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Yto Barrada, Tectonic Plate, 2010, bois peint, 122 x 200 cm, photo : Alain Kantarjian © Yto Barrada et Galerie Polaris Vendredi 7 décembre à 18 h 30 Yto Barrada : l’histoire dans les histoires « Faces à faces » : soirée d’art contemporain Manifestation en lien avec l’ouverture des nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam Yto Barrada, artiste, Tanger, en conversation avec Marie Muracciole, critique d’art et commissaire d’exposition, Paris, et Nadia Tazi, philosophe, Paris.

Yto Barrada : critique d’art l’histoire dans les histoires · 2012-11-27 · Saison 2012 – 2013 Depuis les années 1990, Yto Barrada développe une œuvre multiforme, qui trouve

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Page 1: Yto Barrada : critique d’art l’histoire dans les histoires · 2012-11-27 · Saison 2012 – 2013 Depuis les années 1990, Yto Barrada développe une œuvre multiforme, qui trouve

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Vendredi 7 décembre à 18 h 30

Yto Barrada : l’histoire dans les histoires

« Faces à faces » : soirée d’art contemporain

Manifestation en lien avec l’ouverture des nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam

Yto Barrada, artiste, Tanger, en conversation avec Marie Muracciole, critique d’art et commissaire d’exposition, Paris, et Nadia Tazi, philosophe, Paris.

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Saison 2012 – 2013

Depuis les années 1990, Yto Barrada développe une œuvre multiforme, qui trouve ancrage dans la ville de Tanger comme on élit un point d’observation privilégié. Histoires singulières et histoire collective s’y brassent pour nourrir un travail visuel porteur d’interrogations, particulièrement attentif aux fausses évidences, aux détails qui bousculent et déplacent tout mouvement de saisie globale des choses. Ainsi les récits, mythes et paraboles qui traversent ses images jouent-ils avec les langages multiples de la mémoire pour mieux interpeller ses couches enfouies. Au travers de ses photographies, films, affiches, sculptures ou livres, l’artiste met en tension les temporalités et les perspectives disjointes de la réalité culturelle fragmentée qui est aujourd’hui celle du Maroc. Co-fondatrice de la Fondation Arabe pour l’Image en 1997, créatrice de la Cinémathèque de Tanger deux ans plus tard, Yto Barrada conjugue sa recherche artistique avec un travail actif de mémoire partagée, ouvrant autant d’espaces où réunir, frotter et sonder plusieurs régimes d’images.Cette conversation avec Marie Muracciole et Nadia Tazi est l’occasion de regards croisés, ceux d’une critique d’art et d’une philosophe, sur une sélection d’œuvres récentes et de projets en cours.

Projections

Yto Barrada Beau geste, 2009Film 16 mm numérisé, coul., sonore, 8 min.

La voix de l’artiste décrit à la première personne les étapes du sauvetage collectif d’un palmier – dont l’existence protège un terrain vague de la spéculation immobilière selon une loi locale qui interdit de couper ces arbres. Le récit d’un geste gratuit, symbolique, associe le monde végétal et le monde urbain dans une parabole poétique et politique.

Yto Barrada Hand-Me-Downs, 2011Films 8 mm et 16 mm numérisés, nb. et coul., sonore, 15 min.

L’expression « Hand-Me-Downs » est utilisée pour les vêtements qu’on se transmet d’aînés à cadets dans une famille. Ici un montage de films de famille des années 50 et 60, accompagne les fables et les reconstructions familiales dites par Yto Barrada qui se substitue à sa mère ou son père. Images et commentaires se succèdent, soulevant la question du « raccord » à de multiples niveaux.

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1. 2.Capture d’écran du film Beau geste (2009, film 16 mm numérisé, coul., sonore, 8 min.) © Yto Barrada et Galerie Polaris.

3.Capture d’écran du film Hand-Me-Downs (2011, films 8 mm et 16 mm numérisés, nb. et coul., sonore, 15 min.) © Yto Barrada et Galerie Polaris.

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Conversation

Le Projet du Détroit ( 1999 ) abordait au travers d’une série de photographies les effets des accords de Schengen sur les habitants et les passagers d’une ville mythique attachée au départ, Tanger. Depuis, le travail d’Yto Barrada explore à partir de la vie quotidienne et de récits individuels ou collectifs l’espace séparant l’histoire établie et les multiples « histoires » que le présent produit ou exhume. Le film Beau geste ( 2009 ) et le livre A Guide To Trees… ( 2011 ) pointent les vêtements idéologiques de l’urbanisme et les rôles absurdes que la nature endosse dans la représentation du pouvoir. Elle fait entrer dans le cadre les à-côtés, les effets secondaires, les détails non élucidés qui résistent aux grandes interprétations, explorant les chantiers de la mémoire. Associant déplacement et changement d’échelle, la déambulation photographique d’Yto Barrada donne aux événements, petits et grands, une surface d’apparition dans une histoire générale non encore écrite. Marie Muracciole

L’imagerie la plus convenue sur le Maroc, celle qui est promue par le pouvoir et par l’industrie touristique, invoque un pays ardent, coloré, contrasté : « à la fois moderne et traditionnel. » C’est tout ce qui est abjecté par Yto Barrada. Ses images veillent : elles persévèrent dans la froideur et la désaffection, sans que pour autant soient niées la puissance des corps, l’imbrication des temps. Elles captent précisément la dyschronie de temps

incompatibles, les hiatus et les dissonances à l’œuvre, les clivages qui travaillent les consciences. Dans son film Beau geste ( 2009 ), elles mettent en évidence autour du sauvetage d’un palmier – livré à la rapacité des spéculateurs – la tension entre la durée générative de la nature, et la violence de la prédation qui gagne à toute allure. Au travers d’un « conte » à plusieurs voix, le film Hand-Me-Downs ( 2011 ), des images d’archives servent la réappropriation à la fois d’un passé postcolonial, et du roman familial. Cette mise à distance très fine fait la force de ce travail : elle ouvre un espace d’intelligibilité nouveau sur la pointe d’un entre-deux maîtrisé. Nadia Tazi

Notes biographiques

Yto Barrada a grandi entre le Maroc et Paris, où elle est née en 1971. Formée en Histoire et en Sciences politiques à la Sorbonne, elle a complété ses études à l’International Center of Photography à New York. Sa pratique, qui associe les stratégies documentaires à une approche plus méditative des images, l’a reconduite en 1999 à Tanger. Elle poursuit là son exploration des multiples niveaux d’une réalité complexe, en se refusant à la rigidité des discours et au pathos. Elle évoque un Tanger où l’histoire postcoloniale a matérialisé l’une de ses impasses, mais où ses images, les histoires brèves de ses films, ses posters aux formulations lapidaires et pleines d’humour participent de l’apparition d’une histoire en

construction. Elle a présenté récemment des expositions dans les institutions suivantes : Witte de With Center for Contemporary Art ( Rotterdam ), SFMoMA ( San Francisco ), Haus der Kunst ( Munich ), Tate Modern ( Londres ), MoMA ( New York ) et les Biennales de Venise de 2007 et 2011. En 2011, elle a été nommée « Deutsche Bank Artist of the Year » et a commencé une exposition monographique itinérante au Deutsche Guggenheim de Berlin, sous le titre « Riffs, Yto Barrada ». Yto Barrada est co-fondatrice de la Cinémathèque de Tanger, qu’elle dirige depuis son ouverture en 2003.

Marie Muracciole est critique d’art et commissaire d’expositions. Elle collabore régulièrement à Texte zur Kunst, Berlin, et 20/27, Paris. Parmi ses expositions récentes : « Riffs, Yto Barrada » ( Deutsche Guggenheim, Berlin ; Wiels, Bruxelles ; Renaissance Society, Chicago ; Ikon, Birmingham ; Macro, Rome, et Fotomuseum, Winterthur, 2011-2012 ), « You Have Been There », ( Marian Goodman Gallery, Paris et New York, 2010-2011 ), et « Allan Sekula », ( Akabank, Istanbul, 2012 ). Elle a publié dernièrement : « Transports : A Love Story », in Evidence, Amar Kanwar, Fotomuseum, Winterthur, 2012 ; « Passons, Ich Sterbe », in Les Sept Mondes, Marylene Negro, Arles, Analogues, 2012 ; « Du nouveau sur les plantes, Arbre généalogique », in Yto Barrada, Zurich, JRP-Ringier, 2012 ; « Redistributing narratives » a conversation with Yto Barrada, in Plot for a Biennal, Sharjah, 2011 ; « Tu comprends ? » in Eric

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Informations : 01 40 20 55 55et sur www.louvre.frRéservation : 01 40 20 55 00

Abonnez-vous à la Newsletter : [email protected] sur Facebook

Programmation : Marcella Lista assistée de Caroline Caillet et Nanxi Cheng

Les hôtes et hôtesses d’accueil de l’Auditorium sont habillés par

Graphisme : Emmanuel LabardImpression : Demaille © Auditorium du Louvre 2012

Duyckaerts, ‘ idéo, éditions du MacVal, 2011 ; « Tomorrow Never Knows, Peter Roehr », in 20/27 n°5, 2010 ; « The Host and the Cloud, Pierre Huyghe », in Art Press, Mai 2010. Elle édite actuellement les écrits d’Allan Sekula en français aux éditions de l’Ensba, Paris, et prépare une rétrospective consacrée à cet artiste.

Nadia Tazi est Directrice de Programme au Collège International de Philosophie, en section Philosophie/politique. Co-fondatrice de L’Autre Journal en 1984, elle a été directrice de rédaction de la revue Intersignes de 1990 à 2003. Éditrice pour Siruela, Madrid, et Zone Books, New York, elle a dirigé la Collection « Les mots du Monde », aux Éditions la Découverte, ainsi que le volume collectif Pour Rushdie. Cent intellectuels arabes et musulmans pour la liberté d’expression, paru chez ce même éditeur en 1993. Nadia Tazi a collaboré à la Documenta X ( 1997 ), sous le commissariat de Catherine David, et à l’exposition « Mutations », sous le commissariat de Rem Koolhaas au CAPC de Bordeaux en 2000. Elle est l’auteur d’un article sur Yto Barrada, « Les États du Détroit », paru dans A Life Full of Holes / The Strait Project, publié par ABP London, en 2005. Parmi ses publications récentes : « Dyschronies marocaines » in Lignes, n°36 : Monde Arabe : rêves, révoltes, révolutions, octobre 2011 ; « Les Poissons-pilotes », in Histoires minuscules des Révolutions arabes, sous la direction de Wassyla Tamzali, Montpellier, Chèvre Feuille Etoilée, 2012 ; « Du silence des intellectuels arabes », dans le catalogue La Triennale : Intense Proximité, Paris, 2012.

Prochainementwww.louvre.fr

En lien avec l’ouverturedes nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam

Carte BlanChe à Walid raad

Du 19 janvier au 8 avrilWalid Raad / « Préface à la Première Édition »Exposition dans la salle de la Maquette

Vendredi 22 mars, de 10 h à 20 hScratching on things I could disavowSéminaire public à l’auditorium

Cinéma

Vendredi 21 décembre, 20 h 30Yalda [Nuit du solstice d’hiver ]Sélection de courts métrages réalisés et présentés par Abbas Kiarostami

« duos éphémères »

Vendredi 1er février, 29 mars, 26 avril, 24 mai et 7 juin, 20 h 30Carte blanche à Ibrahim MaaloufAvec Socalled, Smadj et Zeid, Nguyên Lê, Baptiste Trotignon et Nils Petter Molvaer, et Eol Trio

ConCerts musique du monde de l’islam

Samedi 13 avril, 20 h 30Chants et danses du djem alévi, par les communautés de Turhal et de Kayabelen (Turquie)

Dimanche 14 avril, 17 hLe chant du semah alévi, par Armagan Elçi