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LE DROIT D’AUTEUR À L’ÈRE NUMÉRIQUE : ENJEUX ET DÉFIS Réactions de la CCI Paris Ile-de-France à la proposition de directive du 14 septembre 2016 Prise de position présentée par Jérôme FRANTZ et adoptée à l’Assemblée générale du 2 mars 2017

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LE DROIT D’AUTEUR À L’ÈRE NUMÉRIQUE : ENJEUX ET DÉFIS Réactions de la CCI Paris Ile-de-France à la proposition de directive du 14 septembre 2016

Prise de position présentée par Jérôme FRANTZ et adoptée à l’Assemblée générale du 2 mars 2017

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La CCI Paris Ile-de-France est convaincue de la nécessité d’accompagner le changement induit par le numérique en adaptant le cadre européen du droit d’auteur à de nouvelles réalités (utilisations inattendues, acteurs inédits, modèles économiques novateurs). Sa réflexion a toutefois été dominée par la complexité et la mouvance de cet environnement. Aussi a-t-elle formulé des propositions qui tendent à un équilibre entre des intérêts souvent antagonistes.

La CCI Paris Ile-de-France émet les préconisations suivantes :

I. Sur la fouille de textes et de données Exclure expressément du périmètre de l’exception toute finalité commerciale. II. Sur l’utilisation d’œuvres à des fins d’illustration dans le cadre d’activité d’enseignement Circonscrire l’exception à la seule utilisation d’extraits d’œuvres. III. Sur l’instauration d’un droit voisin pour les éditeurs de presse Clarifier la notion d’acte de communication au public et/ou de mise à disposition du public. IV. Sur la responsabilisation des services en ligne

Lancer un chantier sur la définition de la notion de « prestataires de services de la société de l’information », de manière à tenir compte de la multiplication des types d’intermédiaires, ce qui entraînera corrélativement sur ce point la révision de la directive sur le commerce électronique.

CONTEXTE La directive 2001/29 du 22 mai 2001, qui constitue le socle du droit d’auteur et des droits voisins en Europe puisqu’elle a gommé les différences entre les régimes nationaux, ne serait pas, selon la Commission européenne, adaptée à la stratégie de marché unique numérique, en ce qu’elle ne tient pas compte des nouvelles pratiques digitales en matière de consommation culturelle. Aussi la Commission a-t-elle lancé, entre décembre 2013 et juin 2016, plusieurs consultations publiques sur les problématiques de rémunération des auteurs et des ayants-droit, de régulation des plateformes, de gestion des données ou encore de protection des éditeurs. C’est en considération des réponses collectées qu’elle a présenté, le 14 septembre 2016 : - une proposition de directive sur le droit d’auteur

dans le marché unique numérique1, - une proposition de règlement établissant les règles

relatives à l’exercice du droit d’auteur et des droits voisins applicables à certaines transmissions en ligne des organismes de radiodiffusion et à la retransmission des programmes de télévision et de radio2,

- une proposition de règlement relatif à l’échange transfrontière, entre l’Union et des pays tiers,

1 COM (2016) 593 final. 2 COM(2016) 594 final.

d’exemplaires en format accessible de certaines œuvres et autres objets protégés par le droit d’auteur et les droits voisins en faveur des aveugles, des déficients visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture des textes imprimés3,

- une proposition de directive sur certaines utilisations autorisées d’œuvres et d’autres objets protégés par le droit d’auteur et les droits voisins en faveur des aveugles, des déficients visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture des textes imprimés et modifiant la directive 2001/29/CE sur l’harmonisation de certains aspects du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information4.

Trois objectifs principaux sont visés à travers ces initiatives5 : - assurer la diffusion la plus grande possible des

œuvres dans l’Union européenne, tout en permettant aux créateurs de bénéficier de nouvelles chaînes de distribution,

- adapter certaines exceptions au droit d’auteur pour tenir compte du nouveau contexte numérique et transfrontière,

3 COM(2016) 595 final. 4 COM(2016) 596 final. 5 Commission européenne, communication du 14 septembre 2016 « Promouvoir une économie européenne fondée sur le droit d’auteur juste, efficiente et compétitive dans le marché unique numérique », COM(2016) 592 final, 14 septembre 2016.

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- créer un marché efficient et juste pour les droits d’auteur.

POINT DE VUE DE LA CCI PARIS-ILE-DE-FRANCE 1 - ÉTAT DE LA QUESTION Face à cette profusion normative, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France, appuyée dans sa réflexion par un groupe d’experts6, a choisi de se concentrer sur la proposition de directive relative à la modernisation du droit d’auteur et, plus particulièrement, sur les mesures visant d’une part à améliorer les règles dans les domaines de la recherche et de l’éducation, d’autre part à instaurer un marché unique numérique plus équitable, à travers la mise en place d’un droit voisin pour les éditeurs de presse et une contribution plus importante des services en ligne au financement de la création. Soucieuse de prendre en compte les préoccupations des diverses parties prenantes, elle a auditionné le Syndicat national de l’édition (SNE)7, Google8 et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM)9. Pour prendre l’exacte mesure du changement induit par le numérique, la grille de lecture du texte doit tenir compte de la complexité et de la mouvance de cet environnement, à travers un certain nombre de points saillants10 : - le foisonnement des protagonistes, dont certains

sont des acteurs majeurs d’internet11 : un équilibre entre leurs intérêts respectifs est difficile à trouver ;

- le développement de techniques chaque jour plus sophistiquées : dans un cadre en perpétuelle mutation, il faut se garder de figer un texte susceptible d’être rapidement dépassé par de nouveaux modes d’accès à des contenus ;

- la multitude des normes juridiques : notamment, le dispositif proposé relatif aux services en ligne doit être l’occasion de susciter des réflexions pour redéfinir le statut et la responsabilité des hébergeurs, au sein de la directive sur le commerce électronique12 ;

6 Constitué de Marie-Françoise Marais, Conseiller honoraire à la Cour de cassation, Delphine Bastien, Avocate, Sébastien Raimond, Maître de conférences Université Paris Nanterre. Le contenu de cette prise de position n’engage que la responsabilité de la CCI Paris Ile-de-France ; il ne reflète pas nécessairement les opinions individuelles de ces experts. 7 Pierre Dutilleul, Directeur général, Laurent Guiraud-Le Maresquier, Responsable juridique et affaires publiques du groupe littérature, Catherine Blache, Chargée de mission pour les relations internationales. 8 Alexandra Laferrière, Directrice des relations institutionnelles et Cédric Manara, Senior Copyright Counsel. 9 Marie-Laure Franck, Responsable des affaires juridiques et sociales, et, pour le Groupe Bayard, Valérie Saint-Pierre, Responsable propriété intellectuelle. 10 Par ailleurs, du fait du caractère très disparate des thématiques traitées, lequel rend impossible toute approche globale des données économiques ou de benchmark, chaque item doit faire l’objet de développements particuliers. 11 Google, Apple, Facebook et Amazon (les GAFA). 12 Directive n° 2000/31 du 8 juin 2000.

- les nombreuses incidences économiques qui n’appellent pas toujours un traitement par le droit d’auteur : d’autres voies pourraient être explorées, concernant notamment les éditeurs de presse (développement de fonds pour l’innovation numérique) et les GAFA (adaptation des règles fiscales).

2 - PRINCIPALES RÉACTIONS DE LA CCI

PARIS ILE-DE-FRANCE À LA PROPOSITION DE DIRECTIVE La CCI Paris Ile-de-France formule des propositions sur les quatre thématiques suivantes : la fouille de textes et de données, l’utilisation d’œuvres à des fins d’illustration dans le cadre d’activité d’enseignement, l’instauration d’un nouveau droit voisin pour les éditeurs de presse, la responsabilisation des services en ligne.

2.1 LA FOUILLE DE TEXTES ET DE DONNEES

❑ Contenu de la proposition de la

directive La Commission européenne estime que l’Union ne peut pas se permettre d’accumuler un retard préjudiciable à ses activités scientifiques. Il est devenu incontournable, selon elle, d’encourager le recours à la fouille de textes et de donnés, c’est-à-dire à une technique d’intelligence artificielle qui rend possible l’analyse de milliers de contenus sur internet13. À cette fin, elle consacre une exception obligatoire aux droits des auteurs et des producteurs de bases de données, dispensant ainsi les organismes de recherche de recueillir auprès de ceux-ci des autorisations préalables et de leur verser une compensation financière. Des limites sont toutefois apportées à cette exception : - elle bénéficie seulement aux organismes qui

poursuivent des activités à titre non lucratif ou en réinvestissant tous les bénéfices dans leurs recherches scientifiques ; ou dans le cadre d’une mission d’intérêt public reconnue par un État membre,

- et sous réserve que ceux-ci aient légitimement accès aux œuvres protégées à des fins de recherche scientifique14.

Toute disposition contraire à l’exception est sans effet.

13 L’article 2 de la proposition de directive définit la fouille de textes et de données comme « toute technique d’analyse automatisée visant à analyser des textes et des données sous forme numérique afin d’en dégager des informations telles que des constantes, des tendances et des corrélations ». 14 Les contenus doivent avoir été acquis de manière licite, par exemple au travers de l’abonnement à un bouquet de revues en ligne. Celui qui s’est introduit frauduleusement dans un système d’information ne pourra pas se prévaloir de l’exception.

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❑ Rappel du droit positif Droit français Les chercheurs qui se sont acquittés des droits d’accès à un texte estiment qu’ils ont également celui de le fouiller à l’aide d’outils informatiques15. Mais d’un point de vue légal, la question n’est pas aussi simple qu’il y paraît, dans la mesure où, pour procéder à de telles pratiques, il faut aujourd’hui disposer d’une copie du document source et donc réaliser une reproduction. Aussi la loi française du 7 octobre 2016 pour une République numérique a-t-elle intégré dans le Code de la propriété intellectuelle (CPI) une exception aux droits des auteurs et à ceux des producteurs de bases de données pour la fouille de textes et de données16. Désormais, un auteur ne peut interdire « les copies ou reproductions numériques réalisées à partir d'une source licite, en vue de l'exploration de textes et de données incluses ou associées aux écrits scientifiques pour les besoins de la recherche publique, à l'exclusion de toute finalité commerciale ». Benchmark Certains pays ont infléchi leur jurisprudence ou adapté leur législation pour permettre la fouille de textes et de données sans le préalable d’une autorisation. Tel est notamment le cas des États-Unis et du Canada avec le système du fair use17, ainsi que du Japon18 et du Royaume-Uni19.

❑ Analyse critique Données chiffrées Après avoir rappelé dans son étude d’impact20 que la plupart des revues scientifiques sont en ligne et qu’environ 2,5 millions d’articles scientifiques sont publiés chaque année, la Commission européenne explique qu’il est difficile de quantifier le phénomène de la fouille de données en Europe. Il semble que le recours

15 « The right to read is the right to mine » ou « Si j’ai le droit de lire j’ai le droit d’extraire ». 16 CPI, art. 38 de la loi modifiant les articles L. 122-5 et L. 342-3. Le législateur français a préféré le mot « exploration » à celui de « fouille ». 17 Ce système, retenu par le législateur américain en 1976 (article 107, 17 U.S.C. sec. 107), permet à un utilisateur de s’exonérer de sa responsabilité pour violation du droit d’auteur lorsque l’usage d’une œuvre protégée peut être considéré comme « loyal » ou « raisonnable », à partir de l’application d’un certain nombre de critères : le but et le caractère de l’usage, la nature de l’œuvre protégée, le volume et l’importance de la partie utilisée par rapport à l’ensemble de l’œuvre protégée et l’incidence de l’usage sur le marché potentiel de l’œuvre protégée ou sur sa valeur. 18 Le Japon a introduit dans sa législation une exception spécifique en 2010. 19 Le Royaume-Uni n’a pas dédié une exception à la fouille de textes et de données, mais l’a fait bénéficier en 2014 de l’exception à des fins de recherche. 20 Commission staff working document impact assessment on the modernization of EU copyright rules, SWD(2016) 301 final, 3 parts, 14 September 2016.

à ce mécanisme ait cru lentement, mais de façon constante au cours des dernières années (autour de 10 % annuellement au niveau mondial et dans l’Union européenne). Positions des parties prenantes La Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale souligne que cette exception répond aux besoins de la recherche scientifique et soutient les limites que la Commission européenne y a apportées21. Pour la Commission des affaires européennes du Sénat, en revanche, il est nécessaire « de restreindre l’exception aux seuls textes et données à des fins de recherche et d’en exclure les usages commerciaux »22. Du côté des acteurs du numérique, Tech in France (association représentant plus de 400 entreprises) regrette que l’exception soit limitée au seul champ de la recherche scientifique23 et l’EDIMA (European Digital Media Association) estime que tout organisme ayant un accès légal à des données, notamment les start-up et PME, devraient également bénéficier de cette exception. Le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA)24 privilégie, quant à lui, une autorégulation sectorielle. Le Syndicat national de l’édition est favorable à la prévalence des licences sur cette exception. Proposition de la CCI Paris Ile-de-France La France ayant anticipé la démarche européenne, l’opportunité d’une exception pour la fouille de textes et de données y semble acquise sur le principe. Néanmoins, la CCI Paris Ile-de-France formule des réserves, concernant les conditions de sa mise en œuvre. D’une part, son article 3 évoque la fouille de textes

et de données « à des fins de recherche scientifique ».

A priori, on peut estimer que la référence à la recherche scientifique25 suffit à exclure les desseins mercantiles. Le

21 Rapport d’information présenté par Marietta Karamanli et H. Gaymard, 18 octobre 2016. 22 Proposition de résolution présentée par Colette Mélot et Richard Yung, 20 janvier 2017. 23 CSPLA, Mission sur l’exploration de données (Jean Martin, Liliane de Carvalho), juillet 2014 : parmi les acteurs autres que les chercheurs qui recourent à la fouille de textes et de données : les éditeurs pour enrichir leurs contenus, les entreprises notamment pharmaceutiques afin d’accélérer la découverte de nouveaux médicaments et les utilisateurs commerciaux pour développer des produits basés sur cette activité. De plus en plus d’entreprises considèrent également l’exploration de données comme un levier marketing. 24 Instance consultative chargée de conseiller le ministre de la Culture et de la Communication en matière de propriété littéraire et artistique. 25 La recherche scientifique recouvre des réalités très hétérogènes, puisqu’elle inclut la recherche fondamentale, entreprise principalement (mais pas toujours exclusivement) en vue de produire de nouvelles connaissances indépendamment des perspectives d’application ; la recherche appliquée qui est dirigée vers un but ou un objectif pratique ; les activités de

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doute reste toutefois permis, en ce sens qu’une activité scientifique peut avoir des applications commerciales26.

D’autre part, s’agissant des bénéficiaires de

l’exception, l’organisme de recherche est certes défini dans l’article 2 comme une entité menant des activités de recherche « à titre non lucratif ou en réinvestissant tous les bénéfices dans ses recherches scientifiques ; ou dans le cadre d’une mission d’intérêt public reconnue par un État membre ». Par ailleurs, le considérant 11 de la proposition de directive vient préciser que « les organismes sur lesquels des entreprises commerciales ont une influence déterminante leur permettant d’exercer un contrôle en raison d’éléments structurels tels que leur qualité d’actionnaire ou de membre (…) ne devraient pas être considérés comme des organismes de recherche (…)».

Autrement dit, la Commission européenne ne semble pas exclure de l’exception un organisme dont le projet de recherche serait financé par une entreprise commerciale, sans que celle-ci exerce sur lui un contrôle en raison d’éléments structurels. Le texte européen mérite donc, selon la CCI Paris Ile-de-France, des éclaircissements quant à la finalité de l’utilisation permise, afin de réaliser un équilibre entre les intérêts des chercheurs et ceux des titulaires de droits. PROPOSITION 1 Reformuler l’article 2 en excluant toute finalité commerciale : « Les États membres prévoient une exception aux droits visés à l'article 2 de la directive 2001/29/CE, à l'article 5, point a), et à l'article 7, paragraphe 1, de la directive 96/9/CE, et à l'article 11, paragraphe 1, de la présente directive pour les reproductions et extractions effectuées par des organismes de recherche, en vue de procéder à une fouille de textes et de données sur des œuvres ou autres objets protégés auxquels ils ont légitimement accès à des fins de recherche scientifique, à l'exclusion de toute finalité commerciale ».

développement qui consistent en l’application de ces connaissances pour la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs (www. Techno-sciences.net). 26 France Innovation Scientifique et Transfert SA (FIST SA), créée en 1992, est une société anonyme, aujourd’hui filiale du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à 70% et de Bpifrance (banque publique d’investissement) à 30%. Elle a pour mission le transfert vers l’industrie de technologies innovantes. Son action s’étend de la réception des projets à la concession de contrats d’exploitation, en passant par le conseil en stratégie de propriété intellectuelle, la participation au dépôt des demandes de brevet, la recherche de partenaires industriels, la négociation et la rédaction de contrats d'exploitation, et la gestion de portefeuilles de brevets.

2.2 L’UTILISATION D’ŒUVRES A DES FINS D’ILLUSTRATION DANS LE CADRE D’ACTIVITE D’ENSEIGNEMENT

❑ Contenu de la proposition de la directive

Il s’agit de prévoir une nouvelle exception obligatoire au droit d’auteur en vue d’autoriser les établissements d’enseignement à utiliser des œuvres à des fins d’illustration, dans le cadre d’activités pédagogiques numériques, notamment en ligne et dans des situations transfrontières27. La proposition de directive insiste sur le caractère non commercial de l’objectif poursuivi. Elle permet aux États membres de décider que l’exception ne s’applique pas de façon générale ou à certains types d’œuvres ou autres objets protégé, si des licences appropriées peuvent facilement être obtenues sur le marché. Enfin, elle les autorise à prévoir une compensation équitable du préjudice subi par les titulaires du droit du fait de l’utilisation de leurs œuvres28.

❑ Rappel du droit positif

Droit français La directive de 2001 avait déjà introduit une exception facultative, en faveur de l’enseignement, que la France a transposée en 200629. En vertu du dispositif français30, les enseignants des écoles, collèges, lycées ou universités peuvent utiliser et diffuser, suivant des conditions strictement définies dans la loi et en contrepartie du versement d’une rémunération, des extraits d’œuvres sans autorisation des ayants-droit. En revanche, les œuvres conçues à des fins pédagogiques et les partitions de musique ne sont pas concernées par cette exception. Afin de concilier l’intérêt des auteurs et l’intérêt public, des accords sont venus harmoniser les deux de manière

27 La proposition de directive fixe que cette utilisation doit avoir lieu « dans les locaux d’un établissement d’enseignement ou au moyen d’un réseau électronique sécurisé accessible uniquement aux élèves, aux étudiants et au personnel enseignant dans cet établissement ». 28 En revanche, elle impose l’indication de la source du contenu utilisé, notamment le nom de l’auteur, « sauf si cela s’avère impossible ». 29 Loi n° 2006-961 du 1er août 2006 relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information. 30 L’exception a été élargie par la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 (CPI, art. L. 122-5-3° e) et L. 211-3 3).

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temporaire31. En 2016, le protocole signé entre le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche, la Conférence des présidents d’universités et les représentants des titulaires de droits a autorisé des usages supplémentaires et complémentaires non prévus par le Code de la propriété intellectuelle, moyennant une compensation financière forfaitaire. Benchmark En Croatie, en Italie et en Pologne, l’exception pédagogique en vigueur est limitée aux utilisations analogiques32. En revanche, l’exception englobe déjà, en Belgique et aux Pays-Bas, les usages numériques ; quant à l’Espagne et au Royaume-Uni, ils ont amendé leur législation afin de spécifier que l’exception pédagogique s’applique aux utilisations de contenus réalisées dans des environnements électroniques sécurisés. Il faut néanmoins tenir compte de l’expérience canadienne. Le Canada ayant en effet adopté une exception pédagogique très large, les établissements scolaires ont cessé de verser des rémunérations au titre de la reprographie, ce qui a contraint certaines maisons d’édition à mettre un terme à leur activité.

❑ Analyse critique

Données chiffrées Dans son étude d’impact33, la Commission européenne relève que le nombre des individus suivant des cours en ligne a doublé entre 2007 et 2013. Or 24 % des enseignants déclarent se heurter au moins une fois par semaine à des restrictions liées au droit d’auteur. La plupart choisiraient alors, afin de contourner le problème, de ne pas utiliser des créations protégées. La Commission note par ailleurs que 80 % des copies, analogiques ou digitales, réalisées en France dans le cadre d’activités d’enseignement, sont issues de manuels scolaires ou autres ressources pédagogiques, et que la compensation financière destinée aux ayants-droit en contrepartie des copies analogiques y représente 1,7 million d’euros par an pour 14,7 millions d’élèves ou étudiants.

31 Des accords ont été conclus en mars 2006 entre des sociétés de gestion collective et le ministère de l’Education nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’utilisation d’enregistrements sonores d’œuvres musicales et l’utilisation de vidéo musique à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche. Ces accords, qui fixent une compensation financière annuelle en contrepartie des exceptions pédagogiques au titre du droit de reproduction et de représentation et de communication, ont été reconduits et fonctionnent bien. Des accords similaires ont été conclus en décembre 2009 pour le cinéma et l’audiovisuel. 32 C’est-à-dire sur des supports physiques. 33 Précit.

Positions des parties prenantes L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle précise qu’il faut éviter l’élargissement de l’exception pédagogique à des domaines susceptibles d’entrer en concurrence avec l’activité de certains secteurs économiques, comme celui de l’édition. De la même façon, la Commission des affaires européennes du Sénat « se félicite de l’approche ciblée en ce qui concerne l’illustration pédagogique, [mais] juge cependant nécessaire d’en exclure explicitement les manuels scolaires et les partitions de musique ». Quant à la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, elle approuve la proposition de directive, « du moment que l’exception est effectivement circonscrite uniquement aux activités d’enseignement par des institutions adéquates, et que leur diffusion dans l’espace numérique se fait sur des réseaux fermés et protégés par des portails d’identification ». Mais le Conseil permanent des écrivains pense qu’il faudrait a minima aligner les dispositions européennes sur les dispositions françaises. Dans le même sens, le Syndicat national de l’édition (SNE) recommande de ne pas ouvrir l’exception aux manuels scolaires, de cantonner celle-ci à l’utilisation d’extraits de contenus et de rendre obligatoire une rémunération compensatoire. Proposition de la CCI Paris Ile-de-France Dans un contexte où des outils comme les MOOC (Massive Open Online Courses) connaissent une importance croissante, le principe d’une exception favorable aux activités d’enseignement numériques et transfrontières mérite, selon la CCI Paris Ile-de-France, d’être soutenu. La question cruciale ici concerne le périmètre de cette exception, dans la mesure où la proposition de directive vise, de manière trop générale, les « œuvres et autres objets protégés ». Aussi la CCI Paris Ile-de-France recommande-t-elle, à l’instar du droit français, de circonscrire l’exception pédagogique à la seule utilisation d’extraits d’œuvres. L’appréciation de la notion d’« extraits » d’une œuvre (littéraire, audiovisuelle, musicale) étant délicate, il reviendrait aux magistrats d’estimer au cas par cas si ce critère est ou non rempli34. PROPOSITION 2 Amender l’article 4 de la proposition de directive : « Les États membres prévoient une exception (…) pour permettre l'utilisation numérique d’extraits d’œuvres et d’autres objets protégés à seule fin d'illustration dans le cadre de l'enseignement, dans la mesure justifiée par l'objectif non commercial à atteindre (…) ».

34 De la même manière que les tribunaux français déterminent si une citation répond au critère de brièveté, tant au regard de l’œuvre citée qu’à celui de l’œuvre citante, et peut donc prétendre au régime des exceptions au droit d’auteur (CPI, art. L. 122-5).

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2.3. L’INSTAURATION D’UN NOUVEAU DROIT VOISIN POUR LES ÉDITEURS DE PRESSE

❑ Contenu de la proposition de la directive

L’objectif de la Commission européenne semble clair : contraindre les agrégateurs et les moteurs de recherche, du type Google News, à rémunérer les éditeurs, dans la mesure où une telle exploitation des articles de presse génère indirectement des revenus publicitaires. Pour ce faire, la proposition de directive investit l’éditeur de presse d’un droit voisin comparable à celui reconnu en Europe aux artistes-interprètes, aux producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et aux entreprises de communication audiovisuelle35. En conséquence, celui-ci devrait autoriser toute utilisation numérique de ses œuvres ‒ reproduction ou communication au public ‒ et percevoir une rémunération de la part des prestataires de services. Ce droit voisin expirerait vingt ans après la mise en ligne. Le texte européen prend par ailleurs soin de préciser que ce nouveau droit voisin ne doit pas entrer en conflit avec le droit d’auteur des journalistes. Aussi les éditeurs ne pourront-ils pas invoquer la protection qui leur est accordée pour empêcher les journalistes d’exploiter leurs contributions indépendamment de la publication de presse dans laquelle elles sont intégrées.

❑ Rappel du droit positif Droit français Les éditeurs de presse disposent en France d’une protection : - soit au titre de l’œuvre collective36 : si ces éditeurs

sont investis pleinement des droits d’auteur sur la globalité de la publication, la faculté d’exploiter séparément les contributions individuelles composant cette œuvre est subordonnée à une cession de droits ;

- soit en vertu d’une cession des droits d’auteur sur les articles : celle-ci s’opère par le seul effet du contrat de travail37, mais l’exploitation par un tiers reste soumise à l’accord exprès et préalable du journaliste,

35 Depuis la loi française n° 85-660 du 3 juillet 1985, les droits voisins protègent des personnes qui ne sont pas des créateurs et ne peuvent donc prétendre à l'exercice du droit d'auteur. 36 CPI, article L. 113-5 : « l’œuvre collective est, sauf preuve contraire, la propriété de la personne physique ou morale sous le nom de laquelle elle est divulguée. Cette personne est investie des droits de l’auteur ». 37 Le principe de cette cession est posé par la loi n° 2009-669 du 12 juin 2009 à l’article L. 132-36 du Code de la propriété intellectuelle : « […] Sous réserve des dispositions de l’article L. 121-8, la convention liant un journaliste professionnel [...] qui contribue, de manière permanente ou occasionnelle, à l’élaboration d’un titre de presse, et l’employeur emporte, sauf stipulation contraire, cession à titre exclusif à l’employeur des droits d’exploitation des œuvres du journaliste réalisées dans le cadre de ce titre, qu’elles soient ou non publiées ».

exprimé à titre individuel ou dans un accord collectif et elle donne lieu à rémunération.

Benchmark La loi allemande sur le droit d’auteur octroie aux éditeurs de presse, depuis 2013, le droit exclusif d’autoriser la mise à disposition des contenus de presse, à l’exception des mots, des très courts extraits et des liens hypertextes. La loi allemande ne s’applique qu’aux moteurs de recherche et aux agrégateurs de contenus. Google a riposté en refusant de négocier avec les éditeurs de presse et a demandé une autorisation gratuite d’exploitation des contenus de presse. Les éditeurs de presse allemands ont finalement accepté. L’autorité de la concurrence et le juge allemand ont jugé que l’attitude de Google ne constituait pas un abus de position dominante. Il est intéressant de mentionner que l’Association française de la presse d'information politique et générale (AIPG) a proposé en 2013 la création d’un droit voisin sur un modèle similaire au droit allemand. Mais il n’a pas été donné suite à cette recommandation. Le conflit qui opposait les éditeurs à Google a été résolu amiablement. Un fonds d’aide à la presse française visant à soutenir le développement en ligne des éditeurs de presse a été ainsi mis en place38. Enfin, l’Espagne a choisi une voie différente de celle du droit voisin. En effet, le législateur a prévu, en 2014, une exception au droit d’auteur autorisant les agrégateurs de contenus à utiliser de très courts fragments d’articles de presse. Cette exception est compensée par un droit à rémunération géré collectivement et auquel il ne peut être renoncé. En réaction, un nombre important de services d’agrégation de presse ont cessé leur activité et Google a fermé son service d’actualités.

❑ Analyse critique Données chiffrées L’édition est la première industrie culturelle en France. Son poids économique est plus important que celui de l’industrie automobile39. 670 maisons d’édition ont adhéré au SNE et la moitié de celles-ci réalisent annuellement moins de 300.000 euros de chiffre d’affaires. L’étude d’impact de la Commission européenne40 relève que la diffusion de quotidiens imprimés a constamment diminué depuis des années (de près de 17 % entre 2010 et 2014 dans huit États membres). Cette tendance risque de perdurer, puisqu’on parle d’un déclin d’environ 19 % entre 2014 et 2019. En 2016, les réseaux sociaux (22 %), les nouveaux agrégateurs (14 %) et les moteurs de recherche (21 %) constituent globalement le meilleur

38 Fonds Google pour « l'innovation numérique de la presse » (FINP) : http://www.finp.fr/le-fonds/ 39 Selon le Syndicat national de l’édition (SNE), l’édition génère aujourd’hui, sur la base du prix public hors taxe, 3,9 milliards de chiffre d’affaires en France et 27 milliards en Europe ; elle emploie 17.000 salariés. 40 Précit.

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moyen de lire des informations en ligne pour 57 % des consommateurs européens.

Mais, en dépit du succès croissant de l’édition de contenus en ligne41, l’augmentation du chiffre d’affaires des éditeurs liés au digital n’a pas compensé la chute de l’impression. D’une part, les nouveaux éditeurs ont, depuis des années, mis en ligne gratuitement de larges parts de leur contenu. D’autre part, la conclusion de contrats entre les fournisseurs de services en ligne et les éditeurs de presse s’avère complexe. La Commission européenne rapporte que les éditeurs de la presse d’information estiment que l’introduction d’un nouveau droit voisin pourrait engendrer une augmentation de 10 % de leurs revenus. Positions des parties prenantes L’initiative de la Commission est saluée par la Fédération internationale des éditeurs européens, le CSPLA et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), le Conseil permanent des écrivains, la Ministre de la Culture et le Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. Le SEPM rappelle que l’édition de presse, en pleine mutation numérique, connaît des difficultés économiques et que son cadre juridique est peu adapté pour embrasser les nouveaux usages42. L’investir d’un droit fort lui permettrait de valoriser et mieux défendre ses titres. Quelques réserves ont néanmoins été émises :

- le CSPLA insiste sur la nécessaire prudence eu égard aux expériences malheureuses en Allemagne et en Espagne ;

- pour la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, ce droit voisin doit pouvoir cohabiter avec les solutions contractuelles trouvées en amont entre plateformes et représentants de la presse, comme cela a été fait en France. Mais, elle souligne que la proposition de directive ne doit ni contrevenir à des initiatives qui ont fait leur preuve43, ni créer d’obstacles à l’émergence de plateformes numériques européennes en vertu de trop fortes contraintes ;

- enfin, la Commission des affaires européennes du Sénat juge nécessaire que soient précisées la portée réelle des droits voisins au profit des éditeurs de presse et leur articulation avec les droits d’auteur des journalistes.

41 Google Actualités serait à l’origine, chaque mois, de plus de 10 milliards de clics vers les sites web d’éditeurs d’actualités (Comment Google lutte contre le piratage, juillet 2016). 42 CSPLA, Rapport de la mission réflexion sur la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse (par Laurence Franceschini, assistée de Samuel Bonnaud-Le Roux), juillet 2016. 43 Le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) a cessé son activité en mi-2016 après avoir distribué en trois ans environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français. Il a cédé sa place au Digital News Initiative (DNI). Il s’agit d’un fonds doté de 150 millions d’euros sur trois ans, entièrement alimenté par Google. À destination de médias français et européens (Les Échos, le Frankfurter Allgemeine Zeitung ou encore La Stampa), il a vocation à aider à la transition numérique de la presse.

Et des oppositions ont été formulées : - le Syndicat de la presse indépendante d’information

en ligne (SPIIL) craint qu’un tel droit voisin permette une opposition à la mise en place de liens hypertextes vers des contenus accessibles publiquement, ce qui pourrait notamment priver les petits acteurs et les start-up de la possibilité financière de rentrer sur le marché de l’information en ligne. Selon lui, le rééquilibrage entre les protagonistes doit se situer sur le plan fiscal ;

- les deux associations, Communia (association internationale sur le domaine numérique public) et EDRI (association de protection des droits fondamentaux liés à l’ère numérique), ainsi que Tech in France et l’EDIMA attirent l’attention sur le fait que la création d’un tel droit voisin s’opposerait aux intérêts des consommateurs, des nouveaux acteurs de la presse en ligne et, plus globalement, de l’innovation ;

- enfin le Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle (CEIPI) propose à la Commission européenne de s’abstenir d’introduire un droit voisin en faveur des éditeurs de presse, en attirant « tout particulièrement l’attention sur les défis que comporte la création d’une couche supplémentaire de 28 droits nationaux pour l’établissement du marché unique numérique, sur l’impact probable de la proposition quant aux intérêts des créateurs, ainsi que sur la relation de causalité problématique entre les justifications avancées et les données empiriques actuelles ».

Proposition de la CCI Paris Ile-de-France Sur le principe, les éditeurs de presse doivent pouvoir bénéficier d’un modèle économique qui leur permette, dans l’univers numérique, de protéger leurs investissements et défendre leurs titres. Sur les modalités, la CCI Paris Ile-de-France souligne l’incertitude liée à la notion de communication au public et de mise à disposition du public. La directive de 2001, à laquelle renvoie l’article 11 de la proposition de directive, détermine les droits exclusifs dont seraient investis les éditeurs de presse, à savoir le droit d’autoriser ou d’interdire la reproduction et la mise à disposition du public de leurs contenus44. Certes, la dernière phrase du considérant 33 de cette même proposition de directive, à la lumière duquel il faut lire cet article 11, prévoit que la protection accordée aux publications de presse « ne s’étend pas aux actes de création de liens hypertextes qui ne constituent pas une

44 Art. 2 : « Les Etats membres prévoient le droit exclusif d’autoriser ou d’interdire la reproduction directe ou indirecte, provisoire ou permanente, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, en tout ou en partie ». Art. 3, paragraphe 2 : « Les Etats membres prévoient le droit exclusif d’autoriser ou d’interdire la mise à disposition du public, par fil ou sans fil, de manière que chacun puisse y avoir accès de l’endroit et au moment qu’il choisit individuellement ».

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communication au public ». Mais cette disposition vise les « liens hypertextes », quels qu’ils soient, sans aucune précision. Ce faisant, elle ne permet pas de cerner les contours d’une « communication au public » et donc de mettre un terme à la jurisprudence très fluctuante de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Le CSPLA relève que la CJUE, pour statuer sur la qualification d’acte de communication au public, a proposé pas moins de 16 critères45… La proposition de directive offre l’opportunité de préciser la notion d’acte de communication au public et/ou de mise à disposition du public. Quant aux questions liées aux liens hypertextes, elles méritent à elles seule une intervention autonome. PROPOSITION 3 Clarifier d’ores et déjà la notion de « public » destinataire de la communication et/ou de la mise à disposition, sur le modèle préconisé par le CSPLA46. Réglementer à court terme la qualification d’acte de communication au public et/ou de mise à disposition du public.

2.4 LA RESPONSABILISATION DES SERVICES EN LIGNE

❑ Contenu de la proposition de la directive

Le fonctionnement du marché des contenus en ligne s'est complexifié. D’une part, les technologies permettent désormais une participation collaborative des utilisateurs à la fourniture de contenus en ligne. D’autre part, les acteurs de la diffusion d’œuvres culturelles sur internet, qui représentent aujourd’hui un poids économique important, ne semblent pas conclure systématiquement des contrats avec les auteurs. Ces derniers sont donc en quête d’un modèle économique

45 CSPLA, Rapport de la mission réflexion sur la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse, précit. La CJUE a récemment estimé, par exemple, que l’établissement d’un lien hypertexte vers une œuvre mise en ligne illicitement peut constituer un acte de communication au public nécessitant l’accord préalable des titulaires de droits (8 septembre 2016, affaire C-160/15, GS Media BV c/ Sanoma Media Netherlands BV, Playboy Enterprises Inc., Britt Geertruida Dekker). Deux critères vont permettre, selon elle, de discriminer selon les situations : si la personne qui fait le lien hypertexte ne poursuit pas un but lucratif, elle bénéficiera d'une présomption de bonne foi et il faudra établir qu'elle avait conscience de ce caractère illicite pour lui reprocher d'avoir fait un lien hypertexte ; en revanche, si la personne poursuit un but lucratif, alors la présomption est renversée et il faudra au contraire qu'elle apporte la preuve de sa bonne foi. 46 « (…) une œuvre et/ou un objet protégé est communiqué au public et/ou mis à disposition du public lorsqu’une personne physique ou morale en donne accès à des personnes étrangères au cercle de ses relations intimes et personnelles, qui se définit comme le cercle normal de la famille ou de son entourage le plus immédiat. Il est indifférent à cet égard que ces dernières soient en mesure d’avoir accès aux œuvres et/ou objets protégés en un même lieu ou en des lieux différents et au même moment ou à des moments différents ».

leur permettant de percevoir une juste rémunération en contrepartie de l’exploitation de leurs œuvres. La Commission européenne envisage de responsabiliser les services en ligne qui exploitent des contenus protégés, en les obligeant d’une part, à conclure des contrats de licences avec les titulaires de droit, d’autre part, à prendre des mesures « appropriées et proportionnées » afin de garantir le bon fonctionnement de ces contrats, par exemple la mise en place de techniques efficaces de reconnaissance des contenus47. Par ailleurs, les États membres sont supposés veiller à ce que les prestataires de services organisent des dispositifs de plainte et de recours à l’intention des utilisateurs en cas de litiges. Enfin, la proposition de directive souhaite favoriser la coopération entre les prestataires de services en ligne et les titulaires de droit, afin de définir de bonnes pratiques. De prime abord, le texte ne remet pas en cause les règles établies par la directive sur le commerce électronique en matière de responsabilité des services en ligne48.

❑ Rappel du droit positif Droit français Afin de rendre possible le développement de l'économie numérique, la directive sur le commerce électronique, transposée en France dans la loi du 13 mai 2004 relative à la confiance dans l’économie numérique49, a défini des règles de responsabilité aménagée pour les hébergeurs, au regard des contenus illicites. En effet, selon l’article 14, les hébergeurs ne peuvent, à la différence des éditeurs, voir leur responsabilité engagée que s'ils avaient une connaissance effective du caractère illicite des informations stockées ou si, dès le moment où ils en ont eu connaissance, ils n'ont pas agi promptement pour retirer les données ou en rendre l'accès impossible. Mais en pratique, la frontière entre les notions d’hébergeur et d’éditeur ont été source de contentieux car nombre d’éditeurs se sont qualifiés d’hébergeurs afin de voir diluer leur responsabilité sur les contenus. Certes, plusieurs arrêts de la CJUE, et notamment celui du 23 mars 2010, ont permis de dégager le principe selon lequel est hébergeur celui qui n’a pas joué un rôle actif ‒ dans l’optimisation de la présentation des contenus ou la promotion de ceux-ci‒ de nature à lui confier une connaissance ou un contrôle des données stockées50. Néanmoins, la jurisprudence, lorsqu’elle a 47 « Les prestataires de services doivent fournir au titulaires de droits des informations suffisantes sur le fonctionnement et la mise en place des mesures, ainsi que, s’il y a lieu, des comptes rendus réguliers sur la reconnaissance et l’utilisation des œuvres et autres objets protégés ». 48 V. infra. 49 Loi n° 2004-475. 50 CJUE, 23 mars 2010, affaire C-236/08, Google France et Inc. c/ Louis Vuitton Malletier SA. Toutefois, la CJUE laisse à la juridiction nationale, « qui est la mieux à même de connaître les modalités concrètes de la fourniture du service dans les affaires

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tracé, au cas par cas, en fonction de la nature de l’activité concernée, la ligne de démarcation entre éditeur et hébergeur n’a pas toujours été claire : certains acteurs comme eBay ont été parfois tenus pour responsables et d‘autres fois non51. La coopération volontaire constitue, dans ce contexte, une alternative intéressante pour promouvoir l’essor de la création en ligne ainsi que la confiance dans l’économie numérique. En France, une charte des bonnes pratiques pour le respect du droit d'auteur et des droits voisins, signée le 23 mars 2015 par les annonceurs, les professionnels de la publicité ainsi que les représentants des ayants-droit, vise à assécher les ressources provenant de la publicité en ligne des sites spécialisés dans la contrefaçon d’œuvres sur Internet. Benchmark Aux États-Unis, la section 230 du Communications Decency Act, texte voté lors des prémices d’internet afin de promouvoir la croissance d’une technologie émergente, constitue l’équivalent de l’article 14 de la directive européenne sur le commerce électronique. Toutefois, le régime de responsabilité minimaliste prévu pour les plateformes y est de plus en plus remis en question. La Chine a, quant à elle, récemment lancé une consultation publique relative à une proposition de loi sur le commerce électronique. Des dispositions concernent notamment les mesures que les plateformes doivent prendre lorsqu’elles ont clairement connaissance d’une contrefaçon sur leur site, ainsi que sur la publication d’informations en matière de notifications des titulaires de droit et de retraits de contenus illicites52.

❑ Analyse critique Données chiffrées La grande majorité des biens culturels est aujourd’hui accessible en ligne. Or les intermédiaires concernés (appelés communément « plateformes ») couvrent en réalité une grande variété de modèles et d’acteurs

au principal », le soin d’apprécier si le rôle exercé par les sociétés Google dans le cadre de leur service de référencement n’est pas neutre. 51 Le Tribunal de Grande Instance de Paris, dans un jugement du 13 mars 2012, a par exemple considéré qu’eBay était un hébergeur. Ce faisant, il a pris le contre-pied de l’arrêt de la Cour d’appel de Paris du 23 janvier 2012, selon lequel eBay répondait à la qualification d’éditeur, dans la mesure où il tenait un rôle actif (« L’hébergement des annonces n’est que le support de l’activité principale d’eBay, à savoir l’intermédiation entre vendeurs et acheteurs pour laquelle elle a mis en place des outils destinés à promouvoir les ventes et à les orienter pour optimiser les chances qu’elles aboutissent à des transactions effectives sur le montant desquelles elle percevra une commission »). Par trois arrêts du 3 mai 2012, la Cour de cassation a, quant à elle, refusé le statut d’hébergeur à eBay, confirmant ainsi le raisonnement tenu par la Cour d’appel de Paris. 52 Les conclusions de cette consultation, close le 28 janvier 2017, n’ont pas été rendues publiques à la date d’élaboration de cette prise de position.

(moteurs de recherche, médias sociaux, agrégateurs de contenus, bibliothèques personnelles, plateformes vidéo…). Ces acteurs génèrent de la valeur, puisque leurs revenus atteignent 22 milliards d’euros en Europe (2,1 milliards en France) et sont principalement concentrés sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux (88 % en Europe contre 86 % en France)53. Les contenus culturels participent directement à 23 % de la création de valeur explicite des intermédiaires en ligne, tant en Europe qu’en France (davantage pour Facebook et YouTube que pour Google). Selon Google, YouTube a payé jusqu’à présent plus de 3 milliards de dollars à l’industrie musicale54. Et, toujours selon Google, les outils numériques et la distribution en ligne auraient eu des conséquences positives pour les créateurs, les utilisateurs et le secteur de la création de contenus : rien qu’au cours de 2015, l’industrie musicale aurait connu une hausse de vente de 6,9 % et serait la source de plus de 25 milliards de dollars de revenus. Positions des parties prenantes La proposition de directive va, selon la Sacem,

rétablir de l’équité dans des rapports contractuels aujourd’hui trop asymétriques pour fonctionner efficacement. Outre la nécessité de corriger le transfert de valeur afin de garantir aux titulaires de droits une rémunération compensant les exploitations réalisées, il s’agit également, précise l’Hadopi, de fournir aux utilisateurs un cadre juridique adapté et sécurisé.

Certaines parties prenantes incitent, quant à elles, la

Commission européenne à mener une action de plus grande envergure :

- Le Conseil d’État en 2014, se faisant l’écho des sénateurs Béteille et Yung, a plaidé en faveur de la création d’une nouvelle catégorie juridique de prestataires intermédiaires, intitulée « plateformes », distincte de celle des hébergeurs,. Celle-ci regrouperait les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les sites de partage de contenus, les places de marché, les magasins d’application, les agrégateurs de contenus ou comparateurs de prix. Il s’agirait ensuite de définir le contenu des obligations auxquelles ces plateformes seraient soumises.

- Corollairement, la Ministre de la Culture, le Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, la Commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale, un collectif de 58 députés, la SACEM et le Conseil permanent des écrivains estiment que le diagnostic formulé par la Commission européenne appelle une réponse plus concrète et plus ambitieuse, à travers la clarification du statut des activités des intermédiaires au regard du droit d’auteur. Ce qui suppose, comme l’a souligné la Commission européenne du Sénat, de préciser les notions « d’éditeur et d’hébergeur, notamment d’hébergeur actif ».

53 Contenus culturels dans un environnement en ligne ; analyse du transfert de valeur, étude Roland Berger, septembre 2016. 54 Comment Google lutte contre le piratage, précit.

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Et enfin, d’autres critiquent ouvertement les

mesures prévues dans la proposition de directive :

- L’EDIMA, Communia, l’EDRI (association de protection des droits fondamentaux liés à l’ère numérique) et un collectif d’universitaires sont d’avis que les mesures de surveillance obligatoire des contenus seraient contraires à la Convention européenne des droits de l’homme (atteinte à la vie privée et à la liberté d’expression).

- Google rappelle qu’une seule partie du flux sur YouTube peut faire l’objet de licences. Il faut en effet tenir compte du fait, selon lui, que 400 heures de vidéos sont mises en ligne chaque minute sur cette plateforme qui accueille tout type de contenu, c’est-à-dire non seulement de la musique ou de l’audiovisuel, mais aussi par exemple des tutoriels (pour du maquillage ou des recettes de cuisine…). Or toute vidéo peut recéler des œuvres protégées non identifiables. En d’autres termes, la proposition de directive n’est pas réaliste, en ce qu’elle pose le postulat que, pour chaque création, Google soit en mesure de négocier un contrat. Par ailleurs, Google insiste sur le fait qu’il a investi plus de 60 millions de dollars dans une technique de reconnaissance des contenus, Content ID, qui permet aux titulaires de droits de contrôler les utilisations de leurs créations. À cet égard, il souligne qu’un tel système n’est pas à la portée financière des PME.

- Dans le même sens que Google, la GAM (Guilde des artistes de la musique) retient que, si la transparence constitue le socle de la proposition de directive, elle repose sur la capacité des acteurs à se pourvoir en outils techniques. Ce qui fait craindre à Tech in France que la proposition de directive nuise ici aux petits acteurs européens.

Proposition de la CCI Paris Ile-de-France

Selon l’article 13 de la proposition de directive, les prestataires de services de la société de l’information sont ceux « qui stockent un grand nombre d’œuvres ou autres objets protégés chargés par leurs utilisateurs et qui donnent accès à ces œuvres et autres objets ». Cette disposition doit toutefois être lue à la lumière du considérant 38, en vertu duquel : - Seuls les prestataires qui ne bénéficient pas de

l’exemption de responsabilité prévue par la directive sur le commerce électronique55 sont tenus de

55 Directive n° 2000/31 du 8 juin 2000, article 14 : « Les États membres veillent à ce que, en cas de fourniture d'un service de la société de l'information consistant à stocker des informations fournies par un destinataire du service, le prestataire ne soit pas responsable des informations stockées à la demande d'un destinataire du service à condition que : a) le prestataire n'ait pas effectivement connaissance de l'activité ou de l'information illicites et, en ce qui concerne une demande en dommages et intérêts, n'ait pas connaissance de faits ou de circonstances selon lesquels l'activité ou l'information illicite est apparente ou

conclure des contrats de licence avec les titulaires de droit d’auteur. À cet effet, il y a lieu de vérifier si le prestataire joue ou non « un rôle actif, notamment en optimisant la présentation des œuvres ou autres objets protégés mis en ligne ou en assurant leur promotion, indépendamment de la nature des moyens employés à cet effet ». La proposition de directive apporte donc une pierre à l’édifice de la directive sur le commerce électronique, en requalifiant l’hébergeur, lorsqu’il joue un rôle actif, en éditeur.

- Le recours à des techniques de filtrage s’applique à tous les prestataires de services, y compris à ceux qui peuvent se prévaloir de l’exemption de responsabilité et alors même que la directive sur le commerce électronique ne les soumet pas à une obligation générale de surveillance56.

A priori, n’est pas remise en cause la catégorisation établie par la directive sur le commerce électronique, qui a prévu un régime de responsabilité différent selon qu’il s’agit d’un hébergeur ou d’un éditeur de contenus. Mais pour autant, à l’analyse, surgit très rapidement le constat selon lequel ce texte ‒ certes rédigé à l’époque des balbutiements d’internet ‒ ne tient pas compte du fait qu’il existe aujourd’hui, au-delà de la distinction classique entre hébergeur et éditeur, un ensemble disparate de prestataires57.

Aussi la CCI Paris Ile-de-France appelle-t-elle de ses vœux une clarification de la notion de « prestataires de services de la société de l’information », afin d’en tirer les conséquences avec la mise en place d’un régime de responsabilité équilibré et prévisible, tant pour les titulaires de droit que pour les prestataires de services en ligne. Proposition 4 Lancer un chantier sur la définition de la notion de « prestataires de services de la société de l’information », de manière à tenir compte de la multiplication des types d’intermédiaires, ce qui entraînera corrélativement sur ce point la révision de la directive sur le commerce électronique.

b) le prestataire, dès le moment où il a de telles connaissances, agisse promptement pour retirer les informations ou rendre l'accès à celles-ci impossible ». 56 Directive n° 2000/31 du 8 juin 2000, article 15. 57 V. glossaire en annexe. Les activités de ces différents prestataires n’impliquent aucune présomption quant à la connaissance ou l’ignorance du caractère illicite d’un contenu mis en ligne.

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Pour conclure… S'il est vrai que le mécanisme du droit d'auteur continental tel que nous le connaissons ne répond qu’imparfaitement aux problématiques suscitées aujourd'hui par le numérique, il serait pour autant dangereux de le remettre complètement en cause : - d'une part, il a fait ses preuves et continue de

fonctionner malgré tout ; - d'autre part, il n'existe pas de modèle juridique

concurrent suffisamment efficient ; le système du copyright générerait de l'insécurité juridique pour les entreprises européennes.

À cet égard, on remarquera que la proposition de directive n’a pas vocation à réformer le droit d’auteur, mais essentiellement à apporter des réponses sectorielles aux besoins de la presse, des établissements d'enseignement, de la recherche... Certes, il faut tenir compte de l’évolution incessante des techniques, qui peut rendre rapidement obsolètes les solutions apportées. En l’occurrence, il faut veiller à ne pas créer d’obstacles à l’émergence de nouveaux acteurs sur internet. Cela étant, les réflexions de la CCI Paris Ile-de-France sont bien en phase avec la nécessité de moderniser la matière face à la nouvelle donne introduite par le numérique ‒ d’autant que la France a anticipé la démarche européenne sur plusieurs points. Au-delà, elle préconise d'explorer d'autres pistes d'amélioration, susceptibles de constituer des réponses pragmatiques aux problèmes posés : - une adaptation des règles fiscales pour les GAFA ; - la contractualisation chaque fois que cela est

possible ; - le développement de fonds de soutien à l’innovation

numérique ; - une meilleure articulation entre cette proposition de

directive et la directive sur le commerce électronique.

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GLOSSAIRE INTERNET

AGRÉGATEURS DE CONTENUS

Applications web permettant de regrouper et stocker, de diffuser et lire des flux d’information (bases de données, articles de presse, études ou analyses). Les professionnels qui organisent une veille peuvent ainsi, grâce aux flux RSS (« Really Simple Syndication »), mettre un maximum de ressources sous surveillance automatisée. Exemple : Netvibe, qui est un portail web individuel donnant accès à une multitude de services, ne propose aucun contenu propre, mais agrège le contenu en provenance d'autres sites.

CRAWLERS

Robots qui parcourent de façon autonome et automatique les différents sites et pages internet afin de trouver des contenus bien précis, puis de les indexer, pour aider les moteurs de recherche à effectuer un classement dans l’affichage de leurs résultats. Exemple : Googlebot détecte de nouvelles pages et des pages mises à jour à ajouter dans l’index Google.

ÉDITEURS DE CONTENUS

Personnes qui créent ou agrègent des contenus qui sont mis à disposition du public Exemple : Bayard Education est un créateur de contenus numériques éducatifs innovants.

FOUILLE DE TEXTES ET DE DONNÉES

Technique d’analyse automatisée visant à analyser des textes et des données sous forme numérique afin d’en dégager des informations telles que des constantes, des tendances et des corrélations.

FOURNISSEURS D’ACCÈS À INTERNET

Structures offrant une connexion au réseau internet. Exemple : Orange.

HÉBERGEURS

Personnes physiques ou morales qui assurent le stockage de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de messages de toute nature, en vue de leur communication au public. Exemple : Digital Network héberge des sites dans un centre de données (ou data center), en s'engageant à assurer aux internautes un accès optimal à ceux-ci et à leur contenu.

MOOC

Cet acronyme de l’anglais Massive Open Online Course désigne une formation dispensée sur internet et accessible à tous. Les SPOC (Small Private Online Courses) en sont un dérivé. Exemples : HEC Paris et Sciences Po.

MOTEURS DE RECHERCHE

Services en ligne spécialisés dans l’indexation des contenus sur internet et permettant aux utilisateurs de les rechercher, grâce à des algorithmes d’évaluation de la pertinence. Exemples : Google et Qwant, qui a été bâti autour du respect des données personnelles.

PLATEFORMES

Services occupant une fonction d’intermédiaire dans l’accès aux informations, contenus, services ou biens édités ou fournis par des tiers. Au-delà de leur interface technique, ils organisent et hiérarchisent les contenus en vue de leur présentation et leur mise en relation aux utilisateurs finaux. Exemple : Facebook a lancé une plateforme de recrutement en ligne.

PRESTATAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION

Personnes physiques ou morales qui fournissent un service de la société de l’information.

SITES DE PARTAGE DE CONTENUS

Sites où les visiteurs ont la possibilité de mettre en ligne des fichiers, que ce soit des vidéos, des chansons, des livres. Exemples : YouTube et Dailymotion.

Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France 27, avenue de Friedland F - 75382 Paris Cedex 8 http:// www.cci-paris-idf.fr/etudes-et-prises-de-position-etudes

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