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p Une jurisprudence incisive DOSSIER MÉTIER le snesu ENTRETIEN Rony Brauman Chine Universités et Recherche Chine Universités et Recherche MENSUEL DU SYNDICAT NATIONAL DE L ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - N ˚600 DÉCEMBRE 2011 Dominique Faudot, présidente de la CP-CNU ACTUALITÉ Mobilisation de masse en Grande-Bretagne INTERNATIONAL

ACTUALITÉ le snesu Dominique Faudot, présidente de la CP-CNU p · 2016-10-07 · l’application de la loi LRU (décret n° 2008-618 du 27 juin 2008), dispose : « Lorsque le compte

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pUne jurisprudence incisive

D O S S I E R

M É T I E R

le snesuE N T R E T I E NRony Brauman

ChineUniversités et RechercheChineUniversités et Recherche

M E N S U E L D U S Y N D I C A T N A T I O N A L D E L ’ E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U R - N ˚ 6 0 0 D É C E M B R E 2 0 1 1

Dominique Faudot,présidente de la CP-CNU

ACTUALITÉMobilisation de masse en Grande-BretagneINTERNATIONAL

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2ÉPHÉMÉRIDE

19 ET 20 DÉCEMBREConseil Supérieur de la Fonction Publique :examen des textes « dialogue social »

DU 28 AU 30 DÉCEMBRE13e congrès du Syndicat desEnseignants du Sénégal (à Dakar)

12 JANVIERCommission administrative

16 JANVIERCNESER budgétaire

24-25 JANVIERConseil Délibératif FédéralNational de la FSU

p M E N S U E LD U S Y N D I C A TN A T I O N A L D EL ’ E N S E I G N E M E N TS U P É R I E U RSNESUP-FSU78, rue du Faubourg-Saint-Denis,75010 Paris - Tél. : 01 44 79 96 10Internet : www.snesup.frDirecteur de la publication : Guy OdentRédacteur en chef : Jean FabbriRédaction exécutive :Thierry Astruc, Pierre Duharcourt, Annliese Nef,Christophe Pébarthe, Alain PolicarCoordination des rédactions :Thierry AstrucSecrétariat de rédaction :Latifa Rochdi, Mathieu RopitaultTél. : 01 44 79 96 23CPPAP : 0 111 S07698 D 73ISSN : 245 9663Conception et réalisation : C.A.G., ParisImpression :SIPE, 10 ter, rue J.-J. Rousseau, 91350 GrignyRégie publicitaire :Com d’habitude publicité, Clotilde Poitevin. Tél. : 05 55 24 14 [email protected]

Prix au numéro : 0,90 € • Abonnement : 12 €/an

Illustration de couverture : © ssteacher

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esuPRÉSIDENCE DE LA CP-CNU

Dominique Faudot élueNotre camarade Dominique Faudot (voir entretien page 6), professeure d’infor-

matique à l’université de Bourgogne et vice-présidente de la section 27 (infor-matique) du CNU, a été élue présidente de la CP-CNU le 7 décembre. Elle obtientla majorité au deuxième tour face à Frédéric Sudre, président sortant et professeurde droit public à l’université Montpellier 1 et président de la section 2 (droit public)par 79 voix contre 77.Au premier tour, présentée par notre syndicat, elle a obtenu 65 voix, Frédéric Sudre70 et le candidat du SGEN-CFDT 18 voix. Au deuxième tour, le candidat du SGEN-CFDT a appelé à voter pour Dominique Faudot. Ce résultat et la composition dubureau de la CP-CNU constituent un important point d’appui pour la défense desvaleurs portées par le SNESUP contre la politique discriminatoire à laquelle vise leministère et le rôle exorbitant attribué à l’AERES. ● Jean Fabbri

CONSEIL D’ÉTAT

Cahier des charges de laformation des enseignants(1)

Le Conseil d’État vient d’annuler l’arrêté de mai 2010 qui abrogeait le cahier descharges. Cet arrêté avait permis de passer les temps de formation de 2/3 dans le

service à 1/3 en plus du service.L’annulation (d’après le Code de l’éducation, il aurait dû être signé par le MER et le MEN)renvoie à la situation précédente. Les deux ministères pourraient certes reprendre unarrêté similaire pour la rentrée 2012. Les deux promotions de lauréats (2010 et 2011)seraient en droit de toucher des dédommagements si le Conseil d’État n’avait renvoyécela à une négociation avec les organisations qui avaient porté recours.Cette victoire ne fait que confirmer la précipitation, assumée politiquement, aveclaquelle cette réforme a été menée. ● Thierry Astruc

(1) Recrutés après les nouveaux concours liés à la mastérisation.

COMITÉ NATIONAL DE LA RECHERCHE

Élections dans les sectionsSont inscrits automatiquement, en théorie, sur les listes électorales tous les ensei-

gnants-chercheurs membres d’une UMR dont le CNRS est tutelle : vérifier à la foisla présence sur la liste et dans la bonne section (nouvelle numérotation !), et dansle bon collège (professeur = A2, maître de conférences = B2).Tous les enseignants-chercheurs non membres d’une UMR CNRS ont le droit des’inscrire sur les listes électorales entre le 12 décembre et le 16 janvier sur le sitehttp://liste-electorale.dsi.cnrs.fr/inscription ● J. F.

PARIS 7

Des locaux à problèmesLe chantier conduit par le groupe de BTP Vinci pour l’université Diderot (Paris 7)

pour construire quatre bâtiments (salles de cours et locaux administratifs), fut l’undes premiers « partenariat public-privé » (PPP) dans l’enseignement supérieur. Le chan-tier comme le contrat font l’objet ces temps-ci de révélations alarmantes (Mediapart,Le Post, Le Canard Enchaîné...) tant sur certains aspects techniques que sur les enjeuxfinanciers (contrat de 273 millions d’euros).Preuve que le cœur de ce dispositif – qui attribue à une entreprise privée laconstruction et la maintenance d’équipements publics – est aux antipodes desbesoins du service public. Le ministère (et la ministre d’alors Valérie Pécresse) commele président de cette université, Vincent Berger, qui annonçaient en signant le contrat« rapidité, efficacité, sécurité, moindres coûts » y croient-ils encore ? ● J. F.

Nous avons eu la joie d’apprendre lanaissance d’Ilian, le 4 décembre dernier.Nous lui souhaitons une longue etheureuse vie et nous adressons à sesparents, Latifa Rochdi et Didier Chamma,nos chaleureuses félicitations et nosplus affectueuses pensées.

B I E N V E N U E À I L I A N

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camouflage ministérielle. Le récent rapportparlementaire de la mission d’évaluation et decontrôle sur les financements extrabudgétairesenfonce le clou : sur les 5 milliards de dotationaffichés par le plan campus, seuls 56,9 millionsd’euros d’intérêts pour 2010 et 2011 ont étéversés...Reprendre la main, arracher les moyens

de résister... c’est le sens donné à l’élection de Domi-nique Faudot à la Présidence de la Commission Per-manente du CNU, entourée d’un bureau à l’image denotre ancrage dans les disciplines. Affichant avec clartéses ambitions sur les questions d’évaluations indivi-duelles et rejetant toute évaluation-sanction, la nouvelleprésidente a recueilli la confiance au-delà des rangs duSNESUP. Le message est cinglant pour le ministre, quidoit tenir compte d’un scénario qu’il était loin d’avoirenvisagé. Du coup, alors qu’il cherche à accélérer lerythme, visant également les personnels de statut seconddegré, il serait bien avisé de reconsidérer ses ambi-tions. Dans ce contexte, pour être le rempart à la modu-lation des services, aux sanctions de toutes sortes etpour avancer sur une conception formative de l’éva-luation aux mains du seul CNU et à même d’aider descollègues exerçant leurs missions dans des conditionsde plus en plus difficiles, il nous faut engager unebataille d’ampleur.À toutes et à tous, de bonnes fêtes de fin d’année !

Fuite en avant en Europe... Les gouverne-ments soumis à la tutelle des agences de nota-tion et des marchés agissent au mépris de touteconsultation démocratique et de l’intérêt despeuples. Suite au marchandage franco-alle-mand, les abandons résultant des derniers« accords » entre des gouvernements coupés deleurs populations, rompent avec toute logiquede coopération et de solidarité. Ils ne peuvent qu’en-foncer un peu plus l’Europe dans une spirale dépressive :comment imaginer que la sortie de la crise pourrait êtrefacilitée par des sanctions automatiques frappant despays dont les difficultés ont creusé les déficits ? Imaginers'en sortir ainsi est aussi absurde que de prétendrerésoudre les cas de surendettement uniquement par lafixation d’une amende.L’enseignement supérieur logé à la même enseigne...La mise sous tutelle d’universités en déficit est le pendantde l’application de la « règle d’or » que les thuriférairesdes politiques néolibérales exhortent les États à s’imposersans délais. En gelant des postes, souvent de profes-seurs pour épargner les effectifs et maximiser les éco-nomies réalisées, les établissements sont sommés descier la branche sur laquelle ils sont assis. Combiend’étudiants mis en difficulté dans la poursuite de leursétudes, de thèses non soutenues, de HDR avortées, de pro-jets abandonnés ? L’ampleur du préjudice sur larecherche et les formations rend dérisoire l’opération de

Reprendre la main...

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leur

➔ par Stéphane Tasse l , secrétaire général du SNESUP-FSU

référentiels licence :le règne du secret

• Entre deux FL...des enseignants précairesà vie

• FLI : une trouvaille decampagne préélectorale

• SATT is fashion• L’ancrage des listes

soutenues par le SNESUPdans les sections du CNU

INTERNATIONAL 21• Maroc : les profs

en ordre de bataille• Grande-Bretagne :

mobilisation de massecontre la réforme desretraites

ENTRETIEN 22• avec Rony Brauman

CULTURE 23• Exposer l’histoire

DOSSIER 9ChineUniversités et RechercheEn peu de temps, l’enseignement supé-rieur en Chine est devenu – d’abord parle nombre de ses étudiants et des univer-sitaires qui y travaillent – le plus impor-tant du monde. Des changementséconomiques, sociaux, culturels et struc-turels sont en cours. Le rôle du systèmeuniversitaire comme porteur de la doublemission recherche/formation s’y trouverenforcé comme la dimension deséchanges internationaux. L’élévationmassive du niveau d’études se combineavec une forte sélection qui maintientles sciences humaines dans une margi-nalité qui de fait interroge l’avenir de lasociété chinoise.

ACTUALITÉ 4• Universités : refuser

l’austérité• CHSCT : de nouvelles

attributions dont il fauts’emparer

• Conditions de travail :transformation etsouffrancesprofessionnelles

VOIX DES ÉTABLISSEMENTS 7

MÉTIER 17• Recrutement des

enseignants-chercheurs :une jurisprudenceincisive du Conseil d’État

• Supplément Familial deTraitement : desmodificationsinsatisfaisantes dudispositif

MONDES UNIVERSITAIRES 18• Élaboration des

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La « mise sous tutelle » d’universités etles réactions embarrassées tant du

ministère que de la CPU révèlent augrand jour à la fois l’ampleur des dégâtsprovoqués par la loi LRU et la mise enœuvre des RCE (responsabilités et com-pétences élargies), et l’imposture du dis-cours gouvernemental sur sa « généro-sité » vis-à-vis de l’enseignementsupérieur et de la recherche(1).Rappelons les faits. L’article 56 du décretfinancier, dans la version découlant del’application de la loi LRU (décretn° 2008-618 du 27 juin 2008), dispose : « Lorsque le compte de résultat fait appa-raître un déficit pendant deux annéesconsécutives, le budget qui suit laconstatation des déficits est établi par lerecteur d’académie, chancelier des uni-versités, ou, pour les établissements quilui sont directement rattachés, par leministre chargé de l’enseignement supé-rieur. Il ne peut être modifié pendanttout l’exercice sans son accord préa-lable. Les mesures peuvent être recon-duites jusqu’au rétablissement completde l’équilibre financier. »La presse a fait état de huit établisse-ments dans cette situation : UMPC,Paris XIII, Limoges, Savoie, Nice, Bor-deaux III, INSA de Rouen et ENS Cachan.Nice et Bordeaux ont démenti ; Paris XIIIet INSA sont sortis de la liste. Le ministèrea tenté de calmer le jeu en proposant, deconcert avec la CPU, la mise en placed’un « comité des pairs » pour apporterune « aide » (?) en matière de gestionbudgétaire. Il prétend en même tempssuggérer aux recteurs de faire preuve deplus de souplesse et de « discernement » :certains d’entre eux ont peut-être témoi-gné d’une « rigueur » particulière, etquelques établissements visés n’ont pasconnu véritablement un déficit de leurcompte de résultat deux années consé-cutives. Un « expert » en matière de ges-tion budgétaire des universités, M. Del-lacasagrande, directeur des affairesfinancières du ministère au moment dudémarrage de la LOLF, explique les « dif-ficultés » actuelles par la conjonction deplusieurs facteurs et en particulier par lechangement des pratiques comptables et

notamment l’exigence d’un renforcementdu besoin en fonds de roulement porté àun mois (sans trop insister sur un élémentplus important encore, à savoir la néces-sité de dotations aux amortissements),ainsi que par le gonflement de la massesalariale dû à un GVT non financé par leministère et à la distribution de primes.

FAIRE DE LA DISCUSSION BUDGÉTAIREUN MOMENT DÉCISIFDeux choses sont certaines. La misesous tutelle fait « tâche » et fait apparaîtreune contradiction flagrante par rapportaux discours pompeux tenus sur lagrande réussite duquinquennat queserait la conquête del’autonomie des uni-versités : elle apportela preuve flagranteque la loi LRU vise àconjuguer désenga-gement de l’État etdirigisme bonapar-tiste. La mise enfaillite d’universitésmontre aussi que,même s’il existe despôles ou îlots recevant la manne desopérations d’excellence, chaque éta-blissement est dans le rouge ou estmenacé de l’être, condamné à annulerou différer des projets, à arbitrer entreoccupation de tous les emplois et finan-cement du GVT, attribution de primes et

financement des enseignements…Si la LOLF puis la loi LRU ont, avec leurstextes d’application, modifié profondé-ment les conditions de fonctionnementdes établissements, les principes avan-cés par le SNESUP s’inspirent toujoursdes mêmes considérations. La discussionbudgétaire correspond à un moment déci-sif dans la vie d’un établissement. Sonobjectif est à la fois d’exiger du ministèreles moyens nécessaires et dans le momentprésent de protester contre la pénuriequ’il impose malgré ses discours men-songers, et d’exiger en interne transpa-rence et collégialité dans les décisions.S’ajoutant à l’adoption de motions et auxinterventions auprès des autorités et desélus, le refus du budget ou sa présenta-tion en déséquilibre peuvent être unemanière spectaculaire de manifestercontre l’austérité : dans ce cas, il vautmieux l’assumer et être offensif que delaisser l’initiative et la communication aurecteur. Dans tous les cas, la discussion etle vote (une majorité de membres du CAprésents est exigée pour le vote, quinécessite lui-même la majorité des suf-frages exprimés – avec voix prépondé-rante du président) demandent une dis-cussion approfondie de tous lesproblèmes : réponses aux besoins péda-gogiques et scientifiques, obtention du

financement du GVTsans gel d’emploisstatutaires, contrôledes primes et desrémunérations (enrefusant les sous-paiements mais éga-lement certainesrémunérations exor-bitantes). Cette dis-cussion doit prendrele temps nécessairepour éviter une adop-tion à la sauvette : il

convient de rappeler que, le cas échéant,la date ultime pour que le budget soitexécutoire est le 1er mars de l’exercice(cf. article 24 du décret). ●

1. Voir à ce sujet la tribune de S. Tassel surMediapart le 22 novembre.

UNIVERSITÉS

Refuser l’austéritéLes « explications » du ministère face aux difficultés financières de nombreuxétablissements cherchent à dissimuler l’essentiel : la loi LRU, conjuguant désengagement de l’État et dirigisme bonapartiste, menacel’ensemble du système universitaire.

➔ par Pierre Duharcourt

▼S’ajoutant à l’adoption de

motions et aux interventionsauprès des autorités et des élus,

le refus du budget ou saprésentation en déséquilibre

peuvent être une manièrespectaculaire de manifester

contre l’austérité.

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➔ par Michel Carpentier , membre du secteur SDP

La loi sur la rénovation du dialoguesocial a profondément modifié les

attributions et les règles de fonctionne-ment des comités d’hygiène et de sécu-rité de la fonction publique en les rap-prochant de celles, plus favorables, envigueur dans le secteur privé. Seuls lesreprésentants du personnel y ont le droitde vote. Rebaptisés CHSCT, ils voientleurs compétences étendues aux condi-tions de travail : environnement phy-sique, constructions, aménagements etentretien des lieux de travail, organisa-tion du travail, etc. En outre, ils peuventproposer des actions de préventioncontre le harcèlement moral et sexuel.Surtout, leurs pouvoirs d’investigationsont considérablement élargis : ils ontdésormais pour mission de procéder à lavisite régulière des services, avec éta-blissement de rapports (auparavant seulsles accidents graves ou de nature répé-

titive et les maladies professionnellespouvaient donner lieu à enquête). Lerecours à des experts est également faci-lité puisque l’administration ne peut s’yopposer sans motif sérieux. L’exercice deces nouvelles prérogatives n’ira pas sansdifficulté face à une administrationjalouse de son autorité et encline à can-tonner les CHSCT dans un rôle purementpassif. Or les universités, en proie auxdifficultés financières, sont tentées derogner sur les dépenses d’hygiène et desécurité, alors même que dans de nom-breux laboratoires les équipements desécurité sont vétustes ou hors serviceet que se multiplient les risques CMR(1).Les situations de souffrance au travail semultiplient. C’est pourquoi il est essentiel de faire sié-ger dans les CHSCT des camarades com-batifs qui se saisiront sans tarder detoutes les possibilités offertes par la nou-

velle réglementation. Le choix du secré-taire sera déterminant puisqu’il devracoordonner les activités du comité, sanspour autant devenir un auxiliaire del’administration. Il faudra enfin faire lar-gement connaître l’existence et le rôledes représentants du personnel, tropsouvent ignorés des collègues. ●

1. Cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.

publique sur la santé et la sécurité au tra-vail, accord signé par sept des huit orga-nisations syndicales représentatives ;• le 28 juin 2011, la parution du décretn° 2011-774 (1) qui met en place deuxniveaux d’ACMO, les assistants de pré-vention et les conseillers de prévention,impose désormais aux chefs de servicela rédaction d’une lettre de cadrage enmatière de prévention et précise les mis-sions de l’assistant de prévention ;• enfin, un ensemble de décisions dejustice prononcées récemment, dans lalignée de celle de la Cour de cassationde 2002, impose désormais à l’em-ployeur d’être « tenu à l’égard de sonpersonnel d’une obligation de sécuritéde résultat » (2).L’association sécurité, conditions de tra-vail et santé des salariés montre bienque le travail, tel qu’il est conçu sous lapression de la financiarisation de l’éco-nomie, le conditionnement des salariéspar des objectifs personnalisés, deshoraires atypiques, une permanente exi-gence de performances et de producti-vité, etc., crée des conditions propices àl’apparition des nouveaux risques, dan-

gers et maladies, conséquences de souf-frances professionnelles.La parade à cette « banalisation du mal »est dans l’action collective. Les change-ments en cours ouvrent des perspectivesmilitantes innovantes notamment celled’un militantisme à la fois original, spé-cifique et « technique ». Dans un contextesocio-économique propice à l’extensionde nouveaux champs revendicatifs, notreorganisation est prête à relever ce défigrâce à l’action de ses représentants dansles CT et les CHSCT. ●

1. Avec sa circulaire d’application (http://www.cir-culaires.gouv.fr/pdf/2011/09/cir_33731.pdf).2. TGI Paris, CGT/FO vs AREVA, 5 juillet 2011.

CHSCT

De nouvelles attributions dont il faut s’emparer

➔ par Max Lebreton , membre du secteur SDP

CONDITIONS DE TRAVAIL

Transformation et souffrances professionnelles

Au cours des trente dernières années,l’organisation, les méthodes et la

conception du travail ont beaucoupchangé. Le travail s’est transformé ets’exécute désormais en fonction de prio-rités, d’objectifs et de critères de gestionqui ignorent les salariés, partagés entreleurs aspirations et des contraintes quileur échappent. Le travail devient deplus en plus source de conflits souventéclatés, anonymes et diffus avec leurslots de souffrances.Durant cette période, il aura fallu deuxaccidents industriels majeurs pour qu’entrois étapes, les concepts de conditions detravail, de sécurité et de santé s’imposentà la place de l’ensemble hygiène-sécurité. Ces deux événements furent l’affaire del’amiante avec ses 100 000 décès parcancer prévus d’ici 2030, et ses milliersde procès et l’explosion de l’usine Total-AZF à Toulouse, le 21 septembre 2001,qui fit 31 morts et plus de 2 500 blessés.Par la suite, en trois étapes, les liensentre santé, sécurité et conditions detravail ont été normalisés :• le 20 novembre 2009, la signature dupremier accord conclu dans la fonction

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Questions à Dominique Faudot,nouvelle présidente de la CP-CNU

Réaffirmer le rôle du CNU en faveur d’une évaluation formative, à l’opposé d’une gestion répressive et inégalitaire.

Tu viens d’être élue présidente de la CP-

CNU. Quelles orientations comptes-tu

défendre ?

On sait que l’enjeu principal concernel’évaluation quadriennale des ensei-gnants-chercheurs. Cette mission, quiincombe au CNU dès 2012, doit respec-ter les principes fondamentaux auxquelsle SNESUP est attaché. En premier lieu,réalisée par des pairs majoritairementélus, elle sera respectueuse de la diver-sité des carrières et des conditions d’exer-cice et, bien évidemment, des libertésscientifiques. Cela suppose notammentde prendre en compte l’ensemble desactivités scientifiques, pédagogiques etadministratives, et non les seuls élémentsde bibliométrie. Les critères devront êtredéfinis dans les sections et transparents.Elle ne doit en aucun cas conduire àsanctionner, quelle que soit la forme dela sanction (modulations de service,empêchement de promotion locale ounon-attribution de prime). Il s’agit, dèslors, de refuser tout classement de typeA, B et C. Nous refusons une telle visioncomptable, qui risque d’écarter demanière durable, voire irréversible, descollègues de la recherche. On sait que lesdifférentes formes de pressions quis’exercent sur les collègues dans les éta-blissements isolent nombre des ensei-gnants-chercheurs.Par conséquent, on voit que les objectifsde l’évaluation doivent être, contraire-ment à ce que préconise l’AERES, d’aidersur un temps long des collègues, dontl’exercice des missions est rendu de plusen plus ardu. Le CNU, dont le rôle irrem-plaçable a été réaffirmé par les mobili-sations de 2009, doit proposer une éva-luation formative et non une évaluationau service d’une gestion répressive etinégalitaire des enseignants-chercheurs.Pour avancer dans cette direction, l’unitéet la coordination au sein des sections duCNU doivent être recherchées sans quesoient gommées les spécificités qui sontle fondement même des disciplines (etdes sections du CNU).

Calendrier et principes annoncés par le

ministère te semblent-ils praticables ?

Non, d’autant que nous ne connaissonsni l’usage que comptent en faire les

établissements, ni leur capacité àrépondre dans de tels délais. C’est pour-quoi nous demandons un report ducalendrier annoncé par la DGRH (lesenseignants-chercheurs évaluables, c’est-à-dire ceux nés en mars, juillet etoctobre, devant remplir leur dossierd’évaluation à partir du 3 février 2012)de six mois ou un an.

Le contentieux sur la nomination par le

ministère de certains membres du CNU est-

il en voie de règlement ?

C’est loin d’être le cas. Si les sections 6(sciences de gestion) et 19 (sociologie etdémographie) ont exprimé publique-ment leur fort mécontentement, beau-coup d’autres ont connu des conditionsde nomination hasardeuses (liste incom-plète de suppléants, absence de rééqui-librage disciplinaire ou géographique).J’ai interpellé le ministre à ce sujet lorsde l’assemblée générale. Il s’est ditétonné et non-informé. J’attends doncdes éclaircissements lors d’une prochainerencontre.

Nous venons d’évoquer la section 19. Celle-

ci a, par le passé, défrayé la chronique en

procédant à des promotions fortement

contestées par la communauté scientifique.

Que comptes-tu faire pour éviter la suspicion

sur ces procédures ?

Il existe un groupe de travail sur ladéontologie et la transparence. Il seraitbienvenu de le réactiver. Mais il convientd’être précis. Le terme d’autopromotion,souvent utilisé, est inadéquat. En effet,un membre du CNU candidat à une pro-motion ne siège pas durant l’examende son dossier. De surcroît, il est difficiled’interdire à un membre de se présenterà une promotion. Ce serait d’ailleursillégal. Les sections ont d’ailleurs mis enplace des règles déontologiques spéci-fiques. Il nous faut donc travailler pour limiterles abus dont le principal est sans aucundoute d’user de sa position à des finspersonnelles. Mais, malgré la publicitéfaite à certaines situations, il faut insistersur le caractère marginal de ces dys-fonctionnements. Une bonne manièred’en limiter fortement la possibilité seraitde rendre publics les critères de qualifi-cation, de promotion et d’évaluationretenus ainsi que la liste des promus.

En marge des questions liées au fonction-

nement du CNU, quel est ton sentiment

sur les difficultés rencontrées par de nom-

breux établissements dont les budgets sont

en déficit ?

Cela illustre l’état de pénurie dans lequella communauté universitaire exerce. Letemps gaspillé par la bureaucratie etl’insuffisance de personnels font défautaux enseignants-chercheurs pour leursrecherches, leurs étudiants et leur enga-gement dans la vie démocratique desétablissements et de la communauté uni-versitaire. Il n’est pas concevable qu’ilpuisse leur en être tenu rigueur.C’est l’une des raisons pour lesquellesnous récusons la logique d’évaluationqui consiste à faire planer une épée deDamoclès sur la tête de chaque col-lègue, sur ses travaux, sur son équipe...Ta question n’est donc pas réellementéloignée de notre problématique prin-cipale. ●

Propos recueillis par la rédaction

▼Prendre en compte l’ensemble

des activités scientifiques,pédagogiques et administratives,

et non les seuls élémentsde bibliométrie.

Dans la transparence

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En cette rentrée 2011, l’université PaulValéry faisait partie des rares universités

à n’être pas encore passées aux RCE. Ladirection, soutenue par les votes des CA etCTP, avait à plusieurs reprises manifesté sonrejet de la loi LRU. Le passage aux RCEconstituait une étape dont on savait quel’université Paul Valéry aurait peu à gagner,voire beaucoup à perdre, quand on lisait lesdépêches qui commençaient de tombersur la situation budgétaire des établisse-ments. L’échéance de 2012 (que la loiimpose pour ce passage) approchant, toutesles raisons qui nous avaient toujoursconduits à nous y opposer sont apparuesavec encore plus d’évidence.À peine notre université était-elle « sortie »– au moins provisoirement – des pres-sions liées à la course aux Idex, Labex etfusion des trois universités montpellié-raines que le pouvoir local et nationaln’ont eu de cesse de multiplier... qu’il fal-lait continuer à résister pour défendre lesspécificités d’une université LLASHS quifait trop souvent, dans la presse locale,figure de mauvaise joueuse et à qui l’onattribue la responsabilité de l’échec desexcellents projets présentés par nos col-lègues des deux autres universités.Le feuilleton des « négociations » entre ladirection de l’université et le ministèrepour préparer ce passage obligé aux RCE

a commencé dès la rentrée ; les épisodesen ont été retransmis lors des conseils, ducomité ou à travers des messages à desti-nation de l’ensemble des personnels dif-fusés par la présidente.L’épilogue qu’a connu cette série montrequ’il est encore possible – si la détermina-tion de la direction est suffisamment forte(l’éventualité d’un vote négatif du congrèssur le passage aux RCE a été sérieusementenvisagée) – de défendre et préserver, si cen’est le service public d’enseignement supé-rieur, au moins des principes et des condi-tions qui garantissent de façon relativementacceptable l’avenir des personnels et leursconditions de travail. La stratégie a consistéà prendre le ministère à ses propres calculs.Le conflit concernait plusieurs points : 1. Le rehaussement du plafond d’emplois

« État ».2. L’impact des 1 500 heures pour les

licences.3. L’extension du campus sur le site

St-Charles.4. La bibliothèque interuniversitaire, ratta-

chée historiquement à notre universitépour sa gestion administrative.

5. Le calcul du GVT.6. Le socle de masse salariale du titre 2.Après des mois de négociation, la DGSIPa fini par proposer trois avancées majeurespour l’université :• L’intégration de tous les contractuels en

fonction dans l’établissement en 2006dans le plafond d’emplois « État ».

• La séparation des potentiels et des bud-gets de la BIU et de l’UPV afin de dis-tinguer les moyens humains et finan-ciers de chaque structure

• Un ensemble de dotations complémen-taires pour près d’un million d’euros.

Concernant le transfert de la masse salariale« État » des personnels titulaires, la directiondes affaires financières s’engage à com-penser intégralement ces charges au moisde janvier.Si cette « négociation » a finalement aboutià un vote du CA en faveur du passageaux RCE au 1er janvier 2012, sans les voixsyndicales qui n’ont pas pris part à cevote, il reste que chacun a pu mesurer leseffets concrets de cette loi et ses déclinai-sons sur les missions, les emplois et lesconditions de travail de l’ensemble de lacommunauté tant à l’échelle locale quenationale. Si l’université Paul Valéry sort« honorablement » de cette négociation,on ne pourra pourtant pas ignorer la situa-tion des autres universités que la LRU et lesRCE font basculer dans la précarité et dansune conception de mise en concurrencedes universités que nous ne pouvonsqu’encore une fois dénoncer. ●

Laurence Dreyfuss, élue au CT-SNESUP-FSULaure Echalier, élue au CA-SNESUP-FSUCécile Poussard, VP CEVU-SNESUP-FSU

Élections à Paris 5 :mandarins ou gestionnaires ?

Trois listes d’enseignants-chercheurs s’affrontaient lors des élections CA-CS-CEVU de Paris Descartes le 22 novembre, correspondant à trois visions dif-

férentes de l’université : une vision managériale, portée par Frédéric Dardel, pou-lain d’Axel Kahn ; une conception facultaire et mandarinale, portée par lemédecin Christian Boitard ; un projet de démocratie universitaire renforcée etaffranchie de la tutelle gouvernementale, proposé par la liste Descartes Démo-cratie.Les deux premières listes ont été constituées autour de chefs choisissant leurCA auprès des doyens, sans autre programme que le pouvoir. La liste DescartesDémocratie, lancée par les militants SNESUP, s’est construite selon un processusouvert, sur la base de valeurs partagées, en élaborant un programme riche dansun esprit collégial.Bilan du scrutin : 6 sièges sur 7 en rang A pour la liste Boitard, 5 sièges sur 7 enrang B pour la liste Dardel. Descartes Démocratie, avec 28 % des voix en rangB, remporte 1 siège (nous en espérions 5), mais est écrasée dans le collège A :8 % (0 siège). La liste a été victime de sa non-présidentialisation, du vote mas-sif pour Boitard chez les médecins (40 % des enseignants-chercheurs) et du « voteutile » pour Dardel chez les non-médecins. Elle obtient 4 sièges sur 16 EC auCEVU et 3 sur 26 au CS.Début décembre, aucun des deux prétendants au trône ne dispose de la majo-rité absolue du CA. Une alliance entre les deux étant exclue, chacun courtisenotre unique élu, les 3 BIATSS (SNASUB/FO/SGEN) et les 5 étudiants (4 asso-ciatifs et 1 UNEF). Déjà, au lendemain des résultats, à un mois de son départ,Axel Kahn a opportunément lancé une mission parité, dont les objectifs res-semblent étrangement aux nôtres.Au-delà du score décevant de Descartes Démocratie et des gains potentiels d’unmarchandage du soutien de son élu, ce résultat est lié à la démarche même deDescartes Démocratie. Dans une université dominée par les disciplines desanté, dans un contexte de résignation au carcan AERES-ANR-IDEX, imposer dansla campagne une liste qui ose affirmer qu’une politique à contre-courant est pos-sible, c’est déjà une victoire. L’intense travail collectif de notre campagne, lebouillonnement des idées, le réseau militant qui s’est ainsi constitué au-delà duSNESUP sont sans doute le point de départ de succès futurs. ● Gaël Mahé

Le PRES « BourgogneFranche-ComtéUniversités »

C’est l’un des premiers PRES constitué en FCS (Fon-dation de Coopération Scientifique) (convention en

mars 2007, création officielle en décembre 2010). La FCSassure le développement de la coopération scientifiqueentre les membres fondateurs du PRES : universités deBourgogne et de Franche-Comté, CHU de Besançon etde Dijon, écoles (ENSMM, Agrosup) et avec lesmembres associés du PRES (entreprises, pôles de com-pétitivité, collectivités territoriales, universités suisses...)Initialement présenté comme un projet de coopérationscientifique dans lequel les établissements conserve-raient toute leur autonomie (les promesses n’engagentque ceux qui les croient), il est rapidement devenu lemarchepied de la constitution de la future universitéfédérale de Bourgogne Franche-Comté (février 2010),qui préfigure la fusion entre ces 2 universités (forum duPRES du 25 novembre 2011).« Tout le monde est à peu près d’accord pour aller versun seul établissement, une seule entité juridique [...] »,indique Claude Condé, président de l’UFC, alors que leSNESUP de Dijon notamment a toujours fortementcontesté la logique du PRES, de la FCS et de l’univer-sité fédérale qui repose sur un dessaisissement de lacommunauté universitaire au profit d’un aréopage demembres de droit, membres extérieurs, etc.Les sections SNESUP des 2 universités se concertentrégulièrement pour apporter une réponse commune àl’échelle des 2 régions à ces grandes manœuvres derestructuration ! ● Marc Neveu

Université Paul Valéry - Montpellier 3Le passage aux RCE négocié en force

UNIVERSITE DE BOURGOGNE

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Après le vote de la loi LRU et le passage del’université d’Angers (UA) aux RCE, nous

n’avons pas eu à attendre 3 ans pour que lestermes « autonomie » et « liberté » soient vidés de leur sens. En effet, lepassage aux RCE (contre lequel les élus SNESUP du CA s’étaient bat-tus), qui nous avait été présenté comme une opportunité de rattrapernotre sous-dotation historique (financière et en postes), aboutira à la pré-sentation en décembre 2011 d’un budget 2012 d’austérité rendu « indis-pensable » pour faire face au désengagement de l’État. L’État avait lui-même négocié les nouvelles dépenses de l’UA telles que le rattrapagedu SMIC, TD=TP, GVT, fonctionnement des bâtiments, etc. Or, la pro-gression de la dotation est inférieure à celles-ci et la présidence en estréduite à planifier des « économies » (contrats de contractuel nonrenouvelés, baisse des budgets prévisionnels des composantes et desservices centraux…). Ainsi la sanctuarisation de l’enseignement supé-rieur promise par Valérie Pécresse et réaffirmée par Laurent Wauquiezest-elle explicitement démentie sur le terrain.Les élections des conseils centraux prévues le 17 janvier 2012 conduirontà la désignation d’un nouveau président pour notre université le 15février 2012. Deux listes sont en lice avec des objectifs affichéssensiblement différents, alors même que les marges de manœuvrebudgétaires sont très réduites (voire nulles si le budget n’est pas votéen décembre et que l’UA passe sous la tutelle du rectorat !).Le clientélisme mis en place par le ministère pour affecter les moyensaux universités qui appliquent promptement ses directives pousse unepremière liste à proposer d’appliquer toutes les « opportunités » de laLRU et des RCE : emprunter, acquérir le patrimoine immobilier etrécompenser l’excellence, promue comme voie de salut pour le plusgrand nombre (alors qu’elle ne profite qu’à une minorité).Une seconde liste, menée par le vice-président du CEVU sortant,affirme vouloir défendre les valeurs de collégialité de la gouvernanceuniversitaire. Elle promet de ne pas recourir à l’augmentation des fraisd’inscription des étudiants ou à l’alourdissement des chargesd’enseignement des enseignants-chercheurs.Des syndiqués du SNESUP sont engagés dans les deux listes du CA. Lasection syndicale de l’UA, qui essaye de peser sur les débats en cours,déterminera prochainement sa position. ●

Hervé Christofol, élu SNESUP au CA et responsable de la section de l’université d’Angers

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Université de SavoieLes caisses vides

L’université de Savoie fait partie des universi-tés menacées de passer sous la tutelle bud-

gétaire du recteur. Cette annonce a provoqué lesdénégations furieuses du président. Il doitcependant reconnaître pour 2009 un déficit de1 700 000 €. Pour 2010, il affirme un excédentmais l’équilibre budgétaire en fin d’année avaitdépendu d’un prélèvement de 2 000 000 sur lefonds de roulement.En fait, il y a branle-bas général dans les compo-santes. On rogne sur tout : chasse aux heurescomplémentaires, non-paiement d’activités rele-vant du tableau d’équivalence, chantage aucivisme envers des collègues, non-remplacementdes congés de maladie pendant 1 mois, abandonde mesures de CDIsation votées il y a 6 mois… Onannonce que, RCE oblige, une économie d’un mil-lion par an pendant 6 ans sera nécessaire !Le piège de la LRU se referme. Tombant desnues, les acteurs de sa mise en place se plaignentd’avoir été trompés. La survie d’une universitéde plein exercice dépend d’un sursaut collectifpour remettre en cause ses fondements. ●

Noël Bernard

Élections aux 3 conseils de l’université d’Aix-Marseille« fusionnée » : une élection à deux visages

Les 28 et 29 novembre ont eu lieu les élections aux troisconseils de l’université d’Aix-Marseille. Ces élections, les pre-

mières de l’université unique, consacrent le processus defusion des trois universités. Pour autant, les résultats montrentqu'elle n’est pour l’instant qu’une façade, tant les votes ont étédifférents selon les secteurs. Deux listes étaient en présencepour les collèges A et B au CA. La nôtre, avec Michel Provansalcomme candidat à la présidence, et celle emmenée par YvonBerland, actuel président d’Aix-Marseille II, avec en rang 2 et3 les deux autres présidents. Autant dire que les moyens desdeux listes n’étaient pas équivalents ! Malgré un très bon programme et une campagne dynamique1

, nous sommes en première impression déçus du résultat :nous perdons dans les deux collèges du CA, avec 26 % en col-lège A et 40 % en collège B, et n’obtenons donc qu’un siège danschaque collège. Au CS, nous obtenons 8 sièges (contre 20); etau CEVU, 4 (contre 12). Mais l’analyse du vote par secteur dévoile un autre visage. Ainsinos listes arrivent en tête dans les secteurs Sciences et ALLSH,qui représentent près de trois quarts des personnels. L’expli-cation ? Tout d’abord, nous perdons les collèges A dans tous lessecteurs, sauf en ALLSH et dans le secteur « Autres » (IUT etIUFM). Ensuite, et c’est un point essentiel, ce sont les personnelsvacataires et les « chefs de clinique » (pas encore docteurs pourla plupart) qui font véritablement la différence en collège B auCA, où notre liste a perdu de 409 voix : au CS, la différence, enconsidérant uniquement les collèges B et C, n’est que de 60 voix.Si l’on y ajoute le collège D, elle passe à 370 voix ! Ajoutons àcela que les secteurs Santé, Droit et Économie-Gestion ont votéà plus de 85 % pour l’autre liste et avec un taux de participationnettement meilleur (plus de 72 % contre 60 % en Sciences etALLSH). Enfin, la présence sur la liste adverse de personnes iden-tifiées comme « anti-LRU », par naïveté ou ambition personnelle,a contribué à brouiller les cartes pour certains électeurs. Ces résultats démontrent, s’il en était besoin, que les processusde fusion des établissements accentuent le manque de démo-cratie instauré par la LRU. ● Bruno Truchet

Toulouse : IDE(fi)Xe :PRES(sion)-Dépression-

Expression ?La direction du PRES accentue sa pression pour la fusion des universités et écoles

qui le constituent : d’abord, IDEX1 et université fédérale de Toulouse, désormaisIDEX2 et UT, grand établissement au statut juridique ambigu. Dans une premièrephase (2012), les diverses composantes du PRES signeraient un « pacte » constitutif ;puis seraient créés cinq collèges avant la fusion complète en 2022. Ce nouveaumonstre serait cornaqué par un CA, assisté d’un sénat académique et d’un COS(liens avec le secteur industriel). Leur constitution s’affranchit allègrement de lareprésentativité des personnels.Le projet initial avait été écarté par le jury car jugé trop timoré, le jury souhaitantque « l’UT dispose de pouvoirs de décision efficaces et de moyens importants(budgets et postes) y compris hors IDEX », des « pratiques vertueuses » et desdévolutions claires des collèges vers l’UT.Ce projet initial d’IDEX-UFT avait provoqué une vive réaction des organisationssyndicales et des personnels. Depuis, les labos se sont investis dans la poursuitede projets « d’excellence ». Avec les encouragements de directeurs de labo, et laneutralité apparente des directeurs d’UFR syndiqués, la direction du PRES apoursuivi sa marche en avant, dans l’opacité. Cela n’a pas facilité l’action syndicale.À Toulouse 3, hors IUT, l’action est, pour l’instant, retombée. Une motion« musclée » (rejet du projet) CGT-intersyndicale rejetée par le Congrès de Toulouse 3(la FSU s’est abstenue !), puis proposition de motion tiédasse du SGEN (d’accordpour le projet en y associant les personnels) pour le CA. Dans les IUT, enrevanche, assistance nombreuse à l’AG de présentation et diffusion d’un tractintersyndical. À Toulouse 2, l’action a repris : intersyndicale, tracts, opposition fortedans les conseils. Mais les motions finalement votées par les divers conseils sontdu type : « OK pour les objectifs mais préservez nos missions et notre identité ».On en est là. ● Jean-Pierre Guelfucci, Toulouse 3, membre de la CA

Angers : Élections dans uncontexte d’austérité

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En peu de temps, l’enseignement supérieur en Chine est devenu

– d’abord par le nombre de ses étudiants et des universitaires qui y travaillent –

le plus important du monde. Des changements économiques, sociaux,

culturels et structurels sont en cours. Le rôle du système universitaire comme

porteur de la double mission recherche/formation s’y trouve renforcé,

comme la dimension des échanges internationaux. L’élévation massive

du niveau d’études se combine avec une forte sélection qui maintient

les sciences humaines dans une marginalité qui de fait interroge

l’avenir de la société chinoise. À leur façon, les auteurs des articles du dossier

éclairent ces multiples aspects, y compris la présence en France

d’un nombre croissant d’étudiants chinois.

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ChineUniversités et Recherche

➔ Dossier coordonné par Jean Fabbri

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La compétition économique mondiale sejoue, aujourd’hui plus que jamais, sur le

terrain de l’enseignement supérieur. Elleengage la capacité à produire, attirer et rete-nir les talents qui seront capables de déve-lopper une économie créatrice d’emploi etd’innovation. La Chine ne fait pas exceptionà la règle.Depuis que le pays s’est engagé dans l’ou-verture économique, son système éducatif aconnu d’importantes évolutions touchant àson organisation, à son financement, à l’au-tonomie des établissements, aux programmesd’études, aux contenus, à la pédagogie et auxcarrières des universitaires. Ces évolutionstémoignent de la capacité du pays à faireévoluer ses institutions à la vitesse du déve-loppement économique. Elles sont égale-ment la réponse des leaders politiques auxnouveaux besoins d’une population plusaisée, plus éduquée, mieux informée, plusexigeante. Elles révèlent surtout les ambi-tions du gouvernement chinois qui, à traversune politique de construction de l’excellenceuniversitaire et de recherche, souhaite fairede la Chine un lieu d’innovation et de hautetechnologie.

L’accent mis sur l’enseignementsupérieurLe gouvernement a choisi de concentrer lesefforts et les moyens financiers sur le supé-rieur, le pays manquant surtout de personnelsqualifiés et compétents aux postes de lea-dership économique, administratif et poli-tique. Entre 1978 et le début des années2000, l’université a progressivement retrouvéla place centrale qu’elle avait occupée àd’autres époques, de même que les univer-sitaires, exclus pendant longtemps en tant

qu’intellectuels, ont été de plus en plus sol-licités pour contribuer à l’essor économiquedu pays. Les défis des premières annéesd’ouverture étaient d’assurer l’accès à unenseignement supérieur de qualité au plusgrand nombre (le taux d’accès est passé en30 ans de 6 % à 20 %), d’approvisionner lemarché de l’emploi avec les compétencesrequises par les entreprises et de réconcilierles élites politiques avec les élites intellec-tuelles. La reconstruction de l’enseignementsupérieur a requis des investissements consi-dérables, qui ont été réalisés par l’État maisaussi par d’autres acteurs.Si la part du budget del’État consacrée à l’en-seignement supérieur aaugmenté d’une annéesur l’autre (elle estaujourd’hui de plus de1,5 % du PNB), l’Étatcentral a ensuite redé-ployé ses moyens enconcentrant son effortfinancier sur un petitnombre d’établissements nationaux et decentres de recherche destinés à devenir despôles d’excellence.Pourtant, malgré les succès rapides et la visi-bilité croissante des établissements chinois surla scène internationale, les jeunes Chinois quien ont les moyens partent étudier à l’étran-ger. Le rapport annuel « Open doors »(2) a livrédes données qui confirment une tendancemajeure. En 2010-2011, les États-Unisaccueillaient 157 558 étudiants chinois,nombre en croissance de 23 % par rapport àl’année précédente. Le flux à destination desÉtats-Unis se concentre au niveau du masteret du doctorat, et principalement dans lesdomaines de la gestion (28 %) et des sciences

de l’ingénieur (19 %), suivis des sciences dela vie et de la terre (12 %) et des mathéma-tiques (11 %). Seulement 8 % choisissent lessciences humaines et sociales. Ces choixreflètent ceux des jeunes chinois en général,que ce soit dans leur pays ou à l’étranger.

Une confiance dans le système chinoisencore à conquérirL’enseignement de l’anglais s’est imposédans toutes les formations et à tous lesniveaux. Les séjours à l’étranger, en échangeou en double diplôme, se sont banalisés.

Même si ces dynamiquessont à l’œuvre, elles sontencore fortement limitéespar une relative pénuriede ressources qualifiées.L’attractivité des univer-sités chinoises d’excel-lence s’exerce surtoutauprès de ceux qui ontfait de la Chine leur objetd’étude ou qui s’intéres-sent à la Chine dans une

dimension comparée. De la même façon, lesétudiants qui choisissent d’effectuer une par-tie des études en Chine sont majoritaire-ment motivés par l’apprentissage de lalangue et par la perspective de vivre dans lepays. Les premières générations de « doublédiplômés » valorisent leur parcours sur lemarché de l’emploi, mais sont souventdéçues par la pédagogie et la qualité inégaledes cours et des services, une liberté d’ex-pression académique limitée lorsqu’il estquestion de politique intérieure.Pour retenir une partie des jeunes Chinoismais surtout pour bénéficier d’un transfert desavoir-faire, certaines universités américaineset anglaises ont été encouragées à s’implan-©

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Des étudescoûteuses

▼Les universitaires, exclus

pendant longtemps en tant

qu’intellectuels, ont été de

plus en plus sollicités pour

contribuer à l’essor

économique du pays.

Dans la mondialisationMalgré la volonté gouvernementale de construire l’excellence, les jeunes Chinois qui le

peuvent partent étudier à l’étranger. Ceci est dû aux problèmes de qualité, d’intégrité,

de pénurie de ressources qualifiées de la majorité des établissements chinois.

➔ par Alessia Lefébure (1)

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En Chine, des lois et réformes ont changéprogressivement le paysage de l’ensei-

gnement supérieur. Dès 1998, des universi-tés pluridisciplinaires de dimension impor-tante sont envisagées,résultant de la fusion deplusieurs établissementsspécialisés ou profession-nels. À l’échelle du payset de sa croissance, lenombre d’étudiants estpassé de 5,6 millionsen 2000 à près de 30 mil-lions en 2010(1). Très hié-rarchisé et accessible parconcours, le système dis-tingue trois catégories d’établissements d’en-seignement supérieur : les universités d’en-seignement général public, 740établissements de niveau Benke (licencelongue en 4 ans) et 1 168 établissements deZhuanke (licence courte en 2 ou 3 ans) ; lesétablissements supérieurs de formationcontinue pour adultes (413 en 2007) ; lesétablissements supérieurs privés (297 en2007). Ces établissements sont eux-mêmesclassés en quatre catégories : les établisse-ments d’excellence dépendant directementdes ministères de l’Éducation (110 en 2008) ;les établissements dépendant partiellementd’un ministère et des autorités provinciales ;les établissements dépendant des autoritésprovinciales ; et les établissements dépen-dant des municipalités.Les études se déclinent en trois cycles :– le premier cycle, regroupe les formationscourtes et professionnelles en 2 ans, les for-mations générales et professionnalisantes en3 ans, les formations générales en 4 ans,correspondant aux formations Undergraduatedu système anglo-saxon ou au grade delicence du LMD européen ;– le deuxième cycle, regroupe les forma-

tions de master en 3 ans qui suivent leslicences générales auxquelles les étudiantsaccèdent aussi par voie de concours ;– le troisième cycle, c’est-à-dire le doctorat,

toujours accessible parconcours après master, etréservé aux établisse-ments prestigieux. Lesuniversités perçoiventselon leur statut un finan-cement des autoritésnationales, provincialesou locales. Sur les 1 908établissements d’ensei-gnement supérieur, seu-lement un peu plus de 70

sont actuellement sous la tutelle directe duministère de l’Éducation.L’admission aux universités est condition-née par un concours national (Gaokao) de3 jours au sortir du lycée, à l’issue duquel unclassement des étudiants est effectué. Lenombre d’admis est en fonction du nombred’inscrits et de la capacité d’accueil de chaqueétablissement. Les catégories supérieuresd’universités imposent une barre d’admissi-bilité et, à l’intérieur de chaque établisse-ment, les instituts ou facultés, selon leur

prestige, peuvent imposer une barre propre.Les universités de catégorie inférieure for-ment majoritairement à des licences en 3 ans.Le programme 211, lancé en 1995, vise àtransformer une centaine d’universités enétablissements d’excellence. Le programme985, lancé en mai 1998, a pour objectif defaire émerger des universités chinoises deniveau mondial. D’où la nécessité d’élaborerdes critères de classement des établisse-ments, démarche qui a ensuite été étendueà l’international (classement de Shangai).

Nature et enjeu des coopérations avec la FranceLes coopérations universitaires entre la Franceet la Chine sont de deux types :– plusieurs centaines d’accords bilatérauxentre établissements chinois et français exis-tent avec une vitalité très différente d’unprogramme à un autre ;– l’ouverture sur le territoire chinois d’établis-sements français (quelques conventions uni-quement), obligatoirement en coopération avecun établissement chinois. L’École Centrale dePékin, le GEA Tianjin ou l’Institut franco-chinoisde l’énergie nucléaire à Zhuhai en font partie.D’autres institutions, telles que HEC ou Esmod,

Les traits marquants de l’enseignementsupérieur chinois

Un système très hiérarchisé, accessible par concours, et fondé sur la recherche de l’excellence.

Les coopérations avec l’étranger doivent être comprises dans cette perspective.

➔ par Luis Le Moyne , directeur de l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) à Nevers

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Rter en Chine. Après Nottingham, l’universitéde New York (NYU) a annoncé l’ouvertured’un campus à Shanghai en 2013. Il offrirades cursus complets et délivrera des diplômesinternationalement reconnus. Les étudiantsqui le peuvent préfèrent malgré tout tenterl’admission à l’étranger, sur le campus prin-cipal. D’autres universités, comme Berkeley,préfèrent ouvrir des centres de recherchene délivrant pas de diplômes mais servant de

plateforme pour la formation de jeunes ingé-nieurs, en partenariat avec l’université et l’in-dustrie chinoise.À côté de quelques pôles d’excellence, lamajorité des établissements chinois connaîtencore des problèmes de qualité, d’intégrité,de pénurie de ressources qualifiées et d’in-adéquation par rapport aux besoins du mar-ché de l’emploi. Retrouver la confiance desfamilles chinoises dans le système d’ensei-

gnement supérieur national sera le prochaindéfi des responsables politiques. ●

1. Dirige le programme Alliance à l’universitéColumbia, à New York. Rattachée au Centre deSociologie des Organisations (CSO) à SciencesPo, elle a vécu et travaillé à Pékin entre 2001 et2006, et s’intéresse aux politiques de l’ensei-gnement supérieur en Chine et dans le monde.2. Publié en novembre 2011 par l’Institute ofInternational Education (IIE).

Article en version intégrale sur www.snesup.fr

▼Sur les 1 908 établissements

d’enseignement supérieur,

seulement un peu plus de

70 sont actuellement sous

la tutelle directe du

ministère de l’Éducation.

École Centrale de Pékin

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La Chine enphase de

décollage

�� ont elles aussi ouvert des extensions en Chineproposant une offre diplômante aux étudiantschinois(2). Comme dans d’autres pays d’Asie, laFrance apparaît en Chine comme peu chère encomparaison d’autres destinations comme leRoyaume-Uni ou les États-Unis, bien que lesdifférences aient tendance à se réduire (parexemple 9 000 € en France contre 17 000 € auRoyaume-Uni pour les frais spécifiques en

master). En Chine comme en France ou ailleurs,l’expérience à l’étranger permet de compléterun CV relativement standard. En 2007, pour latroisième année consécutive, la Chine a accueilliplus d’étudiants étrangers qu’elle n’en aenvoyés hors de ses frontières. Dans ce contin-gent la France vient en 7e position avec 4 698étudiants inscrits dans un établissement chinoisd’enseignement supérieur. ●

1. Ambassade de France en Chine (mai 2011).

2. L’ISAT de l’université de Bourgogne a créé

un accord mixte (programme 3 + 3) avec l’Insti-

tut de technologie de l’automobile de l’université

de technologie de Wuhan avec la double ins-

cription Bourgogne/Wuhan où la première par-

tie de la scolarité (3 ans) est faite en Chine et la

deuxième partie (3 ans) en France sur un cycle

ingénieur à la française.

L ’enseignement supérieur en Chine connaîtun âge d’or, même si on aperçoit claire-

ment des zones d’ombre. Alors que les intel-lectuels du temps de Mao constituaient « laneuvième catégorie sociale puante » et étaientsoumis périodiquement à des « campagnes derééducation », « car ils étaient accrochés à laclasse capitaliste comme les poils à la peau »,ils font partie désormais « des forces avancéesde la production » ou, si l’on préfère, del’avant-garde sur laquelle s’appuie le Particommuniste chinois. Les étudiants, en tantqu’intellectuels en formation, profitent decette amélioration de statut.On devient étudiant en passant un concoursd’entrée avec classement national (Gaokao).Selon le rang obtenu, on peut intégrer unedes universités d’élite, ou entrer dans des uni-versités plus modestes. Il existe des univer-sités privées qui ont leurs propres règles derecrutement. L’anglais joue un rôle prépon-dérant dans la sélection. La qualité de l’en-seignement donné n’est satisfaisante quedans les meilleures universités, les seulesque visitent les étrangers invités. Il y auraitfort à dire sur l’équipement et les qualitéspédagogiques des enseignants dans des uni-versités de province où, de surcroît, l’accèsà la toile est très contrôlé.Les études sont de plus en plus coûteuses : àPékin, les frais d’inscription sont de 6 000yuan (= 600 €) par an pour les lettres, 5 000pour les sciences. On doit y ajouter 750 à1 500 yuan par mois pour le logement, 600 à900 pour la nourriture. Dans une villemoyenne comme Xian, on compte 2 500 yuan

ment valorisant. 81 % des chercheurs del’Académie des sciences ont étudié à l’étran-

ger, 54 % de ceux desécoles d’ingénieurs, 72 %de responsables deséquipes de recherche tantpubliques que privées.La Chine a envoyé,comme chercheurs ouétudiants à l’étranger 1,62million de personnesentre 1978 et 2009. Alorsque les retours n’étaientque de 18 000 en 2002,ils sont passés en 2010 à

100 800 qui ont trouvé aussitôt du travail. Ily avait, en 2010, 150 000 étudiants chinoisaux USA, 90 000 en Grande-Bretagne, 20 000en Australie, 20 471 en France. La politiqueofficielle offre toute une série d’avantagespour le retour et diverses garanties pour per-mettre de repartir si on le désire. On assisteà un mouvement de va-et-vient entre laChine et le pays où le chercheur a complétésa formation, auquel participent aussi leschercheurs chinois qui ont trouvé un emploidans ce pays qu’ils aient ou non choisi d’enprendre la nationalité.La Chine investit de plus en plus dans larecherche et le développement et compte,en 2007, 19,7 % des chercheurs du mondeentier, soit autant en pourcentage que lesÉtats-Unis et que l’Union européenne. Celadonne, vu la population respective, 1,43 cher-cheur pour 1000 actifs, contre 10,6 aux Japon,9,27 aux USA, 5,7 pour l’UE. Le nombre debrevets chinois est faible. La R&D chinoise estpassée de 5 % des dépenses intérieures en2000 à 8,9 % en 2007 : progrès rapide maisretard. De même le pays ne compte que 7 %des publications scientifiques (UE 37,3 %,USA 30,8 %, Japon 7,6 %). ●

1. Le revenu moyen en Chine est en termes dePIB de 100 euros par personne et par mois ou,en termes de PPA (parité de pouvoir d’achat), de410 euros.

Un bouleversement politiqueSi, désormais, les étudiants et les professeurs bénéficient des attentions du pouvoir, la

qualité globale des universités est insuffisante et rend nécessaire le séjour à l’étranger.

➔ par Alain Roux , historien sinologue

par an (550 yuan de frais de scolarité pour lesuniversités publiques, 1 2 00 pour l’universitéprivée, le reste étant desfrais de cantine et delogement à 6 parchambre)(1). Les famillesmodestes ne peuventsuivre. Il existe heureu-sement des boursesversées par le ministèrede l’Éducation nationaleaux étudiants les plusbrillants (800 € par an)ou par les universitéssur le même critère,mais moins généreuses (200 à 400 €). On doitse rappeler que le mouvement démocratiquede décembre 1986, qui coûta son poste desecrétaire général à Hu Yaobang et fut une deslointaines origines du mouvement de la placeTian’anmen en avril-juin 1989, commença àl’université des sciences et techniques deHefei (Anhui) et portait d’abord sur les condi-tions de vie insupportables et sur la diminu-tion des débouchés.

Se former à l’étrangeret retourner en ChineSelon un rapport officiel de 2011, le tauxd’emploi des diplômés au bout de 6 moisserait de 89,6 % soit 3 points de plus qu’en2010. On note cependant une tendance mar-quée à prolonger les études et à multiplier lesqualifications et l’on trouve souvent desdiplômes de haut niveau dans des emploistrès modestes, comme celui de responsablede comité de rue.La situation des professeurs de l’enseigne-ment supérieur s’est améliorée depuis cesdernières années : à Pékin les salaires sont de5 000 yuan par mois (500 €) et peuvent êtreportés à 7 000 yuan, à quoi s’ajoutent desdroits d’auteur, des prestations et services deconsultant, des charges de cours dans le privé.Le séjour à l’étranger devient un facteurirremplaçable dans les carrières et extrême-

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▼La Chine investit de plus en

plus dans la recherche et le

développement et compte, en

2007, 19,7 % des chercheurs du

monde entier, soit autant en

pourcentage que les États-Unis

et que l’Union européenne.

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Je participe au recrutement d’étudiants chi-nois depuis une dizaine d’années, au sein

de l’ENSEA, école d’ingénieurs en électro-nique. Je donne aussi des cours prépara-toires spécifiques dans le cadre de conven-tions et d’échanges réguliers avec troisuniversités et au sein du réseau n+i. Nousrecrutons des étudiants ayant le Benke (Gao-kao +4, comme le M1) pour entrer endeuxième année d’école d’ingénieurs.La présentation des écoles d’ingénieurs estassez difficile à faire en Chine, car les Chinoisne connaissent pas le dualisme écoles/uni-versités. La sélection sur dossier des étu-diants chinois présente quelques pièges. Àpeu d’exceptions près, les notes sont sur100. Mais le seuil pour obtenir une matièreest 60. Les étudiants qui ont beaucoup denotes à 60 ne sont pas bons. Dans ces dos-siers, la moyenne trimestrielle, qui inclut desmatières obligatoires à caractère politique etdes options culturelles, n’est pas significativepour un cursus d’ingénieur en France. Enoutre, comme il paraît facile de faire fabriquerdes faux documents en Chine, la validationpar un partenaire, l’attaché universitaire ouun représentant sur place dans le cas de

De la Chine vers la France➔ par Patrick David , professeur à l’École supérieure nationale de l’électronique et de ses applications (ENSEA)

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Bien sélectionnés, les étudiants parviennent à un niveau correct, ce qui leur permetd’améliorer leurs possibilités de travail à leur retour en Chine.

n+i, est donc indispensable. Un entretiensur place ou par vidéoconférence est sou-haitable. Les étudiants candidats au départ neproviennent pas nécessairement de milieuxaisés. Un système familial, basé sur la familleélargie dont tous les membres se cotisent,permet à de bons étudiantsissus de milieux modestes devenir sans bourse.En visite dans les universitéschinoises, on est frappé par leluxe de la partie officielle desédifices. À côté de ce luxe, lesétudiants sont encore le plussouvent dans des dortoirs de4 à 6 étudiants. Ils sont assezsurpris d’avoir leur propre chambre dans lesrésidences universitaires en France.La qualité de l’encadrement en Chine, surtoutpour les travaux pratiques est souvent insuf-fisante. Pour les examens, il semble que lesefforts des étudiants chinois sont plus orien-tés vers la mémorisation que vers la pra-tique. À l’arrivée en France, la difficulté laplus évidente est celle de la langue. Il est rareque le niveau de français, courant ou scien-tifique, voire d’anglais, soit suffisant. La copie

d’un étudiant chinois a en général un aspectqui peut surprendre les correcteurs. Ces étu-diants peuvent travailler énormément, maissans bien savoir comment s’organiser. Il estsouhaitable de leur fournir une sorte de tuto-rat afin de canaliser leur travail et aussi

essayer d’éviter qu’ils restententre Chinois.En dépit de toutes ces diffi-cultés, les étudiants, biensélectionnés, ont un grandpotentiel de travail : aprèsdes difficultés initiales (par-fois un redoublement),presque tous arrivent à unniveau correct.

Les motivations de ces expatriations sontvariées : certains étudiants ayant mal réussileur Gaokao et qui sont alors affectés dansune université peu réputée peuvent, enpartant à l’étranger, améliorer leur CV. Plusgénéralement, il y a une grande envie desortir de Chine pour mieux connaître lemonde et améliorer leurs possibilités detravail à leur retour puisque la grande majo-rité des diplômés chinois en Franceretourne en Chine. ●

1. Comment sont recrutés les professeurs dans les universitéschinoises ?Les universités chinoises ont une grande autonomie dans le recru-tement des professeurs. Pour les établissements supérieurs d’en-seignement général, les conditions de recrutement sont relativementstrictes : les candidats doivent être titulaires au moins d’un diplômede doctorat, et les universités de grande réputation recrutent deschercheurs confirmés, c’est-à-dire ceux qui ont déjà publié dans debonnes revues.Quant aux écoles supérieures techniques et professionnelles et aux ins-tituts privés, ils acceptent des candidats titulaires de master. Cepen-dant, en raison du nombre de docteurs entrant sur le marché du tra-vail, beaucoup d’entre eux présentent leur candidature dans cesétablissements.Chaque établissement supérieur établit alors un projet de recrute-ment. Pour être retenu, les candidats doivent tout d’abord envoyerun dossier composé du CV, des attestations de diplôme et de toutdocument attestant leurs qualités d’enseignement et de recherche.Si le dossier est retenu, l’établissement organise un entretien auquelparticipent généralement le doyen et les professeurs. C’est donc lafaculté qui décide du recrutement.

2. Quelles sont leurs obligations d’enseignement (nombred’heures par semaine, suivi des étudiants...) ? Quels sont lessalaires et le pouvoir d’achat de ces salaires ?Des obligations d’enseignement et de salaires variables selon les uni-versités, les corps et les régions. Pour celles qui délivrent lesdiplômes de master et de docteur, le nombre d’heures d’ensei-

gnement est d’environ 200 heures par an. Pour les universités quidélivrent seulement les diplômes de bac +2 ou 3 (Dazhuan), debac +4 (Benke), le nombre d’heures s’élève généralement à plus de300. Les enseignants doivent, en outre, encadrer les stages et lesmémoires des étudiants.Les salaires des enseignants varient selon leur corps, le type de l’uni-versité et la région dans laquelle est située l’université. Ils sontconstitués, d’une part, des fonds du gouvernement et, d’autrepart, de la pension de l’université. Le salaire de professeur estbeaucoup plus élevé que celui de maître de conférences. Parexemple, dans notre université, les revenus des maîtres de confé-rences s’élèvent à 50-60 000 yuans, et ceux de professeur à 120-150 000 yuans. Mais avec l’inflation, le pouvoir d’achat n’est pas trèsélevé, surtout pour les jeunes enseignants. Les revenus des ensei-gnants d’une université réputée sont plus élevés que ceux desautres universités, et ceux des régions riches plus élevés que ceuxdes régions pauvres.

3. Comment les professeurs sont-ils organisés dans les universitéspour discuter des questions de recherche et de pédagogie ?Dans chaque établissement supérieur de Chine, des commissionsorganisent les discussions sur les questions de recherche et depédagogie. Au niveau de l’université, les membres des commissionssont généralement le président et les vice-présidents, les doyens dela faculté et les personnels administratifs. Au sein de la faculté, lescommissions sont constituées par le doyen, les vice-doyens, et lesdirecteurs de départements.

Propos reccueillis par Jean Fabbri

Des obligations d’enseignement et de salaires variables selon les universités, les corps et les régions.

▼Avec l’inflation, le

pouvoir d’achat n’est

pas très élevé, surtout

pour les jeunes

enseignants.

T É M O I G N A G E D E T A O W E IM A Î T R E D E C O N F É R E N C E S E N F I N A N C E S P U B L I Q U E S À L ’ U N I V E R S I T É D ’ É C O N O M I E D ’ H U B E I

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Dire que la Chine s’invite au banquet de la société de la connais-sance est un euphémisme. Parmi les trois nations qui contestent

le plus la domination des pays occidentaux et du Japon, la Chine estle plus fascinant. Comme l’indiquent les tableaux ci-dessous, l’Empiredu Milieu connaît une croissance économique sans égal :

Deux indicateurs, dans le domaine de l’enseignement supérieur et dela recherche, viennent confirmer le dynamisme de la Chine : lenombre des étudiants et celui des articles scientifiques publiés.

L’évolution du nombre des étudiants a suivi des courbes parallèlesmontrant également le gigantesque développement des formationssupérieures chinoises.

Habitants (millions) PIB (millions de $) PIB/Habitants1990 2010 Croissance 1990 2010 Χ 1990 2010 Χ

Chine 1 135 1 331 17,3 % 357 4 985 13,96 0,3 3,7 11,9Inde 850 1 170 37,6 % 317 1 377 4,34 0,4 1,2 3,2Brésil 153 192,3 25,7 % 462 1 594 3,45 3,0 8,3 2,8

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En Chine, d’ores et déjà, un quart d’une classe d’âge accède à l’en-seignement supérieur et l’objectif affiché est d’arriver à 45 % en 2020.Le nombre d’étudiants chinois représente à ce jour plus de 20 % del’ensemble des étudiants de la planète.

Une politique volontariste de massificationLa décision de massifier les formations supérieures fut prise en Chineà la fin des années 80. Elle constitua un tournant historique pour unpays dans lequel la sélection des élites par des concours extrême-ment formatés avait été consolidée par une organisation universi-taire calquée sur celle de l’URSS. Elle s’est aussi accompagnéed’une augmentation de la durée des études, pour s’aligner surcelle des pays développés. Plus de 10 millions d’étudiants sont main-tenant inscrits en licence longue de 4 années (Benke) alors que laproportion de ceux qui sont inscrits en licence courte (Zhuanke)diminue. Le nombre de diplômes de Benke délivrés voisine les 2 mil-lions, mais il n’y a que 400 000 étudiants admis en master à l’issueduquel seuls 60 000 d’entre eux sont autorisés à s’inscrire en doc-torat. Cette évolution très rapide a entraîné des difficultés dans lescapacités du système universitaire à fournir les enseignants et leschercheurs nécessaires à l’encadrement de ces nouveaux étudiants.Dans le même temps, les familles furent appelées à participer aufinancement des études. La contradiction entre cette volonté de for-mation supérieure de masse et l’établissement de droits d’inscrip-tion importants à la charge des familles reste encore à résoudre.Les classements des universités, qu’ils soient nationaux ou interna-tionaux, sont scrutés à la loupe en Chine. Pour les pouvoirs publics,ils servent de juge de paix de l’efficacité de la gouvernance. L’évo-lution de la place des universités chinoises dans le classement deShanghai valide en quelque sorte cette stratégie. En 2003, 6 d’entreelles étaient classées dans les 400 premières universités mondiales,elles sont aujourd’hui 12 alors que la France plafonne à 14. La qua-lité des établissements est devenue inégale. Les familles qui en ontles moyens et qui n’ont pas trouvé de place dans les établissementsles mieux cotés préfèrent envoyer leurs enfants étudier à l’étranger.

Rechercher le bénéfice mutuelC’est ainsi qu’actuellement plus de 500 000 Chinois font leursétudes à l’étranger. Leur admission s’y fait selon des procéduresextrêmement diversifiées. Les universités anglo-saxonnes, en par-ticulier, n’exigent pas la réussite au Gaokao car elles ont leurspropres systèmes de sélection.Le nombre d’étudiants chinois en France est en forte progression. L’andernier, ils sont devenus le plus important contingent d’étudiants étran-gers (supérieur à 30 000) devant les Marocains, mais la France n’estque leur 7e destination (la troisième européenne). En sciences, on nepeut que constater la médiocrité de la majorité de ceux qui choisis-sent la France avant le master ou le doctorat (moins de 10 % pour cesderniers). Sans doute les classements internationaux y sont pourquelque chose mais pas seulement. Rares sont les universités qui sesont dotées de dispositifs adéquats de recrutement et trop souvent letravail préparatoire est laissé à des officines chinoises privées aux pra-tiques incertaines. La moitié des étudiants chinois en France s’ins-crivent en licence. L’Allemagne a fait un autre choix, elle n’accepte

Repenser la coopération universitaireavec la Chine

Une politique de massification aux résultats spectaculaires. Mais un système inégalitaire

qui incite les plus aisés à se tourner vers l’étranger.

➔ par Gilbert Béréziat , professeur de biochimie et biologie moléculaire et président honoraire de l’université Pierre et Marie Curie

Habitants (millions) PIB (millions de $) PIB/Habitants1990 2010 Δ 1990 2010 Ξ 1990 2010 Ξ

USA 249,6 309,5 24 % 5 755 1 4119 2,45 23,1 45,6 1,98Japon 123,5 127,4 3,2 % 3 058 5 069 1,66 24,8 39,8 1,61Allemagne 79,4 81,5 2,6 % 1 714 3 330 1,94 21,6 40,9 1,89France 56,7 62,9 10,9 % 1 244 2 649 2,13 21,9 42,1 1,92Royaume-Uni 57,2 62,2 8,7 % 1 073 2 175 2,03 18,8 35,0 1,86

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01990 1995 2000 2005 2010

Chine : X 24

Brésil : X 10

Inde : X 4

USA: X 3

France : X 2

Allemagne : X 2

Angleterre: X 2

Japon : X 2

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300 000

250 000

200 000

150 000

100 000

50 000

01990 1995 2000 2005 2010

Chine : X 14

Brésil : X 4,3

Inde : X 2,8

USA : X 1,5

France : X 1,4

Allemagne : X 1,5

Angleterre: X 1,7

Source : Chiffres de la Banque mondiale.

Figure 1 : Nombre d’articles scientifiques publiés chaque année

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Figure 2 : Nombre d’étudiants en milliers

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les étudiants chinois qu’à partir du mastertandis que la Grande-Bretagne a uneapproche mercantile puisqu’à l’instar duCanada les droits payés par les étudiantsétrangers sont très supérieurs à ceux payéspar les nationaux.Un autre facteur impor-tant dans l’évolution dusystème universitaire chi-nois a été la montée enpuissance de la diasporanord-américaine dans lesystème de recherche chi-nois. Cette diaspora a étémise à contribution et iln’est pas rare aujourd’huide rencontrer des leadersde laboratoires chinoisayant des doubles posi-tions dans une université américaine et àPékin ou à Shanghai. C’est dire l’imbrogliosalarial qui en résulte. Le schéma universi-taire américain est devenu le schéma domi-nant pour les Chinois.

Lancée à la fin des années 90, la coopérationde recherche entre la France et la Chine res-tait cantonnée à quelques domaines trèsappliqués comme, par exemple, le Labora-toire franco-chinois d’informatique, d’auto-

matique et de mathéma-tiques appliquées (LIAMA)situé à Pékin et créé en1997 ou l’Institut sino-fran-çais de mathématiquesappliquées (ISFMA) créé en1998. Elle a d’ailleurs contri-bué à l’avance industriellede la Chine dans certainssecteurs comme les batte-ries pour véhicules élec-triques alors que l’industriefrançaise investissait mol-lement dans ce secteur. Elle

s’est rapidement développée depuis puisquel’on ne compte pas moins aujourd’hui d’unetrentaine de structures de recherche asso-ciées(1). Le glissement de la recherche chi-noise de l’Académie des sciences vers les

universités devrait servir de levier à l’avenirpour les coopérations interuniversitaires. Restela nécessité d’un renforcement de la coopé-ration en recherche dans les sciences fonda-mentales sur une base plus équilibrée et sur-tout son extension dans les disciplines dessciences humaines et sociales. La France n’esten effet que le 8e partenaire de la Chine pourla coopération en matière de recherche. Lerapport stratégique 2007-2013 de l’Unioneuropéenne concernant la Chine(2) suggèrequ’une page doit être tournée. La majorité desactions ont eu un effet bénéfique unilatéral etle rapport insiste sur la nécessité de pro-mouvoir les considérations de bénéficemutuel dans les opérations futures. ●

1. http://www.ambafrance-cn.org/Laboratoires-

joints-franco-chinois.html

2. European Union External Ation : Country Stra-

tegy Papers 2007-2013 China.

Article en version intégrale sur www.snesup.fr

▼Le rapport stratégique

2007-2013 de l’Union

européenne

insiste sur la nécessité de

promouvoir les

considérations de bénéfice

mutuel dans les opérations

futures.

Un réservoir exceptionneld’étudiants

En 2002, le président de l’université Jiao Tong de Shanghai achargé un professeur de chimie, Nian Cai Lu, de lui fournir uneétude sur les meilleures universités mondiales pour cibler sescoopérations scientifiques et les échanges d’étudiants. En sebasant sur l’étude de la bibliométrie enregistrée sur la basede données créée par Thomson (ISI web of sciences), il prit encompte le nombre de publications scientifiques en particu-lier les plus citées et celles publiées dans les revues Scienceet Nature. Il tint également compte du nombre de prix Nobelet du nombre de médailles Fields obtenues par les anciensétudiants de chaque université ou présentes dans leur staffacadémique. En 2003, la publication du premier classement déclencha une

polémique car elle faisait la part belle aux pays qui utilisentla langue anglaise comme « lingua franca » universitaire. Desresponsables d’établissements français, où se concentrent desétudiants recrutés majoritairement par concours (ENS, X,Mines...) défenseurs du « small is beautifull », intervinrent ense rendant à Shanghai. Ils obtinrent une pondération desdonnées pour tenir compte de la taille des établissements.Deux universités françaises se situaient dans les cent pre-mières universités mondiales et 12 dans les 400 premières en2003. En 2010, cela n’a guère changé. L’utilisation de cettepseudo-hiérarchie par des pouvoirs publics pour restructurerl’enseignement supérieur et la recherche est une spécificitéfrançaise !

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La volonté du gouvernement chinois estd’augmenter la capacité du pays de pro-

duire des biens ayant une plus grande valeurajoutée dans un avenir proche puisque laChine devrait faire face à un manque demain d’œuvre vers les années 2030-2035, undes effets de long terme de la politique nata-liste restrictive, politique qui, en revanche,permet une amélioration rapide de niveau devie. Le pays devant contribuer à la rechercheau meilleur niveau, les autorités académiquesessaient de faire revenir, au moins pour despériodes de temps substan-tielles, des enseignants-cher-cheurs chinois formés et instal-lés dans des pays étrangers.Il y avait une séparation tradi-tionnellement forte entrel’Académie des sciences (et sesnombreux instituts) et les uni-versités. Cette distance n’a pasété abolie mais une plusgrande fluidité pour les personnes a étérendue possible. L’Académie a cependant sapropre université située, depuis la Révolu-tion culturelle, dans la province d’Anhui.Le nouveau schéma universitaire fait une plusgrande place à la transversalité de la formationet donne une responsabilité particulière àneuf universités dont les responsables seréunissent régulièrement. L’identification de

celles-ci est bien entendu facilitée par l’exis-tence d’un concours national pour les étu-diants à l’entrée de l’université. Il en résulteune compétition très forte entre universités quicherchent à attirer les meilleurs étudiants etaussi les meilleurs chercheurs. La plupart ontun nombre considérable de postes vacants àpourvoir rapidement… sans baisser le niveaudu recrutement, un défi difficile à relever.Des changements forts accompagnent cedéveloppement : la mise à disposition desdirections des universités de moyens consi-

dérables avec une grandeliberté dans leur utilisation(amélioration des bâtiments,soutiens pour des projets spé-cifiques aux étudiants, traite-ments particuliers donnés à cer-tains professeurs, notammentceux qui reviennent de l’étran-ger...). Il s’agit de plans évaluéspar des comités internationaux.

Certaines institutions chinoises occupent d’oreset déjà une place de leader dans des domainesde la génomique, par exemple.Des universités se sont par ailleurs lancéesdans le développement d’entreprises. Ungroupe comme Founders, rattaché à l’uni-versité de Beijing, a développé en une quin-zaine d’années un réseau considérable d’en-treprises intervenant dans de nombreuxsecteurs allant des industries de la commu-nication et de l’information à la pharmacie.

Il va même ouvrir son propre hôpital, quidevrait être le plus grand de Beijing.La Chine a une tradition mathématique fortancienne et a décidé de mettre en place unprogramme ambitieux pour développer ladiscipline de façon très volontariste en s’ap-puyant sur un certain nombre de départe-ments d’université qui forment de très nom-breux thésards. Ont aussi été mis en placedes dispositifs diversifiés pour faire revenirdans le pays des étudiants formés à l’étrangeren leur offrant des postes. Dans plusieurs domaines de la recherchemathématique fondamentale, la Chine a déjàdes acquis considérables, et des efforts sontfaits pour identifier des secteurs de moindrecompétence afin d’élever le niveau de la for-mation et de la recherche. Cela peut passerpar le recours à des chercheurs étrangers, soiten les invitant à faire des cours, soit en leurenvoyant des étudiants sélectionnés pourune formation au plus haut niveau. La situation de la recherche mathématiqueplus tournée vers les applications est un peudifférente dans la mesure où celle-ci estencore très marquée par les structures héritéesde la période de liens étroits avec l’Unionsoviétique, avec une tendance à l’hyperspé-cialisation des sujets qui rend difficile la péné-tration d’idées plus modernes faisant appel àdes percées, quelquefois fondamentales, quiont un impact transversal à plusieursdomaines d’application. Cette lacune a étéidentifiée et des réorganisations énergiquessont en cours. ●

La recherche fondamentale en ChineLe gouvernement chinois a mis en place une très ambitieuse politique universitaire donnant

toute sa place à la recherche fondamentale. Le cas des mathématiques est édifiant.

➔ par Jean-Pierre Bourguignon , directeur de recherche au CNRS

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Une tradition mathématique fort ancienne

Des thésardsnombreux et motivés

▼Le nouveau schéma

universitaire fait une

plus grande place

à la transversalité

de la formation.

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ministration, alors que lecandidat était classé pre-mier ; la lettre de veto d’undirecteur d’IUT non datée aété opposée au recrutementd’une candidate classée pre-mière par le comité de sé-lection et retenue par leconseil d’administration ; unecandidate classée deuxièmequi n’obtient pas le poste,alors que le premier s’est dé-sisté pour un autre établis-sement ; un candidat classépremier par le comité de sé-lection qui essuie un refusnon motivé du conseil d’ad-ministration, etc.Le succès très récent de plu-sieurs recours individuels dé-posés par des enseignants-chercheurs auprès duConseil d’État avec l’aide del’avocate du SNESUP s’avèrede ce point de vue très en-

courageant. Ces collèguesont en effet obtenu l’annu-lation du concours et leConseil d’État a fait injonc-tion aux établissements destatuer à nouveau sur leurcandidature dans un délaide 3 mois. Avec l’exigencede motivation des délibéra-tions de chacune desinstances chargées du recru-tement des enseignants-cher-cheurs, la clarification deleur rôle respectif qui s’avè-re complémentaire au lieudes fréquentes confusionsconstatées, le contrôle desdécisions peut s’appuyer surdes arguments tangibles etoffrir ainsi une prise à lacontestation lorsqu’un excèsde pouvoir se produit. Cesarrêts revêtent égalementune portée symbolique,puisque la plus haute juri-diction administrative les arendus, non pas par la seu-le 4e sous-section chargée ducontentieux des enseignants-chercheurs, mais par lesdeux 4e et 5e sous-sectionsréunies, ce qui renforce leurautorité. Enfin, le Conseild’État a décidé de les pu-blier sur son site ainsi qu’auRecueil Lebon afin de leurassurer la publicité corres-pondant à leur importancedéterminante. ●

(1) Assemblée nationale, rapportn° 3805, annexe 35 – rapport deM. Laurent Hénard sur le projetde loi de finances pour 2012,12 octobre 2011, 55 p.

Plusieurs recours individuels ont abouti à des décisions favorables.L’interprétation du décret de 2008 en est fortement clarifiée.

➔ par Isabelle de Mecquenem , responsable du sous-secteur « Affaires personnelles »

au conseil d’administrationen formation restreinte demotiver ses décisions défa-vorables.En cette fin d’année 2011,des avancées encore plusconséquentes ont été obte-nues, renforçant les droitsdes candidats vis-à-vis d’ir-régularités et d’aberrationstoujours possibles, car,contrairement à ce que sou-tient le rapport parlementai-re, le recrutement des ensei-gnants-chercheurs reste uneopération à hauts risques.Nous avons observé une vé-ritable série noire en matiè-re de recrutement de pro-fesseurs des universités,toutes disciplines confon-dues, dont voici quelquesexemples : un procès-verbalerroné du comité de sélec-tion transmis au conseil d’ad-

L e récent rapport dudéputé Laurent Hénard

sur l’enseignement supé-rieur(1) s’est fait l’écho d’unevision euphorique de lanouvelle organisation desconcours de recrutement desenseignants-chercheurstransférée aux établisse-ments depuis la rentrée2009, introduisant notam-ment un « calendrier assou-pli » de la publication despostes à pourvoir, censépermettre une meilleureprise en compte des besoinsde chaque établissementtout au long de l’année.Tout en soulignant lesaspects positifs des procé-dures de recrutement desenseignants-chercheursdécoulant du décret du10 avril 2008 instaurant lescomités de sélection, géné-reusement conçus pour« favoriser la transparence etla diversité des recrute-ments », le rapport prendaussi discrètement acte desmodifications significativesintroduites à la fin de l’an-née 2010 par le Conseild’État dans l ’économiemême du dispositif, en segardant bien d’évoquer lasource de l’interprétationplus claire et plus équilibréedu décret qui prévautaujourd’hui dans les établis-sements, par l’attribution dela qualité de jury au comitéde sélection, et non plus auconseil d’administration,ainsi que l’obligation faite

SUPPLÉMENT FAMILIAL DE TRAITEMENT

Des modifications insatisfaisantes du dispositif

RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS

Une jurisprudence incisive du Conseil d’État

Une réforme du Supplé-ment familial de traite-

ment (SFT) est en prépara-tion depuis plusieurs mois. Ilest envisagé d’augmenterprogressivement le montantridicule de 2,29 € perçu pourun seul enfant pour atteindre30 € en cinq ans. Mais pourplusieurs enfants ne seraitconservée qu’une sommefixe proche des forfaits plan-chers actuels. Dans le cadred’une séparation des parents,seul un parent agent publicpourrait le percevoir.

Ceux qui perçoivent déjà unSFT ne subiraient pas de mo-dification du système tantque leur situation familialene change pas.Les propositions gouverne-mentales financées à coûtquasi constant ont été jugéesinacceptables par la FSUalors que le coût global duSFT diminue mécaniquementsous l’effet du non-rempla-cement d’un départ à la re-traite sur deux. Aucune disposition régle-mentaire n’étant encore

➔ par Philippe Aubry , secrétaire national

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publiée alors que l’entrée envigueur du nouveau dis-positif était prévue début

2012, le SNESUP vous infor-mera de l’évolution de cedossier. ●

LE SUPPLÉMENT FAMILIAL DE TRAITEMENTEN CHIFFRES (en euros par mois)

Nombre d’enfants Actuellement Projet

1 2,29 30

2 73 à 110 73

3 181 à 281 181

Par enfant en plus 129 à 204 129

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Élaboration des référentiels licence : le règne du secret

Alors que les objectifs des « référentiels de compétences » prévus parl’arrêté licence se limitent à rendre ceux-ci plus lisibles par les employeurs,le SNESUP revendique l’élaboration de référentiels nationaux de formation.

ENTRE DEUX FL...

Des enseignants précaires à vieL ’actualité rattrape les enseignants

contractuels de FLE(1) des établisse-ments d’enseignement supérieur avecl’annonce pour février de la loi relativeà l’accès à l’emploi titulaire et à l’amé-lioration des conditions d’emploi desagents contractuels. Les modalités detitularisation évoquées pour l’instantdans le cadre de ce texte consiste-raient en des concours réservés met-

tant en avant l’expérience profession-nelle. Malheureusement, aucun nou-veau corps ne sera créé et cesconcours ne pourront, s’ils existentun jour, ne concerner que desdomaines déjà existants.Or la principale difficulté des ensei-gnants contractuels en FLE est l’ab-sence totale de concours correspon-dant à leur spécialité. Le FLE peut être

Lors de sa dernière séance du10 novembre 2011, le comité de suivi

licence a commencé à discuter des pre-miers projets de « référentiels de com-pétences » prévus par le nouvel arrêtélicence d’août 2011. Alors même que laconstruction et l’utilisation de ces réfé-rentiels sont désormais encadrés par laréglementation, nous avons pu constaterlors de cette réunion que le MESR pour-suit ce travail dans la logique d’opacitéqui avait prévalu lors de l’élaboration despremiers référentiels au printemps der-nier : mis à part les noms des cinqexperts – un pour chaque granddomaine de formation(1) – désignés parle MESR pour diriger ce travail, et mal-gré les demandes répétées des organi-sations représentées à ce comité de suivi(dont le SNESUP), le MESR n’a donnéaucune information sur la méthode choi-sie, ni même sur le calendrier prévu oula liste des organisations qui seraientassociées à cette tâche.Les cinq projets de référentiels soumis aucomité de suivi étaient limités aux « com-pétences transversales et préprofession-nelles » de chaque domaine de forma-tion. Les contenus de ces documentsétant très proches, le comité de suivis’est prononcé en faveur d’un texte com-mun à l’ensemble des formations quipourrait, selon les besoins, être com-plété ou précisé dans chacun des réfé-rentiels de mention. Le 8 décembre, unenouvelle réunion du comité de suividevrait être consacrée à ces référentiels.Depuis la mise en place du LMD en2003, le SNESUP revendique(2) l’élabora-

des besoins puis l’allocation des moyensaux établissements.À l’opposé, les objectifs des « référentielsde compétences » prévus par l’arrêtélicence se limitent à une meilleure lisi-bilité des compétences des diplôméspar les employeurs. Ils s’inscrivent deplus dans un processus de substitutionde la reconnaissance collective des qua-lifications conférées par les diplômespar une simple prise en compte descompétences inscrites dans le « livretpersonnel de compétences » de chaquedemandeur d’emploi. ●

(1) Sciences Humaines et Sociales, Arts Lettres

Langues, Sciences et Technologies, Droit Éco-

nomie Gestion, STAPS

(2) Cf. également « Les propositions du SNESUP

pour le cycle licence » à www.snesup.fr/Presse-

et-documentation?aid=5652&ptid=5&cid=3833

tion de référentiels nationaux de forma-tion avec les objectifs suivants :• garantir les mêmes droits pour tous lestitulaires d’un même diplôme, notammentpour les poursuites d’études en master ;• donner une base commune à l’en-semble des universités pour la concep-tion des maquettes de licence, tout enpermettant la mise en œuvre de par-cours diversifiés ;• assurer la double finalité de poursuited’études et de diplôme qualifiant pourl’insertion professionnelle, ce qui néces-site une reconnaissance de la qualifica-tion du diplôme de licence dans toutesles conventions collectives et toutes lesfonctions publiques ;• permettre une bonne lisibilité du sys-tème de formation pour les étudiants etl’ensemble de la société ;• servir de référence pour l’évaluation

➔ par Marc Champesme , représentant du SNESUP au Comité de Suivi Licence

Recherche mise au point

➔ par William Charton , membre du secteur SDP

considéré comme une mention ou unespécialisation mais pas comme undomaine à part entière. Point de sortiedonc pour ces enseignants qui risquentfort de rester contractuels toute leurvie, multipliant les heures de courspour des salaires très faibles et nonévolutifs. ●

(1) Français langue étrangère.

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19FLI (FRANÇAIS LANGUE D’INTÉGRATION)

Une trouvaille de campagne préélectorale

Deux décrets sont parus les 11 et12 octobre 2011 (2011-1265/2011-

1266). Le premier accroît l’exigence duniveau requis en français pour l’obtentionde la nationalité. Le second porte sur lalabellisation des organismes de forma-tion linguistique des adultes migrants etstipule que seuls les organismes labellisésseront retenus dans les marchés publics.Pour être labellisés, ces organismes aurontl’obligation d’embaucher des formateursdiplômés d’un master FLI. Dans cetteperspective, le ministère de l’Intérieurincite actuellement les universités à mettreen place de tels masters. Personne neconteste l’intérêt de permettre aux

migrants de s’engager dans l’apprentis-sage du français mais cette évolution dela politique linguistique de l’État est dis-cutable, au moins sur trois points : • l’incongruité de voir le ministère de l’In-térieur s’immiscer dans la définition descursus universitaires, alors que la modifi-cation des programmes incombe aux mis-sions des universitaires et qu’à ce titre,cela fait maintenant quelques années queles masters en didactique des langues intè-grent des modules visant la formation àl’enseignement du français aux migrants ;• le contrôle accru exercé sur les orga-nismes et les associations du secteur dela formation ;

• la subordination de l’accès à la natura-lisation française à une augmentation duniveau de langue exigé.Réfléchir à la question des politiquesmigratoires et des langues, et agirconjointement scientifiquement, poli-tiquement et institutionnellement,suppose une réflexion bien plus éla-borée et approfondie, et du temps,de la concertation et une déterminationà engager les moyens nécessaires,hors de toute urgence du calendrierélectoral. À noter également sur le FLI, un droit deréponse de l’équipe FLI et un appel àdébat sur www.christianpuren.com/fli ●

➔ par Cécile Bruley (Paris 3), Catherine Carlo (Paris 8), Chantal Claudel (Paris 8), Véronique Laurens (Paris 3)

SATT is fashion(1)

La création d’une dizaine de « Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies » privilégie l’aspect marchand au détriment de l’intérêtscientifique ou social des inventions.

Dans le cadre des Investissementsd’Avenir, les « Sociétés d’Accéléra-

tion du Transfert de Technologies »(SATT) tiennent une place centrale dansle dispositif d’Innovation de la SNRI.Elles draineront 900 M€ sur le milliardd’euros de l’action « Fonds national devalorisation ».Le MESR affiche pour objectif « d’ac-croître l’efficacité du dispositif français devalorisation de la recherche publique etd’améliorer significativement ses résul-tats, que ce soit sous forme de licences, departenariats industriels, de création d’en-treprises ou en facilitant la mobilité deschercheurs. Le fonds financera les actionsde valorisation de la recherche publiqueet en particulier la maturation. »La création d’une dizaine de SATT, struc-tures à vocation locale détenues majori-tairement par des groupements d’éta-blissements et d’organismes derecherche, est censée « améliorer la pro-fessionnalisation de la valorisation dela recherche et renforcer les compétencesdes sites universitaires » en « gérant lesactivités de valorisation au plus près deslaboratoires et des entreprises », en lienavec les pôles de compétitivité bien sûr.Si l’objectif de substitution d’une struc-ture unique aux multiples dispositifscoexistant sur un même site pour amé-liorer le service rendu aux chercheurs

désireux d’effectuer une valorisation derecherches finalisées n’est pas en soitcondamnable, c’est bien aux entreprisesque ce service est prioritairement des-tiné, leur ouvrant un guichet uniquedans le supermarché de la valorisationuniversitaire.« Le soutien de l’État sera essentiellementconsacré au financement de la matu-ration et des preuves de concept, étapeessentielle afin de démontrer l’intérêttechnologique et commercial d’uneinvention issue de la recherche publiqueavant son transfert vers le monde éco-nomique ». On constate bien que seull’aspect marchand est mis en avant, parle retour sur investissement, et que l’in-térêt scientifique ou social des inven-tions n’est jamais considéré.Au-delà de l’affichage presque anodin deces objectifs, un pilotage ministérielimpose le remplacement des structuresexistantes (SAIC par exemple), en pro-cédant à un véritable chantage (les fondsde la « maturation » ne seront pas verséssi les SATT ne sont pas créées). Ce pilo-tage est à mettre en parallèle avec larestructuration forcée des établissementsdans le cadre des Investissements d’Ave-nir (fusions imposées pour prétendreaux Idex).Par ailleurs, ces structures sont à « gou-vernance resserrée », avec un PDG(2) et

un CA dont sont exclus les personnels.Ces structures locales sont à géométrietrès variable, allant de l’échelon duPRES, ou de la région jusqu’à de l’inter-régional (la SATT Bourgogne-Franche-Comté-Lorraine sera peut-être visibledepuis Shanghai vu sa surface...).Démocratie niée, pilotage et gigantismesont des moyens très sûrs pour éloignerdu processus de décision ceux qui fontde la recherche appliquée dans nosuniversités. C’est également un moyende soustraire des masses financièrespotentiellement importantes dudomaine d’intervention du CA des éta-blissements. Cette démarche est sem-blable à l’éviction du Parlement d’undébat sur les Investissements d’Avenirqui sont de fait de nature extrabudgé-taire (voir schéma).À l’évidence, les SATT confortent le pro-cessus des investissements d’avenir.Comme pour les Idex, nous devons nousy opposer dans nos CA pour que lacommunauté universitaire puisse déciderpar elle-même de toutes les dimensionsthématiques, fondamentales ou appli-quées, de la recherche. ●

(1) Mes excuses les plus plates pour ce calem-bour exécrable...

(2) Dans les pages « annonces » d’un journal :profil grande école de commerce 125 K€.

➔ par Marc Neveu , secrétaire national, responsable du secteur « Recherche »

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LISTE DES MEMBRES DES BUREAUX (LISTES SNESUP OU SOUTENUES PAR LE SNESUP)

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CP-CNUPrésidente : Dominique Faudot

Bureau• Groupe 1 : Olivier Nay (section 04, science politique), PR à Lille 2 Droit et Santé, liste « Pluralisme et autonomie de la science politique »,

soutenue par le SNESUP

• Groupe 2 : Thierry Come (section 06, sciences de gestion), MCF à l’université de Reims, liste « Transparence ouverture pluralisme » soutenuepar le SNESUP et le SGEN

• Groupe 3 : Isabelle Krzywkowski (section 10, littératures comparées), PR à Grenoble 3, liste SNESUP

• Groupe 4 : Pascal Montaubin (section 21, histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et des mondes médiévaux), MCFà l’université de Picardie-Jules Verne, liste SNESUP

• Groupe 5 : Rosane Ushirobira (section 25, mathématiques), MCF à l’université de Bourgogne, liste SGEN

• Groupe 6 : Jean Orloff (section 29, constituants élémentaires), PR à Clermont 2 Blaise Pascal, « Liste indépendante de rassemblement »

• Groupe 7 : Didier Chamma (section 31, chimie théorique, physique, analytique), MCF à l’université de Perpignan, liste SNESUP

• Groupe 8 : Christophe Sauty (section 34, astronomie, astrophysique), PR à l’Observatoire de Paris, liste « Union pour l’astronomie etl’astrophysique soutenue par le SNESUP, le SGEN et le SNPRES-FO »

• Groupe 9 : Jean-Louis Izbicki (section 63, génie électrique, électronique, photonique et systèmes), PR à l’université du Havre, nommépar le MESR, membre du SGEN

• Groupe 10 : Michel Mathieu (section 68, biologie des organismes) PR à l’université de Caen, liste « Pour la qualité de l’enseignementsupérieur et le développement de la recherche en biologie des organismes »

• Groupe 11 : Gilles Denis (section 72, épistémologie, histoire des sciences et des techniques), MCF à Lille 1 Sciences et technologies, listeSNESUP.

Section 3 Anne-Sophie Chambost - Assesseur BSection 4 Olivier Nay - PrésidentSection 5 Sandrine Michel - VP BSection 6 Thierry Come - VP BSection 7 Sylvie Plane - Présidente

Thierry Ponchon - VP BSection 8 Marie-Karine Lhommé - VP BSection 9 Hervé Bismuth - Assesseur BSection 10 Isabelle Krzywkowski - VP A

Pascal Vacher - Assesseur BSection 11 Pierre Cotte - Président

Yann Bevant - VP BSection 12 Martine Dalmas - VP A

Jean-Louis Georget - Assesseur ASection 14 Jacques Terrasa - Président

Sylvie Bouffartigue - VP BErnestine Carreira - Assesseur B

Section 15 Isabelle Rabut - PrésidenteFrançois Clément - VP BHoma Lessan-Pezechki - Assesseur B

Section 16 Ingrid Banovic - VP BHeidi Charvin - Assesseur B

Section 17 Marie-Laurence Desclos - PrésidenteSection 19 Olivier Martin - Président

Isabelle Astier - VP ASylvie Laurens - VP BCéline Bessière - Assesseur B

Section 20 Alain Bertho - PrésidentSylvie Beyries - VP AGhislaine Gallenga - VP B

Section 21 Sylvie Pittia - PrésidentePascal Montaubin - Assesseur B

Section 22 Philippe Bourdin - Président

Section 23 Hervé Regnaud - PrésidentKamala Marius-Gnanou - Assesseur B

Section 24 Olivier Ratouis - VP A

Section 25 Xavier Buff - PrésidentVincent Blanloeil - VP B

Section 26 Marc Quincampoix - PrésidentFabienne Comte - VP AAlain Huard - VP Fabrice Vanderbroucke - Assesseur B

Section 27 Dominique Faudot - VP A

Section 28 Georges Landa - PrésidentAnne Joulain - VP BCaroline Andreazza - Assesseur B

Section 30 Djamel Benredjem - PrésidentStéphane Chaussedent - Assesseur B

Section 31 Mohamed Barj - VP ADidier Chamma - Assesseur B

Section 32 Jean-Pierre Mahy - VP AStéphane Mazieres - Assesseur B

Section 33 Alternance Intersyndicale/QSFVP A - Assesseur BPascal Marchet - VP B

Section 34 Christophe Sauty - PrésidentVéronique Buat - VP AChristophe Balland - VP BNathalie Brouillet - Assesseur B

Section 35 Didier Bourles - Président

Section 35 Olivier Vanderhaegue - VP AFrédérique Moreau - VP B

Section 36 Jean-Paul Deroin - VP AAnnie Duperret - VP B

Section 37 Laurence Picon - PrésidenteJean-Claude Roger - VP AAlexei Sentchev - VP B

Section 37 Didier Voisin - Assesseur BSection 60 Moussa Ait Abdelaziz - VP A

Florence Labesse - VP BPhilippe Sardain - Assesseur B

Section 61 Maxima Wack - Assesseur BSection 62 Bertrand Garnier - Assesseur BSection 63 Véronique Gugleimi - VP BSection 64 Thierry Oster - VP BSection 65 Olivier Oudar - Président

Amand Chesnel - Assesseur BSection 66 Jacques Grober - VP B

Sylvie Thirion - Assesseur BSection 67 Geneviève Prevost - VP A

Isabelle Combroux - Assesseur BSection 68 Joël Fleurence - VP ASection 69 Laurence Casini - Assesseur BSection 70 André Robert - Président

Thérèse Lévène - Assesseur BSection 71 Françoise Albertini - VP BSection 72 Philippe Nabonnand - VP A

Gilles Denis - VP BCatherine Allamel - Assesseur B

Section 74 Anne Roger - Assesseur B

L’ancrage des listes soutenues par le SNESUPdans les sections du CNU ➔ par Jean Fabbri

Nous publions ici, en complément de la première analysedu scrutin CNU parue dans nos colonnes (n° 599, nov

2011, page 7), les résultats des élections dans les bureauxdes sections et au bureau de la CP-CNU. Apparaît claire-ment la part majeure qu’y occupent les collègues porteursdes plates-formes syndicales inspirées par notre syndicat,

et la capacité de synthèse que chacun d’eux incarne avecson engagement scientifique au cœur de sa discipline.Une leçon pour tous ceux qui, invoquant « l’excellencescientifique », entendent par là-même décrédibiliser touteforme de réflexion collective et solidaire...et le rôle et lespropositions du SNESUP. ●

Page 21: ACTUALITÉ le snesu Dominique Faudot, présidente de la CP-CNU p · 2016-10-07 · l’application de la loi LRU (décret n° 2008-618 du 27 juin 2008), dispose : « Lorsque le compte

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21MAROC

Les profs en ordre de batailleLes enseignants-chercheurs recrutés après la réforme de 1997 décident de renouer avec la protestation. Grève, sit-in, marche...Un mouvement de grande envergure est prévu en décembre.

L es enseignants-chercheurs universi-taires, recrutés dans le cadre de la

réforme de 1997, reviennent à la charge.Ils ont décidé de réinvestir le terrain dela protestation pour faire valoir leursrevendications qu’ils jugent « légitimes ».La relance des hostilités démarre le5 décembre prochain par une grèvenationale dans tous les établissementsde l’enseignement supérieur, à l’appelde la Coordination nationale des ensei-gnants-chercheurs.Les protestataires, qui sont au nombrede 6 000, observeront également dessit-in et organiseront des marches pourfaire pression sur le ministère. Ilsdénoncent « la politique de la sourdeoreille », et décident de durcir le tonpour faire entendre leurs voix. L’as-semblée générale de leur syndicat (SNE-SUP), le 6 janvier prochain, devrait seprononcer sur d’autres moyens de pro-testation.

Est réclamée l’annulation du concoursde passage du grade de professeurhabilité (PH) au grade de professeur del’enseignement supérieur (PES). SelonHamid Lakhiari, coordinateur nationaldes enseignants-chercheurs, cette situa-tion de blocage serait démotivante pourla recherche. Il est donc demandé à latutelle de « considérer l’habilitation àdiriger des recherches comme undiplôme et non pas une attestation » et« d’accorder des années de bonification

aux enseignants recrutés après 1997,au même titre que les bonificationsaccordées aux enseignants recrutésavant ». « Le corps des enseignants-cher-cheurs au Maroc est soumis à deux sta-tuts différents : le statut de 1975 et celuide 1997. Or l’article 38 du décret du19 février 1997 abroge les dispositionsdu décret du 17 octobre 1975. Cetteincohérence a généré des iniquités. Elleaccorde des avantages et privilèges auxenseignants recrutés avant 1997 quiaccèdent au grade de PES sur la based’ancienneté et met les bâtons dans lesroues pour ceux qui ont été recrutésaprès cette date », poursuit HamidLakhiari, qui appelle la tutelle à enga-ger un processus de dialogue et denégociation.Les enseignants-chercheurs exigent éga-lement l’amélioration de leur situationfinancière et d’exonérer d’I.R. lesindemnités liées à la recherche. ●

➔ par Khadhija Skalli

GRANDE-BRETAGNE

Mobilisation de masse contre la réforme des retraites dans la fonction publique ➔ par Thierry Labica ,

MC à Paris 10

Un mouvementdéterminé

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L a grève nationale du 30 novembre dela fonction publique a été massive-

ment suivie. Dans un environnementd’hostilité féroce, tant politico-médiatiqueque juridique, au droit de grève, ce suc-cès prolonge et renforce une dynamiquede renouveau des luttes sociales outre-Manche, après les mobilisations d’am-pleur des 26 mars et 30 juin derniers.Il s’agit avant tout de contester la contre-réforme du gouvernement Cameron quivise à réduire les dépenses pour les

retraites du secteur public d’un tiers,notamment en prolongeant l’activité dessalariés jusqu’à 68 ans, en accroissant de50 % les cotisations, en calculant lesniveaux de pensions sur l’ensemble de lacarrière et en choisissant une indexationsur l’inflation la plus défavorable, le toutdans un contexte d’inflation à plus de 5 %et d’une augmentation des tarifs de gaz etd’électricité devant atteindre les 19 %.Le scandale est au moins triple : les pré-visions gouvernementales elles-mêmes (lerapport Hutton de mars dernier, sur lequels’appuient les choix gouvernementaux)indiquent que les dépenses globales pourles retraites publiques sont à la baisse et nenécessitent pas d’augmentation des coti-sations ; l’austérité s’acharne contre lesservices publics (et, de fait, l’emploi desfemmes : 65 % des emplois du secteur),rendus responsables de la dette tout enpréservant l’institution du contournementet de l’évasion fiscale massive de hautsrevenus et des grandes entreprises ; et

enfin, 2,3 millions de retraités britanniquessont déjà dans la pauvreté (classant leRoyaume-Uni au quatrième rang euro-péen de la pauvreté des plus de 65 ans).On notera l’importance clé du rôle jouépar les organisations syndicales du secteuréducatif (en particulier UCU, NUT et ATL)qui, avec PCS, ont lancé la grande mobi-lisation du 30 juin, et qui, en novembre,ont su entraîner avec elles l’ensemble despersonnels, des employés des servicesde cantines jusqu’aux directeurs d’écoledont l’organisation (le NAHT) n’avaitjamais fait grève depuis sa création, il y114 ans. L’ensemble des sept principalesorganisations de l’éducation (en grève ounon le 30/11) ont exprimé leur unitécontre le plan gouvernemental et ont,ensemble, participé à une action inéditelorsque plusieurs milliers de leursmembres se sont rendus au Parlementde Westminster, le 26 octobre dernier,pour interpeller les parlementaires. Belleinspiration pour nous tou(te)s. À suivre. ● ©

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Médecin et citoyen, que dites-vous dela formation des personnels de santé ?Qu’est-ce qu’un médecin ? C’est quelqu’unqui dispose d’une technique enseignée dansles facultés et informée par une éthique (leserment d’Hippocrate). En raison d’un certainnombre de mauvaises pratiques, la questionde l’enseignement de l’éthique s’est posée.Mais on a longtemps proposé une sorte decatéchisme comportementaliste qui n’avaitau mieux aucun intérêt, au pire dispensait detoute réflexion. L’introduction des sciencessociales constitue une évolution positive dansle domaine de la formation des futurs méde-cins car elle permet enfin de problématiser.

Mais que dire d’une réflexion sur l’éco-nomie, sur le rôle des géants industrielsde la pharmacie ?Il y a quelques résistances dans le milieumédical à s’intéresser aux questions d’écono-mie de la santé, au nom d’une préservation dela pureté éthique de la profession, qui ne doitpas être contaminée par des considérationsconduisant à marchandiser l’acte médical.Il est vrai que l’enseignement économique estune arme à double tranchant, car nombre deprofesseurs d’économie font de la santé unsecteur de consommation comme un autre,voire une charge. La conception de son corps,des capacités d’adaptation qu’on attend de lui,le besoin de soins sont des données anthro-pologiques, que bien peu d’économistesprennent en considération.Par ailleurs, notre formation thérapeutiqueest fragile et brève, elle ne nous arme pas àrésister au marketing des laboratoires.L’exemple du Médiator n’est que l’arbre quicache la forêt des faux médicaments, desprescriptions abusives.

Au début de l’intervention militaire enLibye, vous avez dénoncé les dangers etl’absence de fondement de celle-ci. Qu’enest-il aujourd’hui ?Dans les premiers jours de la menace derépression violente des manifestations deBenghazi, j’ai été sensible à la possibilité del’écrasement dans le sang. Mais je me suisaperçu que la menace vitale massive sur Ben-ghazi était une fabrication propagandiste,comme les bombardements sur Tripoli. Onsait aujourd’hui qu’il y a eu des offres de

négociation et qu’elles ont été méthodique-ment écartées.Au moment des sièges de Beni Walid et deSyrte, c’était la population de l’ « autre côté »,impitoyablement bombardée par les forces duCNT, appuyées par des forces spéciales etavec l’appui aérien de l’OTAN, qui méritaitd’être protégée.C’est donc un retournement total : ceux quise présentaient comme les protecteursappuyaient les tueurs. L’intervention de l’Otana créé un rapport de forces artificiel. Le tra-vail du compromis et de la négociation, quifait partie de tout processus de démocratisa-tion, a été mis de côté au profit d’une logiquepurement chirurgicale, orthopédique : oncoupe et on prothèse.

Quelles leçons tirer de ce moment ?L’idée moderne par excellence que nousautres, affranchis du regard mythologiquedepuis la Renaissance ou les Lumières, nouscroyons ce que nous voyons, et seulement ceque nous voyons, ou ce qu’on peut démon-

trer, ressort bien écornée. Dans cette affairelibyenne, on croit d’abord et l’on voit ensuitece que l’on croit. On a réussi à nous fairecroire qu’il y avait une menace de destructiontotale de l’insurrection. Cette menace, on a finipar la « voir ». C’est la leçon la plus déprimanteque je tire de cela.L’autre, c’est que le pays, vu les conditionsdans lesquelles le régime a été renversé, vaêtre plus ingouvernable encore que s’il l’avaitété au terme d’un processus à la tunisienne.Sans du tout idéaliser ce dernier, parce qu’onvoit que ce n’est pas une ligne droite menantde la dictature à la démocratie. L’aspiration àla liberté n’est pas l’unique déterminant desmouvements sociaux. Il y en a bien d’autres,la sécurité, les croyances religieuses, lesformes d’organisations, qui se frottent lesunes aux autres. Bref, c’est le tumulte socialqui est à l’œuvre.Une définition à peu près universellementacceptable de la démocratie est une pacifi-cation de la lutte pour le pouvoir. C’est ici lecontraire : on a encouragé la militarisation dela lutte pour le pouvoir. Cette interventionétait la pire position à prendre et ce sontaujourd’hui les Libyens et la région qui vontpayer le prix d’une insécurité permanente.

On entend davantage des intellectuels-citoyens dans le débat et l’action publicsque dans le champ où joue l’action syn-dicale. Est-ce une tendance inéluctable ?C’est en tout cas une question importante.Depuis 20 ans environ, l’individualisationdans le travail joue contre la culture et lesmodes d’action syndicaux, comme l’a montréChristophe Dejours dans son livre Souffranceen France. L’idée de solidarités plus justes etefficaces que des négociations individuellesest encore présente, mais elle est affaibliepar la réalité des faits sociaux qui englobentles pratiques managériales, la conceptionfonctionnaliste des « ressources humaines ».Mais l’esprit d’égalité et de justice sociale,au cœur des traditions socialistes et syndicales– et que l’on retrouve par exemple dans lemouvement des « indignés » –, reste présent.Le creusement des inégalités n’est plus sup-portable, tout conduit à de futurs sursauts.Mais sous quelles formes, à quelle échelle detemps ? Je n’en sais évidemment rien. ●

Propos recueillis par Jean Fabbri

M E N S U E L D ’ I N F O R M A T I O N D U S Y N D I C A T N A T I O N A L le snesup D E L ’ E N S E I G N E M E N T S U P É R I E U R - N ˚ 600 D É C E M B R E 201 1

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ENTRETIEN AVEC Rony BraumanCo-fondateur de Médecins Sans Frontières, professeur associé à Sciences Po

De la formation du médecin à l’intervention militaire en Libye,

en passant par l’influence des laboratoires et l’action syndicale, Rony Brauman évoque

sa conception de la citoyenneté et de la démocratie.

▼Une définition à peu près

universellement acceptable

de la démocratie

est une pacification de la lutte

pour le pouvoir.

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T rois expositions traitentactuellement de l’his-

toire antique à Paris : Auroyaume d’Alexandre leGrand - La Macédoineantique (Musée duLouvre) ; Pompéi - Un artde vivre (Musée Maillol) ;Gaulois, une expo renver-sante (Cité des Sciences etde l’Industrie). Un tel intérêtn’est certes pas nouveau,mais une telle convergencepeut inviter à la réflexion.Cette activité muséale poseen effet la question de la vul-garisation de recherches his-toriques et archéologiquesabondantes et pointues, et de samise à la disposition du plusgrand nombre, ainsi que desméthodes le permettant. Les troisexpositions consacrent toutesune partie plus ou moins impor-tante aux représentations auxquelles le sujet qu’elles trai-tent a donné naissance au cours du temps, mais au-delà decette préoccupation ponctuelle des organisateurs, c’estleur contenu même qui nous invite à nous interroger surnotre rapport au passé et sur les représentations que nousen avons. La première exposition permet d’admirer des pièces conser-vées pour une bonne partie d’entre elles dans des muséesdu nord de la Grèce et jamais vues en France, ainsi que deprendre la mesure de l’avancée récente des connaissancesrelatives à une histoire aussi mal connue du grand publicqu’importante : celle du Royaume de Macédoine (VIIe av. J.-C. - IIe av. J.-C.). Or, elle ébranle les représentations com-munément répandues concernant notre « passé grec », sou-vent présenté, bien rapidement, comme celui de l’Europe.Cette Grèce-là n’est en effet pas celle de l’Athènes classiquemais celle de la Macédoine, ni celle de la cité démocratiquemais celle de la royauté, toutefois elle ne précède pasl’avènement de la Grèce de Platon mais coexiste avec cettedernière. Or, elle éblouit par sa richesse et par sa puissancepuisqu’elle est à l’origine d’un des empires les plus impor-tants de l’histoire du Vieux Monde. La redécouvrir est doncun exercice salutaire. Si la muséographie (incluant de beauxeffets de reconstitution d’espaces) et le catalogue sont rela-tivement classiques, l’abondance des pièces comme larichesse de ce dernier font en effet de cette exposition unévénement majeur.L’exposition sur les Gaulois avant la conquête romaineinterroge quant à elle la construction nationale : connaissons-nous si bien que nous le pensons « nos ancêtres les Gau-lois » ? Il est vrai que le mythe du Gaulois est paradoxal :

grossier et fruste par rapport aux Gréco-Romains, maisrésistant et proche de la nature, il est le support de pro-jections contradictoires et peu soucieuses de ce que les his-toriens et les archéologues peuvent nous en dire. Les orga-nisateurs de l’exposition ont choisi de poser de grandsproblèmes historiques et de leur apporter des éléments deréponse en insistant sur les apports des fouilles menées aucours des dernières décennies. La démarche et la démons-tration, tout comme les instruments mobilisés (notammentun catalogue organisé sous forme d’interrogations), beau-coup moins classiques que celle du Louvre, sont convain-cants. Ils permettent de rétablir la juste distance entre nouset les Gaulois : il ne s’agit pas de « notre » histoire, mais ils’agit bien d’histoire.L’exposition sur Pompéi est d’une certaine manière à l’op-posé des deux autres. Elle prolonge un mythe qu’elle nedéconstruit à aucun moment. Suggestive, elle propose unepromenade au sein d’une demeure et des espaces qui lacomposent, ainsi qu’une énumération des activités qui s’ydéroulent, contenant de fort belles pièces, mais elle présenteun « art de vivre », là où on aurait attendu une restitution dela vie quotidienne à Pompéi. Dans le même temps, laconstruction d’un imaginaire autour de Pompéi à partir duXIXe siècle, évoqué certes, n’est pas vraiment analysé non plus.On en retiendra que les Romains du Ier siècle ap. J.-C.n’avaient rien à nous envier en termes de qualité de vie. Maisétait-ce bien le cas de tous les habitants de Pompéi ? Cettefausse proximité a-t-elle un sens ? Les recherches abon-dantes sur les multiples aspects de la cité auraient pu faireattendre en effet une exposition moins convenue, un cata-logue moins classique et un film mieux réussi. ●

Exposer l’histoireTrois expositions traitent de l’histoire antique : bien que d’inégal intérêt, elles permettent de nous interroger sur notre rapport au passé et sur les représentations que nous en avons.

➔ par Annliese Nef , MC d’histoire à Paris 4

▼Cette activité muséale pose la question de la vulgarisation

de recherches historiques et archéologiques abondantes et pointues, et de sa mise à la disposition du plus grand nombre.

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