traitement orthodontique, on peut voir apparaitre ou
s’aggraver certains symptômes, reflet de la souffrance du mécanisme crânien.
- Maux de tête, sinusite dû a la souffrance des structures mécaniques du
crâne
38
- Difficulté de concentration, problème de comportement, reflet de la
souffrance du système nerveux central
- Douleur diffuse dans le corps notamment dans la colonne vertébrale,
apparition ou aggravation d’une scoliose qui correspond à une
augmentation anormale de la tension dure-mérienne
Pour les ostéopathes, la plupart des problèmes de dentition sont le résultat
d’anomalies du fonctionnement du mécanisme crânien de l’enfant. Cependant il
est parfois indispensable de recourir à l’orthodontie. C’est pourquoi il est
nécessaire qu’ostéopathe et orthodontiste travail en collaboration.
Pour l’ostéopathe il y a deux grands types de situations : la première lorsqu’il peut
traiter l’enfant avant le début de son traitement orthodontique, la seconde lorsque
l’appareil est déjà posé.
La situation idéale est bien entendu de traiter l’enfant avant la pose de
l’appareillage. En effet, puisque le problème dentaire provient le plus souvent
d’un dysfonctionnement du mécanisme crânien, on peut supposer qu’en agissant
directement sur cette dysfonction, l’ostéopathe peut améliorer la situation. Même
si ce seul traitement ostéopathique n’est pas suffisant, il permet tout de même
d’améliorer l’état des structures crâniennes afin qu’elles opposent moins de
résistance quand l’appareillage sera posé.
Plus l’enfant est présenté rapidement en consultation après sa naissance (pendant
que les structures sont encore très malléables) plus les chances d’amélioration
sont grandes.
L’idéal est de suivre l’enfant avant et tout au long de son traitement afin de libérer
les restrictions et d’harmoniser l’ensemble des tissus du corps ; ce qui permettra
aux tissus crâniens de mieux accepter les contraintes imposées par l’appareil.
Avec l’avancé de la correction, la tolérance à l’appareillage augmente. Les
consultations ostéopathiques peuvent donc devenir de plus en plus rares.
Cependant, la situation la plus rependue est celle où l’ostéopathe rencontre
l’enfant une fois l’appareil posé. Ce sont souvent les troubles secondaires à la
pose de l’appareil qui sont motifs de consultation. Le travail de l’ostéopathe sera
le même que précédemment, même si celui-ci sera un peu plus ardu.
39
Pour conclure, le suivi ostéopathique pendant le traitement orthodontique permet
de réduire l’inconfort de l’enfant et de prévenir l’apparition de troubles
secondaires plus graves. Il permet aussi de réduire la durée du traitement car les
structures acceptent beaucoup mieux la correction qui leur est imposé. De plus, la
stabilité du résultat correctif est améliorée, les tissus n’ayant plus tendance à
retourner en dysfonction.
40
Matériel et Méthode
41
A : Problématique d’étude :
Formalisation de l’objectif de l’enquête :
L’objectif de cette enquête est de montrer que l’ostéopathie pédiatrique tend à se
faire connaître et reconnaître, et cela malgré une méconnaissance générale de ses
champs d’actions.
Nous tenterons alors d’en dégager les problématiques suivantes :
Quelle vision porte le principal intervenant de ce domaine qu’est la pédiatrie sur
la prise en charge pédiatrique des ostéopathes ? Que connaissent les pédiatres de
l’ostéopathie pédiatrique ? Une prise en charge pluridisciplinaire du patient est-
elle possible ?
Définition de la population de référence :
Ce questionnaire s’adresse aux professionnels de santé médicaux que sont les
pédiatres et cela partout en France.
Définition d’un échantillon :
Pour trouver les adresses auxquelles envoyer ce questionnaire, nous avons pris
contact avec des pédiatres de tout département par le biais de l’annuaire des Pages
Jaunes ainsi que par des connaissances exerçant cette profession qui ont diffusé ce
dernier au sein de leurs services. Il est présenté sous forme d’un échantillonnage
aléatoire.
42
B : Conception du questionnaire :
Mode de passation :
La diffusion du questionnaire envisagé au départ était via courrier postal. Celui-ci
s’est avéré être trop fastidieux et trop onéreux. Il a donc semblé plus judicieux de
diffuser ce dernier via internet, par mails.
La population de référence reçoit par mail le questionnaire et y répond toute
seule. Ce questionnaire est donc numérique en auto-administration.
Mode d’exploitation :
Pour la conception de ce questionnaire, nous avons utilisé « Google forms », qui
est un outil simple et gratuit d’utilisation permettant d’obtenir les statistiques des
réponses jour après jour. Le choix d’un questionnaire court a permis d’optimiser
les chances de réponses. C’est un support électronique avec un traitement
immédiat.
Choix des questions :
Les questions 1,2,3 et 4 sont destinées au répondant. Même si les réponses de ce
questionnaire restent anonymes, il est intéressant de se faire une idée du
répondant .
Nous avons envisagé des questions de fait, qui appellent des réponses précises.
Pour les questions 5, 9, 10, 11 et 12, il s’agit de questions dites fermées. Le choix
est simple : « oui » ou « non » ; et ce dans le but d’optimiser le nombre de
réponses. Nous avons cependant essayé de nuancer en proposant en plus pour
chacune de ces questions un item « un peu » ou « peut-être ».
43
Des questions d’opinions, plus précises, formulant la ou les réponses entre
lesquelles le sondé doit choisir seront envisagées pour les questions 6 et 8.
Cependant les questions 7 et 8 proposeront d’élargir le champ de réponse afin de
permettre la liberté au sondé de donner son avis personnel sur la question.
En fin de questionnaire, nous avons laissé volontairement un encadré pour les
commentaires éventuels que souhaiteront donner les répondants.
Etude des questions :
1) Civilité :
2) Quel âge avez-vous ?: 25-34 /35-49/50-64/65 et +
3) Depuis combien de temps exercez-vous ?
4) Vous exercez (plusieurs réponses possible) : En milieu hospitalier, dans le
privé, en libéral
Ces premières questions permettent de faire connaissance avec le sondé. Mis en
relation avec les questions suivantes, plus axées sur ses connaissances et sa vision
de l’ostéopathie pédiatriques, elles permettront de savoir s’il existe un lien entre
son cadre professionnel et générationnel, et l’impact de l’ostéopathie dans leur
profession.
5) Savez-vous ce qu’est l’ostéopathie ?oui, non, un peu
La première question est de fait celle de la connaissance générale de l’ostéopathie
par l’individu sondé.
6) Recommandez-vous à vos patients de consulter un ostéopathe ? Jamais,
Occasionnellement, Assez souvent, Très souvent
7) Si non pourquoi ?
8) Si oui, dans quels cas ? (plusieurs réponses possibles) Accouchement difficile
ou non, Plagiocéphalie, Scoliose, Colique du nourrisson, Trouble du sommeil,
Travaux dentaire, Autre
44
Ces trois questions concernent l’élargissement de la problématique aux champs
d’actions thérapeutiques des ostéopathes dans le domaine pédiatrique.
Elles permettront de savoir si les pédiatres travaillent en relation avec les
ostéopathes et de déterminer les motifs de consultations les plus fréquents pour
lesquels il est possible, selon le sondé, d’avoir recours au traitement
ostéopathique.
9) Pensez-vous que l’ostéopathie est dangereuse ?oui, non, peut-être
10) Pensez-vous que l’ostéopathie peut-être bénéfique pour le développement de
l’enfant ?oui, non, peut-être
Leur avis est demandé quant à la dangerosité ou aux bénéfices des soins
ostéopathiques. Il en ressort la question de son identité, de son appartenance au
milieu de la santé.
11) Un ostéopathe vous a-t-il déjà contacté concernant l’un de vos patients ? oui,
non
Il est question de savoir si la communication entre nos deux professions que sont
ostéopathie et pédiatrie est existante, et si oui à quel degré.
12) Pensez-vous qu’une communication entre pédiatre et ostéopathe plus
développé pourrait être bénéfique pour le patient ? oui, non, peut-être
Suite à la question précédente, il nous paraissait intéressant de connaître le degré
d’implication des pédiatres quant à leur volonté d’améliorer l’aspect
pluridisciplinaire de la prise en charge pédiatrique.
Présentation du questionnaire à l’échantillon :
Afin d’obtenir le plus grand nombre de réponses au questionnaire et de le
présenter à l’échantillon, il convenait de leur envoyer un message d’introduction.
Sur celui-ci, il fallait préciser que le questionnaire serait anonyme et qu’il ne
comportait que 12 questions, il serait donc rapide. Il convenait aussi de les
remercier pour leur participation.
45
Voici le message adressé :
Madame, monsieur,
Actuellement en 5ème année d’étude d’ostéopathie, je réalise mon mémoire de fin
d’étude. Les objectifs de ce dernier sont de mieux comprendre la relation entre
pédiatre et ostéopathe, et d’évaluer la connaissance qu’ont les pédiatres
concernant cette thérapie. C’est pourquoi je vous demande de bien vouloir
m’accorder quelques minutes de votre temps en remplissant le questionnaire ci-
dessous (composé de 12 questions courtes).
Les résultats de l’enquête resteront bien entendu anonymes. Je vous remercie
sincèrement par avance de votre participation.
Cordialement,
Melle GAUTHIER Marie Ostéopathe
Taux de réponse au questionnaire :
La période d’envoi du questionnaire ainsi que la récolte de ses réponses s’étend
du lundi 19 janvier 2015 au jeudi 19 mars 2015.
Parmi les 356 mails de pédiatres que nous avons pu nous procurer durant cette
période, seulement 10 réponses nous ont été adressées, soit une participation d’à
peine 3% (2,81%). Ce faible taux de participation résulte de la difficulté à entrer
en relation avec les pédiatres, le manque de temps dont ils disposent ainsi que leur
manque d’intérêt pour ce sujet, à savoir l’ostéopathie pédiatrique.
46
Résultats
47
A : Réponses obtenues :
Civilité
Il apparait que 6 femmes et 4 hommes ont répondu à cette enquête. Soit
respectivement 60% et 40%. Mais compte tenu du faible nombre de réponses
obtenues, nous pouvons annoncer une certaine parité dans ce résultat.
Mlle 2 20 %
Mme 4 40 %
Mr 4 40 %
48
Quel âge avez-vous?
La tranche d’âge la plus représenté est celle des 25-34 ans avec un taux de 40%,
soit 4 réponses. Vient ensuite les 65 ans et plus avec une participation de 30% soit
3 réponses, suivi par les 35-49 ans avec 20% de réponses, et enfin les 50-64 ans
avec une seule réponse soit un taux de 10%.
25-34 4 40 %
49
35-49 2 20 %
50-64 1 10 %
65 et plus 3 30 %
Depuis combien de temps exercez-vous?
Le temps d’exercice le plus long est de 35 ans, le moins long de 3 ans. Quatre
personnes exercent la pédiatrie depuis plus de 25 ans, 3 entre 8 et 11 ans et 3
depuis 5 ans ou moins.
Vous exercez (plusieurs réponses possibles):
Avec un taux de participation de 50%, le secteur libéral représente la moitié de
notre panel. Il est suivi par le secteur hospitalier public (40%) puis par le secteur
privé (30%). Le nombre de réponses à cette question s’élève au nombre de 12, ce
qui s’explique par le fait que les pédiatres peuvent avoir une activité mixte.
En milieu hospitalier 4 40 %
Dans le privé 3 30 %
En libéral 5 50 %
Savez-vous ce qu'est l'ostéopathie?
A égalité, les pédiatres ont répondu « oui » et « un peu ». Notons qu’aucune
réponse « non » n’a été enregistré.
50
Oui
5
50 %
Non 0 0 %
Un peu 5 50 %
Recommandez-vous à vos patients de consulter un ostéopathe?
Avec 4 réponses et un taux de 40%, les pédiatres disent recommander « assez
souvent » à leurs patients de consulter un ostéopathe. Avec 30% chacune, les
réponses « jamais » et « occasionnellement » arrivent en deuxième position. Il est
à noter que la réponse « très souvent » n’a pas été cochée.
51
Jamais 3 30 %
Occasionnellement 3 30 %
Assez souvent 4 40 %
Très souvent 0 0 %
Si non pourquoi?
Malgré les 30% de personnes ne recommandant jamais à leurs patients de
consulter un ostéopathe, seule une réponse a été comptabilisée. La dangerosité et
le manque de travaux scientifique ont été invoqués.
Si oui, dans quels cas? (plusieurs réponses possibles)
La plagiocéphalie arrive en tête des causes de recommandation chez un ostéopathe
avec 50%. Vient ensuite les coliques du nourrisson avec 40%, les accouchements
difficiles ou non avec 30%, puis la scoliose, les troubles du sommeil, les travaux
dentaires et autre avec 10% chacun. A noter que la case AUTRE a été cochée, et
que les problèmes rachidiens y ont été inscrit.
52
Accouchement difficile ou non 3 30 %
Plagiocéphalie 5 50 %
Scoliose 1 10 %
Colique du nourrisson 4 40 %
Trouble du sommeil 1 10 %
Travaux dentaire 1 10 %
Autre 1 10 %
Pensez-vous que l'ostéopathie est dangereuse?
Avec 40%, « peut-être » est la réponse la plus utilisée. Les réponses « oui » et
« non » sont ex-aequo avec 30% chacune.
Accouchementdifficileounon Plagiocéphalie
Scoliose Coliquedunourisson
Troubledusommeil Travauxdentaire
Autre
53
Oui 3 30 %
Non 3 30 %
Peut-être 4 40 %
Pensez-vous que l'ostéopathie peut-être bénéfique pour le développement de
l'enfant?
50% du panel pense que l’ostéopathie n’est d’aucune utilité pour le
développement de l’enfant. 30% n’ont aucune certitude. Seul 20% des pédiatres
questionnés pensent que l’ostéopathie peut-être un plus pour le développement de
l’enfant.
54
Oui 2 20 %
Non 5 50 %
Peut-être 3 30 %
Un ostéopathe vous a t'il déjà contacté concernant l'un de vos patients?
Une majorité de pédiatre (60%) a déjà été contacté par un ostéopathe concernant
un de leur patient. Seul 4 pédiatres n’ont jamais eu de contact avec un ostéopathe.
Il est à noter que ces 4 pédiatres font parties des plus réfractaire à ce
questionnaire.
55
Oui
6
60 %
Non 4 40 %
Pensez-vous qu'une communication entre pédiatre et ostéopathe plus
développé pourrait être bénéfique pour le patient?
Avec un taux de 50% de réponses positives, la communication entre pédiatre et
ostéopathe est plébiscité. 30% n’ont pas de certitude. Seul 20% pensent qu’une
communication plus développée ne serait d’aucune utilité pour le patient.
56
Oui 5 50 %
Non 2 20 %
Peut-être 3 30 %
Suggestions (facultatif)
Il n'y a aucune réponse à cette question.
57
Discussion
Depuis quelques années, l’ostéopathie se banalise et fait face à une
demande accrue de la part des patients, et ce même pour les nourrissons. D’après
l’IRDES22, 40% des français affirment avoir déjà consulté un ostéopathe. Plus de
9 millions de consultations d’ostéopathie exclusive ont été réalisé en 2012, soit
une moyenne de 1000 consultations annuelle environ par praticien23.
Selon une autre étude, il apparait que les consultations pédiatriques sont présentes
parmi les 8 motifs principaux de consultation. Le motif principal étant les
22 IRDES : Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé 23 D’après une étude socio-économique des ostéopathes à pratique exclusive V2013 paru sur le site WWW.obersvatoire-ostéopathie.org/les-etudes-socio-economiques/
58
douleurs musculosquelettique avec 61,6% des consultations, suivi par la pédiatrie
avec 11,6%.24
Comme l’a démontré Julien Yamin25 dans son mémoire, 96% des sages-femmes
interrogées se disent questionnées par leurs patients à propos de l’ostéopathie à
destination de leurs nourrissons ; ce qui est en faveur d’un réel intérêt pour
l’ostéopathie pédiatrique au sein de notre société.
Mais qu’en est-il du pédiatre qui, selon le Docteur Francis RUBEL, « a acquis une
compétence, un savoir-faire irremplaçable qui le désigne comme l’interlocuteur
privilégié face aux problèmes de l’enfance et de l’adolescence, son rôle social et
familial est indéniable. C’est l’acteur fondamental du système de santé pour les
enfants de notre pays. »26
En 2008, une étude réalisée auprès des médecins par Laetitia de
Laroulliere27,a montré que 19% du panel ne connaissait pas du tout l’ostéopathie,
47% un peu, 19% assez bien et 15% bien. Quand elle leur a demandé si, selon
eux, l’ostéopathie pouvait s’adresser à un nourrisson de moins de 6 mois, 20%
était sans opinion et 55% estimait que oui. Ce qui fait que plus de la moitié des
médecins estimaient qu’un ostéopathe pouvait prendre en charge un nourrisson de
moins de 6 mois, alors même que pratiquement la moitié avouait connaître peu
l’ostéopathie.
Qu’en est-il 7 ans plus tard, alors que cette discipline est en pleine
démocratisation ? Qu’en est-il auprès d’une profession plus proche de l’enfant que
la médecine généraliste ?
Notons premièrement que le taux de réponses est extrêmement décevant. Ces
2,81% de réponses sont très loin de concurrencer les 81,75% de réponses obtenues
par Julien Yamin auprès des sages-femmes. Plusieurs hypothèses peuvent
24 D’après une étude sur les motifs de consultation en ostéopathie publié sur le site WWW.observatoire-ostéopathie.org/les-etudes-socio-economiques/ 25 Julien YAMIN « Actualité sur le parcours de soins :les sages-femmes partenaires de l’ostéopathie pédiatrique ? Focus sur les décret 2007-435 », mémoire pour obtention du DO IDO, octobre 2012, Paris 26 Docteur Francis Rubel, président du Syndicat National des Pédiatres Français dans La Lettre du président, Etat des lieux de la pédiatrie 27 Laetitia de LAROULLIERE « L’ostéopathie, ce que savent les médecins », Mémoire pour l’obtention du DO CEESO paris, 2008
59
expliquer ce résultat. Le format de l’enquête n’était peut-être pas adapté à la
population interrogée ; la population interrogée avait peut-être peu de temps à
nous consacrer ; le sujet de l’enquête réalisée ne les intéressait pas.
Nous pouvons cependant tirer des conclusions en dépit du fait que cette enquête
n’a pas un panel très élargi.
Malgré un fort taux de féminisation28 en pédiatrie depuis le début des
années 2000 (+65%), il apparait qu’il y a une certaine parité du panel.
On aurait pu s’attendre à un plus fort pourcentage de femmes, puisqu’avec 80%
de féminisation dans les jeunes promotions, la pédiatrie est un secteur médical qui
se féminise fortement.29
De plus, 87% des femmes pédiatres ont des enfants, ce qui pouvait être un facteur
les prédisposant à porter un certain intérêt à cette enquête.30 Cependant, nous
pouvons constater que la part masculine est tout de même de 40%.
Selon le Dr Francis Rubel, « la population pédiatrique libérale vieillit et n’est pas
remplacée », en conséquence de quoi, 40% des pédiatres ont plus de 55 ans.
Nous pouvons constater que les deux tranches d’âges les plus représentées dans
le panel sont les tranches 25-34ans et 65ans et plus.
La jeunesse pédiatrique qui exerce depuis moins d’une décennie a répondu à la
majorité absolue qu’ils connaissaient l’ostéopathie. Au contraire les pédiatres
exerçant depuis plus de 30 ans avouent ne connaître que peu cette profession.
Cette inégalité de savoir au sein de la même profession mais scindant deux
génération distinctes peut s’expliquer par le fait que le cursus médical a
commencé à prendre en considération les médecines alternatives. Effectivement,
« les étudiants en médecine seraient de plus en plus nombreux à demander une
28 15 16 La Lettre du président Etat des lieux de la pédiatrie, écrit par Dr Francis Rubel, président du SNPF
60
information complémentaire sur les pratiques alternatives au cours de leur
formation »31.
Cette évolution dans le système de soin actuel tend à suivre l’évolution lancée par
nos confrères au sein de notre société depuis quelques années maintenant. Mais
est-elle suffisante ?
En réalité, quand bien même aucun pédiatre interrogé n’a répondu qu’il ne savait
pas ce qu’était l’ostéopathie, il apparait au vu des réponses aux questions
suivantes, que leurs connaissances et leurs intérêts restent présentement assez
limité.
En effet, aucun pédiatre questionné n’a répondu qu’il recommandait très souvent à
ses patients de consulter un ostéopathe. 30% ont reconnus ne jamais le faire, et
seulement une seule personne s’est expliqué sur son choix dans la question
subsidiaire ; à savoir, la dangerosité et le manque de travaux scientifique imputé à
notre discipline. Quant aux autres personnes faisant partiet de ces 30%, ils ont
répondu que l’ostéopathie était dangereuse ou présentait peut-être un risque et
qu’il n’y avait aucun bénéfice à retirer de cette pratique pour le développement de
l’enfant.
Il est à noter que les trois pédiatres ayant répondu unanimement que l’ostéopathie
était dangereuse et qu’il n’y avait aucun bénéfice pour le développement de
l‘enfant sont des pédiatres exerçant depuis plus de 30 ans et en milieu libéral. Ils
n’ont pas forcément eu d’informations complémentaires sur les pratiques
alternatives au cours de leur formation et ne travaille pas en relation avec des
ostéopathes dans leurs services hospitaliers.
La seule chose que l’on pourrait reprocher à ces pédiatres, est la façon qu’ils ont
de cataloguer notre métier, alors que de leurs propres aveux, ils ne le connaissent
qu’un peu. Ils n’ont donc pas toutes les connaissances nécessaires en mains pour
pouvoir se forger une opinion objective.
31 A Bussière, Le Quotidien du Médecin : la fac des complémentaire, Bobigny, 2007
61
Cependant, leur jugement n’est-il pas biaisé par l’aspect juridique de notre
profession ? Effectivement, depuis le décret du 25 mars 200732, l’application de
l’ostéopathie a été restreinte. L’article 3 stipule que « le praticien bénéficiant d’un
titre d’ostéopathe ne peut effectuer les actes de manipulations gynéco-obstétricale
et touchers pelviens »et que « les manipulations du crâne, de la face et du rachis
chez le nourrisson de moins de 6 mois » doivent faire suite à « un diagnostic
établi par le médecin attestant l’absence de contre-indication médicale à
l’ostéopathie »
Ce décret est hypothétiquement un frein à la reconnaissance et au développement
de l’ostéopathie périnatale.
Cette restriction juridique additionnée au manque de crédibilité aux yeux du corps
médicale ralentie l’entrée de l’ostéopathie, pédiatrique ici, en équipe
pluridisciplinaire. « Nous devons les convaincre de notre complémentarité »
souligne Roselyne LALAUZE-POL33 présidente de la SEROPP34.
Depuis sa création en 2009 la SEROPP, grâce à son équipe de médecins et
d’ostéopathes, se bat pour l’importance d’accomplir des études randomisées
concernant l’ostéopathie afin de mettre en évidence scientifiquement son
efficacité. Elle expose ses limites en énonçant des indications et contre-indications
à la pratique de l’ostéopathie pédiatrique et périnatale. La SEROPP montre que le
champ d’action de l’ostéopathie touche la mère pendant la grossesse, après la
grossesse mais aussi le nouveau-né, le nourrisson, l’enfant et l’adolescent.
Témoignages réalisés à la demande de la SEROPP35
Dr Alexis Ferrari, orthopédiste pédiatrique, ostéopathe DIU, unité de la douleur,
hôpital Robert Debré
32 Décret n°2007-435 relatif aux actes et aux conditions d’exercices de l’ostéopathie 33 Ostéopathe DO intervenante dans le service de chirurgie maxillo-facial et de stomatologie. CHU pédiatrique Robert Debré Paris et auteur de « Le crâne du nouveau-né : des contraintes fœtales et leurs enjeux neurologiques aux répercussions chez l’adulte » 34 SEROPP : Société Européenne de Recherche en Ostéopathie Périnatale et Pédiatrique ; Loi 1901 crée en 2009 35Consultable sur le site www.seropp.org/
62
« Les indications de l’ostéopathie dans le champ de l’orthopédie pédiatrique ne
sont pas définies car on ne dispose pas d’études scientifiques qui en prouvent
l’utilité. Les quelques publications de la littérature internationale concernent des
scolioses traitées par chiropraxie. Aucune n’est méthodologiquement valable et la
chiropraxie n’est surement pas la branche des thérapies manuelles la plus
adaptée à l’enfant. Pour cette raison, il est clair que l’ostéopathie, lorsqu’elle est
choisie par les familles, doit rester complémentaire de la médecine
« académique » dont elle doit scrupuleusement respecter les prescriptions.
Pour autant est-il absurde de penser qu’en aidant le corps à se libérer de ses
mémoires tissulaires traumatiques on puisse participer à l’amélioration de
troubles dont elles étaient peut-être un facteur favorisant ?
Les attitudes partisanes « pour » ou « contre » l’ostéopathie devraient pouvoir
laisser la place à une vision « intégrative » de la médecine qui, reconnaissant le
caractère multidimensionnel de la personne et de la santé, puisse associer
différentes approches sans les opposer.
Les spécificités du petit enfant, en particulier l’hyperlaxité ligamentaire et la
présence de cartilage de croissance, impliquent de privilégier des approches
manuelles subtiles et d’une grande douceur, respectant les jeux articulaires
physiologiques et bannissant toute contrainte mécanique potentiellement
néfaste. »
Dr Claude Swaenepoel, pédiatre, ancien Chef de clinique à l’hôpital Necker Paris
« Je suis pédiatre libérale. Depuis longtemps intéressée par l’ostéopathie, j’avais
pu constater, avec certains thérapeutes, une efficacité nette dans des problèmes
de reflux gastro-œsophagien en particulier, et je souhaitais en savoir plus…, j’ai
pu suivre la formation d’ostéopathie périnatale et pédiatrique. Cette formation a
été passionnante ! J’ai appris plein de choses en mécanique obstétricale, qui
m’ont beaucoup aidée pour ma pratique d’haptonomie, j’ai revu très finement
toute la neurologie périnatale. Et je peux maintenant comprendre, en l’observant
63
et le palpant ce qu’un bébé a pu subir dans sa vie intra-utérine et pendant la
naissance, comment les tensions installées ou subies par des contraintes
excessives interfèrent avec ses fonctions vitales, sa posture, son développement
neuro-moteur, et toute sa vie de relation.
Je ne conçois plus maintenant ma prise en charge des nourrissons sans l’aide
d’un(e) ostéopathe compétent(e) et formé(e). C’est un peu frustrant de ne pas
savoir faire…mais on ne peut pas tout faire ! Je trouve qu’ensemble on fait du
bon travail, et de très nombreux parents peuvent en témoigner !
Quelques exemples :
Pour moi, un bébé qui a des difficultés d’allaitement ne devrait pas sortir de la
maternité sans avoir vu un ostéopathe qualifié ! Comment peut-il stimuler
efficacement la lactation avec des dysfonctions cranio-cervico-faciale ?
L’allaitement est voué à l’échec, avec toute la frustration qui s’ensuit pour la
mère, et les conséquences à long terme pour l’enfant. Je trouve d’ailleurs
scandaleux que cette dimension biomécanique et sa prise en charge ne soient pas
abordées dans le DIU de lactation humaine.
Je prescris beaucoup moins de traitement anti-reflux chez le nourrisson (après
avoir éliminé une intolérance aux protéines de lait de vache), ou alors de façon
très brève, en attendant que les 2 ou 3 consultations d’ostéopathie remédient aux
dysfonctions sous-jacentes […] »
Pr Jacques Salducci, ancien Chef de service de gastro-entérologie et de médecine
interne Hôpital Nord Marseille
« Les perturbations de la digestion chez le nourrisson que l’on est amené à voir
en gastroentérologie sont, le plus souvent, liées à des troubles de positionnement
du nourrisson des anormalités des rapports anatomiques.
- Troubles de positionnement du nourrisson
64
Le reflux gastro-œsophagien du nourrisson, non lié à une allergie aux protéines
de lait de vache, est en grande partie lié au développement incomplet du SNA qui
rend le SIO incompétent.
Ce phénomène est aggravé par la position du nourrisson. Le plat dos strict dont
on connait l’intérêt dans la prévention de la mort subite, met l’œsophage et
l’estomac au même niveau : condition favorable d’un RGO à travers un SIO
incompétent. Ce phénomène est majoré chez le prématuré et chez l’enfant à terme
quand ce dernier présente une hypertonie axiale, voire un opisthotonos, position
qui étire l’œsophage. Physiologiquement, l’étirement de la portion supérieure
œsophagienne, suite à la déglutition, amène une ouverture reflexe du SIO,
6millisecondes plus tard.
Dans l’hypertonie axiale, le nourrisson est le plus souvent menton en l’air,
l’étirement supérieur est alors permanent, facilitant l’ouverture du SIO ainsi que
celle de l’angle de His, pérennisant le RGO […]
La prise en charge ostéopathique de ces troubles fonctionnels, pouvant devenir
pathologiques dans le temps, présente un intérêt non négligeable. Après un
interrogatoire poussée et exhaustif, et un diagnostic ostéopathique posé,
l’ostéopathe compétent et formé va pouvoir corriger ces troubles par des
mobilisations douces et précises. »
Ces témoignages attestent de l’intégration naissante des ostéopathes dans les
maternités.
En réalité, celle-ci a commencé timidement en 1985, et d’après Christine
LUTAUD BIDGOLI RAD et Brigitte PEIGNE-MATHIEU36 qui ont réalisées une
étude entre 2004 et 2005, 9% des maternités françaises travaillaient avec un
ostéopathe et 74% étaient intéressées par l’ostéopathie.
36 Christine LUTAUD BIDGOLI RAD et Brigitte PEIGNE-MATHIEU, « Y a-t-il un ostéopathe dans la maternité ? » mémoire pour obtention du DO, 2004
65
Quelques années plus tard, en 2012-2013, Lou COUTURIER a fait état de 16,4%
de maternités françaises qui faisaient appel à l’ostéopathie. Parmi celles-ci, 64%
le faisaient depuis moins de 5 ans et 23% entre 5 et 10 ans.
Malgré ces débuts prometteurs, il en ressort que l’ostéopathie peine encore à
s’implanter dans les services. De plus, 85% des ostéopathes internes aux services
de maternités sont issus d’une profession de santé. Ce ne sont donc pas des
ostéopathes exclusifs.
[9] Graphiques montrant la composition des ostéopathes dans les maternités
Lou COUTURIER expliquait cette tendance par la mauvaise définition juridique
de l’ostéopathie. Cette discipline n’étant pas considérée comme une profession de
santé.
Néanmoins, il apparait clairement que les pédiatres, travaillant en milieu
hospitalier recommandent plus souvent à leurs patients de consulter un
ostéopathe, et ce pour des motifs de consultations plus élargis. Effectivement, ce
sont les seuls, à l’exception d’un pédiatre libéral, à avoir coché les motifs suivant :
plagiocéphalie (50%), accouchement difficile ou non (30%), colique du
nourrisson (40%), travaux dentaire (10%) et trouble du sommeil (10%).
66
Ils sont de plus moins catégoriques quant à la dangerosité de l’ostéopathie et au
bénéfice de celle-ci pour le développement de l’enfant bien que seulement 20%
soit convaincue du bien fondé de cette profession.
En dépit de ces résultats mitigés concernant la connaissance et l’intérêt des
pédiatres pour cette profession, il est à noter que plus de la moitié du panel estime
qu’une communication plus développé entre nos deux professions serait bénéfique
pour les patients. Ce qui laisse la possibilité à l’ostéopathie de s’implanter plus
largement et plus durablement dans le milieu médical.
Caroline Davoust37 était arrivée aux même conclusions lors de son étude. En effet,
82,6% des médecins interrogés pensaient avoir besoin de connaissances
supplémentaires concernant notre discipline.
Le terrain paraît donc favorable à des échanges entre ces professionnels, à une
interdisciplinarité.
37 Caroline DAVOUST, « Ostéopathes et médecins généralistes : Où en sommes-nous ? », mémoire pour obtention du DO IDO, Paris, Octobre 2012
67
Conclusion
En dépit du faible taux de réponse, cette étude a permis de mettre en avant ce qui
peut être considérer comme le principal frein à la reconnaissance de l’ostéopathie
pédiatrique par les pédiatres, à savoir, la connaissance de ces derniers.
Bien que 60% des médecins aient déjà été contacté par un ostéopathe, 50%
estiment connaître peu cette profession.
68
Il apparait donc clairement que pour améliorer la relation pédiatre-ostéopathe, les
ostéopathes doivent intensifier leurs actions envers la médecine pédiatrique afin
de pallier aux défauts de connaissances de ceux-ci. Seule une connaissance
maitrisée de cette thérapeutique de la part des pédiatres pourra lever le voile sur
les « croyances » de ceux-ci. « Croyance » étant le terme approprié quand plus de
la moitié de ces intervenants médicaux avouent connaitre peu l’ostéopathie.
D’autre part, malgré le nombre croissant de professionnels médicaux adressant
des nouveau-nés chez les ostéopathes, il émerge que très peu d’entre eux effectue
des certificats de non contre-indication pour les nourrissons de moins de 6 mois.
Certificat rendu obligatoire depuis la loi du 4 mars 200238. Par ce texte, l’Etat
voulait apporter des garanties au recours et à l’utilisation de cette pratique.
Mais cette législation ne provoque t-elle pas de multiples incompréhensions entre
les ostéopathes et le milieu médical ? Cette bride invisible ne décrédibilise-t-elle
pas notre profession ? Le professionnel de santé a-t-il les données nécessaires
pour délivrer ces certificats ?
Il apparait clairement que la mise sous tutelle de l’ostéopathe par un personnel
médical carencé au sujet de cette thérapeutique minimise largement les
compétences de celui-ci.
De surcroit, comment s’intégrer dans le milieu médical quand notre profession
n’est même pas reconnue comme une profession de santé à part entière ?
Passé l’aspect juridique, une campagne d’information massive lancée auprès des
pédiatres pourrait avoir un réel impact sur leur opinion et pourrait aider au
développement de notre profession. Les renseigner sur les fondamentaux de
l’ostéopathie pédiatrique pourrait susciter chez eux un regain d’intérêt. Par
exemple sous forme de plaquette distribuée à grande échelle qui expliquerai
succintement que :
- L’ostéopathie est reconnue depuis la loi du 4 mars 2002, exerçable à la
suite de 5 années d’études spécifiques dispensées dans des écoles privées
agréées par l’Etat.
38 Loi 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, p4118, texte n°1, article n°75
69
- Une définition de l’ostéopathie exposant ses actions, à savoir redonner de
la mobilité aux tissus osseux, musculaires, viscérales et crâniens afin de ré
harmoniser les rapports de mobilité et de fluctuation des structures
anatomiques tout en travaillant autour des concepts de globalité,
interrelation structure-fonction et autorégulation du corps humain.
- Enfin, les champs d’actions de l’ostéopathie pédiatrique, en élaborant une
liste exhaustive de ces domaines de compétence afin d’informer
globalement les pédiatres.
70
71
[11] Plaquette à destination des pédiatres
72
Annexes
73
[1] Pour votre enfant l’ostéopathie. Pierre Tricot. 2011. http://www.osteo-france.fr
[2] Pour votre enfant l’ostéopathie. Pierre Tricot. 2011. http://www.osteo-france.fr
[3] Google image
[4] Pour votre enfant l’ostéopathie. Pierre Tricot. 2011. http://www.osteo-france.fr
[5] Pour votre enfant l’ostéopathie. Pierre Tricot. 2011. http://www.osteo-france.fr
[6] Google image
[7] Google image
[8] Patrick villette ostéopathe à La Rochelle. Ostéopathie et orthodontie. Villette
P. 2010. http://www.osteopathe-larochelle.fr
[9] Mémoire de Lou Couturier « Etat des lieux de l’ostéopathie en maternité »
[10] Questionnaire destiné aux pédiatres
74
QuestionnairepédiatreMadame,Monsieur,Actuellementen5èmeannéed'étuded'ostéopathie,jeréalisemonmémoiredefind'étude.Lesobjectifsdecederniersontdemieuxcomprendrelarelationentrepédiatreetostéopathe,etd'évaluerlaconnaissancequ'ontlespédiatresconcernantcettethérapie.C'estpourquoijevousdemandedebienvouloirm'accorderquelquesminutesdevotretempsenremplissantlequestionnaireci-dessous(composéde12questionscourtes).
Afindefacilitervosréponses,cliquezdirectementsurl'ongletsituéau-dessus"Remplirenligne"
Lesrésultatsdel'enquêteresterontbienentenduanonymes.Jevousremerciesincèrementparavancedevotreparticipation,Cordialement,MlleGAUTHIERMarieOstéopathe
*ObligatoireCivilité*
o Mlleo Mmeo Mr
Quelâgeavez-vous?*
o 25-34o 35-49o 50-64o 65etplus
Depuiscombiendetempsexercez-vous?*
Vousexercez(plusieursréponsespossibles):*
o Enmilieuhospitaliero Dansleprivéo Enlibéral
Savez-vouscequ'estl'ostéopathie?*
o Ouio Nono Unpeu
Recommandez-vousàvospatientsdeconsulterunostéopathe?*
o Jamais
75
o Occasionnellemento Assezsouvento Trèssouvent
Sinonpourquoi?
Sioui,dansquelscas?(plusieursréponsespossibles)
o Accouchementdifficileounono Plagiocéphalieo Scolioseo Coliquedunourrissono Troubledusommeilo Travauxdentaireo Autre:
Pensez-vousquel'ostéopathieestdangereuse?*
o Ouio Nono Peut-être
Pensez-vousquel'ostéopathiepeut-êtrebénéfiquepourledéveloppementdel'enfant?*
o Ouio Nono Peut-être
Unostéopathevousat'ildéjàcontactéconcernantl'undevospatients?*
o Ouio Non
Pensez-vousqu'unecommunicationentrepédiatreetostéopatheplusdéveloppépourraitêtrebénéfiquepourlepatient?*
o Ouio Nono Peut-être
Suggestions(facultatif)
76
[11] Plaquette à destination des pédiatres
77
Bibliographie
78
Ouvrages lus
1 : Raymond Solano, Ostéopathie pour les bébés et les enfants, Vannes, Sully,
2010
2 : Nicette Sergueef, Ostéopathie pédiatrique, Masson, août 2013
3 : Frédéric Pariaud et Yannis Constantinidès, Regard croisées sur l’ostéopathie –
Philosophie et éthique de la pratique, Bruxelles, De Boeck, septembre 2010
4 : Evelyne Soyez-Papiernik, Neuropédiatrie et ostéopathie du nouveau-né et du
jeune enfant, Elsevier Masson, septembre 2014
Ouvrages consultés
5 : Jane E Carreiro, Une approche de l’enfant en médecine ostéopathique, Sully,
septembre 2006
6 : Beryl E Arbuckle, Ostéopathie crânienne pour le nouveau-né et l’enfant,
Sully, février 2014
7 : Andrew Taylor Still, Philosophie de l’ostéopathie, Sully, octobre 2003
8 : A.Bussière, Le quotidien du médecin : la fac des complémentaire, Bobigny,
2007
9 : Roselyne Lalauze-Pol, Le crâne du nouveau-né, TOME 1, Sauramps eds,
février 2009
10 : Jean-paul Saby, Bien naître par l’ostéopathie : Mère enfant, Sully, mars 2013
Mémoire
11 : Stéphane Miesh, Ostéopathie et nourrisson de moins de 6 mois, Mémoire
pour l’obtention du DO, CETOHM Paris, novembre 2009
12 : Lou Couturier, Etat des lieux de l’ostéopathie dans les maternités, Mémoire
pour l’obtention du DO IDO Paris, octobre 2013
13 : Caroline Chaud, La naissance, premier traumatisme de la vie ?, Mémoire
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